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Sondage-Legislatives

Sondage Législatives : Aujourd’hui, une dissolution ne changerait rien

Si le premier tour des élections législatives avait lieu dimanche prochain, les Français reconduiraient peu ou prou la même Assemblée. La majorité présidentielle arriverait en tête avec 25% des intentions de vote devant la NUPES à 24,5% ; le Rassemblement National arriverait 3e à 20%. Les Républicains maintiendraient un score à plus de 10%.

Pourquoi une dissolution de l’Assemblée ne changerait quasiment rien aux équilibres politiques ?

  1. La forte stabilité de la demande politique

Si les équilibres politiques sont si stables c’est avant tout parce que l’électorat demeure structuré par les mêmes clivages qu’il y a 6 mois. Il n’y a pas eu de fait politique ou social assez fort pour faire bouger les lignes.

Les électeurs de la « majorité présidentielle » demeurent principalement des modérés de droite (Libéraux), de gauche (Sociaux-Démocrates et Progressistes) et du centre (Centristes et Sociaux-Républicains) coalisés autour d’un même rejet des « populismes » dans un contexte où les principaux opposants demeurent le RN et LFI. Partisans de l’ordre et de la stabilité, le noyau dur de l’électorat de la « majorité présidentielle » repose sur les personnes âgées et les Français les plus aisés.

L’électorat de la NUPES demeure également très stable. Composé d’un électorat de gauche traditionnel rassemblant les clusters « anti-système » et sociaux qui constituent le noyau dur de l’électorat Mélenchon : Multiculturalistes, Révoltés et Solidaires. Un tiers des Progressistes et des Sociaux-Démocrates – les plus écologistes et sociaux d’entre eux – continuent de se tourner vers la NUPES. Favorables à la construction européenne et modérés sur l’ensemble des clivages, la majorité de ces deux clusters de centre-gauche choisiraient la majorité présidentielle ou un candidat Divers Gauche.

Le Rassemblement National bénéficie quant à lui d’un soutien affirmé dans l’ensemble des clusters qui lui avaient permis d’entrer en force à l’Assemblée en juin dernier. LE RN s’appuie sur un électorat populaire, d’actifs, employés et ouvriers, mais également d’un électorat plus « droitier », plus libéral sur le plan économique, composé des Conservateurs, des Anti-Assistanat et des Identitaires.

  1. Les Républicains font de la résistance

Pour parvenir à une tripartition électorale qui pourrait faire basculer la majorité absolue vers Renaissance ou le RN, il faudrait que l’étau finisse de se resserrer sur Les Républicains.

Notre sondage sur l’élection présidentielle montre que cette tripartition se réalise davantage lorsque l’offre politique est personnalisée. Le « capital » électoral des Républicains fluctue entre 3 et 10%, ce qui modifie par la même les équilibres entre Renaissance et le RN. Une partie du cluster des Libéraux (électorat de droite aisée, libéral, conservateur) continue de voter pour LR aux législatives et lors des élections intermédiaires, tandis qu’ils ont massivement voté pour le Président à la présidentielle, sous l’effet combiné du vote utile et de la personnalisation de l’élection.

Une autre partie de l’ancien électorat UMP/LR plus droitier, plus conservateur, composé des Anti-Assistanat et des Identitaires est quant à lui tenté par le vote RN. Cependant, environ 15% d’entre eux maintiendraient un vote LR en cas de dissolution.

En somme, on comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron a récemment tendu la main aux Républicains : pour élargir sa majorité relative, il lui faut conquérir définitivement la part plus modérée de l’ancien électorat de droite. De la même façon, on comprend pourquoi Marine Le Pen a tout intérêt à continuer son travail de dédiabolisation pour elle aussi élargir son assise à un électorat plus aisé et plus libéral.

Sondage d'intentions de vote post-élection présidentielle

Sondage d’intentions de vote post-élection présidentielle

Sondage Présidentielle : 6 mois après, les rapports de force sont stables

Notre enquête réalisée du 4 au 6 novembre sur un échantillon de 2 151 répondants montre que si l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, les résultats seraient très proches de ceux du 10 avril.

Le 1er tour de l’élection présidentielle a accouché d’une tripartition électorale qui semble stable et pérenne selon notre étude.

Emmanuel Macron arriverait en tête avec un score en hausse, à 30%. La composition de son électorat reste transversale politiquement ; il bénéficie du soutien des clusters Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes, Sociaux-Républicains et Libéraux en premier lieu. Il doit cette légère progression à une baisse sensible des intentions de vote en faveur de Valérie Pécresse. Mais le chantre du « en même temps » bénéficie aussi d’un soutien solidifié de son aile gauche composé des Sociaux-Démocrates et des Progressistes, au détriment de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon. Le Président de la République dispose d’un soutien toujours aussi fort chez les personnes âgées et les Français les plus aisés.

Marine Le Pen consolide également sa 2e place, profitant d’une solide base électorale dans l’électorat populaire. Elle reste largement soutenue par Les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes. Mais également dans deux clusters plus libéraux économiquement et très conservateurs : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Le cœur de son électorat se compose principalement d’actifs, âgés de 35 à 64 ans, bien souvent ouvriers ou employés. Le recul des intentions de vote en faveur de Valérie Pécresse semble lui profiter. 17% des électeurs de l’ex-candidate LR déclarent en effet qu’ils voteraient cette fois-ci pour Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon resterait le 3e homme mais avec un retard plus important qu’au mois d’avril. L’ancien député des Bouches-du-Rhône dispose lui aussi d’un noyau dur solide mais plus resserré que ses deux concurrents. Là où ces derniers coalisent au moins cinq clusters, lui rassemble uniquement les trois clusters centraux de sa coalition (les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés). Peinant à élargir ce socle électoral, il ne progresse pas contrairement à Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Enfin, notons que le 2nd tour serait plus serré qu’au mois d’avril. Emmanuel Macron l’emporterait avec 51,5% des voix. Marine Le Pen resserre l’écart, profitant d’une abstention toujours plus forte des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’une part importante des électeurs de droite.

