Sondage pour Le Point sur la crise de la NUPES et l’avenir de la gauche


La gauche recule, le RN avance

  • Si l’on revotait, Marine Le Pen serait en tête

Nous avons demandé aux Français leur intention de vote si avait lieu le 1er tour de l’élection présidentielle, avec la même offre politique qu’en 2022. Marine Le Pen en sortirait grande gagnante avec 29,5% d’intentions de vote, une progression de 6 points. Jean-Luc Mélenchon voit lui son socle s’éroder et perd 5 points, à 17,5%. Emmanuel Macron perdrait lui 3 points, mais serait aisément qualifié au second tour avec 24,5%.

La progression de Marine Le Pen s’effectue principalement sur son socle d’électeurs populaires, sociaux et conservateurs. Mais également dans la droite identitaire, au détriment d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse. La candidate LR serait en recul à 3,5%. Symbole de la pénétration du RN au sein de l’électorat traditionnel de la droite et de la crise des LR, Marine Le Pen arriverait 2e derrière Emmanuel Macron chez les Libéraux avec 20% d’électeurs dans ce cluster phare de la droite, qui avait voté à 60% pour François Fillon en 2017.

Le recul de Jean-Luc Mélenchon s’observe au sein des groupes de gauche modérée qui s’était portée sur sa candidature dans les dernières heures de la campagne, dans un réflexe de vote utile et de barrage à Marine Le Pen. Dès lors, l’insoumis retrouve un socle plus restreint mais tout de même relativement élevé, à 17,5%. L’offre politique à gauche telle qu’elle était proposée en avril 2022 demeure trop faible pour concurrencer Jean-Luc Mélenchon, en particulier dans le cœur de l’électorat de gauche traditionnel.

La tripartition de la vie politique produit donc, pour l’instant, une relative stabilité. Le Président de la République, malgré les remous du début de son second quinquennat, conserve un niveau électoral assez proche de celui de 2017 et de 2022. Le sentiment que sa politique se « droitise » a tout de même des effets sur son électorat de centre gauche. Il accuse une perte de 10 points chez les Sociaux-Démocrates. Parallèlement, dans cette configuration politique, le Président bénéficierait des suffrages d’un électeur sur cinq de Valérie Pécresse.

  • Marine Le Pen et Gabriel Attal, personnalités les plus attendues par les Français

Marine Le Pen ne dispose pas seulement d’une assise électorale solide, elle recueille une véritable popularité dans l’opinion. 40% des sondés souhaitent ainsi qu’elle joue « un rôle important dans les mois et les années à venir ». Pas de lassitude donc au sein de son électorat même si son « dauphin », Jordan Bardella jouit également d’une belle côte d’avenir : 34% des sondés souhaitent qu’il prenne plus de responsabilités dans les prochaines années.

Marine Le Pen est en tête de classement, devant un nouveau prétendant, Gabriel Attal. Le ministre de l’Education nationale assoit sa popularité dans l’électorat. 39% des sondés souhaitent le voir jouer « un rôle important » dans la période à venir. Au sein de la majorité présidentielle, il devance Edouard Philippe, cité par 36% des Français interrogés.

A gauche, François Ruffin, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon forment le trio de tête. 32% des sondés souhaitent que le député de la Somme prenne plus de poids à l’avenir (dont 12% tout à fait). Premier à gauche, François Ruffin s’impose un peu plus dans l’opinion comme un successeur potentiel de Jean-Luc Mélenchon. C’est au sein du même segment électoral, celui de la gauche rupturiste, que l’ancien journaliste séduit le plus, tout en disposant d’une meilleure image dans la gauche modérée.

  • Jean-Luc Mélenchon maintient son leadership à gauche

Toutefois lorsqu’on interroge les Français sur la personnalité qui représente le mieux la gauche aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon devance d’une courte tête son potentiel « dauphin ». Le triple candidat à la présidentielle est cité par 20% des Français. C’est au sein des trois clusters qui forment le noyau dur de sa coalition électorale que Jean-Luc Mélenchon fait le plein de popularité. La « fidélité » de cet électoral radical permet à Jean-Luc Mélenchon de maintenir son leadership sur la gauche.

François Ruffin, 3e du classement avec 18% dispose également d’une bonne côte dans l’électorat de gauche et dans des clusters modérés comme les Sociaux-Républicains et les Apolitiques.

Fabien Roussel est 2e de ce classement, intercalé entre les deux insoumis. Le leader du Parti Communiste recueille le soutien de 19% de Français. Sa popularité est plus problématique en termes de perspectives électorales car elle se trouve surtout à droite de l’électorat. Il est ainsi plébiscité par 26% des électeurs se positionnant à droite, 23% des électeurs du centre et 13% des électeurs de gauche.

En somme, c’est la dispersion des « voix » au sein des électeurs de gauche modérée qui assure la prospérité de Jean-Luc Mélenchon qui fait le plein au sein de la gauche radicale.

  • La NUPES rejetée par les Français

Les conséquences des conflits qui traversent les partis composant la NUPES ces derniers jours sont profondes dans l’opinion. L’alliance est fortement rejetée par une majorité de sondés. 63% des Français interrogés sont défavorables à cette union, dont 50% « très défavorables ». A gauche, le rejet est plus nuancé : 36% des électeurs de gauche se disent défavorables, et même 25% « très défavorables », symbolisant la crispation provoquée aujourd’hui par cette coalition au sein même de son électorat potentiel.

Le bilan de la NUPES est lui aussi jugé très durement : 73% des sondés estiment qu’il est négatif, dont 55% estiment même qu’il est « tout à fait » négatif. Le constat n’est guère plus réjouissant à gauche : 44% des électeurs de gauche jugent le bilan de la NUPES globalement négatif.

Dans ce contexte, la décision du Parti Communiste Français de se mettre en retrait de la NUPES est largement approuvée par l’opinion : 69% sont d’accord avec le parti dirigé par Fabien Roussel. La décision divise davantage la gauche, avec une moitié qui approuve la mise en retrait du PCF et l’autre moitié qui la désapprouve.

Les problèmes de la NUPES sont ainsi résumés : elle fédère contre elle une très large majorité de l’opinion et divise son propre électorat potentiel en deux moitiés quasiment équivalentes.

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