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Intelligence artificielle

Sondage pour Le Point : Les Français méfiants vis-à-vis de l’intelligence artificielle

Les Français méfiants vis-à-vis de l’intelligence artificielle

Notons tout d’abord que la connaissance de l’intelligence artificielle et des générateurs de texte comme ChatGPT qui sont au cœur de l’actualité est très inéquitablement répartie.

Si deux tiers des Français interrogés disent savoir plutôt bien ou très bien de quoi il s’agit, un autre tiers déclare moins bien connaître ces nouvelles technologies.

Sans surprise, ce sont les Français les plus jeunes et les plus diplômés qui se disent les mieux informés sur l’IA. 97% des 18-24 ans connaissent l’intelligence artificielle contre seulement 51% des plus de 75 ans. Le clivage socio-économique est également probant avec 90% des Cadres et professions intellectuelles supérieures qui savent ce qu’est l’IA contre environ 60% des employés et des ouvriers.

Notre segmentation de la société en familles idéologiques se révèle également très explicative sur ce sujet. Ce sont les clusters les plus « à gauche » culturellement qui se sentent les mieux informés à propos de l’intelligence artificielle :  les Multiculturalistes, les Sociaux-Démocrates, les Progressistes, les Solidaires et les Centristes. Cela révèle probablement une meilleure intégration à la mondialisation et aux réseaux d’information de ces groupes plus diplômés que la moyenne qui vivent majoritairement dans les grandes aires urbaines. Le groupe le plus aisé et le plus diplômé de la droite, les Libéraux, dispose également d’un très bon niveau d’information sur le sujet. Ce qui suggère en effet que le capital culturel est très prédictif du rapport au progrès technique.

Si seuls 8% de Français disent que l’intelligence artificielle est un progrès pour l’humanité, c’est au sein de ces groupes sociaux et idéologiques que l’on a le plus confiance dans l’IA. 15% des Bac +5 estiment que c’est un progrès contre 5% de ceux qui n’ont pas le Bac. Ici aussi, on est légèrement plus optimistes chez les plus jeunes : 11% en moyenne chez les moins de 35% contre 4% chez les plus de 75 ans.

Mais ce qui fait consensus au sein de la population c’est une forme de « pragmatisme » ou de réalisme à propos du progrès. La moitié des Français interrogés estiment ainsi que le développement de l’intelligence artificielle constitue à la fois un progrès et un danger pour l’humanité. Presque 30% estiment tout de même que c’est un danger pour l’humanité. C’est particulièrement le cas des groupes populaires et « anti-système » qu’on retrouve dans nos familles Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes, Anti-Assistanat, et qui constituent une part importante du vote Le Pen et Dupont-Aignan.

Pour autant, c’est plutôt la méfiance qui semble l’emporter sur la défiance dans la population.

En témoigne, le souhait de voir ces technologies régulées par 4 Français sur 5. 8% des sondés souhaitent carrément empêcher son développement et 6% se montrent en faveur d’une liberté totale de développement. Des scores dans la droite ligne de la tradition interventionniste et étatiste de la France.

Il faut noter, enfin, que les Français sont dubitatifs sur la capacité de la France à être au premier rang dans la course à l’innovation : seuls 29% des sondés disent avoir confiance en leur pays pour devenir un leader dans le domaine des nouvelles technologies, et ils ne sont même que 2% à avoir « très confiance ». L’IA et les nouvelles technologies sont des révélateurs parmi d’autres d’un certain déclinisme ambiant et d’une perte de confiance dans les capacités de la France à être une nation innovante à la pointe du progrès technologique. Sur cet aspect, ce sont les électeurs du Président de la République qui se montrent les moins pessimistes, ce qui est tout à fait cohérent avec leur positionnement idéologique en faveur de la « start up nation », de la croissance économique, de l’innovation, de la liberté d’entreprendre, etc.

En somme, ces questions comme bien d’autres ne sont qu’un énième révélateur de la fracture qui oppose aujourd’hui une France élitaire et optimiste à une France populaire, réfractaire et bien plus pessimiste sur son avenir et celui du pays.

Cluster17 sur le podium des meilleurs instituts aux élections françaises et italiennes 2022

Fondé en décembre 2021, Cluster17 a produit des sondages d’intention de vote en France pour l’élection présidentielle et les législatives tout au long de l’année 2022 ainsi qu’en Italie dans le cadre des élections générales. L’institut s’est démarqué par la qualité de ses résultats.

