Analyses

Cluster17 trois blocs et deux perdants

Trois blocs et deux perdants

Même si les votes favorables à M. Emmanuel Macron ont progressé avec le revenu et l’âge des électeurs, ces données ne résument pas la sociologie électorale du dernier scrutin présidentiel. Les positions par rapport à l’Europe, aux vaccins, à l’islam, à l’urgence écologique ont souvent joué un rôle décisif, tout comme le niveau de défiance envers le « système ».

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Emmanuel Macron face à la France populaire et au mur du pessimisme

Nous avons interrogé les Français sur leur situation économique alors que l’inflation s’installe de manière structurelle et affecte le pouvoir d’achat de la population. Deux France se font face : une France qui subit cette inflation et se trouve fragilisée. Une majorité de français dit ainsi voir sa situation se détériorer. En face, une France à l’abri de ces instabilités économiques.

Une situation économique détériorée

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Ce sont les clusters populaires qui, sans surprise, se disent le plus en difficulté. Deux groupes qui votent majoritairement Jean-Luc Mélenchon : les Solidaires et les Révoltés et quatre groupes qui votent majoritairement Marine Le Pen : les Réfractaires, les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes et les Identitaires. On retrouve dans ces six groupes une sur-représentation d’ouvriers et d’employés, en particulier pour l’électorat de Marine Le Pen. Ce sont également des clusters vivant plutôt dans le péri-urbain ou la « France périphérique » et donc très dépendants de la voiture. On retrouve en somme cette « France des fragilités sociales » décrite par Christophe Guilluy dans son ouvrage de référence La France périphérique. Ces clusters populaires sont également ceux qui se sont le plus reconnus dans le mouvement des gilets jaunes en 2018 et 2019.

Les clusters urbains, diplômés, votant davantage Emmanuel Macron, se caractérisent dans notre enquête par la stabilité de leur situation. Les Sociaux-Démocrates, les Progressistes, les Centristes, les Libéraux sont les seuls clusters à déclarer majoritairement que leur situation est stable ou s’améliore. Ces quatre clusters avaient largement voté Emmanuel Macron lors des deux tours de la dernière présidentielle. Il les a réunis justement sur une demande de stabilité politique et économique qui caractérise ces clusters. Dans un contexte de crises multiples – gilets jaunes, COVID, guerre en Ukraine – Emmanuel Macron a joué la carte de la compétence et s’est présenté comme un rempart face à la radicalité supposée de ses concurrents qui entraînerait le pays dans le chaos. Logiquement, comme en 2017, cela lui a permis d’unir ces groupes qui pourtant sont divisés sur d’autres clivages : culturels, identitaires, écologiques…

La France qui boucle les fins de mois contre la France du 15 du mois.

On retrouve cette dichotomie entre la France qui boucle les fins de mois et celle qui n’y arrive pas. En rouge ci-dessus, les clusters populaires, fragiles qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois. On doit y inclure également, par rapport à la question précédente, le cluster des Conservateurs, dans lequel on retrouve beaucoup de retraités vivant en ruralité. 25% d’entre eux dit ne pas parvenir à boucler ses fins de mois. Ce cluster a été durant la présidentielle en tension entre une offre politique identitaire-populiste et une demande de stabilité. Une moitié d’entre eux a ainsi voté Emmanuel Macron au 2nd tour, l’autre moitié Marine Le Pen. Cela illustre les forts clivages qui traversent une partie des retraités de droite de la France populaire.

Les trois clusters « lepénistes » sont ceux qui déclarent éprouver le plus de difficulté économique. Les Sociaux-Patriotes constituent l’un des clusters les plus populaires de notre segmentation : 31% d’entre eux disent ne pas parvenir à boucler le mois. C’est sur cette fragilité économique persistante que le FN puis le RN ont pu bâtir un socle solide qui n’a pas failli durant la dernière présidentielle malgré la concurrence d’Éric Zemmour. En plus de la demande de protection économique, le RN offre à cet électorat ce qu’il demande : une protection culturelle, identitaire. Se croisent ici la peur du déclassement économique avec la peur du remplacement culturel. Cet électorat qui appartient d’une certaine manière à la gauche économique (qui votait d’ailleurs encore massivement François Hollande au 2nd tour de la présidentielle en 2012) s’est radicalisé contre le « système », le PS et la gauche y étant accusés à tort ou à raison d’avoir trahi les classes populaires, et d’avoir cédé aux excès de la mondialisation.

Subsistent à gauche les classes populaires vivant plutôt dans les banlieues, qu’on retrouve principalement chez les Révoltés qui sont un groupe extrêmement populaire. On retrouve aussi à gauche les ouvriers et petits employés syndiqués de l’industrie ou de la fonction publique bien présents chez les Solidaires. Ces deux groupes votent massivement Jean-Luc Mélenchon. Si leur situation économique est similaire aux clusters Sociaux-Patriotes, Réfractaires et Eurosceptiques, ils se distinguent de ces trois clusters « lepénistes » par une tolérance envers l’Islam et une moindre radicalité sur les questions de frontières et de migrations. Toutefois, ils portent la même opposition radicale envers le Président de la République et plus généralement envers les « élites ».

En vert sur le tableau ci-dessus on retrouve cette « France qui va bien » et qui a voté massivement pour Emmanuel Macron. Les Sociaux-Démocrates et les Libéraux qui jadis votaient PS pour les premiers et UMP pour les seconds se rassemblent dans ce qui ressemble de plus en plus à un « bloc élitaire » pour reprendre la formule de Jérôme Sainte-Marie.  Ces deux clusters forment avec les Centristes le « cœur » de la coalition « macronienne ». Ils sont symboliquement ceux qui déclarent boucler facilement leur fin de mois.

Les Français pessimistes sur le quinquennat à venir

Emmanuel-Macron

La réélection d’Emmanuel Macron ne produit pas l’effet de souffle observé traditionnellement après l’élection présidentielle, laquelle garantit habituellement au Président une forme de bienveillance ou du moins de patience de la part de l’opinion. Malgré qu’ils aient réélu facilement le Président de la République, les Français ne semblent pas nourrir de grandes attentes de ce nouveau quinquennat. 44% des Français pensent que le quinquennat du Président sera « pire » que le précédent contre 28% qui pensent qu’il sera « identique ». Seuls 15% pensent qu’il sera « meilleur ».

Seule une part resserrée de l’électorat présidentiel pense que le second quinquennat sera meilleur que le premier. Les groupes de gauche modérée comme les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, bien qu’ils aient largement participé à la réélection du Président, se révèlent hésitants. Une part importante d’entre eux déclarent ainsi « ne pas savoir » si le quinquennat à venir sera meilleur, identique ou pire.

A l’aune des élections législatives, l’enjeu pour Emmanuel Macron est de donner à cet électorat des gages et de le mobiliser à nouveau. En effet, ces deux clusters qui ont longtemps voté pour « la gauche de gouvernement » sont aujourd’hui hésitants entre l’offre proposée par la NUPES et la majorité présidentielle. Si la NUPES parvenait à attirer une partie significative de ces deux groupes, elle pourrait espérer ensuite dans les duels de 2nd tour fédérer les clusters populaires derrière elle dans une sorte de vote utile inversée contre le Président de la République.

