Sondages

Stade

Sport, Football, Joueurs : qu’en pensent les Français ?

Sport et clivages idéologiques : Qui regarde quoi ? Qui supporte qui ?

  • Le football demeure le sport le plus populaire avec 42% de répondants qui disent le suivre « de temps en temps » ou « régulièrement » dans les media. Le rugby et le tennis arrivent juste derrière avec 39% de fans. On trouve de fortes disparités locales liées aux histoires et aux traditions de chaque Région. Ainsi le foot est le sport le plus suivi dans le Grand-Est, les Hauts-de-France et en Normandie mais il est largement devancé par le rugby en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine.
  • En termes d’appartenance idéologique, les amateurs de foot sont les plus transversaux : on y retrouve 47% de Sociaux-Démocrates et 48% de Libéraux : deux clusters modérés de centre-gauche et centre-droit. Le foot est le sport favori des Multiculturalistes, cluster radical de gauche avec 44% de fans. Le Rugby a une répartition moins transversale avec moins de citoyens de gauche qui déclarent le regarder. Les clusters les plus friands de rugby sont les Centristes, les Libéraux, les Conservateurs, les Réfractaires et les Eurosceptiques. Les trois premiers sont plutôt des clusters modérés pro-Macron et les deux derniers des clusters très populaires qui votent Marine Le Pen.
    En termes d’électorat, les électeurs d’E. Macron et ceux de V. Pécresse sont ceux qui déclarent le plus suivre le sport quel qu’il soit. Cela dénote un clivage générationnel : ce sont les plus âgés qui suivent le plus le sport dans les media.
  • Le suivi médiatique du sport demeure genré : les hommes suivent à 58% le foot contre « seulement » 29% de femmes. Seul le tennis est à peu près égalitaire (42% d’hommes vs 36% de femmes). De même, demeure un clivage d’âge, les plus de 65 ans restent les premiers spectateurs de sport, hormis pour le football, qui est également bien suivi chez les jeunes. Socialement, le foot est également le plus homogène : 54% des ouvriers disent le suivre, tout comme 46% de cadres et professions intellectuelles. Le rugby est davantage suivi par les retraités et le tennis par les cadres et professions intellectuelles supérieures.

PSG : club préféré des français (surtout des plus aisés)

  • Parmi ceux qui déclarent avoir un club de foot préféré, le Paris-Saint-Germain arrive en tête avec 21% de supporters juste devant l’Olympique de Marseille avec 19%. L’Olympique Lyonnais arrive 3eme avec 9% de supporters.
  • Le PSG rassemble des supporters très opposés idéologiquement mais assez homogènes sur le plan économique. Club préféré des Sociaux-Démocrates, des Centristes et des Libéraux, ces trois clusters rassemblent les français les plus aisés de notre clusterisation et sont très favorables au Président de la République. Le PSG est également le club préféré des Anti-Assistanat et des Identitaires, deux clusters qui se revendiquent de droite, très opposés à l’immigration avec des positionnements plutôt élitaires et libéraux sur le plan économique.
  • L’OM a un socle plus populaire. Tout d’abord l’OM est le club préféré de trois clusters de gauche sur quatre : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Progressistes. Les deux premiers clusters sont très radicaux, très « anti-système » et favorable à la redistribution économique. Une grande majorité d’entre eux a voté pour Jean-Luc Mélenchon. L’OM est également le club préféré des trois clusters qui comportent le plus d’ouvriers et d’employés non diplômés : les Eurosceptiques, les Réfractaires et les Sociaux-Patriotes. Trois clusters très anti-élites, très sociaux et plutôt anti-immigration. Une partie sensible d’entre eux votent Rassemblement National. Une partie moins importante s’est tournée vers la NUPES aux législatives. Enfin, l’OM est également le club préféré des Conservateurs, cluster plus âgé et plus rural de classe moyenne qui vote plutôt à droite.
  • Enfin, on perçoit la filiation entre certains clubs et leur territoire consacrant ainsi des enjeux de suprématie locale. L’OM est ainsi le club préféré des habitants de PACA avec 62% de supporters. Le PSG bien qu’il ait un ancrage géographique moindre, dispose de 42% de supporters chez les habitants d’Ile de France. Dans les Hauts-de-France, Lens devance Lille de deux points : 27% de supporters contre 25%. En Auvergne Rhône-Alpes, les Lyonnais dont le palmarès récent a conquis le cœur de nombreux français devancent leurs rivaux Stéphanois avec 39% de supporters contre 14%.

Les français votent « Zizou » à l’unanimité

  • Interrogés sur leurs trois joueurs préférés, les Français ont placé Zinédine Zidane largement en tête, loin devant Platini, Pelé et M’Bappé (joueur en activité préféré des français). Sans surprise, c’est surtout chez les plus de 50 ans que Michel Platini recueille de nombreux soutiens, faisant presque jeu égal avec Zizou chez les retraités. Killian M’Bappé est lui plébiscité par les moins de 35 ans qui le placent 2eme derrière Zidane.
  • Les tensions identitaires qui traversent le pays se retrouvent dans ce classement. On voit notamment que Karim Benzema est très soutenu dans des clusters « mélenchonnistes » (Multiculturalistes, Révoltés) ou de gauche culturelle (Progressistes) avec un taux de soutien entre 10 et 20%. Il est beaucoup moins apprécié par les clusters plus hostiles aux immigrés et à l’islam : les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat et les Identitaires qui sont à peine 4% à le citer parmi leurs trois joueurs préférés. A l’inverse, Olivier Giroud qu’on a longtemps opposé à Karim Benzema dans le débat public, peut compter sur une base de soutien forte dans les groupes identitaires : il obtient ainsi 18% de soutient chez les Sociaux-Patriotes et 16% chez les Identitaires. On retrouve donc logiquement un fort niveau de soutien à Benzema parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron : 32% et 31% et a contrario un fort niveau de soutien en faveur Giroud chez les électeurs de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour : 38% et 23%.
    Notons que le joueur préféré des électeurs de Jean-Luc Mélenchon est N’Golo Kanté qui récolte 42% de soutien parmi eux.

Cluster17 est le résultat d’un travail scientifique de plusieurs années qui a permis de créer un outil de sondages et une méthode d’analyse testée auprès de dizaines de milliers de personnes sur l’ensemble du territoire. Cette approche repose sur une segmentation inédite de la société française en 16 groupes homogènes : les Clusters. Ces derniers permettent une analyse plus fine de la société et sont au centre de notre production d’études d’opinion. Pour tout comprendre aux clusters et faire le test : https://cluster17.com/

Sondage Cluster17 / Il Fatto Quotidiano – Elections générales italiennes 2022

La coalition de centre-droit largement en tête, le M5S atteint 14%

  • La coalition de centre-droit demeure largement en tête des intentions de vote : 44,8% contre 27,4% pour la coalition de centre-gauche.
  • Fratelli d’Italia est de loin la force dominante de la coalition de centre-droit : 24,4% VS 11,3% pour la Lega.
  • Le Partito Democratico est le second parti (20,8%) au sein d’une coalition de centre-gauche où les autres forces politiques n’atteignent jamais les 4%.
  • A noter le fait que le M5S atteint les 14% et constitue la 3ème force partisane du pays.
  • Azione e Italia Viva sont proches des 7%.

L’analyse des transferts de voix entre les politiche de 2018 et celles de 2022 permet de mieux comprendre le succès du centre-droit et tout particulièrement de Fratelli d’Italia dans les sondages.

