Les Eurosceptiques
Les 6 positions clivantes les plus caractéristiques des Eurosceptiques
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99% sont favorables à la possibilité de destituer un élu.
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98% sont favorables à l’augmentation des impôts des plus riches.
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93% sont favorables à la peine de mort pour les terroristes.
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93% sont favorables à la suppression de l’impôt sur l’héritage.
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92% sont favorables à la réintroduction du contrôle aux frontières de l’Europe.
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87% sont favorables au revenu universel de 800 euros pour tous.
SOCIOLOGIE
Les Eurosceptiques sont le cluster le plus populaire
Les Eurosceptiques représentent 6% de la population. Ce cluster comprend principalement des salariés précaires, des petits retraités et des indépendants. Ils sont souvent plutôt âgés (37% des personnes de ce groupe a plus de 60 ans), de culture ou de confession chrétienne. Beaucoup d’Eurosceptiques ont des petits revenus et éprouvent des difficultés à boucler les fins de mois. 74% des Eurosceptiques ne sont d’ailleurs pas imposables sur le revenu. C’est, en toute logique, le groupe qui s’identifie le plus aux catégories populaires et défavorisées.
Par ailleurs, il s’agit du cluster le moins diplômé. 88% ont un niveau de diplôme inférieur au Bac. Les Eurosceptiques sont aussi ceux qui sont le moins propriétaires de leur logement, à égalité avec les Révoltés. Leur niveau de patrimoine est d’ailleurs parmi les plus faibles.
On rencontre surtout les Eurosceptiques dans les petites villes et dans les zones périurbaines, moins dans les grandes métropoles. 40% des Eurosceptiques vivent dans des communes de moins de 3000 habitants et 64% dans des communes de moins 10 000 habitants.
Les professions les plus typiques parmi les Eurosceptiques sont : maçon, auxiliaire de vie, conducteur poids lourd, femme de ménage, aide à domicile …
SYSTÈME D’OPINION
Les Eurosceptiques sont radicaux sur le rejet des élites et pro-Frexit
Sur beaucoup de sujets, les Eurosceptiques ont des opinions tranchées. Ils sont l’un des groupes les plus dégagistes et antisystème, ce qui se manifeste par le rejet des élites, une forte demande de taxer les riches et un rejet massif des délocalisations d’entreprises françaises. Les Eurosceptiques sont anti-mondialisation et très sceptiques à l’égard de la construction européenne. Avec les Sociaux-Patriotes, ils représentent les deux clusters les plus favorables au FREXIT (77%).
Les Eurosceptiques sont favorables à la réintroduction des frontières et à l’application de la peine de mort pour les terroristes, attachés aux « valeurs chrétiennes ». Bien que hostiles à l’immigration et à l’Islam, ils ne sont pas les plus radicaux sur la question. Ils sont ainsi plutôt partagés sur l’accueil des migrants fuyant les zones de guerre ou l’arrêt du financement des soins pour les étrangers sans papiers. De même, ils sont clivés sur la question de l’adoption par des couples homosexuels. Ce cluster est donc plus modéré sur ces questions que les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat ou les Identitaires.
Sur le plan économique, les Eurosceptiques sont très divisés sur plusieurs questions : limitation de la durée de versement du RSA, réduction d’un tiers du nombre de fonctionnaires, le rapport aux 35h. Cette hésitation sur les questions économiques les distingue de clusters plus sociaux comme les Réfractaires et les Sociaux-Patriotes.
Autre particularité des Eurosceptiques, ils sont pro-écologie, ce qui les singularise dans cette partie de l’espace idéologique notamment vis-à-vis des Réfractaires, plutôt climato-sceptiques.
Entre le statuquo et le changement, les Eurosceptiques n’ont aucune hésitation : ils sont antisystèmes et 72% d’entre eux portent une demande de changement radical, soit le niveau le plus élevé tous clusters confondus à égalité avec les Sociaux-Patriotes.
CLIVAGE GAUCHE-DROITE
Les Eurosceptiques raisonnent de moins en moins dans les catégories de la gauche et de la droite
Les Eurosceptiques font partie de ces clusters où le clivage gauche/droite est obsolète. 50% des Eurosceptiques ne se positionnent pas sur ce clivage. Ceux qui se reconnaissent encore un peu dans ces catégories, font des choix opposés : 22% se considèrent de gauche contre 22% de droite. Le clivage gauche/droite est devenu, en réalité, secondaire pour la plupart des Eurosceptiques.
RAPPORT AUX GILETS JAUNES
Les Eurosceptiques ont été un des clusters le plus mobilisés dans le mouvement des Gilets Jaunes
Les Eurosceptiques ont été des Gilets Jaunes de la première heure. Mais, si 48% d’entre eux se considèrent toujours favorables à ce mouvement, 45% ont changé d’avis alors qu’ils étaient favorables au départ. 69% ont placé un gilet jaune sur le parebrise de leur véhicule en soutien au mouvement et près d’un sur huit s’est rendu sur les ronds-points, un peu moins dans les manifestations (1 sur 10). Ils ont ainsi participé activement à la mobilisation. Les Eurosceptiques sont une des composantes essentielles du mouvement des Gilets Jaunes.
ORIENTATIONS ÉLECTORALES
Les Eurosceptiques sont attirés par les offres identitaires, sociales et dégagistes
Les Eurosceptiques sont un des clusters qui s’abstient plus que la moyenne, mais sa participation électorale à la présidentielle demeure, jusqu’à présent, assez importante. Ils sont logiquement attirés par les candidatures qui portent le mieux leur demande de radicalité antisystème. Lors de la présidentielle de 2017, c’est Marine Le Pen qui est arrivée largement en tête au sein de ce cluster avec 58% des suffrages exprimés, suivie par Jean-Luc Mélenchon (12%) , Emmanuel Macron (10%) et François Fillon ainsi que Nicolas Dupont-Aignan (7%). Les autres candidatures étaient quasiment inexistantes dans ce cluster. Aux Européennes de 2019, leur abstention a été élevée (61%), mais les Eurosceptiques votants ont très largement porté leurs suffrages sur le Rassemblement National (53% des exprimés), très loin devant France Insoumise (8%), La République en marche (6%), Europe Ecologie les Verts (5%) ou les Républicains (3%).
ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022
Duel Le Pen-Zemmour au sein de ce cluster ?
Les Eurosceptiques sont essentiels pour deux candidats : Marine Le Pen et Éric Zemmour. Pour conforter, voire améliorer son score de 2017, Marine Le Pen doit conserver son leadership parmi les Eurosceptiques et contenir la candidature de Zemmour qui la menace dans ce cluster. Le positionnement identitaire très marqué du polémiste est susceptible de satisfaire une partie des Eurosceptiques. Mais la capacité d’Éric Zemmour à répondre aux attentes sociales fortes de ce groupe et leur besoin de rupture radicale avec le système reste une inconnue. Les Eurosceptiques sont donc l’un des groupes qui départagera de manière décisive les deux principales candidatures du camp identitaire. Si Marine Le Pen ne parvenait pas à s’imposer nettement dans ce cluster, alors ses chances d’atteindre le second tour seraient fortement réduites.
Enfin, même s’il n’a aucune chance de rivaliser avec les deux principales candidatures identitaires au sein de ce cluster, Jean-Luc Mélenchon aurait sans doute besoin d’y retrouver son niveau de 2017 pour espérer une qualification au second tour.