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Sondage pour le Point : 59% des Français favorables à l’interdiction des jets privés

Une majorité de Français favorables à l’interdiction des jets privés

Alors qu’une proposition de loi visant à interdire les jets privés a été déposée par les écologistes à l’Assemblée, nous avons souhaité savoir ce qu’en pensaient les Français. Afin de mieux cerner les clivages autour de cette question nous leur avons demandé de se positionner entre deux affirmations : « interdire les jets pour des raisons écologiques » ou « ne pas interdire les jets pour ne pas entraver les libertés individuelles ». L’idée est d’opposer ici écologie et libertés, un clivage important que nous retrouvons sur d’autres thématiques comme l’usage de la voiture.

59% des Français interrogés se positionnent en faveur de l’interdiction des jets. Une partie des Français y est favorable par sensibilité écologique, une autre est davantage motivée par le sentiment de défiance envers les « milliardaires » et les grands patrons qui utilisent ces avions personnels.

Ainsi, logiquement, 85% des électeurs de Yannick Jadot sont favorables à cette interdiction, de même que 81% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. De l’autre côté du clivage, on retrouve les électeurs de droite qui font largement primer la liberté individuelle sur la protection de l’environnement. Se mobilise en faveur de la liberté un électorat traditionnel pour qui l’écologie est avant tout « punitive », source de contraintes injustifiées. Ainsi, seuls 25% des électeurs d’Éric Zemmour et 38% de ceux de Valérie Pécresse sont favorables à cette interdiction des jets, une coalition regroupant particulièrement les membres des clusters Identitaires et Libéraux.

Enfin, les groupes populaires d’ouvriers et d’employés, plus proches idéologiquement de Marine Le Pen sont également majoritairement favorables à l’interdiction de ces jets, avant tout par hostilité envers les « élites » et leur niveau de vie très éloigné de leur propre quotidien.

Potentiellement, cette mesure est donc une mesure plutôt « populaire », ce qui tranche avec certaines propositions moins consensuelles et plus « élitaires » formulées ces derniers temps par les écologistes. Des mesures comme la baisse de la vitesse sur autoroute ou l’interdiction des voitures diesel ne génèrent pas ce niveau d’acceptabilité dans l’électorat, en particulier dans « la France d’en bas ». En effet, c’est dans les tranches de revenus inférieurs à 2000€ que l’interdiction des jets privés est la plus soutenue, à environ 65% en moyenne.

Enfin, on observe de grands clivages par âge et par genre. 69% des moins de 25 ans sont favorables à l’interdiction contre « seulement » 50% des plus de 75 ans. De même, on observe un différentiel de 13 points entre les hommes et les femmes : 65% des Françaises étant favorables à l’interdiction des jets contre 52% des Français.

Laurent Berger et Philippe Martinez

Enquête pour Le Point sur l’image de Laurent Berger et Philippe Martinez

Laurent Berger et Philippe Martinez, les deux gauches réconciliées ?

Unis dans un même mouvement social pour la première fois depuis qu’ils ont pris les commandes de leur centrale respective, les deux leaders syndicalistes obtiennent des scores de popularité relativement élevés, dans un contexte favorable de mobilisation contre une réforme impopulaire.

  • Laurent Berger, leader consensuel

48% des Français interrogés disent avoir une bonne opinion de Laurent Berger, 23% une mauvaise opinion et 29% disent ne pas le connaître assez.

Les résultats sont cohérents avec la ligne réformiste de la CFDT. En effet, les bonnes opinions à l’égard du syndicat comme de son secrétaire national se répartissent de façon relativement homogène dans le champ électoral. Ainsi, Laurent Berger est d’abord apprécié par les électeurs de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel, à plus de 70%, mais également par 58% des électeurs de Valérie Pécresse et 51% des électeurs d’Emmanuel Macron. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont « seulement » 51% à avoir une bonne opinion de Laurent Berger. Cette relative impopularité se manifeste en particulier dans le cluster des « Multiculturalistes », qui est un groupe radicalement de gauche, jeune, mobilisé, citadin, dont la sociologie ressemble beaucoup à celle des participant au mouvement « Nuit Debout » qui avait germé suite à la loi travail. Une loi travail qui a engendré un large rejet du PS et de la CFDT au sein de cette gauche « mélenchonniste ».