  • Pour commencer, FdI est la force qui fidélise le mieux ses électeurs de 2018 (à hauteur de 74%).
  • Mais surtout FdI parvient à capter une part importante du vote leghista de 2018 (44%) et de celui en faveur de Forza Italia (38%). C’est donc principalement au détriment de ses deux principaux alliés que FdI progresse.
  • Le parti de Giorgia Meloni parvient également à capter une proportion significative des électeurs du M5S de 2018 : 17%.
  • A l’inverse, ses deux alliés, Lega et FI, ne parviennent non seulement pas à élargir leur base de 2018, mais perdent, on vient de l’évoquer, une part importante de celle-ci au bénéfice de FdI.

Au regard de ces mouvements électoraux, le PD est la force qui s’en sort actuellement le mieux : le parti de centre-gauche parvient à conserver une large majorité de ses électeurs de 2018 (68%), tout en captant près de la moitié des électeurs de Liberi e Uguali (46%) et 14% de ceux du M5S.

Le recul de ce dernier s’explique par son incapacité à conserver les électeurs de 2018 : seuls 46% d’entre eux s’apprêtent à voter à nouveau pour le M5S. Les pertes, on l’a vu, se font sur le centre-droit et, en particulier FdI, mais aussi le PD.

Quant à Azione/Italia Viva, la plupart de ses voix proviennent du PD et dans une bien moindre mesure du M5S et de FI.

Les jeunes votent plus pour le centre-gauche et le M5S et moins pour la coalition de centre-droit.

  • Chez les 18-24 ans, le PD arrive en tête suivi du M5S, puis d’Azione et d’Europa Verde/Sinistra.
  • Chez les 25-34, c’est le M5S qui est en tête, suivi de FdI, du PD et d’Azione.
  • Dans les classes d’âge moyennes (35-64 ans), c’est FdI qui est en tête. A noter que la Lega fait ses meilleurs scores parmi les 35-49 ans. La coalition de centre-gauche est particulièrement faible dans ses classes d’âge qui correspondent aux actifs. C’est bien au sein de ces classes d’âge que se fait aujourd’hui la différence entre centre-droit et centre-gauche.
  • Parmi les séniors (plus 65 ans), le PD est largement en tête suivi de FdI.

Les ouvriers votent pour le centre-droit ou pour le M5S. A elles-seules, les trois principales forces de la coalition de centre-droit captent 58,5% du vote ouvrier.

Le vote des employés présente une orientation assez similaire : 48% pour le centre-droit et 14,5% pour le M5S.

La coalition de centre-gauche est particulièrement faible dans les milieux populaires (seulement 11,5% chez les ouvriers). Son incapacité à produire une offre politique ajustée à ces milieux populaires qui représentent près de 30% de l’électorat est l’une des causes de sa faiblesse électorale actuelle.

Le PD est particulièrement fort chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, ainsi que parmi les retraités et dans une moindre mesure les professions intermédiaires. Cette sociologie qui correspond aux classes moyennes et supérieures diplômées ainsi qu’aux catégories les plus âgées est tout à fait typique de la gauche modérée et du centre aujourd’hui en Europe.

C’est aussi dans ces segments et parmi les inactifs (en général des étudiants) qu’Europa Verde/Sinistra réalise ses meilleurs scores.

Le M5S a un électorat plus populaire : il réalise ses meilleurs résultats parmi les travailleurs autonomes (commerçants, artisans, chefs d’entreprise), les ouvriers et les inactifs (étudiants et femmes au foyer).

Enfin, il est intéressant de souligner que FdI a un électorat particulièrement trans-classe : le parti de Meloni réalise des scores proches de sa moyenne dans toutes les catégories sociales, sauf parmi les inactifs, en raison de sa relative faiblesse au sein de la jeunesse.

L’analyse par classes de revenus donne des résultats convergents.

  • Le M5S attire en priorité des électeurs disposant de faibles revenus.
  • A l’inverse, le PD mais aussi Azione e Italia Viva sont surreprésentés au sein des foyers disposant de revenus élevés, ce qui confirme que le centre-gauche et le centre recrutent leurs électeurs en priorité parmi les classes moyennes et supérieures.
  • Sur le plan des revenus, l’électorat de centre-droit se caractérise par sa diversité. C’est tout particulièrement vrai de FdI dont les électeurs appartiennent à toutes les catégories de revenus, à l’exception des strates les plus hautes où le parti de Meloni réalise des scores un peu plus faibles que sa moyenne.

Dans son rapport à la religion, l’électorat italien se divise aujourd’hui en trois groupes :

  • Une majorité se déclare « croyante mais non pratiquante » (52%), un cinquième environ « croyant et pratiquant » (21%) et un gros quart « non croyant » (27%).

Les catholiques comme les non-croyants sont présents dans tous les électorats, mais certaines logiques transparaissent. Le centre-droit peut être considéré comme une coalition reposant majoritairement sur un arrière-fond culturel catholique.

  • Chacune des forces de la coalition obtient presque deux fois plus de voix parmi les « croyants et pratiquant » que parmi les « non croyants » : 23,2% contre 12,7% pour FdI, 13% contre 7% pour la Lega et 10,9% contre 5% pour FI.
  • La situation est exactement opposée pour la gauche radicale et le M5S : deux à trois fois plus forts chez les « non-croyants » que les chez « croyants et pratiquants ».
  • Les forces du centre et du centre-gauche (dont le PD) combinent une composante catholique importante (sans doute héritée de la DC) et une composante non-religieuse de dimension comparable.
Travail,-salaire,-assistanat,-quels-sont-les-clivages-RL

Travail, salaire, assistanat : quels sont les clivages qui traversent l’opinion ?

Alors que le Gouvernement prépare une réforme de l’assurance-chômage à la rentrée, nous avons interrogé les Français sur leur rapport au travail et à l’argent.

  • Travail nécessité VS Travail liberté : la permanence d’un clivage de classe

Le rapport au travail est fortement déterminé par la situation économique des répondants. Les clusters les plus aisés : Sociaux-Démocrates, Centristes et Libéraux, qui forment un axe modéré favorable au Président, sont les trois clusters qui partagent le plus l’affirmation selon laquelle « Le travail est une valeur essentielle permettant aux individus de s’épanouir ». Les Anti-Assistanat et les Identitaires, deux clusters de droite conservatrice partagent également pour une relative majorité d’entre eux cette idée. A l’inverse les électeurs plus radicaux et/ou populaires de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen qu’on retrouve dans les clusters Multiculturalistes, Révoltés, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes sont une large majorité à affirmer que « Le travail est juste un moyen pour subvenir à ses besoins ».

Si cette question fait ressortir un clivage de classe, les autres questions de notre enquête font davantage ressortir un clivage de nature idéologique.

  • Travail VS coût de la vie : un déséquilibre qui confine à l’urgence

Tout d’abord, la quasi-totalité de notre échantillon (93%) est d’accord avec le fait que « Le travail ne paie pas assez par rapport au coût de la vie ». Un tel score montre les difficultés que traverse la plupart des Français pour assurer un niveau de vie en lien avec leurs revenus. Les clusters populaires, qu’ils votent plutôt Jean-Luc Mélenchon (Multiculturalistes, Révoltés, Solidaires) ou plutôt Marine Le Pen (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes) sont logiquement ceux qui semblent le plus en attente de hausses de salaire. On peut parler pour ces clusters d’urgence sociale, comme le laissait déjà voir notre étude sur l’inflation au mois de juillet (https://cluster17.com/les-francais-face-a-linflation/).

