Cluster17

Baromètre hebdomadaire S09 : Présidentielle 2022

Le candidat Macron en forte dynamique

Dans notre baromètre réalisé parallèlement à sa déclaration officielle de candidature, Emmanuel Macron gagne 2,5 points et se retrouve à 28% d’intentions de vote. La situation internationale lui profite pleinement. A l’inverse, ses deux principaux concurrents, Éric Zemmour et Marine Le Pen tombent à 14,5% (-1,5).

Une part importante de Français qui ont pris fait et cause pour le peuple ukrainien (voir ici) se tournent logiquement vers Emmanuel Macron qui s’est placé dès le début de l’invasion du côté du président ukrainien Zelensky en adoptant notamment un flot de mesures contre le régime russe. A l’inverse, Éric Zemmour et Marine Le Pen davantage identifiés comme des candidats « proches » de Vladimir Poutine perdent des points à mesure que cette guerre avance et alors que leurs électeurs, comme le révélait notre précédente étude, sont particulièrement clivés sur cet enjeu (voir ici).

La percée d’Emmanuel Macron se situe dans la continuité de sa dynamique de la semaine dernière. Les clusters les moins politisés et les plus modérés le plébiscitent. C’est au sein des clusters Progressistes, Apolitiques, Eclectiques et Conservateurs que sa percée est la plus forte. Ces électeurs pourtant hétérogènes politiquement et sociologiquement se rassemblent autour de la figure consensuelle et rassurante du Président de la République. Sa fonction lui confère l’avantage d’être sur le devant de la scène, ce qui déclenche un réflexe « légitimiste » pour les électeurs modérés. Sa volonté d’opérer une médiation dans le conflit tout en affichant un soutien sans faille aux Ukrainiens fédère ces clusters pro-UE et libéraux, inquiets par le déclenchement de cette guerre en Europe. Concomitamment, les clusters déjà acquis à la cause du Président continuent de lui apporter un soutien élevé. Ainsi le Président fait le plein chez les Centristes (79%), obtient des scores très élevés chez les Sociaux-Démocrates (49%) et les Sociaux Républicains (48%) et continue de faire jeu égal avec Valérie Pécresse dans le cluster décisif pour l’avenir de la droite des Libéraux.

La bataille pour le vote des Conservateurs tourne à l’avantage de Macron

Ce cluster âgé, rural et de classe moyenne, défiant envers les propositions radicales et en forte demande de stabilité était jusqu’alors un des plus volatiles.

Le surgissement du conflit en Ukraine a provoqué fort logiquement des variations sensibles au sein de ce segment de l’électorat. Alors qu’il y a deux semaines, E. Macron, V. Pécresse et E. Zemmour étaient quasiment à égalité parmi les Conservateurs, depuis l’invasion russe, Emmanuel Macron a progressé jusqu’à 42% des intentions de vote au sein de ce cluster (+14). Dans le même temps Valérie Pécresse a divisé son score par deux, passant à 14% (-14) et Eric Zemmour est tombé à 11% (-11).

On observe bien un réflexe légitimiste en faveur du Président dans ce cluster. Il faudra scruter au cours des prochaines semaines si cette tendance se confirme, auquel cas ce serait principalement la candidature de Valérie Pécresse qui en souffrirait. En effet ce cluster compose avec les Libéraux l’électorat « naturel » des Républicains. C’est en ce sens un cluster décisif et la prééminence du clivage autour de la guerre en Ukraine pourrait constituer un effet d’« aubaine électoral » pour Emmanuel Macron.

Au-delà de ce cluster, la radicalité affichée par Éric Zemmour depuis le début de la campagne pourrait fragiliser sa tentative d’unifier les clusters allant de la droite modérée aux Identitaires, la situation appelant davantage à la retenue, au calme, à l’ordre et à la stabilité y compris au sein de clusters parfois radicaux. La baisse sondagière des candidats RN et Reconquête! profite par voie de conséquence à Valérie Pécresse qui se maintient à 13% (+0,5) et continue à entrevoir une possible qualification au 2nd tour. La situation géopolitique pourrait également jouer en sa faveur si elle se crédibilisait et apparaissait comme une alternative plus sérieuse que Zemmour et Le Pen, incarnant une forme de « rupture dans la stabilité ».

Jean-Luc Mélenchon dans le match pour le 2nd tour

La baisse des deux candidats identitaires permet également à Jean-Luc Mélenchon de se rapprocher du 2nd tour. Il demeure stable à 13,5% et semble ne pas avoir trop pâti des accusations de complicité avec le régime de Moscou proférées par certains de ses adversaires, même si sa dynamique haussière s’en trouve peut-être ralentie. Il se situe donc dans la course au 2nd tour à un point désormais de la qualification. Il lui faudra pour réaliser le « sorpasso » faire aussi bien qu’en 2017 au sein de ses clusters phares : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés et déjouer une abstention potentiellement forte au sein du cluster des Révoltés, un des clusters à plus haut risque d’abstention. Cependant, le « vote utile » de gauche qui s’était porté sur lui en 2017 pourrait lui échapper notamment en raison de la crise ukrainienne. Les électeurs indécis des clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes pourraient en effet se tourner sur Emmanuel Macron dès le 1er tour, alors qu’une part significative d’entre eux avait voté pour le candidat insoumis en 2017, dans une logique de vote utile à gauche.

L’abandon de Christiane Taubira semble avoir profité à Yannick Jadot qui gagne un point cette semaine à 5,5%. Il augmente son socle dans les clusters naturels de la gauche « écolo-socialiste » : Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates et Progressistes. Mais pour l’heure, ce socle demeure trop faible. Il faudrait pour Yannick Jadot incarner une alternative crédible à Emmanuel Macron, tenir une position d’équilibre entre propositions de rupture écologiques et sérieux économique. Sa position sur le conflit ukrainien, bien en phase avec la majorité du pays et des électeurs de gauche, pourrait également lui permettre de tirer son épingle du jeu (voir ici).

