Bilan des élections 2024 : Cluster 17 parmi les meilleurs instituts
Après des performances saluées en Espagne au printemps 2024 , Cluster 17 s’est une nouvelle fois classé parmi les meilleurs sondeurs français lors des élections européennes et législatives de 2024. Voici le bilan de cette séquence :
Élections Européennes 2024
Pour les élections européennes de 2024, Cluster 17 s’est classé deuxième avec une déviation totale de seulement 3,2. Cette performance place l’institut très près de la première place. Toutes les formations politiques ont été bien estimées, avec aucun écart supérieur à un point pour chacune d’elles.
Premier Tour des Élections Législatives
Lors du premier tour des élections législatives, Cluster 17 a encore une fois obtenu la deuxième place avec une déviation totale de 5,4. Ce résultat le place parmi les instituts les plus performants pour cette élection.
Projection en Sièges au Second Tour des Législatives
Pour la projection en sièges suite au second tour des élections législatives, Cluster 17 a atteint la première place, avec un écart significatif par rapport à ses concurrents. Cette performance s’applique quel que soit le mode de calcul utilisé, que ce soit en fonction des groupes finaux déclarés à l’Assemblée nationale ou en tenant compte des chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur. En effet, Cluster 17 a réalisé la meilleure estimation en sièges pour chacun des groupes politiques. Sur des données du Jeudi précédant l’élection et avec des tendances qui ont continué à évoluer, il a été le seul institut à prévoir la possibilité que le Nouveau Front Populaire (NFP) arrive en tête en nombre de sièges, avec une probabilité autour de 40%. L’ensemble des autres blocs politiques a également été très bien estimé.
Cluster 17 se félicite de ces résultats, qui prouvent une nouvelle fois la qualité et le sérieux méthodologique de son travail. La précision de ses estimations reflète l’engagement de l’institut à offrir les meilleures analyses possibles. Cluster 17 continuera à améliorer ses outils et ainsi lire l’opinion avec le plus de précision possible.
Avec ces performances, Cluster 17 renforce sa position dans le domaine des sondages électoraux en France, offrant des analyses fiables et précises, essentielles pour comprendre les dynamiques politiques du pays.
Peut-il y avoir une élection sans vainqueur ? C’est en apparence le principe contraire de la démocratie représentative, censé faire émaner pacifiquement une majorité et une minorité par le vote. C’est d’autant plus paradoxal que le scrutin uninominal majoritaire à deux tours conduit normalement à éviter la situation dans laquelle nous sommes qui ressemble à celle issue d’un scrutin proportionnel.
Si bien qu’à l’issue de ce triple scrutin (européennes, 1er et 2nd tour des législatives), il peut paraître difficile de dire qui a gagné. Il est possible en réalité de désigner trois vainqueurs : le vainqueur légitime : le Nouveau Front Populaire ; le vainqueur culturel : le Rassemblement National et le vainqueur réel : le « front humaniste ».
Le vainqueur légitime : le Nouveau Front Populaire est le vainqueur des élections législatives. Avec un peu plus de 190 sièges, le NFP représente « la première force du pays » en termes de sièges à l’Assemblée Nationale et il est donc bien normal d’un point de vue institutionnel et constitutionnel qu’il soit considéré comme le vainqueur de cette élection. De ce point de vue c’est incontestable. Toutefois, le NFP est arrivé deuxième au 1er tour et surtout il est très loin des 289 sièges nécessaires à l’exercice du pouvoir. Par ailleurs, quid de son unité et de son homogénéité. Rappelons que le NFP est lui-même une coalition de quatre partis (et une dizaine de petits partis satellites) qui pris individuellement ont fait des scores très éloignés de celui du RN aux élections européennes. Les tergiversations depuis dimanche laissent d’ailleurs planer la possibilité d’une division qui rendrait de fait caduques à la fois l’alliance de gauche et sa victoire.
En somme, de toute l’histoire de la Ve République, jamais une force victorieuse n’avait eu aussi peu de députés en proportion du nombre d’élus. Le NFP dispose ainsi de la majorité la plus « minoritaire » depuis 1959.
