Cluster-17

Assistons-nous à la fin du macronisme ?

Le niveau de soutien et de sympathie au Président de la République est en chute libre ces deux derniers mois. Une impopularité qui croît aussi bien sur son flanc droit que sur son flanc gauche. Alors que le Président de la République a occupé 6 fois la tête du classement sur nos 12 derniers baromètres, il coalise en cette fin mars uniquement 11% de soutien et 9% de sympathie dans l’électorat, chutant à la 4eme place du classement.

Rappelons que le succès électoral d’Emmanuel Macron repose sur sa capacité à allier des segments de l’opinion aux positionnements très hétérogènes sur de nombreux clivages. Parmi ces 16 segments (ou « clusters) que nous avons identifiés, 5 ont largement participé à sa réélection : Deux au centre-gauche (les Sociaux-Démocrates et les Progressistes), deux au centre (les Sociaux-Républicains et les Centristes), et un dernier se situant nettement à droite (les Libéraux).

Cet alliage est aujourd’hui en train de se défaire en particulier à cause de la réforme des retraites mais aussi à cause de la méthode et du contexte dans lequel cette réforme est adoptée.

Evolution de la popularité d’Emmanuel Macron (cluster Sociaux-Démocrates)

L’insatisfaction progresse particulièrement chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Deux familles qui ont voté à plus de 40% pour Emmanuel Macron au 1er tour de l’élection présidentielle et qui formaient une part très importante de son cœur électoral dès 2017. Depuis sa réélection, le Président connaît une érosion lente de sa base électorale en particulier à cause du contexte social. Au sein de ces deux clusters, son niveau de soutien a été divisé par trois depuis sa réélection en avril 2022 tandis que son niveau de rejet a plus que triplé.

Si ce n’est pas au sein de ces deux clusters que la réforme suscite le plus d’insatisfaction, elle y est tout de même très majoritairement rejetée. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes s’y opposent à environ 60% et soutiennent en parallèle le mouvement social à plus de 60%.

Ce qui semble ce mois-ci entraîner une chute plus importante de la popularité du Président, c’est l’usage du 49-3 et la situation de tension qui en découle.

Ces deux clusters sont : 1) attachés à l’ordre économique et social et 2) attachés à la démocratie.

Or, l’ordre économique et social est bouleversé par une réforme perçue comme « injuste » et penchant très largement « à droite » dans la perception qu’en ont les Français.

Ainsi, le sentiment que cette réforme est injuste est largement partagé, entraînant une première altération majeure de la base électorale présidentielle.

En outre, les manifestations, les tensions, les violences sont autant d’éléments que cet électorat modéré rejette. Or, celui-ci identifie le Président et son gouvernement comme les principaux responsables de ces manifestations. En particulier parce que la CFDT et Laurent Berger s’opposent fermement à la réforme depuis le début.

L’attitude ferme de Laurent Berger, perçu ordinairement comme un homme de consensus y est pour beaucoup dans le désamour du centre-gauche à l’égard du Président de la République.

En effet, c’est au sein de ces clusters et en particulier chez les Sociaux-Démocrates que le leader de la CFDT est le plus apprécié, comme le démontre notre sondage pour Le Point réalisé début mars.

L’absence de soutien de la CFDT à la réforme et donc l’impossibilité de brandir le « drapeau » du dialogue social ne laissait qu’une possibilité au Gouvernement pour maintenir un semblant « d’ordre » politique et social : un vote majoritaire au Parlement. Or celui-ci n’a pas eu lieu.

Le « macronisme » est né du compromis, du dépassement du clivage gauche-droite pour faire adhérer l’ensemble de l’arc modéré issu des électorats PS et UMP dans une vaste coalition. Le succès d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022 repose en premier lieu sur cette capacité à mettre en avant des clivages qui lui étaient favorables pour fédérer l’ensemble des clusters demandeurs d’ordre et de stabilité. Tel fut le cas avec la crise des Gilets jaunes, la campagne de vaccination, la guerre en Ukraine… Cette « prouesse » est aujourd’hui largement remise en cause par l’adoption de cette réforme des retraites.

Car non seulement le fond de la réforme est dissonant avec les aspirations profondes de l’hémisphère gauche de son électorat, mais la forme vient totalement trancher avec le « macronisme » originel. Les Sociaux-Démocrates et les Progressistes s’auto-positionnent très majoritairement « à gauche » ou « plutôt à gauche » lorsqu’on les interroge. A ce titre, ils sont mis en porte-à-faux par une réforme soutenue et défendue historiquement par la Droite. En plus de son impopularité massive dans l’opinion, la réforme des retraites entraîne une résurgence du clivage gauche-droite sur l’axe socio-économique ; un clivage mortifère pour le macronisme.