Les Français jugent sévèrement l’action de la justice

Le regard des Français sur l’action des forces de l’ordre et de la Justice

Alors qu’on observe une multiplication des faits d’homicide dans les media, nous avons interrogé les Français sur le regard qu’il porte à propos de l’action de la Police et de la Justice. Nous avons également souhaité sonder leur sentiment d’insécurité.

  • 49% des Français interrogés affirment que l’action de la police et de la gendarmerie est satisfaisante

Une courte majorité relative de Français trouve que l’action de la police et de la gendarmerie dans la société est satisfaisante. 47% la trouvent à l’inverse insatisfaisante et 4% n’ont pas d’opinion. Les positionnements sont peu clivés finalement lorsque l’on regarde les réponses dans le détail. Peu de Français ont répondu « Très satisfaisant » ou « Très insatisfaisant ». Il y a à l’inverse plutôt une sorte de consensus « mou » sur l’action des forces de l’ordre : 43% trouvent l’action de ces institutions « Plutôt satisfaisante » et 30% « Plutôt insatisfaisante ».

Les satisfaits se situent plutôt dans les segments modérés de l’électorat, chez les plus âgés et les plus aisés. Les catégories populaires et les plus jeunes se déclarent davantage insatisfaits.

Politiquement, les deux électorats les plus négatifs vis-à-vis de l’action des forces de l’ordre sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (70%) et ceux de Marine Le Pen (51%) devant les électeurs d’Éric Zemmour (47%). Pour des raisons probablement antagonistes, ces électeurs se trouvent être d’accord pour pointer des dysfonctionnements dans l’action des forces de l’ordre. Concernant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon on peut penser que dans la lignée du leader insoumis, leur insatisfaction provient d’abord des cas de « violences policières » régulièrement dénoncées par LFI depuis plusieurs années. Sans étonnement, le cluster le plus à gauche sur les questions culturelles et identitaires, les Multiculturalistes, sont 77% à se dire insatisfaits.

A l’inverse pour les électeurs populaires et identitaires qui votent Marine Le Pen ou Éric Zemmour, on peut émettre l’hypothèse que leur jugement négatif – plus relatif que celle des électeurs de gauche –  provient d’une demande d’efficacité supérieure dans la lutte contre l’insécurité et la délinquance. Contrairement aux électeurs de gauche, c’est avant tout parce qu’ils pensent que l’insécurité augmente qu’ils jugent insatisfaisante l’action de la police. Ce sont d’ailleurs au sein des clusters qui ont fortement voté pour Marine Le Pen que le sentiment d’insécurité est le plus élevé, donc le niveau d’exigence envers l’Etat et la demande de protection sont plus élevés.

  • L’action de la Justice dans le traitement de la délinquance largement insuffisant pour les Français

L’action de la Justice est quant à elle bien plus décriée et critiquée par les Français interrogés : 79% des Français la jugent insatisfaisante dans le traitement de la délinquance. Tous les segments sont concernés. Même les clusters les plus à gauche déclarent que cette institution est défaillante dans le traitement de la délinquance. Ainsi, 66% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 83% des électeurs de Yannick Jadot jugent son action insatisfaisante. Chez les électeurs de la droite et du RN, on est à plus de 90%.

Si le jugement sur la Police faisait apparaître un consensus « mou », il y a vis-à-vis de la Justice, un consensus puissant dans la population, comme si les Français avaient acté que le problème de la délinquance repose sur le « bout de la chaîne » pénale, sur l’institution qui doit sanctionner plus que sur celle qui doit arrêter les délinquants.

  • Le sentiment d’insécurité est prédictif du vote

Nous avons enfin demandé aux Français de placer leur sentiment d’insécurité sur une échelle de 0 à 10.
Nous constatons une corrélation forte entre positionnement politique et sentiment d’insécurité. La courbe des notes est quasiment proportionnelle à la clusterisation. Les Multiculturalistes et plus globalement les clusters de gauche sont ceux qui se sentent le moins en insécurité (note inférieure à 3). A l’inverse, les clusters plus à droite et plus populaires donnent des notes supérieures à 3. On peut considérer cependant que le sentiment d’insécurité dans la population est relativement faible : aucun cluster ne donne une note supérieure à la moyenne (+ de 5 sur 10). Si bien que la moyenne générale est de 3,28.

Pour autant, les différences de ressenti sont profondes. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon placent à 2,2 sur 10 en moyenne leur sentient d’insécurité, tandis que les électeurs de Marine Le Pen le placent à 4,49. On voit combien ce sentiment peut être prédictif ou explicatif du vote des électeurs. Plus vous vous sentez en insécurité, plus vous orientez vos choix politiques vers des offres qui prônent la fermeté en matière de délinquance et d’action pénale.

Baromètre des personnalités politiques n°7

Baromètre des personnalités n°7 : Emmanuel Macron maintient sa 1ere place

Chaque mois, Cluster17 publie son baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

  • Emmanuel Macron en tête pour un 4eme mois consécutif

Malgré l’utilisation du 49-3 et les premières déstabilisations provoquées par les motions de censure, Emmanuel Macron reste en tête de notre classement des personnalités politiques.
Comme nous l’écrivions cette semaine dans notre sondage sur le 49-3 publié par Le Point, l’électorat présidentiel soutient le gouvernement, autant par adhésion à son programme économique que par rejet des « populismes » dans une Assemblée Nationale principalement animée par les députés d’opposition de LFI et du RN.