Enfin, l’arithmétique commande la réalité. Celle-ci nous conduit à dire que la coalition de gauche n’a aucune chance d’appliquer son programme. Pour la raison évidente qu’elle n’a aucune chance de gouverner sans faire alliance avec, a minima, une partie des élus d’Ensemble (Renaissance, le Modem et Horizons).
Si le NFP ne parvient pas à élargir sa coalition pour s’approcher des 289 sièges nécessaires à l’exercice du pouvoir, alors il sera un vainqueur éphémère et une autre majorité devra émerger.
Le vainqueur culturel : La victoire légitime du Nouveau Front Populaire se heurte à une autre réalité qui est la victoire symbolique et culturelle du Rassemblement National. La progression électorale du Rassemblement National, sa pénétration sociale et territoriale, quasi hégémonique par endroits, sont indéniables. Rappelons qu’il y a un mois, lors des élections européennes, scrutin de liste proportionnel, il est arrivé en tête avec 17 points d’avance sur la deuxième liste. Rappelons que, dans la continuité immédiate, lors du 1er tour des législatives, il est arrivé en tête dans 303 circonscriptions sur 577. Rappelons également qu’il n’a fait alliance qu’avec une maigre frange des LR quand le NFP regroupe quatre partis majeurs et Ensemble, trois formations de premier plan. Le RN est donc sans contestation possible et assez largement, « le premier parti de France ». Rappelons enfin qu’avec les règles du scrutin anglais uninominal à un tour où le candidat arrivé en tête emporte la circonscription, le RN aurait 303 députés.
Toutefois, le score du 2nd tour des législatives est sans équivoque : le RN a été largement battu malgré, il faut rappeler, une progression de quasiment 100% de son nombre de députés en seulement 2 ans.
Cette défaite large ne lui permet pas d’activer la rhétorique de « l’élection volée » au peuple qui aurait pu entraîner dans l’opinion et dans l’électorat de droite radicale une contestation du vainqueur légitime, le NFP. Au contraire, une majorité s’est clairement dégagée en faveur d’un front « anti-RN ».
Le vainqueur réel : Le véritable vainqueur, celui qui a obtenu une nette majorité c’est en effet le « front républicain » qu’il convient de qualifier davantage de « front humaniste » ou de « front anti-RN » tant il est différent de celui de 2002. En effet, ce front humaniste rassemble avant tout les électeurs de gauche, une moitié des électeurs modérés et une minorité des électeurs des Républicains. Altéré mais majoritaire, le « front humaniste » a renversé en quelques jours le scénario qui s’écrivait au soir du 1er tour.
La particularité de ce vainqueur, c’est qu’il n’a pas d’existence ni d’incarnation politique pour l’instant. Or, c’est bel et bien la principale « raison d’être » de la moitié de cet hémicycle : elle est le fruit en grande majorité d’un vote « contre ». L’élection sur un fil de nombreux députés LR, Ensemble et NFP tient dans ce vote barrage. Comment ne pas en tenir compte politiquement ?
La tripartition quasi parfaite de l’hémicycle reflète très fidèlement l’état de l’opinion. Celle-ci est fortement polarisée en trois espaces. Schématiquement : un espace social-écologiste, un espace modéré-élitaire, un espace de droite identitaire. Ces trois espaces montrent une forte imperméabilité les uns aux autres et chaque espace vote partiellement au 1er tour pour faire « barrage » au deux autres. La seule perméabilité possible, nous l’avons vu, existe au 2nd tour dans une mécanique de « hiérarchisation des périls » : le RN demeure perçu comme le danger principal pour cet espace qui va de l’électorat de gauche radicale aux centristes modérés et aux peu politisés.
