Cluster-17

Evolution des intentions de vote aux Législatives 2022 par Clusters

Evolution des intentions de vote des élections législatives 2022

Identitaires
Anti-Assistanat
Sociaux-Patriotes
Eurosceptiques
Réfractaires
Libéraux
Conservateurs
Eclectiques
Sociaux Républicains
Apolitiques
Révoltés
Centristes
Solidaires
Progressistes
Sociaux-Démocrates
Multiculturalistes

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Cluster17 trois blocs et deux perdants

Trois blocs et deux perdants

Même si les votes favorables à M. Emmanuel Macron ont progressé avec le revenu et l’âge des électeurs, ces données ne résument pas la sociologie électorale du dernier scrutin présidentiel. Les positions par rapport à l’Europe, aux vaccins, à l’islam, à l’urgence écologique ont souvent joué un rôle décisif, tout comme le niveau de défiance envers le « système ».

Baromètre hebdomadaire S23 : Législatives 2022

A deux jours du scrutin, quelles sont les forces et faiblesses des trois principaux pôles ?

La candidature de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et sociale (NUPES) se maintient en tête des intentions de vote cette semaine à 29,5% devant la candidature de la majorité présidentielle à 26%. La prise en compte de l’ensemble des candidats dissidents fait baisser mécaniquement la NUPES d’1,5 point et la liste « Ensemble » d’1 point. Mais les rapports de force restent stables. Le Rassemblement National perd lui aussi 1,5 point et se retrouve assez éloigné de ses concurrents à 17,5%. L’abstention qui pourrait être particulièrement élevée est la principale menace, notamment pour la NUPES et le RN dont les électorats sont en raison de leur profil sociologique à plus haut risque abstentionniste. Malgré cela, nous devrions retrouver les trois pôles arrivés en tête à la présidentielle. L’ordre d’arrivée pourrait cependant être inversé du fait de la dynamique suscitée par l’union de la gauche au début de la campagne, au détriment des deux autres pôles. Quelles sont les forces et faiblesses de ces « trois blocs » ?

  • L’électorat de la NUPES plus mobilisé politiquement

L’union de la gauche est une attente forte au sein des clusters qui composent le socle du vote Jean-Luc Mélenchon mais aussi des autres composantes de la gauche. Déjà, lors des présidentielles, notre enquête montrait cette forte attente des électeurs de gauche sur leur souhait d’une primaire réunissant l’ensemble des partis de gauche (cf https://cluster17.com/les-electeurs-de-gauche-largement-favorables-a-lidee-dune-primaire/). De fait, cette union, relativement inattendue, qui s’inscrit dans le prolongement du bon score de Jean-Luc Mélenchon, a permis à cet électorat de rester mobilisé quand les électeurs de Marine Le Pen marquaient le coup suite à la défaite au 2nd tour de la présidentielle.

Le cluster Multiculturalistes, qui est celui le plus à gauche de notre segmentation, est celui qui déclare le plus s’intéresser à ces législatives, et 93% des individus qui le composent ont l’intention de voter pour la NUPES dimanche. Alors que les précédents scrutins étaient marqués par une déperdition de ces électeurs de gauche radicale du fait des divisions, l’union entraîne une forte concentration du vote de ces clusters qui n’ont qu’une seule offre politique vers laquelle se tourner. De même, cette union permet à la gauche de retrouver des électeurs qui jusqu’ici lui échappaient. C’est le cas des Sociaux-Démocrates qui sont clivés entre une offre de gauche classique et la majorité présidentielle.

Là où Jean-Luc Mélenchon peinait à les attirer, la NUPES parvient à mieux capter ces électeurs. Et c’est le cas aussi des Réfractaires, un cluster populaire, social sur les questions économiques et « antisystème », qui vote plutôt Marine Le Pen aux présidentielles mais dont 29% indiquent vouloir voter pour la NUPES ce dimanche. Plus globalement, la NUPES semble capter une part significative des clusters populaires et identitaires, ce qui pourrait se traduire dans les urnes par un recul significatif du RN.

Toutefois, pèsent sur la NUPES deux menaces :

– La première, c’est l’abstention. La NUPES a un électorat jeune, une pyramide des âges inversée par rapport à la majorité présidentielle. Plus les électeurs sont jeunes, plus ils votent NUPES. Or plus les électeurs sont jeunes, plus ils s’abstiennent. En 2017, l’abstention avait été particulièrement élevée chez les moins de 40 ans. Dans ce contexte, une forte abstention pourrait entraîner un recul du score de la NUPES par rapport aux intentions de vote.

– La deuxième menace, c’est la perception qu’a l’opinion de Jean-Luc Mélenchon. Nos différentes enquêtes ont montré que les Français étaient en demande d’alternative à Emmanuel Macron. Ce rejet pourrait profiter à la NUPES notamment au 2nd tour dans une logique de vote utile, une part de l’électorat populaire du RN étant susceptible de se reporter sur les candidats NUPES pour « faire barrage » à Emmanuel Macron. Cependant, l’hypothèse de la nomination de Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre est très minoritaire dans l’opinion et clive y compris à l’intérieur de la coalition de gauche.

Sa personnalité clivante pourrait empêcher les électeurs de gauche modérée (Sociaux-Démocrates et Progressistes) mais aussi l’électorat « social-identitaire » de Marine Le Pen de voter NUPES au 2nd tour. Les premiers à cause de sa supposée radicalité économique et d’un positionnement jugé « populiste », les seconds à cause de sa supposée bienveillance envers l’islam et l’immigration. C’est la raison pour laquelle les cadres de la majorité présidentielle et du Rassemblement National pointent justement leurs attaques sur ces deux aspects.

  • La majorité présidentielle à l’abri de l’abstention ?

La majorité présidentielle dispose de deux atouts principaux : le premier c’est la stabilité de sa coalition électorale. Les clusters pro-Macron de la présidentielle restent « fidèles » à Ensemble. Ce large arc modéré rassemblant une partie des anciens électeurs PS (les Sociaux-Démocrates et les Progressistes), les Centristes, les Sociaux-Républicains et une partie des anciens électeurs UMP (Conservateurs et Libéraux) est bien mobilisé pour ces législatives ; et cela malgré la concurrence de la NUPES sur la gauche modérée et le maintien de LR à un bon niveau chez les Libéraux.