Enfin, l’usage du 49-3 semble avoir entériné le divorce entre le centre-gauche et le Président de la République. 70 à 80% des Sociaux-Démocrates et des Progressistes jugent l’usage de cette procédure « inacceptable ».

En somme, on assiste bel et bien à une érosion du macronisme principalement sur son côté gauche et dans une moindre mesure au centre et sur sa droite : notons ainsi que dans le cluster des « Centristes » qui est le cœur névralgique du macronisme, le niveau de soutien au Président baisse drastiquement (-20 points) ce mois-ci.

Toutefois, la « tripartition » du champ politique résiste pour l’heure, car l’électorat Social-Démocrate et Progressiste, qui pèse environ 10% est dans une sorte « d’apesanteur ». Il est à la fois insatisfait par l’offre « Mélenchon-NUPES » et par la politique du Président de la République.

Nul doute cependant que cet électorat sera décisif dans les recompositions du champ électoral d’ici à la prochaine élection présidentielle.

Est-ce que le « macronisme » peut renaître de ses cendres et reconquérir ces électeurs ou bien rebasculeront-ils vers une offre de gauche entraînant le retour à une bipartition du champ politique ?

Baromètre des personnalités n°12 : Emmanuel Macron subit l’impopularité de la réforme des retraites

Chaque mois, Cluster17 publie son baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

Retrouvez ici le baromètre de personnalités du mois d’avril. Emmanuel Macron quitte le podium pour la première fois et chute à la 4eme place du classement. Il subit comme l’ensemble de l’exécutif l’impopularité de la réforme des retraites ainsi que l’utilisation de l’article 49-3.

Sondage pour Le Point : Près de 3 Français sur 4 prêts à signer le RIP sur les retraites

Dans un contexte de forte opposition à la réforme des retraites et à l’utilisation de l’article 49-3, notre étude montre que les Français adhèrent très fortement à l’idée d’un Référendum d’Initiative Partagé pour limiter l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Le seuil de 4,85 millions de signataires nécessaires à l’adoption du RIP pourrait être largement atteint.

Près de 3 Français sur 4 disent avoir déjà entendu parler du RIP. Le lien est fort entre capital culturel / capital économique et connaissance du RIP. Les Français les mieux informés sur cette question sont les plus diplômés mais également ceux disposant des plus hauts revenus.

Les électeurs de gauche semblent mieux informés de ce dispositif que la moyenne des Français : Plus de 80% des électeurs des partis de la NUPES connaissent le RIP contre 67% pour les électeurs de Marine Le Pen.

Sept Français sur dix se disent prêts à donner leur signature pour qu’un référendum soit organisé sur la question de l’âge légal de départ. La popularité de la procédure de RIP est d’autant plus forte en l’espèce qu’elle apparaît comme « la dernière chance » institutionnelle pour les opposants d’empêcher le décalage de l’âge légal à 64 ans. Dès lors, les Français qui se disent le plus à même de signer en faveur du RIP sont également ceux qui sont les plus opposés à la réforme. En premier lieu : les électeurs populaires et radicaux de la gauche qui composent le cœur de l’électorat insoumis. Presque 100% des Multiculturalistes et des Solidaires se disent prêts à signer. Mais c’est le cas également de près de 90% des Français appartenant aux clusters populaires et identitaires, plus proches du RN : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes.

L’ensemble de ces clusters compose un arc contestataire qui avait déjà largement participé au mouvement des gilets jaunes, un « mouvement social » qui avait popularisé la question du Référendum d’Initiative Citoyenne. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon comme ceux de Marine Le Pen sont les plus favorables à instiller davantage de démocratie directe.

Un des enjeux pour les défenseurs du RIP sera donc de parvenir à atteindre ces signataires potentiels, quand bien même, nous savons que leur profil sociologique a tendance à les éloigner de la participation politique. En effet, c’est au sein des catégories populaires et de la jeunesse que le RIP a le plus de potentiel. Pourtant, ce sont aussi ces catégories qui s’abstiennent le plus fréquemment.

Malgré une envie certaine de signer en faveur du RIP, la moitié des Français pense que cette procédure n’aboutira pas.

