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Vacances

Habitudes des français pendant les vacances d’été

Les différentes familles politiques passent des vacances d’été très différentes : certaines ont les moyens de voyager, d’autres pas, certaines se font héberger chez des amis ou pratiquent le camping quand d’autres
vont dans leur résidence secondaire en bord de mer, certaines font du sport quand d’autres préfèrent bronzer à la plage, certaines prennent un spitz à l’apéritif quand d’autres restent fidèles au pastis.
Si l’on part en vacances avec un petit budget, que l’on va au camping, que l’on apprécie tout particulièrement faire la sieste et boire un verre de porto en regardant Camping Paradis, les chances que l’on soit Eurosceptique et électeur de Marine Le Pen sont élevées.
Tandis que si l’on passe ses vacances en bord de mer, dans sa résidence secondaire en buvant du Spritz ou du Whisky en regardant le Bureau des légendes, il y a de fortes chances que l’on soit Centriste ou Libéral et que l’on ait voté Macron ou dans une moindre mesure Pécresse à l’élection présidentielle.
Pendant ce temps, les Multiculturalistes – le cluster le plus mélenchoniste – passent leurs vacances en étant hébergés chez des amis, font des visites culturelles, regardent Peaky Blinders et partagent parfois le soir une Téquila.

Points saillants du sondage sur les vacances des différentes familles politiques

• Ce sondage a été réalisé sur un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 2008 personnes interrogées entre le 20 et le 23 juillet 2022 (cf. notice technique).
• Premier enseignement : 44% des Français ne partiront pas en vacances cet été.
• Seuls 24% partiront plus de deux semaines.
• 78% de ceux qui partent en vacances restent en France contre 27% qui iront à l’étranger (total supérieur à 100 car il est possible de partir en France et à l’étranger).
• Les principales destinations étrangères sont au sud de l’Europe : Espagne (23%), Italie (20%) et Grèce (9%) sont les trois pays les plus visités. La douceur de vivre et le soleil méditerranéens sont clairement plébiscités.
• Parmi les 44% qui ne partiront pas en vacances, plus de la moitié (56%) déclarent que c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens de le faire.

Les différentes familles politiques ont des chances très inégales de partir en vacances

Les clusters macronistes sont ceux qui partent le plus en vacances

Les Centristes sont le groupe qui part le plus en vacances cet été : 75%. Dans ce groupe ne pas partir est le plus souvent un choix : seuls 6% des Centristes déclarent ne pas partir pour des raisons financières.
Suivent les Libéraux qui partent en vacances pour 71% d’entre eux, puis les Sociaux-Démocrates et les Progressistes qui dans les deux tiers des cas (66%) partent en vacances cet été.
Il est très intéressant de constater que ces 4 sensibilités politiques (clusters) – qui couvrent l’ensemble de l’axe gauche/droite – sont celles qui ont le plus voté en faveur d’Emmanuel Macron au premier tour de
la dernière élection présidentielle.
La France macroniste est une France qui part en vacances ou qui, lorsqu’elle reste chez elle, le fait par choix et non sous la contrainte financière.

Les clusters lepenistes partent peu en vacances

Si la France qui a voté Emmanuel Macron peut s’offrir des vacances, celle qui a voté Marine Le Pen reste majoritairement chez elle pendant l’été.
Les clusters de la coalition électorale de Marine Le Pen sont ceux qui partent le moins : plus de la moitié des Réfractaires et des Sociaux-Patriotes, 62% des Anti-Assistanats, 66% des Conservateurs et même
78% des Eurosceptiques ne partent pas en vacances. Dans tous ces groupes, Marine Le Pen est arrivée – souvent largement – en tête lors du premier tour de l’élection présidentielle.
Ne pas partir en vacances est dans la grande majorité des cas un non-choix : 67% des électeurs lepénistes qui ne partent pas en vacances invoquent des motifs financiers (contre 30% seulement des
électeurs d’Emmanuel Macron).
Le clivage Macron/Le Pen oppose assez largement une France qui peut s’offrir des vacances VS une France contrainte de rester chez elle l’été faute d’avoir les moyens de partir.

La coalition melenchoniste est la plus hétérogène en terme de vacances estivales

Elle se situe dans un entre-deux entre la France macroniste et la France lepéniste.
Le socle du mélenchonisme repose sur trois clusters : parmi eux, un groupe qui part beaucoup en vacances et deux groupes qui partent peu. Les Multiculturalistes – un cluster relativement jeune, diplômé,
de classe moyenne urbaine – part fréquemment en vacances, tandis que les Solidaires (surreprésenté parmi le petit salariat syndiqué) et, plus encore les Révoltés (surreprésentés dans les quartiers de grands ensembles et parmi les Français de confession musulmane) partent peu.
Ces contrastes confirment une nouvelle fois combien la coalition électorale de Jean-Luc Mélenchon est hétérogène socialement puisqu’elle réunit une large fraction des classes moyennes à haut capital culturel (enseignants, fonctionnaires de catégorie A, intermittents, journalistes…) et certains segments populaires : petit salariat syndiqué et population issue de l’immigration africaine.

(A noter que si l’électorat de Jean-Luc Mélenchon pris dans son ensemble part presque autant en vacances que celui d’Emmanuel Macron, c’est grâce au vote – souvent « utile » – d’une fraction significative de ces deux clusters de la gauche modérée – Sociaux-Démocrates et Progressistes – qui sont parmi les plus aisés de la population française. Mais ces deux clusters n’appartiennent pas au socle électoral du mélenchonisme et sont d’ailleurs très critiques à l’égard de Mélenchon).

La destination privilégiée des vacanciers reste la mer pour 49% d’entre eux, suivie de la campagne (27%), puis de la montagne (18%). Parmi ceux qui partent, 11% passent leurs vacances dans des villes.

Les clusters de gauche passent plus fréquemment que les autres leurs vacances à la montagne

3 clusters vont plus que la moyenne à la « montagne » durant l’été. Il s’agit des Multiculturalistes, des Progressistes et des Révoltés, soit 3 clusters dont les orientations penchent majoritairement à gauche – voire très à gauche – et qui ont beaucoup voté en faveur de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Les Centristes, quant à eux, privilégient nettement les vacances à la mer : 63% pour ce cluster aisé.

Les macronistes disposent de budget vacances importants tandis que les lepénistes ont les plus petits budgets

Plus de la moitié des Français qui partent en vacances le font avec un budget inférieur à 1000 euros (56%). Seule une petite minorité – 18% – dispose d’un budget supérieur à 2 000 euros.

Sur ce point également, les différences entre famille politique sont spectaculaires.

Les clusters du centre et de la droite qui ont le plus voté en faveur d’Emmanuel Macron – et dans une bien moindre mesure de Valérie Pécresse – sont ceux qui disposent des budgets les plus importants : 38% des Centristes et 38% des Libéraux ont des budgets supérieurs à 2 000 euros.

Les deux clusters de gauche modérée qui ont voté massivement Emmanuel Macron arrivent troisième et quatrième (sur 16 clusters) en matière de budget : 18% des Sociaux-Démocrates et 21% des Progressistes ont des budgets de vacances supérieurs à 2000 euros.

Sur ce point également, le constat est manifeste : plus une sensibilité politique dispose d’un budget vacances élevé et plus les chances qu’elle ait voté en faveur d’Emmanuel Macron sont élevées.