Sondage S08 Cluster17

Baromètre hebdomadaire S08 : Présidentielle 2022

Sondage présientielle S08 Cluster17

Macron en dynamique, loin devant ses concurrents

Bien qu’il n’ait pas encore déclaré sa candidature, le Président de la République est en hausse dans notre baromètre de la semaine à 25,5% (+1,5). Le conflit en Ukraine entraîne un réflexe d’unité autour de la personnalité du Président qui explique en partie sa progression dans nos intentions de vote. Logiquement, ce sont les clusters les plus diplômés et les plus pro-UE qui lui accordent le plus leur confiance. Il enregistre ainsi une percée dans le cluster des Sociaux Démocrates qui sont cette semaine 57% à avoir l’intention de voter pour lui (+17). Il demeure très haut chez les Progressistes qui composent avec les Sociaux-Démocrates un électorat de gauche diplômée, urbaine, redistributive, européenne et libérale.

Certitude de vote présidentielle 2022

cresse décroche par rapport à Zemmour et Le Pen

Valérie Pécresse est une nouvelle fois en baisse, à 12,5% cette semaine (-0,5) et se retrouve désormais assez loin du 2nd tour derrière Eric Zemmour et Marine Le Pen, chacun à 16%.

La candidate des Républicains ne parvient pas à résoudre la difficile équation électorale qui lui fait face : mobiliser des clusters clivés : Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat et Identitaires. Ces clusters qui avaient constitué la quasi intégralité du vote Fillon en 2017 hésitent aujourd’hui entre trois candidatures : Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Valérie Pécresse. Ainsi seul un électeur sur deux de François Fillon en 2017 indique vouloir voter pour Valérie Pécresse. A titre d’exemple, les Libéraux qui avaient voté à 60% pour François Fillon ne sont plus que 38% à vouloir voter pour Pécresse. 32% indiquent vouloir voter pour Emmanuel Macron et 23% pour Eric Zemmour. Chez les Identitaires, cluster qui plébiscite Zemmour et Le Pen, le score de Valérie Pécresse est divisé par deux par rapport à celui de François Fillon (il passe de 33% à 15%).

La réussite de Valérie Pécresse dépendra donc de sa capacité à fédérer ces clusters qui votaient naguère pour le même candidat.

Vote par cluster présidentielle 2022

L’effondrement de la social-démocratie

Si le vote Fillon 2017 est clivé, le vote Hamon 2017 est lui totalement disloqué. Aucun candidat ne parvient à capter une part significative des 6% d’électeurs qui avaient voté pour le candidat PS. Ainsi 12% disent vouloir voter Roussel, 12% Mélenchon, 12% Hidalgo, 14% Taubira*, 21% Jadot et 17% Macron.

Logiquement, cet éclatement rend très difficile la campagne des candidats issus du PS et d’EELV. Le bloc « social-démocrate » semble en voie d’extinction, pris en tenaille entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Ainsi, Christiane Taubira qui vient d’annoncer son retrait était encore en baisse dans notre baromètre, à 1,5% (-0,5). De même qu’Anne Hidalgo qui se retrouve elle aussi à 1,5% (-0,5). Yannick Jadot résiste davantage mais n’a pas enclenché de dynamique depuis son entrée en campagne et ne dépasse pas la barre des 5%.

Les clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes qui constituaient le cœur de cet électorat sont ainsi particulièrement clivés. Si une part non négligeable de ces électeurs demeurent fidèles à Emmanuel Macron, le reste se divise à parts quasiment égales entre Mélenchon, Jadot et Taubira.

Cette concurrence et cet affaiblissement des candidats « écolo-socialistes » profite à gauche à Jean-Luc Mélenchon qui dispose d’un socle particulièrement solide et fidèle. C’est au sein des clusters de gauche radicale : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés que l’insoumis puise principalement ses 13,5% d’intentions de vote. Fabien Roussel qui s’adresse lui aussi aux clusters populaires et à la gauche radicale demeure à 4% d’intention de vote.

Certitude de voter présidentielle 2022

L’abstention, élément clé du 1er tour

L’abstention sera probablement le facteur clé du 1er tour de l’élection. Selon son niveau, plusieurs candidats pourraient être affaiblis. C’est le cas principalement de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dont les électeurs appartiennent davantage aux classes populaires et sont donc plus susceptibles de s’abstenir pour de multiples raisons (mal-inscrits sur les listes électorales, dépolitisés, résignés, etc.).

C’est pourquoi nous essayons de repérer le taux d’engagement et d’intérêt que portent les français sur l’élection présidentielle.

Cette semaine, pour 67% (+5) des français « Il importe vraiment de savoir qui gagnera l’élection présidentielle » contre 33% qui pensent que « Les choses resteront à peu près les mêmes quel que soit le président élu ».  C’est en hausse de 5 points par rapport à la semaine précédente. De même, 68% (+4) des français pensent que cette élection est plus importante que la précédente, en hausse de 4 points par rapport à la semaine dernière. Enfin, le nombre de français certains d’aller voter est en hausse d’un point à 71%.

Si ces trois indicateurs continuaient à monter, ce serait le signe que les français sont mobilisés et intéressés par la campagne, a fortiori l’abstention pourrait être relativement faible. A contrario, si cela stagnait, cela démontrerait un désintérêt des français et l’abstention pourrait s’avérer plus élevée.

Nous notons d’ailleurs que la première cause de l’abstention : la mal inscription sur les listes électorale risque de rester très élevée. Rappelons que plus de 7 millions d’électeurs étaient mal-inscrits en 2017, principalement des jeunes. Il est à craindre que la situation ne se soit guère améliorée. Dans cette perspective, les taux d’inscription sur les listes, dont la clôture est prévue vendredi 4 mars, donneront une première indication de la mobilisation des Français pour la présidentielle à venir.

* Enquête réalisée avant le retrait de Christiane Taubira

Paroles de France(s) : le nouveau podcast politique de Cluster17 !

Que pensent les français de l’accueil des réfugiés ?  Du rétablissement de la peine de mort ? De la suppression de l’impôt sur l’héritage ? De la sortie de l’Union Européenne ? Paroles de France(s) est le podcast politique de Cluster17 qui interroge les français sur les grands clivages qui fracturent le débat public.