Lorsqu’on demande aux Français si le RIP a des chances d’aboutir, seuls 17% d’entre eux répondent « Oui, tout à fait ». On retrouve, ici, une équation qui n’est pas sans rappeler celle de la mobilisation contre la réforme des retraites : fort soutien populaire à la mobilisation, forte disposition à y participer soi-même, mais aussi relatif pessimisme quant à ses chances de succès. Sur cette question aussi, ce sont les électorats les plus mobilisés en faveur du RIP et contre la réforme qui sont les plus enthousiastes : 71% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 73% de ceux d’Anne Hidalgo, 65% des électeurs de Fabien Roussel et 58% des électeurs de Marine Le Pen pensent que le RIP aboutira.

En somme, nous observons un réel enthousiasme pour une procédure démocratique qui permettrait de stopper la réforme. Toutefois, est-ce que la disponibilité affichée par les sondés se transformera en signatures effectives ? Et, plus encore, est-ce que cet enthousiasme se maintiendra dans le temps ? Il faudra, rappelons-le, pour les promoteurs de cette initiative récolter près de 5 millions de signataires en neuf mois.

semaine-4-jours

Sondage pour Le Point : 2 Français sur 3 prêts à passer à la semaine de 4 jours

Deux Français sur trois favorables à l’instauration de la semaine de 4 jours

Parallèlement à la réforme des retraites, le Gouvernement a lancé une expérimentation auprès de certains agents publics : leur permettre de concentrer leur temps de travail sur 4 jours au lieu de 5. Une expérimentation qui semble résonner positivement auprès des Français.

63% d’entre eux se disent favorables à une telle expérimentation. Dans la France post-Covid, de nouveaux équilibres se dessinent entre travail et vie privée. Dans ce contexte, les Français semblent souhaiter rééquilibrer leur semaine et avoir un temps de coupure supplémentaire.

On observe un certain consensus au sein de l’opinion sur la question de la semaine de 4 jours.

Les électeurs de gauche semblent certes les plus réceptifs : près d’un tiers des électeurs de Yannick Jadot, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon se disent même « très favorable » à cette réforme.

Les poches de résistance se trouvent à droite de l’échiquier : 42% des électeurs d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse se disent défavorables à la semaine de 4 jours.

Sur cette question, le clivage se noue entre des groupes libéraux sur le plan économique et des groupes plus interventionnistes.

On observe en effet que ce sont les clusters de droite élitaire – les Libéraux et les Identitaires – qui sont les plus hostiles à une telle modification du droit du travail. Les Centristes, cluster « macroniste », aisé, composé principalement de cadres, sont également légèrement moins enthousiastes que la moyenne des Français.

A l’inverse les trois clusters qui composent le cœur de l’électorat « mélenchonniste » – les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés – sont les plus enclins à accepter ces changements. Idem pour les clusters qui composent le socle très populaire du vote du RN : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes. Au sein de ces trois groupes composés de nombreux ouvriers et employés, un tiers environ des sondés se dit favorable à la semaine de 4 jours.

En somme, dans ce contexte tendu, le gouvernement dispose ici d’une réforme plutôt consensuelle qui serait admise par une base sociale étendue, en particulier sur le flanc gauche de l’électorat.

censure du gouvernement

Sondage pour Le Point : 3 Français sur 4 favorables à la censure du gouvernement

L’usage du 49.3 décrié par des Français majoritairement favorables à la censure du gouvernement

Le recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution par la Première Ministre Elisabeth Borne entraîne une forte contestation au sein de l’opinion.

79% des Français interrogés jugent le recours au 49.3 inacceptable (dont 65% le jugent tout à fait inacceptable).

La réforme suscitait déjà une forte opposition dans l’opinion. La méthode utilisée pour l’adopter ne peut que renforcer le niveau de défiance des Français envers le gouvernement. Le recours au 49.3 a en effet pour conséquence qu’une part importante des Français, ne s’estimant pas forcément opposée à la réforme, exprime désormais leur mécontentement. C’est en particulier le cas chez les électeurs d’Emmanuel Macron dont un tiers estime inacceptable l’usage du 49.3.

Dans ce contexte de crispation institutionnelle et politique, les Français soutiennent parallèlement très majoritairement l’adoption d’une motion de censure visant à défaire le gouvernement. 3 Français sur 4 souhaitent ainsi qu’une motion de censure soit votée.

