Sondage pour Le Point : Les Français ont-ils confiance dans les syndicats ?
Une majorité de Français n’a pas confiance dans les syndicats malgré un soutien au mouvement social élevé
Deux tiers des Français déclarent ne « pas avoir confiance » dans les syndicats. 34% disent même n’avoir « pas du tout confiance ». A l’inverse, seulement 10% de Français interrogés déclarent avoir « tout à fait confiance ».
Un niveau de méfiance élevé alors que le soutien à la mobilisation et au mouvement social demeure très majoritaire dans le pays.
Comme une grande partie des corps intermédiaires, et notamment les partis politiques, les syndicats sont fragilisés par un fort niveau de défiance, y compris dans des groupes supposés être plus proches d’eux idéologiquement.
C’est dans les franges les plus à gauche de l’électorat que le soutien aux syndicats est le plus élevé. 76% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Fabien Roussel disent avoir confiance en eux. Un groupe se distingue : celui des Multiculturalistes qui affiche un niveau de confiance très élevé, à 80%.
Ce cluster est particulièrement militant, égalitaire, féministe, écologiste, cosmopolite. Il est de toutes les contestations et regroupe de nombreux enseignants, des intermittents du spectacle, des étudiants…
Un autre cluster se distingue, celui des Solidaires, plus populaire que les Multiculturalistes, regroupant plus d’ouvriers et d’employés. Les Solidaires déclarent avoir confiance à 61% dans les syndicats. Un chiffre relativement faible au regard de la sensibilité idéologique de ce groupe : très égalitaire, très radical et très mobilisé lorsque les droits sociaux sont réformés.
En outre, le niveau d’adhésion est faible au centre-gauche : 50% des Sociaux-Démocrates et 58% des Progressistes disent ne pas avoir confiance dans les syndicats.
A l’inverse, le niveau de rejet est très élevé dans l’électorat de droite et d’extrême droite. Le niveau de défiance atteint plus de 80% chez les électeurs de Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Emmanuel Macron.
Enfin, trois clusters comprenant beaucoup d’ouvriers et d’anciens ouvriers de la France industrielle affichent un niveau de défiance élevée, autour de 60% : les Eurosceptiques, les Sociaux-Patriotes et les Réfractaires. Trois groupes « antisystèmes » qui ont basculé vers le Rassemblement National au cours des 20 dernières années. Fragilisés par la mondialisation, ils sont en demande de protection sur le plan sécuritaire, identitaire et économique. Une protection qu’ils ne semblent pas trouver au sein des organisations syndicales, malgré un soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites qui atteint plus de 70% au sein de ces clusters.
Le mouvement social contre la réforme des retraites marque donc pour les principales centrales une occasion de réhausser leur popularité. L’union établie de la CFDT à la CGT, inédite depuis 12 ans, pourrait permettre d’améliorer leur image. D’autant plus si cette union aboutissait à un abandon de la réforme des retraites.