SOCIOLOGIE

Les Sociaux-Patriotes : la convergence des valeurs sociales et de l’attachement à la Nation

Les Sociaux-Patriotes incarnent une frange non-négligeable de la population française, représentant environ 5 % des citoyens. Ce groupe se distingue par un attachement profond aux valeurs sociales traditionnelles et à une souveraineté nationale forte, articulant ainsi une vision à la croisée du progrès social et du patriotisme.

Sociologiquement, les Sociaux-Patriotes sont marqués par une surreprésentation des catégories populaires et des classes moyennes inférieures. Ce cluster compte 54 % d’hommes et 46 % de femmes, avec une majorité d’individus âgés de 35 à 65 ans (61 %), bien que les plus jeunes (moins de 35 ans) représentent également une part significative (24 %). Professionnellement, ils se situent majoritairement dans des secteurs ouvriers et employés (40 %) ou parmi les retraités (29 %), tandis que les cadres et professions intermédiaires sont faiblement représentés (13 %).

Leur niveau de diplôme est relativement faible : 74 % des Sociaux-Patriotes n’ont pas dépassé le baccalauréat, et seuls 2 % possèdent un diplôme de niveau Bac+5 ou plus. Cette donnée reflète une proximité avec des préoccupations concrètes et immédiates, ancrées dans les réalités quotidiennes.

Sur le plan économique, 56 % des membres de ce cluster gagnent moins de 2 000 euros par mois, illustrant une situation économique modeste, mais pas toujours précaire. Ce groupe est majoritairement présent dans des zones rurales ou périurbaines, avec une surreprésentation marquée en Occitanie et une rareté dans les grandes métropoles.

SYSTÈME D’OPINION

Le patriotisme social comme socle idéologique

Les Sociaux-Patriotes s’articulent autour d’une double logique : une défense affirmée des acquis sociaux et un attachement fort à l’identité nationale. Ils s’opposent fermement aux réformes perçues comme menaçant les droits des travailleurs ou les services publics. Leur système de valeurs repose sur une solidarité nationale forte, dans laquelle l’État joue un rôle protecteur central.

Politiquement, ce cluster adopte une posture très critique envers l’Europe, qu’ils jugent comme une entité déconnectée des intérêts français. Leur rejet de l’Union Européenne est motivé par une volonté de restaurer la souveraineté nationale, particulièrement dans les domaines économiques et de la défense.

Les Sociaux-Patriotes affichent également une méfiance prononcée envers l’immigration, considérée comme un enjeu économique et identitaire. Cette vision se traduit par une opposition aux politiques migratoires qu’ils perçoivent comme laxistes, tout en mettant en avant des priorités pour les citoyens français dans l’accès à l’emploi et aux services publics.

Leur rapport à l’écologie est radical : ils s’opposent aux mesures écologiques qu’ils jugent trop coûteuses ou déconnectées des préoccupations sociales.

CLIVAGE GAUCHE-DROITE

Une orientation hybride ancrée dans le social et le souverainisme

Les Sociaux-Patriotes se positionnent principalement à droite (35 %), notamment dans sa composante souverainiste et sociale, mais 15 % se revendiquent également de gauche, illustrant leur attachement aux valeurs redistributives et de justice sociale. Une proportion significative, 46 %, refuse toutefois de se positionner sur l’axe gauche-droite, préférant un discours transcendant les clivages traditionnels.

Cela traduit leur rejet des cadres idéologiques classiques, au profit d’une vision politique pragmatique centrée sur l’intérêt national et le bien-être social.

ORIENTATIONS ÉLECTORALES

Un cluster souverainiste et social

Les Sociaux-Patriotes se distinguent par leur engagement électoral modéré. Lors de l’élection présidentielle de 2022, leur participation s’élevait à 72 %, tandis qu’aux élections européennes de 2024, seulement 46 % ont voté, traduisant un désintérêt relatif pour ce scrutin perçu comme trop éloigné de leurs préoccupations. En revanche, leur mobilisation s’est renforcée lors des législatives de 2024, atteignant 61 %.

Lors de la présidentielle, Marine Le Pen a capté 43 % des suffrages de ce groupe, reflétant leur convergence avec son discours nationaliste et social. Jean-Luc Mélenchon a attiré 15 % des voix, grâce à son positionnement social, tandis qu’Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan ont respectivement recueilli 14 % et 11 %, témoignant d’une dispersion au sein du camp souverainiste.

Aux élections européennes 2024, leur vote s’est massivement orienté vers le Rassemblement National (68 %), suivi par des figures souverainistes comme Philippot (8 %) et Asselineau (8 %). À peine 1 % d’entre eux ont soutenu La France Insoumise, traduisant une défiance envers la gauche écologiste et progressiste pour ce type d’élections.

Enfin, lors des législatives de 2024, le Rassemblement National a consolidé son emprise sur ce cluster avec 71 % des suffrages, tandis que Les Républicains ont obtenu 10 %, et le NFP, 7 %. L’absence de soutien pour des partis centristes ou libéraux confirme leur ancrage dans une logique sociale et souverainiste.

 STATISTIQUES