  • 2eme meilleur institut français sur la présidentielle 2022 selon DataPolitics

Le site d’expertise politique Datapolitics a classé Cluster17 sur la 2eme marche du podium des instituts de sondage concernant la qualité de ses estimations lors de l’élection présidentielle.

https://datapolitics.fr/presidentielle-retour-sur-la-performance-des-differents-sondeurs/

  • Une des meilleures estimations en sièges aux législatives 2022

Dans le cadre des élections législatives, Cluster17 a publié son estimation de la répartition des sièges dans l’hémicycle à l’issue du 1er tour :

  • Sur le podium des élections générales italiennes 2022

Estimations des principaux instituts en septembre :

Résultats finaux :

Marine Le Pen

Sondage pour Le Point : 64% des Français voient Marine Le Pen gagner en 2027

Fin du « front républicain » : Marine Le Pen ne fait plus peur

Notre étude pour Le Point réalisée du 7 au 9 avril[1] révèle la percée bien réelle de Marine Le Pen dans l’opinion. Au-delà de son potentiel électoral, en hausse, c’est le niveau de rejet envers sa personne, en baisse, qui explique ses chances de victoire.

En effet, deux tiers des Français pensent qu’elle a une chance de gagner la prochaine élection présidentielle. Une idée qui s’installe petit à petit dans l’opinion, majoritaire dans l’ensemble des clusters et des électorats. Cette hypothèse qui se répand ne semble pas générer plus de crainte et de résistance que cela. Preuve en est : seul un tiers des Français sont favorables à la constitution d’un « front républicain » NUPES, Renaissance, LR pour faire battre Marine Le Pen en cas de 2nd tour.

Il n’y a que le cœur de l’électorat diplômé de gauche qui se montre très majoritairement favorable à la constitution d’un front républicain. Ces clusters « Sociaux-Démocrates » et « Progressistes » constituent une part substantielle de l’électorat de la majorité présidentielle. En 2017 et en 2022, ils ont placé Emmanuel Macron en tête, le Président incarnant à leurs yeux le meilleur rempart contre le « populisme ».

Mais les autres électeurs de gauche, notamment les plus radicaux, semblent délaisser le « front républicain ». Seul un tiers des électeurs de Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon se disent ainsi prêts à se positionner en faveur d’une telle union de circonstance quand 50 à 60% des électeurs Jadot et Hidalgo s’y disent favorables.

Au-delà de la lassitude et de la mise à équidistance de Macron et Le Pen, on décèle un certain pessimisme au sein de l’électorat de gauche. En effet, ces résultats démontrent implicitement que ces électeurs ont assimilé que le 2nd tour ne peut qu’opposer le RN et un candidat de la majorité ou de la droite, quand bien même Jean-Luc Mélenchon a récolté par deux fois plus de 20% de suffrages. Nul doute que si l’insoumis parvenait au 2nd tour, son électorat serait bien plus favorable au front républicain.

Enfin, nous avons demandé aux Français de donner une note de probabilité de vote, sur une échelle de 0 à 10, à une liste de potentiels candidats à l’élection présidentielle.

Marine Le Pen dispose de la base à la fois la plus étendue et la plus solide. En effet, 29% des Français lui donnent une note de 6 à 10, ce qui la place devant Edouard Philippe (25%) et Jean-Luc Mélenchon (24%).
En parallèle, 18% des Français accordent une note de 9 ou 10 à la candidate du RN, démontrant la solidité de son potentiel électoral. Seules les candidatures bien ancrées à gauche disposent d’une base électorale comparable. Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin disposent ainsi d’une surface similaire, à 15% et 14%. Jordan Bardella dispose quant à lui d’un noyau dur potentiel de 12% d’électeurs.

C’est au sein des clusters qui votaient naguère pour l’UMP de Nicolas Sarkozy que Marine Le Pen progresse le plus. Les clusters de la petite droite rurale populaire comme les Conservateurs et les Anti-Assistanat la placent désormais largement en tête. Même le dernier « bastion » de LR, les « Libéraux », cluster de droite bourgeoise libérale-conservatrice, est de plus en plus séduit par la fille de Jean-Marie Le Pen. Elle est la troisième candidate avec le plus de potentiel au sein de ce cluster, derrière Edouard Philippe et Bruno Le Maire.

