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Baromètre hebdomadaire S14 – 2 : Présidentielle 2022

Macron – Le Pen qualifiables, Mélenchon troisième homme, abstention record ?

Pour notre ultime baromètre, la situation n’est toujours pas stabilisée. Emmanuel Macron demeure en tête avec 26% des intentions de vote. Derrière lui, Marine Le Pen poursuit sa dynamique à 21% (+1) tout comme Jean-Luc Mélenchon à 18% (+1). Le reste des prétendants pointe sous la barre des 10%. Valérie Pécresse à 9,5 (-0,5) et Éric Zemmour à 9,5 (-1,5) ne sont pas parvenus à enrayer leur dynamique baissière depuis un mois. Le 2nd tour semble hors de portée pour eux.

Emmanuel Macron parait avoir stoppé sa dynamique baissière

Le Président de la République retrouve une stabilité à deux jours du scrutin, avec 26% des intentions de vote. Certes, c’est un score inférieur à celui qu’il avait atteint lors de son entrée en campagne au moment de l’invasion militaire russe. Mais c’est un score supérieur à celui dont il disposait avant cette entrée en campagne. C’est également un score proche de celui qu’il avait obtenu en 2017. Son socle semble relativement solide. Il parvient toujours à capter une part importante de la gauche modérée (Sociaux-Démocrates et Progressistes) comme en 2017. Il mobilise aujourd’hui un électeur sur deux dans ces clusters qui auraient pu lui faire défaut si un candidat issu du bloc écolo-socialiste était parvenu à s’imposer. Le reste de sa coalition se compose de clusters peu politisés ou modérés (Apolitiques, Eclectiques, Sociaux-Républicains) et évidemment des Centristes. Par rapport à 2017, son barycentre se déporte légèrement à droite. Il a su capter durant son mandat et sa campagne une partie sensible du vote Fillon 2017 dont le cluster des Libéraux  représente le cœur battant. La campagne difficile de Valérie Pécresse a fini de lui ouvrir la voie et il semble représenter même une sorte de « vote utile » dans ce cluster de droite aisée, élitiste et pro-UE. Il est estimé à 45% chez les Libéraux contre 30% pour Valérie Pécresse, quand François Fillon avait atteint plus de 60% dans ce même cluster il y a cinq ans.

Marine Le Pen, le pari réussi de la banalisation ?

La candidate du RN a su résister à la sévère concurrence d’Éric Zemmour avec lequel elle faisait jeu égal au niveau des intentions de vote durant l’automne. La crise en Ukraine a inversé les dynamiques et Marine Le Pen a alors distancé très largement Éric Zemmour. Elle doit cette dynamique à la fidélité de ses clusters populaires qui composaient déjà le cœur de sa coalition en 2017 (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes). Au sein de ces trois clusters, elle a amplifié son avance ces dernières semaines, Éric Zemmour étant désormais réduit à des scores quasi-anecdotiques dans cet électorat populaire de la France périphérique, aux positionnements « antisystème ».
En outre, c’est chez les « Identitaires » que la concurrence d’Éric Zemmour s’avérait la plus rude, ce qui est logique au vu de la radicalité de ce cluster sur les questions ethniques et culturelles. Mais même dans ce cluster, Marine Le Pen semble avoir inversé la tendance. Elle fait désormais jeu égal avec lui, alors qu’il la devançait largement pendant toute la campagne, atteignant parfois 50% des intentions de vote dans un cluster qui avait voté Le Pen à 46% il y a cinq ans.
Enfin, ce qui permet à Marine Le Pen de se positionner comme qualifiable au 2nd tour c’est non seulement cette extrême résilience de son « bloc populaire », mais c’est aussi la capacité qu’elle a eu à pénétrer des segments qui jusqu’ici lui échappaient. C’est le cas dans des clusters de la petite droite rurale, âgée et davantage modérée sur les questions ethno-culturelles à l’instar des Conservateurs dont elle convainc 28% des électeurs, se plaçant en deuxième position derrière Emmanuel Macron. De même chez les Anti-Assistanat, elle retrouve un leadership incontesté au sein de ce cluster légitimiste qui s’était montré très volatil, en particulier au début de la crise ukrainienne qui avait suscité une forte adhésion à la figure du président.

Jean-Luc Mélenchon boosté par le vote utile de gauche

Jean-Luc Mélenchon poursuit sa dynamique dans notre baromètre, à 18% (+1). Il capitalise sur les clusters de gauche populaire (Solidaires et Révoltés) et de gauche radicale (Multiculturalistes) dans des proportions similaires à celles observées en 2017. Le candidat insoumis a réussi à s’imposer face à des concurrents de gauche qui n’ont jamais été en position de lui disputer son leadership. Cette concurrence relativement faible des candidatures « écolo-socialistes » et communiste a permis d’enclencher une dynamique de « vote utile » en faveur de Jean-Luc Mélenchon à l’instar de ce qu’il s’était passé il y a cinq ans. Il retrouve également son score dans les clusters plus modérés, historiquement proches du PS (19% chez les Sociaux-Démocrates et 28% chez les Progressistes). Il progresse également chez les Apolitiques comme en 2017.
Cependant, des clusters plus conservateurs sur le plan sociétal dans lesquels il avait percé en 2017 (Sociaux-Républicains et Sociaux-Patriotes) semblent moins mobilisés cette fois-ci et pourraient lui manquer dans la compétition engagée avec Marine Le Pen pour la qualification au 2nd tour.

L’abstention pourrait impacter sensiblement les rapports de forces

Des bouleversements pourraient avoir lieu le jour du vote, ne serait-ce qu’en raison du niveau d’incertitude qui demeure relativement élevé dans l’électorat. En effet, un électeur sur cinq affirme ne pas être certain de son choix au 1er tour, ce qui atteste d’une relative fluidité de la situation électorale. D’autre part, la cristallisation ordinairement observée plusieurs jours avant le suffrage n’a pas eu lieu. Aujourd’hui encore, des dynamiques sont en cours principalement pour Le Pen et Mélenchon (à la hausse) et pour Pécresse et Zemmour (à la baisse). Ces dynamiques pourraient encore s’accroître dans les heures qui nous séparent du vote.
Enfin, la principale menace demeure le niveau de participation qui pourrait être exceptionnellement bas. Une abstention au moins équivalente à celle observée en 2002 devrait avoir des conséquences sur le niveau des votes. Elle toucherait en effet les candidats aux électorats plus populaires, plus jeunes et moins politisés, ce qui est principalement le cas de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen a l’électorat le plus populaire et sa coalition comprend deux des clusters qui se disent les moins certains d’aller voter : les Réfractaires et les Eurosceptiques. Il faut également souligner qu’Éric Zemmour capte une part de la fraction la plus politisée et la plus mobilisée de l’ancien électorat mariniste de 2017 aggravant encore les risques que fait peser l’abstention sur le score de Marine Le Pen. Le risque est similaire pour Jean-Luc Mélenchon dont le cluster des Révoltés (issus principalement des quartiers HLM) constitue une part de son électorat. L’insoumis est également celui qui a l’électorat le plus jeune : 40% de son électorat a moins de 34 ans. Or, lorsque l’abstention est élevée, on sait qu’elle est décuplée chez les jeunes et dans les classes populaires. Cela pourrait entraîner un rééquilibrage au profit d’Emmanuel Macron mais aussi de Valérie Pécresse et d’Éric Zemmour qui ont un socle électoral plus aisé, plus âgé et donc plus votant que la moyenne.

