Cluster-17

Total

Une majorité de Français estime que Total doit céder face aux revendications salariales

Plus de la moitié des Français estiment que la direction de Total et d’Esso doit céder face aux revendications salariales des syndicats

  • 43% des Français interrogés disent avoir eu des difficultés à se procurer de l’essence ces derniers jours. Ce sont les Français les plus populaires et les classes moyennes qui sont le plus touchés. Les plus aisés ainsi que les seniors déclarent avoir eu moins de difficultés.
  • 12% des Français interrogés déclarent avoir été empêchés de prendre leur voiture ces derniers jours faute de carburant. Ce sont à nouveau les segments les plus populaires et les classes moyennes qui se déclarent le plus touchés.
  • Les Français sont clivés sur les causes du blocage. 38% des Français interrogés affirment que la responsabilité incombe à la CGT et aux salariés en grève. 34% déclarent que c’est la direction de Total et d’Esso qui est en cause. Enfin une minorité non négligeable, 18%, estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement sont responsables de ces pénuries. On retrouve une logique de clivage gauche / droite et de clivage de classe dans cette étude.
  • Ce sont les Centristes et les Libéraux qui rejettent le plus la responsabilité du blocage sur la CGT, ainsi que deux autres clusters très à droite sur l’identité et l’économie : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Les clusters plus modérés : Conservateurs, Sociaux-Républicains et Eclectiques penchent plutôt de ce côté également.
    Les clusters de gauche modérée Sociaux-Démocrates et Progressistes sont quant à eux partagés : leur sensibilité réformiste conduit un tiers d’entre eux à rejeter la faute sur la CGT. Mais plus de 40% d’entre eux font tout de même peser la responsabilité du blocage sur la direction de Total et d’Esso. Les Multiculturalistes – cluster très à gauche – imputent quant à eux quasi unanimement la faute à la direction de Total et d’Esso.
  • Enfin on retrouve une logique « gilets jaunes » dans la contestation avec des clusters populaires qui imputent la faute de façon quasiment égale à la direction des raffineries et au Président de la République. Les Solidaires et les Révoltés (deux clusters qui votent largement à gauche) se joignent aux Eurosceptiques, aux Réfractaires et aux Sociaux-Patriotes (trois clusters qui votent massivement Marine Le Pen) dans une sorte « d’arc contestataire » transversal qui se place majoritairement du côté des grévistes et s’oppose au patronat ainsi qu’au gouvernement.
  • A l’inverse, les électeurs les plus aisés financièrement mettent en cause majoritairement la CGT et les grévistes.
  • Ainsi, l’électorat Macron et l’électorat Pécresse rejettent assez unanimement la responsabilité sur la CGT, tandis que l’électorat Mélenchon est également homogène dans sa mise en cause de la direction de Total et d’Esso.
  • L’électorat de Marine Le Pen, qui se compose de deux franges : l’une droitière (clusters des Anti-Assistanat et des Identitaires), l’autre populaire (Eurosceptiques, Réfractaires et Sociaux-Patriotes) est plus clivé. En effet, 38% de ses électeurs imputent les blocages à la CGT, 27% aux directions de Total et d’Esso, 28% au Président et au gouvernement. Deux logiques de son électorat s’opposent ici : l’une qui continue de se positionner à droite et conserve une vision relativement libérale de l’économie et l’autre qui ne se reconnaît pas dans le clivage gauche droite et se positionne plutôt dans une logique de révolte face aux « élites » et au « système ».
  • Quant au dénouement de cette crise, les Français pensent majoritairement que Total et Esso doivent accéder aux revendications des salariés. 55% des Français interrogés estiment qu’il faut que Total cède aux revendications des syndicats. 45% pensent à l’inverse qu’il faut que l’Etat intervienne pour déloger les grévistes et réquisitionne des salariés.
    Seuls les Centristes, les Conservateurs, les Libéraux, les Anti-Assistanat et les Identitaires pensent que l’Etat doit intervenir pour mettre fin aux grèves. Ces cinq clusters sont ceux de la coalition historique de la droite, celle qui avait porté Nicolas Sarkozy au pouvoir en 2007. On retrouve donc une logique gauche / droite dans l’opinion avec cet « affrontement ».
    Les clusters de gauche, y compris les plus modérés prennent fait et cause pour les revendications des syndicats. De même, les clusters populaires « antisystème » sont coalisés en faveur des revendications salariales.

L’Union des droites mobilise davantage que l’union des gauches

L’union des droites mobilise davantage que l’union des gauches

Le vent venu d’Italie souffle-t-il sur la droite française ? La victoire de la coalition dite de « centre-droit » largement acquise grâce au score élevé de sa frange la plus radicale – celle du mouvement Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni – pourrait trouver un écho en France. Si les leaders des trois partis principaux (Rassemblement National, Les Républicains et Reconquête) ne semblent pas tous d’accord sur une telle tactique, leurs électeurs semblent quant à eux majoritairement prêts à franchir le pas.

Dans l’ensemble de la population, 38% des Français interrogés disent « souhaiter que les droites (LR, RN, Reconquête) s’unissent lors des prochaines élections ». Si logiquement les électeurs de gauche sont très opposés à cette idée, les électeurs du RN et de Reconquête s’y montrent très favorables tandis que les électeurs Républicains font face à un clivage puissant qui les traverse depuis déjà un moment.

Une telle union satisferait en premier lieu les électeurs se positionnant le plus à droite : chez les Français se plaçant à 7 et plus sur une échelle de 0 à 10 (0 étant très à gauche et 10 très à droite), l’union est plébiscitée par plus de 80% des électeurs interrogés.            Ces électeurs se plaçant clairement à droite (7 sur 10 et plus) représentent 38% de notre échantillon. 22% se situent clairement à gauche (3 sur 10 et moins) et 41% se situent sur les positions centrales ou hors du clivage gauche/droite (note de 4 à 7 sur 10).

  • Les électeurs d’Éric Zemmour sont les plus déterminés à s’unir

Logiquement, ce sont les électeurs d’Éric Zemmour qui sont les plus favorables à une telle option. Le leader de Reconquête a établi cette stratégie bien en amont de sa campagne présidentielle. Selon lui, le pôle identitaire qu’il tente d’incarner se situe à droite et ce camp doit s’unir s’il veut gagner les élections. Il a même revendiqué vouloir représenter un nouveau RPR, exaltant la nostalgie d’une droite qui gagnait les élections et qui assumait une ligne supposée plus radicale que la droite actuelle sur les questions de frontières et d’identité.

Ainsi, l’union des droites fait quasiment l’unanimité chez les électeurs du 1er tour d’Éric Zemmour : 94% y sont favorables dont 75% « tout à fait » favorables.

  • Les électeurs de Marine Le Pen plus favorables à l’union que leur candidate

Marine Le Pen se veut quant à elle plus distante vis-à-vis de l’union de la droite. Elle a toujours réfuté un quelconque accord avec LR et même avec Reconquête, bien que celui-ci dispose d’un électorat largement compatible avec le sien. Plus globalement, le Rassemblement National dans un soucis de dédiabolisation a travaillé depuis bientôt deux décennies à s’extraire du champ de « l’extrême droite » et à endosser une posture plus transversale au-delà des clivages dans une rhétorique quasi gaulliste. Ce positionnement était également motivé par le fait que la composante la plus ouvrière de son électorat ne s’inscrit pas majoritairement dans une logique gauche/droite et provient même pour une part des rangs électoraux de la gauche. On peut considérer cette stratégie comme payante dans la mesure où son score n’a cessé de progresser grâce entre autres à la conquête de cet électorat populaire, déclassé qui lorsqu’on l’interroge refuse – pour plus de la moitié – de se situer à gauche ou à droite.  Cela concerne principalement les clusters Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes. Ces trois clusters comportent beaucoup d’ouvriers, d’inactifs, d’employés, de fonctionnaires de catégorie C. Ils sont à la fois sensibles à un discours social et demandeur de plus de fermeté face à l’immigration et à la délinquance.