Le deuxième atout repose sur la sociologie de cet électorat modéré : il est plus diplômé que la moyenne en particulier pour les clusters Sociaux-Démocrates et Libéraux qui sont respectivement 46% et 39% à indiquer vouloir voter pour la majorité présidentielle. Et il est également plus âgé que la moyenne. 36% des plus de 65 ans disent ainsi vouloir voter pour la liste « Ensemble ». Or, lorsque l’abstention est élevée, le poids des électeurs âgés et diplômés est démultiplié du fait de leur faible propension à s’abstenir. Cela pourrait même entraîner un rattrapage de la liste « Ensemble » au détriment de la NUPES en cas de mobilisation différentielle très importante.

Les faiblesses de la majorité présidentielle reposent sur le contexte politique et économique :

– La réélection d’Emmanuel Macron après son premier quinquennat annihile légèrement l’automaticité d’un vote majoritaire aux législatives qu’on observait habituellement à la suite de l’élection présidentielle. Il y a ainsi le risque d’un vote de rejet notamment au 2nd tour, une sorte de vote utile inversé contre Emmanuel Macron et sa majorité.

– Le contexte inflationniste fait passer les questions sociales en tête des préoccupations des Français. Or sur le clivage économique et social, il y a une coagulation possible d’un électorat populaire qui se divise habituellement entre Jean-Luc Mélenchon (Solidaires et Révoltés) et Marine Le Pen (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes) sur les questions identitaires et culturelles. Cependant, avec la hausse des prix des produits de première nécessité et le risque du recul de l’âge de départ à la retraite, un « vote gilets jaunes » réunissant ces cinq clusters très populaires pourrait se mettre en place de façon partielle au 2nd tour. On en observe d’ailleurs les prémices dans les score relativement élevés obtenus par la NUPES au sein des clusters populaires et identitaires qui constituent traditionnellement le socle du RN.

  • Le pôle identitaire moins mobilisé et plus divisé que ses adversaires

Si Marine Le Pen était parvenue lors de la présidentielle à mobiliser efficacement son électorat et même à conquérir une partie de l’électorat des LR, ses électeurs semblent peu mobilisés pour ces élections législatives. En témoigne le tableau ci-dessus : c’est dans les clusters les plus pro-RN que l’on s’intéresse le moins à cette élection : 40% des Réfractaires déclarent même ne pas s’y intéresser du tout !

Alors que plus de 80% des électeurs d’Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon déclarent s’intéresser « beaucoup » ou « assez » aux législatives, c’est le cas de seulement 65% des électeurs de Marine Le Pen. Cette démobilisation politique trouve son prolongement dans nos intentions de vote. Le RN rassemble « seulement » 17,5% des voix. Les attributs sociologiques de son électorat sont également source de menace et d’incertitude sur le score du RN dimanche. Son profil extrêmement populaire est associé à de très haut niveau d’abstention lors des scrutins de moyenne et faible intensité, ce qui est bien l’une des caractéristiques de ces législatives.

Trouvera-t-il des raisons de se mobiliser dans les récents événements médiatiques (polémique du Stade de France et polémique sur le policier qui a tiré sur la passagère d’un repris de justice) mais également en raison du contexte économique auquel il est particulièrement sensible ? Notre estimation de l’abstention pour l’instant ne le laisse pas présager.

L’autre point négatif pour le RN est la division maintenue avec Reconquête qui pèse tout de même 5,5% des voix et qui vient concurrencer le RN sur certains de ses principaux clusters et tout particulièrement chez les Identitaires. On voit que ce cluster, très radical sur les questions migratoires et sécuritaires, est hésitant entre le RN et Reconquête. 36% disent vouloir voter RN, 30% pour Reconquête. Alors qu’elle avait réussi à distancer Éric Zemmour dans ce cluster par une mécanique de vote utile au premier tour de la présidentielle, le contexte politique et la nature de l’élection sont cette fois-ci moins favorables à un tel scénario pour Marine Le Pen.

Baromètre hebdomadaire S22 : Législatives 2022

Des coalitions très inégalement menacées par l’abstention

Notre baromètre consacré aux législatives cette semaine reflète une grande stabilité. Depuis un mois, il n’y a pas eu de bouleversements majeurs dans l’opinion. La NUPES reste en tête des intentions de vote à 31% devant la majorité présidentielle à 27%. L’écart s’est certes resserré ces dernières semaines au profit de la majorité présidentielle mais pas de façon significative.

Le Rassemblement National stagne lui aussi à 19%.
Alors que durant la présidentielle nous observions un intérêt croissant des Français pour l’élection, nous observons avec ces législatives le phénomène inverse.

Les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat, les Identitaires, qui avaient placé Marine Le Pen en tête au 1er tour et qui constituent les clusters phares du pôle identitaire sont ceux pour qui il importe le moins de savoir qui sera leur futur député. Cela fait peser sur le Rassemblement National la menace persistante d’une abstention différentielle défavorable. Lorsque l’abstention est forte, elle touche davantage les classes populaires et les jeunes, ce qui rend les choses difficiles pour le Rassemblement National dont l’électorat est certainement le plus populaire.

La menace pèse aussi sur la NUPES dont l’électorat est le plus jeune. En effet, 50% des 18-24 ans indiquent vouloir voter pour la coalition de gauche la semaine prochaine, 40% des 24-35 ans mais « seulement » 22% des 65 ans et plus. Cependant, l’électorat de gauche semble plus intéressé et plus mobilisé par les législatives du fait de cette alliance nouée qui laisse percevoir un duel serré entre la majorité et la NUPES.

A ce titre, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon est un de ceux qui déclarent le plus s’intéresser aux élections législatives : 55% des électeurs du 1er tour disent s’y intéresser « beaucoup ». Dans la même perspective, ce sont les Multiculturalistes qui constituent le cluster le plus mobilisé par cette élection. C’est un cluster de gauche culturelle, très favorable à l’union de la gauche, radicale et très hostile à Emmanuel Macron.

Enfin, l’électorat de la majorité présidentielle est le plus à l’abri de ce risque abstentionniste du fait de sa sociologie : son électorat est plus âgé en moyenne, plus aisé et plus diplômé. Pèse sur la majorité un risque plus politique : celui de voir le clivage gauche/droite se reconstituer par endroit. La concurrence de la NUPES sur les clusters de gauche modérée est un phénomène nouveau par rapport à la présidentielle, au cours de laquelle Emmanuel Macron était arrivé en tête chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, soit dans les clusters de la gauche modérée.

De l’autre côté de la coalition majoritaire, il conviendra d’observer si LR parvient à retrouver une partie de son électorat traditionnel, notamment le cluster des Libéraux, qui avait voté « utile » au 1er tour de la présidentielle en choisissant massivement de se porter sur la candidature d’Emmanuel Macron.

