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Sondage Cluster17 pour Le Point: Les Français inquiets du niveau de la dette

Les Français inquiets du niveau de la dette

77% des Français considèrent la dette publique comme « très élevée ».

Parmi les clusters, Les Centristes, Les Conservateurs, et Les Libéraux sont quasiment unanimes sur le fait que la dette est très élevée (95% ou plus).

Les Multiculturalistes sont plus modérés avec seulement 37% qui pensent que la dette est très élevée. Globalement, le niveau de la dette préoccupe un peu moins les électeurs de gauche.

De même si 81% expriment de « l’inquiétude » quant au niveau de la dette, ce sentiment est nettement plus répandu à droite de l’électorat.

Les Libéraux (96%) et les Anti-Assistanat (98%) sont les plus inquiets. Environ 70% des électeurs de droite et d’extrême droite disent même ressentir « beaucoup » d’inquiétude tandis que chez les électeurs de Yannick Jadot et de Jean-Luc Mélenchon, ce sentiment n’est partagé que par 20 à 35% des sondés.

Enfin, les cohortes les plus jeunes sont les moins inquiètes : 68% des 25-34 ans contre 88% des plus de 75 ans.

50% des sondés estiment que les gouvernements successifs dont le dernier en date sont responsables de la dette. Les électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon estiment majoritairement que c’est le gouvernement actuel qui est responsable.

Un quart des Français pointe tout de même la responsabilité globale « du système économique » français. C’est le cas de 45% des électeurs Renaissance qui sont les plus nombreux à donner cette réponse.

Les Français partagés sur les réponses à apporter :
la mesure la plus plébiscitée par les Français est la taxation des Français les plus aisés : 62% des sondés la souhaitent et 42% la citent en première solution. Elle est logiquement surtout défendue par les électeurs de gauche (79% des électeurs LFI, 69% des électeurs écologistes) et tout de même par un tiers des électeurs lepénistes.

Les électeurs de Renaissance sont très partagés sur les réponses à apporter : 24% réclament la réduction du nombre de fonctionnaires, 23% une taxation des plus aisés et 19% la réduction des aides sociales.

Cette dernière mesure est la mesure privilégiée des électeurs RN (39%) et LR (31%).

La plupart des autres pistes sont assez nettement rejetées par l’électorat : 10% seulement se disent en faveur d’une hausse de l’impôt sur les sociétés, 8% souhaitent réduire le budget des services publics et à peine 2% de sondés souhaitent augmenter les impôts des particuliers.

Dans le « duel » entre recettes et dépenses, les Français expriment un consensus assez large en faveur d’une réduction des dépenses de l’Etat : 46% estiment qu’il faut réduire les dépenses, 38% pensent qu’il faut à la fois augmenter les recettes et réduire les dépenses tandis que seulement 13% des sondés se disent en faveur de l’augmentation des recettes sans réduction des dépenses.

Enfin, la santé paraît comme la première priorité des Français : 28% d’entre eux estiment que les dépenses de l’Etat doivent augmenter dans ce domaine. Une réponse partagée par toutes les sensibilités de l’électorat. En outre 23% des sondés estiment qu’il faut augmenter le budget de l’Education et 16% celui destiné à la sécurité intérieure.

Les réponses sont beaucoup plus difficiles à interpréter à propos de la réduction des dépenses. Les sondés sont en effet très indécis : 18% estiment qu’il faut baisser le budget de la culture, 16% celui de la défense, 16% celui consacré à l’environnement et enfin 14% veulent baisser les dépenses à l’égard des collectivités territoriales. 17% des sondés ont même répondu « autres » citant spontanément des sujets très divers comme : la réduction « du train de vie de l’Etat » et des administrations, la baisse des aides sociales, la réduction des subventions à certaines associations, la fin des « niches fiscales », etc.

A la lecture de notre sondage, la tâche paraît donc bien difficile pour le nouveau gouvernement. Si deux grandes lignes directrices se dessinent dans l’opinion : l’une en faveur d’un effort fiscal reposant davantage sur les hauts revenus et l’autre en faveur d’une réduction des dépenses de l’Etat ; il semble difficile de prendre des mesures à même de satisfaire l’électorat tant celui-ci est clivé sur les réponses concrètes à apporter notamment en ce qui concerne la répartition des postes de dépenses.