Néanmoins, l’offre portée par Marine Le Pen et le RN touche également un électorat plus classiquement de droite, qui se situe encore dans ce clivage et qui jusqu’à 2017 réservait majoritairement ses voix aux candidats issus de l’UMP et de LR. On les retrouve en particulier dans trois clusters au sein desquels Marine Le Pen a sensiblement progressé entre 2017 et 2022 : les Conservateurs, les Anti-Assistanat et les Identitaires.

Comme notre sondage le révèle, cet électorat plus droitier comme son électorat populaire semblent aujourd’hui s’accorder sur cette stratégie d’union. Inspirés peut-être par la récente victoire du pôle identitaire italien mais également sans doute par la réussite relative de la NUPES qui a montré que l’union pouvait parfois se faire au profit de la composante la plus radicale (en l’occurrence LFI), 85% des électeurs de Marine Le Pen au 1er tour de la dernière présidentielle se disent favorables à une union des droites lors des prochaines élections.

  • Les Républicains pourront-t-ils survivre à de tels clivages au sein de leur électorat ?

L’élection présidentielle de 2022 a bien résumé les difficultés politiques des Républicains. La responsabilité supposée d’une mauvaise campagne de la part de Valérie Pécresse n’est en réalité que marginale par rapport à la puissance des clivages idéologiques qui traversent son électorat et que notre clusterisation révélait dès l’automne 2021. Les demandes hétérogènes de sa coalition électorale originelle conduisent Les Républicains à être pris en en tenaille entre le « centre macroniste », d’un côté, et le « pôle identitaire » incarné par RN et Reconquête, de l’autre. Comme le Parti Socialiste l’a fait avec la NUPES, les Républicains iront-ils jusqu’à une alliance avec le RN et Reconquête pour perdurer ?

Quoi qu’il advienne, notre sondage illustre les difficultés auxquelles font face Les Républicains : 48% des électeurs de Valérie Pécresse se disent favorables à une union des droites. Pour les 52% restants, on peut imaginer qu’une telle union serait un point de non-retour. Comment concilier dès lors ces deux faces de l’électorat républicain qui semblent évoluer en sens inverse ?

Pour mieux comprendre cet enjeu, il est utile de repartir la coalition électorale qui a porté au pouvoir Nicolas Sarkozy. Celle-ci se compose principalement de cinq clusters :
Les Centristes : Ils considèrent le vieux clivage gauche-droite comme dépassé et ont logiquement complètement adhéré à l’offre « macroniste » : plus de 80% d’entre eux ont voté pour le Président de la République lors du 1er tour de la présidentielle. Evidemment, il n’est pas question pour eux d’envisager une union des droites et ils la rejettent quasi unanimement à presque 90%.
Les Conservateurs :  Ils continuent en partie de se placer à droite lorsqu’on les interroge et sont partagés entre Macron et Le Pen. Ces électeurs plus âgés que la moyenne vivant fréquemment en ruralité sont clivés entre une demande de stabilité institutionnelle, économique, sociale qui amène une partie d’entre eux à choisir Emmanuel Macron et une forte demande d’autorité, de sécurité, de limitation de l’immigration, autant de thèmes qui favorisent plutôt Marine Le Pen. L’union des droites aurait tendance à venir un peu fédérer ces deux demandes, la notion « d’union » qui plus est avec LR, rassurant ces électeurs. 67% d’entre eux se disent ainsi favorables à l’union.    
Les Libéraux : Ils composent un électorat âgé, aisé et diplômé en forte demande de stabilité également. Sur le plan des valeurs, comme les autres clusters chrétiens plutôt âgés, ils adoptent des positions marquées par le conservatisme en matière sociétale et par le rejet du multiculturalisme. Très attaché à l’UE et à l’économie de marché, ils ont voté « utile » et ont choisi de se positionner significativement derrière le Président de la République en 2022, après avoir été le cœur de l’électorat de François Fillon en 2017. S’ils ont voté à 46% pour Emmanuel Macron, 20% sont, malgré tout, restés « fidèles » à l’offre de droite et ont voté en faveur de Valérie Pécresse. 11% ont choisi Éric Zemmour et 15% se sont tournés vers Marine Le Pen. Au sein de ce cluster, on se dit à 61% en faveur d’une union à l’italienne. C’est beaucoup pour un cluster qui rejette les solutions radicales et le « populisme ». Cela montre la force et la prééminence de la demande identitaire et sécuritaire y compris dans un cluster qui se montrait, jusqu’à présent, plus « modéré » dans son expression politique. A l’instar de Georgia Meloni, pour conquérir ce cluster, une union de la droite devra donner des gages sur le terrain de l’économie et se montrer favorable au marché, à la libre-concurrence et au maintien de la France au sein de l’UE.
Les Anti-Assistanat : Souvent retraités ou salariés du privé, c’est aussi le groupe qui comprend le plus de petits patrons, d’artisans et de commerçants. Sur le terrain idéologique les Anti-Assistanat sont hostiles aux aides sociales, très identitaires et demandeurs d’ordre et de sécurité. Ils se sont reconnus dans le Sarkozy de 2007 qui promettait de travailler plus pour gagner plus et de passer le « kärcher » dans les banlieues. Ils ont depuis quitté les rivages de LR et ont largement voté pour Marine Le Pen et le RN lors des derniers scrutins. S’ils ont toutes les caractéristiques de l’électorat qui a plébiscité Giorgia Meloni en Italie, ils ne sont pour l’instant « que » 58% à se déclarer favorables à l’union des droites.
Les Identitaires : Comme leur nom l’indique, ces électeurs se caractérisent par leur radicalité sur les questions d’immigration, de sécurité et d’islamisme. Comme les Anti-Assistanat, une partie notable continue de se positionner à droite dans le clivage gauche-droite, si bien que de nombreux Identitaires avaient choisi François Fillon en 2017. Mais comme les Anti-Assistanat ils ont pris fait et cause pour le RN en 2022, malgré la concurrence rude exercée par Éric Zemmour durant toute la campagne. Ce n’est que dans les dernières semaines que Marine Le Pen a affirmé son leadership au sein de ce cluster. Sans surprise, ils sont 83% à soutenir l’union des droites.

En somme, la demande d’ordre, de fermeté vis-à-vis de l’islamisme, de lutte contre l’immigration, de rejet du multiculturalisme, fédère l’ensemble des clusters de droite ainsi que les clusters populaires pro-RN. Si les divergences existent, en particulier concernant le rapport au système et les questions économiques, les convergences semblent aujourd’hui les plus fortes et l’on constate que les clusters de la droite traditionnelle et des partis identitaires sont majoritairement favorables à une union.

Un socle de gauche restreint

Parmi les 22% de Français interrogés se situant à gauche (note de 3 sur 10 et moins), l’union fait toujours recette. 80% d’entre eux se déclarent favorable à une union du PCF, du PS, de LFI et d’EELV, des partis qui se sont déjà mis d’accord aux dernières élections législatives dans le cadre de la NUPES. Ce sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui se montrent les plus favorables à l’union de la gauche, à 90%. Les électorats de Roussel, Hidalgo et Jadot sont partagés en deux blocs.