Le risque d’une coalition anti-Macron derrière la NUPES

On mesure dans ces deux tableaux la forte radicalité des clusters populaires qu’ils soient plutôt pro-Mélenchon ou pro-Le Pen. Alors que ces clusters votent pour des offres très différentes lors des premiers tours, en cas de second tour NUPES / Renaissance, ces clusters seraient susceptibles de se réunir contre les candidats de la majorité présidentielle dans une logique de clivage peuple VS élite. L’enjeu pour Emmanuel Macron et la majorité est, à l’inverse, de susciter leur abstention, voire même d’attirer ces clusters identitaires au second tour en pointant, comme il a commencé à le faire, les candidats d’union de la gauche comme « communautaristes », complaisant avec l’islam radical, etc. Quoi qu’il en soit, les reports de voix des électeurs du RN au second tour pourraient bien être la clef des élections législatives. Pour l’emporter, la majorité présidentielle ne doit pas laisser se constituer un « front gilet jaune » dans les urnes.

Sur quels éléments repose la victoire d’Emmanuel Macron

Notre enquête durant la journée du scrutin de 2nd tour nous permet de comprendre comment Emmanuel Macron est parvenu à sa réélection. Il a su mobiliser un fond de « front républicain » en s’appuyant principalement sur le vote des modérés et des diplômés. Par ailleurs, l’abstention, relativement élevée, ne lui a pas été si défavorable.

De meilleurs reports de voix du 1er tour pour Emmanuel Macron

La victoire d’Emmanuel Macron repose en premier lieu sur des reports de voix favorables des électeurs du 1er tour, en particulier des électeurs de Yannick Jadot, Jean Luc Mélenchon et Valérie Pécresse. C’est dans l’électorat de Yannick Jadot que les reports sont les plus élevés (65% de ses électeurs du 1er tour ont choisi Macron au 2nd). Pour les électeurs de Pécresse et Mélenchon c’est le non choix (abstention et votes blancs) qui arrive en tête, montrant la difficulté pour Emmanuel Macron de mobiliser un « front républicain » dont on constate la dissolution progressive de scrutin en scrutin. Ainsi, 54% des électeurs de Mélenchon n’ont pas choisi entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, idem pour 43% des électeurs de Valérie Pécresse. Mais pour les électeurs du 1er tour de ces deux candidats lorsqu’ils ont choisi ils se sont massivement portés sur Emmanuel Macron (à 67% contre 33%). Logiquement Marine Le Pen a obtenu un report massif d’électeurs d’Eric Zemmour au 1er tour (92%).

Macron ultra-majoritaire chez les diplômés et les retraités, les ouvriers choisissent Le Pen

Emmanuel Macron a largement devancé sa concurrente chez les cadres, professions intellectuelles supérieurs et les professions intermédiaires (catégorie où l’on retrouve les enseignants). Dans cet électorat urbain et diplômé, on retrouve le cœur de l’électorat Macron du 1er tour et de 2017. On a donc à la fois un vote d’adhésion au programme du Président mais c’est également dans ces catégories que l’on vote encore le plus pour « faire barrage » à l’extrême droite. Toutefois, l’abstention (et les votes blancs et nuls) élevée chez les professions intermédiaires montre la lassitude de cet électorat à constamment « voter contre » au 2nd tour. Cela symbolise une nouvelle fois les fissures du « front républicain » dont les enseignants étaient sûrement une des composantes les plus solides. Chez les retraités, Marine Le Pen n’a pas su concrétiser sa « dédiabolisation », Emmanuel Macron y réalise 41% contre 26% pour la candidate RN. On peut voir que la jeunesse est quant à elle très clivée, entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen et le non choix (abstention, blancs et nuls). Enfin, si Emmanuel Macron parvient à faire jeu égal avec Marine Le Pen chez les employés, celle-ci le devance largement chez les ouvriers qui se sont portés à 41% sur sa candidature, 23% pour le Président de la République et 36% se sont abstenus. Les ouvriers constituent une part sensible du vote Le Pen, nous les retrouvons d’ailleurs dans les clusters phares de la candidate : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes, trois clusters qui ont massivement voté pour elle au 1er et au 2nd tour.

Emmanuel Macron s’appuie sur les clusters modérés et dépolitisés, Marine Le Pen sur les clusters populaires

Emmanuel Macron est parvenu à mobiliser sa base électorale du 1er tour qu’on retrouve principalement dans les clusters les plus modérés et les plus dépolitisés : Centristes, Apolitiques, Sociaux-Républicains, Eclectiques mais il a également réussi une fois de plus à unir des clusters qui naguère s’opposaient : les Sociaux-Démocrates, les Progressistes, composantes essentielles du vote PS dans les années 2000 et les Libéraux, composante essentielle du vote UMP et LR jusqu’en 2017 (ils avaient voté à 60% pour François Fillon). Il a réussi à les agréger autour d’une demande de stabilité du système, d’une demande de compétence économique, et la défense d’une forme de modération sur le plan des valeurs. La radicalité des autres offres politiques (Jean-Luc Mélenchon perçu comme trop à gauche sur l’économie et trop « dégagiste », Marine Le Pen perçue comme trop radical sur l’identité et trop incompétente sur l’économie) permet à Emmanuel Macron d’unir par défaut, « faute de mieux » ces anciens électeurs du centre gauche et du centre droit.

C’est ainsi qu’on constate qu’il n’y a pas tant une « droitisation » de l’électorat d’Emmanuel Macron qu’une « centrisation » à outrance fédérant les modérés de gauche et de droite. On constate ci-dessus qu’il a obtenu autant de suffrages chez les électeurs se positionnant « plutôt à gauche » que chez ceux se positionnant « plutôt à droite ».

En outre, alors qu’on commençait à percevoir une mise à équidistance d’un vote « anti-Macron » et d’un vote « anti-Le Pen », il n’y a pas eu d’effet de « sur-mobilisation » contre la figure du Président, les clusters les plus révoltés, y compris ceux du « bloc Le Pen » (Eurosceptiques, Réfractaires, Sociaux-Patriotes) s’étant beaucoup abstenus.

Pour autant, il ne faudrait pas minimiser le rejet suscité par Emmanuel Macron dans l’électorat populaire. Le fait que les Solidaires et les Révoltés, deux clusters ayant voté massivement Jean-Luc Mélenchon et votant constamment à gauche s’abstiennent majoritairement ou lorsqu’ils choisissent, se divisent de façon égale entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron démontre qu’il existe des points de contact entre les « clusters Mélenchon » et « les clusters Le Pen ». Ceux-ci convergent particulièrement autour d’un même rejet du « système » et d’une demande de justice sociale accrue. Une telle convergence électorale s’était produite de fait en 2005 lors du référendum établissant un Traité pour l’Union Européenne et plus récemment sur les ronds-points avec les gilets jaunes. Ces électeurs continuent cependant de se cliver très fortement sur les sujets identitaires empêchant la constitution d’un « bloc populaire » uni qui voterait pour le ou la même candidate.

