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Les Sociaux-Patriotes

Les 6 positions clivantes les plus caractéristiques des Sociaux-Patriotes

  • 98% pensent qu’il faut interdire aux entreprises françaises de délocaliser.
  • 93% sont contre le droit de vote des étrangers vivant en France depuis 5 ans.
  • 92% sont pour la possibilité de destituer les élus.
  • 89% sont pour rémunérer les députés au salaire médian, soit 1700 euros/mois.
  • 89% sont contre le fait de remplacer une fête chrétienne par une fête laïque.
  • 86% sont pour interdire le voile à l’université.

SOCIOLOGIE

Les Sociaux-Patriotes appartiennent le plus souvent aux classes populaires

Les Sociaux-Patriotes représentent 8% de la population. Ce cluster comprend principalement des salariés actifs, le plus souvent ouvriers et employés. Beaucoup de Sociaux-Patriotes ont des petits salaires et éprouvent des difficultés à boucler les fins de mois. La majorité des Sociaux-Patriotes n’est d’ailleurs pas imposable sur le revenu. C’est l’un des clusters qui s’identifient le plus aux catégories populaires et aux classes moyennes peu aisées (avec les Solidaires). On rencontre surtout les Sociaux-Patriotes dans les mondes ruraux et périurbains, rarement dans les grandes métropoles. Les personnes issues de l’immigration européenne (espagnole, portugaise, polonaise,…) sont surreprésentées au sein des Sociaux-Patriotes.

Les professions les plus typiques parmi les Sociaux-Patriotes sont : mécanicien, cheminot, facteur, aide à domicile, femme de ménage…

SYSTÈME D’OPINION

Les Sociaux-Patriotes sont radicaux sur les questions identitaires, les droits des salariés et le rejet des élites

Sur beaucoup de sujets très clivants, les Sociaux-Patriotes ont des opinions tranchées. Ils sont l’un des groupes les plus identitaires, ce qui se manifeste par le rejet de toutes formes de multiculturalisme, une hostilité à la religion musulmane et une très forte demande de rétablissement des frontières pour mieux se protéger, entre autres, des migrations. Les Sociaux-Patriotes sont anti-mondialisation et plus que sceptiques à l’égard de la construction européenne : ils sont l’un des deux seuls clusters, avec les Eurosceptiques à être majoritairement favorables au FREXIT (81%)

Sur le plan économique, les Sociaux-Patriotes sont très favorables aux droits des salariés et aux services publics. Ils sont pro-35h et hostiles aux privatisations. Ils sont par exemple l’un des clusters les plus opposés à une éventuelle privatisation de la Poste ou à « une réduction d’un tiers du nombre de fonctionnaires pour réduire la dépense publique ». En revanche, les Sociaux-Patriotes sont plus divisés entre eux sur des sujets comme le RSA ou les projets de « revenus universels ». Une partie des Sociaux-Patriotes a le sentiment que les aides sociales sont versées trop largement et au détriment de ceux qui font l’effort de chercher du travail et, surtout, qu’elles ne devraient pas bénéficier aux étrangers.

Entre le statuquo et le changement, les Sociaux-Patriotes n’ont aucune hésitation : ils sont antisystèmes et portent une demande de transformation radicale. Ils sont hostiles aux élites et, tout particulièrement à la classe politique. Ils sont aussi convaincus qu’il faut faire « payer les riches ».

En résumé, les Sociaux-Patriotes ont le sentiment d’être face à un système injuste, qui défend d’autres intérêts que les leurs.

CLIVAGE GAUCHE-DROITE

Les Sociaux-Patriotes raisonnent de moins en moins dans les catégories de la gauche et de la droite

Les Sociaux-Patriotes font partie de ces clusters où le clivage gauche/droite est obsolète. Plus de 4 Sociaux-Patriotes sur 10 ne se positionnent pas sur ce clivage. Ceux qui se reconnaissent encore un peu dans ces catégories, font des choix souvent opposés : 25% se considèrent de gauche contre 31% de droite. Le clivage gauche/droite est devenu, en réalité, secondaire pour la plupart des Sociaux-Patriotes.