  • Salaire VS allocations : Une ligne de clivage idéologique et des clusters populaires divisés

L’affirmation « En France, on s’en sort plus facilement avec les revenus des allocations qu’avec un salaire » clive parfaitement l’opinion en deux blocs : 50% sont d’accord et 50% sont en désaccord. Les électeurs d’Éric Zemmour, de Marine Le Pen et de Valérie Pécresse partagent cette affirmation à plus de 69%. Les plus de 75 ans et les retraités également à plus de 60%. En termes de clusters, on voit se dessiner un clivage de nature idéologique fracturant le pays en deux. Les Multiculturalistes, les Sociaux-Démocrates, les Progressistes, les Solidaires, les Centristes, les Révoltés, les Apolitiques sont dans leur majorité en désaccord. En face, les Conservateurs, les Libéraux, les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat et les Identitaires sont majoritairement d’accord.

On voit que l’électorat du Président de la République est clivé sur cette question : les Centristes, les Sociaux-Républicains et les Sociaux-Démocrates, soit le flanc modéré de centre et centre-gauche, ne partagent pas les mêmes positions que les Libéraux et les Conservateurs qui constituent la fraction de droite de sa coalition.

Au contraire, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et plus généralement la gauche est tout à fait rassemblée contre cette affirmation qui peut être perçue comme une dénonciation de l’«assistanat ».

L’électorat de Marine Le Pen est quant à lui clivé. Les trois clusters populaires (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes), composés de nombreux ouvriers et d’employés peu diplômés qui votent massivement pour elle (et qui sont une majorité dans nos enquêtes à ne pas se reconnaître dans le clivage gauche / droite) se positionnent ici avec la « droite » mais dans une majorité très relative. Cela peut être interprété en deux sens : à la fois leur salaire est trop bas et à la fois les allocations sont trop hautes, donc trop peu différenciantes de leur niveau de vie. Il s’agit sans doute autant d’un manque de reconnaissance du travail par le salaire que d’une forme d’injustice ressentie vis-à-vis des bénéficiaires des allocations, dans des groupes où le niveau de salaire est parfois inférieur à un SMIC à temps plein.

Nous avons testé deux autres mesures volontairement clivantes pour mettre en exergue ces clivages :

1/ « Il faut supprimer les allocations chômage au bout de 6 mois sans activité » : 32% des français interrogés sont d’accord et 68% en désaccord.

Nous retrouvons ici la même répartition que dans la question précédente. Seuls les clusters qui se positionnent à droite et qui votaient jadis pour l’UMP et LR sont majoritairement d’accord : les Conservateurs, les Libéraux, les Anti-Assistanat et les Identitaires. L’ensemble des autres clusters sont assez largement en désaccord, y compris les Centristes, ce qui démontre à quel point il serait difficile pour Emmanuel Macron de préserver l’équilibre de sa coalition si des mesures trop « radicales » venaient à être prises.

2/ « Supprimer le RSA aux allocataires s’ils ne travaillent pas 12h par semaine en contrepartie » : 56% des français interrogés sont d’accord et 44% sont en désaccord

Cette mesure fait davantage consensus et fait apparaître une majorité d’opinion. Les Centristes sont ici majoritairement d’accord. Les Apolitiques et les Sociaux-Républicains, deux clusters modérés, sont également majoritairement d’accord avec cette mesure.
De même, les Réfractaires basculent avec la majorité. Les Sociaux-Patriotes et les Eurosceptiques sont quant à eux très clivés, quasiment à 50-50. Le clivage qui traverse ces trois clusters populaires montre qu’il existe à la fois un risque pour Emmanuel Macron à cliver fortement sur des mesures qui peuvent paraître impopulaires mais également les difficultés pour Marine Le Pen à se positionner dans la mesure où sa base est profondément clivée sur ces enjeux. Les électorats d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse sont quant à eux très favorables à un durcissement des conditions d’attribution du RSA et des allocations.

Pour la gauche, les choses sont plus « simples » : l’ensemble de sa base électorale – qu’elle soit radicale (Multiculturalistes, Solidaires, Révoltés) ou modérée (Sociaux-Démocrates, Progressistes) – est en opposition avec la mise en place de telles mesures. Les débats qui s’amorcent au Parlement constituent ainsi l’occasion pour les partis membres de la NUPES de tenter de « récupérer » une partie des Sociaux-Démocrates et des Progressistes qui continuent d’adhérer sensiblement à l’action du Président de la République mais pourraient se trouver en porte-à-faux si des mesures perçues comme « anti-redistributives » ou « anti-assistanat » venaient à être adoptées.

Baromètre des personnalités politiques

Baromètre des personnalités politiques N°5

Emmanuel Macron demeure la personnalité politique la plus soutenue, Edouard Philippe le plus sympathique

Chaque mois, nous publions un baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

A l’image du mois de juillet, le mois d’août n’a pas entraîné de grandes variations dans l’opinion. Le climat de stabilité relative dans laquelle l’Assemblée Nationale a clôturé ses travaux permet au Président et à la Première Ministre de conserver un niveau de soutien relativement bon. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon conservent quant à eux la deuxième et la troisième place. Malgré cette apparente stabilité, nous observons quelques variations au sein des clusters.

Emmanuel Macron progresse dans les deux clusters de gauche modérée. Chez les Sociaux-Démocrates, avec 30% de soutien (+6), il demeure en tête devant sa Première Ministre et Jean-Luc Mélenchon. Le classement au sein de ce cluster montre les tiraillements qui le traversent entre l’attrait d’un côté pour la stabilité incarnée par le Président et un désir de justice sociale incarnée par Jean-Luc Mélenchon. On comprend dès lors pourquoi la NUPES et Ensemble se sont partagés les votes de ce cluster lors des élections législatives. On retrouve les mêmes disparités au sein des Progressistes. Emmanuel Macron demeure le plus soutenu avec 32% de soutien (+6) devant sa Première Ministre, Yannick Jadot et François Ruffin.
Sur sa droite, Emmanuel Macron demeure la personnalité la plus soutenue par les Libéraux à 36% (+11) devant Edouard Philippe. Il perd cependant la tête du classement au sein du cluster des Conservateurs au profit de Marine Le Pen. C’est un cluster qui est tiraillé entre une demande de stabilité qui profite à Emmanuel Macron et une volonté de fermeté sur l’immigration et la sécurité qui profite à Marine Le Pen. Cette dernière avait d’ailleurs progressé au sein de ce cluster relativement modéré au 1er tour de la présidentielle.

Au sein des autres clusters-phares de sa coalition électorale, Marine Le Pen conserve un haut niveau de soutien et une large avance sur ses concurrents. En particulier dans les clusters populaires Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes, mais également dans un cluster plus « droitier » celui des Anti-Assistanat. Au sein des Identitaires, elle est en tête avec 44% de soutien devant Éric Zemmour à 40%.

Jean-Luc Mélenchon reste la personnalité politique la plus soutenue par les Multiculturalistes au sein desquels il obtient 71% de soutien, loin devant François Ruffin à 47%.
Chez les Solidaires – autre cluster très à gauche sur le plan économique – qui l’a massivement soutenu à la présidentielle, il est en tête, à égalité avec François Ruffin. Il demeure également en tête chez les Révoltés, cluster le plus « antisystème » de notre segmentation.

Enfin, au classement de la sympathie, l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe demeure assez largement en tête devant Fabien Roussel et Philippe Poutou.

Baromètre des personnalités politiques

Baromètre des personnalités politiques N°4

Un mois de juillet favorable à l’exécutif

Les deux figures de l’exécutif connaissent ce mois-ci une progression de leur soutien dans l’opinion. Emmanuel Macron reprend même la tête de notre classement avec 17% de soutien. Derrière lui, le classement reste inchangé, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen demeurent sur le podium. Jordan Bardella, nouvellement testé dans notre baromètre s’immisce à la 7ème place avec un solide socle de 10% de soutien.