L’esquisse d’un bloc « anti-Macron » qui s’est dessiné en 2018 sur les ronds-points se retrouvent dans le vote du 2nd tour. Les électeurs qui se sont le plus reconnus dans les gilets jaunes ou qui ont participé à une action se portent massivement sur la candidature de Marine Le Pen. A l’inverse, ceux n’ayant pas de voiture ou ne s’étant pas reconnus dans les gilets jaunes se sont portés vers Emmanuel Macron. Cela recoupe le clivage géographique, opposant une France des métropoles « pro-Macron » et une France périphérique, rurale « pro-Le Pen ». Si ce clivage n’est évidemment pas si limpide, il demeure structurel et largement explicatif du vote. L’inflation sur les prix de l’énergie et en particulier de l’essence durant la campagne a très probablement renforcé ce clivage qui oppose les citoyens des grandes métropoles intégrées et ceux pour qui la voiture est un moyen de locomotion existentiel (pour travailler, pour aller faire ses courses, pour ses loisirs, etc.). Par ailleurs, Marine Le Pen, en essayant d’incarner une figure moins radicale et plus lisse a certainement perdu des voix dans cet électorat qui lui était largement acquis. En adoucissant son image et en cherchant à ne pas cliver notamment durant le débat télévisé, la candidate RN n’a pas « sur-mobilisé » son électorat, entraînant une abstention assez élevée qui lui a été défavorable dans des clusters décisifs. L’abstention massive des électeurs du 1er tour de Jean-Luc Mélenchon mais également de Yannick Jadot constitue un fait important de ce 2nd tour et participe à l’idée observée au 1er tour que cette élection redessine le champ électoral autour de trois grands pôles : écolo-socialiste, libéral-européen, social-identitaire.

La réélection d’Emmanuel Macron revêt une forme de continuité avec son élection de 2017, dans la mesure où il a poursuivi son élargissement à la droite républicaine après avoir attiré une large partie des anciens électeurs du PS dès 2017. Cela entraîne une restructuration profonde du champ politique : les partis de gouvernements LR et le PS (dans une moindre mesure EELV) n’ont quasiment plus d’espace politique. Ils se trouvent contraints de rallier la majorité présidentielle ou de s’unir avec La France Insoumise pour les uns, Reconquête et le RN pour les autres. Les négociations pour les élections législatives montrent bien les tiraillements qui s’opèrent et la puissance de cette recomposition.

Dans le cadre de l’élection présidentielle, la tripartition a pour conséquence inéluctable que l’un des trois camps n’est plus représenté au second tour. Il n’y a finalement plus un perdant mais deux. Les « clusters Mélenchon » sont en effet tout autant opposés à Macron sur les clivages économiques et sur le rapport au système qu’ils ne sont opposés à Le Pen sur l’axe culturel-identitaire. C’est cette double distance qui a amené une fraction importante de l’électorat Mélenchon à renvoyer dos-à-dos les deux finalistes du scrutin présidentiel. Dans notre enquête, 54% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon disent avoir refusé de choisir un des deux candidats. Et ceux qui ont voté sont clivés : lorsqu’ils appartiennent aux classes moyennes diplômées, ils votent Emmanuel Macron, lorsqu’ils évoluent dans les mondes populaires, ils votent dans des proportions importantes pour Marine Le Pen.

Il en résulte qu’Emmanuel Macron a été élu par une fraction réduite du corps électoral (38%) et que le « non choix » (abstention, blancs et nuls) arrive en 2nde position à 34%. Ainsi les « deux Français sur trois » que Valéry Giscard d’Estaing ambitionnait de réunir il y a près de 40 ans, pourrait ne plus être qu’« un Français sur trois ». C’est suffisant pour gagner des élections, mais est-ce suffisant pour asseoir la stabilité du régime ?

Paroles de France(s) : le nouveau podcast politique de Cluster17 !

Que pensent les français de l’accueil des réfugiés ?  Du rétablissement de la peine de mort ? De la suppression de l’impôt sur l’héritage ? De la sortie de l’Union Européenne ? Paroles de France(s) est le podcast politique de Cluster17 qui interroge les français sur les grands clivages qui fracturent le débat public.

Chaque semaine, retrouvez le portrait d’un français, représentant d’un des 16 clusters identifiés par Cluster17, dans la population française. Sociaux-Patriotes, Multiculturalistes, Révoltés… ils composent chacun le tableau de la France contemporaine dans sa diversité et ses paradoxes. Au travers des parcours intimes, les idées politiques prennent corps et nous en apprennent un peu plus sur ce pays si divisé. Pour le 1er épisode nous avons retrouvé Serge qui appartient au cluster des Sociaux-Patriotes.

Paroles de France(s) est disponible à l’écoute sur l’ensemble des plateformes de streaming (Deezer, Spotify, YouTube, Apple Podcasts…) abonnez-vous pour être tenu au courant de la sortie des prochains épisodes.

Macron : Président réformateur et protecteur

Emmanuel Macron : président réformateur et protecteur ?

Nous avons testé avec notre partenaire Marianne l’opinion des français sur quelques phrases emblématiques prononcées par le Président Macron au cours du quinquennat. Le premier enseignement est que ces phrases, préparées ou non, ont clivé l’opinion, ce qui n’est pas négatif lorsque ces clivages se font au bénéfice du président et qu’il permette de coaliser ses clusters cibles. A l’inverse, elles peuvent coaliser les colères contre lui lorsque ses clusters rejoignent l’avis des clusters d’opposition. C’est le cas de la phrase prononcée face à un jeune chômeur qui disait ne pas trouver d’emploi dans son domaine de prédilection. Le président avait répondu « Moi, je traverse la rue et je vous en trouve un de travail ».

Cette affirmation est rejetée massivement dans l’opinion, par tous les clusters, y compris les clusters de prédilection d’Emmanuel Macron. On peut penser que cette phrase renforce l’image d’un président « déconnecté », alors que le chômage sévit et peut concerner de nombreuses familles dans le pays. Seuls les Libéraux, cluster phare de la droite de gouvernement et les Centristes éprouvent un accord très relatif, autour de 48%. Cela repositionne le Président « à droite » et remet de la latéralité droite-gauche dans le débat, ces deux clusters étant historiquement les pourvoyeurs principaux des votes UMP
et LR. Les autres clusters populaires ou de gauche modérée rejettent massivement cette affirmation, remettant ainsi en cause l’équilibre du Président qui repose sur la transversalité.
Les deux autres affirmations testées dans notre étude sont davantage favorables aux propos du Président de la République. Il retrouve cet équilibre entre des clusters de gauche modérée, de droite modérée et des clusters conservateurs, voire populaires. Ainsi, l’affirmation selon laquelle « on met un pognon de dingue dans les minima sociaux » est approuvée majoritairement dans l’opinion.