Evidemment, la dédiabolisation sur la forme et le fond est pour beaucoup dans la progression palier par palier du Rassemblement National. Mais c’est avant tout sa capacité à être mieux-disant sur des thèmes fondamentaux pour une partie importante des électeurs qui lui permet d’emporter des pans entiers de l’électorat, notamment au sein des clusters de la droite traditionnelle. Nous assistons à ce titre à une sorte « d’union des droites par le bas ».

Ainsi lorsqu’on demande aux Français quel parti est le mieux placé pour traiter huit enjeux fondamentaux (Ecologie, sécurité, immigration, pouvoir d’achat, justice sociale, démocratie, laïcité, chômage), le RN arrive largement en tête dans trois d’entre eux, les plus régaliens notamment. 36% des Français pensent que le RN est le mieux placé pour traiter les enjeux de sécurité, 31% sur les questions liées à l’immigration et plus inquiétant pour les autres partis, 28% estiment que le RN est le mieux placé pour traiter des enjeux liés à la laïcité.

Sur les sujets socio-économiques, le RN est devancé par la NUPES mais ne souffre pas d’un manque de crédibilité si important : 20% des Français estimant que le parti à la flamme est le mieux placé pour traiter le chômage ou les questions de pouvoir d’achat.

[1] Etude réalisée après les sondages Elabe et Odoxa donnant Marine Le Pen victorieuse au 2nd tour.

Etude pour la Fondation Jean Jaurès : Comment le climato-complotisme envahit l’opinion publique ?

L’importance des réseaux sociaux dans la grande bataille de l’attention ne fait aujourd’hui plus de doute, mais une question demeure : comment ces narratifs qui semblent prendre naissance sur la place numérique impactent-ils et infléchissent-ils les croyances des Français ? Sont-ils de simples bulles numériques entretenues de manière artificielle, ou ont-ils une réelle capacité de pénétration et de diffusion ? C’est ce qu’interrogent pour la Fondation Jean Jaurès, Jean-Yves Dormagen et Stéphane Fournier (Cluster 17, laboratoire d’étude de l’opinion), Justin Poncet, Anastasia Stasenko et Pierre-Carl Langlais (Opsci, institut spécialisé dans l’analyse socio-numérique), avec une méthodologie inédite visant à déterminer si les signaux identifiés en ligne éclairent et anticipent les phénomènes d’opinion qui traversent la société française.

Opsci et Cluster 17 s’associent pour proposer une offre inédite d’analyse de l’opinion combinant intelligence de la social data et sondages clusterisés

Depuis près de vingt ans, le social listening promet de mieux comprendre et d’anticiper les phénomènes sociaux grâce au repérage des signaux faibles. Des doutes constants pèsent toutefois sur la représentativité des expressions en ligne. Le pouvoir des réseaux est pourtant incontestable : qu’ils soient à l’origine des trends, des mobilisations, qu’ils participent à leur essor, ou qu’ils les renforcent en chambres d’écho. Pour la première fois, un pure player et un institut s’associent afin d’étudier le parcours complet de l’opinion.

Sondage pour Le point : Qui est responsable des débordements des dernières manifestations ?

38% des Français estiment que le Gouvernement est responsable des débordements lors des manifestations

Les dernières journées de mobilisation ont été marquées par des incidents voire des violences, que cela soit dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites ou à Sainte-Soline, dans la lutte contre les méga-bassines.

Dans ce contexte, 38% des Français imputent la responsabilité de ces débordements au Gouvernement. 25% estiment que ce sont les manifestants qui sont les premiers responsables. 7% seulement rejettent la responsabilité sur les policiers.

Les électeurs les plus opposés à la réforme des retraites et les plus mobilisés sont ceux qui rejettent le plus la faute sur le gouvernement. Une position ainsi partagée par 53% des électeurs de Marine Le Pen et 67% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Un peu plus de la moitié des électeurs d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse estiment quant à eux que ce sont les manifestants qui sont responsables des débordements.

Quant aux électeurs modérés du PS et d’EELV, ils sont plus nuancés et pensent que la responsabilité est partagée entre l’ensemble des protagonistes : policiers, manifestants et gouvernement.