Baromètre des personnalités de septembre 2024 : Gabriel Attal quitte Matignon en tête du classement

Gabriel Attal quitte Matignon en tête du classement

Alors qu’il vient de prendre congés de l’hôtel Matignon, Gabriel Attal est toujours en tête de notre baromètre politique Cluster17/Le Point avec 36% de popularité cumulée. Le Premier Ministre sortant termine son mandat en conservant un haut niveau de popularité au sein de la coalition électorale de la première partie du « macronisme » réalisant le double du score du président de la République (18%). Avec une popularité de 83% parmi l’électorat d’Emmanuel Macron de 2022, il devance Edouard Philippe (77%) qui vient de lancer sa candidature à la prochaine présidentielle et Emmanuel Macron (63%).

Gabriel Attal occupe également la première place du classement à la fois chez les électeurs s’auto-positionnant « au centre » et « plutôt à droite » et figure en deuxième position en terme de soutien chez les électeurs « plutôt à gauche » derrière Raphaël Glucksmann.

Juste derrière le Premier Ministre sortant, c’est Marine Le Pen qui récolte le plus de popularité dans l’opinion (35%) et qui bénéficie du niveau de soutien le plus important à 21%, devançant Jordan Bardella à 18%. Marine Le Pen caracole en tête chez les électeurs « à droite » et « très à droite ». La séquence des législatives semble avoir fait bouger certaines lignes ici et là dans l’opinion. A droite de l’échiquier, on observera par exemple que chez les électeurs positionnés « très à droite », c’est Eric Ciotti qui s’empare de la deuxième place du classement, avec une progression de 20 points entre juillet et septembre 2024.


Signe que la séquence électorale précédente a rebattu les cartes dans l’opinion, à gauche du paysage politique, ce sont deux figures émergentes, Lucie Castets et Marine Tondelier qui viennent bousculer le classement. La candidate du Nouveau Front Populaire à Matignon, inconnue il y a deux mois fait son entrée la 15ème place de notre baromètre Cluster17/Le Point et s’empare de la deuxième place chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon de 2022 avec 69% de popularité cumulée. Elle est également en seconde position (82%) chez les électeurs « très à gauche » derrière Jean-Luc Mélenchon (89%). Marine Tondelier occupe la huitième place du classement avec 24% d’opinion favorable et tient la corde chez les électeurs positionnés « à gauche » avec 69% de taux de popularité, devant François Ruffin (64%) et Olivier Faure (63%). A distance lors de la séquence post-électorale, Raphaël Glucksmann perd un peu de terrain sur ses concurrents à gauche ce mois-ci mais figure toujours dans le top 10 du baromètre global.


A propos du jugement des français sur l’action de l’exécutif, avec une note de 4/10 sur son action de premier ministre, Gabriel Attal confirme le fait d’avoir une image bien plus positive dans l’opinion que celle d’Emmanuel Macron puisque le Président de la République ne récolte que la note de 2,5/10.
A noter que le baromètre politique du mois a été réalisé avant la nomination de Michel Barnier à Matignon.

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Sondage Cluster17 pour Le Point: Michel Barnier, un choix salué par l’électorat de la droite et du centre

Michel Barnier, un choix salué par l’électorat de la droite et du centre

Nous avons interrogé les Français juste après la nomination de Michel Barnier par Emmanuel Macron. Celle-ci est un bon choix pour 32% des sondés, un score comparable à celui de Gabriel Attal lors de sa nomination (35%). Ce choix est plébiscité dans le cluster des Libéraux qui est composé principalement de personnes diplômées, conservatrices culturellement, libérales économiquement. 82% d’entre eux pensent qu’Emmanuel Macron a fait le bon choix de Premier Ministre. Une majorité du cluster Centriste soutient également cette décision (55%). Et plus surprenant, 42% des Identitaires se montrent satisfaits de ce choix.

88% des électeurs LR des législatives plébiscitent le choix d’Emmanuel Macron, de même que 68% des électeurs Ensemble. L’électorat RN semble particulièrement clivé sur cette nomination, une majorité relative (41%) estimant même qu’il s’agit d’un bon choix. A l’inverse, l’électorat de gauche est unanimement critique et défiant vis-à-vis de cette décision.

Cette nomination séduit une partie non négligeable des électeurs de droite, des plus modérés aux plus conservateurs.

Les Français sont plus pessimistes sur sa capacité à créer une majorité : 45% estiment qu’il n’y parviendra pas et 30% pensent qu’il y arrivera. Ici encore, ce sont les électeurs LR et Ensemble qui se montrent les plus optimistes, respectivement 81% et 64% d’entre eux estiment que Michel Barnier sera capable de réussir cette mission périlleuse.

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Sondage Cluster17 pour Le Point: Bilan et perspective post-législatives

Bilan et perspective post-législatives

La majorité des Français se dit insatisfaite des résultats des élections législatives anticipées suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale pour la Président de la République.