En matière de budget, les clusters de la coalition mélenchoniste occupent une position intermédiaire. Seuls 14% des Solidaires et 11% des Multiculturalistes ont des budgets vacances supérieurs à 2 000 euros. Cela confirme que la gauche culturelle diplômée qui vote Mélenchon – en particulier les Multiculturalistes – dispose d’un capital économique assez réduit. A noter que les Révoltés, autre cluster ayant massivement voté en faveur de Jean-Luc Mélenchon, fortement présent dans les cités, est celui qui présente le plus petit budget vacances : seuls 5% d’entre eux dispose de plus de 2 000 euros.

Mais en moyenne, c’est la coalition mariniste qui a les plus petits budgets vacances. Parmi ceux qui partent en vacances, seuls 11% des Réfractaires, 8% des Sociaux-Patriotes et 7% des Eurosceptiques ont des budgets vacances supérieurs à 2 000 euros. Il est, ici, très intéressant de souligner que parmi les 5 clusters disposant des plus faibles budgets vacances : on retrouve les 3 clusters qui composent le noyau dur de l’électorat de Marine Le Pen et 2 des 3 clusters qui composent celui de Jean-Luc Mélenchon. Les budgets les plus contraint sont aussi les plus radicaux politiquement. 

Passer ses vacances chez des amis ou dans sa famille est le mode d’hébergement privilégié par les clusters de la gauche culturelle et radicale

Les 3 clusters composant le socle du mélenchonisme sont ceux qui passent le plus fréquemment leurs vacances en étant hébergés chez des amis ou dans leur famille : Solidaires (29%), Multiculturalistes (28%) et Révoltés (24%). A noter que les Sociaux-Démocrates – un cluster de gauche culturelle mais très modérée – pratiquent eux aussi ce mode d’hébergement.

Passer ses vacances en mode « itinérant » est clairement une pratique surreprésentée au sein de la gauche culturelle radicale et, plus spécifiquement, des Multiculturalistes (6%). A l’opposé, les clusters élitaires du centre (Centristes) et la droite (Libéraux) bien que disposant d’un budget vacances élevé, ne choisissent presque jamais ce type de vacances. En revanche, ces deux clusters sont les seuls à passer de manière significative des vacances dans leurs résidences secondaires. Ici aussi, on observe que les 4 clusters qui ont le plus voté en faveur d’Emmanuel Macron sont ceux qui disposent le plus de résidences secondaires (alors qu’à l’inverse, les groupes les plus antisystèmes, qu’ils soient de gauche ou marinistes, sont ceux où les résidences secondaires constituent une exception).

Logiquement les clusters élitaires sont aussi surreprésentés parmi les Français qui peuvent s’offrir des vacances à l’hôtel. Si vous partez à l’hôtel, vous aurez bien plus de chances d’y croiser un Centriste, un Social-Démocrate, un Progressiste ou un Libéral qu’un Révolté, un Solidaire ou un Social-Patriote.

Aller au camping inverse ces probabilités puisque cela augmente les chances de croiser des Sociaux-Patriotes ou des Réfractaires ayant voté Marine Le Pen et réduit considérablement celles de croiser un Libéral appartenant à ce cluster de la droite aisée qui a longtemps voté Républicains avant de subir l’attraction du macronisme.

Plaisirs de vacances

« Se balader » est l’activité préférée des Français en vacances : 31%. Tout particulièrement parmi les Progressistes, un cluster jeune, diplômée, de gauche culturelle, écolo et assez modéré.

Le fait d’« aller à la mer » est aussi très apprécié et partagé (23%), tout particulièrement par le cœur de l’électorat d’Emmanuel Macron.

Les Sociaux-Démocrates – cluster de gauche culturelle élitaire et modéré – sont ceux qui déclarent le plus apprécier « lire » et « visiter des sites culturels » pendant les vacances.

Les groupes de la petite droite populaires (Conservateurs et Anti-Assistanat) sont ceux qui déclarent le plus apprécier « bronzer » et « faire des barbecues ».

« Faire la sieste » est également très appréciée (10%), tout particulièrement parmi les Eurosceptiques, un cluster très populaire, très antisystème et âgé.

Beaucoup de Français (10%) citent « l’apéro » parmi leurs activités de vacances préférées, mais c’est tout particulièrement le cas parmi les Identitaires.

Il faut dire que les Français aiment boire, tout particulièrement pendant les vacances : seuls 18% d’entre eux déclare ne pas consommer d’alcool.

Sur le podium des boissons de l’été préférées, c’est sans surprise la bière (47%) qui arrive en tête, suivi du rosé (45%) et du vin blanc (38%). On notera que si ces boissons sont assez fédératrices, la bière est néanmoins un peu plus « Apolitique », tandis que le rosé est plus « Libéral » et le vin blanc plus « Progressiste ».

D’autres alcools paraissent plus typés politiquement. Le Pastis et les liqueurs sont particulièrement appréciés chez les Identitaires et peu appréciés dans les groupes les moins politisés.

Le Spritz est très à la mode (17% des Français en boiront cet été), tout particulièrement parmi les Centristes et dans l’électorat d’Emmanuel Macron.

Les Libéraux, quant à eux, ont un faible pour le Whisky.

Tandis que les Eurosceptiques – qui comptent beaucoup d’ouvriers d’origine espagnole et portugaise – sont les plus fidèles au Porto.

La gauche culturelle – plutôt jeune et diplômée – se distingue, quant à elle, pour son goût prononcé du Mojito (tout particulièrement les Progressistes) et de la Tequila (une boisson minoritaire, mais appréciée des Multiculturalistes et des électeurs de Mélenchon).

La France du Pastis est donc plutôt « Identitaire » quand celle du Whisky est surreprésentée parmi les « Libéraux », celle du Porto parmi les « Eurosceptiques » et celle du Mojito parmi les « Progressistes ».

Les Français ne sont pas des vacanciers très sportifs : seuls 9% citent le sport parmi leurs activités de vacances préférées contre 10% la sieste.

Ils sont cependant 72% à déclarer pratiquer des activités sportives.

La randonnée (34%), la natation (23%), le vélo (16%), mais aussi la pétanque (10%) sont les 4 sports qu’ils déclarent le plus pratiquer pendant l’été.

La natation est particulièrement appréciée des Centristes et des électeurs de Valérie Pécresse (qui sont aussi ceux qui passent le plus fréquemment leurs vacances en bord de mer), tandis que la randonnée et le vélo sont tout particulièrement pratiquées par la gauche modérée : Progressistes et Sociaux-Démocrates. La pétanque est une activité populaire, particulièrement plébiscitée par les Solidaires (gauche populaire) mais aussi parmi les électeurs de Marine Le Pen.

Quand on les interroge sur « la série idéale à emporter pour passer de bonnes vacances », l’on découvre que seuls 35% des Français déclarent « ne pas regarder de série ».

En matière de choix, c’est la dispersion qui l’emporte. Seuls 2 séries remportent plus de 10% des suffrages : Kaamelott (13%) et Game of Thrones (12%). Ces deux séries sont tout particulièrement plébiscités par des électeurs de gauche (Solidaires dans le cas de Kaamelott et Progressistes dans celui de Game of Thrones). Les Centristes apprécient, quant à eux, beaucoup le Bureau des légendes. La série très politique Baron noir fédère le cluster élitaire de la droite (Libéraux) et l’électorat de Mélenchon – tout particulièrement sa fraction diplômée. En thérapie est très appréciée des Sociaux-Démocrates, soit du cluster élitaire de la gauche. Enfin, on notera que Camping Paradis est plus cité que la moyenne au sein du cluster le plus pauvre de la population, les Eurosceptiques dont les votes se partent massivement sur Marine Le Pen.

