Baromètre hebdomadaire S06 : Présidentielle 2022
Réalisé en partenariat avec Marianne
Derrière Emmanuel Macron, aucune candidature ne parvient pour l’instant à s’imposer
Dans notre baromètre de la semaine, Marine Le Pen reprend un peu d’avance sur Éric Zemmour, elle gagne 1 point et se trouve deuxième à 16,5%. Éric Zemmour, à 15% perd un demi-point rejoint par Valérie Pécresse qui remonte à 15% (+1,5). Emmanuel Macron, qui n’est toujours pas entré en campagne demeure en tête à 23%.
A gauche, Christiane Taubira poursuit son recul à 2,5% (-0,5) tandis que Fabien Roussel confirme sa dynamique à 4% (+0,5). Jean-Luc Mélenchon est toujours en tête de la course à gauche. Yannick Jadot reste stable à 5%.
Les Conservateurs et les Anti-Assistanat : deux clusters décisifs pour quatre prétendants
Les rapports de force sont stables dans notre baromètre, chacun des principaux candidats conservant ses clusters « cibles ». Emmanuel Macron reste le candidat préféré des clusters modérés : Sociaux-Démocrates, Progressistes, Centristes, Sociaux-Républicains. Il est toujours haut dans le cluster des Libéraux. Marine Le Pen conserve de l’avance dans les clusters Sociaux-Patriotes, Eurosceptiques et Réfractaires. Notons que les courbes continuent de se rapprocher avec Eric Zemmour chez les Eurosceptiques. Il y a un jeu de vase communicant qui semble s’opérer au sein de ce cluster entre les deux candidats. Eric Zemmour reste fort chez les Identitaires, bien qu’on observe un léger recul qu’il convient de surveiller. Enfin Valérie Pécresse ne domine dans aucun cluster mais possède un bon socle dans l’ensemble des clusters « Fillon 2017 » : Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat, Identitaires.
Pour Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Marine Le Pen, il y a deux possibilités pour faire basculer le vote en sa faveur, soit augmenter encore son score dans leurs clusters forts, soit faire basculer des clusters très hésitants. On observe ainsi une volatilité très forte dans deux clusters qui votent traditionnellement à droite : les Conservateurs et les Anti-Assistanats. Au sein de ces deux groupes, les courbes ne cessent de se croiser. L’électorat ne se cristallise pas. De plus, Emmanuel Macron exerce une concurrence forte vis-à-vis de ses trois poursuivants au sein de ces deux clusters libéraux économiquement et très attachés à l’ordre social.
En 2017 déjà, ces deux clusters étaient partagés : 33% des Conservateurs avaient voté François Fillon, 25% Emmanuel Macron et 25% Marine Le Pen. Les Anti-Assistanats avaient clairement manifesté leur adhésion au programme de Marine Le Pen : 40% d’entre eux contre 26% pour François Fillon. Dans ce cluster, Marine Le Pen maintient un bon score, autour de 30%, malgré une instabilité des intentions de vote et la concurrence d’Eric Zemmour qu’elle n’avait pas à gérer en 2017. Chez les Conservateurs, la concurrence Zemmour / Le Pen profite à Emmanuel Macron qui se maintient autour de 30% dans ce cluster dans lequel il est en tête cette semaine.
C’est tout l’enjeu pour le Président ; rester solide dans les clusters penchant à droite : Anti-Assistanats, Conservateurs et Libéraux. Et « en même temps » se maintenir chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Pour cela, il lui faudra dicter le tempo médiatique et fédérer ses clusters sur les sujets économiques et institutionnels sans les cliver sur les sujets sociétaux et culturels. Sa politique sanitaire est à ce titre un bon thème de campagne car elle fédère ses clusters tout en divisant ceux des autres. (Lire notre article sur la politique sanitaire)
Taubira poursuit sa chute, Roussel poursuit sa montée
Christiane Taubira continue d’être en recul dans le prolongement de sa victoire à la primaire populaire et se retrouve à 2,5% (-0,5) quasiment à hauteur d’Anne Hidalgo (2% / +0,5). C’est au sein des clusters diplômés et urbains – Sociaux-Démocrates et Progressistes – que l’ex Garde des Sceaux a le plus reculé ces deux dernières semaines laissant Yannick Jadot reprendre un peu d’espoir dans progresser dans ces deux clusters qui continuent de se positionner massivement pour Emmanuel Macron. Le candidat écologiste reste stable à 5%. Les candidats issus du bloc écolo-socialiste demeurent affaiblis et ne parviennent toujours pas à retrouver leur électorat traditionnel. La multiplication des candidatures, la concurrence exercée par Emmanuel Macron, ainsi que le récit médiatique de la campagne ne permettent pour le moment pas à ce bloc de se cristalliser autour d’une candidature puissante.
Jean-Luc Mélenchon continue d’être largement devant les autres candidats de gauche grâce à un socle conséquent au sein de trois clusters qui l’avaient déjà soutenu en 2017 : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. Si le candidat insoumis veut espérer se qualifier au 2nd tour, il lui faut reconstituer son score dans ces clusters : il est 20 points en dessous de son score de 2017 chez les Multiculturalistes par exemple. Ou alors, défi plus difficile au vu de la concurrence et de ses prises de position radicales : augmenter ses scores chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. C’est surtout au sein de ce dernier cluster : jeune, diplômé, écolo et cosmopolite que le candidat insoumis pourrait espérer tirer son épingle du jeu face à ses concurrents, tout particulièrement s’il parvient à incarner le vote utile à gauche.
Enfin, Fabien Roussel est pour la deuxième semaine consécutive en hausse, à 4% (+0,5). Il confirme sa dynamique dans les clusters de la gauche traditionnelle et semble se poser en candidat alternatif de Jean-Luc Mélenchon plutôt qu’en concurrent direct. En effet, nous n’observons pas pour l’heure de recul dans la base électorale de l’insoumis au profit du communiste. Fabien Roussel semble plutôt percer chez les électeurs de gauche déçus par les autres candidats. Ainsi il monte à presque 20% au sein des Multiculturalistes qui est le cluster névralgique de la gauche radicale.
En somme, cette semaine, les rapports de force restent stables. L’intérêt très relatif porté pour l’heure par les électeurs à la campagne laisse le jeu encore très ouvert.