Baromètre hebdomadaire S14 – 1 : Présidentielle 2022

A cinq jours du vote, Macron en baisse, Le Pen et Mélenchon en dynamique

Emmanuel Macron perd un point dans notre baromètre cette semaine à 26%. Il demeure stable au sein des clusters modérés et centraux mais c’est au sein de clusters constituant sa « jambe gauche » et sa « jambe droite » que le Président recule le plus fortement. D’abord chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, où il était monté très haut lors de la crise en Ukraine. Ces deux clusters affichaient un soutien fort au Président depuis le début de nos baromètres. Mais les annonces qui ont marqué l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron sur le RSA, les retraites ou l’éducation semblent rebuter certains électeurs de ces clusters de gauche économique, favorables à la redistribution et pro-service public. De même sur sa droite, le Président baisse chez les Conservateurs et les Anti-Assistanat après être monté très haut dans ces deux segments de l’électorat particulièrement volatils. Comme si l’effet de légitimité suscité par le début de la guerre avait subitement pris fin, le Président retombe à des scores proches de ceux qu’il connaissait avant la fin février.
En revanche, sa principale concurrente Marine Le Pen connait elle une dynamique ininterrompue depuis l’invasion russe. Elle se rapproche d’Emmanuel Macron en atteignant la barre des 20% (+2). Elle bénéficie de la solidité de sa base électorale (Eurosceptiques, Réfractaires, Sociaux-Patriotes) et capte un « vote utile » au détriment d’Éric Zemmour dans des clusters très radicaux sur les questions ethno-culturelles : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Ce dernier cluster qui avait massivement voté Le Pen en 2017 était devenu le cœur de l’électorat Zemmour depuis son entrée dans le jeu politique. Il captait jusqu’alors 45 à 50% des Identitaires. Mais les courbes sont en train de s’inverser et les deux candidats font désormais quasiment jeu égal au sein de ce cluster décisif. Marine Le Pen parvient également à s’imposer dans un cluster rural, plutôt âgé et de classe moyenne, celui des Conservateurs. Un des principaux points communs entre ces clusters « lepénistes » est la sur-représentation d’électeurs habitant au cœur de la ruralité et de la « France périphérique ».

Enfin, nous nous orientons vers un match à trois dans lequel Jean-Luc Mélenchon fait figure de troisième homme. Avec Marine Le Pen, il est le seul candidat en dynamique dans cette dernière ligne droite, à 17% (+1). Il est désormais assez proche de son score de 2017 grâce à un effet de « vote utile » au sein des clusters traditionnels de la gauche radicale : les Multiculturalistes, les Révoltés et les Solidaires. Au sein de ces derniers, c’est Fabien Roussel qui pâtit de ce « vote utile » en faveur de Mélenchon. Le candidat communiste perd un demi-point à 2,5%, et il le perd principalement au sein de ce cluster, dont le profil est celui d’une « gauche de classe » dans laquelle il était monté assez haut.

Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon parvient dans ces derniers jours de campagne à retrouver une part significative d’électeurs Progressistes qui étaient partagés entre sa candidature, celle d’Emmanuel Macron et celle de Yannick Jadot. Le candidat insoumis atteint 32% dans ce cluster, juste derrière Emmanuel Macron qui tombe à 42%. Il retrouve ainsi son score de 2017 comme dans la quasi-totalité des autres clusters. Seuls les Sociaux-Républicains restent pour le moment plus éloignés du vote Mélenchon qu’en 2017. Alors qu’il avait réussi à capter 20% des électeurs de ce cluster il y a cinq ans, il plafonne aujourd’hui autour de 10%.

La principale inconnue qui pourrait tout changer demeure l’abstention. Si celle-ci était élevée, elle pourrait créer de lourds dégâts, en particulier pour les candidats ayant les électeurs les plus jeunes et les plus populaires : J-L. Mélenchon et M. Le Pen. Emmanuel Macron dont la dynamique baissière est ininterrompue depuis deux semaines doit également mobiliser l’ensemble de ses électeurs s’il veut maintenir son leadership sur le 1er tour et entrer dans le 2nd tour en position de force.

Baromètre hebdomadaire S13 : Présidentielle 2022

Emmanuel Macron stable, Le Pen et Mélenchon boostés par le « vote utile »

Si Emmanuel Macron demeure stable et en tête à 27%, l’écart continue de se resserrer avec Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement National gagne 1 point et grimpe à 18% des intentions de vote, son plus haut niveau depuis l’automne et le début de nos baromètres. Elle a mieux encaissé le choc de l’invasion militaire russe que son principal concurrent Éric Zemmour et commence à enclencher une dynamique de « vote utile ». Dans les deux clusters les plus volatils et les plus hésitants, les Conservateurs et les Anti-Assistanat, elle passe en tête. Chez les Conservateurs, elle double même son score en l’espace de deux semaines quand dans le même temps Emmanuel Macron, monté très haut au début de la guerre baisse largement. Idem pour Éric Zemmour qui divise son score par deux en l’espace de deux semaines dans ce cluster âgé, rural, votant continuellement à droite à chaque élection. Chez les Anti-Assistanat, c’est le même schéma qui se dessine. Éric Zemmour poursuit sa chute, ce qui bénéficie logiquement en premier lieu à Marine Le Pen. On observe dans ce cluster deux dynamiques quasi symétriquement opposées entre les deux candidats identitaires. Il y a un mois, au début de la guerre en Ukraine, ils étaient à égalité. Désormais, la candidate du RN est à 40% d’intention de vote dans ce cluster quand le candidat Reconquête est tombé à 12%. Par conséquent, Marine Le Pen profite non seulement de la fidélité de ses clusters populaires originels (Eurosceptiques, Réfractaires, Sociaux-Patriotes) mais elle commence à élargir sa base à des clusters jusqu’ici hésitants qu’il faudra surveiller jusqu’au dernier moment en raison de leur extrême volatilité et incertitude depuis 3 mois.