Chaque semaine, retrouvez le portrait d’un français, représentant d’un des 16 clusters identifiés par Cluster17, dans la population française. Sociaux-Patriotes, Multiculturalistes, Révoltés… ils composent chacun le tableau de la France contemporaine dans sa diversité et ses paradoxes. Au travers des parcours intimes, les idées politiques prennent corps et nous en apprennent un peu plus sur ce pays si divisé. Pour le 1er épisode nous avons retrouvé Serge qui appartient au cluster des Sociaux-Patriotes.

Paroles de France(s) est disponible à l’écoute sur l’ensemble des plateformes de streaming (Deezer, Spotify, YouTube, Apple Podcasts…) abonnez-vous pour être tenu au courant de la sortie des prochains épisodes.

Enquête : Les français et la guerre en Ukraine

Étude réalisée par Cluster17 auprès d’un échantillon de 1 121 personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 1 154 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon est réalisé selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, du type de communes et des régions de résidence. Questionnaire auto-administré en ligne. Interviews réalisées entre le 26 et le 27 février 2022. Les répondants ne sont pas rémunérés

Notre sondage réalisé après l’intervention des troupes russes en Ukraine permet de mieux comprendre les réactions de l’opinion au coup de force militaire qui se déroule actuellement aux frontières de l’Union Européenne. Plusieurs résultats méritent d’être soulignés.

Dans leur très grande majorité les Français ont une opinion sur les évènements ukrainiens et jugent « illégitime » l’intervention de la Russie.

Alors que notre terrain d’enquête a été réalisé deux jours seulement après le début de l’offensive russe, les Français avaient déjà une opinion sur les évènements ukrainiens : à la question de savoir si « l’offensive militaire russe est légitime », seuls 9% d’entre eux se déclarent « sans opinion », un chiffre particulièrement bas pour une question relevant de problématiques internationales. Ce premier résultat confirme que la guerre en Ukraine est suivie avec attention par une part significative de la population. Sans surprise, l’offensive militaire russe est perçue comme « illégitime » par une très large majorité : 78% contre 13% qui la considèrent « légitime » et 9% de sans opinion.

L’analyse par électorat révèle que ce sont les électeurs déclarant des intentions de vote en faveur de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour et, dans une moindre mesure, de Jean-Luc Mélenchon qui sont les moins unanimes dans la réprobation de l’intervention russe. Ainsi, 24% des électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon et 39% de ceux de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour se déclarent « sans opinion » ou considèrent « légitimes » l’offensive militaire actuellement en cours.

Plus des trois quarts des Français sont favorables à « l’accueil des populations qui fuient l’Ukraine »

C’est là un résultat important car il exprime un retournement de l’opinion sur un sujet habituellement bien plus clivant. Ainsi, le 5 février dernier, interrogés sur la question de savoir s’il fallait « accueillir les migrants fuyant les zones de guerre », sans référence aucune bien sûr au contexte ukrainien, 41% des Français se déclaraient défavorables. Trois semaines plus tard, dans le contexte de guerre en Ukraine, ils ne sont plus que 19% à se dire défavorables à « l’accueil des populations qui fuient l’Ukraine » contre 77% qui y sont favorables. Ce rapport de forces très favorable à l’accueil de populations ukrainiennes manifeste sans doute l’émotion éprouvée par une large partie de la population face à une guerre qui se joue aux portes de l’UE, sur le sol européen.

Tous les électorats, sans exception, sont majoritairement favorables à l’accueil des Ukrainiens, mais les différences sont néanmoins significatives à six semaines de l’élection présidentielle. Ce sont les électeurs de la gauche écologiste et sociale-démocrate ainsi que ceux d’Emmanuel Macron qui y sont, de loin, les plus favorables.

La situation des candidatures de droite et identitaires est, sur ce point, particulièrement intéressante : alors que les électeurs potentiels de Valérie Pécresse sont dans leur très grande majorité (81%) favorables à cet accueil, ceux de Marine Le Pen et, plus encore, d’Eric Zemmour sont, en revanche, profondément divisés. Ce sujet clive même presque parfaitement l’électorat potentiel du candidat de Reconquête : 51% de « favorables » contre 45% de « défavorables » (et 5% de « sans opinion »). Autant dire, que cet enjeu devrait être plus difficile à traiter par les deux candidats identitaires, tant il divise leurs électeurs, a fortiori si la situation devait prendre un cours de plus en plus tragique en Ukraine.

Les deux tiers des Français sont défavorables à « l’engagement de troupes françaises dans la défense de l’Ukraine ».

Comme dans les autres grandes nations européennes, à ce stade du conflit, l’opinion publique est défavorable à un engagement militaire direct : 66% y sont défavorables contre 27% favorables et 7% de sans opinion. Le pays n’est pour l’instant pas disposé à voir des troupes françaises combattre sur le sol ukrainien.

Sur ce point également, des différences sont observables par électorats. Ce sont les électeurs potentiels d’Emmanuel Macron, avec ceux de Christiane Taubira, qui y sont les plus favorables (37%), alors qu’à l’inverse les électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon et d’Eric Zemmour y sont les plus défavorables (20% seulement de favorables).

Un conflit qui pourrait mettre les enjeux militaires au centre de la campagne.

Deux des questions que nous avons posées indiquent que les questions militaires pourraient gagner de la centralité dans le cadre d’une campagne électorale aujourd’hui largement surdéterminée voire occultée par la guerre en Ukraine. Ainsi, près des deux tiers des Français (62%) se déclarent « favorables » à « augmenter de manière prioritaire le budget de l’armée française ». Une proportion encore plus élevée (67%) se déclare « favorable » à la « création d’une armée européenne ». Un tel résultat sur un enjeu qui touche au cœur du pouvoir le plus régalien manifeste à quel point l’UE est parvenue à s’imposer comme une échelle pertinente en matière de défense pour de nombreux citoyens français.