Emmanuel Macron reprend la tête du classement, Elisabeth Borne en hausse

Le Président de la République et la Première Ministre étaient sortis affaiblis de la séquence législative. Cela s’était matérialisé par une baisse dans l’opinion le mois dernier. L’absence de majorité à l’issue des législatives avait désarticulé l’électorat de la majorité présidentielle. Les premières semaines de travail parlementaire semblent plutôt inverser cette tendance baissière. Emmanuel Macron reste ainsi en tête dans la moitié des clusters. La transversalité de son positionnement ne semble pas s’être altéré. Bien qu’il soit légèrement en baisse sur son aile gauche, chez les Sociaux-Démocrates (-1) et les Progressistes (-6), il progresse dans le cœur de son électorat initial, les Centristes (+8), les Apolitiques (+8), les Eclectiques (+12) et sur son aile droite chez les Conservateurs (+10). Il profite certainement de l’absence d’alternative sur ces segments de l’opinion très modérés. Mais également de la menace relativement faible opérée par l’opposition sur sa politique, en témoigne la motion de défiance portée par la NUPES qui n’a pas abouti. La Première Ministre profite également de ce contexte favorable ; elle retrouve la 6ème place de notre classement avec 10% de soutien et une progression dans le cœur électoral du « macronisme ».

Les leaders des trois pôles restent inchangés

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon demeurent en tête de leurs coalitions respectives. Leur situation politique se caractérise par une extraordinaire stabilité ; ils sont égalité à nouveau ce mois-ci avec 15% de soutien. Ils bénéficient tous deux d’un noyau dur fidèle qui leur a chacun permis de faire un bon score au 1er tour de l’élection présidentielle mais aussi d’un fort niveau de rejet, à plus de 50% qui ne leur permet pas d’étendre leur coalition et de former une alternative majoritaire à Emmanuel Macron.

La députée RN conserve le soutien inaltérable de cinq clusters : la frange la plus populaire constituée par les Réfractaires, les Sociaux-Patriotes et les Eurosceptiques et une frange plus « droitière » constituée par les Anti-Assistanat et les Identitaires. Elle arrive en tête de chacun de ses clusters. Elle bénéficie également du soutien de 18% de Conservateurs, ce qui la place 2ème dans ce cluster, derrière le Président. Demeure pour elle l’enjeu de séduire un électorat plus modéré, issu des Républicains, comme en témoigne sa stratégie de banalisation à l’Assemblée Nationale.

Jean-Luc Mélenchon, qui s’est mis légèrement en retrait au mois de juillet conserve son leadership dans les clusters de la gauche « radicale » : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. Son leadership semble inaltérable dans ces trois clusters « antisystèmes » et « égalitaires ». Il dispose du soutien de 72% des Multiculturalistes, cluster névralgique de la gauche, le plus volumineux et un de ceux qui s’abstient le moins. Un tel niveau de soutien dans ce cluster constitue une forme « d’assurance-vie ». A contrario, Jean-Luc Mélenchon peine à conquérir la frange la plus modérée de l’électorat de gauche ; il demeure à 11% de soutien chez les Sociaux-Démocrates avec 61% de rejet. Aucune personnalité issue de la NUPES, qu’elle provienne de LFI, du PS, du PCF et d’EELV ne parvient d’ailleurs à percer dans ce cluster élitaire, diplômé, en demande de réformes sociales mais rétif à la radicalité et au « populisme ».

Bardella, Ruffin, Philippe, leaders politiques en embuscade

Si chacun des trois pôles issus de la présidentielle est captée par trois leaders solidement ancrés dans le paysage politique, trois « dauphins » potentiels les suivent d’assez près dans le classement.

Edouard Philippe semble aujourd’hui être le deuxième homme de la majorité présidentielle. Il est fort dans l’ensemble des clusters « macronistes », bien qu’il souffre d’une image plus à droite que le Président de la République, et est ainsi plus soutenu par « l’aile droite » de la majorité constituée des Conservateurs et des Libéraux que par « l’aile gauche » composée des Sociaux-Démocrates et des Progressistes. Surtout, l’ancien Premier Ministre dispose d’un fort « capital sympathie » : 40% des Français éprouvent de la sympathie pour lui ou le soutiennent et seulement 29% éprouvent du rejet.

Du côté du pôle identitaire, Jordan Bardella qui est candidat à la succession de Marine Le Pen à la tête du Rassemblement National semble être un solide dauphin. Il est la deuxième personnalité la plus appréciée des trois clusters « sociaux-identitaires » phares du RN : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes. Dans le cluster Identitaires, il est 3eme, juste derrière Éric Zemmour et Marine Le Pen avec 34% de soutien et un haut niveau de notoriété malgré son jeune âge.

Enfin, du côté du pôle « social-écolo », François Ruffin dispose d’un fort niveau de soutien dans les clusters « mélenchonistes ». Il le seconde dans ses trois clusters phares : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés mais demeure lui aussi trop faible dans la partie plus modérée de la gauche. Adrien Quatennens dispose lui aussi d’un haut niveau de soutien dans ces clusters. Yannick Jadot, qui est resté à distance de l’alliance nouée à gauche dispose lui d’un bon niveau de soutien dans les clusters de gauche modérée Sociaux-Démocrates et Progressistes. Quant à Fabien Roussel, il est une des personnalités qui génère le plus de sympathie dans l’opinion mais il dispose d’un niveau de soutien politique qui reste relativement faible.

Habitudes des français pendant les vacances d’été

Les différentes familles politiques passent des vacances d’été très différentes : certaines ont les moyens de voyager, d’autres pas, certaines se font héberger chez des amis ou pratiquent le camping quand d’autres
vont dans leur résidence secondaire en bord de mer, certaines font du sport quand d’autres préfèrent bronzer à la plage, certaines prennent un spitz à l’apéritif quand d’autres restent fidèles au pastis.
Si l’on part en vacances avec un petit budget, que l’on va au camping, que l’on apprécie tout particulièrement faire la sieste et boire un verre de porto en regardant Camping Paradis, les chances que l’on soit Eurosceptique et électeur de Marine Le Pen sont élevées.
Tandis que si l’on passe ses vacances en bord de mer, dans sa résidence secondaire en buvant du Spritz ou du Whisky en regardant le Bureau des légendes, il y a de fortes chances que l’on soit Centriste ou Libéral et que l’on ait voté Macron ou dans une moindre mesure Pécresse à l’élection présidentielle.
Pendant ce temps, les Multiculturalistes – le cluster le plus mélenchoniste – passent leurs vacances en étant hébergés chez des amis, font des visites culturelles, regardent Peaky Blinders et partagent parfois le soir une Téquila.

Points saillants du sondage sur les vacances des différentes familles politiques

• Ce sondage a été réalisé sur un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 2008 personnes interrogées entre le 20 et le 23 juillet 2022 (cf. notice technique).
• Premier enseignement : 44% des Français ne partiront pas en vacances cet été.
• Seuls 24% partiront plus de deux semaines.
• 78% de ceux qui partent en vacances restent en France contre 27% qui iront à l’étranger (total supérieur à 100 car il est possible de partir en France et à l’étranger).
• Les principales destinations étrangères sont au sud de l’Europe : Espagne (23%), Italie (20%) et Grèce (9%) sont les trois pays les plus visités. La douceur de vivre et le soleil méditerranéens sont clairement plébiscités.
• Parmi les 44% qui ne partiront pas en vacances, plus de la moitié (56%) déclarent que c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens de le faire.

