Les Solidaires
Les 6 positions clivantes les plus caractéristiques des Solidaires
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98% sont favorables à l’augmentation des impôts des plus riches.
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96% sont favorables à l’interdiction des délocalisations pour les entreprises françaises.
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92% sont favorables à la possibilité de destituer des élus.
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89% sont hostiles à la privatisation de la Poste.
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87% sont hostiles à la réduction d’un tiers du nombre de fonctionnaires.
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83% sont favorables à la rémunération des députés au salaire médian, soit 1700 euros/mois.
SOCIOLOGIE
Les Solidaires sont surreprésentés auprès des « petits fonctionnaires » et sont pessimistes quant à l’avenir
Les Solidaires représentent 6% de la population française. Ils sont souvent d’âge moyen avec une sous-représentation des jeunes. 46% des solidaires ont entre 40 et 70 ans. Ils habitent fréquemment des petites villes de province ou des communes rurales, rarement les grandes métropoles ou les banlieues des grandes villes.
Parmi les clusters qui s’identifient aux classes populaires et aux petites classes moyennes, les Solidaires ont un niveau d’études plutôt élevé : 55% d’entre eux ont un diplôme supérieur au BAC. Cela les distingue d’autres clusters populaires tels que les Sociaux-Patriotes ou les Réfractaires qui sont nettement moins diplômés. Bien qu’ayant souvent des statuts stables, les Solidaires comprennent peu de revenus élevés et font partie des groupes qui ont le plus de mal à boucler leurs fins de mois. Ils sont le cluster qui comprend le plus de « petits fonctionnaires », de techniciens, de cheminots, d’ouvriers qualifiés de type artisanal, et l’on peut supposer que c’est l’un des groupes qui s’identifie le moins au projet de « start-up nation » d’Emmanuel Macron.
Les Solidaires ont un niveau de patrimoine moyen qui correspond au même étiage que celui des autres groupes populaires. Ils sont l’un des groupes les moins croyants et les moins pratiquants. Ils appartiennent aux mondes populaires et sécularisés. Enfin, il s’agit d’un cluster pessimiste, ce qui le rapproche d’avantage des autres clusters populaires.
SYSTÈME D’OPINION
Très radicaux sur les enjeux sociaux-économiques, ils sont plutôt modérés et clivés sur les questions culturelles et identitaires
Les Solidaires pourraient aussi être qualifiés de gauche de classe. Ils sont, en effet, très antilibéraux économiquement et très antisystèmes. Ils sont, en revanche, plus ambivalents quant à leur rapport au progressisme culturel et sociétal. Ce dernier point les singularise d’ailleurs au sein de ce qui fut, jusqu’en 2017, la coalition électorale de la gauche.
Leurs conditions sociales et leur évolution dans des secteurs d’activités bien plus syndiqués que la moyenne (fonction publique, grandes entreprises…), explique en partie les orientations de ce groupe : les Solidaires sont très favorables à la redistribution, aux aides sociales, à la défense des intérêts des travailleurs et au service public. Ils sont par ailleurs convaincus que la justice sociale et fiscale passe par un changement radical de système. C’est un cluster très à gauche sur les questions sociaux-économiques, opposé aux élites et au système, et sur un positionnement classique des syndicats de travailleurs avec une matrice marxiste.
S’ils sont très radicaux sur ces enjeux, les Solidaires sont, en revanche, plutôt modérés et clivés lorsqu’il s’agit des enjeux culturels. Par exemple, ils sont clivés sur la question de la réintroduction d’un contrôle aux frontières, le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes, l’interdiction du voile islamique, l’autorisation d’un menu Hallal dans les cantines ou l’octroi du droit de vote aux étrangers. Sur ces enjeux culturels et identitaires, ils sont moins tranchés et plus clivés que d’autres clusters de gauche, tels que les Multiculturalistes ou les Progressistes. Toutefois, leurs positions modérées sur l’Islam et l’accueil des migrants les éloignent des clusters très sociaux et identitaires, que sont les Sociaux-Patriotes ou les Réfractaires.