Autre indicateur d’une faible participation à venir, la part d’électeurs s’intéressant aux élections législatives décroit également.  Alors que le 12 mai, 42% d’entre eux disaient s’intéresser « beaucoup » aux législatives, ce chiffre est tombé à 34%.

A nouveau, c’est l’électorat de Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle qui déclare le moins s’intéresser à cette élection (avec les électorats de Yannick Jadot et Jean Lassalle) : seulement 33% de ses électeurs qui s’y intéressent « beaucoup », contre 43% de ceux d’Emmanuel Macron et 55% de ceux de Jean-Luc Mélenchon.

Le fait que cette campagne se joue principalement dans un contexte de forte inflation autour des thématiques socio-économiques au détriment des enjeux identitaires contribue sans doute à cette démobilisation du camp identitaire. L’absence d’alliance avec Reconquête et de perspective de victoire du RN – admise par Marine Le Pen elle-même – est un autre facteur explicatif de la démobilisation de son électorat.

En résumé, l’abstention devrait pénaliser en premier lieu le RN dont les électeurs pourraient s’abstenir massivement avec pour conséquence, si cette hypothèse se vérifiait, des résultats plus faibles que ceux annoncés par les sondages. La NUPES est, quant à elle, sous la menace d’une abstention plus sociologique, liée à la jeunesse de son électorat potentiel. On sait, en effet, que lors des deux dernières élections législatives (2012 et 2017) les écarts de participation entre jeunes et séniors ont approché les 40 points.

Dans ce contexte, la majorité présidentielle pourrait bénéficier d’un avantage concurrentiel, disposant d’une base électorale bien plus participationniste que la moyenne. C’est d’ailleurs ce pari stratégique que semble avoir fait le camp présidentiel en optant pour une campagne de très basse intensité qui devrait générer une très forte abstention probablement favorable aux candidats d’Ensemble.

Baromètre des personnalités politiques

Baromètre des personnalités politiques N°2

Emmanuel Macron profite de la baisse de popularité de Marine Le Pen pour retrouver la tête du classement

Nous publions notre deuxième baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous avons décidé de classer en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien ». Cela nous semble refléter davantage le potentiel politique d’une personnalité, la « sympathie » étant un élément moins discriminant et donc sans doute moins prédictif des comportements électoraux.

Ce mois-ci, le Président de la République arrive en tête de notre classement. Soutenu par 19% des Français, il devance Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement National est en fort recul ce mois-ci, ce qui explique que le Président de la République retrouve mécaniquement la tête du classement.

Son capital de soutien et de sympathie est en légère baisse mais plutôt stable, de même pour Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen recule fortement quant à elle, avec seulement 15% de soutien, divisant son score par deux par rapport au mois dernier. Nous avions réalisé notre dernière enquête au sortir du 2nd tour, après qu’elle ait réalisé un score « record » pour son parti.

Depuis, elle a peiné à lancer sa campagne des législatives, abandonnant à Jean-Luc Mélenchon le rôle du premier opposant. Tous ces éléments, en plus du maintien de la division du pôle identitaire avec Éric Zemmour, expliquent certainement ce recul. Ces résultats traduisent, sans doute, également, la démobilisation de l’électorat mariniste et pourrait laisser présager d’une forte abstention sur ce segment de l’électorat.

Bien qu’elle reste en tête dans ses clusters de prédilection, c’est au cœur de son électorat que le recul de Marine Le Pen est le plus spectaculaire. Elle perd 41 points de soutien chez les Réfractaires, 35 points chez les Sociaux-Patriotes et les Anti-Assistanat.

La tripartition de l’espace politique se vérifie dans notre baromètre des personnalités

Au sein de la majorité présidentielle, Emmanuel Macron conserve son leadership profitant du soutien de son socle électoral constitué des Sociaux-Démocrates, des Progressistes, des Sociaux-Républicains, des Eclectiques, des Conservateurs et des Libéraux. Une large coalition des clusters modérés qui l’a porté au pouvoir et qui consacre sa volonté de dépassement du clivage gauche-droite.

Elisabeth Borne, tout juste nommée Premier Ministre est 5e de notre classement et fait une percée chez les Sociaux-Démocrates, où elle se trouve 2e à 24% de soutien et chez les Centristes, 2e aussi à 41% de soutien. Le Maire du Havre et ancien Premier Ministre Edouard Philippe continue lui aussi à profiter d’une belle côte de sympathie mais son capital de soutien est en net recul ce mois-ci, il perd 8 points et se retrouve 4e du classement.

L’élection présidentielle 2022 a consacré l’hégémonie de la majorité présidentielle auprès de l’électorat modéré. De même, la France insoumise et le Rassemblement National ont continué leur progression et sont parvenus à pénétrer des segments plus modérés de l’électorat. Ils participent dès lors, de part et d’autre du champ politique, de la prise en étau des anciennes forces dominantes : les Républicains et le Parti Socialiste. Les personnalités de ces deux partis se trouvent toutes dans la seconde partie de notre classement.

Aucune ne parvient à émerger. Au Parti Socialiste, nous avons testé pour la première fois Olivier Faure, son Premier Secrétaire, qui malgré la médiatisation de l’accord noué par le PS au sein de la NUPES, peine à monter en notoriété. Il est ainsi dernier de notre classement. L’ancien Président de la République, François Hollande, dispose d’une côte de sympathie non négligeable, mais d’une base de soutien très réduite : seulement 3%. Améliorer son niveau de soutien sera une condition indispensable pour espérer jouer un rôle électoral de premier plan dans les années à venir.

La Présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, qui essaye d’incarner une offre sociale-démocrate entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon manque encore de notoriété pour exercer un réel leadership politique : un Français sur deux déclare ne pas la connaître. Enfin, Anne Hidalgo, candidate à la présidentielle et Maire de Paris fait l’objet d’un rejet très important dans l’opinion, au même titre que son ancienne rivale Valérie Pécresse.

Du côté des Républicains, le constat est similaire, pas un seul des cadres de ce parti n’arrive dans la première partie du classement. Laurent Wauquiez y est la personnalité la plus soutenue, mais avec seulement 5% de soutien ; un score qui révèle l’ampleur du travail à accomplir pour que la droite traditionnelle soit en situation de postuler à nouveau à la victoire dans les urnes.

situation-economique

Emmanuel Macron face à la France populaire et au mur du pessimisme

Nous avons interrogé les Français sur leur situation économique alors que l’inflation s’installe de manière structurelle et affecte le pouvoir d’achat de la population. Deux France se font face : une France qui subit cette inflation et se trouve fragilisée. Une majorité de français dit ainsi voir sa situation se détériorer. En face, une France à l’abri de ces instabilités économiques.