Les partisans de la motion de censure sont plus de 80% dans l’ensemble des électorats. Les électeurs de Valérie Pécresse sont plus partagés bien qu’ils soient 59% à souhaiter l’adoption de la motion de censure et la démission du gouvernement. Enfin, les électeurs d’Emmanuel Macron sont logiquement très majoritairement opposés à une telle issue pour le gouvernement bien qu’un électeur sur cinq du Président de la République y soit tout de même favorable.

En somme, les pertes politiques pour Emmanuel Macron et son gouvernement pourraient être importantes dans la durée : des clusters modérés de centre-gauche et de centre-droit ayant très largement participé à sa réélection comme les Sociaux-Démocrates, les Progressistes et les Conservateurs semblent non seulement de plus en plus opposés à cette réforme mais de plus en plus hostiles aux choix du gouvernement.

Sondage pour le Point : 59% des Français favorables à l’interdiction des jets privés

Une majorité de Français favorables à l’interdiction des jets privés

Alors qu’une proposition de loi visant à interdire les jets privés a été déposée par les écologistes à l’Assemblée, nous avons souhaité savoir ce qu’en pensaient les Français. Afin de mieux cerner les clivages autour de cette question nous leur avons demandé de se positionner entre deux affirmations : « interdire les jets pour des raisons écologiques » ou « ne pas interdire les jets pour ne pas entraver les libertés individuelles ». L’idée est d’opposer ici écologie et libertés, un clivage important que nous retrouvons sur d’autres thématiques comme l’usage de la voiture.

59% des Français interrogés se positionnent en faveur de l’interdiction des jets. Une partie des Français y est favorable par sensibilité écologique, une autre est davantage motivée par le sentiment de défiance envers les « milliardaires » et les grands patrons qui utilisent ces avions personnels.

Ainsi, logiquement, 85% des électeurs de Yannick Jadot sont favorables à cette interdiction, de même que 81% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. De l’autre côté du clivage, on retrouve les électeurs de droite qui font largement primer la liberté individuelle sur la protection de l’environnement. Se mobilise en faveur de la liberté un électorat traditionnel pour qui l’écologie est avant tout « punitive », source de contraintes injustifiées. Ainsi, seuls 25% des électeurs d’Éric Zemmour et 38% de ceux de Valérie Pécresse sont favorables à cette interdiction des jets, une coalition regroupant particulièrement les membres des clusters Identitaires et Libéraux.

Enfin, les groupes populaires d’ouvriers et d’employés, plus proches idéologiquement de Marine Le Pen sont également majoritairement favorables à l’interdiction de ces jets, avant tout par hostilité envers les « élites » et leur niveau de vie très éloigné de leur propre quotidien.

Potentiellement, cette mesure est donc une mesure plutôt « populaire », ce qui tranche avec certaines propositions moins consensuelles et plus « élitaires » formulées ces derniers temps par les écologistes. Des mesures comme la baisse de la vitesse sur autoroute ou l’interdiction des voitures diesel ne génèrent pas ce niveau d’acceptabilité dans l’électorat, en particulier dans « la France d’en bas ». En effet, c’est dans les tranches de revenus inférieurs à 2000€ que l’interdiction des jets privés est la plus soutenue, à environ 65% en moyenne.

Enfin, on observe de grands clivages par âge et par genre. 69% des moins de 25 ans sont favorables à l’interdiction contre « seulement » 50% des plus de 75 ans. De même, on observe un différentiel de 13 points entre les hommes et les femmes : 65% des Françaises étant favorables à l’interdiction des jets contre 52% des Français.

Laurent Berger et Philippe Martinez

Enquête pour Le Point sur l’image de Laurent Berger et Philippe Martinez

Laurent Berger et Philippe Martinez, les deux gauches réconciliées ?

Unis dans un même mouvement social pour la première fois depuis qu’ils ont pris les commandes de leur centrale respective, les deux leaders syndicalistes obtiennent des scores de popularité relativement élevés, dans un contexte favorable de mobilisation contre une réforme impopulaire.

  • Laurent Berger, leader consensuel

48% des Français interrogés disent avoir une bonne opinion de Laurent Berger, 23% une mauvaise opinion et 29% disent ne pas le connaître assez.