Cependant, elle participe également à une relatéralisation du clivage « gauche-droite ». Si ces phrases ont pour but de déstabiliser la droite, alors l’objectif est atteint. En effet, les clusters Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat, Identitaires, Réfractaires et Conservateurs sont largement favorables à cette affirmation. Ces clusters forment l’assise à la fois du vote LR mais également du RN et d’Eric Zemmour. Nous ne sommes pas surpris que les Libéraux (cluster ayant voté Fillon à 60% en 2017) et les Anti-assistanat plébiscitent cette dénonciation d’un Etat qui engraisserait des « profiteurs », des « assistés », tout ce qui peut être sous-entendu dans une telle phrase.

Les électeurs Pécresse, Le Pen et Zemmour sont mêmes plus favorables aux propos du président que ses propres électeurs. Cette position peut avoir un certain avenir. Si le Président voulait affaiblir ses trois principaux poursuivants ; cliver sur le sujet des minima sociaux pourrait produire un effet sur leurs électeurs et il pourrait espérer ramener à lui certains d’entre eux. Notons que la compétition la plus rude se joue dans ces clusters indécis pour Macron, Pécresse, Le Pen et Zemmour : les Conservateurs, les Anti-assistanat et dans une moindre mesure les Libéraux. Ils sont tous les quatre en grande concurrence dans ces clusters qui votent traditionnellement à droite. Il y a donc des marqueurs et des propositions à formuler si l’on veut « tuer le match » dans ces clusters. Ce thème de l’assistanat semble faire consensus, ce qui n’est pas simple au sein de clusters qui ne sont pas toujours si homogènes sur les questions économiques. Notons que cette affirmation a également la faveur de trois autres clusters dans lesquels le Président est apprécié : les Centristes (coeur de son électorat), les Sociaux-Républicains et les Eclectiques. A l’inverse, les clusters de « gauche » modérée qui ont participé massivement à l’élection du Président en 2017 et qui lui restent pour le moment fidèles dans nos baromètres d’intentions de vote marquent un désaccord franc avec ces propos. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes sont ainsi 70% et 72% à être en désaccord. Ces clusters diplômés sont favorables à une économie de marché, mais également favorables à la régulation de l’économie et à la redistribution. La concurrence est certes plus faible pour le Président de ce côté-ci de l’électorat ; les candidatures Jadot, Hidalgo et Taubira étant à la peine. Cependant, si le candidat Macron prononçait des propos similaires durant la campagne, il leur
laisserait la possibilité de se refaire un matelas, alors qu’il est estimé actuellement à 47% chez les Sociaux-Démocrates et 33% chez les Progressistes. Le rejet massif de cette prise de position par l’électorat Jadot est un signal important, y compris dans une optique de 2nd tour pour le Président de la République qui aura besoin de ces électeurs s’il se retrouvait face à un candidat de droite ou d’extrême droite.
Enfin, nous avons testé l’affirmation « Les français sont des Gaulois réfractaires au changement ». Cette question est celle qui fait le plus ressurgir le « bloc Macron ». En effet, tous les clusters de sa coalition approuvent majoritairement cette affirmation : Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes, Sociaux-Républicains, Libéraux. Ainsi 86% de ses électeurs se disent d’accord avec lui. Parallèlement, à l’instar de sa politique sanitaire, cette phrase d’E. Macron scinde l’électorat des autres candidats en deux. 64% des électeurs de V. Pécresse sont d’accord, 56% des électeurs de Yannick Jadot et même 50% des électeurs d’E. Zemmour. C’est donc une phrase « efficace » en ce qu’elle permet de fédérer un électorat de façon cohérente « et en même temps » d’envoyer des signaux aux électeurs indécis ou ayant l’intention de voter pour ses concurrents.

Alors que l’affirmation du président sur le « pognon de dingue » renvoie l’image d’un président libéral, celle-ci donne l’image d’un président réformateur qui veut faire évoluer la France. Alors que la première réinstaure le clivage « droite-gauche », la seconde le traverse et place le clivage sur « conservatisme vs réformisme », beaucoup plus favorable pour Emmanuel Macron.
Les Français ne semblent pas avoir mal pris cette affirmation bien qu’il convient cependant d’observer avec prudence ces réponses. En effet, on peut être d’accord avec ce propos sans pour autant souhaiter que les Gaulois ne soient plus « réfractaires ».
Enfin, la mise en place du « quoiqu’il en coûte » a certainement nuancé l’image que se font les français du Président. Alors que la première mi-temps du quinquennat à l’image de ces phrases fortes était placée sous le sceau de réformes « libérales », la seconde mi-temps, jouée face à la crise Covid a remis l’Etat-providence au centre. L’image d’Emmanuel Macron s’en trouve de fait, bouleversée. C’est sur cet équilibre entre réformes pro-entreprises et protections étatiques que la coalition d’Emmanuel Macron pourrait se fédérer à nouveau en avril 2022.

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Sur la politique sanitaire : une France coupée en deux

Dans notre étude réalisée en partenariat avec Marianne du 1er au 5 février, nous avons interrogé les français sur la politique sanitaire du gouvernement. A l’image de notre étude qui testait la réaction de l’opinion aux propos tenus par le Président de la République sur sa volonté « d’emmerder » les non vaccinés, nous constatons que la politique sanitaire suscite l’émergence de deux blocs quasiment équipotents : 44% des sondés soutiennent la politique sanitaire du gouvernement et 48% se dit favorable à l’obligation vaccinale quand l’autre moitié la rejette fermement. Cependant, 69% des français, soit une large majorité de français se déclare favorable à l’arrêt du port du masque. Ce clivage puissant autour de la politique sanitaire recoupe un clivage peuple/élite très marqué. Les clusters les plus diplômés sont pro-vaccins et plus favorables aux mesures prises par le gouvernement, tandis que les clusters populaires non diplômés s’opposent radicalement à la vaccination obligatoire et à la politique sanitaire menée depuis deux ans. Nous retrouvons ainsi logiquement cette opposition au niveau de l’électorat. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen sont les plus opposés aux mesures gouvernementales. L’électorat d’Emmanuel Macron adhère quant à lui massivement aux mesures prises. Les électeurs de l’espace « écolo-social-démocrate » – Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Christiane Taubira – sont extrêmement clivés, de même que les électeurs de Valérie Pécresse et dans une moindre mesure ceux d’Eric Zemmour.

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L’émergence d’un « bloc des colères »

Notre segmentation par cluster permet d’observer dans le détail comment s’articule ce qu’on pourrait appeler un « bloc des colères ». Nous observons comment le thème vaccinal unit les clusters de ce bloc et les met d’accord sur un point : l’opposition radicale à Emmanuel Macron. Nous voyons ainsi se dessiner un arc contestataire qui rassemble principalement six de nos seize clusters : les Multiculturalistes, les Solidaires, les Révoltés, les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes. Ces six clusters ont en commun d’être des clusters populaires ou de classe moyenne inférieure, d’avoir soutenu massivement les gilets jaunes en 2019, de s’abstenir plus que les autres et de s’orienter principalement vers deux candidatures : celle de Jean-Luc Mélenchon (pour les Multiculturalistes, Solidaires, Révoltés) et Marine Le Pen (pour les clusters Réfractaires, Eurosceptiques et Sociaux-Patriotes). Ces clusters ont également en commun d’être les plus réfractaires au libéralisme et de façon générale au « système » incarné par des politiciens dont ils se méfient.

