SOCIOLOGIE

Les Réfractaires est un cluster qui rejette un système qu’ils jugent oppressif

Les Réfractaires représentent un groupe de la population française particulièrement marqué par un rejet viscéral des élites et des institutions qu’ils perçoivent comme oppressives et déconnectées des préoccupations populaires. Ce cluster, qui regroupe environ 6 % des Français, se distingue par une forte opposition aux cadres idéologiques traditionnels et par un attachement aux valeurs d’autorité et de souveraineté nationale.

Sociologiquement, les Réfractaires sont majoritairement jeunes, avec 67 % ayant entre 35 et 65 ans, et 54 % âgés de plus de 50 ans. Ce groupe est également dominé par une surreprésentation d’ouvriers et employés, qui constituent 55 % de ce cluster, tandis que les cadres et professions intermédiaires sont nettement sous-représentés (13 %). En termes de revenus, 60 % des Réfractaires gagnent moins de 2 000 euros par mois, dont 38 % moins de 1 500 euros, reflétant des conditions socio-économiques souvent modestes.

Le niveau de diplôme des Réfractaires est bas, avec 66 % n’ayant pas atteint le niveau du baccalauréat et seulement 1 % disposant d’un diplôme supérieur au Bac+5. Cette situation contribue à leur méfiance vis-à-vis des discours institutionnels et des politiques perçues comme favorisant les élites.

Géographiquement, ce groupe est majoritairement rural, avec une présence notable en Occitanie et en Normandie. Les Réfractaires sont peu représentés dans les grandes métropoles, préférant les espaces ruraux ou périurbains, qui reflètent mieux leur mode de vie et leurs préoccupations.

SYSTÈME D’OPINION

Les Réfractaires s’opposent frontalement au système dominant

Les Réfractaires se caractérisent par un système de valeurs centré sur le rejet des élites, une souveraineté nationale renforcée, et une défense des classes populaires. Leur système d’idées est marqué par une hostilité résolue envers les politiques migratoires, qu’ils jugent trop permissives, et par une défiance généralisée envers les institutions européennes.

Profondément attachés à une identité nationale forte, les Réfractaires rejettent les évolutions sociétales perçues comme destructrices de la tradition et de la cohésion sociale. Ils s’opposent également à la transition écologique lorsqu’elle est vue comme une contrainte supplémentaire pour les citoyens modestes et les entreprises.

Par ailleurs, les Réfractaires sont favorables à une forte autorité de l’État dans les domaines régaliens, notamment en matière de sécurité et d’immigration. Ils valorisent les politiques sociales, mais avec une approche restrictive, rejetant toute forme d’assistanat jugée excessive.

Malgré leur opposition à la mondialisation et aux politiques européennes, les Réfractaires expriment une certaine ambivalence sur le rôle de l’État, soutenant à la fois des politiques publiques fortes et un certain désengagement dans des domaines qu’ils jugent improductifs.

CLIVAGE GAUCHE-DROITE

Les Réfractaires ne se reconnaissent pas tout à fait dans la logique gauche/droite

Le positionnement politique des Réfractaires est fortement polarisé, avec 43 % se déclarant à droite, dont 23 % très à droite. Cependant, une part significative (27 %) refuse de se situer sur l’axe gauche-droite, témoignant d’une défiance envers les cadres politiques traditionnels. Seulement 20 % s’identifient à la gauche, un chiffre bien inférieur à la moyenne nationale, reflétant leur opposition relative aux idéologies progressistes.

ORIENTATIONS ÉLECTORALES

Les Réfractaires sont attirés par les partis souverainistes et anti-système

Les Réfractaires affichent un engagement électoral modéré mais cohérent avec leur système d’opinion. Lors de l’élection présidentielle de 2022, 67 % ont soutenu Marine Le Pen, confirmant leur appui aux discours souverainistes et anti-mondialistes. Jean-Luc Mélenchon a recueilli 8 % de leurs suffrages, principalement grâce à son discours anti-élites, tandis qu’Emmanuel Macron a obtenu un faible score de 7 % auprès de ce groupe.

Aux élections européennes de 2024, les Réfractaires ont massivement voté pour le Rassemblement National (75 %), avec des scores secondaires pour des figures souverainistes telles que Jean Lassalle (6 %) et François Asselineau (8 %). Les partis comme Renaissance ou La France Insoumise ont recueilli moins de 2 %.

Lors des élections législatives de 2024, le Rassemblement National a confirmé sa domination au sein de ce cluster, avec 76 % des suffrages. Ensemble et le NFP ont obtenu respectivement 11 % et 5 %, traduisant une faible adhésion aux coalitions centrales et aux partis de gauche.

 STATISTIQUES