Les résultats sont cohérents avec la ligne réformiste de la CFDT. En effet, les bonnes opinions à l’égard du syndicat comme de son secrétaire national se répartissent de façon relativement homogène dans le champ électoral. Ainsi, Laurent Berger est d’abord apprécié par les électeurs de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel, à plus de 70%, mais également par 58% des électeurs de Valérie Pécresse et 51% des électeurs d’Emmanuel Macron. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont « seulement » 51% à avoir une bonne opinion de Laurent Berger. Cette relative impopularité se manifeste en particulier dans le cluster des « Multiculturalistes », qui est un groupe radicalement de gauche, jeune, mobilisé, citadin, dont la sociologie ressemble beaucoup à celle des participant au mouvement « Nuit Debout » qui avait germé suite à la loi travail. Une loi travail qui a engendré un large rejet du PS et de la CFDT au sein de cette gauche « mélenchonniste ».

En somme, Laurent Berger parvient tout de même à séduire un large arc de la population. Pour autant, les Français ne semblent pas prêts à le voir sauter le pas et à entrer dans l’arène politique. Seuls 11% des personnes interrogées estiment ainsi qu’il ferait « un bon candidat » à l’élection présidentielle, un score qui s’élève à 26% et 29% chez les électeurs d’Anne Hidalgo et Yannick Jadot.

  • Philippe Martinez, leader clivant

Philippe Martinez est apprécié par une proportion moindre de la population que Laurent Berger, et avec des écarts beaucoup plus tangibles en fonction de l’appartenance politique.

38% des Français déclarent avoir une bonne opinion du leader cégétiste. Philippe Martinez est davantage identifié et apprécié par la gauche radicale. Il recueille ainsi 73% de bonnes opinions chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 64% chez les électeurs de Fabien Roussel.

Les trois clusters qui ont le plus voté Jean-Luc Mélenchon sont également les trois clusters qui apprécient le plus Philippe Martinez. Il totalise ainsi entre 54% et 78% de soutien chez les Solidaires, les Multiculturalistes et les Révoltés, trois clusters totalement opposés à la réforme des retraites et plus globalement à l’ensemble des réformes économiques menées par le Président de la République. Trois clusters qui ont également massivement soutenu les gilets jaunes. D’ailleurs, il convient de souligner que Philippe Martinez est apprécié par une partie substantielle de l’électorat « lepéniste » populaire, issu de la « France des ronds-points ». Ainsi, 49% des Réfractaires et 47% des Eurosceptiques, deux groupes composés en majeure partie d’ouvriers et d’employés qui votent majoritairement RN, disent avoir une bonne opinion de Philippe Martinez.

En somme, Philippe Martinez est apprécié par un arc contestataire pluriel qui mêle la sociologie du mouvement « Nuit Debout » et une sociologie plus proche de la « France gilets jaunes ».

A eux deux, Laurent Berger et Philippe Martinez séduisent un spectre important de la population, dans un contexte favorable aux syndicats et au mouvement social.

Barometre-des-personnalites-11

Baromètre des personnalités n°11 : Emmanuel Macron en tête, Philippe et Roussel les plus populaires

Dans notre baromètre de personnalités du mois de mars, les principales personnalités politiques voient leur côté de popularité baisser. Emmanuel Macron reprend la tête du classement avec un niveau de soutien très resserré, à 14%, devant Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, à 13% chacun. Des personnalités semblent toutefois moins frappées par la défiance des Français : c’est le cas notamment d’Edouard Philippe et Fabien Roussel, qui obtiennent des taux de popularité assez élevés tout en étant peu rejetés.

Sondage pour Le Point : violences en milieu scolaire, les Français clivés entre prévention et sanction

Interrogés sur la manière de répondre aux violences en milieu scolaire et la bonne façon de protéger élèves et enseignants, les Français se montrent partagés. Une petite moitié – 47% – estime qu’il faut avant tout renforcer la prévention auprès des élèves. Une courte majorité – 53% – estime qu’il faut principalement renforcer les sanctions pour lutter contre ces faits de violence.

Le clivage entre prévention et répression en matière de délinquance et de sécurité est un clivage « classique » entre la gauche et la droite. En témoigne le débat surgissant régulièrement autour du rétablissement d’une police de proximité.

En l’espèce, dans le contexte entourant l’assassinat d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz, les Français sont hésitants et pas majoritairement acquis à un durcissement de la répression, ce qui s’explique probablement par le fait que la question se pose vis-à-vis d’élèves, de mineurs, qui plus est dans le milieu scolaire.

Toujours est-il qu’on trouve cette « logique » gauche / droite dans la répartition de l’opinion sur le sujet. Ainsi, 70% des électeurs de Yannick Jadot et 75% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont favorables à la prévention, quand 89% des électeurs d’Eric Zemmour et 80% des électeurs de Marine Le Pen se positionnent en faveur du renforcement des sanctions.

