Les Anti-Assistanat
Les 6 positions clivantes les plus caractéristiques des Anti-Assistanat
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98% sont favorables à la possibilité de destituer un élu.
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97% sont favorables à l’interdiction du voile dans les universités.
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94% sont favorables à la limitation du versement du RSA.
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92% sont favorables à la suppression de la taxe sur l’héritage.
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86% sont favorables à la suppression du financement des soins pour les étrangers en situation irrégulière.
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84% sont favorables à la réduction d’un tiers du nombre de fonctionnaires.
SOCIOLOGIE
Les Anti-Assistanat sont plutôt âgés et appartiennent aux classes moyennes peu aisées du secteur privé
Les Anti-Assistanats représentent 6% de la population globale et sont en moyenne plutôt âgés. Leur système d’opinion est ainsi presque totalement absent chez les moins de 30 ans. Ils constituent le cluster le moins diplômé de la population : une majorité significative d’entre eux a un niveau d’études inférieur au baccalauréat.
Les Anti-Assistanat sont, le plus souvent, retraités ou salariés du privé. C’est aussi le groupe qui comprend le plus de petits patrons, d’artisans et de commerçants, qui y sont deux fois plus représentés que dans la population générale. Du point de vue de leurs ressources économiques, les Anti-Assistanat appartiennent aux classes moyennes peu aisées. Bien qu’ils soient relativement âgés, ils n’ont en général accumulé qu’un patrimoine relativement modeste. D’ailleurs, près de la moitié des Anti-Assistanat déclarent avoir des difficultés à « boucler les fins de mois ». Les trois quarts d’entre eux s’identifient aux positions inférieures de l’espace social, dont 49% à la « classe moyenne inférieure ». Les Anti-Assistanat se considèrent majoritairement comme « chrétiens » mais sont rarement pratiquants. Ils habitent presque exclusivement dans les petites villes et les zones rurales.
Les professions les plus typiques parmi les Anti-Assistanats sont : chauffeur de poids lourd, garagiste, ouvrier dans une PME, gendarme…
SYSTÈME D’OPINION
Les Anti-Assistanat sont hostiles aux aides sociales, très identitaires et porteurs d’une demande de rupture
Les Anti-Assistanat sont un groupe radical dont les opinions sur de nombreux enjeux clivants sont tranchées. Ils sont ainsi le cluster le plus favorable à « limiter la durée de versement du RSA » et à « réduire d’un tiers le nombre de fonctionnaires ». Ils sont aussi les plus favorables à la suppression des 35 heures. Les valeurs du travail et du mérite sont centrales pour les Anti-Assistanat et elles structurent une grande partie de leur vision du monde. Leur hostilité à la redistribution est d’ailleurs liée à leur attachement à ces valeurs, et il en est de même pour leur hostilité aux étrangers, perçus par eux comme « profitant des aides sociales ».
Les Anti-Assistanat se sentent uniquement français et sont l’un des groupes les plus opposés à l’Islam. Ils sont résolument pro-frontières, y compris au sein de l’Union Européenne. Les Anti-Assistanat sont aussi conservateurs sur le terrain des valeurs : défavorables à l’adoption par les couples homosexuels et très favorables au rétablissement de la peine de mort.
Enfin, ils sont très critiques du « système » et porteurs d’une demande de rupture. Les Anti-Assistanat rejettent la caste politique qu’ils considèrent comme ne se préoccupant pas des gens comme eux. Ils ont aussi souvent l’impression que les classes moyennes auxquelles ils se sentent appartenir sont les vaches à lait du système et qu’il faudrait plutôt « augmenter les impôts des plus riches ».
CLIVAGE GAUCHE-DROITE
Les Anti-Assistanat se classent majoritairement à droite
Les Anti-Assistanat sont un cluster au sein duquel le clivage gauche/droite conserve encore une certaine signification. Même si nombre d’entre eux ont pu être déçus par les gouvernements de droite, la plupart des Anti-Assistanat se positionnent encore sur cet axe et, en cohérence avec leur système d’opinion, presque toujours sur les positions de droite. Ils constituent ainsi le troisième groupe le plus « à droite » après les Identitaires et les Libéraux.
RAPPORT AUX GILETS JAUNES
Après la sympathie initiale, les Anti-Assistanat se sont éloignés du mouvement des Gilets jaunes
Les Anti-Assistanat ont eu, au départ, beaucoup de sympathie pour le mouvement des Gilets jaunes. Ils sont même fréquemment allés sur les ronds-points et plus de la moitié d’entre eux (55%) a placé un gilet jaune sur son pare-brise. Les difficultés à boucler les fins de mois, le fait de résider dans la France périphérique, la dépendance à la voiture, l’hostilité aux taxes, le fait que le mouvement ait été présenté dans certains médias comme « néo-poujadiste » ont pu susciter sympathie et adhésion au départ. Mais les Anti-Assistanat n’ont guère apprécié l’évolution des manifestations et du désordre subséquent et ils ont très majoritairement fini par retirer leur soutien à la mobilisation.