Le Président de la République demeure soutenu par l’ensemble des électeurs modérés qui ont permis sa réélection en avril dernier. Il est ainsi en tête chez les Sociaux-Démocrates, les Centristes, les Apolitiques, les Sociaux-Républicains et les Libéraux.

  • Marine Le Pen consolide sa 2eme place

A l’instar d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen conserve et consolide sa place d’opposante numéro un. Elle est 2eme une nouvelle fois, portée par un noyau dur électoral qui va des Conservateurs aux Identitaires. Elle progresse ce mois-ci dans le cluster des Libéraux, cluster très orthodoxe économiquement, qui compose la frange aisée et diplômée de l’électorat de la droite traditionnelle. Ce cluster continue de constituer la principale cible pour Marine Le Pen ; cluster qu’elle peine jusqu’ici à convaincre. C’est le cluster le plus important de l’électorat traditionnel de l’UMP, un des derniers à lui échapper. Chez les Conservateurs, autre cluster phare de l’ancien électorat UMP, elle maintient son leadership, au coude-à-coude avec Emmanuel Macron.

A noter la progression ce mois-ci encore de la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal qui accède à la 5e place de notre classement à la faveur d’un soutien élevé dans les clusters de la coalition « lepéniste ». Son profil, plus consensuel que celui d’Eric Zemmour apparaît comme une alternative possible à Marine Le Pen au sein du pôle « identitaire ».

  • A gauche, on attend le messie

Jean-Luc Mélenchon conserve sa 3eme place. Les Multiculturalistes continuent de le placer largement en tête. Mais dans l’ensemble des autres clusters de gauche, on sent une grande dispersion des électeurs et une absence de leadership clair à l’inverse du pôle modéré et du pôle identitaire. La gauche attend son « messie », celui qui sera capable de réunir à nouveau une base électorale suffisante allant des Multiculturalistes, cluster de gauche radicale aux Sociaux-Républicains, cluster de centre gauche très modéré, en passant par les Sociaux-Démocrates, les Progressistes et les Solidaires. Au sein de ce dernier cluster, un des plus populaires, et qu’on peut apparenter à « la première gauche », celle qui met les questions sociales en tête de ses préoccupations, François Ruffin prend la tête et affiche un très haut niveau de popularité. Le député de la Somme, 4eme au classement général ce mois-ci apparaît comme l’alternative la plus solide à Jean-Luc Mélenchon.

Fabien Roussel peine quant à lui à transformer son haut niveau de sympathie en soutien politique. Le Secrétaire Général du PCF est à nouveau en tête au classement de la sympathie mais plafonne à 4% de soutien, démontrant un potentiel électoral limité pour l’instant.

Sandrine Rousseau, qui a pris des positionnements très clivants ces dernières semaines recule quant à elle dans notre classement et est désormais la personnalité politique la plus rejetée avec 69% de rejet exprimé, devant Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon.

Les-Francais-et-le-49-3

Les Français et le 49-3

Les Français favorables à un retour aux urnes

Suite à l’utilisation de l’article 49-3 par le Gouvernement, nous avons interrogé les Français sur leur perception de cette séquence ainsi que sur leur souhait de censure du Gouvernement et de dissolution de l’Assemblée Nationale. Une nette majorité de Français pense que le Gouvernement a eu tort d’utiliser cet article. Et une majorité d’entre eux souhaite également que les motions de censure aboutissent et que le Président de la République prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale.

Précisons que cette enquête a été réalisée avant le dépôt et le vote des motions de censure par certains partis d’opposition. 

  • Le 49-3 rejeté par les Français

63% des Français interrogés pensent que le Gouvernement a eu tort d’utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer le projet de loi de finances. Cet article très contesté depuis son utilisation en 2015 et 2016 est synonyme de passage en force, voire de mesure « antidémocratique » pour une partie des Français.

Parmi les 31% de Français qui affirment que le Gouvernement a eu raison d’utiliser le « 49-3 », une majorité d’entre eux appartiennent à l’électorat du centre et de la droite. 87% des électeurs du 1er tour d’Emmanuel Macron et 67% des électeurs de Valérie Pécresse sont d’accord avec l’usage du « 49-3 ». En termes de clusters, Emmanuel Macron trouve, sur ce point, le soutien de son socle électoral de la dernière présidentielle. L’approbation est majoritaire chez les Progressistes, les Centristes, les Sociaux-Républicains, les Libéraux et même les Anti-Assistanat (un groupe qui subit fortement l’attraction de Marine Le Pen et du RN). On sent plus de réticence chez les Sociaux-Démocrates, cluster de gauche modérée, diplômée et aisée. Leur attachement au compromis et au dialogue social est ici mis à rude épreuve. 48% d’entre eux pensent que le Gouvernement a eu raison d’utiliser le « 49-3 » contre 43% qui pensent à l’inverse qu’il a eu tort.

Si l’utilisation du « 49-3 » ne menace pas l’assise électorale de la majorité présidentielle, c’est cependant un aveu de minorité au Parlement pour le Gouvernement. C’est le premier « incident » depuis la nomination d’Elisabeth Borne qui jusqu’ici n’avait pas été menacée par les oppositions.

  • Les Français favorables à la censure du Gouvernement

Une majorité de Français interrogés déclarent souhaiter qu’une motion de censure soit votée pour renverser le Gouvernement.