Jean-Luc Mélenchon bénéficie lui aussi d’une dynamique de vote utile. Elle se cantonne pour l’instant davantage aux clusters constituant son socle électoral depuis 2017 (Multiculturalistes, Révoltés, Solidaires). Il obtient des scores très élevés au sein de ces trois clusters. L’enjeu pour lui repose d’abord sur sa capacité à mobiliser cette base en continuant à capter une partie des électeurs de Fabien Roussel qui plait à une partie non négligeable des clusters mélenchonistes et tout particulièrement aux Solidaires. Mais il lui faut également capter une partie du vote Jadot notamment dans le cluster des Progressistes. Dans ce cluster jeune, urbain, diplômé, écologiste et très ouvert sur les enjeux culturels, J-L Mélenchon avait réussi à incarner le vote utile en 2017 obtenant 33% des voix juste derrière Emmanuel Macron. Aujourd’hui, il est à 22% juste devant Yannick Jadot à 15%. Enfin, il faudra voir si la percée observée cette semaine dans le cluster très populaire et dégagiste des Réfractaires se confirme pour J-L Mélenchon, auquel cas ce serait un signe positif pour lui, ce cluster étant resté jusqu’ici plus distant qu’en 2017, où 17% de Réfractaires avaient voté Mélenchon.

Pour ces deux candidats, le doute repose sur l’engouement autour de la campagne et la participation de leur base électorale, réputée très fragile. En effet, pour des raisons tenant à la sociologie de leur électorat, Marine Le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon pourraient être grandement affaiblis par une abstention élevée. Capter le vote des Eurosceptiques et des Sociaux-Patriotes sera, en revanche, sans doute plus difficile pour le candidat insoumis. Dans la concurrence avec Marine Le Pen pour l’accès au second tour, ces clusters pourraient se révéler particulièrement décisifs.

L’enjeu de dimanche prochain sera de voir qui du vote utile ou de la sociologie électorale prendra le dessus. Le premier profiterait forcément à Le Pen (en cas de siphonnage du vote Zemmour) et Mélenchon (en cas de siphonnage du vote Jadot et Roussel) mais la seconde peut être, pour ces deux candidatures, extrêmement défavorable en cas de faible participation.

La menace de l’abstention différentielle défavorable

Les élections régionales ont montré que le risque permanent pour le RN est l’abstention de son électorat. Idem pour Jean-Luc Mélenchon qui peine à mobiliser sa base lors d’élections intermédiaires présentant moins d’enjeux, tout particulièrement les quartiers de grands ensembles où les Révoltés, qui lui sont largement acquis, sont surreprésentés mais pourraient peu voter dimanche prochain si l’abstention devait être élevée.

La sociologie de l’électorat de ces deux candidats est en effet propice à subir une abstention différentielle défavorable. On sait que lorsque l’abstention est forte, elle est exponentielle dans les électorats populaires et au sein de la jeunesse. Or, Marine Le Pen possède la base électorale la plus populaire : les clusters Eurosceptiques, Réfractaires et Sociaux-Patriotes sont trois clusters extrêmement populaires et antisystèmes. Les Réfractaires et les Eurosceptiques sont d’ailleurs ceux qui se disent le moins certains d’aller voter : 62% et 64%. Idem pour le cluster très populaire des Révoltés qui plébiscite J-L Mélenchon : seuls 63% se disent certains d’aller voter.

En outre, pour Jean-Luc Mélenchon, la structure par âge de son électorat pourrait lui être extrêmement préjudiciable en cas d’abstention particulièrement haute. En effet, il est le candidat préféré des moins de 34 ans. Ce vote « jeune » présente l’inconvénient qu’il est ordinairement bien plus abstentionniste. Si cet électorat se mobilisait peu le jour du vote, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses pour lui et lui faire perdre mécaniquement de précieux points dans la course au 2nd tour.

Baromètre hebdomadaire S12 – 2 : Présidentielle 2022

Emmanuel Macron stoppe sa baisse

Emmanuel Macron se stabilise à 27%, 10 points devant Le Pen

Après deux semaines de baisse consécutive, Emmanuel Macron retrouve de la stabilité à 27% des intentions de vote. Il maintient son socle dans ses clusters phares. On aurait pu penser que la crise ukrainienne lui aurait permis de conquérir durablement les clusters cibles Libéraux et Anti-Assistanat mais Valérie Pécresse se maintient à un bon niveau et repasse devant lui chez les Libéraux, cluster décisif de LR, et chez les Anti-Assistanat, cluster extrêmement volatil, il est dépassé par Marine Le Pen et rejoint par Valérie Pécresse.

Derrière, Marine Le Pen se maintient à 17% des intentions de vote comptant sur un socle très solide d’électeurs Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes, trois clusters dans lesquels elle est peu concurrencée. Malgré la concurrence d’Éric Zemmour elle parvient également à réunir un tiers des intentions de vote des Anti-Assistanat et des Identitaires.

Enfin, Jean-Luc Mélenchon s’impose comme le troisième homme de notre baromètre à 15% des intentions de vote (+0,5). Il poursuit sa dynamique en continuant d’arrimer à lui un électorat essentiellement issu de son socle traditionnel composé des clusters Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés. L’hypothèse d’un vote utile au sein de ces clusters de gauche radicale prend forme. S’il veut espérer se qualifier au second tour, il faudrait pour Jean-Luc Mélenchon continuer à « siphonner » ces trois clusters dans lesquels il convainc déjà plus d’un électeur sur deux. Fabien Roussel, principal concurrent de J-L Mélenchon dans ces clusters perd un point et se retrouve à 3%. Yannick Jadot est en progression à 5,5% (+0,5).

Certains clusters sont encore très indécis

Trois clusters marquent une indécision plus importante que les autres vis-à-vis de leur choix de vote au 1er tour. Il s’agit des Sociaux-Démocrates, des Progressistes (gauche urbaine, modérée) et des Conservateurs (droite rurale modérée). Seuls deux tiers de ces électeurs disent être sûrs de leur choix au 1er tour. Cela laisse le jeu ouvert dans ces clusters dans lesquels Emmanuel Macron fait la course en tête. La cristallisation de leur choix sera d’autant plus décisive que les Sociaux-Démocrates sont un des clusters les plus certains d’aller voter. Des changements de choix pourraient donc avoir de lourdes conséquences. Pour les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, il n’est pas surprenant de constater un tel taux d’incertitude. Emmanuel Macron peut s’apparenter davantage à un choix par défaut pour ces clusters en demande de redistribution économique et progressiste sur les enjeux culturels. Ils peuvent donc hésiter avec les candidatures issues de la social-démocratie et de l’écologie ou même avec J-L Mélenchon seul candidat issu de la gauche en situation de pouvoir se qualifier au second tour.