En somme, Laurent Berger parvient tout de même à séduire un large arc de la population. Pour autant, les Français ne semblent pas prêts à le voir sauter le pas et à entrer dans l’arène politique. Seuls 11% des personnes interrogées estiment ainsi qu’il ferait « un bon candidat » à l’élection présidentielle, un score qui s’élève à 26% et 29% chez les électeurs d’Anne Hidalgo et Yannick Jadot.

  • Philippe Martinez, leader clivant

Philippe Martinez est apprécié par une proportion moindre de la population que Laurent Berger, et avec des écarts beaucoup plus tangibles en fonction de l’appartenance politique.

38% des Français déclarent avoir une bonne opinion du leader cégétiste. Philippe Martinez est davantage identifié et apprécié par la gauche radicale. Il recueille ainsi 73% de bonnes opinions chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 64% chez les électeurs de Fabien Roussel.

Les trois clusters qui ont le plus voté Jean-Luc Mélenchon sont également les trois clusters qui apprécient le plus Philippe Martinez. Il totalise ainsi entre 54% et 78% de soutien chez les Solidaires, les Multiculturalistes et les Révoltés, trois clusters totalement opposés à la réforme des retraites et plus globalement à l’ensemble des réformes économiques menées par le Président de la République. Trois clusters qui ont également massivement soutenu les gilets jaunes. D’ailleurs, il convient de souligner que Philippe Martinez est apprécié par une partie substantielle de l’électorat « lepéniste » populaire, issu de la « France des ronds-points ». Ainsi, 49% des Réfractaires et 47% des Eurosceptiques, deux groupes composés en majeure partie d’ouvriers et d’employés qui votent majoritairement RN, disent avoir une bonne opinion de Philippe Martinez.

En somme, Philippe Martinez est apprécié par un arc contestataire pluriel qui mêle la sociologie du mouvement « Nuit Debout » et une sociologie plus proche de la « France gilets jaunes ».

A eux deux, Laurent Berger et Philippe Martinez séduisent un spectre important de la population, dans un contexte favorable aux syndicats et au mouvement social.

Barometre-des-personnalites-11

Baromètre des personnalités n°11 : Emmanuel Macron en tête, Philippe et Roussel les plus populaires

Dans notre baromètre de personnalités du mois de mars, les principales personnalités politiques voient leur côté de popularité baisser. Emmanuel Macron reprend la tête du classement avec un niveau de soutien très resserré, à 14%, devant Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, à 13% chacun. Des personnalités semblent toutefois moins frappées par la défiance des Français : c’est le cas notamment d’Edouard Philippe et Fabien Roussel, qui obtiennent des taux de popularité assez élevés tout en étant peu rejetés.

Sondage pour Le Point : violences en milieu scolaire, les Français clivés entre prévention et sanction

Interrogés sur la manière de répondre aux violences en milieu scolaire et la bonne façon de protéger élèves et enseignants, les Français se montrent partagés. Une petite moitié – 47% – estime qu’il faut avant tout renforcer la prévention auprès des élèves. Une courte majorité – 53% – estime qu’il faut principalement renforcer les sanctions pour lutter contre ces faits de violence.

Le clivage entre prévention et répression en matière de délinquance et de sécurité est un clivage « classique » entre la gauche et la droite. En témoigne le débat surgissant régulièrement autour du rétablissement d’une police de proximité.

En l’espèce, dans le contexte entourant l’assassinat d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz, les Français sont hésitants et pas majoritairement acquis à un durcissement de la répression, ce qui s’explique probablement par le fait que la question se pose vis-à-vis d’élèves, de mineurs, qui plus est dans le milieu scolaire.

Toujours est-il qu’on trouve cette « logique » gauche / droite dans la répartition de l’opinion sur le sujet. Ainsi, 70% des électeurs de Yannick Jadot et 75% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont favorables à la prévention, quand 89% des électeurs d’Eric Zemmour et 80% des électeurs de Marine Le Pen se positionnent en faveur du renforcement des sanctions.

Au-delà de cette logique politique, l’approche par sensibilité idéologique est tout à fait explicative. Au sein de nos clusters, les trois clusters les plus favorables à la prévention sont ceux qui se montrent les plus « tolérants » et les plus « ouverts » sur les enjeux culturels et identitaires. Le renforcement de la prévention atteint ainsi plus de 79% au sein des Multiculturalistes, des Sociaux-Démocrates et des Progressistes.

A l’inverse, les clusters les plus favorables à l’ordre, aux frontières, à une répression « dure » contre les délinquants sont ceux qui se positionnent le plus largement en faveur d’un élargissement des sanctions contre les élèves violents. Ainsi, 78% des Libéraux, 77% des Anti-Assistanat et 86% des Identitaires estiment qu’il faut renforcer les sanctions.