Une situation économique détériorée

situation-economique

Ce sont les clusters populaires qui, sans surprise, se disent le plus en difficulté. Deux groupes qui votent majoritairement Jean-Luc Mélenchon : les Solidaires et les Révoltés et quatre groupes qui votent majoritairement Marine Le Pen : les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes et les Identitaires. On retrouve dans ces six groupes une sur-représentation d’ouvriers et d’employés, en particulier pour l’électorat de Marine Le Pen. Ce sont également des clusters vivant plutôt dans le péri-urbain ou la « France périphérique » et donc très dépendants de la voiture. On retrouve en somme cette « France des fragilités sociales » décrite par Christophe Guilluy dans son ouvrage de référence La France périphérique. Ces clusters populaires sont également ceux qui se sont le plus reconnus dans le mouvement des gilets jaunes en 2018 et 2019.

Les clusters urbains, diplômés, votant davantage Emmanuel Macron, se caractérisent dans notre enquête par la stabilité de leur situation. Les Sociaux-Démocrates, les Progressistes, les Centristes, les Libéraux sont les seuls clusters à déclarer majoritairement que leur situation est stable ou s’améliore. Ces quatre clusters avaient largement voté Emmanuel Macron lors des deux tours de la dernière présidentielle. Il les a réunis justement sur une demande de stabilité politique et économique qui caractérise ces clusters. Dans un contexte de crises multiples – gilets jaunes, COVID, guerre en Ukraine – Emmanuel Macron a joué la carte de la compétence et s’est présenté comme un rempart face à la radicalité supposée de ses concurrents qui entraînerait le pays dans le chaos. Logiquement, comme en 2017, cela lui a permis d’unir ces groupes qui pourtant sont divisés sur d’autres clivages : culturels, identitaires, écologiques…

La France qui boucle les fins de mois contre la France du 15 du mois.

On retrouve cette dichotomie entre la France qui boucle les fins de mois et celle qui n’y arrive pas. En rouge ci-dessus, les clusters populaires, fragiles qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois. On doit y inclure également, par rapport à la question précédente, le cluster des Conservateurs, dans lequel on retrouve beaucoup de retraités vivant en ruralité. 25% d’entre eux dit ne pas parvenir à boucler ses fins de mois. Ce cluster a été durant la présidentielle en tension entre une offre politique identitaire-populiste et une demande de stabilité. Une moitié d’entre eux a ainsi voté Emmanuel Macron au 2nd tour, l’autre moitié Marine Le Pen. Cela illustre les forts clivages qui traversent une partie des retraités de droite de la France populaire.

Les trois clusters « lepénistes » sont ceux qui déclarent éprouver le plus de difficulté économique. Les Sociaux-Patriotes constituent l’un des clusters les plus populaires de notre segmentation : 31% d’entre eux disent ne pas parvenir à boucler le mois. C’est sur cette fragilité économique persistante que le FN puis le RN ont pu bâtir un socle solide qui n’a pas failli durant la dernière présidentielle malgré la concurrence d’Éric Zemmour. En plus de la demande de protection économique, le RN offre à cet électorat ce qu’il demande : une protection culturelle, identitaire. Se croisent ici la peur du déclassement économique avec la peur du remplacement culturel. Cet électorat qui appartient d’une certaine manière à la gauche économique (qui votait d’ailleurs encore massivement François Hollande au 2nd tour de la présidentielle en 2012) s’est radicalisé contre le « système », le PS et la gauche y étant accusés à tort ou à raison d’avoir trahi les classes populaires, et d’avoir cédé aux excès de la mondialisation.

Subsistent à gauche les classes populaires vivant plutôt dans les banlieues, qu’on retrouve principalement chez les Révoltés qui sont un groupe extrêmement populaire. On retrouve aussi à gauche les ouvriers et petits employés syndiqués de l’industrie ou de la fonction publique bien présents chez les Solidaires. Ces deux groupes votent massivement Jean-Luc Mélenchon. Si leur situation économique est similaire aux clusters Sociaux-Patriotes, Réfractaires et Eurosceptiques, ils se distinguent de ces trois clusters « lepénistes » par une tolérance envers l’Islam et une moindre radicalité sur les questions de frontières et de migrations. Toutefois, ils portent la même opposition radicale envers le Président de la République et plus généralement envers les « élites ».

En vert sur le tableau ci-dessus on retrouve cette « France qui va bien » et qui a voté massivement pour Emmanuel Macron. Les Sociaux-Démocrates et les Libéraux qui jadis votaient PS pour les premiers et UMP pour les seconds se rassemblent dans ce qui ressemble de plus en plus à un « bloc élitaire » pour reprendre la formule de Jérôme Sainte-Marie.  Ces deux clusters forment avec les Centristes le « cœur » de la coalition « macronienne ». Ils sont symboliquement ceux qui déclarent boucler facilement leur fin de mois.

Les Français pessimistes sur le quinquennat à venir

Emmanuel-Macron

La réélection d’Emmanuel Macron ne produit pas l’effet de souffle observé traditionnellement après l’élection présidentielle, laquelle garantit habituellement au Président une forme de bienveillance ou du moins de patience de la part de l’opinion. Malgré qu’ils aient réélu facilement le Président de la République, les Français ne semblent pas nourrir de grandes attentes de ce nouveau quinquennat. 44% des Français pensent que le quinquennat du Président sera « pire » que le précédent contre 28% qui pensent qu’il sera « identique ». Seuls 15% pensent qu’il sera « meilleur ».

Seule une part resserrée de l’électorat présidentiel pense que le second quinquennat sera meilleur que le premier. Les groupes de gauche modérée comme les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, bien qu’ils aient largement participé à la réélection du Président, se révèlent hésitants. Une part importante d’entre eux déclarent ainsi « ne pas savoir » si le quinquennat à venir sera meilleur, identique ou pire.

A l’aune des élections législatives, l’enjeu pour Emmanuel Macron est de donner à cet électorat des gages et de le mobiliser à nouveau. En effet, ces deux clusters qui ont longtemps voté pour « la gauche de gouvernement » sont aujourd’hui hésitants entre l’offre proposée par la NUPES et la majorité présidentielle. Si la NUPES parvenait à attirer une partie significative de ces deux groupes, elle pourrait espérer ensuite dans les duels de 2nd tour fédérer les clusters populaires derrière elle dans une sorte de vote utile inversée contre le Président de la République.