  • Une assiette électorale très resserrée

Cependant, l’enjeu principal pour la gauche n’est pas tant l’union de son électorat que la taille de cet électorat. En l’espèce, seuls 22% de Français – nous l’avons dit – se déclarent à gauche. Deux clusters seulement se disent majoritairement de gauche (6 pour la droite !) : Les Multiculturalistes et les Solidaires, deux clusters anti-élites et très à gauche économiquement, qui ont plébiscité Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Logiquement, ce sont ces deux clusters qui se disent le plus favorables à l’union de la gauche à 93% et 70%.

Troisième cluster à avoir massivement choisi Jean-Luc Mélenchon et la NUPES en 2022, Les Révoltés, ne se positionnent pas majoritairement à gauche mais optent pourtant systématiquement pour des offres issues de la gauche aux élections. Nombre d’entre eux sont issus de l’immigration et habitent dans les quartiers populaires. Ces électeurs peu politisés sont avant tout des « antisystème » qui prennent fait et cause pour le « peuple » face aux « élites ».

  • Les clusters de centre-gauche rejettent l’union

Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes sont deux clusters contenant beaucoup d’électeurs aisés, modérés sur l’axe économique et social et rétifs au « populisme ».
Ces deux clusters se positionnent majoritairement au centre ou centre gauche : un électeur sur deux au sein de ces clusters se placent à 4 ou 5 sur 10. Ces clusters plus centristes qui pourraient se tourner vers une union de la gauche la rejettent dans une part importante, et ce d’autant plus dans la mesure où sa composante principale – La France Insoumise – est aussi la plus « radicale ». Seuls 37% des Sociaux-Démocrates et 51% des Progressistes déclarent être favorables à l’union de la gauche.
Lors des derniers scrutins, ces deux clusters ont ainsi été partagés entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon puis entre la majorité présidentielle et la NUPES. Ils ont également voté substantiellement pour des offres « Divers gauche », démontrant l’insatisfaction politique de ces clusters qui ne se reconnaissent pleinement ni dans la NUPES ni dans la ligne portée par le Président de la République. Convaincre ces deux clusters de centre-gauche paraît indispensable pour la gauche si elle souhaite apercevoir un horizon majoritaire.

  • Les clusters populaires ni de droite ni de gauche penchent plutôt du côté identitaire

Quant aux clusters populaires Réfractaires et Sociaux-Patriotes, ils se positionnent très largement entre 4 et 6 sur 10, démontrant leur décalage vis-à-vis du clivage gauche/droite. Ces deux clusters comportent beaucoup d’ouvriers et d’employés. Leur système d’opinion est assez similaire : ils sont du côté du salariat et favorables à la taxation des plus riches, « antisystème » et dans des degrés différents, favorables à davantage de fermeté face à l’immigration. Pour toutes ces raisons, ils se sont tournés vers Marine Le Pen et le RN. Pour autant, ils ont opté pour Jean-Luc Mélenchon et la NUPES en deuxième choix démontrant les minces possibilités pour la gauche de concurrencer le RN sur ces segments.

Toutefois, ces deux clusters se positionnent davantage pour une union des droites que pour une union des gauches, ce qui laisse à penser qu’en cas d’unification des blocs, l’écart se creuserait au profit de l’union des droites, en particulier si le Rassemblement National en était le moteur principal.

football-world-cup-2022

La Coupe du Monde au Qatar cristallise les contestations

Une majorité de Français favorables au boycott de la Coupe du Monde

61% des Français interrogés déclarent être d’accord – dont 43% « tout à fait d’accord » – avec l’affirmation : « l’Equipe de France devrait boycotter la Coupe du Monde au Qatar ». Les plus favorables au boycott sont les clusters de « l’arc contestataire » : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés d’une part et Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes d’autre part. Ces clusters sont à la fois les plus populaires et les plus antisystèmes.

A l’inverse, les Français les plus défavorables au boycott se trouvent dans les clusters aisés et élitaires : Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes et Libéraux.

57% des électeurs d’Emmanuel Macron et 52% des électeurs de Valérie Pécresse sont opposés au boycott.

69% des électeurs de Marine Le Pen et 76% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont favorables au boycott.

Un régime religieux contesté

55% des Français interrogés pensent qu’il n’est pas normal « que les supporters occidentaux s’adaptent aux mœurs en vigueur au Qatar ».

Deux clusters qui penchent à gauche font partie des plus opposés : 61% des Multiculturalistes et 64% des Sociaux-Démocrates affirment ainsi que les supporters ne doivent pas s’adapter aux mœurs qataries. Les raisons sont autant sociales qu’idéologiques : Il s’agit de clusters favorables à une forme d’universalisme.

Les Sociaux-Patriotes et les Anti-Assistanat sont également très opposés aux mœurs qataries. Pour ces deux clusters hostiles à l’islam, le régime qatari apparaît comme proche des fondamentalistes.

Une première Coupe du Monde dans un pays musulman, un beau symbole ?

39% des Français interrogés pensent que c’est un « beau symbole » que la Coupe du Monde se déroule pour la première fois dans un pays musulman. Seulement 10% sont « tout à fait d’accord » avec cette affirmation contre 35% « tout à fait en désaccord ».

C’est l’image renvoyée par le Qatar et son régime qui posent problème. Si bien que même au sein des clusters les plus tolérants (Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates et Progressistes) l’affirmation clive les électeurs en deux blocs : la moitié des membres de ces clusters refusant d’y voir un symbole positif.
Parallèlement, dans les clusters identitaires et conservateurs (Libéraux, Sociaux-Patriotes, Anti-Assistanat et Identitaires), la majorité est plus claire. Plus de 74% des interrogés refusent d’y voir un « beau symbole ».

Les Français favorables à un « boycott présidentiel »

Une large majorité de français déclarent être opposés à ce que le Président de la République se rende au Qatar pendant la Coupe du Monde, comme le veut pourtant la tradition pour ce genre d’évènement, a fortiori si l’équipe de France se révèle performante et va loin dans la compétition.

3 Français sur 4 déclarent en effet être d’accord avec l’affirmation « Le Président de la République française ne doit pas se rendre au Qatar pendant la Coupe du Monde ». 55% se disent même « tout à fait d’accord » avec cette affirmation.

Vous trouverez le détail de l’analyse de cette question sur le site du Point pour lequel nous avons réalisé cette enquête.

Baromètre-personnalites-politiques-6

Baromètre des personnalités politiques n°6

Emmanuel Macron conserve la tête de notre baromètre de popularité

Chaque mois, nous publions un baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

1. Le Président de la République en tête pour le troisième mois consécutif

Avec 16% de soutien et malgré un niveau de rejet toujours élevé, le Président réélu en avril dernier conserve sa première place en « soutien » exprimé dans l’opinion. Il bénéficie d’une forme de stabilité politique, sa majorité relative n’étant pas en proie pour l’heure à une quelconque division. Faiblement menacé sur son espace électoral par les oppositions, Emmanuel Macron et plus largement l’exécutif continuent de bénéficier du soutien des clusters phares de la coalition présidentielle. Sur le flanc gauche de cette coalition : Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes continuent de placer leur confiance dans le Président de la République : avec 30% et 34% de soutien il devance sa Première Ministre Elisabeth Borne. Il en va de même au sein du cluster « macronien » par excellence : les Centristes. Sur le flanc droit de sa coalition, Emmanuel Macron demeure 2e chez les Conservateurs derrière Marine Le Pen et en tête chez Les Libéraux devant son ex-Premier Ministre Edouard Philippe.

A noter l’arrivée dans notre classement de Bruno Le Maire qui dispose d’un bon niveau de soutien dans l’ensemble des clusters « macronistes ».