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A la question : « Êtes-vous pour ou contre la vaccination obligatoire », nous retrouvons donc en tête les Sociaux-Patriotes qui se disent très défavorables à 64% et assez défavorable à 15% (un rejet qui s’élève au total à 79%). Dans la même étude, 40% des électeurs de ce cluster disent avoir l’intention de voter Marine Le Pen et 24% pour Eric Zemmour. Le deuxième cluster le plus défavorable à la vaccination est le cluster des Révoltés : 64% se disent très défavorables à cette mesure, 13% se disent assez défavorables. Dans notre étude, 48% des électeurs de ce cluster très populaire et antisystème disent vouloir voter pour Jean-Luc Mélenchon en avril 2022. Les clusters les plus opposés à la vaccination obligatoire sont ensuite les Solidaires (65%), les Eurosceptiques, les Réfractaires (64%), et les Multiculturalistes (61%).

Pour autant, cette convergence est circonstanciée à la thématique sanitaire : un électeur Solidaire ne votera pas pour Marine Le Pen, de même qu’un Social-Patriote a très peu de chance de voter pour un candidat de gauche, bien que Jean-Luc Mélenchon ait réussi à faire des scores intéressants dans ces trois clusters lepénistes en 2017.

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Notre étude montre que l’électorat le plus radical sur la question vaccinale est celui de Jean-Luc Mélenchon dont 75% d’électeurs sont défavorables à la vaccination obligatoire. On comprend alors pourquoi le leader la France Insoumise tient des propos très clivants sur la politique sanitaire. Cela explique également pourquoi Adrien Quatennens a encouragé ses militants sur France Info jeudi 10 février à participer au « convoi de la liberté ». Si cette posture ultra-contestataire a pour objectif de fédérer les clusters populaires, elle n’en demeure pas moins risquée pour J-L Mélenchon qui doit augmenter ses intentions de vote chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes s’il veut retrouver un étiage proche de son score en 2017. Le même risque existe chez Marine Le Pen. A la fois, il lui faut « tenir sa base » populaire, au sein de laquelle elle subit la concurrence d’Eric Zemmour et en même temps, il lui faut poursuivre son élargissement notamment en cas de 2nd tour en évitant de paraître trop radicale pour des clusters moins acquis à sa cause.

En somme dans ce « bloc des colères » nous retrouvons les clusters qui ont le plus soutenu les gilets jaunes et qui sont aussi ceux qui votent le moins pour Emmanuel Macron. Ce sont les clusters phares de l’opposition politique au gouvernement. Ils sont sociologiquement l’antithèse du « bloc macroniste » qui soutient largement la politique sanitaire du président et la vaccination.

A l’inverse, Emmanuel Macron rassemble derrière lui un bloc homogène électoralement qui lui permet d’être assez serein si jamais ce clivage devenait majeur au cours des prochains jours à l’occasion du « convoi de la liberté », vaste mouvement de contestation des restrictions sanitaires.

Emmanuel Macron soutenu par un bloc élitaire

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Par effet de miroir, les clusters les plus favorables à la vaccination obligatoire et à la politique sanitaire du gouvernement sont les clusters les plus diplômés, les plus aisés, les plus métropolitains, les moins radicaux, en somme ils dessinent une France qui va bien et qui s’est portée en 2017 sur les candidatures Hamon, Fillon, Macron. Sur la question de la vaccination obligatoire, on retrouve tout d’abord les Centristes qui y sont favorables à 78%, puis les Sociaux-Démocrates (71%), les Libéraux (69%), les Sociaux-Républicains (59%) et les Conservateurs (57%). Plus surprenant, les Anti-Assistanats, cluster pourtant très contestataire qui dit dans notre étude vouloir voter Le Pen à 34% et Zemmour à 20%, est majoritairement favorable à la vaccination obligatoire (58%). C’est même le 2eme cluster qui se dit « très favorable » (38%) juste après les Centristes (39%).  Ce cluster Anti-Assistanat est le moins diplômé, il est extrêmement populaire et nous devrions donc le retrouver dans le « bloc des colères » mais sa nature particulière très pro-ordre peut expliquer ce positionnement en faveur de la vaccination. C’est aussi un cluster globalement âgé. Ce cluster avait déjà manifesté un soutien relatif aux propos du Président sur sa volonté « d’emmerder les non vaccinés » : 52% se disaient favorables sur « le fond » du propos. C’est le pari d’Emmanuel Macron qu’il avait réussi lors des gilets jaunes : faire passer les revendications anti-pass et anti-vax pour des trublions, une « chienlit » pour reprendre la célèbre formule gaullienne qui nuirait une fois de plus aux commerçants, à l’économie, à l’ordre public ; des éléments auxquels sont attachés des clusters radicaux comme les Anti-Assistanat ou les Identitaires. Ce clivage sanitaire est ainsi particulièrement intéressant pour Emmanuel Macron car il ne perd pas sa base et divise celle de ses concurrents.

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La politique sanitaire du gouvernement est ainsi majoritairement soutenue dans les clusters Centristes, Sociaux-Démocrates, Libéraux, Progressistes, Eclectiques et Sociaux-Républicains. Un autre cluster décisif, celui des Conservateurs, est partagé en deux : 51% adhèrent à la politique sanitaire du gouvernement depuis 2 ans, 49% la rejettent. Ce cluster âgé, rural, de classe moyenne, penchant à droite est actuellement particulièrement indécis et se partage de manière égale entre trois candidats dans nos intentions de vote : 27% disent vouloir voter Pécresse, 24% Le Pen, et 25% Macron. Ce dernier peut donc avoir intérêt à cliver au sein de ce cluster en agitant le thème sanitaire qui n’y fait pas consensus pour y maintenir une fragmentation électorale qui complique la tâche de Valérie Pécresse. Enfin, notons que la politique sanitaire rassemble une fois de plus la gauche modérée (Sociaux-Démocrates, Progressistes) et la droite modérée (Libéraux). Emmanuel Macron parvient à rassembler ces clusters diplômés qui naguère étaient opposés et votaient pour les deux partis structurant la Ve République : le PS et LR. Alors que ces clusters sont très clivés sur les questions identitaires et culturelles, leur volonté de stabilité économique et politique, le rejet des extrêmes et de la radicalité les réunit derrière la candidature du Président. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron obtient 47% des intentions de vote des Sociaux-Démocrates, 33% des Progressistes et 34% chez les Libéraux. Emmanuel Macron parvient ainsi à empêcher une percée des candidats du pôle social-écologique (Taubira, Jadot, Hildago) et bloque, au moins pour l’instant, toute dynamique en faveur de Valérie Pécresse.

Les clusters Jadot, Roussel, Taubira, Hidalgo, Pécresse et Zemmour clivés sur la question sanitaire

Les électeurs du pôle « écolo-socialiste » sont les plus clivés sur les enjeux sanitaires. La moitié des électeurs de Jadot, Taubira et Hidalgo se disent très favorables ou assez favorables à la politique sanitaire du gouvernement. L’électorat de Fabien Roussel apparaît également clivé. L’équation est donc difficile à résoudre pour ces candidats dont les clusters constituent l’arc « naturel » du vote de gauche (Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates, Progressistes et Solidaires) car ces clusters sont extrêmement divisés. Si les Sociaux-Démocrates et les Progressistes font partie des plus favorables à la politique sanitaire et à la vaccination, les Solidaires et les Multiculturalistes font partie des plus opposés.