L’analyse des réponses par électorats laisse apparaître de potentiels lignes de clivages, donc une possibilité de politisation de ces questions dans le cadre de l’actuelle élection présidentielle. « Augmenter prioritairement le budget de l’armée française » ne fait réellement consensus que parmi les électeurs d’Eric Zemmour et, dans une moindre mesure, parmi ceux de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen. C’est donc une thématique propre à fédérer des électorats orientés à droite ou sensibles aux thématiques nationalistes. Parmi les électeurs potentiels des candidats de gauche, le soutien à cette proposition est nettement minoritaire. La perspective de création d’une armée européenne clive selon des logiques différentes. Cette perspective fait tout particulièrement consensus au sein d’un arc qui va de la gauche sociale-démocrate et écologiste à la candidate républicaine en passant par le Président de la République. Elle divise, en revanche, profondément et avec une forte intensité, les électorats de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour qui n’ont donc aucun intérêt à voir une telle thématique émerger lors des 6 dernières semaines de campagne.

Emmanuel Macron jugé comme étant « le plus compétent pour gérer la crise ukrainienne ».

 Parmi les candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron est jugé par 33% des électeurs comme étant « le plus compétent pour gérer la crise ukrainienne ». « Aucun » des candidats est la seconde réponse la plus citée : par 26% des sondés. Suivent ensuite Eric Zemmour (11%), Jean-Luc Mélenchon (10%) et Marine Le Pen (8%). Ces résultats apportent plusieurs indications. Ils révèlent que le Président de la République est considéré comme le « plus compétent » par la quasi-totalité de ses propres électeurs potentiels (96%), signe sans doute que cet attribut de « compétence » est un élément important, si ce n’est décisif de leur soutien. Mais ils révèlent également qu’Emmanuel Macron est considéré comme le plus « compétent » y compris par des électeurs qui n’affichent pas une intention de vote en sa faveur : un tiers des électeurs d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse et plus encore, 42% des électeurs de Yannick Jadot. Réciproquement, seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’Eric Zemmour considèrent majoritairement leur candidat comme étant le plus compétent pour gérer la crise en Ukraine. De tels résultats indiquent que le Chef de l’Etat semble renforcé, a minima en termes d’image, par la situation de guerre aux portes de l’UE et – un peu à la manière de ce qui s’est produit durant la pandémie de la COVID – est perçu comme mieux à même que ses principaux concurrents de faire face à la situation de crise. Il s’agit là pour lui d’un avantage non-négligeable au sein d’un espace électoral qui va de la social-démocratie à la droite libérale et pro-Union Européenne.

Probabilités d’accès au 2nd tour (S7)

À quoi correspond cet indicateur ?

Ce nouvel indicateur de Cluster17 estime la probabilité d’accéder au second tour de la présidentielle. Il repose sur les derniers sondages d’intention de votes parus.

Cet indicateur permet d’estimer pour chaque candidat les chances de se qualifier pour le second tour, si le premier tour avait lieu aujourd’hui.

Que mesure-t-il ?

L’indicateur de Cluster17 mesure la probabilité d’un candidat d’accéder au second tour en prenant en compte les marges d’erreur des sondages.

Cet indicateur donne une probabilité à un instant T, mais ne prédit pas le résultat final

L’indicateur de Cluster17 ne mesure pas la probabilité d’être au second tour le 10 avril 2022. Il mesure uniquement la probabilité d’être au second tour si le second tour avait lieu aujourd’hui et ne prend pas en compte les évolutions des rapports de force qui pourraient intervenir entre aujourd’hui et le 10 avril 2022.

Cet indicateur ne prend pas en compte les éventuels biais d’échantillonnage

L’indicateur se base uniquement sur la marge d’erreur statistique des différents sondages et suppose l’absence de biais.

Exemple :

Le sondage d’Harris Interactive du 18 au 21 février place Emmanuel Macron a 24% d’intentions de vote contre 17% pour Marine Le Pen et 15,5% pour Eric Zemmour. Ce sondage semble donc indiquer que le second tour opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Or, sur la base d’un échantillon de 2457 interrogés, le score d’Emmanuel Macron est entouré d’une marge d’erreur de 1,7%, celui de Marine Le Pen est entouré d’une marge d’erreur de 1,5% et celui d’Eric Zemmour est entouré d’une marge d’erreur de 1,4%.

En prenant en compte ces marges d’erreur, la probabilité qu’Emmanuel Macron soit au second tour est de 100%, contre 92% pour Marine Le Pen et 8% pour Eric Zemmour.

Vu qu’il y a deux places au second tour, la somme des probabilités d’accéder au second tour sur tous les candidats est de 200%.

Sondages pris en compte :

  • Ifop du 21-24 février,
  • Kantar du 21-23 février,
  • Cluster17 du 20-23 février,
  • Elabe du 21-22 février,
  • Harris Interactive du 18-21 février,
  • OpinionWay du 18-21 février.

Méthode :

Simulation de Monte-Carlo avec 10.000 tirages aléatoires pour chaque sondage.

Pour chaque tirage, sont retenus les deux candidats arrivés en tête. La probabilité d’être au second tour pour chaque candidat correspond à la proportion de scénarios où il s’est classé dans les deux premières positions.

Baromètre hebdomadaire S07 : Présidentielle 2022

Valérie Pécresse décroche, Zemmour et Le Pen au coude à coude pour le 2nd tour

Valérie Pécresse perd 2 points cette semaine et se retrouve pour la première fois 5eme derrière Jean-Luc Mélenchon. Cette tendance à la baisse traduit une campagne difficile pour Valérie Pécresse, critiquée dans son propre camp à l’issue du meeting du Zenith de Paris le 13 février. Elle se maintient dans le cluster des Libéraux mais la concurrence exercée d’une part par Emmanuel Macron sur les clusters modérés (Conservateurs, Libéraux, Sociaux-Républicains) et par Éric Zemmour d’autre part sur des clusters de droite plus radicaux (Anti-Assistanat et Identitaires) la mette en difficulté.