2. Adrien Quatennens et Jean-Luc Mélenchon affaiblis

La publication de conflits relatifs à sa vie conjugale par la presse, puis par Adrien Quatennens lui-même ont produit un effet quasi immédiat dans l’opinion. Le député du Nord enregistre une baisse importante en termes d’adhésion : -4 points de soutien. Il chute à 5% et sort pour la première fois du Top 10. C’est logiquement dans les clusters de gauche que la baisse est la plus sensible. Au sein des Multiculturalistes, cluster-phare du « mélenchonnisme », Adrien Quatennens perd 27 points de soutien. Idem chez les Solidaires, deuxième cluster à avoir le plus voté Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, où il perd 11 points de soutien.

La polémique n’a pas épargné le 3e homme de la présidentielle. Objet de nombreuses critiques suite à un tweet, Jean-Luc Mélenchon garde, malgré tout, un haut niveau de soutien et conserve sa 2eme place au classement général mais il perd quelques points dans son électorat. Il perd notamment 10 points chez les Multiculturalistes au sein desquels il demeure largement en tête avec 61% de soutien.

3. Fabien Roussel, personnalité politique la plus sympathique

Les polémiques autour de ses sorties sur l’assistanat et les allocations chômage n’ont pas entamé le crédit de Fabien Roussel. Au contraire, il fait un bond de 11% au classement et devance désormais assez largement Edouard Philippe et ses autres concurrents avec 36% de sympathie exprimée. Pour autant, cette sympathie importante ne parvient pas à se transformer en réel capital politique, son taux de soutien demeurant stable et relativement faible à 5%.

Fabien Roussel dispose d’un niveau de sympathie élevée dans l’ensemble de l’opinion y compris dans des clusters très à droite sur le plan culturel et économique comme Les Libéraux.
Toutefois, il séduit en premier lieu la gauche diplômée et modérée : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes dans lesquels il atteint 48% et 65% d’adhésion (soutien + sympathie). A l’inverse il clive et est relativement rejeté chez les Multiculturalistes, cluster de gauche radicale et culturelle qui s’oppose à certains des marqueurs mis en avant par Fabien Roussel depuis quelques mois : attachement aux traditions françaises, mise en discussion de la « gauche des allocs ». Enfin, Fabien Roussel atteint 62% d’adhésion chez les Sociaux-Républicains, un cluster plutôt réticent à l’ouverture des frontières et au multiculturalisme mais social et redistributif sur le plan économique. C’est déjà au sein de ce cluster qu’il avait réalisé son meilleur score à la présidentielle.

4. Marine Le Pen conserve le leadership au sein du pôle identitaire

Marine Le Pen conserve sa place sur le podium. A l’instar de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, elle bénéficie du soutien fidèle d’un noyau dur d’électeurs qui se regroupent autour de cinq clusters : les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat et les Identitaires. Les trois premiers sont la composante plus sociale de son électorat et les deux derniers la composante plus droitière et libérale. Pour autant, ces 5 clusters se retrouvent sur une forte demande de sécurité, d’ordre et de lutte contre l’immigration.
Comme lors de la présidentielle, il n’y a que chez les Identitaires qu’elle est concurrencée par Eric Zemmour qui est ce mois-ci à égalité avec elle, bénéficiant de 41% de soutien.

Giorgia Meloni election campaign

Come si struttura l’elettorato italiano? 16 carte e 34 grafici per capirlo meglio

Domenica, la coalizione guidata da Giorgia Meloni dovrebbe vincere le elezioni legislative, spingendo la leader post-fascista alla testa del paese. Per capire come l’elettorato si è trasformato dal 2018, bisogna interessarsi ai suoi segmenti politico-ideologici.
Uno studio inedito di Jean-Yves Dormagen che analizza i gruppi che compongono le coalizioni italiane, ma che possono anche dividerle.

Giorgia Meloni election campaign

Comment se structure l’électorat italien

Ce dimanche, la coalition menée par Giorgia Meloni devrait remporter les élections générales italiennes, propulsant une dirigeante post-fasciste à la tête du pays. Pour saisir comment l’électorat a pu tant se transformer depuis 2018, il faut s’intéresser à ses grands segments politico-idéologiques. Dans cette étude inédite pour Le Grand Continent, Jean-Yves Dormagen livre une analyse des groupes qui compose les coalitions italiennes, ce qui les unit mais également ce qui est susceptible de les diviser.

Stade

Sport, Football, Joueurs : qu’en pensent les Français ?

Sport et clivages idéologiques : Qui regarde quoi ? Qui supporte qui ?

  • Le football demeure le sport le plus populaire avec 42% de répondants qui disent le suivre « de temps en temps » ou « régulièrement » dans les media. Le rugby et le tennis arrivent juste derrière avec 39% de fans. On trouve de fortes disparités locales liées aux histoires et aux traditions de chaque Région. Ainsi le foot est le sport le plus suivi dans le Grand-Est, les Hauts-de-France et en Normandie mais il est largement devancé par le rugby en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine.
  • En termes d’appartenance idéologique, les amateurs de foot sont les plus transversaux : on y retrouve 47% de Sociaux-Démocrates et 48% de Libéraux : deux clusters modérés de centre-gauche et centre-droit. Le foot est le sport favori des Multiculturalistes, cluster radical de gauche avec 44% de fans. Le Rugby a une répartition moins transversale avec moins de citoyens de gauche qui déclarent le regarder. Les clusters les plus friands de rugby sont les Centristes, les Libéraux, les Conservateurs, les Réfractaires et les Eurosceptiques. Les trois premiers sont plutôt des clusters modérés pro-Macron et les deux derniers des clusters très populaires qui votent Marine Le Pen.
    En termes d’électorat, les électeurs d’E. Macron et ceux de V. Pécresse sont ceux qui déclarent le plus suivre le sport quel qu’il soit. Cela dénote un clivage générationnel : ce sont les plus âgés qui suivent le plus le sport dans les media.
  • Le suivi médiatique du sport demeure genré : les hommes suivent à 58% le foot contre « seulement » 29% de femmes. Seul le tennis est à peu près égalitaire (42% d’hommes vs 36% de femmes). De même, demeure un clivage d’âge, les plus de 65 ans restent les premiers spectateurs de sport, hormis pour le football, qui est également bien suivi chez les jeunes. Socialement, le foot est également le plus homogène : 54% des ouvriers disent le suivre, tout comme 46% de cadres et professions intellectuelles. Le rugby est davantage suivi par les retraités et le tennis par les cadres et professions intellectuelles supérieures.

PSG : club préféré des français (surtout des plus aisés)

  • Parmi ceux qui déclarent avoir un club de foot préféré, le Paris-Saint-Germain arrive en tête avec 21% de supporters juste devant l’Olympique de Marseille avec 19%. L’Olympique Lyonnais arrive 3eme avec 9% de supporters.
  • Le PSG rassemble des supporters très opposés idéologiquement mais assez homogènes sur le plan économique. Club préféré des Sociaux-Démocrates, des Centristes et des Libéraux, ces trois clusters rassemblent les français les plus aisés de notre clusterisation et sont très favorables au Président de la République. Le PSG est également le club préféré des Anti-Assistanat et des Identitaires, deux clusters qui se revendiquent de droite, très opposés à l’immigration avec des positionnements plutôt élitaires et libéraux sur le plan économique.
  • L’OM a un socle plus populaire. Tout d’abord l’OM est le club préféré de trois clusters de gauche sur quatre : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Progressistes. Les deux premiers clusters sont très radicaux, très « anti-système » et favorable à la redistribution économique. Une grande majorité d’entre eux a voté pour Jean-Luc Mélenchon. L’OM est également le club préféré des trois clusters qui comportent le plus d’ouvriers et d’employés non diplômés : les Eurosceptiques, les Réfractaires et les Sociaux-Patriotes. Trois clusters très anti-élites, très sociaux et plutôt anti-immigration. Une partie sensible d’entre eux votent Rassemblement National. Une partie moins importante s’est tournée vers la NUPES aux législatives. Enfin, l’OM est également le club préféré des Conservateurs, cluster plus âgé et plus rural de classe moyenne qui vote plutôt à droite.
  • Enfin, on perçoit la filiation entre certains clubs et leur territoire consacrant ainsi des enjeux de suprématie locale. L’OM est ainsi le club préféré des habitants de PACA avec 62% de supporters. Le PSG bien qu’il ait un ancrage géographique moindre, dispose de 42% de supporters chez les habitants d’Ile de France. Dans les Hauts-de-France, Lens devance Lille de deux points : 27% de supporters contre 25%. En Auvergne Rhône-Alpes, les Lyonnais dont le palmarès récent a conquis le cœur de nombreux français devancent leurs rivaux Stéphanois avec 39% de supporters contre 14%.