En effet, 52% des Français s’estiment insatisfaits. Un chiffre qui atteint 90% pour les électeurs du RN .

A l’inverse , seuls 22% des Français s’estiment satisfaits, parmi eux 57% des électeurs du Nouveau Front Populaire.

Dans cette situation post-électorale confuse, aucun camp ne parait comme grand vainqueur pour les Français, bien que le NFP soit le seul à recueillir plus de « a gagné » que  » a perdu ». Toutefois, seuls 32% des Français estiment que le NFP a gagné contre 17% qui estiment qu’il a perdu et 49% qui répondent « ni l’un, ni l’autre ».

Pour le RN, 24% considèrent qu’il a gagné et 36% qu’il a perdu.

Enfin, la situation est plus nette du côté de l’ex-majorité présidentielle , puisque seuls 5% considèrent qu’elle a gagné et 57% qu’elle a perdu. De même pour LR, avec seulement 3% des Français qui estiment qu’elle a gagné , contre 62% qu’elle a perdu.

Par ailleurs, 30% des Français considèrent de la Président de la République doit nommer un premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, contre 13% qui pensent qu’il doit être issu d’Ensemble, 11% du RN et 6% des Républicains.

Baromètre des personnalités de juillet 2024 : Dans le brouillard de la dissolution, Gabriel Attal convainc

Dans le brouillard de la dissolution, Gabriel Attal convainc

« Le futur-ex » Premier Ministre sort largement renforcé de la séquence européenne / législative. Il enregistre une hausse de 7 points de popularité, progressant ainsi de 4 places et reprend la tête de notre baromètre de personnalités. Avec 38% de bonnes opinions dont 14% de Français qui disent le soutenir politiquement, Gabriel Attal s’impose sans conteste comme le leader d’une « macronie » abîmée par la dissolution. Il est ainsi la personnalité la plus soutenue dans l’électorat d’Emmanuel Macron 2022, avec 89% de bonnes opinions, assez loin devant Edouard Philippe (77%) qui n’a pas profité de la séquence avec la même intensité.

 

Le Président de la République voit lui sa côte affaiblie par cette décision incomprise dans une grande partie de l’opinion. Il perd 3 points de popularité et récolte 22% de bonnes opinions. Le jugement des Français à l’égard de son action passe d’une note de 3/10 à 2,7/10 quand celle de Gabriel Attal passe de 3,6/10 à 4,2/10.

 

Marine Le Pen demeure 2e de ce classement. Malgré une légère baisse de 2 points, elle maintient un socle solide de 34% d’opinions positives dont 21% de sondés qui disent soutenir son action, ce qui en fait de loin la personnalité la plus soutenue devant son poulain, Jordan Bardella. Celui-ci perd dans la séquence 3 points de popularité passant de la 2e à la 7e place du classement, tout en maintenant 30% d’opinions positives dont 18% de soutien.

 

A droite, l’ex-président des Républicains Eric Ciotti voit quant à lui son image renforcée par son choix d’alliance avec le Rassemblement National, démontrant la forte attraction de l’électorat de droite vers le RN. Le député de Nice fait un bond de la 27e à la 18e place progressant de 8 points. Chez les électeurs s’autopositionnant « à droite », il récolte 57% d’opinions positives (+19) et chez les électeurs « très à droite », la progression est encore plus sensible avec 62% d’opinions positives (+21).

 

A gauche, plusieurs personnalités sortent également renforcées de la séquence. Notons tout d’abord le surgissement soudain et inattendu de Marine Tondelier. Jamais testée auparavant dans notre baromètre, la cheffe des écologistes s’installe à la 8e du classement général avec 27% d’opinions positives. Celle qui s’est distinguée notamment par ses appels très clairs au « front républicain » réalise même l’exploit d’être la personnalité préférée des électeurs s’autopositionnant « à gauche » avec 65% de bonnes opinions dans ce segment.

 

François Ruffin demeure cependant la personnalité de gauche préférée des Français, à égalité avec Fabien Roussel. Avec 34% de soutien (+1), le député picard réélu sur un fil maintient sa place sur le podium. Son conflit ouvert avec La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon altère sa popularité chez les électeurs « très à gauche », segment dans lequel il perd 28 points de popularité. A l’inverse, ses prises de position séduisent chez les électeurs se positionnant « plutôt à gauche » et « au centre ».

 

Enfin, Olivier Faure et Raphaël Glucksmann sortent également renforcés de la séquence électorale de juin/juillet. Le premier récolte 23% de bonnes opinions, enregistrant une hausse de 9 points, particulièrement au sein de l’électorat de gauche. Raphaël Glucksmann progresse de 5 points et avec 33% d’opinions positives, il se place à la 5e place du classement général, faisant de lui une personnalité politique de premier plan dans le paysage.