Ce front « humaniste » a enfin une particularité : il a été autant construit par le haut que par le bas. Certes, la désaffiliation des électeurs à l’égard des partis les rend de moins en moins subordonnés aux consignes de vote. Pour autant, dans cet entre-deux-tours, il y a eu adéquation entre les consignes des partis de gauche et d’une partie de l’ex-majorité présidentielle et leurs électorats. Cela a été surtout le cas à gauche, nous l’avons vu dans nos études[1], où la demande de désistement et de barrage était très partagée mais également dans une majorité de l’électorat Renaissance. Cette conjonction entre l’offre et la demande électorale a permis cette victoire paradoxale qui est d’avoir empêché un autre parti de gagner. Il serait cependant injuste pour les électeurs de considérer que « battre le RN » est une motivation en soi. Si ces électeurs continuent de faire « barrage » c’est parce qu’ils partagent un socle de valeurs communes qui sont plus profondes et plus homogènes qu’il n’y paraît. En premier lieu, c’est leur tolérance à l’égard des minorités et de la diversité qui les relie. En deuxième, c’est le souhait de vivre dans un système démocratique apaisé. Le RN est à l’inverse toujours perçu chez ces électeurs comme une menace pour ces valeurs. En effet, lorsqu’on les interroge, ils considèrent très majoritairement que le Rassemblement National demeure un parti xénophobe et qu’il est dangereux pour la démocratie et la paix civile. L’autre particularité de ce front humaniste est qu’il est d’autant plus fort que le Rassemblement National est fort. Tout au long du 1er tour, les transferts de voix du 2nd tour testés dans les sondages étaient bien inférieurs à ce qu’ils ne l’ont été dès le lundi matin après le 1er tour quand certains instituts projetaient une majorité absolue possible pour le RN.
Le front humaniste semble être le vainqueur oublié des commentaires et des leaders politiques. Si tôt l’Assemblée élue, c’est « business as usual ». Comme en 2002, comme en 2017, comme en 2022, le / les candidats élus ne semblent pas se poser la question de comment et pourquoi ils ont été élus. Ce front risque d’être de plus en plus difficile à bâtir si les ressorts qui ont permis son soudain surgissement ne sont pas analysés.
La question sous-jacente consiste donc à savoir si le front « anti-RN » pourrait se traduire à court terme dans une offre politique nouvelle à même d’entraîner le retour à une forme de bipolarisation qui semble inéluctable.
Assiste-t-on à la fin du centrisme ? L’ascension du RN est-elle résistible ? Quelle est sa réserve de voix ? Que feront les électeurs de la gauche modérée ? Qu’est-ce qui déterminera l’électorat pendant l’entre-deux-tours ?
Dans une étude importante à partir de données inédites, le président-fondateur de Cluster 17 Jean-Yves Dormagen identifie cinq coordonnées clefs sur une élection historique.
Cluster 17 , classé meilleur sondeur pour l’élection régionale en Catalogne
Cluster 17 se félicite d’être classé à la première place des sondeurs pour l’élection en Catalogne à la fois en pourcentage et en estimations de sièges, selon le site ElectoMania. Nos estimations, reconnues pour leur sérieux et leur qualité, confirment une fois de plus notre expertise dans le domaine.
Cluster 17 obtient la première place à la fois en pourcentage et en estimation de sièges grâce à sa méthodologie rigoureuse et la qualité de son travail.
Cluster 17 continuera à développer ses outils et ses méthodes en Espagne, en France et à l’international, dans un souci constant d’amélioration de la qualité de ses estimations.
Pour plus d’informations, veuillez nous contacter sur : [email protected]
En partenariat avec Marianne, Cluster17 a réalisé une expérience inédite: revisiter l’œuvre de Pierre Bourdieu, La Distinction parue en 1979 à l’aune des goûts et des préférences d’aujourd’hui.
En s’appuyant notamment sur une importante enquête d’opinion, l’institut Cluster17, publie pour Marianne une étude détaillée qui a permis d’attribuer pour chaque individu interviewé ses coordonnées en termes de capital culturel, capital économique et capital total.
Dans « La Distinction » de Pierre Bourdieu, l’auteur introduit une méthodologie novatrice axée sur trois formes de capital : économique, culturel, et total. Le capital économique se réfère aux ressources financières et matérielles, le capital culturel englobe les connaissances, compétences, diplômes et habitudes culturelles, tandis que le capital total combine ces deux dimensions. Bourdieu analyse comment ces formes de capital interagissent et influencent la hiérarchie sociale, démontrant comment les individus utilisent ces capitaux pour établir et maintenir leur position dans la société, tout en soulignant comment ces mécanismes contribuent à la reproduction des inégalités sociales.