Les français votent « Zizou » à l’unanimité

  • Interrogés sur leurs trois joueurs préférés, les Français ont placé Zinédine Zidane largement en tête, loin devant Platini, Pelé et M’Bappé (joueur en activité préféré des français). Sans surprise, c’est surtout chez les plus de 50 ans que Michel Platini recueille de nombreux soutiens, faisant presque jeu égal avec Zizou chez les retraités. Killian M’Bappé est lui plébiscité par les moins de 35 ans qui le placent 2eme derrière Zidane.
  • Les tensions identitaires qui traversent le pays se retrouvent dans ce classement. On voit notamment que Karim Benzema est très soutenu dans des clusters « mélenchonnistes » (Multiculturalistes, Révoltés) ou de gauche culturelle (Progressistes) avec un taux de soutien entre 10 et 20%. Il est beaucoup moins apprécié par les clusters plus hostiles aux immigrés et à l’islam : les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat et les Identitaires qui sont à peine 4% à le citer parmi leurs trois joueurs préférés. A l’inverse, Olivier Giroud qu’on a longtemps opposé à Karim Benzema dans le débat public, peut compter sur une base de soutien forte dans les groupes identitaires : il obtient ainsi 18% de soutient chez les Sociaux-Patriotes et 16% chez les Identitaires. On retrouve donc logiquement un fort niveau de soutien à Benzema parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron : 32% et 31% et a contrario un fort niveau de soutien en faveur Giroud chez les électeurs de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour : 38% et 23%.
    Notons que le joueur préféré des électeurs de Jean-Luc Mélenchon est N’Golo Kanté qui récolte 42% de soutien parmi eux.

Cluster17 est le résultat d’un travail scientifique de plusieurs années qui a permis de créer un outil de sondages et une méthode d’analyse testée auprès de dizaines de milliers de personnes sur l’ensemble du territoire. Cette approche repose sur une segmentation inédite de la société française en 16 groupes homogènes : les Clusters. Ces derniers permettent une analyse plus fine de la société et sont au centre de notre production d’études d’opinion. Pour tout comprendre aux clusters et faire le test : https://cluster17.com/

Sondage Cluster17 / Il Fatto Quotidiano – Elections générales italiennes 2022

La coalition de centre-droit largement en tête, le M5S atteint 14%

  • La coalition de centre-droit demeure largement en tête des intentions de vote : 44,8% contre 27,4% pour la coalition de centre-gauche.
  • Fratelli d’Italia est de loin la force dominante de la coalition de centre-droit : 24,4% VS 11,3% pour la Lega.
  • Le Partito Democratico est le second parti (20,8%) au sein d’une coalition de centre-gauche où les autres forces politiques n’atteignent jamais les 4%.
  • A noter le fait que le M5S atteint les 14% et constitue la 3ème force partisane du pays.
  • Azione e Italia Viva sont proches des 7%.

L’analyse des transferts de voix entre les politiche de 2018 et celles de 2022 permet de mieux comprendre le succès du centre-droit et tout particulièrement de Fratelli d’Italia dans les sondages.

  • Pour commencer, FdI est la force qui fidélise le mieux ses électeurs de 2018 (à hauteur de 74%).
  • Mais surtout FdI parvient à capter une part importante du vote leghista de 2018 (44%) et de celui en faveur de Forza Italia (38%). C’est donc principalement au détriment de ses deux principaux alliés que FdI progresse.
  • Le parti de Giorgia Meloni parvient également à capter une proportion significative des électeurs du M5S de 2018 : 17%.
  • A l’inverse, ses deux alliés, Lega et FI, ne parviennent non seulement pas à élargir leur base de 2018, mais perdent, on vient de l’évoquer, une part importante de celle-ci au bénéfice de FdI.

Au regard de ces mouvements électoraux, le PD est la force qui s’en sort actuellement le mieux : le parti de centre-gauche parvient à conserver une large majorité de ses électeurs de 2018 (68%), tout en captant près de la moitié des électeurs de Liberi e Uguali (46%) et 14% de ceux du M5S.

Le recul de ce dernier s’explique par son incapacité à conserver les électeurs de 2018 : seuls 46% d’entre eux s’apprêtent à voter à nouveau pour le M5S. Les pertes, on l’a vu, se font sur le centre-droit et, en particulier FdI, mais aussi le PD.

Quant à Azione/Italia Viva, la plupart de ses voix proviennent du PD et dans une bien moindre mesure du M5S et de FI.

Les jeunes votent plus pour le centre-gauche et le M5S et moins pour la coalition de centre-droit.

  • Chez les 18-24 ans, le PD arrive en tête suivi du M5S, puis d’Azione et d’Europa Verde/Sinistra.
  • Chez les 25-34, c’est le M5S qui est en tête, suivi de FdI, du PD et d’Azione.
  • Dans les classes d’âge moyennes (35-64 ans), c’est FdI qui est en tête. A noter que la Lega fait ses meilleurs scores parmi les 35-49 ans. La coalition de centre-gauche est particulièrement faible dans ses classes d’âge qui correspondent aux actifs. C’est bien au sein de ces classes d’âge que se fait aujourd’hui la différence entre centre-droit et centre-gauche.
  • Parmi les séniors (plus 65 ans), le PD est largement en tête suivi de FdI.

Les ouvriers votent pour le centre-droit ou pour le M5S. A elles-seules, les trois principales forces de la coalition de centre-droit captent 58,5% du vote ouvrier.

Le vote des employés présente une orientation assez similaire : 48% pour le centre-droit et 14,5% pour le M5S.

La coalition de centre-gauche est particulièrement faible dans les milieux populaires (seulement 11,5% chez les ouvriers). Son incapacité à produire une offre politique ajustée à ces milieux populaires qui représentent près de 30% de l’électorat est l’une des causes de sa faiblesse électorale actuelle.

Le PD est particulièrement fort chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, ainsi que parmi les retraités et dans une moindre mesure les professions intermédiaires. Cette sociologie qui correspond aux classes moyennes et supérieures diplômées ainsi qu’aux catégories les plus âgées est tout à fait typique de la gauche modérée et du centre aujourd’hui en Europe.

C’est aussi dans ces segments et parmi les inactifs (en général des étudiants) qu’Europa Verde/Sinistra réalise ses meilleurs scores.

Le M5S a un électorat plus populaire : il réalise ses meilleurs résultats parmi les travailleurs autonomes (commerçants, artisans, chefs d’entreprise), les ouvriers et les inactifs (étudiants et femmes au foyer).

Enfin, il est intéressant de souligner que FdI a un électorat particulièrement trans-classe : le parti de Meloni réalise des scores proches de sa moyenne dans toutes les catégories sociales, sauf parmi les inactifs, en raison de sa relative faiblesse au sein de la jeunesse.

L’analyse par classes de revenus donne des résultats convergents.

