Dans un contexte de forte opposition à la réforme des retraites et à l’utilisation de l’article 49-3, notre étude montre que les Français adhèrent très fortement à l’idée d’un Référendum d’Initiative Partagé pour limiter l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Le seuil de 4,85 millions de signataires nécessaires à l’adoption du RIP pourrait être largement atteint.
Près de 3 Français sur 4 disent avoir déjà entendu parler du RIP. Le lien est fort entre capital culturel / capital économique et connaissance du RIP. Les Français les mieux informés sur cette question sont les plus diplômés mais également ceux disposant des plus hauts revenus.
Les électeurs de gauche semblent mieux informés de ce dispositif que la moyenne des Français : Plus de 80% des électeurs des partis de la NUPES connaissent le RIP contre 67% pour les électeurs de Marine Le Pen.
Sept Français sur dix se disent prêts à donner leur signature pour qu’un référendum soit organisé sur la question de l’âge légal de départ. La popularité de la procédure de RIP est d’autant plus forte en l’espèce qu’elle apparaît comme « la dernière chance » institutionnelle pour les opposants d’empêcher le décalage de l’âge légal à 64 ans. Dès lors, les Français qui se disent le plus à même de signer en faveur du RIP sont également ceux qui sont les plus opposés à la réforme. En premier lieu : les électeurs populaires et radicaux de la gauche qui composent le cœur de l’électorat insoumis. Presque 100% des Multiculturalistes et des Solidaires se disent prêts à signer. Mais c’est le cas également de près de 90% des Français appartenant aux clusters populaires et identitaires, plus proches du RN : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes.
L’ensemble de ces clusters compose un arc contestataire qui avait déjà largement participé au mouvement des gilets jaunes, un « mouvement social » qui avait popularisé la question du Référendum d’Initiative Citoyenne. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon comme ceux de Marine Le Pen sont les plus favorables à instiller davantage de démocratie directe.
Un des enjeux pour les défenseurs du RIP sera donc de parvenir à atteindre ces signataires potentiels, quand bien même, nous savons que leur profil sociologique a tendance à les éloigner de la participation politique. En effet, c’est au sein des catégories populaires et de la jeunesse que le RIP a le plus de potentiel. Pourtant, ce sont aussi ces catégories qui s’abstiennent le plus fréquemment.
Malgré une envie certaine de signer en faveur du RIP, la moitié des Français pense que cette procédure n’aboutira pas.
Lorsqu’on demande aux Français si le RIP a des chances d’aboutir, seuls 17% d’entre eux répondent « Oui, tout à fait ». On retrouve, ici, une équation qui n’est pas sans rappeler celle de la mobilisation contre la réforme des retraites : fort soutien populaire à la mobilisation, forte disposition à y participer soi-même, mais aussi relatif pessimisme quant à ses chances de succès. Sur cette question aussi, ce sont les électorats les plus mobilisés en faveur du RIP et contre la réforme qui sont les plus enthousiastes : 71% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 73% de ceux d’Anne Hidalgo, 65% des électeurs de Fabien Roussel et 58% des électeurs de Marine Le Pen pensent que le RIP aboutira.
En somme, nous observons un réel enthousiasme pour une procédure démocratique qui permettrait de stopper la réforme. Toutefois, est-ce que la disponibilité affichée par les sondés se transformera en signatures effectives ? Et, plus encore, est-ce que cet enthousiasme se maintiendra dans le temps ? Il faudra, rappelons-le, pour les promoteurs de cette initiative récolter près de 5 millions de signataires en neuf mois.