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Qui a gagné les élections législatives ? Analyse de Stéphane Fournier pour Marianne

Peut-il y avoir une élection sans vainqueur ? C’est en apparence le principe contraire de la démocratie représentative, censé faire émaner pacifiquement une majorité et une minorité par le vote. C’est d’autant plus paradoxal que le scrutin uninominal majoritaire à deux tours conduit normalement à éviter la situation dans laquelle nous sommes qui ressemble à celle issue d’un scrutin proportionnel.

Si bien qu’à l’issue de ce triple scrutin (européennes, 1er et 2nd tour des législatives), il peut paraître difficile de dire qui a gagné. Il est possible en réalité de désigner trois vainqueurs : le vainqueur légitime : le Nouveau Front Populaire ; le vainqueur culturel : le Rassemblement National et le vainqueur réel : le « front humaniste ».

Le vainqueur légitime : le Nouveau Front Populaire est le vainqueur des élections législatives. Avec un peu plus de 190 sièges, le NFP représente « la première force du pays » en termes de sièges à l’Assemblée Nationale et il est donc bien normal d’un point de vue institutionnel et constitutionnel qu’il soit considéré comme le vainqueur de cette élection. De ce point de vue c’est incontestable. Toutefois, le NFP est arrivé deuxième au 1er tour et surtout il est très loin des 289 sièges nécessaires à l’exercice du pouvoir. Par ailleurs, quid de son unité et de son homogénéité. Rappelons que le NFP est lui-même une coalition de quatre partis (et une dizaine de petits partis satellites) qui pris individuellement ont fait des scores très éloignés de celui du RN aux élections européennes. Les tergiversations depuis dimanche laissent d’ailleurs planer la possibilité d’une division qui rendrait de fait caduques à la fois l’alliance de gauche et sa victoire.

En somme, de toute l’histoire de la Ve République, jamais une force victorieuse n’avait eu aussi peu de députés en proportion du nombre d’élus. Le NFP dispose ainsi de la majorité la plus « minoritaire » depuis 1959. 

Enfin, l’arithmétique commande la réalité. Celle-ci nous conduit à dire que la coalition de gauche n’a aucune chance d’appliquer son programme. Pour la raison évidente qu’elle n’a aucune chance de gouverner sans faire alliance avec, a minima, une partie des élus d’Ensemble (Renaissance, le Modem et Horizons).

Si le NFP ne parvient pas à élargir sa coalition pour s’approcher des 289 sièges nécessaires à l’exercice du pouvoir, alors il sera un vainqueur éphémère et une autre majorité devra émerger.

Le vainqueur culturel : La victoire légitime du Nouveau Front Populaire se heurte à une autre réalité qui est la victoire symbolique et culturelle du Rassemblement National. La progression électorale du Rassemblement National, sa pénétration sociale et territoriale, quasi hégémonique par endroits, sont indéniables. Rappelons qu’il y a un mois, lors des élections européennes, scrutin de liste proportionnel, il est arrivé en tête avec 17 points d’avance sur la deuxième liste. Rappelons que, dans la continuité immédiate, lors du 1er tour des législatives, il est arrivé en tête dans 303 circonscriptions sur 577. Rappelons également qu’il n’a fait alliance qu’avec une maigre frange des LR quand le NFP regroupe quatre partis majeurs et Ensemble, trois formations de premier plan. Le RN est donc sans contestation possible et assez largement, « le premier parti de France ». Rappelons enfin qu’avec les règles du scrutin anglais uninominal à un tour où le candidat arrivé en tête emporte la circonscription, le RN aurait 303 députés.

Toutefois, le score du 2nd tour des législatives est sans équivoque : le RN a été largement battu malgré, il faut rappeler, une progression de quasiment 100% de son nombre de députés en seulement 2 ans.

Cette défaite large ne lui permet pas d’activer la rhétorique de « l’élection volée » au peuple qui aurait pu entraîner dans l’opinion et dans l’électorat de droite radicale une contestation du vainqueur légitime, le NFP. Au contraire, une majorité s’est clairement dégagée en faveur d’un front « anti-RN ».

Le vainqueur réel : Le véritable vainqueur, celui qui a obtenu une nette majorité c’est en effet le « front républicain » qu’il convient de qualifier davantage de « front humaniste » ou de « front anti-RN » tant il est différent de celui de 2002. En effet, ce front humaniste rassemble avant tout les électeurs de gauche, une moitié des électeurs modérés et une minorité des électeurs des Républicains. Altéré mais majoritaire, le « front humaniste » a renversé en quelques jours le scénario qui s’écrivait au soir du 1er tour.