De cette classification résultent au moins quatre espaces principaux et plusieurs intersections possibles:
Des individus dotés d’un capital total élevé, mais dont le capital économique est supérieur au capital culturel
Des individus dotés d’un capital total élevé, mais dont le capital économique est inférieur au capital culturel
Des individus dotés d’un capital total faible, mais dont le capital économique est supérieur au capital culturel
Des individus dotés d’un capital total faible, mais dont le capital économique est inférieur au capital culturel
Une majorité de Français préfèrent voir un film en salle qu’à domicile. C’est notamment le cas des plus jeunes et de gens de gauche. Ces derniers sont d’ailleurs les spectateurs de cinéma les plus assidus.
Pour autant, le public considère très largement que les prix des tickets de cinéma sont beaucoup trop chers. En outre, cette enquête révèle combien les valeurs des individus et les clivages qui traversent la société sont devenus un enjeu central de la consommation cinématographique.
Longtemps perçu comme un enjeu consensuel ou comme un particularisme nord-américain, le débat autour des enjeux environnementaux semble devoir s’imposer comme un clivage majeur en Europe et en France.
En s’appuyant notamment sur une importante enquête d’opinion, Jean-Yves Dormagen, président de l’institut Cluster17, publie pour Le Grand Continent et la revue GREEN une étude détaillée sur l’évolution des opinions européennes face à la crise climatique et aux politiques qu’elle induit.
L’irruption et le succès du Mouvement Agriculteur Citoyen (BBB) aux Pays-Bas en 2021, un parti qui s’est constitué sur l’unique sujet de la défense du modèle agricole hollandais, est une des manifestations les plus probantes d’une recomposition politique autour du clivage écologique. En France, le discours du Rassemblement National et des droites en général, se veut également de plus en plus offensif, dans un registre qui s’apparente davantage à du climato-relativisme qu’à du climato-scepticisme à la Bolsonaro ou à la Trump.
Les mesures de sobriété ainsi que les mesures prises dans le cadre du Green Deal européen rencontrent une vive résistance dans un large pan de l’opinion publique. Selon le professeur de science politique, celle-ci est amenée à se recomposer en deux « blocs » : l’un conservateur, identitaire, anti-écologiste et l’autre progressiste, multiculturaliste et écologiste.
Non seulement c’était mieux avant, mais c’est horrible aujourd’hui et ce sera pire demain. Un syndrome qui se rapproche de la nostalgie résumée par Barbara Cassin en ces termes : « Aujourd’hui, on est moins sûr que ce sera mieux demain. C’est hier que c’était mieux demain, et c’est de cet hier d’espoir que j’ai la nostalgie »[1]. Un état mélangeant déclin et nostalgie, un « pessimisme social » amplement analysé par Antoine Bristielle et Tristan Guerra[2]. A ce pessimisme social, se superpose selon notre étude un « ailleurisme », une représentation d’un idéal lointain ou proche (l’Amérique et la Suisse font figure d’eldorado) que la France serait en incapacité d’offrir.
Pour des raisons très différentes, jeunes et séniors, électeurs de gauche ou de droite, citadins et ruraux semblent très largement frappés par ce sentiment de pessimisme.
Même les points forts français énoncés spontanément par les sondés se réfèrent au passé du pays ou tout du moins à son patrimoine immatériel (culture, tourisme, gastronomie). Le système social est lui aussi un élément fondamental, très apprécié par les Français. Mais il est certainement perçu, comme le patrimoine, comme un élément menacé par l’époque et donc « à défendre ».
Le pessimisme à l’égard du pays, premier symptôme du déclinisme
Notre enquête vient confirmer de nombreuses études déjà réalisées sur le sujet. Il convient de distinguer le pessimisme individuel du pessimisme collectif. Le premier est plus relatif : 46% des sondés sont pessimistes sur leur avenir personnel. Un sentiment partagé en premier lieu par les classes populaires et par les électeurs identitaires, proches du Rassemblement National. A l’inverse les électeurs modérés et les classes supérieures sont relativement optimistes. Se dessine ainsi une des principales fractures entre les électorats de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron.
