Les Français majoritairement favorables à l’euthanasie et au suicide assisté
Alors que le Président de la République cherche le bon moyen de légiférer sur ce sujet prétendu « inflammable », les Français ne sont pas si polarisés sur la question de la fin de vie. Le clivage semble toutefois se structurer selon le sentiment d’appartenance religieuse des répondants.
On observe un consensus très large dans la population, en faveur de l’euthanasie. 83% des sondés s’y disent favorables, dont 47% s’y disent même très favorables. Les électeurs de la droite radicale et identitaire y sont les moins favorables avec un peu plus de 25% des électeurs d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen qui se disent hostiles à l’euthanasie. C’est surtout selon le niveau de « religiosité » des répondants que l’on décèle d’importants clivages : ainsi, 47% de ceux qui croient et pratiquent une religion sont favorables à l’euthanasie ; c’est 82% chez les simples croyants et 92% des non croyants.
Une majorité – moins importante – de sondés se disent également favorables au suicide assisté (le fait de fournir un accompagnement et les moyens nécessaires à une personne qui a fait le choix de se suicider). Deux tiers des Français soutiennent son autorisation par loi. C’est au sein des groupes d’électeurs de gauche que l’on est le plus favorables à l’autorisation du suicide assisté avec près de 80% de soutien au sein des Multiculturalistes, des Progressistes, des Sociaux-Démocrates, des Solidaires… Les clusters de droite, à forte composante catholique, comme les Libéraux ou les Conservateurs sont beaucoup plus clivés. Au sein de l’électorat d’Eric Zemmour, l’opposition au suicide assisté s’élève à 67%, quand à l’inverse, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont près de 75% à se dire favorables à son autorisation.
Malgré ce relatif consensus en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, les Français sont pour la mise en place de critères dans le cadre de l’autorisation de ces deux procédures.
13% des sondés estiment qu’il ne faut aucun critère dans le cadre de la pratique de l’euthanasie. 67% souhaitent l’imposition d’une « condition médicale » et 10% voudraient qu’il existe un critère d’âge.
88% des sondés se montrent par ailleurs favorables à ce qu’il y ait un accompagnement pour évaluer le discernement des patients qui souhaitent être euthanasiés. La mise en place d’une clause de conscience est plus clivante : 58% des Français interrogés y seraient favorables. 20% sont contre et 17% n’ont pas d’avis sur la question.
L’autorisation de l’euthanasie et du suicide assisté est-elle inflammable ? A priori, non. 3 à 4% des sondés se disent prêts à manifester en cas de vote d’une telle loi. C’est au sein des clusters qui avaient été à l’avant-garde du mouvement contre le mariage pour tous que l’on détecte la plus grande hostilité. Chez les Identitaires et les Libéraux, deux clusters de droite, conservateurs, aisés, diplômés, très majoritairement catholiques, 11% des sondés se disent ainsi prêts à manifester.
Le soutien à la loi l’emporte largement dans l’opinion : 74% soutiendraient une loi autorisant l’euthanasie et 61% pour une loi autorisant le suicide assisté.