La particularité de ce vainqueur, c’est qu’il n’a pas d’existence ni d’incarnation politique pour l’instant. Or, c’est bel et bien la principale « raison d’être » de la moitié de cet hémicycle : elle est le fruit en grande majorité d’un vote « contre ». L’élection sur un fil de nombreux députés LR, Ensemble et NFP tient dans ce vote barrage. Comment ne pas en tenir compte politiquement ?

La tripartition quasi parfaite de l’hémicycle reflète très fidèlement l’état de l’opinion. Celle-ci est fortement polarisée en trois espaces. Schématiquement : un espace social-écologiste, un espace modéré-élitaire, un espace de droite identitaire. Ces trois espaces montrent une forte imperméabilité les uns aux autres et chaque espace vote partiellement au 1er tour pour faire « barrage » au deux autres. La seule perméabilité possible, nous l’avons vu, existe au 2nd tour dans une mécanique de « hiérarchisation des périls » : le RN demeure perçu comme le danger principal pour cet espace qui va de l’électorat de gauche radicale aux centristes modérés et aux peu politisés.

Ce front « humaniste » a enfin une particularité : il a été autant construit par le haut que par le bas. Certes, la désaffiliation des électeurs à l’égard des partis les rend de moins en moins subordonnés aux consignes de vote. Pour autant, dans cet entre-deux-tours, il y a eu adéquation entre les consignes des partis de gauche et d’une partie de l’ex-majorité présidentielle et leurs électorats. Cela a été surtout le cas à gauche, nous l’avons vu dans nos études[1], où la demande de désistement et de barrage était très partagée mais également dans une majorité de l’électorat Renaissance. Cette conjonction entre l’offre et la demande électorale a permis cette victoire paradoxale qui est d’avoir empêché un autre parti de gagner. Il serait cependant injuste pour les électeurs de considérer que « battre le RN » est une motivation en soi. Si ces électeurs continuent de faire « barrage » c’est parce qu’ils partagent un socle de valeurs communes qui sont plus profondes et plus homogènes qu’il n’y paraît. En premier lieu, c’est leur tolérance à l’égard des minorités et de la diversité qui les relie. En deuxième, c’est le souhait de vivre dans un système démocratique apaisé. Le RN est à l’inverse toujours perçu chez ces électeurs comme une menace pour ces valeurs. En effet, lorsqu’on les interroge, ils considèrent très majoritairement que le Rassemblement National demeure un parti xénophobe et qu’il est dangereux pour la démocratie et la paix civile. L’autre particularité de ce front humaniste est qu’il est d’autant plus fort que le Rassemblement National est fort. Tout au long du 1er tour, les transferts de voix du 2nd tour testés dans les sondages étaient bien inférieurs à ce qu’ils ne l’ont été dès le lundi matin après le 1er tour quand certains instituts projetaient une majorité absolue possible pour le RN.

Le front humaniste semble être le vainqueur oublié des commentaires et des leaders politiques. Si tôt l’Assemblée élue, c’est « business as usual ». Comme en 2002, comme en 2017, comme en 2022, le / les candidats élus ne semblent pas se poser la question de comment et pourquoi ils ont été élus. Ce front risque d’être de plus en plus difficile à bâtir si les ressorts qui ont permis son soudain surgissement ne sont pas analysés.

La question sous-jacente consiste donc à savoir si le front « anti-RN » pourrait se traduire à court terme dans une offre politique nouvelle à même d’entraîner le retour à une forme de bipolarisation qui semble inéluctable.


[1] https://www.liberation.fr/politique/elections/legislatives-76-des-electeurs-macronistes-veulent-un-front-republicain-au-second-tour-20240628_XHTR2XRRKFFH5MRR3JFLYQT3KA/

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Elections législatives anticipées Cluster17 pour Le Point: Notre ultime projection en sièges

Législatives 2024 : Notre ultime projection en sièges

Le front républicain et la stratégie des désistements semblent plutôt bien fonctionner parce que le récit d’une prise de pouvoir du RN s’est ancré très fortement dans l’opinion avant le 1er tour mais surtout depuis le 1er tour. Or cette perspective inquiète des pans entiers de l’électorat. En conséquence, nous constatons que les électeurs de 1er tour du Nouveau Front Populaire se reportent massivement sur les candidats Ensemble quand ils sont en duel avec le RN au 2nd tour. Vice versa, les électeurs Ensemble se reportent de manière significative sur les candidats Nouveau Front Populaire même si une part importante préfère s’abstenir ou ne pas choisir.