Le pessimisme collectif est lui beaucoup plus répandu : 83% des sondés sont pessimistes pour l’avenir de la France. Le sentiment est partagé dans toutes les classes d’âge, toutes les classes sociales et tous les électorats.
Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot se distinguent par un optimisme relativement plus élevé. Notons que 1% des sondés seulement se dit « très optimiste » pour le pays, quand 35% se disent « très pessimistes ».
Il est d’ailleurs à noter que les Français s’inquiètent davantage pour les générations futures que pour eux-mêmes. Ils sont 70% à penser que leur situation est meilleure ou similaire à celle de leur parent mais dans le même temps, ils sont 77% à penser que les générations futures vivront moins bien que les générations actuelles.
« C’est mieux ailleurs », second symptôme du déclinisme
Un des enseignements majeurs de notre étude est l’agrégation du pessimisme et de « l’ailleurisme ». La déprime française est vécue intra-muros, ce n’est pas du nihilisme qui serait une forme de rejet ou de négation absolue du bonheur, ni un pessimisme universel qui consisterait à considérer que « le monde va mal ». Non, il existe bien un idéal, mais il est impossible de se le représenter ici, il se trouve extra-muros.
62% des sondés pensent ainsi qu’il existe un autre pays que la France où il est plus agréable de vivre. Seuls 16% estiment l’inverse. 22% ne se prononcent pas. Un sentiment répandu de façon transversal, partagé par tous les clusters mais de façon plus prégnante encore chez les électeurs les plus à droite. Alors qu’on s’imagine des citoyens plus « enracinés », plus à même de penser que la France est le meilleur du pays, ceux-ci sont au contraire les plus critiques et les plus tournés vers l’étranger.
Les électeurs identitaires sont donc à la fois les plus « pessimistes » et les plus « ailleuristes ». Ils sont de loin les plus touchés par le déclinisme.
De même, quand 54% des sondés estiment qu’il existe un autre pays que la France où l’on peut mieux réussir sa vie, environ 70% des électeurs de droite partagent ce constat. Comment ne pas voir dans les réponses des sondés, un déclin ou à tout le moins un « transfert civilisationnel », tel que le définit Régis Debray[3] au profit du monde anglo-saxon ?
L’Amérique du Nord (les Etats-Unis et le Canada) est en effet plébiscité comme la terre de tous les succès : ces deux pays sont de très loin les plus cités par les personnes interrogées comme étant les deux pays où l’on réussit mieux qu’en France. Le troisième pays est la Suisse qui fait figure également de véritable eldorado. Il est cité en premier comme pays plus agréable à vivre. Le pays de Rousseau ou celui de Roosevelt, les Français plébiscitent des pays qui se veulent des modèles de libéralisme, au sens global du terme, traduisant ainsi les tiraillements pluriséculaires des Français entre égalitarisme et libéralisme.
Le sentiment que « c’était mieux avant » est fortement corrélé à l’axe identitaire mais pas uniquement
Une large majorité de sondés, 71%, estime que globalement « c’était mieux avant ». Un sentiment partagé quasiment deux fois plus au sein de l’électorat de droite et « ni droite ni gauche », qu’au sein de l’électorat de gauche et du centre. Dans les clusters qui partagent un socle de valeurs hostiles à l’immigration, à l’islam et au « progressisme » culturel, les scores peuvent monter à presque 100%. C’est le cas chez les Identitaires et les Sociaux-Patriotes par exemple.
A l’inverse, au sein des clusters à fort capital culturel et au socle de valeurs progressiste, on est majoritairement en désaccord avec l’idée du « c’était mieux avant » : Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates, Progressistes et Centristes sont environ un tiers uniquement à considérer que la France était mieux avant. Notons que ces clusters ont des valeurs communes mais diffèrent largement sur d’autres aspects de leur valeur et sur leur vote. Les Multiculturalistes sont favorables à un changement profond du système politique et économique et votent largement pour M. Mélenchon quand les Sociaux-Démocrates et les Centristes sont des réformistes qui votent majoritairement pour M. Macron. Résumons les choses ainsi : à gauche, la radicalité ne puise pas (complètement) sa source dans un sentiment décliniste. Chez les électeurs de droite, au contraire, c’est un puissant vecteur d’identification politique qui fédère électorats populaires « marinistes » et électeurs de droite « fillonnistes » et qui s’accroit avec la radicalité. Plus un électeur est conservateur, plus il est décliniste.