Baromètre des personnalités politiques

Baromètre des personnalités politiques N°3

Marine Le Pen retrouve la 1ere place, Emmanuel Macron perd son crédit, François Ruffin perce, Olivier Faure sort de l’anonymat

Les trois personnalités politiques qui recueillent le plus de soutien dans l’électorat demeurent Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. L’ordre est cependant bouleversé par rapport au mois dernier : Marine Le Pen prend la tête avec 17% de soutien (+2), tandis que le Président de la République, affaiblie par le résultat des législatives, est sur la plus petite marche du podium avec 14% de soutien (-5). Notons que ces trois personnalités clivent fortement la population et font partie des plus rejetées par l’électorat. Représentantes des trois « pôles » issus de la présidentielle, elles fédèrent chacune un noyau dur de soutien mais suscite aussi un puissant rejet qui explique en partie qu’aucun de ces trois pôles ne soit parvenu à fédérer un bloc majoritaire à l’Assemblée Nationale à l’issue des législatives.

Marine Le Pen sort renforcée des législatives, à l’inverse d’Emmanuel Macron

Alors qu’elle a fait une campagne des législatives pour le moins discrète, Marine Le Pen et le RN sont sortis « gagnants » de ces élections avec un nombre de députés inattendu. Notre baromètre réalisé au cœur de la campagne à la fin mai montrait une régression des soutiens de Marine Le Pen notamment dans ses trois clusters phares : les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes et les Réfractaires. Ce mois-ci elle ne connait pas de hausse dans ces trois clusters très populaires. Au contraire, on observe même une baisse chez les Eurosceptiques. Par contre, elle progresse dans des clusters où elle est en concurrence ténue avec d’autres personnalités. D’abord elle séduit une part importante de la droite traditionnelle : les Conservateurs, cluster composé, pour une part, de petits retraités vivant en ruralité. Et surtout les Libéraux, cœur de l’ancien électorat UMP, très élitiste, attaché à l’UE et au marché, qui avaient tendance à rejeter le RN et sa leader. Marine Le Pen recueille 15% de soutien dans ce cluster (+9) et 36% de sympathie (+14). Cette progression dans un cluster modéré vient attester la « banalisation » du RN qui lui a permis de gagner de nombreux duels de 2nd tour aux législatives, fait inédit dans notre Cinquième République.

Enfin, Marine Le Pen progresse dans les clusters de la droite plus radicale : les Anti-Assistanat et les Identitaires, deux clusters dans lesquels elle était en concurrence notamment avec Éric Zemmour. Elle le surpasse désormais nettement dans le cluster des Identitaires : elle atteint 78% de soutien et sympathie (+9) tandis que lui chute à 53% (-10). Toutes ces évolutions, si elles devaient se confirmer, marqueraient un élargissement sensible de la coalition de Marine Le Pen, avec pour conséquence la disparition de ce qui fut longtemps qualifié de « plafond de verre » électoral pour le RN.

Emmanuel Macron faiblit sur ses jambes gauche et droite, Elisabeth Borne affectée par l’absence de majorité

Si Emmanuel Macron était sorti assez fort politiquement de la présidentielle, parvenant à unir un large bloc modéré du centre gauche au centre droit, les élections législatives ont vu cet alliage faiblir, lui empêchant même d’obtenir une majorité à l’Assemblée. Cela se perçoit dans notre baromètre par une chute assez significative de ses soutiens dans deux clusters emblématiques du « En même temps » présidentiel : Emmanuel Macron perd 18 points de soutien chez les Sociaux-Démocrates (ex-cœur électoral du PS) et 18 points chez les Libéraux (ex-cœur de l’UMP puis des Républicains).

Le renforcement du pôle de gauche autour de la NUPES et la permanence d’un vote LR ancré territorialement ont remis sur le devant de la scène un début de retour au clivage gauche-droite, néfaste à la majorité présidentielle. En effet, les clusters élitistes du centre-gauche et du centre-droit se coalisent sur la demande de stabilité, sur l’UE, sur une forme de continuité institutionnelle mais sont clivés sur les retraites, la redistribution économique, l’immigration, la sécurité. Or, ce sont ces sujets qui ont été mis en avant médiatiquement ces dernières semaines, causant une désarticulation de l’électorat de la majorité présidentielle.

Si jamais Emmanuel Macron voyait ces deux pôles de son électorat faiblir durablement, la mise en minorité de sa politique serait inéluctable et la viabilité de son projet politique durablement affectée. En effet, le niveau de rejet atteint bien souvent plus de 50% dans de nombreux clusters, côtoyant même les 80% dans les clusters populaires tels que les Solidaires et Sociaux-Patriotes et parmi les clusters radicaux de gauche et de droite, tels que les Multiculturalistes et les Identitaires.

A l’instar du Président, la Première Ministre Elisabeth Borne chute fortement dans l’ensemble des clusters de la coalition présidentielle : -14 chez les Centristes, -11 chez les Sociaux-Démocrates, -11 chez les Libéraux, -7 chez les Conservateurs, -5 chez les Sociaux-Républicains. Au final, elle recueille seulement 22% de soutien et sympathie dans l’ensemble de l’électorat et le rejet de sa personnalité monte à 40% (+4).

A gauche, François Ruffin talonne Jean-Luc Mélenchon, percée d’Olivier Faure

Jean-Luc Mélenchon reste stable ce mois-ci avec 17% de soutien et se classe deuxième du classement derrière Marine Le Pen. A l’instar d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il clive fortement et suscite un niveau élevé – 56% – de rejet contre sa personne. Il peut compter sur un noyau dur de soutien particulièrement au sein des trois clusters de la gauche radicale et populaire : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. Ce sont ces trois clusters qui ont porté sa candidature l’an dernier lorsqu’il était estimé entre 11 et 13% dans nos sondages au début de la campagne, avant d’enclencher une dynamique de vote utile dans les deux clusters de gauche modérée et diplômée que sont les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. On voit bien qu’au sein de ces deux clusters, on a voté Jean-Luc Mélenchon en partie par défaut. Dans ces deux clusters qui ont voté, au moins partiellement, pour lui au 1er tour de la présidentielle, il recueille uniquement 16% de soutien et plus de 50% de rejet.

Fait nouveau : la percée à gauche de François Ruffin. Le député de la Somme est 4eme au classement général avec 13% de soutien et seconde Jean-Luc Mélenchon dans la plupart des clusters de gauche. Il le devance même ce mois-ci dans le cluster des Solidaires, un cluster plus sensible au social qu’au sociétal. Plus significativement encore, François Ruffin réalise une percée chez les Sociaux-Démocrates à 24% (+16) et se classe deuxième juste derrière Emmanuel Macron. Il obtient également de bons scores dans des clusters populaires antisystème « marinistes », en particulier chez les Sociaux-Patriotes : il s’y classe 5eme avec 6% de soutien mais 37% de sympathie (+18).