Le risque d’une coalition anti-Macron derrière la NUPES

On mesure dans ces deux tableaux la forte radicalité des clusters populaires qu’ils soient plutôt pro-Mélenchon ou pro-Le Pen. Alors que ces clusters votent pour des offres très différentes lors des premiers tours, en cas de second tour NUPES / Renaissance, ces clusters seraient susceptibles de se réunir contre les candidats de la majorité présidentielle dans une logique de clivage peuple VS élite. L’enjeu pour Emmanuel Macron et la majorité est, à l’inverse, de susciter leur abstention, voire même d’attirer ces clusters identitaires au second tour en pointant, comme il a commencé à le faire, les candidats d’union de la gauche comme « communautaristes », complaisant avec l’islam radical, etc. Quoi qu’il en soit, les reports de voix des électeurs du RN au second tour pourraient bien être la clef des élections législatives. Pour l’emporter, la majorité présidentielle ne doit pas laisser se constituer un « front gilet jaune » dans les urnes.

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Baromètre hebdomadaire S21 : Législatives 2022

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La NUPES toujours en tête des intentions de vote devant la majorité présidentielle

La campagne pour les élections législatives est marquée par une grande stabilité. On observe peu de variations dans l’électorat.

La NUPES perd un point mais demeure en tête à 30% devant la coalition de la majorité qui demeure stable à 26%. Le Rassemblement National est à 19% (-1). Les Républicains sont en progression à 10,5% (+1,5) grâce à une hausse dans deux clusters de la frange la plus « radicale » de la droite : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Une hausse qui reste à confirmer dans les prochaines semaines. Le parti d’Éric Zemmour, Reconquête, progresse également à 6% (+0,5).

La clé du premier tour pour la majorité présidentielle est de ne pas laisser s’échapper les électeurs de la gauche modérée vers la NUPES. On constate un « tiraillement » des électeurs Sociaux-Démocrates et Progressistes entre la coalition présidentielle et l’union de la gauche. Si la NUPES parvenait à élever son score dans cet électorat, elle arriverait très probablement en tête du premier tour dans de nombreuses circonscriptions. Cela reviendrait à réunir les deux gauches (la modérée et la plus radicale) qui votaient encore ensemble pour François Hollande en 2012 et qui se sont éloignées en 2017 et en 2022 suite à la chute du Parti Socialiste. Trop modérés sur le plan institutionnel et trop attachés à l’Union Européenne pour basculer vers Jean-Luc Mélenchon mais aussi trop écologistes et trop attachés aux services publics pour être complètement emportés par Emmanuel Macron, les Sociaux-Démocrates et les Progressistes représentent un électorat « clé », décisif car pouvant basculer vers l’une ou l’autre des offres en compétition en fonction de la campagne et des clivages qui seront mis en avant.

La dynamique initiée par l’alliance de la gauche se retrouve dans l’intérêt porté à la campagne au sein de l’électorat. Les Multiculturalistes, les Sociaux-démocrates, les Progressistes et les Solidaires sont les clusters qui se disent le plus intéressés par la campagne avec les Centristes. A l’inverse, l’attitude quelque peu effacée de Marine Le Pen dans la période qui a suivi le second tour de la présidentielle et la curieuse campagne menée par le RN semblent produire une « dévitalisation » de son électorat qui semble peu intéressé et peu mobilisé par ces législatives. Le risque d’abstention différentielle défavorable pour le RN est ainsi particulièrement élevé. De manière significative, les intentions de vote en faveur du RN sont en baisse cette semaine dans tous les clusters « lepénistes » : Sociaux-Patriotes, Réfractaires, Eurosceptiques, Identitaires et Anti-Assistanat. De toute évidence, l’espérance d’une cohabitation s’est imposée à gauche et dans l’ensemble de l’électorat qui croit davantage à cette option qu’en une cohabitation avec le RN. Jean-Luc Mélenchon est parvenu à mettre en avant cette rhétorique de « 3e tour » lorsque Marine Le Pen échouait une fois de plus au second. Les dynamiques électorales s’en ressentent, le premier réussissant contre toute attente à unir les partis de gauche et à imposer l’idée d’un duel avec la majorité, la seconde maintenant une division avec Reconquête qui risque de lui nuire en particulier dans les bastions identitaires du sud-est, où Éric Zemmour a choisi, à dessein, d’être lui-même candidat.

Baromètre hebdomadaire S20 : Législatives 2022

Le rapport de force politique reste stable

Dans notre baromètre consacré aux élections législatives cette semaine on observe une stabilité des rapports de force. L’alliance de gauche, la « NUPES », arriverait en tête avec 31% des suffrages devant la coalition de la majorité présidentielle qui perd un point cette semaine à 26%. Le Rassemblement National, faute de dynamique et d’alliance avec Reconquête reste troisième avec 20% des voix.

A l’instar de la campagne présidentielle qui a connu peu de mouvements brusques dans l’opinion jusqu’à la crise ukrainienne et l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron, cette campagne législative se stabilise. L’alliance des partis de gauche a suscité une dynamique en sa faveur dans les premiers jours de l’union et a modifié sensiblement les rapports de force, s’imposant comme le premier des trois pôles devant Renaissance et le Rassemblement National. Depuis, la campagne connaît peu de moments forts. Le fait que l’offre politique se présente sous une forme simplifiée autour de trois pôles principaux qui correspondent à la tripartition électorale observée au premier tour de la présidentielle explique cette stabilité qui pourrait perdurer jusqu’au premier tour de scrutin. Les effets résultant de la nomination du nouveau gouvernement devront cependant être suivis avec attention. A ce titre, la nomination du nouveau Ministre de l’Education, Pap N’Diaye, a cristallisé dès sa prise de fonction des réactions très fortes en activant le clivage identitaire. Les représentants des forces identitaires – RN et Reconquête – se sont montrés logiquement particulièrement hostiles et virulents. A l’inverse, on a observé une bienveillance exprimée par la gauche radicale, en premier lieu par Jean-Luc Mélenchon. Cette nomination s’inscrit pleinement dans la stratégie présidentielle de brouillage de l’ancien clivage gauche/droite et dans la volonté pour Emmanuel Macron de cliver sur le volet culturel, espérant peut-être ainsi renforcer son aile gauche et diviser la coalition de la NUPES. L’autre dynamique qu’il faudra suivre avec beaucoup d’attention concerne l’électorat LR. Celui-ci va-t-il rallier les candidatures de la majorité présidentielle dans une logique de vote utile pour faire barrage à la NUPES dès le premier tour de scrutin ? Pour l’instant, nous n’observons aucune dynamique de ce type, mais il est important de rappeler que cette logique de vote utile qui avait conduit à l’effondrement de Valérie Pécresse s’était fortement accélérée dans les derniers jours, voire dans les dernières heures de la campagne présidentielle.