Emmanuel Macron poursuit la course en tête, il gagne 1 point et monte à 24%. Derrière lui, on s’oriente vers un match à deux entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. Marine Le Pen semble avoir enrayé sa mauvaise tendance chez les Eurosceptiques qui aurait pu la mettre en difficulté. Avec les Réfractaires et les Sociaux Patriotes, ces cluster participent à l’assise de Marine Le Pen lui assurant la majeure partie de ses voix depuis 2012.

Ces deux candidats ont un électorat fidélisé. Leurs électeurs sont les plus nombreux à être « tout à fait sûrs » de leur choix de vote. Ils sont également les plus nombreux à dire que cette élection est « plus importante que la précédente ».

L’électorat d’Éric Zemmour semble être le plus « engagé » dans la campagne. Les électeurs d’Éric Zemmour sont les plus sûrs de leurs choix. 78% d’entre eux se disent « tout à faire sûrs » de voter pour lui. Il a par conséquent moins de chance de subir des variations circonstancielles. D’autant plus que ses électeurs semblent les plus mobilisés, ceux qui sont le plus intéressés par la prochaine présidentielle. Ils sont ainsi les plus nombreux à affirmer qu’il leur « importe vraiment de savoir qui gagnera la prochaine élection présidentielle ». Ils sont 73% contre seulement 63% pour les électeurs de Marine Le Pen. Celle-ci semble avoir un électorat plus résigné parce que plus populaire et donc à plus haut potentiel abstentionniste. La clé de la qualification pourrait d’ailleurs se jouer dans le niveau de l’abstention au 1er tour : l’abstention différentielle étant selon toute probabilité bien plus favorable à Éric Zemmour qu’à Marine Le Pen.

Cluster17 évolution sondages

Jean-Luc Mélenchon progresse très légèrement à 13,5% (+0,5) et dépasse désormais Valérie Pécresse dans notre baromètre de la semaine. Il est désormais dans une situation où pourrait s’enclencher une dynamique de « vote utile » à gauche. Le candidat insoumis peut compter sur ses trois clusters phares qui lui restent fidèles : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. Ses « concurrents » à gauche sont trop faibles pour lui contester ces clusters absolument essentiels à toute dynamique. Le bloc écolo-socialiste est à son niveau le plus faible depuis deux mois. Les candidatures Taubira, Jadot et Hidalgo ont un score cumulé de 8,5%. Une telle situation s’explique par le fait qu’Emmanuel Macron continue de « confisquer » une large part des clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes, ne laissant que peu d’espace sur son flanc gauche. Reste à savoir où iront les 2% de Christiane Taubira, à la peine dans sa quête de parrainages, si jamais elle devait renoncer. Enfin, Fabien Roussel se stabilise après sa bonne dynamique des dernières semaines. Il est à 4% juste derrière Yannick Jadot.

Macron : Président réformateur et protecteur

Emmanuel Macron : président réformateur et protecteur ?

Nous avons testé avec notre partenaire Marianne l’opinion des français sur quelques phrases emblématiques prononcées par le Président Macron au cours du quinquennat. Le premier enseignement est que ces phrases, préparées ou non, ont clivé l’opinion, ce qui n’est pas négatif lorsque ces clivages se font au bénéfice du président et qu’il permette de coaliser ses clusters cibles. A l’inverse, elles peuvent coaliser les colères contre lui lorsque ses clusters rejoignent l’avis des clusters d’opposition. C’est le cas de la phrase prononcée face à un jeune chômeur qui disait ne pas trouver d’emploi dans son domaine de prédilection. Le président avait répondu « Moi, je traverse la rue et je vous en trouve un de travail ».

Cette affirmation est rejetée massivement dans l’opinion, par tous les clusters, y compris les clusters de prédilection d’Emmanuel Macron. On peut penser que cette phrase renforce l’image d’un président « déconnecté », alors que le chômage sévit et peut concerner de nombreuses familles dans le pays. Seuls les Libéraux, cluster phare de la droite de gouvernement et les Centristes éprouvent un accord très relatif, autour de 48%. Cela repositionne le Président « à droite » et remet de la latéralité droite-gauche dans le débat, ces deux clusters étant historiquement les pourvoyeurs principaux des votes UMP
et LR. Les autres clusters populaires ou de gauche modérée rejettent massivement cette affirmation, remettant ainsi en cause l’équilibre du Président qui repose sur la transversalité.
Les deux autres affirmations testées dans notre étude sont davantage favorables aux propos du Président de la République. Il retrouve cet équilibre entre des clusters de gauche modérée, de droite modérée et des clusters conservateurs, voire populaires. Ainsi, l’affirmation selon laquelle « on met un pognon de dingue dans les minima sociaux » est approuvée majoritairement dans l’opinion.

Cependant, elle participe également à une relatéralisation du clivage « gauche-droite ». Si ces phrases ont pour but de déstabiliser la droite, alors l’objectif est atteint. En effet, les clusters Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat, Identitaires, Réfractaires et Conservateurs sont largement favorables à cette affirmation. Ces clusters forment l’assise à la fois du vote LR mais également du RN et d’Eric Zemmour. Nous ne sommes pas surpris que les Libéraux (cluster ayant voté Fillon à 60% en 2017) et les Anti-assistanat plébiscitent cette dénonciation d’un Etat qui engraisserait des « profiteurs », des « assistés », tout ce qui peut être sous-entendu dans une telle phrase.

