Baromètre hebdomadaire S22 : Législatives 2022


Des coalitions très inégalement menacées par l’abstention

Notre baromètre consacré aux législatives cette semaine reflète une grande stabilité. Depuis un mois, il n’y a pas eu de bouleversements majeurs dans l’opinion. La NUPES reste en tête des intentions de vote à 31% devant la majorité présidentielle à 27%. L’écart s’est certes resserré ces dernières semaines au profit de la majorité présidentielle mais pas de façon significative.

Le Rassemblement National stagne lui aussi à 19%.
Alors que durant la présidentielle nous observions un intérêt croissant des Français pour l’élection, nous observons avec ces législatives le phénomène inverse.

Les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat, les Identitaires, qui avaient placé Marine Le Pen en tête au 1er tour et qui constituent les clusters phares du pôle identitaire sont ceux pour qui il importe le moins de savoir qui sera leur futur député. Cela fait peser sur le Rassemblement National la menace persistante d’une abstention différentielle défavorable. Lorsque l’abstention est forte, elle touche davantage les classes populaires et les jeunes, ce qui rend les choses difficiles pour le Rassemblement National dont l’électorat est certainement le plus populaire.

La menace pèse aussi sur la NUPES dont l’électorat est le plus jeune. En effet, 50% des 18-24 ans indiquent vouloir voter pour la coalition de gauche la semaine prochaine, 40% des 24-35 ans mais « seulement » 22% des 65 ans et plus. Cependant, l’électorat de gauche semble plus intéressé et plus mobilisé par les législatives du fait de cette alliance nouée qui laisse percevoir un duel serré entre la majorité et la NUPES.

A ce titre, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon est un de ceux qui déclarent le plus s’intéresser aux élections législatives : 55% des électeurs du 1er tour disent s’y intéresser « beaucoup ». Dans la même perspective, ce sont les Multiculturalistes qui constituent le cluster le plus mobilisé par cette élection. C’est un cluster de gauche culturelle, très favorable à l’union de la gauche, radicale et très hostile à Emmanuel Macron.

Enfin, l’électorat de la majorité présidentielle est le plus à l’abri de ce risque abstentionniste du fait de sa sociologie : son électorat est plus âgé en moyenne, plus aisé et plus diplômé. Pèse sur la majorité un risque plus politique : celui de voir le clivage gauche/droite se reconstituer par endroit. La concurrence de la NUPES sur les clusters de gauche modérée est un phénomène nouveau par rapport à la présidentielle, au cours de laquelle Emmanuel Macron était arrivé en tête chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, soit dans les clusters de la gauche modérée.

De l’autre côté de la coalition majoritaire, il conviendra d’observer si LR parvient à retrouver une partie de son électorat traditionnel, notamment le cluster des Libéraux, qui avait voté « utile » au 1er tour de la présidentielle en choisissant massivement de se porter sur la candidature d’Emmanuel Macron.

Autre indicateur d’une faible participation à venir, la part d’électeurs s’intéressant aux élections législatives décroit également.  Alors que le 12 mai, 42% d’entre eux disaient s’intéresser « beaucoup » aux législatives, ce chiffre est tombé à 34%.

A nouveau, c’est l’électorat de Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle qui déclare le moins s’intéresser à cette élection (avec les électorats de Yannick Jadot et Jean Lassalle) : seulement 33% de ses électeurs qui s’y intéressent « beaucoup », contre 43% de ceux d’Emmanuel Macron et 55% de ceux de Jean-Luc Mélenchon.

Le fait que cette campagne se joue principalement dans un contexte de forte inflation autour des thématiques socio-économiques au détriment des enjeux identitaires contribue sans doute à cette démobilisation du camp identitaire. L’absence d’alliance avec Reconquête et de perspective de victoire du RN – admise par Marine Le Pen elle-même – est un autre facteur explicatif de la démobilisation de son électorat.

En résumé, l’abstention devrait pénaliser en premier lieu le RN dont les électeurs pourraient s’abstenir massivement avec pour conséquence, si cette hypothèse se vérifiait, des résultats plus faibles que ceux annoncés par les sondages. La NUPES est, quant à elle, sous la menace d’une abstention plus sociologique, liée à la jeunesse de son électorat potentiel. On sait, en effet, que lors des deux dernières élections législatives (2012 et 2017) les écarts de participation entre jeunes et séniors ont approché les 40 points.

Dans ce contexte, la majorité présidentielle pourrait bénéficier d’un avantage concurrentiel, disposant d’une base électorale bien plus participationniste que la moyenne. C’est d’ailleurs ce pari stratégique que semble avoir fait le camp présidentiel en optant pour une campagne de très basse intensité qui devrait générer une très forte abstention probablement favorable aux candidats d’Ensemble.

Les commentaires sont désactivés

Trouver mon Cluster