Enfin, Olivier Faure sort également renforcé de cette séquence législative. Sa progression au classement général reste limité : 6% de soutien (+4). Mais cette progression est spectaculaire dans les clusters de gauche : +17 chez les Multiculturalistes, +10 chez les Sociaux-Démocrates, +7 chez les Progressistes, +5 chez les Solidaires. C’est le signe que l’adhésion du PS au sein de la NUPES a clarifié la position politique du parti et séduit à nouveau un électorat appartenant au cœur de la gauche qui jadis votait pour lui mais qui s’en était éloigné. Olivier Faure semble avoir ressuscité l’intérêt de l’électorat de gauche pour le Parti Socialiste mais aussi sa considération. Demeure pour lui l’enjeu de la notoriété : 54% des français disent ne pas le connaître ou être indifférents à sa personnalité.

20220601 elections législatives par cluster (1)

Evolution des intentions de vote aux Législatives 2022 par Clusters

Evolution des intentions de vote des élections législatives 2022

Identitaires
Anti-Assistanat
Sociaux-Patriotes
Eurosceptiques
Réfractaires
Libéraux
Conservateurs
Eclectiques
Sociaux Républicains
Apolitiques
Révoltés
Centristes
Solidaires
Progressistes
Sociaux-Démocrates
Multiculturalistes

Remarque : Vous pouvez désactiver/activer la ligne d’un candidat en cliquant sur son nom.

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Baromètre hebdomadaire S24 : Législatives 2022

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Dans notre ultime sondage d’intention de vote pour ces élections législatives, les rapports de force sont serrés et la majorité présidentielle pourrait se retrouver en minorité à l’issue du 2nd tour. L’abstention pourrait cependant affecter la NUPES et le RN et ainsi contenir leur percée.

Vous pouvez télécharger la notice technique ci-dessous pour avoir tous les résultats :

20220609 elections législatives par cluster

Baromètre hebdomadaire S23 : Législatives 2022

20220609 cluster17 notice technique8

A deux jours du scrutin, quelles sont les forces et faiblesses des trois principaux pôles ?

La candidature de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et sociale (NUPES) se maintient en tête des intentions de vote cette semaine à 29,5% devant la candidature de la majorité présidentielle à 26%. La prise en compte de l’ensemble des candidats dissidents fait baisser mécaniquement la NUPES d’1,5 point et la liste « Ensemble » d’1 point. Mais les rapports de force restent stables. Le Rassemblement National perd lui aussi 1,5 point et se retrouve assez éloigné de ses concurrents à 17,5%. L’abstention qui pourrait être particulièrement élevée est la principale menace, notamment pour la NUPES et le RN dont les électorats sont en raison de leur profil sociologique à plus haut risque abstentionniste. Malgré cela, nous devrions retrouver les trois pôles arrivés en tête à la présidentielle. L’ordre d’arrivée pourrait cependant être inversé du fait de la dynamique suscitée par l’union de la gauche au début de la campagne, au détriment des deux autres pôles. Quelles sont les forces et faiblesses de ces « trois blocs » ?

  • L’électorat de la NUPES plus mobilisé politiquement

L’union de la gauche est une attente forte au sein des clusters qui composent le socle du vote Jean-Luc Mélenchon mais aussi des autres composantes de la gauche. Déjà, lors des présidentielles, notre enquête montrait cette forte attente des électeurs de gauche sur leur souhait d’une primaire réunissant l’ensemble des partis de gauche (cf https://cluster17.com/les-electeurs-de-gauche-largement-favorables-a-lidee-dune-primaire/). De fait, cette union, relativement inattendue, qui s’inscrit dans le prolongement du bon score de Jean-Luc Mélenchon, a permis à cet électorat de rester mobilisé quand les électeurs de Marine Le Pen marquaient le coup suite à la défaite au 2nd tour de la présidentielle.

Vote 2022

Le cluster Multiculturalistes, qui est celui le plus à gauche de notre segmentation, est celui qui déclare le plus s’intéresser à ces législatives, et 93% des individus qui le composent ont l’intention de voter pour la NUPES dimanche. Alors que les précédents scrutins étaient marqués par une déperdition de ces électeurs de gauche radicale du fait des divisions, l’union entraîne une forte concentration du vote de ces clusters qui n’ont qu’une seule offre politique vers laquelle se tourner. De même, cette union permet à la gauche de retrouver des électeurs qui jusqu’ici lui échappaient. C’est le cas des Sociaux-Démocrates qui sont clivés entre une offre de gauche classique et la majorité présidentielle.

Là où Jean-Luc Mélenchon peinait à les attirer, la NUPES parvient à mieux capter ces électeurs. Et c’est le cas aussi des Réfractaires, un cluster populaire, social sur les questions économiques et « antisystème », qui vote plutôt Marine Le Pen aux présidentielles mais dont 29% indiquent vouloir voter pour la NUPES ce dimanche. Plus globalement, la NUPES semble capter une part significative des clusters populaires et identitaires, ce qui pourrait se traduire dans les urnes par un recul significatif du RN.

Legislatives 2022

Toutefois, pèsent sur la NUPES deux menaces :

– La première, c’est l’abstention. La NUPES a un électorat jeune, une pyramide des âges inversée par rapport à la majorité présidentielle. Plus les électeurs sont jeunes, plus ils votent NUPES. Or plus les électeurs sont jeunes, plus ils s’abstiennent. En 2017, l’abstention avait été particulièrement élevée chez les moins de 40 ans. Dans ce contexte, une forte abstention pourrait entraîner un recul du score de la NUPES par rapport aux intentions de vote.

Elections legislatives 2022

– La deuxième menace, c’est la perception qu’a l’opinion de Jean-Luc Mélenchon. Nos différentes enquêtes ont montré que les Français étaient en demande d’alternative à Emmanuel Macron. Ce rejet pourrait profiter à la NUPES notamment au 2nd tour dans une logique de vote utile, une part de l’électorat populaire du RN étant susceptible de se reporter sur les candidats NUPES pour « faire barrage » à Emmanuel Macron. Cependant, l’hypothèse de la nomination de Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre est très minoritaire dans l’opinion et clive y compris à l’intérieur de la coalition de gauche.

Sa personnalité clivante pourrait empêcher les électeurs de gauche modérée (Sociaux-Démocrates et Progressistes) mais aussi l’électorat « social-identitaire » de Marine Le Pen de voter NUPES au 2nd tour. Les premiers à cause de sa supposée radicalité économique et d’un positionnement jugé « populiste », les seconds à cause de sa supposée bienveillance envers l’islam et l’immigration. C’est la raison pour laquelle les cadres de la majorité présidentielle et du Rassemblement National pointent justement leurs attaques sur ces deux aspects.

  • La majorité présidentielle à l’abri de l’abstention ?

La majorité présidentielle dispose de deux atouts principaux : le premier c’est la stabilité de sa coalition électorale. Les clusters pro-Macron de la présidentielle restent « fidèles » à Ensemble. Ce large arc modéré rassemblant une partie des anciens électeurs PS (les Sociaux-Démocrates et les Progressistes), les Centristes, les Sociaux-Républicains et une partie des anciens électeurs UMP (Conservateurs et Libéraux) est bien mobilisé pour ces législatives ; et cela malgré la concurrence de la NUPES sur la gauche modérée et le maintien de LR à un bon niveau chez les Libéraux.

Le deuxième atout repose sur la sociologie de cet électorat modéré : il est plus diplômé que la moyenne en particulier pour les clusters Sociaux-Démocrates et Libéraux qui sont respectivement 46% et 39% à indiquer vouloir voter pour la majorité présidentielle. Et il est également plus âgé que la moyenne. 36% des plus de 65 ans disent ainsi vouloir voter pour la liste « Ensemble ». Or, lorsque l’abstention est élevée, le poids des électeurs âgés et diplômés est démultiplié du fait de leur faible propension à s’abstenir. Cela pourrait même entraîner un rattrapage de la liste « Ensemble » au détriment de la NUPES en cas de mobilisation différentielle très importante.