La rupture est nette ici entre clusters « anti-systèmes » et clusters « modérés ». Ce rapport aux institutions, aux « élites », au « système » est un des trois axes de clivage majeurs sur lesquels est produit notre test de clusterisation. La coalition électorale « macronienne » est né en 2017 sur cette base. Les « modérés », qu’ils soient de gauche ou de droite, ont adhéré à la candidature d’Emmanuel Macron et à La République en Mache par rejet des « populistes » et soucis de stabilité institutionnelle. Ainsi, les clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes sont tout à fait opposés à un renversement du Gouvernement, à l’instar des Libéraux et des Centristes. L’ensemble de l’électorat d’Emmanuel Macron mais également celui de Valérie Pécresse et dans une moindre mesure celui d’Anne Hidalgo et de Yannick Jadot sont opposés à la motion de censure, démontrant la force de la demande de stabilité comme vecteur de coagulation politique. Le rejet des populismes est au moins aussi puissant que le rejet du système exprimé par les clusters radicaux de l’électorat Mélenchon, Le Pen et Zemmour. Les clusters « mélenchonistes » Révoltés, Multiculturalistes, Solidaires qui forment le noyau dur de l’électorat insoumis sont les plus favorables à la censure de même que les Sociaux-Patriotes, les Réfractaires et les Eurosceptiques, trois clusters populaires très favorables à Marine Le Pen.

On comprend mieux pourquoi Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont été les plus prompts à se prononcer en faveur d’une motion de censure, cette dernière allant même jusqu’à voter la motion de la NUPES. Bien que notre enquête ait été réalisée avant cette motion de censure, il y a de fortes chances que l’électorat de Marine Le Pen soit tout à fait favorable à ce qu’elle ait voté la motion de la NUPES.

  • Les Français prêts à retourner aux urnes

Une partie significative des Français semble ne pas se reconnaître dans l’Assemblée nationale actuelle. 52% se disent favorables à une dissolution de l’Assemblée Nationale. Malgré le contexte déjà chargé de nombreuses incertitudes, seuls 41% s’y opposent, 7% se déclarent sans opinion.

On retrouve peu ou prou les mêmes équilibres politiques que dans les deux questions précédentes. Plus on est modérés, moins on souhaite la dissolution. On observe tout de même une envie de dissolution dans une large part de l’électorat, y compris dans certains segments comme les Sociaux-Démocrates ou les Conservateurs, deux clusters pourtant peu enclins aux grands bouleversements.

En somme, ce qui est à retenir, c’est la grande stabilité des rapports de force politique dans le pays. Les électorats des élections présidentielle et législatives restent soudés. La tripartition de l’électorat demeure, ce qui compte particulièrement pour Emmanuel Macron qui doit faire face aux risques de fronde et d’instabilité au sein de sa majorité ; des menaces qui n’existaient pas au cours du précédent quinquennat. Une dislocation de sa majorité relative pourrait fragiliser grandement son noyau dur qui, nous l’avons dit, repose sur l’alliance des modérés de droite et de gauche. Ces derniers, davantage sensibles aux compromis et au respect de la démocratie pourraient se montrer réticents à un usage trop fréquent du 49-3.

Sondage-Sobriete-Le-Point

Les Français et le plan de sobriété

Sobriété : Les Français approuvent les principales mesures prises par le Gouvernement

  • La mesure de limitation du chauffage à 19°C est bien acceptée par l’opinion : 70% des Français interrogés y sont favorables. La partie la plus populaire de l’électorat de Marine Le Pen et les électeurs d’Eric Zemmour sont les plus défavorables à cette mesure. Elle est par ailleurs mieux acceptée par les Français de plus de 65 ans, qui la plébiscitent, que par les plus jeunes.
  • L’extension du télétravail recommandée par le Gouvernement dans le cadre du plan de sobriété est également bien acceptée par les Français. 70% déclarent y être favorables. Les plus réticents sont les électeurs populaires des électorats Mélenchon et Le Pen qui contiennent beaucoup d’employés et d’ouvriers (Multiculturalistes, Solidaires, Réfractaires et Sociaux-Patriotes) ainsi que deux clusters se situant à droite : les Libéraux et les Identitaires.
  • La généralisation de l’extinction de l’éclairage public dans les communes entre 23h et 6h du matin est également bien soutenue par l’opinion. 76% s’y déclarent favorables. Les électeurs de Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Marine Le Pen sont les plus réticents. Les clusters qui rejettent le plus cette mesure (à près de 40%) sont les Libéraux, les Sociaux-Patriotes et les Identitaires. Enfin, il est à noter que les habitants des petites communes sont nettement plus favorables à l’extinction de l’éclairage que les Français résidant dans les grandes villes.
  • 52% des Français interrogés sont opposés à ce que la vitesse soit limitée à 110km/h sur l’autoroute. Cette question divise l’électorat en deux blocs homogènes : l’ensemble des clusters de gauche (Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates, Progressistes, Solidaires et Révoltés) ainsi que les Centristes et les Eclectiques sont favorables à cette mesure. A l’inverse, l’ensemble des clusters allant des Conservateurs aux Identitaires y sont opposés. Une telle limitation de vitesse à 110km/h – qui ne concerne pour l’heure que les agents publics utilisant leur voiture de service – pour des motifs économiques et écologiques est admise largement par les électeurs de 1er tour de Jean-Luc Mélenchon, de Yannick Jadot et d’Emmanuel Macron. A l’inverse les électeurs d’Eric Zemmour, de Marine Le Pen et de Valérie Pécresse la rejettent en bloc. Par ailleurs, une telle mesure met en tension la « France Périphérique ». Plus les Français habitent dans une petite commune, plus ils se déclarent opposés à cette mesure de limitation : 42% des habitants des communes de moins de 3000 habitants sont favorables à cette limitation contre 60% pour les communes de plus de 100 000 habitants.
  • Pour réaliser des économies d’énergie, certaines communes ont annoncé réduire ou supprimer les illuminations de Noël. 61% des Français interrogés sont opposés à la suppression de cette tradition. Si les électeurs de gauche sont légèrement plus favorables à cette mesure, une majorité très large s’y oppose. Il n’y a qu’au sein de trois clusters (les Multiculturalistes, les Révoltés et les Eclectiques), qu’une majorité d’électeurs se prononcent favorablement à une telle mesure.
Total