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Il est donc extrêmement difficile pour eux de se positionner sur ces questions. Et l’on voit bien que ceux-ci adoptent parfois des positionnements fluctuants voire contradictoires à l’image de Christiane Taubira qui a évolué et appelle désormais sans ambiguïté à la vaccination. De même, Fabien Roussel a adopté une stratégie différenciante de Jean-Luc Mélenchon sur les questions sanitaires en encourageant à la vaccination la plus large. Son électorat selon le sondage est clivé bien que plutôt favorable à la vaccination obligatoire. Cependant, ces dernières semaines, il a réalisé une percée chez les Solidaires qui eux, sont majoritairement défavorables aux questions posées. Donc en insistant trop sur ce point dans l’optique de se différencier de Jean-Luc Mélenchon, il prend un risque vis-à-vis des Solidaires et des Multiculturalistes, soit des composantes centrales de la gauche radicale.

Eric Zemmour subit les mêmes tensions sur ces sujets. Son électorat réunit des électeurs extrêmement radicaux mais attachés à l’ordre. S’il remettait en cause le bienfondé de la vaccination et des mesures de restriction, il prendrait le risque de cliver des clusters qui y sont plutôt favorables et dans lesquels il réalise des bons scores : les Anti-Assistanat, les Identitaires et surtout les Libéraux (cluster qu’il cible en adoptant un programme assez proche de celui de François Fillon en 2017). On observe d’ailleurs qu’Eric Zemmour progresse au sein de ce cluster (autour de 20% des intentions) et une éventuelle percée dans ce cluster augmenterait considérablement ses chances d’accès au 2nd tour. Il a donc tout intérêt à ne pas se positionner sur le sanitaire. A l’inverse, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron ont tout intérêt à essayer de l’emmener sur ce clivage orthogonal parmi ses électeurs.

On voit bien que ce thème sanitaire met tous les candidats en tension vis-à-vis de leur électorat à l’exception de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. En conclusion, le clivage autour de la politique sanitaire est d’autant plus favorable pour Emmanuel Macron qu’il fédère sa coalition électorale tout en divisant potentiellement les coalitions adverses. En cela, la crise pandémique aura, jusqu’à présent, permis au Président de consolider son bloc électoral.

Jean-Yves Dormagen, Président de Cluster17

« Cluster17 doit être jugé sur ses résultats » – Le Point

Cluster17 est un projet inédit d’institut de sondages politiques. Jean-Yves Dormagen a choisi de se départir du système « particulièrement nébuleux » des panels d’internautes – appelés « access panels » dans le jargon des études statistiques. Son institut propose, lui, une segmentation de l’électorat en seize « clusters », censés représenter les seize sensibilités politique et idéologique qui composent l’électorat français.

Pourquoi Emmanuel Macron cherche-t-il à cliver sur la vaccination ?

Par Jean-Yves Dormagen

RÉSUMÉ

Les propos d’Emmanuel Macron paraissent bien avoir produit l’effet qui était probablement escompté. Ils comportent une authentique prise de risque car ils ont largement déplu sur la « forme », y compris au sein de clusters très favorables au Président et essentiels à sa réélection. Ils ont ainsi, sans doute, encore accentué certains problèmes d’images auxquels est confronté Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat. Mais la forme volontairement provocante des propos présidentiels était, sans doute, le prix à payer pour placer le clivage sanitaire au centre du débat. Car sur le fond – ce qui compte bien évidemment le plus en politique – ce clivage permet de fédérer à la fois les clusters de son aile gauche (Sociaux-Démocrates et, dans une moindre mesure, Progressistes), de son centre modéré (Sociaux-Républicains, Centristes) et de son aile droite (Libéraux). Une telle configuration présente un double avantage pour Emmanuel Macron : compliquer encore plus l’émergence d’une candidature issue de l’espace de la sociale-écologie et mettre sous tension celle qui apparaît aujourd’hui comme sa principale menace dans la perspective d’une réélection, Valérie Pécresse.

La coalition électorale de la candidate des Républicains se révèle, en effet, profondément divisée sur les propos tenus par le Chef de l’Etat. Pour des raisons similaires, Eric Zemmour n’a lui, non plus, guère intérêt à la mise au centre du débat du clivage sanitaire. Enfin, ce clivage comporte aussi des risques pour les candidats qui s’appuient pourtant principalement sur des clusters plus radicaux et plus antisystèmes. S’engager frontalement sur ce terrain pourrait, en effet, conduire Jean-Luc Mélenchon à s’éloigner encore plus des clusters de la gauche modérée. Quant à Marine Le Pen, si ce clivage peut lui assurer de prendre définitivement le leadership sur Eric Zemmour dans les groupes les plus antisystèmes, il comporte aussi le risque de l’éloigner des segments identitaires (Anti-Assistanats et Identitaires) porteurs d’une demande d’ordre et de sens des responsabilités. L’interview donnée par Emmanuel Macron au Parisien conduit donc bien à fédérer sur le fond sa coalition électorale tout en divisant les coalitions adverses. Mais l’opération ne sera une réussite que si les coûts en termes d’images ne se révèlent pas trop élevées et durables.

Ce début d’année 2022 marque le lancement politique de la pré-campagne du Président de la République. En politique, cliver est un art car il permet de coaliser et mobiliser un camp (majoritaire) contre un autre (qu’on espère minoritaire). Le clivage idéal est celui qui fédère sa coalition électorale et dans le même temps divise les coalitions adverses. A quelques mois de l’élection, le risque principal est de se tromper de clivage jusqu’à se retrouver minoritaire dans son propre camp comme François Hollande en 2016 lors de l’adoption de la loi Travail ou du débat sur la déchéance de nationalité. Mais cela peut aussi mener à la victoire comme pour Jacques Chirac en 2002 qui avait exploité le clivage sécuritaire après les attentats du 11 septembre 2001. Emmanuel Macron dispose à ce titre d’un avantage structurel : parce qu’il est le Président en exercice, il dispose des meilleurs leviers pour imposer ses thèmes dans le débat public. C’est ainsi qu’en quelques jours, Emmanuel Macron a coup sur coup clivé l’électorat pour tenter de faire réapparaître le clivage de 2017 entre d’un côté : le « camp de la raison », du « progrès » et de l’autre : « le camp populiste », « antisystème ». C’est à l’aune de cette stratégie qu’il faut interpréter les « polémiques » sur le pavoisement des monuments du drapeau européen et surtout sur l’interview au Parisien dans laquelle Emmanuel Macron évoque son envie « d’emmerder les non vaccinés ». Nous avons souhaité vérifier les conséquences de cette « provocation », sans doute calculée, en termes de clivages politiques grâce à notre méthode de clusterisation de l’électorat.