Les Conservateurs sont quant à eux perpétuellement indécis. C’est un cluster moins politisé qui ne vote pas de façon homogène à chaque élection. Si la crise ukrainienne a permis à Emmanuel Macron de percer dans ce cluster, les autres candidats de droite et d’extrême droite peuvent également espérer attirer ces électeurs très volatils. C’est également un cluster qui se dit peu certain d’aller voter : seuls 55% des Conservateurs se disent certains de participer au premier tour.

Baromètre hebdomadaire S12 : Présidentielle 2022

Macron solidement en tête malgré un début de baisse

Début de reflux pour Emmanuel Macron ?

« L’effet drapeau » observé ces quatre dernières semaines au profit d’Emmanuel Macron sur fond de guerre en Ukraine semble s’estomper. Emmanuel Macron reste largement en tête, à un niveau très solide à 27% mais on observe une baisse des intentions de vote pour la seconde fois consécutive (-1).

Sa relative baisse s’observe en particulier dans les clusters dans lesquels il était beaucoup monté à l’occasion de la crise ukrainienne : les Sociaux-Démocrates, les Sociaux-Républicains et les Conservateurs. Cependant, il demeure solide dans l’ensemble des clusters de sa coalition car peu concurrencé. Sa concurrente principale, Valérie Pécresse, ne parvient pas à retrouver la dynamique du début de campagne. La candidate LR reste 5e à 11% (+0,5).

Marine Le Pen toujours en 2nde position

Marine Le Pen conserve sa deuxième position à 17% (+0,5) et creuse encore l’écart avec son principal rival Eric Zemmour. Son socle constitué principalement par les électeurs Refractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes semble même s’amplifier. Elle augmente son score dans deux de ces trois clusters, repasse en tête chez les Anti-Assistanat et se rapproche d’Eric Zemmour chez les Identitaires, cluster décisif pour ce camp politique.

Elle devance Jean-Luc Mélenchon qui se stabilise lui aussi à la 3eme place avec 14,5% des intentions de vote. Les propositions (RSA conditionné, retraite à 65 ans…) du candidat Emmanuel Macron pourraient « refroidir » les électeurs des clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes de voter pour le Président au 1er tour et ainsi laisser un peu d’espace pour un autre candidat de gauche. C’est une des conditions pour Jean-Luc Mélenchon s’il souhaite passer le cap du 2nd tour. On observe d’ailleurs une légère baisse d’Emmanuel Macron chez les Sociaux-Démocrates. Jean-Luc Mélenchon y retrouve un score proche de celui fait en 2017 mais Yannick Jadot en profite aussi et passe deuxième au sein de ce cluster très favorable à l’UE. Le candidat écologiste est à 5% (-0,5). Il ne parvient pas à concurrencer sérieusement le président dans l’ancien socle de la « gauche de gouvernement » constitué par les Sociaux-Démocrates et les Progressistes ni dans la gauche radicale (Multiculturalistes) qui reste fidèle à la candidature Mélenchon.

Enfin, Fabien Roussel retrouve son score du mois de février à 4% (+0,5). Le candidat communiste obtient des scores intéressants au sein de la gauche radicale (Multiculturalistes, Solidaires) mais ne parvient pas pour le moment à augmenter ses intentions de vote au sein de ces clusters ni à élargir son socle à d’autres clusters.

Baromètre hebdomadaire S11 : Présidentielle 2022

Emmanuel Macron toujours en tête, Le Pen qualifiable, Mélenchon en embuscade

Emmanuel Macron maintient sa large coalition

Emmanuel Macron demeure en tête à 28 % des intentions de vote dans notre baromètre cette semaine (-1,5). Il s’appuie sur une base solide composée de clusters très divers sur le plan politique et culturel qu’il parvient à rassembler dans un contexte propice à la stabilité.

Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes constituent son « aile gauche » : il est largement en tête dans ces deux clusters, loin devant les autres candidats écologiste et socialiste. Les Conservateurs, les Anti-Assistanat et les Libéraux forment son « aile droite ». Ces clusters qui avaient largement appuyé la candidature de François Fillon en 2017 se reportent massivement sur Emmanuel Macron pour l’instant, empêchant ainsi la candidature Pécresse de se déployer.

Enfin, l’assise « naturelle » du Président repose sur les clusters dépolitisés ou modérés : Centristes, Sociaux-Républicains, Apolitiques et Eclectiques qui affichent des intentions de vote très élevées en faveur d’Emmanuel Macron.

Pécresse face à une équation insoluble

Valérie Pécresse stagne à 10,5% et se retrouve à 6 points du 2nd tour. La campagne compliquée de Valérie Pécresse n’est pas seulement un problème d’image ou d’incarnation. Sa situation délicate provient en premier lieu de l’équation politique difficilement soluble qu’elle a à résoudre. Les clusters du vote Fillon 2017 sont fortement clivés, tentés d’un côté par Emmanuel Macron qui a attiré au fil de son mandat et au cours des dernières semaines la frange plus modérée, libérale, pro-UE et légitimiste (Les Libéraux et les Conservateurs) et de l’autre côté par Éric Zemmour qui tient une ligne dure sur l’immigration et la sécurité séduisant l’aile « Ciotti » des électeurs LR qu’on retrouve dans les clusters Anti-Assistanat et Identitaires.

Dans ce contexte, il est donc très difficile pour Valérie Pécresse d’unifier les clusters de l’ancienne coalition de droite : être mieux-disante qu’Emmanuel Macron sur l’économie et la stabilité du système est très difficile au vu du contexte et il lui est dans le même temps impossible de concurrencer Éric Zemmour sur son programme identitaire.

Cela étant, ce qu’il reste de l’électorat Pécresse est un électorat potentiellement plus votant que la moyenne. Dans le cas d’une abstention record, qui toucherait très probablement davantage Le Pen et Mélenchon, son score pourrait mécaniquement augmenter et la rapprocher du 2nd tour.

Marine Le Pen qualifiable, Jean-Luc Mélenchon dans le match du 2nd tour

Marine Le Pen demeure qualifiable au 2nd tour à 16,5% (+0,5). Elle maintient son avance sur son principal concurrent Éric Zemmour. Depuis le conflit en Ukraine ce dernier a perdu 4 points tandis que la candidate RN est restée stable. Elle semble avoir moins pâti de la cristallisation des débats autour du conflit militaire. Son socle, plus populaire, bâti de longue date, composé principalement d’Eurosceptiques, de Réfractaires et de Sociaux-Patriotes semble particulièrement solide. Et il y a peu de chance désormais pour qu’Éric Zemmour ou un autre candidat parvienne à fragiliser cet équilibre d’ici le 1er tour.