Une majorité de Français estime que Total doit céder face aux revendications salariales

Plus de la moitié des Français estiment que la direction de Total et d’Esso doit céder face aux revendications salariales des syndicats

  • 43% des Français interrogés disent avoir eu des difficultés à se procurer de l’essence ces derniers jours. Ce sont les Français les plus populaires et les classes moyennes qui sont le plus touchés. Les plus aisés ainsi que les seniors déclarent avoir eu moins de difficultés.
  • 12% des Français interrogés déclarent avoir été empêchés de prendre leur voiture ces derniers jours faute de carburant. Ce sont à nouveau les segments les plus populaires et les classes moyennes qui se déclarent le plus touchés.
  • Les Français sont clivés sur les causes du blocage. 38% des Français interrogés affirment que la responsabilité incombe à la CGT et aux salariés en grève. 34% déclarent que c’est la direction de Total et d’Esso qui est en cause. Enfin une minorité non négligeable, 18%, estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement sont responsables de ces pénuries. On retrouve une logique de clivage gauche / droite et de clivage de classe dans cette étude.
  • Ce sont les Centristes et les Libéraux qui rejettent le plus la responsabilité du blocage sur la CGT, ainsi que deux autres clusters très à droite sur l’identité et l’économie : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Les clusters plus modérés : Conservateurs, Sociaux-Républicains et Eclectiques penchent plutôt de ce côté également.
    Les clusters de gauche modérée Sociaux-Démocrates et Progressistes sont quant à eux partagés : leur sensibilité réformiste conduit un tiers d’entre eux à rejeter la faute sur la CGT. Mais plus de 40% d’entre eux font tout de même peser la responsabilité du blocage sur la direction de Total et d’Esso. Les Multiculturalistes – cluster très à gauche – imputent quant à eux quasi unanimement la faute à la direction de Total et d’Esso.
  • Enfin on retrouve une logique « gilets jaunes » dans la contestation avec des clusters populaires qui imputent la faute de façon quasiment égale à la direction des raffineries et au Président de la République. Les Solidaires et les Révoltés (deux clusters qui votent largement à gauche) se joignent aux Eurosceptiques, aux Réfractaires et aux Sociaux-Patriotes (trois clusters qui votent massivement Marine Le Pen) dans une sorte « d’arc contestataire » transversal qui se place majoritairement du côté des grévistes et s’oppose au patronat ainsi qu’au gouvernement.
  • A l’inverse, les électeurs les plus aisés financièrement mettent en cause majoritairement la CGT et les grévistes.
  • Ainsi, l’électorat Macron et l’électorat Pécresse rejettent assez unanimement la responsabilité sur la CGT, tandis que l’électorat Mélenchon est également homogène dans sa mise en cause de la direction de Total et d’Esso.
  • L’électorat de Marine Le Pen, qui se compose de deux franges : l’une droitière (clusters des Anti-Assistanat et des Identitaires), l’autre populaire (Eurosceptiques, Réfractaires et Sociaux-Patriotes) est plus clivé. En effet, 38% de ses électeurs imputent les blocages à la CGT, 27% aux directions de Total et d’Esso, 28% au Président et au gouvernement. Deux logiques de son électorat s’opposent ici : l’une qui continue de se positionner à droite et conserve une vision relativement libérale de l’économie et l’autre qui ne se reconnaît pas dans le clivage gauche droite et se positionne plutôt dans une logique de révolte face aux « élites » et au « système ».
  • Quant au dénouement de cette crise, les Français pensent majoritairement que Total et Esso doivent accéder aux revendications des salariés. 55% des Français interrogés estiment qu’il faut que Total cède aux revendications des syndicats. 45% pensent à l’inverse qu’il faut que l’Etat intervienne pour déloger les grévistes et réquisitionne des salariés.
    Seuls les Centristes, les Conservateurs, les Libéraux, les Anti-Assistanat et les Identitaires pensent que l’Etat doit intervenir pour mettre fin aux grèves. Ces cinq clusters sont ceux de la coalition historique de la droite, celle qui avait porté Nicolas Sarkozy au pouvoir en 2007. On retrouve donc une logique gauche / droite dans l’opinion avec cet « affrontement ».
    Les clusters de gauche, y compris les plus modérés prennent fait et cause pour les revendications des syndicats. De même, les clusters populaires « antisystème » sont coalisés en faveur des revendications salariales.

L’Union des droites mobilise davantage que l’union des gauches

L’union des droites mobilise davantage que l’union des gauches

Le vent venu d’Italie souffle-t-il sur la droite française ? La victoire de la coalition dite de « centre-droit » largement acquise grâce au score élevé de sa frange la plus radicale – celle du mouvement Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni – pourrait trouver un écho en France. Si les leaders des trois partis principaux (Rassemblement National, Les Républicains et Reconquête) ne semblent pas tous d’accord sur une telle tactique, leurs électeurs semblent quant à eux majoritairement prêts à franchir le pas.