Dans le tableau ci-dessous nous présentons les réponses des électeurs par clusters à la question suivante : « Le Président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré : « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ». Que pensez-vous de cette phrase ? ».

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Le clivage sanitaire est un clivage pertinent pour Emmanuel Macron

Premier enseignement, l’interview donnée au Parisien a bien eu un effet très clivant puisqu’elle divise les électeurs en deux grands pôles de dimension comparable : un pôle de 50% qui n’est d’accord « ni sur la forme ni sur le fond » du propos face à un autre pôle composé de ceux qui sont « d’accord sur le fond mais pas sur la forme » (26%) et de ceux qui sont « d’accord à la fois sur le fond et sur la forme » (20%). Le but de l’interview n’était pas d’unir les Français mais bel et bien d’unir une potentielle coalition électorale, majoritaire si possible, tout en divisant les coalitions adverses.

L’enseignement principal pour Emmanuel Macron est que ses propos sont largement approuvés sur le « fond » par les clusters qui sont essentiels à sa réélection : Progressistes, Sociaux-Démocrates, Sociaux-Républicains, Centristes et Libéraux. Dans notre étude, le Président a le soutien de cette France diplômée, du « camp de la raison » qui a conduit à son élection en 2017. Les trois clusters les plus décisifs pour sa campagne partagent le positionnement sur le fond du Président : les Sociaux-Démocrates (gauche modérée), les Centristes (le cœur du macronisme) et les Libéraux (ex-cœur de l’électorat Fillon 2017).

Les « Sociaux-Démocrates » sont essentiels à la réussite d’Emmanuel Macron car leur adhésion au Président empêche toute percée d’une candidature issue de l’espace écolo-socialiste. Les « Libéraux » sont le cluster sur lequel se joue le plus intensément la concurrence entre le Président et Valérie Pécresse, la seule candidature susceptible de le menacer pour l’instant dans le cadre d’un second tour. Quant aux « Centristes », ils sont le cluster le plus acquis au Président. Ces trois clusters ont réagi de manière similaire à l’interview : ils partagent dans près de huit cas sur dix environ le « fond » du propos mais sont divisés sur la « forme ». Au sein de ces clusters modérés, la dimension familière et provocante des propos tenus n’a semble-t-il guère été appréciée.

Mais sur le fond, le clivage sanitaire fédère ces clusters car ils ont une répulsion naturelle et instinctive envers la radicalité et donc envers l’excessivité des propos « antivax ». Le rejet des « extrêmes », du « complotisme », du « populisme », est le liant de cet électorat macroniste originel. Cet électorat transversal se divise parfois profondément sur les questions identitaires et les sujets de société (immigration, GPA, sécurité…), mais il se fédère sur les enjeux économiques et démocratiques. La crise sanitaire est l’occasion de mettre en avant un « bilan », une « compétence », des « capacités de gouvernance » qui sont, là aussi, autant de vertus particulièrement valorisées par ces clusters composés pour une bonne part de cadres et de diplômés du supérieur. Le clivage sanitaire doit ainsi favoriser la coagulation d’un « bloc élitaire ». L’enjeu pour Emmanuel Macron est donc bel et bien ici d’installer des sujets sur lesquels ce « bloc » est susceptible de se réunir. La crise sanitaire permet cela et ce d’autant plus que l’enjeu vaccinal constitue un terrain miné pour ses opposants en particulier à droite et à l’extrême droite.

Un clivage inconfortable pour Valérie Pécresse

A l’instar du thème de l’Union Européenne, le thème sanitaire et vaccinal permet à Emmanuel Macron de mettre Valérie Pécresse en tension. La candidate LR a en effet une équation périlleuse à résoudre car sa coalition repose sur la combinaison d’un électorat européiste, « raisonnable », diplômée, peu radicale (les Libéraux) et de clusters plus clivés sur l’Europe, voire plus radicaux et plus antisystèmes : Identitaires et Anti-Assistanats. La formulation choc du Président de la République a bien eu l’effet qui était sans doute escomptée : elle a profondément divisé ces trois derniers clusters. Dans le même temps, elle produisait une forte adhésion parmi les Libéraux. Il est essentiel de souligner que ce cluster qui représente aujourd’hui un quart du vote en faveur de Valérie Pécresse est aussi l’un des clusters les plus en accord sur le fond avec les propos du Président (74%).

Il est par conséquent quasiment impossible pour Valérie Pécresse de s’exprimer sur le sujet sans prendre le risque de cliver au sein de sa propre coalition. Au moment même où elle se prononçait, elle aussi, très clairement en faveur de mesures contraignantes, l’adoption du pass vaccinal et la cristallisation du débat autour du vaccin divisait massivement son électorat et son parti (Les députés LR ont d’ailleurs adopté des positions très différentes lors du vote du pass vaccinal). Son engagement à « ressortir le Kärcher de la cave » pour « nettoyer les quartiers » doit se comprendre comme une tentative de contre-feu : il lui faut absolument replacer le débat sur des enjeux régaliens qui lui permettent d’unir ses clusters et d’espérer diviser la coalition d’Emmanuel Macron.

En somme, cette semaine préfigure sans doute l’affrontement à venir entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse : celui de la bataille pour l’imposition des clivages. Le premier doit affaiblir la seconde dans le cluster des « Libéraux » en se plaçant en rempart anti-populisme et en gardien du temple de la raison économique. Valérie Pécresse doit fédérer ses clusters – Conservateurs, Libéraux, Anti-Assistanat, Identitaires – en se montrant crédible sur les sujets de sécurité, de lutte contre l’immigration, de défense de la culture française…

Les électorats d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen divisés

La mise en avant du débat sur le pass vaccinal met également en difficulté les deux candidats identitaires : Eric Zemmour et Marine Le Pen. Tous deux savent que leurs chances de réussite reposent sur leur capacité à ne pas se laisser « extrémiser ». C’est la stratégie de la normalisation pour Eric Zemmour, qui se présente comme « candidat du RPR », de la Droite en somme, et la stratégie de la dédiabolisation pour Marine Le Pen qui en écartant Florian Philippot du RN et en renonçant à la sortie de l’euro avait définitivement entériné une stratégie de recentrage.

Concernant l’interview choc du Président, les coalitions de ces deux candidats sont, elles-aussi, divisés. C’est pour Eric Zemmour que ce clivage sur les enjeux sanitaires est le plus difficile à gérer. Il ne s’y est pas trompé d’ailleurs en déclarant que cette sortie était un « piège d’Emmanuel Macron », accusant le chef de l’Etat de vouloir « faire du Covid le sujet de cette présidentielle ». En effet les deux clusters les plus indispensables au succès d’Eric Zemmour – les Identitaires et les Anti-assistanats – manifestent un soutien qui n’est pas négligeable, on l’a vu, au Président sur les non-vaccinés. Les Anti-Assistanats, bien qu’il s’agisse d’un cluster de droite radicale, sont, sur ce sujet, coupés en deux : 52% favorables sur « le fond » (dont 25% en accord sur le « fond et la forme ») contre 46% « d’accord ni sur le fond, ni sur la forme ». Cette situation s’explique, sans doute, par le fait qu’Identitaires et Anti-Assistanats compose des clusters en moyenne âgés et très attachés à l’ordre, à l’autorité et au respect des normes auquel fait explicitement référence la déclaration du Président lorsqu’il stigmatise les non-vaccinés comme étant de mauvais citoyens.