ORIENTATIONS ÉLECTORALES
Les Anti-Assistanats sont attirés par les offres de droite radicale
Comme ils s’intéressent assez peu à la politique, les Anti-Assistanat font partie des électorats moyennement participationnistes. Du fait de leur système d’opinion, ils partagent leurs votes essentiellement entre la droite et le Rassemblement National. Ils ont été très tôt attirés par l’offre frontiste et ils sont d’ailleurs le cluster qui a le plus voté en faveur de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002. C’est aussi l’un des groupes sur lesquels Nicolas Sarkozy a obtenu ses meilleurs résultats en 2007, notamment grâce à des signaux forts dirigés envers ce cluster tels que le discours sur « la France qui se lève tôt » et le « Ministère de l’Identité Nationale ».
Lors du premier tour de la présidentielle de 2017, les Anti-Assistanat ont voté principalement pour Marine Le Pen (40%) ou François Fillon (26%) et dans une moindre mesure Emmanuel Macron (19%). Mais au second tour de scrutin, la candidate du Front National n’est pas parvenue à progresser significativement au sein de ce cluster.
ENJEUX POUR LA PRÉSIDENTIELLE 2022
L’un des principaux arbitres du match des droites
Aucune offre ne correspond pleinement au système d’opinion des Anti-Assistanat. Leurs positions sur les questions économiques les portent plutôt vers les Républicains, voire vers Emmanuel Macron lorsque le président dénonce le « pognon de dingue » dépensé en aides sociales. Mais leur demande de rupture et leur hostilité à la migration et à l’Islam les orientent plutôt vers Marine Le Pen. Quant à Éric Zemmour, son positionnement identitaire et son conservatisme culturel devrait lui attirer la sympathie et peut-être les votes d’une fraction conséquente de ce cluster. Pour toutes ces raisons, les Anti-Assistanat sont l’un des segments les plus décisifs pour le départage des candidatures allant de LREM au RN en passant par les Républicains et Zemmour.
STATISTIQUES
Maxime a 55 ans
Maxime a 55 ans. Père d’un fils de 15 ans, qu’il élève en garde partagée avec son ex-femme, il vit dans un village à proximité d’Arles dans les Bouches-du-Rhône.
Maxime a grandi à la campagne et n’a jamais quitté sa région d’origine. Son père était ouvrier agricole et sa mère employée de commerce. Il reste très marqué par le souvenir de ses parents se levant à l’aube et travaillant pour des salaires minimums. Il a quitté l’école à 16 ans pour se lancer dans la vie et ne « voulait pas galérer comme ses parents avec 500€ à la retraite mais au contraire s’offrir ce dont il rêvait. »
Maxime ne comprend pas « qu’il y ait autant de personnes au chômage ». Pour lui, « il y a du boulot partout et on manque de gens dans tous les métiers ». Il a « toujours voulu gagner de l’argent » et, pour cela, n’a pas compté ses heures jusqu’à être repéré par ses supérieurs qui l’ont promu à des postes de responsables commerciaux. Ses revenus ont rapidement doublé et, au milieu de ses amis du village, il est « vite devenu celui qui gagnait plus que les autres. »
Maxime a lancé son affaire de vente de pièces détachées il y a une dizaine d’années et « assume sa fierté d’être patron ». Malgré des revenus qui n’ont plus rien à voir avec ceux de ses jeunes années, Maxime concède qu’il dépense à peu près tout ce qu’il gagne dans les voitures, les sorties et les soirées et qu’il « a raté sa vie sentimentale », multipliant les rencontres, sans jamais construire une relation stable.
Maxime ne parle que très rarement de politique mais se tient informé de l’actualité, en écoutant la radio en voiture tous les jours et par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Pour lui, la France est « un pays de feignants, qui se plaignent et qui se jalousent les uns les autres ». Il aurait aimé vivre aux Etats-Unis, ce pays « où en aime et on félicite la réussite ».
Maxime a aimé vivre en ville dans ses jeunes années mais il n’y retourne presque plus. Il la trouve dangereuse et ne supporte plus les embouteillages pour l’atteindre. Selon lui « l’écologie n’a aucun sens. On empêche les gens de prendre leur voiture alors qu’il y a des centaines d’avions qui passent dans le ciel toute la journée. »
Maxime ne reconnait pas la France de son enfance. Pour lui, il y a « trop d’assistés qui vivent des allocations » et place les immigrés parmi les « principaux responsables de ce déclin ». Maxime ne se considère pas raciste mais il se reconnait parfaitement dans le slogan, « la France, tu l’aimes ou tu la quittes ». Très méfiant vis-à-vis de l’Islam, il a beaucoup de mal avec le port du voile et les pratiques religieuses.
Maxime a aimé la révolte des premiers jours du mouvement des gilets jaunes. Il avait suivi l’arrivée du mouvement sur les réseaux sociaux et partageait les vidéos contre la hausse de la taxe sur le carburant. Il s’est reconnu pleinement dans ce mouvement « des campagnes contre les taxes imposées par les bobos à vélo des villes ». Il a assez vite retiré son soutien au mouvement à cause des blocages des routes qui attaquaient directement son activité professionnelle et « des manifestations violentes des centre-ville ».
Maxime ne vote pas à chaque élection mais se déplace toujours pour la Présidentielle, car il a « conscience que le Président de la République décide de tout ». Il ne supporte plus les restrictions liées au COVID et ne comprend pas la stratégie du gouvernement depuis deux ans. Maxime avait beaucoup aimé le discours de Nicolas Sarkozy en 2007, candidat pour lequel il avait voté à nouveau en 2012 malgré une relative déception. En 2017, Maxime a voté pour Marine le Pen « contre Macron, le candidat de la gauche ».