Dans l’ensemble de la population, 38% des Français interrogés disent « souhaiter que les droites (LR, RN, Reconquête) s’unissent lors des prochaines élections ». Si logiquement les électeurs de gauche sont très opposés à cette idée, les électeurs du RN et de Reconquête s’y montrent très favorables tandis que les électeurs Républicains font face à un clivage puissant qui les traverse depuis déjà un moment.

Une telle union satisferait en premier lieu les électeurs se positionnant le plus à droite : chez les Français se plaçant à 7 et plus sur une échelle de 0 à 10 (0 étant très à gauche et 10 très à droite), l’union est plébiscitée par plus de 80% des électeurs interrogés.            Ces électeurs se plaçant clairement à droite (7 sur 10 et plus) représentent 38% de notre échantillon. 22% se situent clairement à gauche (3 sur 10 et moins) et 41% se situent sur les positions centrales ou hors du clivage gauche/droite (note de 4 à 7 sur 10).

  • Les électeurs d’Éric Zemmour sont les plus déterminés à s’unir

Logiquement, ce sont les électeurs d’Éric Zemmour qui sont les plus favorables à une telle option. Le leader de Reconquête a établi cette stratégie bien en amont de sa campagne présidentielle. Selon lui, le pôle identitaire qu’il tente d’incarner se situe à droite et ce camp doit s’unir s’il veut gagner les élections. Il a même revendiqué vouloir représenter un nouveau RPR, exaltant la nostalgie d’une droite qui gagnait les élections et qui assumait une ligne supposée plus radicale que la droite actuelle sur les questions de frontières et d’identité.

Ainsi, l’union des droites fait quasiment l’unanimité chez les électeurs du 1er tour d’Éric Zemmour : 94% y sont favorables dont 75% « tout à fait » favorables.

  • Les électeurs de Marine Le Pen plus favorables à l’union que leur candidate

Marine Le Pen se veut quant à elle plus distante vis-à-vis de l’union de la droite. Elle a toujours réfuté un quelconque accord avec LR et même avec Reconquête, bien que celui-ci dispose d’un électorat largement compatible avec le sien. Plus globalement, le Rassemblement National dans un soucis de dédiabolisation a travaillé depuis bientôt deux décennies à s’extraire du champ de « l’extrême droite » et à endosser une posture plus transversale au-delà des clivages dans une rhétorique quasi gaulliste. Ce positionnement était également motivé par le fait que la composante la plus ouvrière de son électorat ne s’inscrit pas majoritairement dans une logique gauche/droite et provient même pour une part des rangs électoraux de la gauche. On peut considérer cette stratégie comme payante dans la mesure où son score n’a cessé de progresser grâce entre autres à la conquête de cet électorat populaire, déclassé qui lorsqu’on l’interroge refuse – pour plus de la moitié – de se situer à gauche ou à droite.  Cela concerne principalement les clusters Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes. Ces trois clusters comportent beaucoup d’ouvriers, d’inactifs, d’employés, de fonctionnaires de catégorie C. Ils sont à la fois sensibles à un discours social et demandeur de plus de fermeté face à l’immigration et à la délinquance.

Néanmoins, l’offre portée par Marine Le Pen et le RN touche également un électorat plus classiquement de droite, qui se situe encore dans ce clivage et qui jusqu’à 2017 réservait majoritairement ses voix aux candidats issus de l’UMP et de LR. On les retrouve en particulier dans trois clusters au sein desquels Marine Le Pen a sensiblement progressé entre 2017 et 2022 : les Conservateurs, les Anti-Assistanat et les Identitaires.

Comme notre sondage le révèle, cet électorat plus droitier comme son électorat populaire semblent aujourd’hui s’accorder sur cette stratégie d’union. Inspirés peut-être par la récente victoire du pôle identitaire italien mais également sans doute par la réussite relative de la NUPES qui a montré que l’union pouvait parfois se faire au profit de la composante la plus radicale (en l’occurrence LFI), 85% des électeurs de Marine Le Pen au 1er tour de la dernière présidentielle se disent favorables à une union des droites lors des prochaines élections.

  • Les Républicains pourront-t-ils survivre à de tels clivages au sein de leur électorat ?

L’élection présidentielle de 2022 a bien résumé les difficultés politiques des Républicains. La responsabilité supposée d’une mauvaise campagne de la part de Valérie Pécresse n’est en réalité que marginale par rapport à la puissance des clivages idéologiques qui traversent son électorat et que notre clusterisation révélait dès l’automne 2021. Les demandes hétérogènes de sa coalition électorale originelle conduisent Les Républicains à être pris en en tenaille entre le « centre macroniste », d’un côté, et le « pôle identitaire » incarné par RN et Reconquête, de l’autre. Comme le Parti Socialiste l’a fait avec la NUPES, les Républicains iront-ils jusqu’à une alliance avec le RN et Reconquête pour perdurer ?

Quoi qu’il advienne, notre sondage illustre les difficultés auxquelles font face Les Républicains : 48% des électeurs de Valérie Pécresse se disent favorables à une union des droites. Pour les 52% restants, on peut imaginer qu’une telle union serait un point de non-retour. Comment concilier dès lors ces deux faces de l’électorat républicain qui semblent évoluer en sens inverse ?