En somme, nous retrouverions ce clivage probablement dans les mêmes proportions sur l’ensemble des questions touchant à la sécurité et à la délinquance.

retraites

Qui sort gagnant de la séquence sur les retraites ?

Le Rassemblement National grand gagnant de la séquence ?

  • Les Français clivés sur la tension à l’Assemblée Nationale

A l’issue d’une séquence tumultueuse au sein de l’Assemblée Nationale, les Français sont partagés à propos de la nature des débats qui s’y sont tenus. La moitié d’entre eux estime que ces débats sont justifiés « compte tenu de l’importance du sujet » tandis qu’une autre moitié estime que ces débats sont « indignes de l’institution parlementaire ». Logiquement, les Français les plus « antisystème » mais aussi les plus anti-réformes qui forment ce qu’on peut appeler « l’arc gilet-jaune », proches de LFI et du RN sont les moins « choqués » par ces images.

A l’inverse, les électeurs modérés du centre, et de la droite sont davantage indignés par les invectives et les polémiques des dernières semaines. 74% des électeurs d’Emmanuel Macron et 81% des électeurs de Valérie Pécresse estiment ainsi que les débats étaient « indignes ».

  • Le Rassemblement National sort renforcé de la séquence parlementaire

38% des Français ont une opinion positive à propos de l’attitude du RN dans le cadre des débats sur la réforme des retraites. Le RN devance La France Insoumise qui réunit quant à elle 33% d’opinions positives. Les deux groupes parlementaires les mieux perçus sont logiquement ceux dont les deux leaders, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, sont cités régulièrement comme les premiers opposants à Emmanuel Macron. Dans ce contexte de mobilisation, on retrouve donc la « tripartition » dans laquelle la France est entrée à l’issue des élections présidentielle et législative de 2022. Notons toutefois que La France Insoumise est le groupe le plus clivant, qui suscite le plus de rejet avec 45% d’opinions très négatives.

Affaibli par une réforme impopulaire, Renaissance réunit « seulement » 29% d’opinions positives, un score qui se révèle particulièrement faible au sein de la fraction de gauche de l’électorat d’Emmanuel Macron : moins d’un tiers des Sociaux-Démocrates et des Progressistes ont une opinion positive de Renaissance alors qu’ils étaient près de 50% à choisir Emmanuel Macron lors du 1er tour en avril dernier. Un décrochage qui semble s’ancrer depuis plusieurs mois au sein de cet électorat, et pourrait s’avérer particulièrement problématique pour le Président de la République et Renaissance.

Les Républicains ne sortent pas renforcés de la séquence. Leur quête du « compromis » et d’une « amélioration » de la réforme n’est pas plébiscitée. Avec 27% d’opinions positives et seulement 3% d’opinions très positives, les débats à l’Assemblée n’ont pas convaincu leurs anciens électeurs. Ainsi au sein de deux clusters qui composaient jadis l’électorat de Nicolas Sarkozy, la perception de leur action est majoritairement négative : LR enregistre plus de 60% d’opinions négatives chez les « Conservateurs » et les « Anti-Assistanat ».

A l’inverse au sein de ces deux groupes, le RN récolte près de 50% d’opinions positives. Plus significatif, le RN obtient également 50% d’opinions positives au sein du cluster des Libéraux, un groupe aisé et élitaire, véritable barycentre de la coalition historique de la droite française.

La recherche de sérieux et la stratégie d’institutionnalisation du RN semblent donc porter ses fruits et ce de façon tout à fait tangible. Ces dernières semaines, de nombreux signaux semblent montrer un ancrage stable et durable du RN dans le cœur de l’ancien électorat de droite, au détriment de LR mais également de Renaissance.

Sondage pour Le Point : Les Français ne souhaitent pas d’un pays débarrassé de ses milliardaires

Les Français veulent-ils se débarrasser des milliardaires ?

Alors que certains responsables politiques de gauche s’en sont pris aux milliardaires, à l’image de Marine Tondelier qui a plaidé pour une France « sans milliardaire », les Français sont loin d’approuver.

62% des Français interrogés ne souhaitent pas d’une France sans milliardaires. Un positionnement qui fait quasiment consensus au sein de toutes les classes sociales (ouvriers compris) et de toutes les sensibilités politiques du pays.