Le 3eme homme de notre baromètre est Jean-Luc Mélenchon à 14,5% (+0,5). Lui aussi dispose d’un socle solide bâti sur les clusters de gauche les plus radicaux et d’une concurrence relativement faible sur ce segment de l’électorat. Tous ces facteurs lui permettent d’espérer apparaître comme le « vote utile de gauche » à l’image de l’élection de 2017 et ainsi d’entrevoir le 2nd tour.

Mais comme pour Marine Le Pen, pèse sur Jean-Luc Mélenchon le risque de l’abstention. Ces deux candidats, dont les électeurs appartiennent à des clusters plutôt jeunes ou populaires seraient certainement les plus fragilisés en cas d’abstention très élevée. Le cluster des Révoltés (fidèle à Mélenchon) comme les clusters des Réfractaires et des Eurosceptiques (fidèles à Le Pen) font effet partie des clusters les plus abstentionnistes.

Baromètre hebdomadaire S10 : Présidentielle 2022

Macron très largement en tête, Le Pen qualifiable au 2nd tour. 

Emmanuel Macron continue sa hausse dans notre baromètre de la semaine, désormais à 29,5% (+1,5). Derrière Marine Le Pen crée l’écart, seule à 16% (+2) devant Jean-Luc Mélenchon. Éric Zemmour et Valérie Pécresse subissent chacun une forte baisse de 2,5 points cette semaine et se retrouvent désormais 4e et 5e à 12% et 10,5%. 

Après les Conservateurs, Emmanuel Macron perce chez les Anti-Assistanat 

La semaine dernière, nous avions mis en lumière la percée d’Emmanuel Macron dans le cluster des Conservateurs, cluster décisif car volatile. Emmanuel Macron avait semé la concurrence dans ce cluster qui se dispatche historiquement entre la droite et l’extrême droite. Le Président confirme son avance au sein de ce cluster cette semaine y réunissant toujours autour de 40% des intentions de vote.  

La nouveauté cette semaine provient du basculement des Anti-Assistanat vers Emmanuel Macron. Ce cluster est également l’un des plus volatiles, généralement divisé entre les candidatures identitaires et la droite traditionnelle. Jusqu’ici Emmanuel Macron se trouvait plutôt en retrait par rapport aux candidatures de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour parmi les Anti-Assistanat. Cette semaine, il les dépasse et monte à 30% des intentions de vote. Ce cluster, qui est l’un des plus « légitimistes », l’un des plus attachés à l’ordre perçoit certainement en Emmanuel Macron le garant de l’ordre économique et social dans un contexte politique rendu plus incertain en raison de la situation instable en Ukraine. 

Le coup de force d’Emmanuel Macron réside dans cette capacité à augmenter son score dans ces clusters radicaux, exclusivement de droite et « en même temps » de conserver sa large avance dans les clusters historiques du vote PS : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Enfin, pour la première fois depuis deux mois, Emmanuel Macron dépasse Valérie Pécresse chez les Libéraux, cluster qui avait voté à 60% pour François Fillon et représente historiquement le cœur électoral du vote LR. 

Marine Le Pen distance Valérie Pécresse et Éric Zemmour grâce à un socle électoral fidèle 

Marine Le Pen distance cette semaine Éric Zemmour de 4 points. C’est la première fois depuis l’entrée en campagne d’Éric Zemmour que Marine Le Pen dispose d’un tel écart avec son concurrent principal dans la bataille pour le vote des clusters les plus attachés aux thématiques identitaires.   

Durant toute la campagne, c’est grâce à ses trois clusters-phares que Marine Le Pen est parvenue à se maintenir continuellement autour de la barre des 15%. Les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes sont des clusters de salariés et d’ouvriers, déclassés et en forte demande de protections tant sociales que culturelles. Ils composent le cœur de l’électorat lepéniste. Éric Zemmour qui a tout de même grapillé des électeurs de Le Pen dans ces clusters n’a pour l’heure jamais réussi à véritablement s’y imposer. Il demeure, cependant, le candidat préféré des Identitaires, cluster dans lequel Marine Le Pen était arrivée en tête en 2017. Ce cluster très radical sur les questions ethno-culturelles et plutôt de « droite économique » est logiquement séduit par le candidat le plus radical sur ces thématiques. Cependant, cela ne suffit pas. Éric Zemmour ne parvient pas pour l’instant à convaincre une part suffisante d’électeurs dans les clusters lepénistes et dans ceux qui étaient jusqu’à présents acquis à la droite traditionnelle pour espérer se qualifier au second tour. 

A gauche, Jean-Luc Mélenchon maintient son avance  

Jean-Luc Mélenchon s’installe à la 3e place dans notre baromètre de la semaine. A l’instar de Marine Le Pen, l’insoumis dispose, depuis le début de la campagne, d’un socle fidèle et solide composé principalement des Multiculturalistes, des Solidaires et des Révoltés. A la différence de Marine Le Pen, la concurrence est, pour lui, moins rude sur ces clusters phares. Ni Yannick Jadot, ni Fabien Roussel ne semblent en mesure de convaincre une part importante de ces clusters de gauche radicale, ce qui assure à Jean-Luc Mélenchon une nette avance dans les sondages et lui permet de se présenter comme le « vote efficace » offrant la possibilité à un candidat de gauche d’accéder au second tour. Tout l’enjeu pour Jean-Luc Mélenchon est de parvenir à convaincre une part significative des autres clusters de gauche, en particulier des Progressistes et, dans une moindre mesure, des Sociaux-Démocrates de se tourner vers lui pour assurer une présence de gauche au second tour. 

Vers une démobilisation électorale ? 

Un des enjeux majeurs du 1er tour sera le niveau de l’abstention. Celle-ci pourrait être élevée, voire atteindre des niveaux records pour une élection présidentielle. On n’observe d’ailleurs aucune progression de la mobilisation alors que le scrutin approche. Nos graphiques ci-dessous montrent que les électeurs sont même moins nombreux que la semaine dernière à considérer que « l’élection présidentielle est plus importante que la précédente » ou qu’il « importe vraiment de savoir qui gagnera l’élection présidentielle ». Si l’abstention devait être très élevée, les scores des principaux candidats pourraient être bouleversés, en particulier celui de Marine Le Pen et dans une moindre mesure celui de Jean-Luc Mélenchon. La candidate du RN compte, en effet, dans sa coalition deux des clusters les plus abstentionnistes : les Réfractaires et les Eurosceptiques. Quant au candidat insoumis, il est particulièrement fort parmi les Révoltés, un cluster où l’abstention pourrait être record si l’élection se confirme comme étant un mauvais cru en termes de participation électorale. 