Les Français très majoritairement opposés à la retraite à 65 ans

Nous avons interrogé les Français sur le recul de l’âge légal de la retraite à 65 ans proposé par Emmanuel Macron. Seul un Français sur cinq se dit favorable à cet allongement. 39% sont même, à l’inverse, favorables à un abaissement de l’âge légal à 60 ans et 35% au maintien à 62 ans. Seuls deux clusters se montrent majoritairement favorables à l’âge de départ à 65 ans : les Libéraux et les Centristes, deux clusters phares de la coalition d’Emmanuel Macron, plutôt hostiles à la fonction publique, aux « acquis sociaux », aux 35h et globalement aux politiques redistributives.

Par ailleurs, une telle mesure clive fortement la coalition présidentielle. Les clusters de gauche modérée qui soutiennent le Président – les Progressistes et les Sociaux-Démocrates – sont très majoritairement favorables à la retraite à 60 ans ou à 62 ans, de même que les clusters dépolitisés ou modérés (Apolitiques, Sociaux-Républicains et Eclectiques) qui ont voté pour le Président.

La mise au premier plan de ce thème, notamment par la NUPES qui propose la retraite à 60 ans a tendance à fragiliser l’électorat du Président. Persister en faveur de la retraite à 65 ans constitue un risque de morcellement de sa coalition électorale, les électeurs de centre-gauche pouvant être alors tentés par les candidats de la gauche unie.

Les clusters populaires (Solidaires, Révoltés, Sociaux-Patriotes, Réfractaires, Eurosceptiques) sont quant à eux, sans surprise, extrêmement hostiles à une telle mesure.  Cela pourrait entraîner la constitution d’un « arc contestataire » si jamais la mesure venait à être votée par le Parlement, débouchant sur un front « anti-Macron » qui ne serait pas sans rappeler la coalition qui a porté le mouvement des Gilets jaunes lors de l’hiver 2018-2019.

Elisabeth Borne Premier Ministre : un choix peu clivant

La nomination d’Elisabeth Borne à Matignon fait émerger trois blocs quasiment équipotents : 35% des Français sont indifférents à sa nomination ou ne la connaissent pas, 33% y sont défavorables et 32% y sont favorables. Sa notoriété relative dans l’opinion et son profil technocratique font de cette option un choix assez peu clivant et surtout assez fédérateur d’une coalition électorale dont le plus petit commun dénominateur est la demande de « bonne gouvernance », d’équilibre et de compétence. En conséquence, très peu de Français ont un avis tranché sur cette nomination. Seuls quatre clusters se distinguent par leur opposition nette : les Multiculturalistes, les Révoltés et les Solidaires (trois clusters de gauche radicale) et les Sociaux-Patriotes (cluster identitaire et social qui vote majoritairement RN).
Nous avons également testé l’hypothèse d’une cohabitation amenant Jean-Luc Mélenchon à être nommé Premier Ministre. Si ses trois clusters phares de sa coalition présidentielle, les Solidaires, les Multiculturalistes et les Révoltés se positionnent très majoritairement en faveur de cette option, la grande majorité des clusters est opposée à l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon à Matignon. C’est notamment le cas pour les deux clusters de gauche modérée qui, on l’a vu, sont tentés de voter pour la NUPES : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Seuls 25% et 29% des électeurs de ces deux clusters se disent favorables à une éventuelle nomination de Jean-Luc Mélenchon à Matignon tandis que 35% des Sociaux-Démocrates et 51% des Progressistes indiquent dans le même temps vouloir voter pour la NUPES. On perçoit le paradoxe et le risque pour l’alliance de gauche de « personnaliser » l’élection autour de Jean-Luc Mélenchon, dont la personnalité reste très clivante, tout particulièrement au sein de la gauche modérée.
Le constat s’applique également pour Marine Le Pen. Comme Jean-Luc Mélenchon elle fédère un socle d’électeurs très fidèles qui sont autant attachés à sa personne qu’à son programme. C’est le cas principalement des Réfractaires, des Identitaires, et des Sociaux-Patriotes. Pour autant, une victoire du RN aux législatives et la nomination de Marine Le Pen à Matignon créerait un rejet très puissant dans la majorité des clusters, y compris dans des clusters qui votent en partie pour elle. C’est le cas pour les Anti-Assistanat qui sont 52% à être défavorables à sa nomination, de même que 54% des Conservateurs.

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Baromètre hebdomadaire S19 : Législatives 2022

Pourquoi l’écart entre la NUPES et la majorité présidentielle se resserre ?

Dans notre baromètre cette semaine, la « Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale » (NUPES) rassemblant PS-PCF-EELV-LFI perd trois points à 31% tandis que « Renaissance » et ses alliés gagnent 2,5 points et se trouvent en deuxième position à 27%.

La dynamique perçue lors des négociations entre les partis de gauche semble légèrement s’estomper. Cette baisse semble profiter directement à la majorité présidentielle. Le Rassemblement National ne parvient pas pour le moment à susciter de dynamique.

Nos indicateurs font apparaître que l’électorat de Marine Le Pen est aujourd’hui très démobilisé. La division du camp identitaire entre RN et Reconquête et l’acceptation de la défaite aux législatives par anticipation par Marine Le Pen elle-même – alors même que l’espace politique est aujourd’hui tripartite et que la victoire de la majorité présidentielle n’a pourtant rien d’une évidence – semblent avoir un impact très démobilisateur sur les clusters les plus favorables aux thématiques portées par les candidatures identitaires. Compte tenu de la sociologie déjà favorable de cet électorat, une forte abstention différentielle est à redouter pour les candidats du RN.

Si ce scénario venait à se confirmer, il en résulterait de nombreux duels NUPES – Renaissance. Dans ce « duel » qui semble s’installer, la majorité présidentielle a tout intérêt à « diaboliser » l’union de la gauche portée par Jean-Luc Mélenchon de la même façon qu’elle avait rediabolisé Marine Le Pen durant l’entre-deux-tours de la présidentielle.

Ainsi la majorité peut espérer fédérer son « bloc » modéré qui réunit une grande partie des clusters du centre gauche (Progressistes, Sociaux-Démocrates) mais aussi une part significative de la droite (Conservateurs et Libéraux).