  • Le M5S attire en priorité des électeurs disposant de faibles revenus.
  • A l’inverse, le PD mais aussi Azione e Italia Viva sont surreprésentés au sein des foyers disposant de revenus élevés, ce qui confirme que le centre-gauche et le centre recrutent leurs électeurs en priorité parmi les classes moyennes et supérieures.
  • Sur le plan des revenus, l’électorat de centre-droit se caractérise par sa diversité. C’est tout particulièrement vrai de FdI dont les électeurs appartiennent à toutes les catégories de revenus, à l’exception des strates les plus hautes où le parti de Meloni réalise des scores un peu plus faibles que sa moyenne.

Dans son rapport à la religion, l’électorat italien se divise aujourd’hui en trois groupes :

  • Une majorité se déclare « croyante mais non pratiquante » (52%), un cinquième environ « croyant et pratiquant » (21%) et un gros quart « non croyant » (27%).

Les catholiques comme les non-croyants sont présents dans tous les électorats, mais certaines logiques transparaissent. Le centre-droit peut être considéré comme une coalition reposant majoritairement sur un arrière-fond culturel catholique.

  • Chacune des forces de la coalition obtient presque deux fois plus de voix parmi les « croyants et pratiquant » que parmi les « non croyants » : 23,2% contre 12,7% pour FdI, 13% contre 7% pour la Lega et 10,9% contre 5% pour FI.
  • La situation est exactement opposée pour la gauche radicale et le M5S : deux à trois fois plus forts chez les « non-croyants » que les chez « croyants et pratiquants ».
  • Les forces du centre et du centre-gauche (dont le PD) combinent une composante catholique importante (sans doute héritée de la DC) et une composante non-religieuse de dimension comparable.
Travail,-salaire,-assistanat,-quels-sont-les-clivages-RL

Travail, salaire, assistanat : quels sont les clivages qui traversent l’opinion ?

Alors que le Gouvernement prépare une réforme de l’assurance-chômage à la rentrée, nous avons interrogé les Français sur leur rapport au travail et à l’argent.

  • Travail nécessité VS Travail liberté : la permanence d’un clivage de classe

Le rapport au travail est fortement déterminé par la situation économique des répondants. Les clusters les plus aisés : Sociaux-Démocrates, Centristes et Libéraux, qui forment un axe modéré favorable au Président, sont les trois clusters qui partagent le plus l’affirmation selon laquelle « Le travail est une valeur essentielle permettant aux individus de s’épanouir ». Les Anti-Assistanat et les Identitaires, deux clusters de droite conservatrice partagent également pour une relative majorité d’entre eux cette idée. A l’inverse les électeurs plus radicaux et/ou populaires de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen qu’on retrouve dans les clusters Multiculturalistes, Révoltés, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes sont une large majorité à affirmer que « Le travail est juste un moyen pour subvenir à ses besoins ».

Si cette question fait ressortir un clivage de classe, les autres questions de notre enquête font davantage ressortir un clivage de nature idéologique.

  • Travail VS coût de la vie : un déséquilibre qui confine à l’urgence

Tout d’abord, la quasi-totalité de notre échantillon (93%) est d’accord avec le fait que « Le travail ne paie pas assez par rapport au coût de la vie ». Un tel score montre les difficultés que traverse la plupart des Français pour assurer un niveau de vie en lien avec leurs revenus. Les clusters populaires, qu’ils votent plutôt Jean-Luc Mélenchon (Multiculturalistes, Révoltés, Solidaires) ou plutôt Marine Le Pen (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes) sont logiquement ceux qui semblent le plus en attente de hausses de salaire. On peut parler pour ces clusters d’urgence sociale, comme le laissait déjà voir notre étude sur l’inflation au mois de juillet (https://cluster17.com/les-francais-face-a-linflation/).

  • Salaire VS allocations : Une ligne de clivage idéologique et des clusters populaires divisés

L’affirmation « En France, on s’en sort plus facilement avec les revenus des allocations qu’avec un salaire » clive parfaitement l’opinion en deux blocs : 50% sont d’accord et 50% sont en désaccord. Les électeurs d’Éric Zemmour, de Marine Le Pen et de Valérie Pécresse partagent cette affirmation à plus de 69%. Les plus de 75 ans et les retraités également à plus de 60%. En termes de clusters, on voit se dessiner un clivage de nature idéologique fracturant le pays en deux. Les Multiculturalistes, les Sociaux-Démocrates, les Progressistes, les Solidaires, les Centristes, les Révoltés, les Apolitiques sont dans leur majorité en désaccord. En face, les Conservateurs, les Libéraux, les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes, les Anti-Assistanat et les Identitaires sont majoritairement d’accord.

On voit que l’électorat du Président de la République est clivé sur cette question : les Centristes, les Sociaux-Républicains et les Sociaux-Démocrates, soit le flanc modéré de centre et centre-gauche, ne partagent pas les mêmes positions que les Libéraux et les Conservateurs qui constituent la fraction de droite de sa coalition.

Au contraire, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et plus généralement la gauche est tout à fait rassemblée contre cette affirmation qui peut être perçue comme une dénonciation de l’«assistanat ».

L’électorat de Marine Le Pen est quant à lui clivé. Les trois clusters populaires (Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes), composés de nombreux ouvriers et d’employés peu diplômés qui votent massivement pour elle (et qui sont une majorité dans nos enquêtes à ne pas se reconnaître dans le clivage gauche / droite) se positionnent ici avec la « droite » mais dans une majorité très relative. Cela peut être interprété en deux sens : à la fois leur salaire est trop bas et à la fois les allocations sont trop hautes, donc trop peu différenciantes de leur niveau de vie. Il s’agit sans doute autant d’un manque de reconnaissance du travail par le salaire que d’une forme d’injustice ressentie vis-à-vis des bénéficiaires des allocations, dans des groupes où le niveau de salaire est parfois inférieur à un SMIC à temps plein.

Nous avons testé deux autres mesures volontairement clivantes pour mettre en exergue ces clivages :

1/ « Il faut supprimer les allocations chômage au bout de 6 mois sans activité » : 32% des français interrogés sont d’accord et 68% en désaccord.

Nous retrouvons ici la même répartition que dans la question précédente. Seuls les clusters qui se positionnent à droite et qui votaient jadis pour l’UMP et LR sont majoritairement d’accord : les Conservateurs, les Libéraux, les Anti-Assistanat et les Identitaires. L’ensemble des autres clusters sont assez largement en désaccord, y compris les Centristes, ce qui démontre à quel point il serait difficile pour Emmanuel Macron de préserver l’équilibre de sa coalition si des mesures trop « radicales » venaient à être prises.

2/ « Supprimer le RSA aux allocataires s’ils ne travaillent pas 12h par semaine en contrepartie » : 56% des français interrogés sont d’accord et 44% sont en désaccord

Cette mesure fait davantage consensus et fait apparaître une majorité d’opinion. Les Centristes sont ici majoritairement d’accord. Les Apolitiques et les Sociaux-Républicains, deux clusters modérés, sont également majoritairement d’accord avec cette mesure.
De même, les Réfractaires basculent avec la majorité. Les Sociaux-Patriotes et les Eurosceptiques sont quant à eux très clivés, quasiment à 50-50. Le clivage qui traverse ces trois clusters populaires montre qu’il existe à la fois un risque pour Emmanuel Macron à cliver fortement sur des mesures qui peuvent paraître impopulaires mais également les difficultés pour Marine Le Pen à se positionner dans la mesure où sa base est profondément clivée sur ces enjeux. Les électorats d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse sont quant à eux très favorables à un durcissement des conditions d’attribution du RSA et des allocations.

