Baromètre hebdomadaire S17 : Législatives 2022
L’union plébiscitée par les différentes composantes de la gauche
Nous avons testé l’ensemble des hypothèses et configurations d’alliances possibles pour ces élections législatives. Le statu quo, c’est-à-dire un paysage fragmenté comme à la présidentielle donnerait de sérieuses chances à Emmanuel Macron d’obtenir à nouveau la majorité à l’Assemblée Nationale. La division de la gauche et de l’extrême droite entraînant une division des voix de ses électeurs et favorisant la coalition centrale. Dans ce contexte, Emmanuel Macron réunirait son socle modéré et se retrouverait en position d’être en tête du 1er tour. Il serait très probablement en situation de duel dans de nombreuses circonscriptions, en particulier face au Rassemblement National et en position de rassembler un « vote barrage » au 2nd tour, facilitant la reconduction de sa majorité. Pour autant, même dans cette configuration, la dynamique ne semble pas aussi certaine et forte qu’en 2017. De nombreuses circonscriptions seraient plus serrées, et LFI comme le RN pourraient en profiter pour accroître leur présence à l’Assemblée.
Dans cette deuxième hypothèse (union de la gauche sans le Parti Socialiste), la gauche arriverait en tête devant la majorité présidentielle et le RN. Et le Parti Socialiste serait à 7%. Cela permettrait à la gauche d’obtenir de bons résultats, mais la présence de candidatures socialistes au vu de son ancrage territorial pourrait empêcher la gauche d’arriver en tête dans des circonscriptions décisives. On voit que dans cette option, les clusters de la gauche modérée restent clivés et continuent de se diviser entre la majorité présidentielle, la candidature d’union LFI-PCF-EELV et le Parti Socialiste. En conséquence, la configuration qui pourrait le plus bouleverser les élections législatives est celle où tous les partis de gauche se présentent unis.
Une offre plébiscitée par les clusters pro-Jean-Luc Mélenchon…
Dans cette hypothèse (de la France Insoumise au Parti Socialiste) et à ce stade de la campagne, la gauche arriverait largement en tête avec 34%, 10 points devant la majorité présidentielle.
Cette union large se trouve plébiscitée dans tous les clusters de gauche et elle parait satisfaire une demande y compris dans des groupes qui depuis 5 ans ont plutôt tendance à voter pour Emmanuel Macron. Une telle union signerait une forme de réconciliation inédite sur le plan électoral depuis l’élection de François Hollande en 2012.
Les trois clusters composant le cœur électoral de la France Insoumise : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés sont unanimes. Dans ces trois clusters ayant fortement voté Jean-Luc Mélenchon, l’union de toute la gauche obtiendrait entre 78% et 93% des voix, soit environ 30 points de plus que le vote LFI dans le cas d’une candidature unique (hypothèse 1).
Mais également par les clusters modérés hésitants avec Emmanuel Macron
La présence du Parti Socialiste constitue ici un apport important et permettrait certainement à la gauche d’obtenir la majorité à l’Assemblée. On voit qu’en cas de présence du PS, les électeurs de Yannick Jadot et Fabien Roussel votent à 75% pour l’union (autour de 60% sans le PS) et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à 92% avec le PS (83% sans).
En termes de clusters, une union complète permet à la gauche d’arriver en tête chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, ce qui marquerait un tournant majeur. En effet, toutes nos enquêtes durant la présidentielle étaient marquées par le leadership d’Emmanuel Macron dans cette gauche diplômée et bien insérée dans la mondialisation. Aucun candidat n’était parvenu à décrocher cet électorat anciennement fidèle au PS. Les Sociaux-Démocrates ont ainsi voté à plus de 50% pour Emmanuel Macron au 1er tour de 2022 (24% Jean-Luc Mélenchon, 11% Yannick Jadot), les Progressistes ont choisi Emmanuel Macron à 39%, juste devant Jean-Luc Mélenchon à 32% et Yannick Jadot à 16%. En cas d’union aux législatives, ces deux clusters placeraient la gauche unie en tête : 47% pour les Sociaux-Démocrates (3 points devant la majorité présidentielle) et 53% pour les Progressistes. C’est donc bien sur ces segments électoraux que se joueront, pour une large part, les résultats de ce scrutin législatif.
Enfin, dans cette hypothèse, des clusters peu politisés placeraient également la gauche unie très haut : 45% chez les Apolitiques et 41% chez les Eclectiques. Même un cluster comme les Réfractaires qui vote majoritairement pour Marine Le Pen, très « dégagiste » mais de gauche économique placeraient la gauche à 30%, pas loin derrière le RN à 44%.
On voit bien la dynamique qui pourrait s’enclencher dans une large partie de l’électorat, issue non seulement de la gauche radicale, de la « gauche de gouvernement » mais également d’électeurs abstentionnistes ou ne se plaçant plus sur le clivage « gauche/droite », qui semble se reconnaître dans cette offre de gauche unie.