RAPPORT AUX GILETS JAUNES

Les Sociaux-Patriotes ont été le cluster le plus mobilisé dans le mouvement des Gilets Jaunes

Il est presque impossible d’être parmi les Sociaux-Patriotes et de ne pas avoir été, au moins à un moment, solidaire du mouvement des Gilets Jaunes. Les trois quarts des Sociaux-Patriotes ont même placé un gilet jaune sur le parebrise de leur véhicule en soutien au mouvement, et près d’un sur six s’est rendu sur les ronds-points ou dans les manifestations pour participer activement à la mobilisation. Les Sociaux-Patriotes constituent ainsi le cluster Gilet Jaune par excellence.

ORIENTATIONS ÉLECTORALES

Les Sociaux-Patriotes sont attirés par les offres identitaires, sociales et dégagistes

Les Sociaux-Patriotes s’abstiennent assez fréquemment lors des élections locales, et ne votent de manière plus significative qu’à la présidentielle. Une certitude, en 2017, ils n’ont pas voté pour Emmanuel Macron. Ils sont logiquement attirés par les candidatures qui portent le mieux leur demande d’identité, de radicalité antisystème et de politiques sociales. Lors de la dernière présidentielle, c’est Marine Le Pen qui est arrivée largement en tête au sein de ce cluster avec 55% des suffrages exprimés, suivie par Jean-Luc Mélenchon (12%) et Nicolas Dupont-Aignan (10%). Aux Européennes de 2019, l’abstention a été élevée, mais les Sociaux-Patriotes qui ont voté ont très largement porté leurs suffrages sur le Rassemblement National (61% des exprimés).

ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022

Les Sociaux-Patriotes

Les Sociaux-Patriotes sont essentiels pour trois candidats : Marine Le Pen, Éric Zemmour et, dans une moindre mesure, Jean-Luc Mélenchon. Pour conforter, voire améliorer son score de 2017, Marine Le Pen doit conserver son leadership parmi les Sociaux-Patriotes et améliorer son score de second tour au sein d’un cluster où elle n’avait pas progressé entre les deux tours de la présidentielle. Elle risque de subir durement au sein de ce cluster la concurrence d’Éric Zemmour dont le positionnement identitaire très marqué est susceptible de satisfaire la demande des Sociaux-Patriotes, très radicaux sur ces thématiques. Mais la capacité d’Éric Zemmour à répondre aux attentes sociales fortes de ce groupe reste une inconnue.

Les Sociaux-Patriotes sont donc l’un des clusters sur lequel se jouera en partie la proéminence entre les deux principales candidatures du camp identitaire. C’est aussi dans ce cluster que des candidats tels que Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot peuvent espérer réunir le plus de voix. Enfin, ce cluster est également important pour Jean-Luc Mélenchon. En 2017, il y avait obtenu 12% des suffrages exprimés, sans doute en vertu de son « dégagisme » et de son programme de gauche économique. De sa capacité à retrouver une part significative du vote des Sociaux-Patriotes dépend, pour une part, son avenir électoral.

 STATISTIQUES 

65%

Entre 30 et 70 ans

57%

Ne paient pas l’impôt sur le revenu

78%

Ont moins de 10 000 euros d’épargne disponible

7%

Perçoivent le RSA

76%

S'identifient aux classes populaires et moyennes-inférieures

44%

Ne se reconnaissent pas dans les catégories gauche/droite

97%

Ont soutenu le mouvement des Gilets Jaunes

75%

Ont « placé un gilet jaune sur leur parebrise en soutien au mouvement »

15%

Ont été sur les ronds-points ou dans les manifestations de Gilets Jaunes

55%

De votes exprimés en faveur de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle 2017

5%

Ont voté Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle 2017

Personnalités appréciées Sociaux-Patriotes

Raymonde, 85 ans

Raymonde est âgée de 85 ans. Ancienne ouvrière, elle a vécu toute sa vie dans un petit village des Hautes-Pyrénées. Elle s’est mariée avec un garçon du village à 20 ans et a eu deux enfants.

Elle a commencé à travailler très jeune, d’abord pour aider sa mère, puis sa belle-famille, dans la ferme qu’ils exploitaient. Après la vente de la ferme, Raymonde a exercé plu-sieurs métiers dont celui d’ouvrière dans une usine d’emballage pendant une vingtaine d’années.
Pour elle, « le travail a toujours été essentiel », même si elle regrette « de ne pas avoir assez profité de la vie ».