Pour mieux comprendre cet enjeu, il est utile de repartir la coalition électorale qui a porté au pouvoir Nicolas Sarkozy. Celle-ci se compose principalement de cinq clusters :
Les Centristes : Ils considèrent le vieux clivage gauche-droite comme dépassé et ont logiquement complètement adhéré à l’offre « macroniste » : plus de 80% d’entre eux ont voté pour le Président de la République lors du 1er tour de la présidentielle. Evidemment, il n’est pas question pour eux d’envisager une union des droites et ils la rejettent quasi unanimement à presque 90%.
Les Conservateurs :  Ils continuent en partie de se placer à droite lorsqu’on les interroge et sont partagés entre Macron et Le Pen. Ces électeurs plus âgés que la moyenne vivant fréquemment en ruralité sont clivés entre une demande de stabilité institutionnelle, économique, sociale qui amène une partie d’entre eux à choisir Emmanuel Macron et une forte demande d’autorité, de sécurité, de limitation de l’immigration, autant de thèmes qui favorisent plutôt Marine Le Pen. L’union des droites aurait tendance à venir un peu fédérer ces deux demandes, la notion « d’union » qui plus est avec LR, rassurant ces électeurs. 67% d’entre eux se disent ainsi favorables à l’union.    
Les Libéraux : Ils composent un électorat âgé, aisé et diplômé en forte demande de stabilité également. Sur le plan des valeurs, comme les autres clusters chrétiens plutôt âgés, ils adoptent des positions marquées par le conservatisme en matière sociétale et par le rejet du multiculturalisme. Très attaché à l’UE et à l’économie de marché, ils ont voté « utile » et ont choisi de se positionner significativement derrière le Président de la République en 2022, après avoir été le cœur de l’électorat de François Fillon en 2017. S’ils ont voté à 46% pour Emmanuel Macron, 20% sont, malgré tout, restés « fidèles » à l’offre de droite et ont voté en faveur de Valérie Pécresse. 11% ont choisi Éric Zemmour et 15% se sont tournés vers Marine Le Pen. Au sein de ce cluster, on se dit à 61% en faveur d’une union à l’italienne. C’est beaucoup pour un cluster qui rejette les solutions radicales et le « populisme ». Cela montre la force et la prééminence de la demande identitaire et sécuritaire y compris dans un cluster qui se montrait, jusqu’à présent, plus « modéré » dans son expression politique. A l’instar de Georgia Meloni, pour conquérir ce cluster, une union de la droite devra donner des gages sur le terrain de l’économie et se montrer favorable au marché, à la libre-concurrence et au maintien de la France au sein de l’UE.
Les Anti-Assistanat : Souvent retraités ou salariés du privé, c’est aussi le groupe qui comprend le plus de petits patrons, d’artisans et de commerçants. Sur le terrain idéologique les Anti-Assistanat sont hostiles aux aides sociales, très identitaires et demandeurs d’ordre et de sécurité. Ils se sont reconnus dans le Sarkozy de 2007 qui promettait de travailler plus pour gagner plus et de passer le « kärcher » dans les banlieues. Ils ont depuis quitté les rivages de LR et ont largement voté pour Marine Le Pen et le RN lors des derniers scrutins. S’ils ont toutes les caractéristiques de l’électorat qui a plébiscité Giorgia Meloni en Italie, ils ne sont pour l’instant « que » 58% à se déclarer favorables à l’union des droites.
Les Identitaires : Comme leur nom l’indique, ces électeurs se caractérisent par leur radicalité sur les questions d’immigration, de sécurité et d’islamisme. Comme les Anti-Assistanat, une partie notable continue de se positionner à droite dans le clivage gauche-droite, si bien que de nombreux Identitaires avaient choisi François Fillon en 2017. Mais comme les Anti-Assistanat ils ont pris fait et cause pour le RN en 2022, malgré la concurrence rude exercée par Éric Zemmour durant toute la campagne. Ce n’est que dans les dernières semaines que Marine Le Pen a affirmé son leadership au sein de ce cluster. Sans surprise, ils sont 83% à soutenir l’union des droites.

En somme, la demande d’ordre, de fermeté vis-à-vis de l’islamisme, de lutte contre l’immigration, de rejet du multiculturalisme, fédère l’ensemble des clusters de droite ainsi que les clusters populaires pro-RN. Si les divergences existent, en particulier concernant le rapport au système et les questions économiques, les convergences semblent aujourd’hui les plus fortes et l’on constate que les clusters de la droite traditionnelle et des partis identitaires sont majoritairement favorables à une union.

Un socle de gauche restreint

Parmi les 22% de Français interrogés se situant à gauche (note de 3 sur 10 et moins), l’union fait toujours recette. 80% d’entre eux se déclarent favorable à une union du PCF, du PS, de LFI et d’EELV, des partis qui se sont déjà mis d’accord aux dernières élections législatives dans le cadre de la NUPES. Ce sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui se montrent les plus favorables à l’union de la gauche, à 90%. Les électorats de Roussel, Hidalgo et Jadot sont partagés en deux blocs.

  • Une assiette électorale très resserrée

Cependant, l’enjeu principal pour la gauche n’est pas tant l’union de son électorat que la taille de cet électorat. En l’espèce, seuls 22% de Français – nous l’avons dit – se déclarent à gauche. Deux clusters seulement se disent majoritairement de gauche (6 pour la droite !) : Les Multiculturalistes et les Solidaires, deux clusters anti-élites et très à gauche économiquement, qui ont plébiscité Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Logiquement, ce sont ces deux clusters qui se disent le plus favorables à l’union de la gauche à 93% et 70%.