La crise identitaire, principale cause de la francetalgie
Si ces électeurs conservateurs et identitaires partagent quasi-unanimement le sentiment que le pays décline, se délite, se « défigure », c’est avant tout pour des raisons touchant à l’identité culturelle du pays.
Lorsqu’on interroge les Français en question ouverte sur ce qu’ils considèrent être le problème principal de la France, les occurrences relatives à l’immigration sont les plus nombreuses. La question sécuritaire est la troisième à être la plus citée. Le rejet des politiques et des élus en place s’exprime également de façon prégnante.
Le sentiment d’être menacé culturellement est encore plus probant lorsqu’on regarde les occurrences qui arrivent en tête sur ce que les sondés considèrent être le principal atout du pays. Les expressions relatives à la culture arrivent en tête, devant le tourisme, l’histoire et la gastronomie. Un patrimoine immatériel, chéri par une partie des Français et perçu comme « en danger », menacé entre autres par l’immigration.
Le système éducatif, incarnation du sentiment de déclin
Lorsqu’on interroge les Français dans le détail sur ce qui fonctionne mieux avant ou ailleurs qu’en France, des consensus se dégagent plus nettement. Si logiquement, la condition des femmes, celle des homosexuels ou l’accès à la culture sont des éléments plébiscités par les sondés comme étant mieux aujourd’hui qu’hier, d’autres aspects coalisent le pessimisme.
Ainsi, pour 85% des sondés, l’Ecole était mieux avant qu’aujourd’hui et pour 69%, le système éducatif est « mieux dans la plupart des autres pays » que la France. Si le constat est si dur, c’est parce que l’Ecole joue en France un rôle quasiment mythologique. L’état de l’opinion sur le sujet résonne si durement qu’on peut le rapprocher de celui qui suivit la défaite française en 1871 quand des intellectuels comme Emile Boutmy assimilait la défaite militaire « à la défaite de l’intelligence et de l’Université française ». Le clivage entre les tenants des « savoirs fondamentaux », notamment l’enseignement du grec et du latin et les défenseurs d’une pédagogie plus adaptée à la modernité était déjà tenace et fait écho aux débats actuels (uniforme, réforme du bac, etc.).
Si le sentiment que le système scolaire était mieux avant est légèrement plus répandu chez les électeurs de droite que ceux se positionnant à gauche, le constat est largement partagé. Certainement pour des raisons différentes : absence d’autorité et laxisme pour les premiers, reproduction des inégalités pour les seconds.
Quel récit politique dans une France nostalgique ?
Les résultats de cette étude peuvent sembler vertigineux tant le malaise français semble profond. On mesure les difficultés des politiques à gouverner et à offrir un récit audible pour les Français, eux-mêmes étant largement désignés comme responsable du malaise. Comme nous l’avons présenté, à partir du moment où le déclinisme est une rupture avec l’espace-temps, nous pouvons même nous interroger sur le fait de savoir si une partie des Français n’a pas fait sécession avec le réel. Dans ce contexte, toutes sortes de croyances, de récits mytho-politiques peuvent se développer. C’est sur ces frictions entre le réel souhaité et le réel vécu, entre le vrai et le faux, en particulier sur les questions écologiques, que prospèrent ces récits mis en exergue par une partie des nouveaux leaders mondiaux, comme nous l’avons déjà évoqué dans des études précédentes[4].
L’incapacité à se projeter « ici et maintenant » laisse probablement le champ libre à ceux qui proposent de regarder ailleurs et hier.
A moins d’un mois des élections espagnoles : si vous voulez tout comprendre aux enjeux et aux rapports de force qui traversent l’Espagne, retrouvez notre analyse dans Le Grand Continent.
Après la France et l’Italie, Cluster 17 grâce à sa méthode innovante de segmentation socio-politique, révèle les clivages d’un pays polarisé et fragmenté autour des questions d’identité.
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