Pour la gauche, les choses sont plus « simples » : l’ensemble de sa base électorale – qu’elle soit radicale (Multiculturalistes, Solidaires, Révoltés) ou modérée (Sociaux-Démocrates, Progressistes) – est en opposition avec la mise en place de telles mesures. Les débats qui s’amorcent au Parlement constituent ainsi l’occasion pour les partis membres de la NUPES de tenter de « récupérer » une partie des Sociaux-Démocrates et des Progressistes qui continuent d’adhérer sensiblement à l’action du Président de la République mais pourraient se trouver en porte-à-faux si des mesures perçues comme « anti-redistributives » ou « anti-assistanat » venaient à être adoptées.

De l’élection présidentielle aux élections législatives : pourquoi il n’y a pas de majorité politique dans le pays ?

La séquence électorale qui s’achève accouche d’une situation inédite : un président réélu hors situation de cohabitation – une première sous la Ve République – mais se retrouvant sans majorité absolue à la suite de son élection – une première depuis l’instauration du quinquennat.

Nous posions à l’issue du 1er tour de la présidentielle le constat dans le Monde Diplomatique que la consécration d’une tripartition de l’électorat, avec de profonds clivages entre les trois « pôles » de la vie politique, entrainerait le gagnant de la présidentielle dans une inéluctable mécanique minoritaire. Dans ce cadre tripolaire, le second tour de la présidentielle repose inéluctablement de plus en plus sur une logique de vote par défaut : l’électeur y procède plus par élimination du candidat le « pire », que par réelle adhésion au vainqueur. Dans ce contexte, l’élection législative laisse à voir davantage la réalité du paysage électoral : un pays éclaté autour de trois pôles largement incompatibles.

Emmanuel Macron affaibli sur sa droite et sur sa gauche

La coalition électorale d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle reposait sur un alliage inédit avec pour barycentre les Centristes autour desquels il avait su rassembler les clusters de gauche Sociaux-Démocrates et Progressistes (ancien cœur électoral du PS) et les clusters de droite Conservateurs et Libéraux (ancien cœur électoral de l’UMP). Lors de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait triomphé de ses adversaires pour constituer ce bloc du « en même temps » que l’on peut comparer au bloc qui avait voté « Oui » au référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005. A sa gauche, il avait capté presque 50% des Sociaux-Démocrates, reléguant Jean-Luc Mélenchon presque 30 points derrière lui. A sa droite, il avait réuni également 50% des Libéraux, en parvenant à susciter une logique de vote utile au détriment de Valérie Pécresse, reléguée sous les 20% dans un cluster qui en 2017 avait voté aux deux tiers pour François Fillon…

Si Emmanuel Macron n’a pas pu reproduire cette opération lors des législatives, c’est en partie dû à la nature de l’élection, moins personnalisée et plus tributaire des marques politiques ainsi que de l’ancrage de chaque candidat. Mais c’est également dû à l’évolution de l’offre électorale entre les deux scrutins.

L’union de la gauche – coalisant l’ensemble des partis du PS à LFI – a permis à la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) de mieux concurrencer Emmanuel Macron dans les clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes que ne le fit Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle. Cette résurgence d’un bloc de gauche « plurielle » a en effet permis à la NUPES de faire jeu égal avec la majorité présidentielle au sein de ces deux clusters modérés, bien insérés dans la mondialisation et pour lesquels la radicalité de Jean-Luc Mélenchon sur l’axe peuple-élite et sur l’axe économique opère comme un repoussoir. Ces électeurs mal représentés par l’offre actuelle – en raison de l’absence d’une offre sociale-démocrate forte – se sont finalement partagés à parts égales aux législatives entre la NUPES et la majorité présidentielle.

Sur sa droite, le faible ancrage territorial de Renaissance a permis aux candidats Les Républicains, qui sont mieux implantés, de « récupérer » une partie de leur électorat traditionnel : les Conservateurs et les Libéraux. Chez ces derniers, LR fait même jeu égal avec la majorité présidentielle, là où Valérie Pécresse avait été largement distancée.

C’est toutes les limites du « en même temps » : fédérer ces clusters de gauche et de droite est un équilibre subtil que le Président avait réussi à tenir grâce aux crises successives des gilets jaunes, du Covid et de l’Ukraine, en endossant le costume de la stabilité et de l’ordre, rassurant par là même cet électorat diplômé et aisé, hostile aux « extrêmes », au « dégagisme » et à toutes les formes de « populisme ». Pour cette coalition des modérés, Emmanuel Macron était indiscutablement plus crédible et attractif que Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.

Mais les messages contradictoires envoyés pour séduire la gauche dans l’entre-deux-tours ainsi qu’à l’issue du second (« planification écologique », « nos vies valent mieux que leur profit », nomination de Pap N’Diaye à l’Education Nationale…) ont pu refroidir l’électorat conservateur qui s’est portée vers LR et, pour une part non négligeable en particulier au second tour, vers le RN, notamment dans un contexte où la thématique sécuritaire reprenait le dessus avec les incidents du Stade de France. Trop à droite pour la gauche, qui a sanctionné sa volonté de porter l’âge de départ à la retraite à 65 ans et trop à gauche pour la droite en particulier sur les enjeux sociétaux, voici ce qui a probablement causé la désarticulation de l’électorat « macroniste » en juin dernier.

La NUPES a réuni un bloc de gauche traditionnel

La NUPES a réalisé un bon score lors de ces législatives et, surtout, est parvenue à faire élire un nombre important de candidats : 151. Le contexte a fortement contribué à une perception globalement positive de ce résultat : la gauche était faiblement représentée dans l’ancienne Assemblée, nombre de commentateurs considéraient comme acquise une victoire de la majorité présidentielle aux législatives et la gauche était considérée comme moribonde voire en danger de disparition il y a encore 6 mois, au début de la campagne présidentielle. Mais ce résultat démontre également que la gauche unie sous la forme de la NUPES reste loin de la majorité électorale. Et la dynamique de campagne n’a pas été aussi porteuse que ne pouvaient l’espérer les leaders de la gauche. L’élan initial de la NUPES était pourtant bien réel. L’union, très attendue par l’électorat de gauche, a suscité un enthousiasme qui a permis à la NUPES d’imposer initialement le rythme de la campagne et de construire l’élection sur le mode d’un duel avec le Président. Si bien que l’alliance de gauche dépassait les 30% dans nos intentions de vote fin avril et début mai. La force de l’alliance reposait notamment sur le fait que le Parti Socialiste fasse partie de cet accord. Cela a permis dans un premier temps de créer un sursaut dans l’électorat de gauche, y compris au sein de ses segments modérés : la NUPES est même parvenue en début de campagne à dépasser, assez largement, la majorité présidentielle chez les Progressistes, ce que La France Insoumise, seule, ne pouvait aucunement espérer.

Mais cette dynamique s’est affaiblie au fil de la campagne. La NUPES s’est, en effet, révélée dans l’incapacité de conquérir les clusters de gauche modérée : en l’occurrence, les Progressistes et, plus encore, les Sociaux-Démocrates. En difficulté au début de la campagne, la majorité présidentielle est, en effet, parvenue à conserver une bonne part de son électorat au sein de ces deux clusters décisifs et les candidatures divers gauche, en particulier les dissidences socialistes, ont, elles aussi, obtenu de bons résultats sur ce segment de l’électorat. On le constate dans le tableau ci-dessous : les candidatures divers gauche sont parvenus à réunir 10% des Sociaux-Démocrates – mais aussi 10% des Sociaux-Républicains – soit une précieuse réserve de voix qui coûtera de nombreux sièges à la NUPES.