La NUPES et Renaissance en concurrence directe chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes

Ces deux clusters qui ont largement voté pour Emmanuel Macron en 2017 et en 2022 sont absolument décisifs dans cette bataille pour les législatives. Ces électeurs constituent un pôle modéré, celui de la gauche dite « de gouvernement », qui votait jadis massivement pour le Parti Socialiste. Ce sont des électeurs très attachés à l’Union Européenne, à la redistribution économique et à l’écologie mais plutôt élitaires car diplômés et bien insérés dans la mondialisation, donc hostiles au « dégagisme », au « populisme » et, plus globalement, à la radicalité politique.

Si Jean-Luc Mélenchon était parvenu à mobiliser une partie de ces clusters durant la présidentielle grâce à la logique du « vote utile », ce n’était pas dans des proportions suffisantes et c’est, tout particulièrement, dans cet électorat qu’il lui a manqué des voix précieuses pour accéder au 2nd tour. L’union qui s’est nouée avec le PS, le PCF et EELV rebat largement les cartes car ces électeurs sont à nouveau tentés par cette offre : celle-ci se présente, en effet, sous une forme unitaire d’une part et de fait moins radicale parce que moins exclusivement focalisée sur la personnalité clivante de Jean-Luc Mélenchon d’autre part.

Ainsi au lendemain de l’union, dans notre premier sondage, la NUPES récupérait une part significative d’électeurs d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, on observe cependant un reflux de ces électeurs au profit de la majorité présidentielle. Cette semaine, La NUPES perd ainsi 13 points chez les Sociaux-Démocrates et 4 points chez les Progressistes, soit dans les principaux clusters de la gauche modérée. Cela se matérialise par de moins bons reports des voix de la présidentielle des électeurs de Yannick Jadot et d’Emmanuel Macron. 60% des électeurs de Yannick Jadot indiquent vouloir voter pour la NUPES (-13) et seulement 5% des électeurs d’Emmanuel Macron (-3). Les candidatures dissidentes du Parti Socialiste pourraient également nuire à la NUPES. La majorité présidentielle profite en partie de cette baisse.

L’équation reste, cependant, ardue pour « Renaissance » car dans la perspective de duel avec la NUPES, il lui faudra à la fois mobiliser cet électorat de centre gauche tout en captant le vote des clusters de droite les plus radicaux (Anti-Assistanat et Identitaires) au 2nd tour.  Dans cette perspective, la stratégie qui se dessine est celle d’une diabolisation de l’union de la gauche sur le terrain identitaire, ce qu’elle a commencé à faire en parlant de candidature « communautariste » ou « décroissante » sur le plan écologique.

Activer le clivage identitaire vise ainsi à fédérer une large coalition électorale dans le cadre d’un front anti-Mélenchon, qui permettrait à la majorité présidentielle de battre les candidats de la NUPES dans nombre de circonscriptions au second tour.

Les Républicains et le Rassemblement National en mauvaise posture

Les Républicains gagnent un point à 9,5% mais sont, à l’image de leur candidate Valérie Pécresse lors de l’élection présidentielle, pris en étau entre la majorité présidentielle et les candidatures identitaires. Leur socle se réduit désormais à deux clusters : les Libéraux et les Anti-Assistanat qui sont les deux seuls clusters à placer les candidatures LR à plus de 20%. Les Libéraux continuent de placer les candidats « Renaissance » en tête à l’image de la présidentielle où ils avaient largement voté en faveur d’Emmanuel Macron, de même que les Conservateurs. Ces deux clusters constituaient encore en 2017 le cœur électoral de LR avec les Anti-Assistanat et les Identitaires qui quant à eux accordent aujourd’hui davantage d’intérêt électoral au RN et à « Reconquête ».

Pour autant, la désunion qui sévit entre le RN et « Reconquête » empêche Marine Le Pen de susciter une dynamique. Une part importante des Identitaires (environ 1/5) s’apprête à voter pour les candidats soutenus par le parti d’Eric Zemmour. Les Conservateurs qui l’avaient massivement soutenu à la présidentielle sont quant à eux nombreux à indiquer vouloir voter pour la majorité présidentielle, certainement par soucis de continuité et de stabilité et, sans doute, pour faire barrage à la gauche unie.

En résumé, l’élection parait devoir se jouer principalement aujourd’hui entre la NUPES et la majorité présidentielle, ce qui pourrait conduire à une relative marginalisation des candidatures LR, mais aussi de celles du RN, malgré le bon résultat de sa candidate à la présidentielle.

Si les thèmes de campagne qui s’imposent tournent autour des enjeux identitaires – et en particulier de la dénonciation de la NUPES comme complaisante avec le « communautarisme » – la majorité présidentielle sera alors dans une position favorable pour remporter le scrutin. Mais si la gauche unie parvient à imposer des thématiques sociales et une demande de transformation du système, elle pourrait trouver des réserves électorales, voire mettre en difficulté Renaissance et ses alliés.

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Baromètre hebdomadaire S18 : Législatives 2022

Pourquoi les elections legislatives a venir sont-elles les plus indecises depuis 1997 ?

En ce tout début de campagne, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) arrive assez largement en tête des intentions de votes : 34%. Ce résultat créé une situation pour le moins inédite. En effet, depuis 2002, l’élection des députés s’était transformée en un scrutin de ratification de la présidentielle. Pour la majorité présidentielle, les législatives s’apparentaient à une quasi-formalité administrative. Cette année, le scrutin semble bien plus indécis et ouvert.
Cette incertitude réside, bien évidemment, dans le fait que les principales forces de gauche (en particulier LFI, EELV, PS, PCF) ont passé un accord inédit aux termes duquel elles ne présenteront qu’une seule candidature par circonscription. Une telle configuration sur la base des rapports de forces tels que nous les mesurons actuellement est de nature à assurer la qualification au second tour des candidats de la NUPES dans de très nombreuses circonscriptions, et même de permettre à cette coalition d’entrevoir une possible majorité à l’Assemblée Nationale en juin prochain.

Pas d’état de grâce pour le président réélu

Plusieurs facteurs expliquent qu’une telle perspective soit devenue possible alors qu’elle était encore inimaginable cet hiver. Tout d’abord, l’élection d’Emmanuel Macron ne s’accompagne d’aucun « état de grâce », comme le révèle le baromètre de popularité que nous avons publié récemment (https://cluster17.com/barometre-des-personnalites-politiques-s16/). Cette absence d’état de grâce a pour conséquence logique une absence d’effet de souffle du scrutin présidentiel sur les législatives. Il se pourrait même que le « vote sanction » pratiqué par les électeurs français de manière quasi-systématique depuis les législatives de 1978 ait été comme suspendu lors de la dernière présidentielle mais s’exprime à nouveau dès ces législatives.