 

Raymonde et son mari ont commencé à voyager en France en arrivant à la retraite, grâce à des excursions organisées par le club du troisième âge de sa commune dans laquelle elle passe plusieurs après-midis par semaine. Elle a conscience « qu’elle et son mari ont travaillé dur pendant toute leur vie mais qu’ils n’avaient pas le choix ». La « valeur tra-vail » est essentielle dans la famille. Ils ont poussé leurs deux enfants « à faire des études pour que ceux-ci vivent mieux qu’eux. »

 

Propriétaire de leur maison et d’un terrain de famille, Raymonde et son mari ne man-quent de rien mais n’ont jamais effectué la moindre dépense superflue de leur vie. Avec leurs économies et leurs héritages de famille, ils ont aidé leurs deux enfants à acheter leurs propres maisons car pour eux la propriété est essentielle.

 

On ne parle presque jamais de politique chez Raymonde mais on ne rate jamais une élection. Les jours de scrutin répondent à un cérémonial préparé, comme la messe au-quel Raymonde et son mari se rendent tous les dimanches matin. Raymonde se rend régulièrement à Lourdes et prie presque chaque jour pour ses proches. Pour elle, « le mariage est avant tout sacré et ne devrait pas être ouvert aux personnes de même sexe ». Dans leur petit village de 500 habitants où tout le monde se connait, l’arrivée d’une voi-sine d’origine martiniquaise il y a quelques années a intrigué. Même si elle reconnait que « la voisine est gentille et ne pose aucun problème », Raymonde trouve « qu’elle ne vit pas comme nous » et continue de la désigner par sa couleur de peau lorsqu’elle l’évoque.

 

Raymonde et son mari ne vont que très rarement en ville et leurs interactions ne se font qu’avec des gens qu’ils ont toujours connu. En revanche, ils regardent le journal télévisé chaque jour pendant le déjeuner et le dîner, en plus des émissions de divertissement qui rythment leurs journées.

Elle apprécie le maire de la commune, élu depuis 30 ans, qui leur a proposé de s’investir à la mairie plusieurs fois. Raymonde n’a aucune appétence pour la politique et la consi-dère « comme quelque chose d’éloignée, de réservée à d’autres et qui ne la concerne pas. »
Pour les élections, elle a longtemps voté comme son mari, toujours à droite, par fidélité et tradition religieuse. Depuis quelques années, elle vote comme sa petite-fille, très politi-sée, à qui elle fait « confiance car elle comprend beaucoup mieux la politique qu’elle ».

 

Raymonde vit dans un environnement qui a paradoxalement très peu changé depuis son enfance et reconnait « qu’elle ne connait pas bien le monde qui l’entoure. »

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Robin a 35 ans

Robin a 35 ans. Fonctionnaire de police, il vit dans le village de son enfance du sud de la France, en couple avec une amie de longue date.

Originaire d’une famille ouvrière, il est le dernier fils d’une fratrie dont les quatre enfants sont fonctionnaires (policiers et infirmières). Son père, ancien militant communiste et CGT au sein de la grande entreprise dans laquelle il a passé sa carrière, a basculé vers le vote FN à la fin des années 80, se sentant trahi par la gauche au pouvoir. Robin a grandi dans un environnement familial ou on regardait le journal télévisé tous les soirs et où les faits divers prenaient beaucoup d’importance dans les discussions. Le discours du FN sur l’immigration s’est imposé dans la famille dès ses plus jeunes années. Très attaché à son territoire et à son pays, Robin n’a quasiment jamais voyagé en dehors des frontières de France.

 

A la sortie de l’école de police, il a passé quatre ans en banlieue parisienne dans un commissariat d’une zone sensible. Locataire d’un appartement dans un immeuble d’une zone dortoir, il a vu de près « une France qui ne ressemble pas à la sienne ». Robin évolue dans un cercle amical composé de personnes aux revenus globalement modestes, dont les familles vivent presque toutes depuis plusieurs générations sur le même territoire. Robin « n’a aucune ambition de vouloir gagner de l’argent », il « travaille pour vivre et profiter de la vie avec ses proches ».