Baromètre hebdomadaire S09 : Présidentielle 2022

Le candidat Macron en forte dynamique

Dans notre baromètre réalisé parallèlement à sa déclaration officielle de candidature, Emmanuel Macron gagne 2,5 points et se retrouve à 28% d’intentions de vote. La situation internationale lui profite pleinement. A l’inverse, ses deux principaux concurrents, Éric Zemmour et Marine Le Pen tombent à 14,5% (-1,5).

Une part importante de Français qui ont pris fait et cause pour le peuple ukrainien (voir ici) se tournent logiquement vers Emmanuel Macron qui s’est placé dès le début de l’invasion du côté du président ukrainien Zelensky en adoptant notamment un flot de mesures contre le régime russe. A l’inverse, Éric Zemmour et Marine Le Pen davantage identifiés comme des candidats « proches » de Vladimir Poutine perdent des points à mesure que cette guerre avance et alors que leurs électeurs, comme le révélait notre précédente étude, sont particulièrement clivés sur cet enjeu (voir ici).

La percée d’Emmanuel Macron se situe dans la continuité de sa dynamique de la semaine dernière. Les clusters les moins politisés et les plus modérés le plébiscitent. C’est au sein des clusters Progressistes, Apolitiques, Eclectiques et Conservateurs que sa percée est la plus forte. Ces électeurs pourtant hétérogènes politiquement et sociologiquement se rassemblent autour de la figure consensuelle et rassurante du Président de la République. Sa fonction lui confère l’avantage d’être sur le devant de la scène, ce qui déclenche un réflexe « légitimiste » pour les électeurs modérés. Sa volonté d’opérer une médiation dans le conflit tout en affichant un soutien sans faille aux Ukrainiens fédère ces clusters pro-UE et libéraux, inquiets par le déclenchement de cette guerre en Europe. Concomitamment, les clusters déjà acquis à la cause du Président continuent de lui apporter un soutien élevé. Ainsi le Président fait le plein chez les Centristes (79%), obtient des scores très élevés chez les Sociaux-Démocrates (49%) et les Sociaux Républicains (48%) et continue de faire jeu égal avec Valérie Pécresse dans le cluster décisif pour l’avenir de la droite des Libéraux.

La bataille pour le vote des Conservateurs tourne à l’avantage de Macron

Ce cluster âgé, rural et de classe moyenne, défiant envers les propositions radicales et en forte demande de stabilité était jusqu’alors un des plus volatiles.

Le surgissement du conflit en Ukraine a provoqué fort logiquement des variations sensibles au sein de ce segment de l’électorat. Alors qu’il y a deux semaines, E. Macron, V. Pécresse et E. Zemmour étaient quasiment à égalité parmi les Conservateurs, depuis l’invasion russe, Emmanuel Macron a progressé jusqu’à 42% des intentions de vote au sein de ce cluster (+14). Dans le même temps Valérie Pécresse a divisé son score par deux, passant à 14% (-14) et Eric Zemmour est tombé à 11% (-11).

On observe bien un réflexe légitimiste en faveur du Président dans ce cluster. Il faudra scruter au cours des prochaines semaines si cette tendance se confirme, auquel cas ce serait principalement la candidature de Valérie Pécresse qui en souffrirait. En effet ce cluster compose avec les Libéraux l’électorat « naturel » des Républicains. C’est en ce sens un cluster décisif et la prééminence du clivage autour de la guerre en Ukraine pourrait constituer un effet d’« aubaine électoral » pour Emmanuel Macron.

Au-delà de ce cluster, la radicalité affichée par Éric Zemmour depuis le début de la campagne pourrait fragiliser sa tentative d’unifier les clusters allant de la droite modérée aux Identitaires, la situation appelant davantage à la retenue, au calme, à l’ordre et à la stabilité y compris au sein de clusters parfois radicaux. La baisse sondagière des candidats RN et Reconquête! profite par voie de conséquence à Valérie Pécresse qui se maintient à 13% (+0,5) et continue à entrevoir une possible qualification au 2nd tour. La situation géopolitique pourrait également jouer en sa faveur si elle se crédibilisait et apparaissait comme une alternative plus sérieuse que Zemmour et Le Pen, incarnant une forme de « rupture dans la stabilité ».

Jean-Luc Mélenchon dans le match pour le 2nd tour

La baisse des deux candidats identitaires permet également à Jean-Luc Mélenchon de se rapprocher du 2nd tour. Il demeure stable à 13,5% et semble ne pas avoir trop pâti des accusations de complicité avec le régime de Moscou proférées par certains de ses adversaires, même si sa dynamique haussière s’en trouve peut-être ralentie. Il se situe donc dans la course au 2nd tour à un point désormais de la qualification. Il lui faudra pour réaliser le « sorpasso » faire aussi bien qu’en 2017 au sein de ses clusters phares : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés et déjouer une abstention potentiellement forte au sein du cluster des Révoltés, un des clusters à plus haut risque d’abstention. Cependant, le « vote utile » de gauche qui s’était porté sur lui en 2017 pourrait lui échapper notamment en raison de la crise ukrainienne. Les électeurs indécis des clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes pourraient en effet se tourner sur Emmanuel Macron dès le 1er tour, alors qu’une part significative d’entre eux avait voté pour le candidat insoumis en 2017, dans une logique de vote utile à gauche.

L’abandon de Christiane Taubira semble avoir profité à Yannick Jadot qui gagne un point cette semaine à 5,5%. Il augmente son socle dans les clusters naturels de la gauche « écolo-socialiste » : Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates et Progressistes. Mais pour l’heure, ce socle demeure trop faible. Il faudrait pour Yannick Jadot incarner une alternative crédible à Emmanuel Macron, tenir une position d’équilibre entre propositions de rupture écologiques et sérieux économique. Sa position sur le conflit ukrainien, bien en phase avec la majorité du pays et des électeurs de gauche, pourrait également lui permettre de tirer son épingle du jeu (voir ici).