Les faiblesses de la majorité présidentielle reposent sur le contexte politique et économique :

– La réélection d’Emmanuel Macron après son premier quinquennat annihile légèrement l’automaticité d’un vote majoritaire aux législatives qu’on observait habituellement à la suite de l’élection présidentielle. Il y a ainsi le risque d’un vote de rejet notamment au 2nd tour, une sorte de vote utile inversé contre Emmanuel Macron et sa majorité.

– Le contexte inflationniste fait passer les questions sociales en tête des préoccupations des Français. Or sur le clivage économique et social, il y a une coagulation possible d’un électorat populaire qui se divise habituellement entre Jean-Luc Mélenchon (Solidaires et Révoltés) et Marine Le Pen (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes) sur les questions identitaires et culturelles. Cependant, avec la hausse des prix des produits de première nécessité et le risque du recul de l’âge de départ à la retraite, un « vote gilets jaunes » réunissant ces cinq clusters très populaires pourrait se mettre en place de façon partielle au 2nd tour. On en observe d’ailleurs les prémices dans les score relativement élevés obtenus par la NUPES au sein des clusters populaires et identitaires qui constituent traditionnellement le socle du RN.

  • Le pôle identitaire moins mobilisé et plus divisé que ses adversaires
Elections legislatives 2022 1

Si Marine Le Pen était parvenue lors de la présidentielle à mobiliser efficacement son électorat et même à conquérir une partie de l’électorat des LR, ses électeurs semblent peu mobilisés pour ces élections législatives. En témoigne le tableau ci-dessus : c’est dans les clusters les plus pro-RN que l’on s’intéresse le moins à cette élection : 40% des Réfractaires déclarent même ne pas s’y intéresser du tout !

Elections legislatives 2022 2

Alors que plus de 80% des électeurs d’Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon déclarent s’intéresser « beaucoup » ou « assez » aux législatives, c’est le cas de seulement 65% des électeurs de Marine Le Pen. Cette démobilisation politique trouve son prolongement dans nos intentions de vote. Le RN rassemble « seulement » 17,5% des voix. Les attributs sociologiques de son électorat sont également source de menace et d’incertitude sur le score du RN dimanche. Son profil extrêmement populaire est associé à de très haut niveau d’abstention lors des scrutins de moyenne et faible intensité, ce qui est bien l’une des caractéristiques de ces législatives.

Trouvera-t-il des raisons de se mobiliser dans les récents événements médiatiques (polémique du Stade de France et polémique sur le policier qui a tiré sur la passagère d’un repris de justice) mais également en raison du contexte économique auquel il est particulièrement sensible ? Notre estimation de l’abstention pour l’instant ne le laisse pas présager.

L’autre point négatif pour le RN est la division maintenue avec Reconquête qui pèse tout de même 5,5% des voix et qui vient concurrencer le RN sur certains de ses principaux clusters et tout particulièrement chez les Identitaires. On voit que ce cluster, très radical sur les questions migratoires et sécuritaires, est hésitant entre le RN et Reconquête. 36% disent vouloir voter RN, 30% pour Reconquête. Alors qu’elle avait réussi à distancer Éric Zemmour dans ce cluster par une mécanique de vote utile au premier tour de la présidentielle, le contexte politique et la nature de l’élection sont cette fois-ci moins favorables à un tel scénario pour Marine Le Pen.

Legislatives 2022

Baromètre hebdomadaire S22 : Législatives 2022

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Des coalitions très inégalement menacées par l’abstention

Notre baromètre consacré aux législatives cette semaine reflète une grande stabilité. Depuis un mois, il n’y a pas eu de bouleversements majeurs dans l’opinion. La NUPES reste en tête des intentions de vote à 31% devant la majorité présidentielle à 27%. L’écart s’est certes resserré ces dernières semaines au profit de la majorité présidentielle mais pas de façon significative.

Le Rassemblement National stagne lui aussi à 19%.
Alors que durant la présidentielle nous observions un intérêt croissant des Français pour l’élection, nous observons avec ces législatives le phénomène inverse.

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Les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat, les Identitaires, qui avaient placé Marine Le Pen en tête au 1er tour et qui constituent les clusters phares du pôle identitaire sont ceux pour qui il importe le moins de savoir qui sera leur futur député. Cela fait peser sur le Rassemblement National la menace persistante d’une abstention différentielle défavorable. Lorsque l’abstention est forte, elle touche davantage les classes populaires et les jeunes, ce qui rend les choses difficiles pour le Rassemblement National dont l’électorat est certainement le plus populaire.

La menace pèse aussi sur la NUPES dont l’électorat est le plus jeune. En effet, 50% des 18-24 ans indiquent vouloir voter pour la coalition de gauche la semaine prochaine, 40% des 24-35 ans mais « seulement » 22% des 65 ans et plus. Cependant, l’électorat de gauche semble plus intéressé et plus mobilisé par les législatives du fait de cette alliance nouée qui laisse percevoir un duel serré entre la majorité et la NUPES.

A ce titre, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon est un de ceux qui déclarent le plus s’intéresser aux élections législatives : 55% des électeurs du 1er tour disent s’y intéresser « beaucoup ». Dans la même perspective, ce sont les Multiculturalistes qui constituent le cluster le plus mobilisé par cette élection. C’est un cluster de gauche culturelle, très favorable à l’union de la gauche, radicale et très hostile à Emmanuel Macron.

Enfin, l’électorat de la majorité présidentielle est le plus à l’abri de ce risque abstentionniste du fait de sa sociologie : son électorat est plus âgé en moyenne, plus aisé et plus diplômé. Pèse sur la majorité un risque plus politique : celui de voir le clivage gauche/droite se reconstituer par endroit. La concurrence de la NUPES sur les clusters de gauche modérée est un phénomène nouveau par rapport à la présidentielle, au cours de laquelle Emmanuel Macron était arrivé en tête chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, soit dans les clusters de la gauche modérée.

De l’autre côté de la coalition majoritaire, il conviendra d’observer si LR parvient à retrouver une partie de son électorat traditionnel, notamment le cluster des Libéraux, qui avait voté « utile » au 1er tour de la présidentielle en choisissant massivement de se porter sur la candidature d’Emmanuel Macron.

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Autre indicateur d’une faible participation à venir, la part d’électeurs s’intéressant aux élections législatives décroit également.  Alors que le 12 mai, 42% d’entre eux disaient s’intéresser « beaucoup » aux législatives, ce chiffre est tombé à 34%.

A nouveau, c’est l’électorat de Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle qui déclare le moins s’intéresser à cette élection (avec les électorats de Yannick Jadot et Jean Lassalle) : seulement 33% de ses électeurs qui s’y intéressent « beaucoup », contre 43% de ceux d’Emmanuel Macron et 55% de ceux de Jean-Luc Mélenchon.

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Le fait que cette campagne se joue principalement dans un contexte de forte inflation autour des thématiques socio-économiques au détriment des enjeux identitaires contribue sans doute à cette démobilisation du camp identitaire. L’absence d’alliance avec Reconquête et de perspective de victoire du RN – admise par Marine Le Pen elle-même – est un autre facteur explicatif de la démobilisation de son électorat.