Les différentes familles politiques ont des chances très inégales de partir en vacances

Les clusters macronistes sont ceux qui partent le plus en vacances

Les Centristes sont le groupe qui part le plus en vacances cet été : 75%. Dans ce groupe ne pas partir est le plus souvent un choix : seuls 6% des Centristes déclarent ne pas partir pour des raisons financières.
Suivent les Libéraux qui partent en vacances pour 71% d’entre eux, puis les Sociaux-Démocrates et les Progressistes qui dans les deux tiers des cas (66%) partent en vacances cet été.
Il est très intéressant de constater que ces 4 sensibilités politiques (clusters) – qui couvrent l’ensemble de l’axe gauche/droite – sont celles qui ont le plus voté en faveur d’Emmanuel Macron au premier tour de
la dernière élection présidentielle.
La France macroniste est une France qui part en vacances ou qui, lorsqu’elle reste chez elle, le fait par choix et non sous la contrainte financière.

Les clusters lepenistes partent peu en vacances

Si la France qui a voté Emmanuel Macron peut s’offrir des vacances, celle qui a voté Marine Le Pen reste majoritairement chez elle pendant l’été.
Les clusters de la coalition électorale de Marine Le Pen sont ceux qui partent le moins : plus de la moitié des Réfractaires et des Sociaux-Patriotes, 62% des Anti-Assistanats, 66% des Conservateurs et même
78% des Eurosceptiques ne partent pas en vacances. Dans tous ces groupes, Marine Le Pen est arrivée – souvent largement – en tête lors du premier tour de l’élection présidentielle.
Ne pas partir en vacances est dans la grande majorité des cas un non-choix : 67% des électeurs lepénistes qui ne partent pas en vacances invoquent des motifs financiers (contre 30% seulement des
électeurs d’Emmanuel Macron).
Le clivage Macron/Le Pen oppose assez largement une France qui peut s’offrir des vacances VS une France contrainte de rester chez elle l’été faute d’avoir les moyens de partir.

La coalition melenchoniste est la plus hétérogène en terme de vacances estivales

Elle se situe dans un entre-deux entre la France macroniste et la France lepéniste.
Le socle du mélenchonisme repose sur trois clusters : parmi eux, un groupe qui part beaucoup en vacances et deux groupes qui partent peu. Les Multiculturalistes – un cluster relativement jeune, diplômé,
de classe moyenne urbaine – part fréquemment en vacances, tandis que les Solidaires (surreprésenté parmi le petit salariat syndiqué) et, plus encore les Révoltés (surreprésentés dans les quartiers de grands ensembles et parmi les Français de confession musulmane) partent peu.
Ces contrastes confirment une nouvelle fois combien la coalition électorale de Jean-Luc Mélenchon est hétérogène socialement puisqu’elle réunit une large fraction des classes moyennes à haut capital culturel (enseignants, fonctionnaires de catégorie A, intermittents, journalistes…) et certains segments populaires : petit salariat syndiqué et population issue de l’immigration africaine.

(A noter que si l’électorat de Jean-Luc Mélenchon pris dans son ensemble part presque autant en vacances que celui d’Emmanuel Macron, c’est grâce au vote – souvent « utile » – d’une fraction significative de ces deux clusters de la gauche modérée – Sociaux-Démocrates et Progressistes – qui sont parmi les plus aisés de la population française. Mais ces deux clusters n’appartiennent pas au socle électoral du mélenchonisme et sont d’ailleurs très critiques à l’égard de Mélenchon).

La destination privilégiée des vacanciers reste la mer pour 49% d’entre eux, suivie de la campagne (27%), puis de la montagne (18%). Parmi ceux qui partent, 11% passent leurs vacances dans des villes.

Les clusters de gauche passent plus fréquemment que les autres leurs vacances à la montagne

3 clusters vont plus que la moyenne à la « montagne » durant l’été. Il s’agit des Multiculturalistes, des Progressistes et des Révoltés, soit 3 clusters dont les orientations penchent majoritairement à gauche – voire très à gauche – et qui ont beaucoup voté en faveur de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Les Centristes, quant à eux, privilégient nettement les vacances à la mer : 63% pour ce cluster aisé.

Les macronistes disposent de budget vacances importants tandis que les lepénistes ont les plus petits budgets

Plus de la moitié des Français qui partent en vacances le font avec un budget inférieur à 1000 euros (56%). Seule une petite minorité – 18% – dispose d’un budget supérieur à 2 000 euros.

Sur ce point également, les différences entre famille politique sont spectaculaires.

Les clusters du centre et de la droite qui ont le plus voté en faveur d’Emmanuel Macron – et dans une bien moindre mesure de Valérie Pécresse – sont ceux qui disposent des budgets les plus importants : 38% des Centristes et 38% des Libéraux ont des budgets supérieurs à 2 000 euros.

Les deux clusters de gauche modérée qui ont voté massivement Emmanuel Macron arrivent troisième et quatrième (sur 16 clusters) en matière de budget : 18% des Sociaux-Démocrates et 21% des Progressistes ont des budgets de vacances supérieurs à 2000 euros.

Sur ce point également, le constat est manifeste : plus une sensibilité politique dispose d’un budget vacances élevé et plus les chances qu’elle ait voté en faveur d’Emmanuel Macron sont élevées.

En matière de budget, les clusters de la coalition mélenchoniste occupent une position intermédiaire. Seuls 14% des Solidaires et 11% des Multiculturalistes ont des budgets vacances supérieurs à 2 000 euros. Cela confirme que la gauche culturelle diplômée qui vote Mélenchon – en particulier les Multiculturalistes – dispose d’un capital économique assez réduit. A noter que les Révoltés, autre cluster ayant massivement voté en faveur de Jean-Luc Mélenchon, fortement présent dans les cités, est celui qui présente le plus petit budget vacances : seuls 5% d’entre eux dispose de plus de 2 000 euros.

Mais en moyenne, c’est la coalition mariniste qui a les plus petits budgets vacances. Parmi ceux qui partent en vacances, seuls 11% des Réfractaires, 8% des Sociaux-Patriotes et 7% des Eurosceptiques ont des budgets vacances supérieurs à 2 000 euros. Il est, ici, très intéressant de souligner que parmi les 5 clusters disposant des plus faibles budgets vacances : on retrouve les 3 clusters qui composent le noyau dur de l’électorat de Marine Le Pen et 2 des 3 clusters qui composent celui de Jean-Luc Mélenchon. Les budgets les plus contraint sont aussi les plus radicaux politiquement. 

Passer ses vacances chez des amis ou dans sa famille est le mode d’hébergement privilégié par les clusters de la gauche culturelle et radicale

Les 3 clusters composant le socle du mélenchonisme sont ceux qui passent le plus fréquemment leurs vacances en étant hébergés chez des amis ou dans leur famille : Solidaires (29%), Multiculturalistes (28%) et Révoltés (24%). A noter que les Sociaux-Démocrates – un cluster de gauche culturelle mais très modérée – pratiquent eux aussi ce mode d’hébergement.

Passer ses vacances en mode « itinérant » est clairement une pratique surreprésentée au sein de la gauche culturelle radicale et, plus spécifiquement, des Multiculturalistes (6%). A l’opposé, les clusters élitaires du centre (Centristes) et la droite (Libéraux) bien que disposant d’un budget vacances élevé, ne choisissent presque jamais ce type de vacances. En revanche, ces deux clusters sont les seuls à passer de manière significative des vacances dans leurs résidences secondaires. Ici aussi, on observe que les 4 clusters qui ont le plus voté en faveur d’Emmanuel Macron sont ceux qui disposent le plus de résidences secondaires (alors qu’à l’inverse, les groupes les plus antisystèmes, qu’ils soient de gauche ou marinistes, sont ceux où les résidences secondaires constituent une exception).