CLIVAGE GAUCHE-DROITE
Les Solidaires s’identifient encore largement à la gauche
Parmi les Solidaires, le clivage gauche/droite fait encore sens. En effet, aucun Solidaire ne se considère comme « de droite ». 61% des Solidaires se définissent comme étant de « gauche ». Soit le 2ème cluster après les Multiculturalistes. Toutefois, une part significative parmi eux ne se reconnait plus dans le clivage gauche/droite.
RAPPORT AUX GILETS JAUNES
Les Solidaires se sont massivement reconnus dans le mouvement des Gilets Jaunes
Les Solidaires avaient beaucoup de raisons de s’identifier aux Gilets Jaunes. Ils appartiennent à la France qui se sent plutôt mal, ils sont radicaux et sont pour changer le système. Logiquement, 59% des personnes de ce cluster soutiennent encore le mouvement des Gilets Jaunes. Ils sont par ailleurs, avec les Multiculturalistes et les Sociaux-Patriotes, le cluster qui s’est le plus engagé dans la mobilisation, que ce soit dans les manifestions ou sur les ronds-points. Ils sont aussi l’un des groupes qui a le plus arboré un gilet jaune sur son pare-brise.
ORIENTATIONS ÉLECTORALES
Les Solidaires sont l’une des principales composantes du vote Mélenchon de 2017
Les Solidaires sont un cluster relativement peu politisé, mais nettement plus que les autres clusters populaires. Il s’agit d’un groupe qui connait moyennement la politique mais, parmi les clusters populaires, celui qui en parle le plus. C’est un cluster dont la participation électorale reste moyenne.
Du fait de l’importance de l’antilibéralisme économique au sein de leur système d’opinion, ils ne votent presque jamais à droite. Leur positionnement modéré sur les enjeux identitaires et migratoires les maintient globalement éloignés de l’extrême droite. Ainsi, par exemple, lors du second tour de 2017, parmi ceux qui se sont exprimés, ils ont voté à 81% en faveur d’Emmanuel Macron contre 19% pour Marine Le Pen. Mais plus de 50% d’entre eux ont choisi de s’abstenir dans le cadre d’un duel où leur système d’opinion n’était pas vraiment représenté. Lors du premier tour de la dernière présidentielle, les Solidaires ont massivement voté pour Jean-Luc Mélenchon puisqu’ils lui ont accordé 64% de leurs suffrages. Ils ont aussi voté deux fois plus que la moyenne pour Benoit Hamon (13%).
Les Solidaires ont donc largement contribué au bon score de Jean-Luc Mélenchon en 2017 et sont l’un des principaux piliers de la gauche sur le plan électoral. Aux Européennes de 2019, ceux qui se sont déplacés pour voter, ont placé la France Insoumise en tête de leurs suffrages (26%), mais avec un score en net recul par rapport à celui du leader des Insoumis deux ans auparavant. Le reste de leurs voix s’est partagé entre des forces de gauche, dont Europe Ecologie Les Verts (23%), le Parti Socialiste (10%) et la Parti Communiste (10%), et plus marginalement La République en marche (7%).
ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022
Un cluster décisif pour Jean-Luc Mélenchon et la gauche en général
Le choix des solidaires pour la présidentielle 2022 pourrait mettre du temps à se cristalliser définitivement. Du fait de leur positionnement radical sur les enjeux sociaux-économiques, il est quasiment exclu qu’ils se reconnaissent dans la candidature d’Emmanuel Macron. Ils devraient en toute logique voter massivement en faveur des candidats de gauche et notamment celle de Jean-Luc Mélenchon, dont le positionnement social en rupture avec le système est de nature à les séduire à nouveau.
Mais, rien n’est acquis au sein de ce cluster : d’une part, le risque d’abstention y est élevé et d’autre part, la concurrence potentielle de candidatures du type Montebourg, Roussel, Jadot ou Hidalgo pourrait engendrer une forte dispersion de leurs voix.