 

Il suit la politique depuis toujours et ne rate que très rarement une élection. Depuis ses 18 ans, il a voté régulièrement pour le RN. Il se « reconnait dans le slogan la France, tu l’aimes ou tu la quittes » et ne se définit pas « comme anti-migrants, mais comme anti-migrants clandestins ». Il déclare « qu’il n’a rien contre une immigration positive et contrôlée ». Il se souvient aussi des matchs de foot de son enfance où il a subi des affrontements violents entre l’équipe du village avec laquelle il jouait et les clubs des quartiers sensibles où la majorité des joueurs étaient issus de l’immigration.

 

A propos de son positionnement politique, Robin se dit « économiquement d’extrême gauche et politiquement plus de droite. » Du coup, il concède qu’il a du mal à trouver quelqu’un pour le représenter. Il a voté pour Marine le Pen contre Macron en 2017 au deuxième tour et fera de même si le cas se représentait en 2022. Pour lui, les élites sont responsables de l’état dégradée de la France. Il est très sensible aux discours radicaux contre les lobbys et ne se déclare pas « spécialement anti-Islam mais anti-religion tout court ». Il adresse d’ailleurs beaucoup de reproches aux religions, particulièrement au judaïsme et à ses représentants. Il apprécie « certaines parties du discours de Jean-Luc Mélenchon mais n’aime pas le personnage » et éprouve de la sympathie pour le discours « de certains politiques qu’il trouve sincères et honnêtes » comme Jean Lasalle ou François Ruffin.

 

Robin « a aimé et compris le soulèvement des gilets jaunes en novembre 2019 ». Avec plusieurs de ses collègues policiers, il s’est déclaré en maladie pour ne pas se retrouver confronté à des gens qui pouvaient être ses amis lors des premières manifestations. Après le mois de janvier, il n’a pas eu de scrupule à rejoindre les effectifs mobilisés lorsqu’il « a vu la reprise du mouvement par les antifas et les anars ».

 

Robin « ne sait pas trop quoi penser du pass sanitaire ». Il croit de moins en moins en l’évolution positive du monde et « trouve que la France est un pays d’enfants gâtés, où tout ce qui nous importe c’est d’aller boire un verre dans un bar avec des potes ».

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Serge a 58 ans

Serge a 58 ans. Issu d’un milieu ouvrier du Tarn, il a quitté l’école à 16 ans et débuté sa carrière professionnelle au sein d’une grosse PME à Albi. Il est passé par les postes de magasiniers, chauffeurs et chef d’équipe avant de devenir responsable d’expédition.
Après la vente de l’entreprise à un grand groupe, Serge a été licencié suite à un accident du travail et à une impossibilité de reclassement.

Divorcé et père d’une fille de 30 ans, Serge vit seul dans un deux pièces situé en entrée de ville à Nîmes où il exerce le métier de cariste depuis 10 ans au sein du groupe Auchan.
Délégué syndical FO dans la première partie de sa carrière, il a laissé tomber le syndicalisme, « déçu par la défense des intérêts individuels qu’il reprochait à ses collègues et à ses responsables ».

 

Serge a rarement manqué une élection. Son premier vote à 18 ans en mai 1981 s’est porté sur le PCF au premier tour puis sur Mitterrand. Pour lui, « les politiques ne devraient s’intéresser qu’à améliorer la vie des gens ». Il continue de voter mais « se sent trahi par les politiques et dégouté par les gens au pouvoir ».

 

En novembre 2019, il a rejoint le mouvement des gilets jaunes dès le premier samedi.
Serge « attendait depuis des années que le peuple se réveille et se montre. » Il a participé au mouvement sur un rond-point situé à l’entrée de Nîmes qu’il a fréquenté pendant des mois et en manifestant le samedi. Pour lui, « le débat public devrait tourner autour du pouvoir d’achat et de la vie quotidienne des gens ». Il reproche aux élus et aux élites « de ne pas connaître la vie du peuple et de les trahir pour leurs intérêts ».

 

Au sein de son quartier, Serge estime « avoir de la chance », il vit dans un petit immeuble où les gens se connaissent. Malgré cela, il « a vu la population de ces quartiers changer ».
Au sujet de l’immigration, Serge déclare qu’il « n’a rien contre personne mais quand on est français, on doit vivre à la française ». Serge se sent très attaché à la France et à ses services publics, il reproche « aux dirigeants et aux riches de profiter des règles de l’Union Européenne pour ne pas payer les impôts qu’ils devraient. »

 

Serge « a aimé le discours » de Jean-Luc Mélenchon pour qui il a voté en 2017.

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