Logiquement les clusters élitaires sont aussi surreprésentés parmi les Français qui peuvent s’offrir des vacances à l’hôtel. Si vous partez à l’hôtel, vous aurez bien plus de chances d’y croiser un Centriste, un Social-Démocrate, un Progressiste ou un Libéral qu’un Révolté, un Solidaire ou un Social-Patriote.

Aller au camping inverse ces probabilités puisque cela augmente les chances de croiser des Sociaux-Patriotes ou des Réfractaires ayant voté Marine Le Pen et réduit considérablement celles de croiser un Libéral appartenant à ce cluster de la droite aisée qui a longtemps voté Républicains avant de subir l’attraction du macronisme.

Plaisirs de vacances

« Se balader » est l’activité préférée des Français en vacances : 31%. Tout particulièrement parmi les Progressistes, un cluster jeune, diplômée, de gauche culturelle, écolo et assez modéré.

Le fait d’« aller à la mer » est aussi très apprécié et partagé (23%), tout particulièrement par le cœur de l’électorat d’Emmanuel Macron.

Les Sociaux-Démocrates – cluster de gauche culturelle élitaire et modéré – sont ceux qui déclarent le plus apprécier « lire » et « visiter des sites culturels » pendant les vacances.

Les groupes de la petite droite populaires (Conservateurs et Anti-Assistanat) sont ceux qui déclarent le plus apprécier « bronzer » et « faire des barbecues ».

« Faire la sieste » est également très appréciée (10%), tout particulièrement parmi les Eurosceptiques, un cluster très populaire, très antisystème et âgé.

Beaucoup de Français (10%) citent « l’apéro » parmi leurs activités de vacances préférées, mais c’est tout particulièrement le cas parmi les Identitaires.

Il faut dire que les Français aiment boire, tout particulièrement pendant les vacances : seuls 18% d’entre eux déclare ne pas consommer d’alcool.

Sur le podium des boissons de l’été préférées, c’est sans surprise la bière (47%) qui arrive en tête, suivi du rosé (45%) et du vin blanc (38%). On notera que si ces boissons sont assez fédératrices, la bière est néanmoins un peu plus « Apolitique », tandis que le rosé est plus « Libéral » et le vin blanc plus « Progressiste ».

D’autres alcools paraissent plus typés politiquement. Le Pastis et les liqueurs sont particulièrement appréciés chez les Identitaires et peu appréciés dans les groupes les moins politisés.

Le Spritz est très à la mode (17% des Français en boiront cet été), tout particulièrement parmi les Centristes et dans l’électorat d’Emmanuel Macron.

Les Libéraux, quant à eux, ont un faible pour le Whisky.

Tandis que les Eurosceptiques – qui comptent beaucoup d’ouvriers d’origine espagnole et portugaise – sont les plus fidèles au Porto.

La gauche culturelle – plutôt jeune et diplômée – se distingue, quant à elle, pour son goût prononcé du Mojito (tout particulièrement les Progressistes) et de la Tequila (une boisson minoritaire, mais appréciée des Multiculturalistes et des électeurs de Mélenchon).

La France du Pastis est donc plutôt « Identitaire » quand celle du Whisky est surreprésentée parmi les « Libéraux », celle du Porto parmi les « Eurosceptiques » et celle du Mojito parmi les « Progressistes ».

Les Français ne sont pas des vacanciers très sportifs : seuls 9% citent le sport parmi leurs activités de vacances préférées contre 10% la sieste.

Ils sont cependant 72% à déclarer pratiquer des activités sportives.

La randonnée (34%), la natation (23%), le vélo (16%), mais aussi la pétanque (10%) sont les 4 sports qu’ils déclarent le plus pratiquer pendant l’été.

La natation est particulièrement appréciée des Centristes et des électeurs de Valérie Pécresse (qui sont aussi ceux qui passent le plus fréquemment leurs vacances en bord de mer), tandis que la randonnée et le vélo sont tout particulièrement pratiquées par la gauche modérée : Progressistes et Sociaux-Démocrates. La pétanque est une activité populaire, particulièrement plébiscitée par les Solidaires (gauche populaire) mais aussi parmi les électeurs de Marine Le Pen.

Quand on les interroge sur « la série idéale à emporter pour passer de bonnes vacances », l’on découvre que seuls 35% des Français déclarent « ne pas regarder de série ».

En matière de choix, c’est la dispersion qui l’emporte. Seuls 2 séries remportent plus de 10% des suffrages : Kaamelott (13%) et Game of Thrones (12%). Ces deux séries sont tout particulièrement plébiscités par des électeurs de gauche (Solidaires dans le cas de Kaamelott et Progressistes dans celui de Game of Thrones). Les Centristes apprécient, quant à eux, beaucoup le Bureau des légendes. La série très politique Baron noir fédère le cluster élitaire de la droite (Libéraux) et l’électorat de Mélenchon – tout particulièrement sa fraction diplômée. En thérapie est très appréciée des Sociaux-Démocrates, soit du cluster élitaire de la gauche. Enfin, on notera que Camping Paradis est plus cité que la moyenne au sein du cluster le plus pauvre de la population, les Eurosceptiques dont les votes se partent massivement sur Marine Le Pen.

Baromètre des personnalités politiques

Baromètre des personnalités politiques N°3

Marine Le Pen retrouve la 1ere place, Emmanuel Macron perd son crédit, François Ruffin perce, Olivier Faure sort de l’anonymat

Les trois personnalités politiques qui recueillent le plus de soutien dans l’électorat demeurent Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. L’ordre est cependant bouleversé par rapport au mois dernier : Marine Le Pen prend la tête avec 17% de soutien (+2), tandis que le Président de la République, affaiblie par le résultat des législatives, est sur la plus petite marche du podium avec 14% de soutien (-5). Notons que ces trois personnalités clivent fortement la population et font partie des plus rejetées par l’électorat. Représentantes des trois « pôles » issus de la présidentielle, elles fédèrent chacune un noyau dur de soutien mais suscite aussi un puissant rejet qui explique en partie qu’aucun de ces trois pôles ne soit parvenu à fédérer un bloc majoritaire à l’Assemblée Nationale à l’issue des législatives.

Marine Le Pen sort renforcée des législatives, à l’inverse d’Emmanuel Macron

Alors qu’elle a fait une campagne des législatives pour le moins discrète, Marine Le Pen et le RN sont sortis « gagnants » de ces élections avec un nombre de députés inattendu. Notre baromètre réalisé au cœur de la campagne à la fin mai montrait une régression des soutiens de Marine Le Pen notamment dans ses trois clusters phares : les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes et les Réfractaires. Ce mois-ci elle ne connait pas de hausse dans ces trois clusters très populaires. Au contraire, on observe même une baisse chez les Eurosceptiques. Par contre, elle progresse dans des clusters où elle est en concurrence ténue avec d’autres personnalités. D’abord elle séduit une part importante de la droite traditionnelle : les Conservateurs, cluster composé, pour une part, de petits retraités vivant en ruralité. Et surtout les Libéraux, cœur de l’ancien électorat UMP, très élitiste, attaché à l’UE et au marché, qui avaient tendance à rejeter le RN et sa leader. Marine Le Pen recueille 15% de soutien dans ce cluster (+9) et 36% de sympathie (+14). Cette progression dans un cluster modéré vient attester la « banalisation » du RN qui lui a permis de gagner de nombreux duels de 2nd tour aux législatives, fait inédit dans notre Cinquième République.

Enfin, Marine Le Pen progresse dans les clusters de la droite plus radicale : les Anti-Assistanat et les Identitaires, deux clusters dans lesquels elle était en concurrence notamment avec Éric Zemmour. Elle le surpasse désormais nettement dans le cluster des Identitaires : elle atteint 78% de soutien et sympathie (+9) tandis que lui chute à 53% (-10). Toutes ces évolutions, si elles devaient se confirmer, marqueraient un élargissement sensible de la coalition de Marine Le Pen, avec pour conséquence la disparition de ce qui fut longtemps qualifié de « plafond de verre » électoral pour le RN.