Au-delà de cette logique politique, l’approche par sensibilité idéologique est tout à fait explicative. Au sein de nos clusters, les trois clusters les plus favorables à la prévention sont ceux qui se montrent les plus « tolérants » et les plus « ouverts » sur les enjeux culturels et identitaires. Le renforcement de la prévention atteint ainsi plus de 79% au sein des Multiculturalistes, des Sociaux-Démocrates et des Progressistes.

A l’inverse, les clusters les plus favorables à l’ordre, aux frontières, à une répression « dure » contre les délinquants sont ceux qui se positionnent le plus largement en faveur d’un élargissement des sanctions contre les élèves violents. Ainsi, 78% des Libéraux, 77% des Anti-Assistanat et 86% des Identitaires estiment qu’il faut renforcer les sanctions.

En somme, nous retrouverions ce clivage probablement dans les mêmes proportions sur l’ensemble des questions touchant à la sécurité et à la délinquance.

retraites

Qui sort gagnant de la séquence sur les retraites ?

Le Rassemblement National grand gagnant de la séquence ?

  • Les Français clivés sur la tension à l’Assemblée Nationale

A l’issue d’une séquence tumultueuse au sein de l’Assemblée Nationale, les Français sont partagés à propos de la nature des débats qui s’y sont tenus. La moitié d’entre eux estime que ces débats sont justifiés « compte tenu de l’importance du sujet » tandis qu’une autre moitié estime que ces débats sont « indignes de l’institution parlementaire ». Logiquement, les Français les plus « antisystème » mais aussi les plus anti-réformes qui forment ce qu’on peut appeler « l’arc gilet-jaune », proches de LFI et du RN sont les moins « choqués » par ces images.

A l’inverse, les électeurs modérés du centre, et de la droite sont davantage indignés par les invectives et les polémiques des dernières semaines. 74% des électeurs d’Emmanuel Macron et 81% des électeurs de Valérie Pécresse estiment ainsi que les débats étaient « indignes ».

  • Le Rassemblement National sort renforcé de la séquence parlementaire

38% des Français ont une opinion positive à propos de l’attitude du RN dans le cadre des débats sur la réforme des retraites. Le RN devance La France Insoumise qui réunit quant à elle 33% d’opinions positives. Les deux groupes parlementaires les mieux perçus sont logiquement ceux dont les deux leaders, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, sont cités régulièrement comme les premiers opposants à Emmanuel Macron. Dans ce contexte de mobilisation, on retrouve donc la « tripartition » dans laquelle la France est entrée à l’issue des élections présidentielle et législative de 2022. Notons toutefois que La France Insoumise est le groupe le plus clivant, qui suscite le plus de rejet avec 45% d’opinions très négatives.

Affaibli par une réforme impopulaire, Renaissance réunit « seulement » 29% d’opinions positives, un score qui se révèle particulièrement faible au sein de la fraction de gauche de l’électorat d’Emmanuel Macron : moins d’un tiers des Sociaux-Démocrates et des Progressistes ont une opinion positive de Renaissance alors qu’ils étaient près de 50% à choisir Emmanuel Macron lors du 1er tour en avril dernier. Un décrochage qui semble s’ancrer depuis plusieurs mois au sein de cet électorat, et pourrait s’avérer particulièrement problématique pour le Président de la République et Renaissance.

Les Républicains ne sortent pas renforcés de la séquence. Leur quête du « compromis » et d’une « amélioration » de la réforme n’est pas plébiscitée. Avec 27% d’opinions positives et seulement 3% d’opinions très positives, les débats à l’Assemblée n’ont pas convaincu leurs anciens électeurs. Ainsi au sein de deux clusters qui composaient jadis l’électorat de Nicolas Sarkozy, la perception de leur action est majoritairement négative : LR enregistre plus de 60% d’opinions négatives chez les « Conservateurs » et les « Anti-Assistanat ».

A l’inverse au sein de ces deux groupes, le RN récolte près de 50% d’opinions positives. Plus significatif, le RN obtient également 50% d’opinions positives au sein du cluster des Libéraux, un groupe aisé et élitaire, véritable barycentre de la coalition historique de la droite française.

La recherche de sérieux et la stratégie d’institutionnalisation du RN semblent donc porter ses fruits et ce de façon tout à fait tangible. Ces dernières semaines, de nombreux signaux semblent montrer un ancrage stable et durable du RN dans le cœur de l’ancien électorat de droite, au détriment de LR mais également de Renaissance.

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