Dans ce contexte, le scénario probable reste celui d’une majorité relative pour le RN mais avec une faible avance et un éparpillement en trois blocs de taille comparable et donc un fort risque de blocage à l’Assemblée Nationale.

Si le RN obtient bel et bien un nombre de sièges inférieur à 210, il y aura le nombre de députés suffisant pour une possible majorité allant de la gauche à une fraction de la droite en passant par les élus macronistes, sans LFI et sans le RN.

LR garderait autour de 40 députés selon notre projection, eux aussi élus en partie grâce à un vote de « barrage » des électeurs Ensemble et NFP.

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Sondage élections législatives anticipées Cluster17 pour Le Point: Le Rassemblement National confirme son statut de favori

Le Rassemblement National confirme son statut de favori

Les rapports de force du 1er tour sont extrêmement stables : le Rassemblement National est toujours loin en tête (35% en comptant les alliés Républicains de M. Ciotti) devant le Nouveau Front Populaire, dont le socle est particulièrement stable (29,5%). La majorité présidentielle confirme sa légère progression sur les derniers jours et atteint la barre des 20%.

Il semble désormais que le premier tour ne devrait plus contenir de surprise puisque 86% des électeurs se déclarent sûrs de leur choix et cela quel que soit l’électorat des trois blocs principaux. La participation progresse encore légèrement avec 65% d’électeurs se déclarant certains d’aller voter dimanche prochain.

Comme nous l’avions remarqué précédemment, c’est sur les reports de voix et l’abstention des électeurs modérés au second tour que la campagne risque de se jouer.

Aujourd’hui, les scénarios de reports de voix semblent conduire à une majorité relative pour le Rassemblement National puisque selon notre dernière estimation, le RN serait en mesure de remporter entre 210 et 255 sièges, contre 180 à 220 pour le Nouveau Front Populaire.

Le Rassemblement National et ses alliés issus des LR poursuivent leur dynamique de campagne à droite et en récoltent les fruits puisque notre dernière étude avant le premier tour indique que ce sont désormais 71% des électeurs d’Eric Zemmour et 27% des électeurs de Valérie Pécresse qui déclarent voter pour ses candidats au premier tour.

Si Renaissance remonte très légèrement, il le doit surtout à un effet de mobilisation sur sa base électorale puisqu’il ne récupère pour le moment que 69% des électeurs d’Emmanuel Macron de la présidentielle et 87% des électeurs de la liste de Valérie Hayer aux Européennes.

La majorité présidentielle devrait conserver un petit segment de son flanc gauche, symbolisé par le soutien de 22% des électeurs de la liste PS/Place Publique de Raphaël Glucksmann et de même sur son aile droite, avec 22% des électeurs de la liste LR des dernières Européennes.

Sa prise en étau entre le Rassemblement National et le Front Populaire se confirme pour la majorité présidentielle, qui selon notre projection peinerait à dépasser les 100 sièges dans la nouvelle Assemblée Nationale.

A gauche, Le Nouveau Front Populaire confirme son socle avec 29,5% des intentions de vote.

Cependant la coalition de gauche ne semble pas être en mesure de pénétrer d’autres électorats pour le moment, se contentant de faire son score sur les électorats LFI (94%) et EELV (84%) des Européennes et captant 61% des électeurs de la liste PS/Publique.

A ce jour, on ne voit pas de dynamique venant du centre gauche en faveur du Nouveau Front Populaire puisque seuls 10% des électeurs d’Emmanuel Macron en 2022 semblent en mesure de basculer vers la liste d’union de la gauche.

Le taux de participation qui semble pouvoir dépasser les 65% pour la première fois depuis 2007 devrait avoir pour effet d’entraîner des triangulaires dans plusieurs dizaines de circonscriptions. La campagne de second tour et les futurs appels au « front républicain » devraient entrainer des effets sur les électeurs de la majorité qui pourraient détenir le résultat final du scrutin entre leurs mains.

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Sondage élections législatives anticipées Cluster17 pour Le Point: Le match s’installe entre le Rassemblement National et le Nouveau Front Populaire

Le match s’installe entre le Rassemblement National et le Nouveau Front Populaire

La campagne semble produire peu d’effets sur les rapports de force du 1er tour : le Rassemblement National est toujours loin en tête devant le Nouveau Front Populaire, dont le socle est particulièrement stable.

La majorité présidentielle ne décolle pas malgré une légère progression. Surtout, le vote semble se cristalliser, avec 88% d’électeurs sûrs de leur choix. La participation est également en progression avec 64,5% d’électeurs se déclarant certains d’aller voter dimanche prochain.