Emmanuel Macron faiblit sur ses jambes gauche et droite, Elisabeth Borne affectée par l’absence de majorité

Si Emmanuel Macron était sorti assez fort politiquement de la présidentielle, parvenant à unir un large bloc modéré du centre gauche au centre droit, les élections législatives ont vu cet alliage faiblir, lui empêchant même d’obtenir une majorité à l’Assemblée. Cela se perçoit dans notre baromètre par une chute assez significative de ses soutiens dans deux clusters emblématiques du « En même temps » présidentiel : Emmanuel Macron perd 18 points de soutien chez les Sociaux-Démocrates (ex-cœur électoral du PS) et 18 points chez les Libéraux (ex-cœur de l’UMP puis des Républicains).

Le renforcement du pôle de gauche autour de la NUPES et la permanence d’un vote LR ancré territorialement ont remis sur le devant de la scène un début de retour au clivage gauche-droite, néfaste à la majorité présidentielle. En effet, les clusters élitistes du centre-gauche et du centre-droit se coalisent sur la demande de stabilité, sur l’UE, sur une forme de continuité institutionnelle mais sont clivés sur les retraites, la redistribution économique, l’immigration, la sécurité. Or, ce sont ces sujets qui ont été mis en avant médiatiquement ces dernières semaines, causant une désarticulation de l’électorat de la majorité présidentielle.

Si jamais Emmanuel Macron voyait ces deux pôles de son électorat faiblir durablement, la mise en minorité de sa politique serait inéluctable et la viabilité de son projet politique durablement affectée. En effet, le niveau de rejet atteint bien souvent plus de 50% dans de nombreux clusters, côtoyant même les 80% dans les clusters populaires tels que les Solidaires et Sociaux-Patriotes et parmi les clusters radicaux de gauche et de droite, tels que les Multiculturalistes et les Identitaires.

A l’instar du Président, la Première Ministre Elisabeth Borne chute fortement dans l’ensemble des clusters de la coalition présidentielle : -14 chez les Centristes, -11 chez les Sociaux-Démocrates, -11 chez les Libéraux, -7 chez les Conservateurs, -5 chez les Sociaux-Républicains. Au final, elle recueille seulement 22% de soutien et sympathie dans l’ensemble de l’électorat et le rejet de sa personnalité monte à 40% (+4).

A gauche, François Ruffin talonne Jean-Luc Mélenchon, percée d’Olivier Faure

Jean-Luc Mélenchon reste stable ce mois-ci avec 17% de soutien et se classe deuxième du classement derrière Marine Le Pen. A l’instar d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il clive fortement et suscite un niveau élevé – 56% – de rejet contre sa personne. Il peut compter sur un noyau dur de soutien particulièrement au sein des trois clusters de la gauche radicale et populaire : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. Ce sont ces trois clusters qui ont porté sa candidature l’an dernier lorsqu’il était estimé entre 11 et 13% dans nos sondages au début de la campagne, avant d’enclencher une dynamique de vote utile dans les deux clusters de gauche modérée et diplômée que sont les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. On voit bien qu’au sein de ces deux clusters, on a voté Jean-Luc Mélenchon en partie par défaut. Dans ces deux clusters qui ont voté, au moins partiellement, pour lui au 1er tour de la présidentielle, il recueille uniquement 16% de soutien et plus de 50% de rejet.

Fait nouveau : la percée à gauche de François Ruffin. Le député de la Somme est 4eme au classement général avec 13% de soutien et seconde Jean-Luc Mélenchon dans la plupart des clusters de gauche. Il le devance même ce mois-ci dans le cluster des Solidaires, un cluster plus sensible au social qu’au sociétal. Plus significativement encore, François Ruffin réalise une percée chez les Sociaux-Démocrates à 24% (+16) et se classe deuxième juste derrière Emmanuel Macron. Il obtient également de bons scores dans des clusters populaires antisystème « marinistes », en particulier chez les Sociaux-Patriotes : il s’y classe 5eme avec 6% de soutien mais 37% de sympathie (+18).

Enfin, Olivier Faure sort également renforcé de cette séquence législative. Sa progression au classement général reste limité : 6% de soutien (+4). Mais cette progression est spectaculaire dans les clusters de gauche : +17 chez les Multiculturalistes, +10 chez les Sociaux-Démocrates, +7 chez les Progressistes, +5 chez les Solidaires. C’est le signe que l’adhésion du PS au sein de la NUPES a clarifié la position politique du parti et séduit à nouveau un électorat appartenant au cœur de la gauche qui jadis votait pour lui mais qui s’en était éloigné. Olivier Faure semble avoir ressuscité l’intérêt de l’électorat de gauche pour le Parti Socialiste mais aussi sa considération. Demeure pour lui l’enjeu de la notoriété : 54% des français disent ne pas le connaître ou être indifférents à sa personnalité.

Evolution des intentions de vote aux Législatives 2022 par Clusters

Evolution des intentions de vote des élections législatives 2022

Identitaires
Anti-Assistanat
Sociaux-Patriotes
Eurosceptiques
Réfractaires
Libéraux
Conservateurs
Eclectiques
Sociaux Républicains
Apolitiques
Révoltés
Centristes
Solidaires
Progressistes
Sociaux-Démocrates
Multiculturalistes

Remarque : Vous pouvez désactiver/activer la ligne d’un candidat en cliquant sur son nom.

Baromètre hebdomadaire S24 : Législatives 2022

Dans notre ultime sondage d’intention de vote pour ces élections législatives, les rapports de force sont serrés et la majorité présidentielle pourrait se retrouver en minorité à l’issue du 2nd tour. L’abstention pourrait cependant affecter la NUPES et le RN et ainsi contenir leur percée.

Vous pouvez télécharger la notice technique ci-dessous pour avoir tous les résultats :

Baromètre hebdomadaire S23 : Législatives 2022

A deux jours du scrutin, quelles sont les forces et faiblesses des trois principaux pôles ?

La candidature de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et sociale (NUPES) se maintient en tête des intentions de vote cette semaine à 29,5% devant la candidature de la majorité présidentielle à 26%. La prise en compte de l’ensemble des candidats dissidents fait baisser mécaniquement la NUPES d’1,5 point et la liste « Ensemble » d’1 point. Mais les rapports de force restent stables. Le Rassemblement National perd lui aussi 1,5 point et se retrouve assez éloigné de ses concurrents à 17,5%. L’abstention qui pourrait être particulièrement élevée est la principale menace, notamment pour la NUPES et le RN dont les électorats sont en raison de leur profil sociologique à plus haut risque abstentionniste. Malgré cela, nous devrions retrouver les trois pôles arrivés en tête à la présidentielle. L’ordre d’arrivée pourrait cependant être inversé du fait de la dynamique suscitée par l’union de la gauche au début de la campagne, au détriment des deux autres pôles. Quelles sont les forces et faiblesses de ces « trois blocs » ?

  • L’électorat de la NUPES plus mobilisé politiquement

L’union de la gauche est une attente forte au sein des clusters qui composent le socle du vote Jean-Luc Mélenchon mais aussi des autres composantes de la gauche. Déjà, lors des présidentielles, notre enquête montrait cette forte attente des électeurs de gauche sur leur souhait d’une primaire réunissant l’ensemble des partis de gauche (cf https://cluster17.com/les-electeurs-de-gauche-largement-favorables-a-lidee-dune-primaire/). De fait, cette union, relativement inattendue, qui s’inscrit dans le prolongement du bon score de Jean-Luc Mélenchon, a permis à cet électorat de rester mobilisé quand les électeurs de Marine Le Pen marquaient le coup suite à la défaite au 2nd tour de la présidentielle.