Les électeurs Pécresse, Le Pen et Zemmour sont mêmes plus favorables aux propos du président que ses propres électeurs. Cette position peut avoir un certain avenir. Si le Président voulait affaiblir ses trois principaux poursuivants ; cliver sur le sujet des minima sociaux pourrait produire un effet sur leurs électeurs et il pourrait espérer ramener à lui certains d’entre eux. Notons que la compétition la plus rude se joue dans ces clusters indécis pour Macron, Pécresse, Le Pen et Zemmour : les Conservateurs, les Anti-assistanat et dans une moindre mesure les Libéraux. Ils sont tous les quatre en grande concurrence dans ces clusters qui votent traditionnellement à droite. Il y a donc des marqueurs et des propositions à formuler si l’on veut « tuer le match » dans ces clusters. Ce thème de l’assistanat semble faire consensus, ce qui n’est pas simple au sein de clusters qui ne sont pas toujours si homogènes sur les questions économiques. Notons que cette affirmation a également la faveur de trois autres clusters dans lesquels le Président est apprécié : les Centristes (coeur de son électorat), les Sociaux-Républicains et les Eclectiques. A l’inverse, les clusters de « gauche » modérée qui ont participé massivement à l’élection du Président en 2017 et qui lui restent pour le moment fidèles dans nos baromètres d’intentions de vote marquent un désaccord franc avec ces propos. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes sont ainsi 70% et 72% à être en désaccord. Ces clusters diplômés sont favorables à une économie de marché, mais également favorables à la régulation de l’économie et à la redistribution. La concurrence est certes plus faible pour le Président de ce côté-ci de l’électorat ; les candidatures Jadot, Hidalgo et Taubira étant à la peine. Cependant, si le candidat Macron prononçait des propos similaires durant la campagne, il leur
laisserait la possibilité de se refaire un matelas, alors qu’il est estimé actuellement à 47% chez les Sociaux-Démocrates et 33% chez les Progressistes. Le rejet massif de cette prise de position par l’électorat Jadot est un signal important, y compris dans une optique de 2nd tour pour le Président de la République qui aura besoin de ces électeurs s’il se retrouvait face à un candidat de droite ou d’extrême droite.
Enfin, nous avons testé l’affirmation « Les français sont des Gaulois réfractaires au changement ». Cette question est celle qui fait le plus ressurgir le « bloc Macron ». En effet, tous les clusters de sa coalition approuvent majoritairement cette affirmation : Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes, Sociaux-Républicains, Libéraux. Ainsi 86% de ses électeurs se disent d’accord avec lui. Parallèlement, à l’instar de sa politique sanitaire, cette phrase d’E. Macron scinde l’électorat des autres candidats en deux. 64% des électeurs de V. Pécresse sont d’accord, 56% des électeurs de Yannick Jadot et même 50% des électeurs d’E. Zemmour. C’est donc une phrase « efficace » en ce qu’elle permet de fédérer un électorat de façon cohérente « et en même temps » d’envoyer des signaux aux électeurs indécis ou ayant l’intention de voter pour ses concurrents.

Alors que l’affirmation du président sur le « pognon de dingue » renvoie l’image d’un président libéral, celle-ci donne l’image d’un président réformateur qui veut faire évoluer la France. Alors que la première réinstaure le clivage « droite-gauche », la seconde le traverse et place le clivage sur « conservatisme vs réformisme », beaucoup plus favorable pour Emmanuel Macron.
Les Français ne semblent pas avoir mal pris cette affirmation bien qu’il convient cependant d’observer avec prudence ces réponses. En effet, on peut être d’accord avec ce propos sans pour autant souhaiter que les Gaulois ne soient plus « réfractaires ».
Enfin, la mise en place du « quoiqu’il en coûte » a certainement nuancé l’image que se font les français du Président. Alors que la première mi-temps du quinquennat à l’image de ces phrases fortes était placée sous le sceau de réformes « libérales », la seconde mi-temps, jouée face à la crise Covid a remis l’Etat-providence au centre. L’image d’Emmanuel Macron s’en trouve de fait, bouleversée. C’est sur cet équilibre entre réformes pro-entreprises et protections étatiques que la coalition d’Emmanuel Macron pourrait se fédérer à nouveau en avril 2022.

Baromètre hebdomadaire S06 : Présidentielle 2022

Réalisé en partenariat avec Marianne

Derrière Emmanuel Macron, aucune candidature ne parvient pour l’instant à s’imposer

Dans notre baromètre de la semaine, Marine Le Pen reprend un peu d’avance sur Éric Zemmour, elle gagne 1 point et se trouve deuxième à 16,5%. Éric Zemmour, à 15% perd un demi-point rejoint par Valérie Pécresse qui remonte à 15% (+1,5). Emmanuel Macron, qui n’est toujours pas entré en campagne demeure en tête à 23%.

A gauche, Christiane Taubira poursuit son recul à 2,5% (-0,5) tandis que Fabien Roussel confirme sa dynamique à 4% (+0,5). Jean-Luc Mélenchon est toujours en tête de la course à gauche. Yannick Jadot reste stable à 5%.

Les Conservateurs et les Anti-Assistanat : deux clusters décisifs pour quatre prétendants

Les rapports de force sont stables dans notre baromètre, chacun des principaux candidats conservant ses clusters « cibles ». Emmanuel Macron reste le candidat préféré des clusters modérés : Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes, Sociaux-Républicains. Il est toujours haut dans le cluster des Libéraux. Marine Le Pen conserve de l’avance dans les clusters Sociaux-Patriotes, Eurosceptiques et Réfractaires. Notons que les courbes continuent de se rapprocher avec Eric Zemmour chez les Eurosceptiques. Il y a un jeu de vase communicant qui semble s’opérer au sein de ce cluster entre les deux candidats. Eric Zemmour reste fort chez les Identitaires, bien qu’on observe un léger recul qu’il convient de surveiller. Enfin Valérie Pécresse ne domine dans aucun cluster mais possède un bon socle dans l’ensemble des clusters « Fillon 2017 » : Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat, Identitaires.

Pour Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Marine Le Pen, il y a deux possibilités pour faire basculer le vote en sa faveur, soit augmenter encore son score dans leurs clusters forts, soit faire basculer des clusters très hésitants. On observe ainsi une volatilité très forte dans deux clusters qui votent traditionnellement à droite : les Conservateurs et les Anti-Assistanats. Au sein de ces deux groupes, les courbes ne cessent de se croiser. L’électorat ne se cristallise pas. De plus, Emmanuel Macron exerce une concurrence forte vis-à-vis de ses trois poursuivants au sein de ces deux clusters libéraux économiquement et très attachés à l’ordre social.