En revanche, la campagne semble produire davantage d’effets sur le 2nd tour et sur les reports de voix qui se détériorent au détriment du Nouveau Front Populaire et au profit du RN. Ce qui entraîne un écart plus important dans notre nouvelle projection en sièges entre ces deux forces principales.

C’est le Rassemblement National qui occupe toujours la première position avec 30,5% des intentions de vote, ce score atteignant 34,5% en y ajoutant les candidats issus de l’alliance avec LR. Le Nouveau Front Populaire se maintient à 30% alors que la Majorité présidentielle progresse légèrement à 19,5%.

Derrière, en dehors des LR qui stagnent à 7,5%, les autres candidatures peinent à exister. Pour Reconquête, c’est même la chute libre puisque le parti d’Eric Zemmour baisse encore pour atteindre 1,5%.

Le Rassemblement National et ses alliés issus des LR s’imposent comme la candidature de toutes les droites. Il mobilise à la fois l’électorat de Marine Le Pen de 2022 (93%) auquel s’ajoute désormais 65% des électeurs d’Eric Zemmour et 23% des électeurs de Valérie Pécresse.

Preuve de cette stabilité et de ce leadership dans les intentions de vote : 89% des électeurs du RN se déclarent « tout à fait sûrs » de leur choix à ce jour.

Selon notre projection, le Rassemblement National et ses alliés restent favoris pour remporter les élections législatives et obtenir entre 210 et 250 sièges le 7 juillet.

Si le Rassemblement National confirme sa dynamique de victoire, à l’inverse, Renaissance ne parvient pas à inverser la tendance et demeure à 15 points du score estimé pour le Rassemblement National et ses alliés.

La majorité présidentielle ne peut plus compter que sur la partie centriste de son électorat. Seuls 66% des électeurs d’Emmanuel Macron de la présidentielle déclarent vouloir voter pour les listes Renaissance. En clair, la majorité présidentielle récupère les électeurs des Européennes (92%) auxquels s’ajoute une maigre partie des électeurs de la liste PS/Place Publique de Raphaël Glucksmann (19%) et des LR (16%), bénéficiant du rejet de l’alliance de la gauche avec La France Insoumise pour les premiers et de celle d’Eric Ciotti avec Jordan Bardella pour les seconds.

La majorité actuelle n’obtiendrait qu’entre 65 et 100 sièges selon notre étude hebdomadaire et se destine donc à jouer un rôle d’arbitre entre le Rassemblement National et le Front Populaire.

A gauche, Le Nouveau Front Populaire confirme sa dynamique avec 30% des intentions de vote.

La coalition fait le plein à gauche, regroupant les électorats LFI (96%) et EELV (85%) des Européennes et captant deux tiers des électeurs de la liste PS/Publique.

Il existe encore une faible marge de progression dans l’espace de centre gauche pour récupérer les électeurs déçus du « macronisme » hésitant encore entre les candidatures Renaissance et celles du Front Populaire.

Enfin, le taux de participation qui semble désormais pouvoir atteindre les 65% pour la première fois depuis 2007 devrait avoir pour effet d’organiser des triangulaires dans plusieurs dizaines de circonscriptions. En fonction des configurations, la campagne de second tour, qui semble déjà avoir commencé avec les premiers appels au « front républicain », aura des effets déterminants pour les électeurs modérés de la majorité et des électeurs LR qui donnera peut-être la clef du résultat final.

Notons que si le « front républicain » contre le RN a probablement perdu de sa vigueur si on le compare au début des années 2000, il demeure important dans l’électorat de gauche et dans une partie du centre : 70% des électeurs du NFP sont favorables à un désistement en faveur du candidat le mieux placé face au RN. Les électeurs de la majorité présidentielle y sont aussi majoritairement favorables, à 57%. Cela pourrait devenir le sujet de cette fin de campagne de 1er tour et être l’élément décisif du 2nd tour.

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Sondage élections législatives anticipées Cluster17 pour Le Point: Vers un match Rassemblement National / Front Populaire ?

Vers un match Rassemblement National/Front Populaire ?

Notre deuxième vague d’intentions de vote pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet confirme la dimension inédite de ce scrutin qui pourrait bouleverser l’équilibre politique actuel. A ce jour, aucune des forces en présence ne semble capable de constituer une majorité pour gouverner le pays d’ici trois semaines.

Les trois blocs principaux voient leurs scores augmenter dans des proportions équivalentes cette semaine, confirmant à la fois l’avance du Rassemblement National (32%) dans ce scrutin, le match qui se dessine avec le Nouveau Front Populaire (30%) et le retard abyssal de la majorité présidentielle (19%). Dans le même temps, les « petites » candidatures stagnent ou reculent, autant du coté des LR (7%), que des candidatures divers gauche (3%). Chez Reconquête, c’est même l’effondrement puisque le parti d’Eric Zemmour voit son score baisser à 2,5%.