Sondage S08 Cluster17

Baromètre hebdomadaire S08 : Présidentielle 2022

Sondage présientielle S08 Cluster17

Macron en dynamique, loin devant ses concurrents

Bien qu’il n’ait pas encore déclaré sa candidature, le Président de la République est en hausse dans notre baromètre de la semaine à 25,5% (+1,5). Le conflit en Ukraine entraîne un réflexe d’unité autour de la personnalité du Président qui explique en partie sa progression dans nos intentions de vote. Logiquement, ce sont les clusters les plus diplômés et les plus pro-UE qui lui accordent le plus leur confiance. Il enregistre ainsi une percée dans le cluster des Sociaux Démocrates qui sont cette semaine 57% à avoir l’intention de voter pour lui (+17). Il demeure très haut chez les Progressistes qui composent avec les Sociaux-Démocrates un électorat de gauche diplômée, urbaine, redistributive, européenne et libérale.

Certitude de vote présidentielle 2022

cresse décroche par rapport à Zemmour et Le Pen

Valérie Pécresse est une nouvelle fois en baisse, à 12,5% cette semaine (-0,5) et se retrouve désormais assez loin du 2nd tour derrière Eric Zemmour et Marine Le Pen, chacun à 16%.

La candidate des Républicains ne parvient pas à résoudre la difficile équation électorale qui lui fait face : mobiliser des clusters clivés : Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat et Identitaires. Ces clusters qui avaient constitué la quasi intégralité du vote Fillon en 2017 hésitent aujourd’hui entre trois candidatures : Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Valérie Pécresse. Ainsi seul un électeur sur deux de François Fillon en 2017 indique vouloir voter pour Valérie Pécresse. A titre d’exemple, les Libéraux qui avaient voté à 60% pour François Fillon ne sont plus que 38% à vouloir voter pour Pécresse. 32% indiquent vouloir voter pour Emmanuel Macron et 23% pour Eric Zemmour. Chez les Identitaires, cluster qui plébiscite Zemmour et Le Pen, le score de Valérie Pécresse est divisé par deux par rapport à celui de François Fillon (il passe de 33% à 15%).

La réussite de Valérie Pécresse dépendra donc de sa capacité à fédérer ces clusters qui votaient naguère pour le même candidat.

Vote par cluster présidentielle 2022

L’effondrement de la social-démocratie

Si le vote Fillon 2017 est clivé, le vote Hamon 2017 est lui totalement disloqué. Aucun candidat ne parvient à capter une part significative des 6% d’électeurs qui avaient voté pour le candidat PS. Ainsi 12% disent vouloir voter Roussel, 12% Mélenchon, 12% Hidalgo, 14% Taubira*, 21% Jadot et 17% Macron.

Logiquement, cet éclatement rend très difficile la campagne des candidats issus du PS et d’EELV. Le bloc « social-démocrate » semble en voie d’extinction, pris en tenaille entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Ainsi, Christiane Taubira qui vient d’annoncer son retrait était encore en baisse dans notre baromètre, à 1,5% (-0,5). De même qu’Anne Hidalgo qui se retrouve elle aussi à 1,5% (-0,5). Yannick Jadot résiste davantage mais n’a pas enclenché de dynamique depuis son entrée en campagne et ne dépasse pas la barre des 5%.

Les clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes qui constituaient le cœur de cet électorat sont ainsi particulièrement clivés. Si une part non négligeable de ces électeurs demeurent fidèles à Emmanuel Macron, le reste se divise à parts quasiment égales entre Mélenchon, Jadot et Taubira.

Cette concurrence et cet affaiblissement des candidats « écolo-socialistes » profite à gauche à Jean-Luc Mélenchon qui dispose d’un socle particulièrement solide et fidèle. C’est au sein des clusters de gauche radicale : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés que l’insoumis puise principalement ses 13,5% d’intentions de vote. Fabien Roussel qui s’adresse lui aussi aux clusters populaires et à la gauche radicale demeure à 4% d’intention de vote.

Certitude de voter présidentielle 2022

L’abstention, élément clé du 1er tour

L’abstention sera probablement le facteur clé du 1er tour de l’élection. Selon son niveau, plusieurs candidats pourraient être affaiblis. C’est le cas principalement de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dont les électeurs appartiennent davantage aux classes populaires et sont donc plus susceptibles de s’abstenir pour de multiples raisons (mal-inscrits sur les listes électorales, dépolitisés, résignés, etc.).

C’est pourquoi nous essayons de repérer le taux d’engagement et d’intérêt que portent les français sur l’élection présidentielle.

Cette semaine, pour 67% (+5) des français « Il importe vraiment de savoir qui gagnera l’élection présidentielle » contre 33% qui pensent que « Les choses resteront à peu près les mêmes quel que soit le président élu ».  C’est en hausse de 5 points par rapport à la semaine précédente. De même, 68% (+4) des français pensent que cette élection est plus importante que la précédente, en hausse de 4 points par rapport à la semaine dernière. Enfin, le nombre de français certains d’aller voter est en hausse d’un point à 71%.

Si ces trois indicateurs continuaient à monter, ce serait le signe que les français sont mobilisés et intéressés par la campagne, a fortiori l’abstention pourrait être relativement faible. A contrario, si cela stagnait, cela démontrerait un désintérêt des français et l’abstention pourrait s’avérer plus élevée.

Nous notons d’ailleurs que la première cause de l’abstention : la mal inscription sur les listes électorale risque de rester très élevée. Rappelons que plus de 7 millions d’électeurs étaient mal-inscrits en 2017, principalement des jeunes. Il est à craindre que la situation ne se soit guère améliorée. Dans cette perspective, les taux d’inscription sur les listes, dont la clôture est prévue vendredi 4 mars, donneront une première indication de la mobilisation des Français pour la présidentielle à venir.

* Enquête réalisée avant le retrait de Christiane Taubira

Enquête : Les français et la guerre en Ukraine

Étude réalisée par Cluster17 auprès d’un échantillon de 1 121 personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 1 154 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon est réalisé selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, du type de communes et des régions de résidence. Questionnaire auto-administré en ligne. Interviews réalisées entre le 26 et le 27 février 2022. Les répondants ne sont pas rémunérés

Notre sondage réalisé après l’intervention des troupes russes en Ukraine permet de mieux comprendre les réactions de l’opinion au coup de force militaire qui se déroule actuellement aux frontières de l’Union Européenne. Plusieurs résultats méritent d’être soulignés.

Dans leur très grande majorité les Français ont une opinion sur les évènements ukrainiens et jugent « illégitime » l’intervention de la Russie.

Alors que notre terrain d’enquête a été réalisé deux jours seulement après le début de l’offensive russe, les Français avaient déjà une opinion sur les évènements ukrainiens : à la question de savoir si « l’offensive militaire russe est légitime », seuls 9% d’entre eux se déclarent « sans opinion », un chiffre particulièrement bas pour une question relevant de problématiques internationales. Ce premier résultat confirme que la guerre en Ukraine est suivie avec attention par une part significative de la population. Sans surprise, l’offensive militaire russe est perçue comme « illégitime » par une très large majorité : 78% contre 13% qui la considèrent « légitime » et 9% de sans opinion.