En 2017 déjà, ces deux clusters étaient partagés : 33% des Conservateurs avaient voté François Fillon, 25% Emmanuel Macron et 25% Marine Le Pen.  Les Anti-Assistanats avaient clairement manifesté leur adhésion au programme de Marine Le Pen : 40% d’entre eux contre 26% pour François Fillon. Dans ce cluster, Marine Le Pen maintient un bon score, autour de 30%, malgré une instabilité des intentions de vote et la concurrence d’Eric Zemmour qu’elle n’avait pas à gérer en 2017. Chez les Conservateurs, la concurrence Zemmour / Le Pen profite à Emmanuel Macron qui se maintient autour de 30% dans ce cluster dans lequel il est en tête cette semaine.

C’est tout l’enjeu pour le Président ; rester solide dans les clusters penchant à droite : Anti-Assistanats, Conservateurs et Libéraux. Et « en même temps » se maintenir chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Pour cela, il lui faudra dicter le tempo médiatique et fédérer ses clusters sur les sujets économiques et institutionnels sans les cliver sur les sujets sociétaux et culturels. Sa politique sanitaire est à ce titre un bon thème de campagne car elle fédère ses clusters tout en divisant ceux des autres. (Lire notre article sur la politique sanitaire)

Taubira poursuit sa chute, Roussel poursuit sa montée

Christiane Taubira continue d’être en recul dans le prolongement de sa victoire à la primaire populaire et se retrouve à 2,5% (-0,5) quasiment à hauteur d’Anne Hidalgo (2% / +0,5). C’est au sein des clusters diplômés et urbains – Sociaux-Démocrates et Progressistes – que l’ex Garde des Sceaux a le plus reculé ces deux dernières semaines laissant Yannick Jadot reprendre un peu d’espoir dans progresser dans ces deux clusters qui continuent de se positionner massivement pour Emmanuel Macron. Le candidat écologiste reste stable à 5%. Les candidats issus du bloc écolo-socialiste demeurent affaiblis et ne parviennent toujours pas à retrouver leur électorat traditionnel. La multiplication des candidatures, la concurrence exercée par Emmanuel Macron, ainsi que le récit médiatique de la campagne ne permettent pour le moment pas à ce bloc de se cristalliser autour d’une candidature puissante.

Jean-Luc Mélenchon continue d’être largement devant les autres candidats de gauche grâce à un socle conséquent au sein de trois clusters qui l’avaient déjà soutenu en 2017 : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. Si le candidat insoumis veut espérer se qualifier au 2nd tour, il lui faut reconstituer son score dans ces clusters : il est 20 points en dessous de son score de 2017 chez les Multiculturalistes par exemple. Ou alors, défi plus difficile au vu de la concurrence et de ses prises de position radicales : augmenter ses scores chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. C’est surtout au sein de ce dernier cluster : jeune, diplômé, écolo et cosmopolite que le candidat insoumis pourrait espérer tirer son épingle du jeu face à ses concurrents, tout particulièrement s’il parvient à incarner le vote utile à gauche.

Enfin, Fabien Roussel est pour la deuxième semaine consécutive en hausse, à 4% (+0,5). Il confirme sa dynamique dans les clusters de la gauche traditionnelle et semble se poser en candidat alternatif de Jean-Luc Mélenchon plutôt qu’en concurrent direct. En effet, nous n’observons pas pour l’heure de recul dans la base électorale de l’insoumis au profit du communiste. Fabien Roussel semble plutôt percer chez les électeurs de gauche déçus par les autres candidats. Ainsi il monte à presque 20% au sein des Multiculturalistes qui est le cluster névralgique de la gauche radicale.

En somme, cette semaine, les rapports de force restent stables. L’intérêt très relatif porté pour l’heure par les électeurs à la campagne laisse le jeu encore très ouvert.

Jean-Yves Dormagen, Président de Cluster17

« Cluster17 doit être jugé sur ses résultats » – Le Point

Cluster17 est un projet inédit d’institut de sondages politiques. Jean-Yves Dormagen a choisi de se départir du système « particulièrement nébuleux » des panels d’internautes – appelés « access panels » dans le jargon des études statistiques. Son institut propose, lui, une segmentation de l’électorat en seize « clusters », censés représenter les seize sensibilités politique et idéologique qui composent l’électorat français.

Baromètre hebdomadaire S05 : Présidentielle 2022

Réalisé en partenariat avec Marianne

ERIC ZEMMOUR ET MARINE LE PEN A EGALITE POUR LA QUALIFICATION AU 2ND TOUR

Cette semaine, notre baromètre se caractérise par des variations sensibles pour quelques candidats. Cependant, nous observons une concurrence toujours aussi rude pour la qualification au 2nd tour : derrière Emmanuel Macron largement en tête à 23% (+0,5), Éric Zemmour et Marine Le Pen sont à égalité à 15,5% et gagnent tous deux un point par rapport à la semaine dernière. Valérie Pécresse recule très légèrement à 13,5% (-0,5) et reste très proche de ses deux principaux concurrents.

A gauche, malgré sa victoire à l’issue de la Primaire Populaire, Christiane Taubira subit un recul de 3 points, dépassée par Yannick Jadot et Fabien Roussel. Ce dernier est le seul candidat de gauche en progression à 3,5% (+1,5).

Derrière Emmanuel Macron, le match Zemmour-Le Pen toujours aussi tendu

Emmanuel Macron gagne à nouveau 0,5 point cette semaine et fait la course en tête à 23% malgré une candidature toujours en suspens. La stabilité de son socle électoral est observable au sein de ses clusters décisifs. Ainsi, il demeure le candidat préféré des Sociaux-Démocrates, des Progressistes, des Centristes, des Apolitiques et des Sociaux Républicains. Il maintient son socle également chez les Libéraux et les Conservateurs et fait ainsi quasiment jeu égal avec Valérie Pécresse dans ces clusters qui appartiennent pourtant à la grande famille de la droite.