La stratégie de campagne du Rassemblement National basée sur une offre de droite plus traditionnelle semble porter ses fruits puisqu’il continue de récupérer des électeurs de la présidentielle 2022 venant à la fois d’Eric Zemmour (66%) et de Valérie Pécresse (24%).

Le Rassemblement National profite également d’un effet dynamique de victoire possible auprès de cet électorat de droite élitiste, qui n’a plus soutenu de candidature victorieuse dans une élection majeure depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012.

Les signaux sont forts du côté du RN puisque 91% de leurs électeurs se déclarent « tout à fait sûrs » de leur choix et que 93% de leur électorat des Européennes considèrent aujourd’hui le Rassemblement National « compétent pour gouverner le pays ».

Le Rassemblement National reste en pole position pour remporter les élections législatives et selon notre projection, il pourrait obtenir entre 200 et 250 sièges à l’Assemblée Nationale le 7 juillet.

Du côté de la majorité présidentielle, le rétrécissement de la coalition électorale qui avait permis à Emmanuel Macron de remporter la présidentielle 2022, sur la lancée des élections européennes, se confirme puisque son espace se concentre désormais au centre.

Pendant que son espace de gauche s’est fortement dispersé pour se diriger en partie vers l’offre du Nouveau Front Populaire, à l’inverse, celui de droite se tourne substantiellement vers l’offre du Rassemblement National ou devrait rester fidèle aux LR pour une autre partie.

La majorité actuelle n’obtiendrait qu’entre 70 et 100 sièges selon notre étude hebdomadaire, bien loin des scores du Rassemblement National et du Nouveau Front Populaire et se dirigerait donc, au mieux, vers un rôle de supplétif pour l’un des deux blocs, en fonction des résultats finaux.

Renaissance et ses alliés apparaissent toutefois en capacité de réaliser un meilleur score que lors des Européennes (19%), et cela par la combinaison de deux phénomènes : sur son aile gauche, un retour d’électeurs modérés, qui ne suivraient pas l’offre du Nouveau Front Populaire et qui reviendraient vers la majorité après avoir voté pour la liste PS/Place Publique (14%) aux Européennes. Sur son flanc droit, un électorat de droite modérée venu des LR (25%), défavorable à un rapprochement avec le Rassemblement National et en soutien de la majorité, dans une démarche de « vote utile ».

A gauche, Le Nouveau Front Populaire semble bien aligné avec son espace électoral.

Il atteint un niveau de 30% dans notre étude de la semaine, retrouvant à la fois l’électorat NUPES des législatives 2022, tout en progressant dans l’espace de gauche modérée qui a longtemps suivi Emmanuel Macron et qui avait voté encore majoritairement pour Renaissance aux législatives de 2022.

De même que le RN, le NFP pourrait profiter d’une mobilisation électorale en sa faveur puisque 87% de cet électorat s’estiment « sûr de leur choix » et ils sont également 81% à considérer le résultat de cet élection comme « très important ».

La marge de progression du Nouveau Front Populaire contient deux aspects :
– Une surmobilisation de l’électorat de gauche devant l’arrivée potentielle du Rassemblement National au pouvoir, et notamment dans les milieux populaires et chez les moins de 34 ans.
– Une bascule plus nette de l’électorat de gauche modérée qui apparaît en pleine hésitation entre cette offre de gauche unie et un soutien à la majorité présidentielle. Le NFP récupère à ce stade deux tiers des électeurs PS/Place Publique des Européennes mais il existe encore une marge de progression dans cet électorat se réclamant de la gauche.

Pour les LR, la situation ne s’améliore pas. En pleine crise interne, ils atteignent 7% cette semaine, ne récupérant que la moitié de leurs électeurs des Européennes (49%). Leur division actuelle se traduit directement dans notre sondage puisque loin de faire le plein de leur électorat, une partie se dirige vers la majorité présidentielle (25% des électeurs des Européennes) et une autre vers le RN (12%).

Cette situation entrainerait un nouveau rétrécissement de leur groupe qui atteindrait difficilement 30 députés dans la nouvelle mandature.

Enfin, le taux de participation qui semble pouvoir dépasser les 60% pour la première depuis 2007 devrait avoir pour effet d’organiser des triangulaires dans plusieurs circonscriptions. En fonction des configurations, l’attitude des électeurs modérés de la majorité et des électeurs LR seront déterminantes pour les résultats.

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