Avec une telle affirmation, Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV clive l’électorat de gauche et fédère les électeurs adverses.

En effet, 65% des électeurs de Yannick Jadot, mais également plus d’un électeur sur deux de Fabien Roussel et d’Anne Hidalgo ne souhaitent pas que la France se débarrasse de ses milliardaires.

Seul l’électorat de Jean-Luc Mélenchon semble davantage réceptif à ce discours : deux tiers d’entre eux se montrent d’accord avec l’affirmation. Les clusters qui ont massivement voté pour lui en 2022 sont ceux qui approuvent le plus : c’est ainsi le cas de 79% des Multiculturalistes et 60% des Solidaires. Deux groupes particulièrement radicaux sur les questions d’économie et défiants envers les « élites ».

L’électorat populaire de Marine Le Pen est également un peu plus clivé : 46% des Sociaux-Patriotes et 41% des Réfractaires sont ainsi en accord avec l’affirmation de Marine Tondelier.

Toutefois, si la gauche souhaite retrouver le chemin du pouvoir, il lui faudra fédérer l’ensemble des segments qui traditionnellement lui ont permis de l’emporter. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, qui ont voté à près de 50% pour Emmanuel Macron au 1er tour, et qui sont aujourd’hui partagés entre Renaissance et la NUPES, ne se reconnaissent absolument pas dans ces propos qu’ils estiment probablement « populistes », « extrémistes » ou « démagogues ».

Baromètre des personnalités n°10 : Marine Le Pen reprend la tête du classement

Un podium inchangé

Marine Le Pen reprend la tête du classement, profitant d’une hausse relativement importante de son niveau de soutien qui s’élève à 16% (+4). Elle bénéficie du soutien de sa base composé de segments populaires et identitaires. Cette hausse semble se faire au détriment de deux de ses concurrents : Marion Maréchal et Eric Zemmour, qui après plusieurs mois de hausse sont à la baisse. Est-ce un effet de la réforme des retraites ? C’est encore trop tôt pour le dire. Toujours est-il que sur le podium de tête inchangé, composé des trois premiers de la présidentielle, seule Marine Le Pen est en hausse. Emmanuel Macron demeure stable, à 15%, tout comme Jean-Luc Mélenchon, à 14%.

Un autre point qui symbolise la dédiabolisation réussie de Marine Le Pen est son capital soutien/sympathie, toujours à plus de 30%. Un capital supérieur à celui de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, et ce continuellement depuis le mois de mai. De même, le niveau de rejet à son égard reste aux alentours de 50% quand il est autour de 60% pour ses deux concurrents directs. Cela étant dit, notre baromètre se caractérise à nouveau ce mois-ci par une grande stabilité des rapports de force entre les trois principaux leaders politiques

La situation est inquiétante pour Edouard Philippe

Le successeur « naturel » d’Emmanuel Macron semblait devoir s’incarner dans la figure d’Edouard Philippe. L’ancien Premier Ministre jouit, il est vrai, d’une côte de popularité tangible.

Toutefois, nous notons des signaux inquiétants au sein de sa base politique.

Le niveau de soutien politique recueilli est passé de 10% à 7% en six mois. Son capital « soutien/sympathie » est passé de 39% à 32%. Alors qu’il était immuablement dans le Top 5 de notre classement jusqu’en septembre, il est désormais relégué à la 9eme place suscitant un rejet croissant.

La cause principale de ce reflux est une impopularité croissante au sein des segments de gauche modérée et du centre qui ont largement voté pour le Président de la République en avril dernier. Au sein des clusters « Sociaux-Démocrates », « Progressistes » et « Sociaux-Républicains », la chute est même, à certains égards, vertigineuse. Au sein de ces trois clusters, le niveau de soutien exprimé a été divisé au moins par deux, cependant que le niveau de rejet exprimé a doublé.

Ces trois groupes ont comme principal point commun d’être en faveur de la redistribution économique, des services publics et du système social français. Ils sont très largement défavorables à la réforme des retraites. Le décrochage au sein de ces groupes ne touche d’ailleurs pas seulement Edouard Philippe mais l’ensemble des figures de la coalition présidentielle.

Fabien Roussel demeure la personnalité préférée des Français

Le secrétaire national du Parti Communiste connaît encore une hausse de 5 points de son capital « soutien + sympathie ». Si le niveau de soutien exprimé demeure relativement faible, sa popularité est incontestée. Il est à la fois celui qui suscite le plus de sympathie, et cela depuis plusieurs mois déjà, mais également celui qui suscite le moins de rejet (à l’exception de Carole Delga, mais qui a un niveau de notoriété encore réduit).

