SOCIOLOGIE

Les Éclectiques sont un cluster sociologiquement très diversifié

Les Éclectiques représentent environ 5% des Français. Rien ne les distingue sociologiquement de la population globale. Que ce soit au niveau des diplômes, de l’âge, du genre, des origines, des revenus, du patrimoine, les Éclectiques sont divers et se rapprochent de la population générale. Ce cluster n’a donc aucune caractéristique sociologique prononcée par rapport au reste de la population. Les seuls points légèrement saillants dans la sociologie des Éclectiques sont une légère surreprésentation des filières professionnelles et une surreprésentation plus nette des habitants des petites villes et de leurs périphéries. En termes d’emplois, les Éclectiques occupent plus souvent que la moyenne des positions salariées médianes, entre employés et professions intermédiaires.

Les Éclectiques considèrent aux trois quarts leur situation comme stable ou en amélioration, et s’auto-positionnent majoritairement parmi les catégories moyennes et moyennes-supérieures. Les Éclectiques forment un cluster optimiste ce qui les rapproche des clusters diplômés et aisés, mais restent cependant très défiants vis-à-vis des élites, notamment politiques, ce qui les rapproche des clusters plus populaires.

SYSTÈME D’OPINION

Les Éclectiques sont caractérisés par un système d’opinion unique qui ne s’inscrit pas aisément dans les grands clivages communs au reste de la population. Les opinions des Éclectiques peuvent apparaître contradictoires vues de l’extérieur, mais ça serait une erreur de croire qu’elles sont pour autant incohérentes. En effet, les Éclectiques s’éloignent des clivages traditionnels et ont leur propre vision du monde qui ne se recoupe souvent pas avec celles des autres clusters. Ce système d’opinion particulier n’est pas à confondre avec une absence d’opinions tranchées. Les Éclectiques sont ainsi à la fois pro-européens et pro-frontières, ils s’opposent aux courants multiculturalistes sans pour autant exprimer un refus des étrangers, ils sont anti-étatistes et fortement opposés aux délocalisations, ils sont anti-assistanat tout en étant favorables à une politique sociale par le logement et l’école. Par ailleurs, ils expriment des positions antisystèmes et portent des convictions écologistes.

La singularité des Éclectiques fait qu’aucune offre politique identifiable ne correspond réellement à leurs convictions et ils sont donc l’un des clusters les moins bien représentés par l’offre politique actuelle. Fidèles à leur réputation de cluster le plus divers, les Éclectiques partagent des points communs mais également de nettes différences avec la plupart des autres clusters et ne s’inscrivent dans aucune opposition ou alliance franches ou stables.

CLIVAGE GAUCHE-DROITE

Les Éclectiques se reconnaissent peu dans l’axe gauche-droite

Conformément à leur positionnement atypique, les Éclectiques sont l’un des clusters qui se positionnement le moins sur l’axe gauche/droite. Les 57% qui le font se disent autant à gauche qu’à droite et n’expriment presque jamais une orientation gauche/droite très marquée.

RAPPORT AUX GILETS JAUNES

Les Éclectiques ont fortement soutenu le mouvement des Gilets Jaunes à ses débuts, en étant jusqu’à 86% à y être favorables. Aujourd’hui, seuls 40% des Éclectiques sont toujours favorables au mouvement. Ce cluster a également participé plus activement que les autres aux différentes actions des Gilets Jaunes en étant par exemple 53% à avoir affiché des gilets jaunes sur leurs parebrises. Les Éclectiques ont cependant surtout participé aux actions sur les ronds-points et très peu aux manifestations, ce qui est en ligne avec leur surreprésentation dans les petites villes et leurs périphéries et rapproche leur mode d’action de celui des clusters plus populaires. Ils étaient peu présents dans les manifestations qui elles rassemblaient des publics plus proches de la gauche traditionnelle.

ORIENTATIONS ÉLECTORALES

La diversité de leurs votes reflète l’éclectisme de leur système d’opinion

Les Éclectiques forment un cluster relativement peu intéressé par les activités du champ politique. Ils suivent peu les émissions politiques, écoutent peu les radios généralistes leur préférant les radios locales ou musicales, parlent peu de politique dans leur vie quotidienne, et n’accordent que peu d’intérêt aux personnalités politiques en général. Les Éclectiques s’abstiennent plus que la moyenne, tout particulièrement lors des élections intermédiaires. Ce rapport à la politique est cohérent avec l’atypisme du système d’opinion des Éclectiques et leur manque de représentation par l’offre politique actuelle.

Les votes des Éclectiques sont aussi divers que leurs caractéristiques sociodémographiques. Comme ils ne se reconnaissent vraiment dans aucune offre politique, ils se dirigent vers les offres les moins inadaptées à leurs priorités du moment.

Il est difficile pour un candidat de se positionner de manière à capter l’adhésion des Éclectiques. Leur système d’opinion, à la fois atypique et très minoritaire, s’inscrit mal dans les grands clivages dominants. Une offre qui leur serait adaptée aurait du mal à s’imposer auprès d’autres clusters de manière à former un électorat conséquent et permettant de réunir une coalition victorieuse. Les Éclectiques auront donc tendance à être un vote d’appoint pour une coalition électorale qui soit la moins éloignée de leur système d’opinion particulier.

ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022

Un cluster toujours dispersé où Emmanuel Macron pourrait être légèrement surreprésenté

Les Éclectiques pourraient voter de manière assez dispersée aux élections de 2022, conformément à leur système d’opinion particulier. La candidature d’Emmanuel Macron serait cependant l’une des plus sérieuses options pour ce cluster où le président de la République pourrait être légèrement surreprésenté par rapport à son score général. Mais il est aussi probable que le vote des Éclectiques continue également à se disperser sur d’autres candidats comme Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Éric Zemmour ou Xavier Bertrand.

Les Éclectiques constituent, en effet, un cluster particulièrement volatile en matière électorale.

 STATISTIQUES