En résumé, l’abstention devrait pénaliser en premier lieu le RN dont les électeurs pourraient s’abstenir massivement avec pour conséquence, si cette hypothèse se vérifiait, des résultats plus faibles que ceux annoncés par les sondages. La NUPES est, quant à elle, sous la menace d’une abstention plus sociologique, liée à la jeunesse de son électorat potentiel. On sait, en effet, que lors des deux dernières élections législatives (2012 et 2017) les écarts de participation entre jeunes et séniors ont approché les 40 points.

Dans ce contexte, la majorité présidentielle pourrait bénéficier d’un avantage concurrentiel, disposant d’une base électorale bien plus participationniste que la moyenne. C’est d’ailleurs ce pari stratégique que semble avoir fait le camp présidentiel en optant pour une campagne de très basse intensité qui devrait générer une très forte abstention probablement favorable aux candidats d’Ensemble.

Baromètre des personnalités politiques

Baromètre des personnalités politiques N°2

Emmanuel Macron profite de la baisse de popularité de Marine Le Pen pour retrouver la tête du classement

Nous publions notre deuxième baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous avons décidé de classer en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien ». Cela nous semble refléter davantage le potentiel politique d’une personnalité, la « sympathie » étant un élément moins discriminant et donc sans doute moins prédictif des comportements électoraux.

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Ce mois-ci, le Président de la République arrive en tête de notre classement. Soutenu par 19% des Français, il devance Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement National est en fort recul ce mois-ci, ce qui explique que le Président de la République retrouve mécaniquement la tête du classement.

Son capital de soutien et de sympathie est en légère baisse mais plutôt stable, de même pour Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen recule fortement quant à elle, avec seulement 15% de soutien, divisant son score par deux par rapport au mois dernier. Nous avions réalisé notre dernière enquête au sortir du 2nd tour, après qu’elle ait réalisé un score « record » pour son parti.

Depuis, elle a peiné à lancer sa campagne des législatives, abandonnant à Jean-Luc Mélenchon le rôle du premier opposant. Tous ces éléments, en plus du maintien de la division du pôle identitaire avec Éric Zemmour, expliquent certainement ce recul. Ces résultats traduisent, sans doute, également, la démobilisation de l’électorat mariniste et pourrait laisser présager d’une forte abstention sur ce segment de l’électorat.

Bien qu’elle reste en tête dans ses clusters de prédilection, c’est au cœur de son électorat que le recul de Marine Le Pen est le plus spectaculaire. Elle perd 41 points de soutien chez les Réfractaires, 35 points chez les Sociaux-Patriotes et les Anti-Assistanat.

La tripartition de l’espace politique se vérifie dans notre baromètre des personnalités

Au sein de la majorité présidentielle, Emmanuel Macron conserve son leadership profitant du soutien de son socle électoral constitué des Sociaux-Démocrates, des Progressistes, des Sociaux-Républicains, des Eclectiques, des Conservateurs et des Libéraux. Une large coalition des clusters modérés qui l’a porté au pouvoir et qui consacre sa volonté de dépassement du clivage gauche-droite.

Elisabeth Borne, tout juste nommée Premier Ministre est 5e de notre classement et fait une percée chez les Sociaux-Démocrates, où elle se trouve 2e à 24% de soutien et chez les Centristes, 2e aussi à 41% de soutien. Le Maire du Havre et ancien Premier Ministre Edouard Philippe continue lui aussi à profiter d’une belle côte de sympathie mais son capital de soutien est en net recul ce mois-ci, il perd 8 points et se retrouve 4e du classement.

L’élection présidentielle 2022 a consacré l’hégémonie de la majorité présidentielle auprès de l’électorat modéré. De même, la France insoumise et le Rassemblement National ont continué leur progression et sont parvenus à pénétrer des segments plus modérés de l’électorat. Ils participent dès lors, de part et d’autre du champ politique, de la prise en étau des anciennes forces dominantes : les Républicains et le Parti Socialiste. Les personnalités de ces deux partis se trouvent toutes dans la seconde partie de notre classement.

Aucune ne parvient à émerger. Au Parti Socialiste, nous avons testé pour la première fois Olivier Faure, son Premier Secrétaire, qui malgré la médiatisation de l’accord noué par le PS au sein de la NUPES, peine à monter en notoriété. Il est ainsi dernier de notre classement. L’ancien Président de la République, François Hollande, dispose d’une côte de sympathie non négligeable, mais d’une base de soutien très réduite : seulement 3%. Améliorer son niveau de soutien sera une condition indispensable pour espérer jouer un rôle électoral de premier plan dans les années à venir.

La Présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, qui essaye d’incarner une offre sociale-démocrate entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon manque encore de notoriété pour exercer un réel leadership politique : un Français sur deux déclare ne pas la connaître. Enfin, Anne Hidalgo, candidate à la présidentielle et Maire de Paris fait l’objet d’un rejet très important dans l’opinion, au même titre que son ancienne rivale Valérie Pécresse.

Du côté des Républicains, le constat est similaire, pas un seul des cadres de ce parti n’arrive dans la première partie du classement. Laurent Wauquiez y est la personnalité la plus soutenue, mais avec seulement 5% de soutien ; un score qui révèle l’ampleur du travail à accomplir pour que la droite traditionnelle soit en situation de postuler à nouveau à la victoire dans les urnes.

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Baromètre hebdomadaire S21 : Législatives 2022

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La NUPES toujours en tête des intentions de vote devant la majorité présidentielle

La campagne pour les élections législatives est marquée par une grande stabilité. On observe peu de variations dans l’électorat.

La NUPES perd un point mais demeure en tête à 30% devant la coalition de la majorité qui demeure stable à 26%. Le Rassemblement National est à 19% (-1). Les Républicains sont en progression à 10,5% (+1,5) grâce à une hausse dans deux clusters de la frange la plus « radicale » de la droite : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Une hausse qui reste à confirmer dans les prochaines semaines. Le parti d’Éric Zemmour, Reconquête, progresse également à 6% (+0,5).

La clé du premier tour pour la majorité présidentielle est de ne pas laisser s’échapper les électeurs de la gauche modérée vers la NUPES. On constate un « tiraillement » des électeurs Sociaux-Démocrates et Progressistes entre la coalition présidentielle et l’union de la gauche. Si la NUPES parvenait à élever son score dans cet électorat, elle arriverait très probablement en tête du premier tour dans de nombreuses circonscriptions. Cela reviendrait à réunir les deux gauches (la modérée et la plus radicale) qui votaient encore ensemble pour François Hollande en 2012 et qui se sont éloignées en 2017 et en 2022 suite à la chute du Parti Socialiste. Trop modérés sur le plan institutionnel et trop attachés à l’Union Européenne pour basculer vers Jean-Luc Mélenchon mais aussi trop écologistes et trop attachés aux services publics pour être complètement emportés par Emmanuel Macron, les Sociaux-Démocrates et les Progressistes représentent un électorat « clé », décisif car pouvant basculer vers l’une ou l’autre des offres en compétition en fonction de la campagne et des clivages qui seront mis en avant.