Fabien Roussel bénéficie d’une grande transversalité dans la sympathie exprimée. S’il est évidemment apprécié en premier lieu par trois groupes de gauche (les Progressistes, les Sociaux-Démocrates et les Solidaires), il séduit aussi dans les clusters de droite et les clusters populaires « marinistes ».

François Ruffin parvient, lui aussi, à étendre son auditorat à des groupes extérieurs à la gauche traditionnelle. Mais par rapport à Fabien Roussel, il bénéficie d’un niveau de soutien bien plus élevé, parvenant même à faire jeu égal avec Jean-Luc Mélenchon dans ses clusters-phares : Solidaires, Révoltés et Multiculturalistes.

Sondage pour Le Point : Les Français ont-ils confiance dans les syndicats ?

Une majorité de Français n’a pas confiance dans les syndicats malgré un soutien au mouvement social élevé

Deux tiers des Français déclarent ne « pas avoir confiance » dans les syndicats. 34% disent même n’avoir « pas du tout confiance ». A l’inverse, seulement 10% de Français interrogés déclarent avoir « tout à fait confiance ».

Un niveau de méfiance élevé alors que le soutien à la mobilisation et au mouvement social demeure très majoritaire dans le pays.

Comme une grande partie des corps intermédiaires, et notamment les partis politiques, les syndicats sont fragilisés par un fort niveau de défiance, y compris dans des groupes supposés être plus proches d’eux idéologiquement.

C’est dans les franges les plus à gauche de l’électorat que le soutien aux syndicats est le plus élevé. 76% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Fabien Roussel disent avoir confiance en eux. Un groupe se distingue : celui des Multiculturalistes qui affiche un niveau de confiance très élevé, à 80%.

Ce cluster est particulièrement militant, égalitaire, féministe, écologiste, cosmopolite. Il est de toutes les contestations et regroupe de nombreux enseignants, des intermittents du spectacle, des étudiants…

Un autre cluster se distingue, celui des Solidaires, plus populaire que les Multiculturalistes, regroupant plus d’ouvriers et d’employés. Les Solidaires déclarent avoir confiance à 61% dans les syndicats. Un chiffre relativement faible au regard de la sensibilité idéologique de ce groupe : très égalitaire, très radical et très mobilisé lorsque les droits sociaux sont réformés.

En outre, le niveau d’adhésion est faible au centre-gauche : 50% des Sociaux-Démocrates et 58% des Progressistes disent ne pas avoir confiance dans les syndicats.

A l’inverse, le niveau de rejet est très élevé dans l’électorat de droite et d’extrême droite. Le niveau de défiance atteint plus de 80% chez les électeurs de Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Emmanuel Macron.

Enfin, trois clusters comprenant beaucoup d’ouvriers et d’anciens ouvriers de la France industrielle affichent un niveau de défiance élevée, autour de 60% : les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes et les Réfractaires. Trois groupes « antisystèmes » qui ont basculé vers le Rassemblement National au cours des 20 dernières années. Fragilisés par la mondialisation, ils sont en demande de protection sur le plan sécuritaire, identitaire et économique. Une protection qu’ils ne semblent pas trouver au sein des organisations syndicales, malgré un soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites qui atteint plus de 70% au sein de ces clusters.

Le mouvement social contre la réforme des retraites marque donc pour les principales centrales une occasion de réhausser leur popularité. L’union établie de la CFDT à la CGT, inédite depuis 12 ans, pourrait permettre d’améliorer leur image.  D’autant plus si cette union aboutissait à un abandon de la réforme des retraites.

Retraites : les messages du gouvernement n’impriment pas

Climat social autour de la réforme des retraites : les messages du gouvernement n’impriment pas

Nous enquêtons depuis plus de 6 mois auprès des Français sur leur perception d’un éventuel allongement de l’âge légal de départ. L’opposition est massive, une large majorité étant favorable à maintenir l’âge à 62 ans, voire à l’abaisser à 60 ans. L’enjeu, désormais, n’est plus tant de savoir si les Français soutiennent la réforme que de savoir s’ils soutiennent le mouvement social. Pour l’heure, les mobilisations, espacées, n’impactent pas la vie quotidienne du « ventre mou » de Français qui pourraient basculer dans l’un ou l’autre « camp ». La communication gouvernementale paraît quant à elle, pour le moment, inefficiente.