Pour Marine Le Pen, la situation se révèle un peu moins délicate. Ses clusters les plus fidèles sont beaucoup plus antisystèmes et concentrent une part significative des électeurs les plus sensibles aux arguments des antivax. Les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes sont ainsi respectivement 71% et 84% à n’être d’accord « ni sur la forme ni sur le fond » avec l’interview du Président. Demeurent pour elle le problème de la crédibilité et l’enjeu de ne pas effrayer les clusters moins antisystèmes dont elle a besoin pour se qualifier et, plus encore, pour réunir des voix au second tour : les Identitaires, les Conservateurs, les Anti-Assistanats.

On le voit, ce clivage est un casse-tête pour les candidats identitaires. Remarquons d’ailleurs que dans cette situation inconfortable, aucun candidat n’a contesté formellement le fond de l’interview donnée au Parisien. Le risque de passer pour un « antivax » est trop grand, si risqué même qu’Eric Zemmour comme Marine Le Pen prennent le risque d’abandonner la frange la plus radicale de leurs clusters sur ce sujet à d’autres candidats moins pusillanimes, et moins menaçants électoralement tels que Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan.

Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes ou l’impossible opposition de la gauche

Jean-Luc Mélenchon a fait, quant à lui, le choix de s’opposer au pass sanitaire et au pass vaccinal. Il peut se le permettre car il prend un peu moins de risque à s’opposer frontalement au Président sur cet enjeu que les autres candidats. Les trois clusters les plus importants de sa coalition – Multiculturalistes, Solidaires, Révoltés – sont parmi les plus hostiles aux propos du Président tant sur « le fond », que sur « la forme ». Faiblement concurrencé dans ces trois clusters à ce stade de la campagne, Jean-Luc Mélenchon peut s’opposer sans trop de risque, mais à condition de ne pas donner l’image d’un antivax car les Solidaires et, plus encore, les Multiculturalistes sont hostiles au complotisme antiscience. En s’affichant comme l’opposant numéro 1 à Emmanuel Macron et au pass vaccinal, Jean-Luc Mélenchon peut aussi espérer reconquérir le vote d’une partie des clusters populaires antisystèmes : Sociaux-Patriotes, Réfractaires et Eurosceptiques. Il avait su capter une partie de ces groupes en 2017, mais ceux-ci se sont fortement éloignés depuis, sans doute en raison des prises de position jugées comme trop favorables au multiculturalisme du leader Insoumis sur les enjeux identitaires. Ce positionnement comporte cependant un risque majeur : celui d’accentuer encore les clivages au sein de la gauche et d’éloigner toujours plus les Sociaux-Démocrates et, dans une moindre mesure, les Progressistes. Ces deux clusters de gauche modérée constituent le cœur historique de l’ancien électorat socialiste. En 2017, Jean-Luc Mélenchon avait bénéficié auprès d’eux d’un contexte favorable. Certes, ces clusters avaient largement voté pour Emmanuel Macron dont ils constituent le flanc gauche de sa coalition, mais ils s’étaient aussi significativement portés sur Jean-Luc Mélenchon : 22% parmi les Sociaux-Démocrates et 33% parmi les Progressistes. Le leader Insoumis était alors parvenu à incarner le vote utile à gauche dans un contexte d’effondrement de la candidature socialiste. S’il s’engage dans une opposition résolue au pass vaccinal, il risque d’éloigner les Progressistes et de s’aliéner définitivement les Sociaux-Démocrates. On le voit, selon que l’objectif est de prospérer sur le clivage antisystème ou d’incarner le « vote utile » à gauche, les positions à adopter par le leader Insoumis sur le clivage sanitaire ne peuvent être que très différentes.

Un tel choix peut s’avérer d’autant plus décisif que Yannick Jadot est un concurrent très sérieux dans ces deux clusters diplômés, aisés, urbains et déterminants pour l’avenir électoral des candidats de gauche. En incarnant une candidature sérieuse et en tenant des propos raisonnables, favorables à la vaccination et à la science, le candidat écologiste peut espérer concurrencer à la fois Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Les termes de l’équation électorale à résoudre sont globalement les mêmes pour Christiane Taubira et Anne Hidalgo. Par une forme d’apaisement et de modération, ces candidatures semblent mieux placées que Jean-Luc Mélenchon pour séduire Progressistes et Sociaux-Démocrates sur les thématiques en lien avec la vaccination. Ces deux clusters sont fondamentaux pour les candidats marqués à gauche car leur adhésion dans des proportions encore très importantes au Président de la République empêche pour le moment toute dynamique en leur faveur dans les sondages.

Emmanuel Macron a-t-il eu tort de provoquer ainsi sur la forme ?

Au regard des résultats de notre étude, apporter une réponse à cette dernière question est plus complexe. La forme clivante du propos était, certainement, le prix à payer pour imposer à ce point dans l’espace médiatique le clivage sanitaire. Et de manière générale, les positions de fond sur les enjeux clivants sont bien plus décisives que les enjeux de forme, lesquels ne sont généralement que l’« écume des choses » pour reprendre la célèbre formule de Paul Valéry. Il n’en reste pas moins que la forme a déplu, y compris dans un cluster pourtant largement acquis au Président de la République, tel que les Centristes. Plus problématique peut-être, la forme délibérément brutale des propos du Président a réouvert la voie à des critiques récurrentes depuis le début de son quinquennat :  il ferait preuve d’une forme d’arrogance, voire de mépris envers les Français et tout particulièrement des catégories populaires et des moins éduqués. Dans cette perspective, les « non-vaccinés » d’Emmanuel Macron peuvent être considérés comme un équivalent des « déplorables » d’Hillary Clinton, une formule que Donald Trump avait su utiliser en 2016 pour dénoncer l’élitisme culturel des Démocrates et ainsi mobiliser les fractions populaires de son électorat. C’est, bien évidemment, ce qu’espèrent les concurrents du chef de l’Etat qui s’emploient depuis une semaine à déplacer la ligne du conflit sur la personnalité d’Emmanuel Macron et son supposé mépris social pour tenter d’éviter un clivage sanitaire sur lequel le Président de la République est le mieux positionné.

Étude réalisée par Cluster17 pour le compte du journal Marianne auprès d’un échantillon de 1 426 personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 1 506 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon est réalisé selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, du type de communes et des régions de résidence. Questionnaire auto-administré en ligne. Interviews réalisées entre le 6 et le 8 janvier 2022. Les répondants ne sont pas rémunérés.

Marges d’erreur appliquées aux résultats ( 1 426 personnes) :
Pour un pourcentage de 5 % (1.1) ; 10 % (1,6); 20 % (2,1); 30 % (2,4); 40 % (2,5); 50 % (2,6); 60 % (2,5); 70 % (2,4); 80 % (2,1); 90 % (1,6); 95 % (1,1)

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