La dynamique initiée par l’alliance de la gauche se retrouve dans l’intérêt porté à la campagne au sein de l’électorat. Les Multiculturalistes, les Sociaux-démocrates, les Progressistes et les Solidaires sont les clusters qui se disent le plus intéressés par la campagne avec les Centristes. A l’inverse, l’attitude quelque peu effacée de Marine Le Pen dans la période qui a suivi le second tour de la présidentielle et la curieuse campagne menée par le RN semblent produire une « dévitalisation » de son électorat qui semble peu intéressé et peu mobilisé par ces législatives. Le risque d’abstention différentielle défavorable pour le RN est ainsi particulièrement élevé. De manière significative, les intentions de vote en faveur du RN sont en baisse cette semaine dans tous les clusters « lepénistes » : Sociaux-Patriotes, Réfractaires, Eurosceptiques, Identitaires et Anti-Assistanat. De toute évidence, l’espérance d’une cohabitation s’est imposée à gauche et dans l’ensemble de l’électorat qui croit davantage à cette option qu’en une cohabitation avec le RN. Jean-Luc Mélenchon est parvenu à mettre en avant cette rhétorique de « 3e tour » lorsque Marine Le Pen échouait une fois de plus au second. Les dynamiques électorales s’en ressentent, le premier réussissant contre toute attente à unir les partis de gauche et à imposer l’idée d’un duel avec la majorité, la seconde maintenant une division avec Reconquête qui risque de lui nuire en particulier dans les bastions identitaires du sud-est, où Éric Zemmour a choisi, à dessein, d’être lui-même candidat.

19 mai

Baromètre hebdomadaire S20 : Législatives 2022

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Le rapport de force politique reste stable

Dans notre baromètre consacré aux élections législatives cette semaine on observe une stabilité des rapports de force. L’alliance de gauche, la « NUPES », arriverait en tête avec 31% des suffrages devant la coalition de la majorité présidentielle qui perd un point cette semaine à 26%. Le Rassemblement National, faute de dynamique et d’alliance avec Reconquête reste troisième avec 20% des voix.

A l’instar de la campagne présidentielle qui a connu peu de mouvements brusques dans l’opinion jusqu’à la crise ukrainienne et l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron, cette campagne législative se stabilise. L’alliance des partis de gauche a suscité une dynamique en sa faveur dans les premiers jours de l’union et a modifié sensiblement les rapports de force, s’imposant comme le premier des trois pôles devant Renaissance et le Rassemblement National. Depuis, la campagne connaît peu de moments forts. Le fait que l’offre politique se présente sous une forme simplifiée autour de trois pôles principaux qui correspondent à la tripartition électorale observée au premier tour de la présidentielle explique cette stabilité qui pourrait perdurer jusqu’au premier tour de scrutin. Les effets résultant de la nomination du nouveau gouvernement devront cependant être suivis avec attention. A ce titre, la nomination du nouveau Ministre de l’Education, Pap N’Diaye, a cristallisé dès sa prise de fonction des réactions très fortes en activant le clivage identitaire. Les représentants des forces identitaires – RN et Reconquête – se sont montrés logiquement particulièrement hostiles et virulents. A l’inverse, on a observé une bienveillance exprimée par la gauche radicale, en premier lieu par Jean-Luc Mélenchon. Cette nomination s’inscrit pleinement dans la stratégie présidentielle de brouillage de l’ancien clivage gauche/droite et dans la volonté pour Emmanuel Macron de cliver sur le volet culturel, espérant peut-être ainsi renforcer son aile gauche et diviser la coalition de la NUPES. L’autre dynamique qu’il faudra suivre avec beaucoup d’attention concerne l’électorat LR. Celui-ci va-t-il rallier les candidatures de la majorité présidentielle dans une logique de vote utile pour faire barrage à la NUPES dès le premier tour de scrutin ? Pour l’instant, nous n’observons aucune dynamique de ce type, mais il est important de rappeler que cette logique de vote utile qui avait conduit à l’effondrement de Valérie Pécresse s’était fortement accélérée dans les derniers jours, voire dans les dernières heures de la campagne présidentielle.

Les Français très majoritairement opposés à la retraite à 65 ans

Nous avons interrogé les Français sur le recul de l’âge légal de la retraite à 65 ans proposé par Emmanuel Macron. Seul un Français sur cinq se dit favorable à cet allongement. 39% sont même, à l’inverse, favorables à un abaissement de l’âge légal à 60 ans et 35% au maintien à 62 ans. Seuls deux clusters se montrent majoritairement favorables à l’âge de départ à 65 ans : les Libéraux et les Centristes, deux clusters phares de la coalition d’Emmanuel Macron, plutôt hostiles à la fonction publique, aux « acquis sociaux », aux 35h et globalement aux politiques redistributives.

Par ailleurs, une telle mesure clive fortement la coalition présidentielle. Les clusters de gauche modérée qui soutiennent le Président – les Progressistes et les Sociaux-Démocrates – sont très majoritairement favorables à la retraite à 60 ans ou à 62 ans, de même que les clusters dépolitisés ou modérés (Apolitiques, Sociaux-Républicains et Eclectiques) qui ont voté pour le Président.

La mise au premier plan de ce thème, notamment par la NUPES qui propose la retraite à 60 ans a tendance à fragiliser l’électorat du Président. Persister en faveur de la retraite à 65 ans constitue un risque de morcellement de sa coalition électorale, les électeurs de centre-gauche pouvant être alors tentés par les candidats de la gauche unie.

Les clusters populaires (Solidaires, Révoltés, Sociaux-Patriotes, Réfractaires, Eurosceptiques) sont quant à eux, sans surprise, extrêmement hostiles à une telle mesure.  Cela pourrait entraîner la constitution d’un « arc contestataire » si jamais la mesure venait à être votée par le Parlement, débouchant sur un front « anti-Macron » qui ne serait pas sans rappeler la coalition qui a porté le mouvement des Gilets jaunes lors de l’hiver 2018-2019.

Elisabeth Borne Premier Ministre : un choix peu clivant

La nomination d’Elisabeth Borne à Matignon fait émerger trois blocs quasiment équipotents : 35% des Français sont indifférents à sa nomination ou ne la connaissent pas, 33% y sont défavorables et 32% y sont favorables. Sa notoriété relative dans l’opinion et son profil technocratique font de cette option un choix assez peu clivant et surtout assez fédérateur d’une coalition électorale dont le plus petit commun dénominateur est la demande de « bonne gouvernance », d’équilibre et de compétence. En conséquence, très peu de Français ont un avis tranché sur cette nomination. Seuls quatre clusters se distinguent par leur opposition nette : les Multiculturalistes, les Révoltés et les Solidaires (trois clusters de gauche radicale) et les Sociaux-Patriotes (cluster identitaire et social qui vote majoritairement RN).
Nous avons également testé l’hypothèse d’une cohabitation amenant Jean-Luc Mélenchon à être nommé Premier Ministre. Si ses trois clusters phares de sa coalition présidentielle, les Solidaires, les Multiculturalistes et les Révoltés se positionnent très majoritairement en faveur de cette option, la grande majorité des clusters est opposée à l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon à Matignon. C’est notamment le cas pour les deux clusters de gauche modérée qui, on l’a vu, sont tentés de voter pour la NUPES : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Seuls 25% et 29% des électeurs de ces deux clusters se disent favorables à une éventuelle nomination de Jean-Luc Mélenchon à Matignon tandis que 35% des Sociaux-Démocrates et 51% des Progressistes indiquent dans le même temps vouloir voter pour la NUPES. On perçoit le paradoxe et le risque pour l’alliance de gauche de « personnaliser » l’élection autour de Jean-Luc Mélenchon, dont la personnalité reste très clivante, tout particulièrement au sein de la gauche modérée.
Le constat s’applique également pour Marine Le Pen. Comme Jean-Luc Mélenchon elle fédère un socle d’électeurs très fidèles qui sont autant attachés à sa personne qu’à son programme. C’est le cas principalement des Réfractaires, des Identitaires, et des Sociaux-Patriotes. Pour autant, une victoire du RN aux législatives et la nomination de Marine Le Pen à Matignon créerait un rejet très puissant dans la majorité des clusters, y compris dans des clusters qui votent en partie pour elle. C’est le cas pour les Anti-Assistanat qui sont 52% à être défavorables à sa nomination, de même que 54% des Conservateurs.