L’impopularité de la réforme des retraites y est pour beaucoup dans ces résultats. Alors que le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites demeure très élevé, la « radicalisation » du mouvement social ne nuit, pour l’instant, pas à la contestation.  Au contraire, la défiance à l’égard du gouvernement l’emporte.

Pour le gouvernement, il est ainsi difficile d’incarner « le parti de l’ordre » sans altérer sa base électorale. En effet, nous voyons bien dans notre étude qu’au sein de l’électorat modéré du Président, en particulier au sein des clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes, la radicalité n’est pas imputée aux manifestants. Idem dans un groupe de droite modérée : les Conservateurs, qui malgré leur forte hostilité au désordre, ne sont que 28% à citer les manifestants comme principaux responsables des débordements.

Par conséquent, il est possible qu’au sein de ces segments de l’opinion, le gouvernement sorte affaibli en cas de « pourrissement » du mouvement social, notamment, s’il reste inflexible sur le contenu de la réforme.

Assistons-nous à la fin du macronisme ?

Le niveau de soutien et de sympathie au Président de la République est en chute libre ces deux derniers mois. Une impopularité qui croît aussi bien sur son flanc droit que sur son flanc gauche. Alors que le Président de la République a occupé 6 fois la tête du classement sur nos 12 derniers baromètres, il coalise en cette fin mars uniquement 11% de soutien et 9% de sympathie dans l’électorat, chutant à la 4eme place du classement.

Rappelons que le succès électoral d’Emmanuel Macron repose sur sa capacité à allier des segments de l’opinion aux positionnements très hétérogènes sur de nombreux clivages. Parmi ces 16 segments (ou « clusters) que nous avons identifiés, 5 ont largement participé à sa réélection : Deux au centre-gauche (les Sociaux-Démocrates et les Progressistes), deux au centre (les Sociaux-Républicains et les Centristes), et un dernier se situant nettement à droite (les Libéraux).

Cet alliage est aujourd’hui en train de se défaire en particulier à cause de la réforme des retraites mais aussi à cause de la méthode et du contexte dans lequel cette réforme est adoptée.

Evolution de la popularité d’Emmanuel Macron (cluster Sociaux-Démocrates)

L’insatisfaction progresse particulièrement chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Deux familles qui ont voté à plus de 40% pour Emmanuel Macron au 1er tour de l’élection présidentielle et qui formaient une part très importante de son cœur électoral dès 2017. Depuis sa réélection, le Président connaît une érosion lente de sa base électorale en particulier à cause du contexte social. Au sein de ces deux clusters, son niveau de soutien a été divisé par trois depuis sa réélection en avril 2022 tandis que son niveau de rejet a plus que triplé.

Si ce n’est pas au sein de ces deux clusters que la réforme suscite le plus d’insatisfaction, elle y est tout de même très majoritairement rejetée. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes s’y opposent à environ 60% et soutiennent en parallèle le mouvement social à plus de 60%.

Ce qui semble ce mois-ci entraîner une chute plus importante de la popularité du Président, c’est l’usage du 49-3 et la situation de tension qui en découle.

Ces deux clusters sont : 1) attachés à l’ordre économique et social et 2) attachés à la démocratie.

Or, l’ordre économique et social est bouleversé par une réforme perçue comme « injuste » et penchant très largement « à droite » dans la perception qu’en ont les Français.

Ainsi, le sentiment que cette réforme est injuste est largement partagé, entraînant une première altération majeure de la base électorale présidentielle.

En outre, les manifestations, les tensions, les violences sont autant d’éléments que cet électorat modéré rejette. Or, celui-ci identifie le Président et son gouvernement comme les principaux responsables de ces manifestations. En particulier parce que la CFDT et Laurent Berger s’opposent fermement à la réforme depuis le début.

L’attitude ferme de Laurent Berger, perçu ordinairement comme un homme de consensus y est pour beaucoup dans le désamour du centre-gauche à l’égard du Président de la République.

En effet, c’est au sein de ces clusters et en particulier chez les Sociaux-Démocrates que le leader de la CFDT est le plus apprécié, comme le démontre notre sondage pour Le Point réalisé début mars.

L’absence de soutien de la CFDT à la réforme et donc l’impossibilité de brandir le « drapeau » du dialogue social ne laissait qu’une possibilité au Gouvernement pour maintenir un semblant « d’ordre » politique et social : un vote majoritaire au Parlement. Or celui-ci n’a pas eu lieu.