  1. L’opinion demeure très majoritairement opposée à la réforme

En conséquence, aujourd’hui, 65% des Français soutiennent la mobilisation contre la réforme des retraites. On a observé une hausse du soutien en faveur de la mobilisation après la première journée de manifestation et de grève. Malgré un léger reflux cette semaine, la courbe du soutien au mouvement social reste globalement stable.

Nous observons une grande transversalité de l’opposition à la réforme : 90% des ouvriers soutiennent la mobilisation mais également près de 50% des cadres du privé. Seuls les retraités, les professions libérales et les chefs d’entreprise soutiennent majoritairement la réforme. La fonction publique est quant à elle, sans surprise, extrêmement déterminée.

Par ailleurs, le Président de la République n’obtient qu’un très relatif soutien de sa coalition électorale. Ses électeurs accordent une note de 6,6 sur 10 à la réforme, quand les Français interrogés mettent une note moyenne de 2,7. Un chiffre en baisse continue depuis un mois, en particulier dans les segments de la gauche radicale et de la droite conservatrice. Notons que deux des « clusters » de centre-gauche qui ont massivement voté pour Emmanuel Macron, les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, affichent un niveau d’opposition élevé à la réforme avec un niveau de soutien à plus de 60% au mouvement social. Cela traduit un déséquilibre dans la façon dont est reçue la réforme par la coalition « macroniste » qu’elle divise entre une gauche qui est opposée et un centre et une droite qui la soutiennent.

Le Président demeure ainsi soutenu par la fraction plus à droite de son électorat bien que deux clusters dans lesquels il est en concurrence avec Marine Le Pen et les Républicains, les Anti-Assistanat et les Conservateurs, soutiennent majoritairement le mouvement social, respectivement à 54% et 68%.

A l’aune de ces chiffres, nous comprenons en outre, la difficulté pour Les Républicains à se positionner en faveur de la réforme. Les électeurs de Valérie Pécresse mettent une note moyenne de 5 sur 10 à la réforme. Il est particulièrement intéressant de remarquer que, ces trois dernières semaines, le soutien à la réforme est en baisse au sein des clusters qui composaient une bonne part de l’électorat historique des Républicains : la note moyenne chez les Conservateurs passe de 5,4 à 3,5. Chez les anti-Assistanat, elle passe de 5 à 4,3 et au sein des Identitaires, elle tombe de 4,2 à 3,4.

  1. Colère VS lassitude : Les Français sont-ils résignés ?

Toutefois, les Français demeurent sceptiques sur les chances de « victoire » d’une mobilisation sociale : Un Français sur deux estime que le gouvernement parviendra à mener à bien la réforme. Un chiffre quasi stable depuis le début de la mobilisation. Dans une précédente étude, nous avions perçu que les deux sentiments majoritaires dans l’opinion à propos de la réforme étaient, dans des proportions équivalentes, la « colère » et la « lassitude ». Si la première est propice au mouvement social, c’est grâce à la seconde que le gouvernement peut espérer faire passer son projet. En effet, au regard du contexte inflationniste qui grève le pouvoir d’achat d’une grande partie des foyers français, une mobilisation persistante pourrait faire reculer le soutien à la mobilisation, dans un mouvement de lassitude de l’opinion. Ou à l’inverse, entraîner une contagion. En ce sens, la séquence qui s’ouvre avec le passage du texte à l’Assemblée sera décisive pour l’avenir de la réforme.

  1. Le principal risque se trouve à l’Assemblée Nationale

En effet, le risque pour le gouvernement n’est pas tant dans la rue que dans l’hémicycle. La majorité relative du gouvernement est d’ores et déjà menacée par des défections en son sein et au sein du groupe LR. Les chances de faire passer une réforme impopulaire dans une situation si fragile sur le plan institutionnel sont très incertaines. Le risque principal étant pour le Président de la République de se retrouver en face-à-face avec la rue, alors que l’Assemblée Nationale devient hésitante. Une incertitude quant à l’issue du vote du texte pourrait encourager la mobilisation sociale.

Dans ce cadre, l’on commence à percevoir des signaux alarmants pour la majorité présidentielle. La fronde du député Patrick Vignal, l’appel au référendum de François Bayrou, l’opposition au projet d’une vingtaine de députés Les Républicains : tous ces éléments sont vecteurs de déstabilisation. Autant de facteurs qui pourraient attiser encore davantage le souhait de voir le gouvernement abandonner une réforme minoritaire dans l’opinion.

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