Troisième cluster à avoir massivement choisi Jean-Luc Mélenchon et la NUPES en 2022, Les Révoltés, ne se positionnent pas majoritairement à gauche mais optent pourtant systématiquement pour des offres issues de la gauche aux élections. Nombre d’entre eux sont issus de l’immigration et habitent dans les quartiers populaires. Ces électeurs peu politisés sont avant tout des « antisystème » qui prennent fait et cause pour le « peuple » face aux « élites ».

  • Les clusters de centre-gauche rejettent l’union

Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes sont deux clusters contenant beaucoup d’électeurs aisés, modérés sur l’axe économique et social et rétifs au « populisme ».
Ces deux clusters se positionnent majoritairement au centre ou centre gauche : un électeur sur deux au sein de ces clusters se placent à 4 ou 5 sur 10. Ces clusters plus centristes qui pourraient se tourner vers une union de la gauche la rejettent dans une part importante, et ce d’autant plus dans la mesure où sa composante principale – La France Insoumise – est aussi la plus « radicale ». Seuls 37% des Sociaux-Démocrates et 51% des Progressistes déclarent être favorables à l’union de la gauche.
Lors des derniers scrutins, ces deux clusters ont ainsi été partagés entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon puis entre la majorité présidentielle et la NUPES. Ils ont également voté substantiellement pour des offres « Divers gauche », démontrant l’insatisfaction politique de ces clusters qui ne se reconnaissent pleinement ni dans la NUPES ni dans la ligne portée par le Président de la République. Convaincre ces deux clusters de centre-gauche paraît indispensable pour la gauche si elle souhaite apercevoir un horizon majoritaire.

  • Les clusters populaires ni de droite ni de gauche penchent plutôt du côté identitaire

Quant aux clusters populaires Réfractaires et Sociaux-Patriotes, ils se positionnent très largement entre 4 et 6 sur 10, démontrant leur décalage vis-à-vis du clivage gauche/droite. Ces deux clusters comportent beaucoup d’ouvriers et d’employés. Leur système d’opinion est assez similaire : ils sont du côté du salariat et favorables à la taxation des plus riches, « antisystème » et dans des degrés différents, favorables à davantage de fermeté face à l’immigration. Pour toutes ces raisons, ils se sont tournés vers Marine Le Pen et le RN. Pour autant, ils ont opté pour Jean-Luc Mélenchon et la NUPES en deuxième choix démontrant les minces possibilités pour la gauche de concurrencer le RN sur ces segments.

Toutefois, ces deux clusters se positionnent davantage pour une union des droites que pour une union des gauches, ce qui laisse à penser qu’en cas d’unification des blocs, l’écart se creuserait au profit de l’union des droites, en particulier si le Rassemblement National en était le moteur principal.

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La Coupe du Monde au Qatar cristallise les contestations

Une majorité de Français favorables au boycott de la Coupe du Monde

61% des Français interrogés déclarent être d’accord – dont 43% « tout à fait d’accord » – avec l’affirmation : « l’Equipe de France devrait boycotter la Coupe du Monde au Qatar ». Les plus favorables au boycott sont les clusters de « l’arc contestataire » : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés d’une part et Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes d’autre part. Ces clusters sont à la fois les plus populaires et les plus antisystèmes.

A l’inverse, les Français les plus défavorables au boycott se trouvent dans les clusters aisés et élitaires : Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes et Libéraux.

57% des électeurs d’Emmanuel Macron et 52% des électeurs de Valérie Pécresse sont opposés au boycott.

69% des électeurs de Marine Le Pen et 76% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont favorables au boycott.

Un régime religieux contesté

55% des Français interrogés pensent qu’il n’est pas normal « que les supporters occidentaux s’adaptent aux mœurs en vigueur au Qatar ».

Deux clusters qui penchent à gauche font partie des plus opposés : 61% des Multiculturalistes et 64% des Sociaux-Démocrates affirment ainsi que les supporters ne doivent pas s’adapter aux mœurs qataries. Les raisons sont autant sociales qu’idéologiques : Il s’agit de clusters favorables à une forme d’universalisme.

Les Sociaux-Patriotes et les Anti-Assistanat sont également très opposés aux mœurs qataries. Pour ces deux clusters hostiles à l’islam, le régime qatari apparaît comme proche des fondamentalistes.

Une première Coupe du Monde dans un pays musulman, un beau symbole ?

39% des Français interrogés pensent que c’est un « beau symbole » que la Coupe du Monde se déroule pour la première fois dans un pays musulman. Seulement 10% sont « tout à fait d’accord » avec cette affirmation contre 35% « tout à fait en désaccord ».

C’est l’image renvoyée par le Qatar et son régime qui posent problème. Si bien que même au sein des clusters les plus tolérants (Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates et Progressistes) l’affirmation clive les électeurs en deux blocs : la moitié des membres de ces clusters refusant d’y voir un symbole positif.
Parallèlement, dans les clusters identitaires et conservateurs (Libéraux, Sociaux-Patriotes, Anti-Assistanat et Identitaires), la majorité est plus claire. Plus de 74% des interrogés refusent d’y voir un « beau symbole ».

Les Français favorables à un « boycott présidentiel »

Une large majorité de français déclarent être opposés à ce que le Président de la République se rende au Qatar pendant la Coupe du Monde, comme le veut pourtant la tradition pour ce genre d’évènement, a fortiori si l’équipe de France se révèle performante et va loin dans la compétition.

3 Français sur 4 déclarent en effet être d’accord avec l’affirmation « Le Président de la République française ne doit pas se rendre au Qatar pendant la Coupe du Monde ». 55% se disent même « tout à fait d’accord » avec cette affirmation.

Vous trouverez le détail de l’analyse de cette question sur le site du Point pour lequel nous avons réalisé cette enquête.

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