L’analyse par électorat révèle que ce sont les électeurs déclarant des intentions de vote en faveur de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour et, dans une moindre mesure, de Jean-Luc Mélenchon qui sont les moins unanimes dans la réprobation de l’intervention russe. Ainsi, 24% des électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon et 39% de ceux de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour se déclarent « sans opinion » ou considèrent « légitimes » l’offensive militaire actuellement en cours.

Plus des trois quarts des Français sont favorables à « l’accueil des populations qui fuient l’Ukraine »

C’est là un résultat important car il exprime un retournement de l’opinion sur un sujet habituellement bien plus clivant. Ainsi, le 5 février dernier, interrogés sur la question de savoir s’il fallait « accueillir les migrants fuyant les zones de guerre », sans référence aucune bien sûr au contexte ukrainien, 41% des Français se déclaraient défavorables. Trois semaines plus tard, dans le contexte de guerre en Ukraine, ils ne sont plus que 19% à se dire défavorables à « l’accueil des populations qui fuient l’Ukraine » contre 77% qui y sont favorables. Ce rapport de forces très favorable à l’accueil de populations ukrainiennes manifeste sans doute l’émotion éprouvée par une large partie de la population face à une guerre qui se joue aux portes de l’UE, sur le sol européen.

Tous les électorats, sans exception, sont majoritairement favorables à l’accueil des Ukrainiens, mais les différences sont néanmoins significatives à six semaines de l’élection présidentielle. Ce sont les électeurs de la gauche écologiste et sociale-démocrate ainsi que ceux d’Emmanuel Macron qui y sont, de loin, les plus favorables.

La situation des candidatures de droite et identitaires est, sur ce point, particulièrement intéressante : alors que les électeurs potentiels de Valérie Pécresse sont dans leur très grande majorité (81%) favorables à cet accueil, ceux de Marine Le Pen et, plus encore, d’Eric Zemmour sont, en revanche, profondément divisés. Ce sujet clive même presque parfaitement l’électorat potentiel du candidat de Reconquête : 51% de « favorables » contre 45% de « défavorables » (et 5% de « sans opinion »). Autant dire, que cet enjeu devrait être plus difficile à traiter par les deux candidats identitaires, tant il divise leurs électeurs, a fortiori si la situation devait prendre un cours de plus en plus tragique en Ukraine.

Les deux tiers des Français sont défavorables à « l’engagement de troupes françaises dans la défense de l’Ukraine ».

Comme dans les autres grandes nations européennes, à ce stade du conflit, l’opinion publique est défavorable à un engagement militaire direct : 66% y sont défavorables contre 27% favorables et 7% de sans opinion. Le pays n’est pour l’instant pas disposé à voir des troupes françaises combattre sur le sol ukrainien.

Sur ce point également, des différences sont observables par électorats. Ce sont les électeurs potentiels d’Emmanuel Macron, avec ceux de Christiane Taubira, qui y sont les plus favorables (37%), alors qu’à l’inverse les électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon et d’Eric Zemmour y sont les plus défavorables (20% seulement de favorables).

Un conflit qui pourrait mettre les enjeux militaires au centre de la campagne.

Deux des questions que nous avons posées indiquent que les questions militaires pourraient gagner de la centralité dans le cadre d’une campagne électorale aujourd’hui largement surdéterminée voire occultée par la guerre en Ukraine. Ainsi, près des deux tiers des Français (62%) se déclarent « favorables » à « augmenter de manière prioritaire le budget de l’armée française ». Une proportion encore plus élevée (67%) se déclare « favorable » à la « création d’une armée européenne ». Un tel résultat sur un enjeu qui touche au cœur du pouvoir le plus régalien manifeste à quel point l’UE est parvenue à s’imposer comme une échelle pertinente en matière de défense pour de nombreux citoyens français.

L’analyse des réponses par électorats laisse apparaître de potentiels lignes de clivages, donc une possibilité de politisation de ces questions dans le cadre de l’actuelle élection présidentielle. « Augmenter prioritairement le budget de l’armée française » ne fait réellement consensus que parmi les électeurs d’Eric Zemmour et, dans une moindre mesure, parmi ceux de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen. C’est donc une thématique propre à fédérer des électorats orientés à droite ou sensibles aux thématiques nationalistes. Parmi les électeurs potentiels des candidats de gauche, le soutien à cette proposition est nettement minoritaire. La perspective de création d’une armée européenne clive selon des logiques différentes. Cette perspective fait tout particulièrement consensus au sein d’un arc qui va de la gauche sociale-démocrate et écologiste à la candidate républicaine en passant par le Président de la République. Elle divise, en revanche, profondément et avec une forte intensité, les électorats de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour qui n’ont donc aucun intérêt à voir une telle thématique émerger lors des 6 dernières semaines de campagne.

Emmanuel Macron jugé comme étant « le plus compétent pour gérer la crise ukrainienne ».

 Parmi les candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron est jugé par 33% des électeurs comme étant « le plus compétent pour gérer la crise ukrainienne ». « Aucun » des candidats est la seconde réponse la plus citée : par 26% des sondés. Suivent ensuite Eric Zemmour (11%), Jean-Luc Mélenchon (10%) et Marine Le Pen (8%). Ces résultats apportent plusieurs indications. Ils révèlent que le Président de la République est considéré comme le « plus compétent » par la quasi-totalité de ses propres électeurs potentiels (96%), signe sans doute que cet attribut de « compétence » est un élément important, si ce n’est décisif de leur soutien. Mais ils révèlent également qu’Emmanuel Macron est considéré comme le plus « compétent » y compris par des électeurs qui n’affichent pas une intention de vote en sa faveur : un tiers des électeurs d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse et plus encore, 42% des électeurs de Yannick Jadot. Réciproquement, seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’Eric Zemmour considèrent majoritairement leur candidat comme étant le plus compétent pour gérer la crise en Ukraine. De tels résultats indiquent que le Chef de l’Etat semble renforcé, a minima en termes d’image, par la situation de guerre aux portes de l’UE et – un peu à la manière de ce qui s’est produit durant la pandémie de la COVID – est perçu comme mieux à même que ses principaux concurrents de faire face à la situation de crise. Il s’agit là pour lui d’un avantage non-négligeable au sein d’un espace électoral qui va de la social-démocratie à la droite libérale et pro-Union Européenne.

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