Le cluster Multiculturalistes, qui est celui le plus à gauche de notre segmentation, est celui qui déclare le plus s’intéresser à ces législatives, et 93% des individus qui le composent ont l’intention de voter pour la NUPES dimanche. Alors que les précédents scrutins étaient marqués par une déperdition de ces électeurs de gauche radicale du fait des divisions, l’union entraîne une forte concentration du vote de ces clusters qui n’ont qu’une seule offre politique vers laquelle se tourner. De même, cette union permet à la gauche de retrouver des électeurs qui jusqu’ici lui échappaient. C’est le cas des Sociaux-Démocrates qui sont clivés entre une offre de gauche classique et la majorité présidentielle.

Là où Jean-Luc Mélenchon peinait à les attirer, la NUPES parvient à mieux capter ces électeurs. Et c’est le cas aussi des Réfractaires, un cluster populaire, social sur les questions économiques et « antisystème », qui vote plutôt Marine Le Pen aux présidentielles mais dont 29% indiquent vouloir voter pour la NUPES ce dimanche. Plus globalement, la NUPES semble capter une part significative des clusters populaires et identitaires, ce qui pourrait se traduire dans les urnes par un recul significatif du RN.

Toutefois, pèsent sur la NUPES deux menaces :

– La première, c’est l’abstention. La NUPES a un électorat jeune, une pyramide des âges inversée par rapport à la majorité présidentielle. Plus les électeurs sont jeunes, plus ils votent NUPES. Or plus les électeurs sont jeunes, plus ils s’abstiennent. En 2017, l’abstention avait été particulièrement élevée chez les moins de 40 ans. Dans ce contexte, une forte abstention pourrait entraîner un recul du score de la NUPES par rapport aux intentions de vote.

– La deuxième menace, c’est la perception qu’a l’opinion de Jean-Luc Mélenchon. Nos différentes enquêtes ont montré que les Français étaient en demande d’alternative à Emmanuel Macron. Ce rejet pourrait profiter à la NUPES notamment au 2nd tour dans une logique de vote utile, une part de l’électorat populaire du RN étant susceptible de se reporter sur les candidats NUPES pour « faire barrage » à Emmanuel Macron. Cependant, l’hypothèse de la nomination de Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre est très minoritaire dans l’opinion et clive y compris à l’intérieur de la coalition de gauche.

Sa personnalité clivante pourrait empêcher les électeurs de gauche modérée (Sociaux-Démocrates et Progressistes) mais aussi l’électorat « social-identitaire » de Marine Le Pen de voter NUPES au 2nd tour. Les premiers à cause de sa supposée radicalité économique et d’un positionnement jugé « populiste », les seconds à cause de sa supposée bienveillance envers l’islam et l’immigration. C’est la raison pour laquelle les cadres de la majorité présidentielle et du Rassemblement National pointent justement leurs attaques sur ces deux aspects.

  • La majorité présidentielle à l’abri de l’abstention ?

La majorité présidentielle dispose de deux atouts principaux : le premier c’est la stabilité de sa coalition électorale. Les clusters pro-Macron de la présidentielle restent « fidèles » à Ensemble. Ce large arc modéré rassemblant une partie des anciens électeurs PS (les Sociaux-Démocrates et les Progressistes), les Centristes, les Sociaux-Républicains et une partie des anciens électeurs UMP (Conservateurs et Libéraux) est bien mobilisé pour ces législatives ; et cela malgré la concurrence de la NUPES sur la gauche modérée et le maintien de LR à un bon niveau chez les Libéraux.

Le deuxième atout repose sur la sociologie de cet électorat modéré : il est plus diplômé que la moyenne en particulier pour les clusters Sociaux-Démocrates et Libéraux qui sont respectivement 46% et 39% à indiquer vouloir voter pour la majorité présidentielle. Et il est également plus âgé que la moyenne. 36% des plus de 65 ans disent ainsi vouloir voter pour la liste « Ensemble ». Or, lorsque l’abstention est élevée, le poids des électeurs âgés et diplômés est démultiplié du fait de leur faible propension à s’abstenir. Cela pourrait même entraîner un rattrapage de la liste « Ensemble » au détriment de la NUPES en cas de mobilisation différentielle très importante.

Les faiblesses de la majorité présidentielle reposent sur le contexte politique et économique :

– La réélection d’Emmanuel Macron après son premier quinquennat annihile légèrement l’automaticité d’un vote majoritaire aux législatives qu’on observait habituellement à la suite de l’élection présidentielle. Il y a ainsi le risque d’un vote de rejet notamment au 2nd tour, une sorte de vote utile inversé contre Emmanuel Macron et sa majorité.

– Le contexte inflationniste fait passer les questions sociales en tête des préoccupations des Français. Or sur le clivage économique et social, il y a une coagulation possible d’un électorat populaire qui se divise habituellement entre Jean-Luc Mélenchon (Solidaires et Révoltés) et Marine Le Pen (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes) sur les questions identitaires et culturelles. Cependant, avec la hausse des prix des produits de première nécessité et le risque du recul de l’âge de départ à la retraite, un « vote gilets jaunes » réunissant ces cinq clusters très populaires pourrait se mettre en place de façon partielle au 2nd tour. On en observe d’ailleurs les prémices dans les score relativement élevés obtenus par la NUPES au sein des clusters populaires et identitaires qui constituent traditionnellement le socle du RN.

  • Le pôle identitaire moins mobilisé et plus divisé que ses adversaires

Si Marine Le Pen était parvenue lors de la présidentielle à mobiliser efficacement son électorat et même à conquérir une partie de l’électorat des LR, ses électeurs semblent peu mobilisés pour ces élections législatives. En témoigne le tableau ci-dessus : c’est dans les clusters les plus pro-RN que l’on s’intéresse le moins à cette élection : 40% des Réfractaires déclarent même ne pas s’y intéresser du tout !

Alors que plus de 80% des électeurs d’Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon déclarent s’intéresser « beaucoup » ou « assez » aux législatives, c’est le cas de seulement 65% des électeurs de Marine Le Pen. Cette démobilisation politique trouve son prolongement dans nos intentions de vote. Le RN rassemble « seulement » 17,5% des voix. Les attributs sociologiques de son électorat sont également source de menace et d’incertitude sur le score du RN dimanche. Son profil extrêmement populaire est associé à de très haut niveau d’abstention lors des scrutins de moyenne et faible intensité, ce qui est bien l’une des caractéristiques de ces législatives.

Trouvera-t-il des raisons de se mobiliser dans les récents événements médiatiques (polémique du Stade de France et polémique sur le policier qui a tiré sur la passagère d’un repris de justice) mais également en raison du contexte économique auquel il est particulièrement sensible ? Notre estimation de l’abstention pour l’instant ne le laisse pas présager.

L’autre point négatif pour le RN est la division maintenue avec Reconquête qui pèse tout de même 5,5% des voix et qui vient concurrencer le RN sur certains de ses principaux clusters et tout particulièrement chez les Identitaires. On voit que ce cluster, très radical sur les questions migratoires et sécuritaires, est hésitant entre le RN et Reconquête. 36% disent vouloir voter RN, 30% pour Reconquête. Alors qu’elle avait réussi à distancer Éric Zemmour dans ce cluster par une mécanique de vote utile au premier tour de la présidentielle, le contexte politique et la nature de l’élection sont cette fois-ci moins favorables à un tel scénario pour Marine Le Pen.

Trouver mon Cluster