Emmanuel Macron toujours en tête, Le Pen qualifiable, Mélenchon en embuscade
Emmanuel Macron maintient sa large coalition
Emmanuel Macron demeure en tête à 28 % des intentions de vote dans notre baromètre cette semaine (-1,5). Il s’appuie sur une base solide composée de clusters très divers sur le plan politique et culturel qu’il parvient à rassembler dans un contexte propice à la stabilité.
Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes constituent son « aile gauche » : il est largement en tête dans ces deux clusters, loin devant les autres candidats écologiste et socialiste. Les Conservateurs, les Anti-Assistanat et les Libéraux forment son « aile droite ». Ces clusters qui avaient largement appuyé la candidature de François Fillon en 2017 se reportent massivement sur Emmanuel Macron pour l’instant, empêchant ainsi la candidature Pécresse de se déployer.
Enfin, l’assise « naturelle » du Président repose sur les clusters dépolitisés ou modérés : Centristes, Sociaux-Républicains, Apolitiques et Eclectiques qui affichent des intentions de vote très élevées en faveur d’Emmanuel Macron.
Pécresse face à une équation insoluble
Valérie Pécresse stagne à 10,5% et se retrouve à 6 points du 2nd tour. La campagne compliquée de Valérie Pécresse n’est pas seulement un problème d’image ou d’incarnation. Sa situation délicate provient en premier lieu de l’équation politique difficilement soluble qu’elle a à résoudre. Les clusters du vote Fillon 2017 sont fortement clivés, tentés d’un côté par Emmanuel Macron qui a attiré au fil de son mandat et au cours des dernières semaines la frange plus modérée, libérale, pro-UE et légitimiste (Les Libéraux et les Conservateurs) et de l’autre côté par Éric Zemmour qui tient une ligne dure sur l’immigration et la sécurité séduisant l’aile « Ciotti » des électeurs LR qu’on retrouve dans les clusters Anti-Assistanat et Identitaires.
Dans ce contexte, il est donc très difficile pour Valérie Pécresse d’unifier les clusters de l’ancienne coalition de droite : être mieux-disante qu’Emmanuel Macron sur l’économie et la stabilité du système est très difficile au vu du contexte et il lui est dans le même temps impossible de concurrencer Éric Zemmour sur son programme identitaire.
Cela étant, ce qu’il reste de l’électorat Pécresse est un électorat potentiellement plus votant que la moyenne. Dans le cas d’une abstention record, qui toucherait très probablement davantage Le Pen et Mélenchon, son score pourrait mécaniquement augmenter et la rapprocher du 2nd tour.
Marine Le Pen qualifiable, Jean-Luc Mélenchon dans le match du 2nd tour
Marine Le Pen demeure qualifiable au 2nd tour à 16,5% (+0,5). Elle maintient son avance sur son principal concurrent Éric Zemmour. Depuis le conflit en Ukraine ce dernier a perdu 4 points tandis que la candidate RN est restée stable. Elle semble avoir moins pâti de la cristallisation des débats autour du conflit militaire. Son socle, plus populaire, bâti de longue date, composé principalement d’Eurosceptiques, de Réfractaires et de Sociaux-Patriotes semble particulièrement solide. Et il y a peu de chance désormais pour qu’Éric Zemmour ou un autre candidat parvienne à fragiliser cet équilibre d’ici le 1er tour.
Le 3eme homme de notre baromètre est Jean-Luc Mélenchon à 14,5% (+0,5). Lui aussi dispose d’un socle solide bâti sur les clusters de gauche les plus radicaux et d’une concurrence relativement faible sur ce segment de l’électorat. Tous ces facteurs lui permettent d’espérer apparaître comme le « vote utile de gauche » à l’image de l’élection de 2017 et ainsi d’entrevoir le 2nd tour.
Mais comme pour Marine Le Pen, pèse sur Jean-Luc Mélenchon le risque de l’abstention. Ces deux candidats, dont les électeurs appartiennent à des clusters plutôt jeunes ou populaires seraient certainement les plus fragilisés en cas d’abstention très élevée. Le cluster des Révoltés (fidèle à Mélenchon) comme les clusters des Réfractaires et des Eurosceptiques (fidèles à Le Pen) font effet partie des clusters les plus abstentionnistes.