Le récit de la campagne et les quelques dissonances internes à la NUPES peuvent bien sûr tenir lieu de justification à cette dynamique négative de fin de campagne. Mais la clusterisation permet d’identifier des logiques plus profondes. En réalité, la dynamique baissière de la fin de la campagne relève d’un désajustement structurel entre la demande de ces deux clusters de gauche modérée et l’offre politique incarnée aujourd’hui par la NUPES. Cet électorat Progressiste et Social-Démocrate se positionne certes à gauche sur les valeurs et sur les questions culturelles, mais c’est sur le clivage peuple VS élite et économie de marché VS économie régulée que ces électeurs peinent à s’identifier dans les positions de la NUPES. En effet, ces électeurs sont plutôt élitaires et en demande de stabilité politique et économique. Pour cette raison, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon suscite un rejet important au sein de ces deux clusters. En témoigne notre dernier baromètre de personnalité dans lequel les Sociaux-Démocrates et les Progressistes déclarent « rejeter » à plus de 50% la personnalité de Jean-Luc Mélenchon. Dans ce contexte, faire campagne sur le thème « Mélenchon premier Ministre » ne pouvait que conduire à la défection d’une partie des électeurs Sociaux-Démocrates et Progressistes, qui ont alors préféré rester fidèles à la majorité présidentielle ou ont choisi les candidatures « divers gauche ».

Du fait de cette relative incapacité à élargir significativement sa base de soutien, la structure sociologique et politique de l’électorat de la NUPES demeure la même que celle de la coalition qui a voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle : elle réunit l’intégralité de la gauche « radicale » (clusters Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés). Elle réunit la jeunesse diplômée, une bonne partie des employés et des ouvriers, une petite bourgeoisie citadine et arrive en tête chez les professions intermédiaires au sein desquels on retrouve tout le corps des professeurs des écoles. La fonction publique diplômée a largement plébiscitée l’alliance de la gauche. Demeure la difficulté à reconquérir les anciens électeurs ouvriers, appartenant principalement aux clusters Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes. Ces électeurs en forte demande de protections économiques sont également les plus « dégagistes » et sont extrêmement défiants vis-à-vis de l’islam et de l’immigration. Ils habitent pour une bonne partie « La France Périphérique » et appartiennent aux franges les moins diplômés et les plus populaires du pays. Si jusqu’à l’élection de François Hollande, ils pouvaient encore voter à gauche au second tour, ils demeurent majoritairement fidèles soit à l’abstention soit au Rassemblement National, qu’ils ont placé largement en tête une fois de plus aux législatives. Au second tour, la NUPES, qui pouvait espérer profiter d’un report de voix favorable dans ces groupes très « anti-système » lors des duels l’opposant à la majorité présidentielle, n’a pu finalement compter que sur une très faible mobilisation de ces clusters en sa faveur. Ils n’ont donc pas joué ce rôle d’arbitre qui aurait permis à la gauche unie de conquérir plus de sièges.

Le RN, de la radicalité au parti de l’ordre : consécration de la dédiabolisation

Le Rassemblement National a été l’un des grands bénéficiaires de ces élections législatives. Comme pour la NUPES et même plus encore que la gauche unie, il a bénéficié d’un niveau d’attentes qui était bien plus faible que les résultat obtenus. Les 89 députés élus au soir du second tour ont constitué une heureuse surprise pour les responsables RN eux-mêmes. Cette réussite s’explique par la capacité du RN à se banaliser et à s’institutionnaliser. Déjà lors du second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen avait amélioré son score, profitant non seulement de la fin du front républicain – donc de l’abstention d’une large part des clusters de gauche – mais également d’une progression dans des clusters de droite modérée, en particulier parmi les Conservateurs, un cluster composé en partie de petits retraités vivant en monde rural. Cette stratégie visant à rassurer notamment l’électorat âgé a fonctionné parce qu’elle n’a pas entamé la popularité de Marine Le Pen et du RN dans les clusters populaires. C’est cet équilibre pour l’instant réussi entre des clusters demandeurs d’ordre et des clusters demandeurs de transformations radicales qui permet au Rassemblement National de s’étendre. Marine Le Pen n’a plus besoin de défendre des positions clivantes pour séduire un électorat populaire : leur fidélité semble durablement acquise. Son positionnement légèrement moins social et « dégagiste » que par le passé aurait pu entamer son crédit dans cet électorat, mais les autres offres politiques ne sont pas concurrentielles : elle demeure la seule pour ces clusters à se poser à la fois comme opposée à l’économie mondialisée et opposée à l’immigration. Ni Éric Zemmour, trop « élitaire », ni Jean-Luc Mélenchon, trop « multiculturaliste », ne parviennent donc à la concurrencer sur ces segments où elle reste très nettement mieux-disante.

La stratégie du RN se révèle payante dès le premier tour, où il obtient de bons scores relativement aux élections législatives précédentes et malgré le très haut niveau d’abstention, grâce sans doute à l’élargissement de sa base à des publics qui votaient traditionnellement pour la droite. Cette « réussite » est encore plus manifeste au second tour, où pour la première fois le RN profite de reports de voix significatifs en provenance de la droite traditionnelle (Conservateurs et Libéraux). Il profite aussi de très bons reports en provenance de la « bourgeoisie nationale » pour reprendre la terminologie du leader de Reconquête : l’électorat Identitaire qui a, par exemple, massivement voté Reconquête dans le sud-est s’est très bien reporté sur le RN au second tour. Enfin, le RN profite de l’effondrement du « front républicain » : les clusters de gauche (Multiculturalistes, Solidaires, Révoltés) ne font plus barrage lorsqu’il s’agit d’arbitrer un duel entre la majorité présidentielle et le RN (cf. tableau ci-dessous). Quant aux anciens clusters de la coalition sarkozyste, certains se partagent désormais entre LREM et RN (Conservateurs), voire votent majoritairement pour le parti de Marine Le Pen (Anti-assistanat). C’est ce double phénomène d’affaissement du front républicain et de glissement vers le RN des clusters de droite qui explique l’élection de 89 députés RN à l’Assemblée.

Une configuration instable

 La tripartition de l’espace politique rend aujourd’hui particulièrement difficile l’émergence d’une solide majorité électorale, d’autant plus que les institutions politiques, à commencer par les règles électorales ont été pensées pour réguler un ordre politique bipolaire. Cette structure tripartite se manifeste, entre autres, dans la base de soutien relativement réduite dont dispose chacun des trois leaders qui incarnent cette tripartition. Nous le mesurons chaque mois dans nos baromètres de personnalités. Qu’ils s’agissent d’Emmanuel Macron, de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen, chacune de ces personnalités fédère un noyau dur de soutien, mais suscite aussi un très large éventail de défiance. Aucun ne semble en mesure de fédérer les électeurs des autres pôles. C’est aussi le cas de leurs offres politiques respectives : bien identifiées par les électeurs, et très clivantes, elles sont trop éloignées les unes des autres pour pouvoir coaguler dans une même coalition. L’électorat de Jean-Luc Mélenchon peut se retrouver sur l’axe culturel avec l’électorat d’Emmanuel Macron mais s’en éloigne radicalement sur les axes économiques et sur l’axe « peuple VS élites ». A l’inverse, l’électorat de Marine Le Pen peut converger avec celui de Jean-Luc Mélenchon sur sa défiance vis-à-vis du « système » et sur les enjeux économiques et sociaux, mais le clivage est bien trop puissant sur l’axe culturel et identitaire. Pour toutes ces raisons, la configuration politique actuelle a peu de chances de durablement se stabiliser, faute de reposer sur un parti et même un bloc électoral majoritaire. Les cinq années à venir – à supposer que le calendrier institutionnel soit respecté – devraient être marquées par de profondes transformations tant le système politique français est loin aujourd’hui d’avoir retrouvé un point d’équilibre et une structuration un tant soit peu durable.

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