Le « macronisme » est né du compromis, du dépassement du clivage gauche-droite pour faire adhérer l’ensemble de l’arc modéré issu des électorats PS et UMP dans une vaste coalition. Le succès d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022 repose en premier lieu sur cette capacité à mettre en avant des clivages qui lui étaient favorables pour fédérer l’ensemble des clusters demandeurs d’ordre et de stabilité. Tel fut le cas avec la crise des Gilets jaunes, la campagne de vaccination, la guerre en Ukraine… Cette « prouesse » est aujourd’hui largement remise en cause par l’adoption de cette réforme des retraites.

Car non seulement le fond de la réforme est dissonant avec les aspirations profondes de l’hémisphère gauche de son électorat, mais la forme vient totalement trancher avec le « macronisme » originel. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes s’auto-positionnent très majoritairement « à gauche » ou « plutôt à gauche » lorsqu’on les interroge. A ce titre, ils sont mis en porte-à-faux par une réforme soutenue et défendue historiquement par la Droite. En plus de son impopularité massive dans l’opinion, la réforme des retraites entraîne une résurgence du clivage gauche-droite sur l’axe socio-économique ; un clivage mortifère pour le macronisme.

Enfin, l’usage du 49-3 semble avoir entériné le divorce entre le centre-gauche et le Président de la République. 70 à 80% des Sociaux-Démocrates et des Progressistes jugent l’usage de cette procédure « inacceptable ».

En somme, on assiste bel et bien à une érosion du macronisme principalement sur son côté gauche et dans une moindre mesure au centre et sur sa droite : notons ainsi que dans le cluster des « Centristes » qui est le cœur névralgique du macronisme, le niveau de soutien au Président baisse drastiquement (-20 points) ce mois-ci.

Toutefois, la « tripartition » du champ politique résiste pour l’heure, car l’électorat Social-Démocrate et Progressiste, qui pèse environ 10% est dans une sorte « d’apesanteur ». Il est à la fois insatisfait par l’offre « Mélenchon-NUPES » et par la politique du Président de la République.

Nul doute cependant que cet électorat sera décisif dans les recompositions du champ électoral d’ici à la prochaine élection présidentielle.

Est-ce que le « macronisme » peut renaître de ses cendres et reconquérir ces électeurs ou bien rebasculeront-ils vers une offre de gauche entraînant le retour à une bipartition du champ politique ?

Baromètre des personnalités n°12 : Emmanuel Macron subit l’impopularité de la réforme des retraites

Chaque mois, Cluster17 publie son baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

Retrouvez ici le baromètre de personnalités du mois d’avril. Emmanuel Macron quitte le podium pour la première fois et chute à la 4eme place du classement. Il subit comme l’ensemble de l’exécutif l’impopularité de la réforme des retraites ainsi que l’utilisation de l’article 49-3.

Sondage pour Le Point : Près de 3 Français sur 4 prêts à signer le RIP sur les retraites

Dans un contexte de forte opposition à la réforme des retraites et à l’utilisation de l’article 49-3, notre étude montre que les Français adhèrent très fortement à l’idée d’un Référendum d’Initiative Partagé pour limiter l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Le seuil de 4,85 millions de signataires nécessaires à l’adoption du RIP pourrait être largement atteint.

Près de 3 Français sur 4 disent avoir déjà entendu parler du RIP. Le lien est fort entre capital culturel / capital économique et connaissance du RIP. Les Français les mieux informés sur cette question sont les plus diplômés mais également ceux disposant des plus hauts revenus.

Les électeurs de gauche semblent mieux informés de ce dispositif que la moyenne des Français : Plus de 80% des électeurs des partis de la NUPES connaissent le RIP contre 67% pour les électeurs de Marine Le Pen.

Sept Français sur dix se disent prêts à donner leur signature pour qu’un référendum soit organisé sur la question de l’âge légal de départ. La popularité de la procédure de RIP est d’autant plus forte en l’espèce qu’elle apparaît comme « la dernière chance » institutionnelle pour les opposants d’empêcher le décalage de l’âge légal à 64 ans. Dès lors, les Français qui se disent le plus à même de signer en faveur du RIP sont également ceux qui sont les plus opposés à la réforme. En premier lieu : les électeurs populaires et radicaux de la gauche qui composent le cœur de l’électorat insoumis. Presque 100% des Multiculturalistes et des Solidaires se disent prêts à signer. Mais c’est le cas également de près de 90% des Français appartenant aux clusters populaires et identitaires, plus proches du RN : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes.