L’autre facteur à prendre en compte réside dans la tripartition de l’espace politique, telle qu’elle a émergé du premier tour de la dernière élection présidentielle. Autour des candidatures de Jean-Luc Mélenchon, d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen (à laquelle il faut associer, ici, Eric Zemmour), trois grandes coalitions ont coagulé : une coalition de gauche sociale-écologique, une coalition libérale-modérée et une coalition identitaire. Ces trois coalitions sont de forces assez comparables. La position « centrale » d’Emmanuel Macron lui a permis de gagner assez largement face à Marine Le Pen, mais avec des reports de voix assez médiocres de la coalition de gauche sociale-écologique et pour conséquence qu’il a été, en proportions des suffrages recueillis, le président le moins bien élu de la Vème République depuis Georges Pompidou. C’est donc bien à partir de ce cadre tripartite qu’il faut analyser les législatives à venir.

L’offre de la NUPES lance une dynamique à gauche

A ce stade de la campagne, l’avantage concurrentiel de la NUPES réside dans son alliance électorale. Des trois pôles, celui de la gauche sociale-écologique est de loin le plus unifié. Ce type d’alliance, on le sait, créé de la dynamique électorale. Nous le vérifions encore une fois dans notre dernier sondage : les clusters de gauche sont, pour l’instant, parmi les plus mobilisés. La Nouvelle Union Populaire permet ainsi de faire le plein des voix dans les clusters les plus radicaux et les plus à gauche, ceux qui ont constitué le socle électoral de Jean-Luc Mélenchon tout au long de la dernière campagne présidentielle.

Ainsi, les Multiculturalistes déclarent-ils voter à 93% pour la NUPES, les Solidaires à 86% et les Révoltés – moins politisés en moyenne – à 70%. Mais l’essentiel se joue, sans doute, plus encore sur d’autres segments qui se révèleront probablement décisifs : ceux de la gauche modérée, qui jusqu’à présent ont soutenu Emmanuel Macron et LREM. L’offre politique représentée par la NUPES attire, en effet, à ce stade une part significative de cet électorat.  Un cluster tel que les Sociaux-Démocrates qui soutient majoritairement Emmanuel Macron depuis 2017 déclare ainsi avoir l’intention de voter en faveur de la NUPES à 44% (soit près du double du score obtenu au sein de ce cluster par Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la dernière présidentielle). De même, les Progressistes, un cluster jeune urbain et plutôt modéré, sont-ils aujourd’hui majoritairement en faveur des candidatures de la NUPES (55%).

Ces segments de la gauche modérée constituent l’une des clefs principales de l’élection à venir. Leur vote de juin prochain devrait se révéler particulièrement décisif. S’ils votent en faveur de la NUPES, la nouvelle union de la gauche a de bonnes chances de s’imposer, mais s’ils restent fidèles à la majorité présidentielle, celle-ci pourrait conserver son leadership à l’Assemblée.

Maintenir la coalition électorale de la présidentielle : le défi de la majorité

La majorité présidentielle doit parvenir à reconstituer la coalition qui vient de réélire Emmanuel Macron. Dans cette perspective, elle ne doit accumuler trop de pertes sur son flanc gauche – qui subit l’attraction de la NUPES – et en même temps elle doit capter les clusters qui jusqu’en 2017 votaient pour la droite et, en particulier, pour les Républicains. La bataille électorale se joue donc à la fois sur les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, mais aussi sur les Conservateurs et, plus encore, les Libéraux. Ces derniers, qui constituent le cœur battant de la droite française, ont massivement voté Emmanuel Macron (46%) dès le premier tour de la présidentielle, sans doute dans une logique de vote utile.

Pour gagner les législatives, la majorité présidentielle devra a minima réitérer ces résultats, voire améliorer encore ses scores parmi les Conservateurs et les Libéraux, encore plus avec l’offre électorale de la NUPES. Il lui faudra ainsi siphonner l’électorat des Républicains, lesquels vont à nouveau se retrouver en tension entre les clusters de droite les plus modérés attirés par la majorité présidentielle et les plus radicaux attirés par le RN et Reconquête. Le fait que l’espace libéral-modéré soit divisé entre majorité présidentielle et Républicains représente, cependant, un risque électoral.

Si la participation est aussi faible que lors des précédentes législatives – ce qui n’est pas certain compte tenu de l’enjeu plus important que d’habitude – il n’y aura presque pas de triangulaires. En conséquence, la concurrence entre les candidatures de la majorité présidentielle et celles des Républicains sur les segments de droite libéraux et modérés pourrait conduire à une dispersion des voix au premier tour et favoriser ainsi des duels entre NUPES et RN. Pour éviter cela et encourager des logiques de « vote utile », il est probable que le camp présidentiel soit tenté de dramatiser l’enjeu de ces législatives et tentent de mobiliser l’électorat modéré en agitant la menace d’une victoire d’une gauche unie dominée par les Insoumis et Jean-Luc Mélenchon.

Le camp identitaire sous la menace de la division et de l’abstention

Comme l’espace libéral-modéré, le camp identitaire se présente, pour l’instant, lui aussi, divisé. RN et Reconquête, malgré la proximité et la compatibilité de leurs électorats, ne semblent pas devoir sceller d’alliance électorale. Une telle situation n’est jamais très favorable en termes de dynamique électorale. On le mesure dans le fait que les clusters qui ont le plus soutenu Marine Le Pen lors de la présidentielle – Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes, Anti-Assistanats – sont aujourd’hui ceux qui semblent le moins nourrir d’attentes par rapport aux législatives à venir. Ce sont, par exemple, les clusters qui se déclarent les moins certains d’aller voter en juin prochain. Une telle situation explique, sans doute, pourquoi le RN et Reconquête sont en léger recul dans notre dernier sondage avec respectivement 19,5% et 5% des intentions de votes.

Bien que seconde du scrutin et malgré une forte amélioration de son score au second tour de la présidentielle par rapport à 2017, Marine Le Pen et le RN ont, pour l’instant, laissé la gauche unie se positionner en principale alternative à la majorité présidentielle. Une telle situation accentue le risque abstentionniste au sein de cet espace politique, d’autant plus que le socle de la coalition de Marine Le Pen est composée de clusters très populaires qui sont les plus exposés aux risques de défection électorale en juin prochain. Ajouté à la division des deux partis identitaires, une telle situation pourrait coûter un certain nombre de qualifications au second tour dans les circonscriptions les plus disputées.

En résumé, la tripartition de l’espace politique observable au premier tour de la dernière présidentielle, l’absence d’état de grâce en faveur du camp présidentiel et l’alliance des principales forces de gauche contribuent bien à faire des élections du mois de juin le scrutin législatif le plus indécis depuis 1997.

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