Derrière lui, Éric Zemmour et Marine Le Pen se retrouvent pour une deuxième semaine consécutive à égalité à 15,5 en progression d’un point. La séquence médiatique qui a donné lieu à une bataille de ralliements n’a pour l’heure pas affaibli Marine Le Pen. La candidate du RN bénéficie, en effet, d’un socle solide dans ses clusters décisifs : Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes. Ces clusters composent un électorat populaire et « dégagiste » qui ne s’identifie plus dans le clivage gauche-droite ; c’est un électorat que Marine Le Pen a fidélisé au cours des dernières années. Cependant, la concurrence d’Éric Zemmour commence à se faire ressentir en particulier chez les Eurosceptiques. Ce cluster est un des deux clusters les plus populaires et c’est également le moins diplômé : 88% ont un niveau de diplôme inférieur au Bac. C’est un cluster en forte demande de protections économiques et culturelles. La candidate du Rassemblement National et celui de « Reconquête ! » ont des dynamiques inversées au sein de ce cluster.  Alors que Marine Le Pen devançait son concurrent de plus de 40 points dans ce groupe début janvier, il n’y a plus aujourd’hui qu’une dizaine de points d’écart au bénéfice de Marine Le Pen. Il convient d’être prudent et de vérifier si cette tendance se poursuit dans les prochaines semaines, mais c’est un signal important car l’électorat populaire de Marine Le Pen semblait jusqu’ici hors de portée d’Éric Zemmour. Par ailleurs, Éric Zemmour retrouve son niveau de l’automne chez les Identitaires. Il est plébiscité par un électeur sur deux appartenant à ce cluster. Enfin, Éric Zemmour parvient à réunir une fraction, certes minoritaire, des clusters de droite modérée : les Conservateurs et les Libéraux, avec environ 20% des intentions de votes au sein de ce dernier dont on sait qu’il est le segment de l’électorat qui s’abstient le moins et également celui qui vote traditionnellement le plus massivement et le plus régulièrement pour le candidat LR. Rappelons que les Libéraux avaient voté à 60% pour François Fillon en 2017.

Valérie Pécresse ne parvient toujours pas à impulser une dynamique

Valérie Pécresse est cette semaine à 2,5 points du 2nd tour derrière Éric Zemmour et Marine Le Pen. Elle reste très largement dans la course au 2nd tour, mais contrairement à ses deux principaux concurrents, elle peine à se démarquer nettement au sein d’un ou plusieurs clusters. Elle est la candidate préférée des Conservateurs et des Libéraux mais dans chacun de ces deux clusters avec une très courte avance, car elle est fortement concurrencée par Emmanuel Macron qui fait quasiment jeu égal avec elle. Pour la candidate LR, les choses sont délicates : il lui faut reconstituer le vote Fillon 2017 si elle veut se qualifier au 2nd tour mais la concurrence est bien plus intense qu’en 2017. Il y a 5 ans, Emmanuel Macron était un candidat identifié comme social-démocrate, ex-ministre d’un gouvernement socialiste. Aujourd’hui, il est soutenu par des figures issues de la droite et semble avoir acquis un socle solide dans ces clusters. De l’autre côté de la tenaille, Éric Zemmour et Marine Le Pen empêchent la progression de Valérie Pécresse au sein des Anti-assistanat et des Identitaires qui avaient voté à 26% et 33% en faveur de François Fillon en 2017. C’est dans le cluster des Identitaires que sa progression semble la plus compliquée en raison de « l’embouteillage » de l’offre politique sur ce segment. Elle se situe ainsi en 3e position derrière Éric Zemmour et Marine Le Pen, à moins de 20% des intentions de vote dans ce cluster.

A gauche : Taubira chute, Roussel grimpe

Notre premier baromètre depuis la Primaire Populaire montre une chute importante de Christiane Taubira dans les intentions de vote. Elle perd 3 points et se retrouve à 3% derrière Yannick Jadot et désormais Fabien Roussel. La contestation massive de la légitimité de la Primaire opérée par les principaux candidats de gauche, ainsi que sa séquence médiatique délicate à l’issue de cette investiture semble avoir affecté massivement son électorat. Cette chute confirme nos études précédentes qui révélaient que l’électorat de Christiane Taubira était l’un des moins « certains de son choix », donc l’un des plus volatiles. C’est logiquement au sein de ses clusters clés que Christiane Taubira a perdu le plus de soutiens. Elle divise son score par deux chez les Multiculturalistes, les Sociaux-Démocrates, les Progressistes et les Solidaires. Si cette tendance venait à se poursuivre, cela réouvrirait de l’espace pour ses concurrents de gauche et en particulier pour Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, mais aussi pour Emmanuel Macron car Christiane Taubira pourrait représenter une menace sur deux clusters phares de sa coalition électorale : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes.

Jean-Luc Mélenchon demeure stable à 13% soutenu par un socle solide au sein des clusters Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés, soit des clusters orientés à gauche et en demande de changements radicaux. Quasiment un électeur sur deux a l’intention de voter pour lui au sein de ces trois clusters qui constituait déjà la part la plus importante de son vote en 2017. La solidité de ce socle lui permet de garder une avance sur ses concurrents de gauche mais se révèle insuffisante à lui faire passer la barre du 1er tour.

Notons enfin la progression très sensible de Fabien Roussel à 3,5%. Le député du Nord qui est candidat pour la première fois à l’élection présidentielle est le seul candidat de gauche à bénéficier d’une progression dans les intentions de vote cette semaine (+1,5). Ses récentes sorties médiatiques lui ont permis d’élargir sa notoriété et d’envisager le début d’une dynamique au sein de clusters stratégiques. Ainsi il est en hausse au sein de tous les clusters qui votent traditionnellement à gauche. En particulier chez les deux clusters les plus radicaux : Les Multiculturalistes et les Solidaires. Ce dernier correspond au cluster de la « gauche de classe », radical sur la question sociale, antilibéral et anti-élite, mais relativement moins sensible que les autres clusters de gauches aux questions culturelles et identitaires. De même, on observe une percée du candidat communiste au sein du cluster des Sociaux-Républicains qui correspond à un électorat plus rural et modéré, légèrement conservateur sur les questions culturelles mais orienté à gauche sur les questions économiques.

En somme, il n’y a pas de changement de tendance brutal cette semaine si ce n’est le recul important de Christiane Taubira, un possible début de dynamique en faveur de Fabien Roussel et la légère progression des deux candidatures identitaires qui pour l’instant font jeu égal dans notre étude.

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