L’ensemble de ces clusters compose un arc contestataire qui avait déjà largement participé au mouvement des gilets jaunes, un « mouvement social » qui avait popularisé la question du Référendum d’Initiative Citoyenne. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon comme ceux de Marine Le Pen sont les plus favorables à instiller davantage de démocratie directe.

Un des enjeux pour les défenseurs du RIP sera donc de parvenir à atteindre ces signataires potentiels, quand bien même, nous savons que leur profil sociologique a tendance à les éloigner de la participation politique. En effet, c’est au sein des catégories populaires et de la jeunesse que le RIP a le plus de potentiel. Pourtant, ce sont aussi ces catégories qui s’abstiennent le plus fréquemment.

Malgré une envie certaine de signer en faveur du RIP, la moitié des Français pense que cette procédure n’aboutira pas.

Lorsqu’on demande aux Français si le RIP a des chances d’aboutir, seuls 17% d’entre eux répondent « Oui, tout à fait ». On retrouve, ici, une équation qui n’est pas sans rappeler celle de la mobilisation contre la réforme des retraites : fort soutien populaire à la mobilisation, forte disposition à y participer soi-même, mais aussi relatif pessimisme quant à ses chances de succès. Sur cette question aussi, ce sont les électorats les plus mobilisés en faveur du RIP et contre la réforme qui sont les plus enthousiastes : 71% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 73% de ceux d’Anne Hidalgo, 65% des électeurs de Fabien Roussel et 58% des électeurs de Marine Le Pen pensent que le RIP aboutira.

En somme, nous observons un réel enthousiasme pour une procédure démocratique qui permettrait de stopper la réforme. Toutefois, est-ce que la disponibilité affichée par les sondés se transformera en signatures effectives ? Et, plus encore, est-ce que cet enthousiasme se maintiendra dans le temps ? Il faudra, rappelons-le, pour les promoteurs de cette initiative récolter près de 5 millions de signataires en neuf mois.

semaine-4-jours

Sondage pour Le Point : 2 Français sur 3 prêts à passer à la semaine de 4 jours

Deux Français sur trois favorables à l’instauration de la semaine de 4 jours

Parallèlement à la réforme des retraites, le Gouvernement a lancé une expérimentation auprès de certains agents publics : leur permettre de concentrer leur temps de travail sur 4 jours au lieu de 5. Une expérimentation qui semble résonner positivement auprès des Français.

63% d’entre eux se disent favorables à une telle expérimentation. Dans la France post-Covid, de nouveaux équilibres se dessinent entre travail et vie privée. Dans ce contexte, les Français semblent souhaiter rééquilibrer leur semaine et avoir un temps de coupure supplémentaire.

On observe un certain consensus au sein de l’opinion sur la question de la semaine de 4 jours.

Les électeurs de gauche semblent certes les plus réceptifs : près d’un tiers des électeurs de Yannick Jadot, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon se disent même « très favorable » à cette réforme.

Les poches de résistance se trouvent à droite de l’échiquier : 42% des électeurs d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse se disent défavorables à la semaine de 4 jours.

Sur cette question, le clivage se noue entre des groupes libéraux sur le plan économique et des groupes plus interventionnistes.

On observe en effet que ce sont les clusters de droite élitaire – les Libéraux et les Identitaires – qui sont les plus hostiles à une telle modification du droit du travail. Les Centristes, cluster « macroniste », aisé, composé principalement de cadres, sont également légèrement moins enthousiastes que la moyenne des Français.

A l’inverse les trois clusters qui composent le cœur de l’électorat « mélenchonniste » – les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés – sont les plus enclins à accepter ces changements. Idem pour les clusters qui composent le socle très populaire du vote du RN : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes. Au sein de ces trois groupes composés de nombreux ouvriers et employés, un tiers environ des sondés se dit favorable à la semaine de 4 jours.

En somme, dans ce contexte tendu, le gouvernement dispose ici d’une réforme plutôt consensuelle qui serait admise par une base sociale étendue, en particulier sur le flanc gauche de l’électorat.

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