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Baromètre hebdomadaire S19 : Législatives 2022

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Pourquoi l’écart entre la NUPES et la majorité présidentielle se resserre ?

Dans notre baromètre cette semaine, la « Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale » (NUPES) rassemblant PS-PCF-EELV-LFI perd trois points à 31% tandis que « Renaissance » et ses alliés gagnent 2,5 points et se trouvent en deuxième position à 27%.

La dynamique perçue lors des négociations entre les partis de gauche semble légèrement s’estomper. Cette baisse semble profiter directement à la majorité présidentielle. Le Rassemblement National ne parvient pas pour le moment à susciter de dynamique.

Nos indicateurs font apparaître que l’électorat de Marine Le Pen est aujourd’hui très démobilisé. La division du camp identitaire entre RN et Reconquête et l’acceptation de la défaite aux législatives par anticipation par Marine Le Pen elle-même – alors même que l’espace politique est aujourd’hui tripartite et que la victoire de la majorité présidentielle n’a pourtant rien d’une évidence – semblent avoir un impact très démobilisateur sur les clusters les plus favorables aux thématiques portées par les candidatures identitaires. Compte tenu de la sociologie déjà favorable de cet électorat, une forte abstention différentielle est à redouter pour les candidats du RN.

Si ce scénario venait à se confirmer, il en résulterait de nombreux duels NUPES – Renaissance. Dans ce « duel » qui semble s’installer, la majorité présidentielle a tout intérêt à « diaboliser » l’union de la gauche portée par Jean-Luc Mélenchon de la même façon qu’elle avait rediabolisé Marine Le Pen durant l’entre-deux-tours de la présidentielle.

Ainsi la majorité peut espérer fédérer son « bloc » modéré qui réunit une grande partie des clusters du centre gauche (Progressistes, Sociaux-Démocrates) mais aussi une part significative de la droite (Conservateurs et Libéraux).

La NUPES et Renaissance en concurrence directe chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes

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Ces deux clusters qui ont largement voté pour Emmanuel Macron en 2017 et en 2022 sont absolument décisifs dans cette bataille pour les législatives. Ces électeurs constituent un pôle modéré, celui de la gauche dite « de gouvernement », qui votait jadis massivement pour le Parti Socialiste. Ce sont des électeurs très attachés à l’Union Européenne, à la redistribution économique et à l’écologie mais plutôt élitaires car diplômés et bien insérés dans la mondialisation, donc hostiles au « dégagisme », au « populisme » et, plus globalement, à la radicalité politique.

Si Jean-Luc Mélenchon était parvenu à mobiliser une partie de ces clusters durant la présidentielle grâce à la logique du « vote utile », ce n’était pas dans des proportions suffisantes et c’est, tout particulièrement, dans cet électorat qu’il lui a manqué des voix précieuses pour accéder au 2nd tour. L’union qui s’est nouée avec le PS, le PCF et EELV rebat largement les cartes car ces électeurs sont à nouveau tentés par cette offre : celle-ci se présente, en effet, sous une forme unitaire d’une part et de fait moins radicale parce que moins exclusivement focalisée sur la personnalité clivante de Jean-Luc Mélenchon d’autre part.

Ainsi au lendemain de l’union, dans notre premier sondage, la NUPES récupérait une part significative d’électeurs d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, on observe cependant un reflux de ces électeurs au profit de la majorité présidentielle. Cette semaine, La NUPES perd ainsi 13 points chez les Sociaux-Démocrates et 4 points chez les Progressistes, soit dans les principaux clusters de la gauche modérée. Cela se matérialise par de moins bons reports des voix de la présidentielle des électeurs de Yannick Jadot et d’Emmanuel Macron. 60% des électeurs de Yannick Jadot indiquent vouloir voter pour la NUPES (-13) et seulement 5% des électeurs d’Emmanuel Macron (-3). Les candidatures dissidentes du Parti Socialiste pourraient également nuire à la NUPES. La majorité présidentielle profite en partie de cette baisse.

L’équation reste, cependant, ardue pour « Renaissance » car dans la perspective de duel avec la NUPES, il lui faudra à la fois mobiliser cet électorat de centre gauche tout en captant le vote des clusters de droite les plus radicaux (Anti-Assistanat et Identitaires) au 2nd tour.  Dans cette perspective, la stratégie qui se dessine est celle d’une diabolisation de l’union de la gauche sur le terrain identitaire, ce qu’elle a commencé à faire en parlant de candidature « communautariste » ou « décroissante » sur le plan écologique.

Activer le clivage identitaire vise ainsi à fédérer une large coalition électorale dans le cadre d’un front anti-Mélenchon, qui permettrait à la majorité présidentielle de battre les candidats de la NUPES dans nombre de circonscriptions au second tour.

Les Républicains et le Rassemblement National en mauvaise posture

Les Républicains gagnent un point à 9,5% mais sont, à l’image de leur candidate Valérie Pécresse lors de l’élection présidentielle, pris en étau entre la majorité présidentielle et les candidatures identitaires. Leur socle se réduit désormais à deux clusters : les Libéraux et les Anti-Assistanat qui sont les deux seuls clusters à placer les candidatures LR à plus de 20%. Les Libéraux continuent de placer les candidats « Renaissance » en tête à l’image de la présidentielle où ils avaient largement voté en faveur d’Emmanuel Macron, de même que les Conservateurs. Ces deux clusters constituaient encore en 2017 le cœur électoral de LR avec les Anti-Assistanat et les Identitaires qui quant à eux accordent aujourd’hui davantage d’intérêt électoral au RN et à « Reconquête ».

Pour autant, la désunion qui sévit entre le RN et « Reconquête » empêche Marine Le Pen de susciter une dynamique. Une part importante des Identitaires (environ 1/5) s’apprête à voter pour les candidats soutenus par le parti d’Eric Zemmour. Les Conservateurs qui l’avaient massivement soutenu à la présidentielle sont quant à eux nombreux à indiquer vouloir voter pour la majorité présidentielle, certainement par soucis de continuité et de stabilité et, sans doute, pour faire barrage à la gauche unie.

En résumé, l’élection parait devoir se jouer principalement aujourd’hui entre la NUPES et la majorité présidentielle, ce qui pourrait conduire à une relative marginalisation des candidatures LR, mais aussi de celles du RN, malgré le bon résultat de sa candidate à la présidentielle.

Si les thèmes de campagne qui s’imposent tournent autour des enjeux identitaires – et en particulier de la dénonciation de la NUPES comme complaisante avec le « communautarisme » – la majorité présidentielle sera alors dans une position favorable pour remporter le scrutin. Mais si la gauche unie parvient à imposer des thématiques sociales et une demande de transformation du système, elle pourrait trouver des réserves électorales, voire mettre en difficulté Renaissance et ses alliés.

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