Baromètre hebdomadaire S10 : Présidentielle 2022
Macron très largement en tête, Le Pen qualifiable au 2nd tour.
Emmanuel Macron continue sa hausse dans notre baromètre de la semaine, désormais à 29,5% (+1,5). Derrière Marine Le Pen crée l’écart, seule à 16% (+2) devant Jean-Luc Mélenchon. Éric Zemmour et Valérie Pécresse subissent chacun une forte baisse de 2,5 points cette semaine et se retrouvent désormais 4e et 5e à 12% et 10,5%.
Après les Conservateurs, Emmanuel Macron perce chez les Anti-Assistanat
La semaine dernière, nous avions mis en lumière la percée d’Emmanuel Macron dans le cluster des Conservateurs, cluster décisif car volatile. Emmanuel Macron avait semé la concurrence dans ce cluster qui se dispatche historiquement entre la droite et l’extrême droite. Le Président confirme son avance au sein de ce cluster cette semaine y réunissant toujours autour de 40% des intentions de vote.
La nouveauté cette semaine provient du basculement des Anti-Assistanat vers Emmanuel Macron. Ce cluster est également l’un des plus volatiles, généralement divisé entre les candidatures identitaires et la droite traditionnelle. Jusqu’ici Emmanuel Macron se trouvait plutôt en retrait par rapport aux candidatures de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour parmi les Anti-Assistanat. Cette semaine, il les dépasse et monte à 30% des intentions de vote. Ce cluster, qui est l’un des plus « légitimistes », l’un des plus attachés à l’ordre perçoit certainement en Emmanuel Macron le garant de l’ordre économique et social dans un contexte politique rendu plus incertain en raison de la situation instable en Ukraine.
Le coup de force d’Emmanuel Macron réside dans cette capacité à augmenter son score dans ces clusters radicaux, exclusivement de droite et « en même temps » de conserver sa large avance dans les clusters historiques du vote PS : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Enfin, pour la première fois depuis deux mois, Emmanuel Macron dépasse Valérie Pécresse chez les Libéraux, cluster qui avait voté à 60% pour François Fillon et représente historiquement le cœur électoral du vote LR.
Marine Le Pen distance Valérie Pécresse et Éric Zemmour grâce à un socle électoral fidèle
Marine Le Pen distance cette semaine Éric Zemmour de 4 points. C’est la première fois depuis l’entrée en campagne d’Éric Zemmour que Marine Le Pen dispose d’un tel écart avec son concurrent principal dans la bataille pour le vote des clusters les plus attachés aux thématiques identitaires.
Durant toute la campagne, c’est grâce à ses trois clusters-phares que Marine Le Pen est parvenue à se maintenir continuellement autour de la barre des 15%. Les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes sont des clusters de salariés et d’ouvriers, déclassés et en forte demande de protections tant sociales que culturelles. Ils composent le cœur de l’électorat lepéniste. Éric Zemmour qui a tout de même grapillé des électeurs de Le Pen dans ces clusters n’a pour l’heure jamais réussi à véritablement s’y imposer. Il demeure, cependant, le candidat préféré des Identitaires, cluster dans lequel Marine Le Pen était arrivée en tête en 2017. Ce cluster très radical sur les questions ethno-culturelles et plutôt de « droite économique » est logiquement séduit par le candidat le plus radical sur ces thématiques. Cependant, cela ne suffit pas. Éric Zemmour ne parvient pas pour l’instant à convaincre une part suffisante d’électeurs dans les clusters lepénistes et dans ceux qui étaient jusqu’à présents acquis à la droite traditionnelle pour espérer se qualifier au second tour.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon maintient son avance
Jean-Luc Mélenchon s’installe à la 3e place dans notre baromètre de la semaine. A l’instar de Marine Le Pen, l’insoumis dispose, depuis le début de la campagne, d’un socle fidèle et solide composé principalement des Multiculturalistes, des Solidaires et des Révoltés. A la différence de Marine Le Pen, la concurrence est, pour lui, moins rude sur ces clusters phares. Ni Yannick Jadot, ni Fabien Roussel ne semblent en mesure de convaincre une part importante de ces clusters de gauche radicale, ce qui assure à Jean-Luc Mélenchon une nette avance dans les sondages et lui permet de se présenter comme le « vote efficace » offrant la possibilité à un candidat de gauche d’accéder au second tour. Tout l’enjeu pour Jean-Luc Mélenchon est de parvenir à convaincre une part significative des autres clusters de gauche, en particulier des Progressistes et, dans une moindre mesure, des Sociaux-Démocrates de se tourner vers lui pour assurer une présence de gauche au second tour.
Vers une démobilisation électorale ?
Un des enjeux majeurs du 1er tour sera le niveau de l’abstention. Celle-ci pourrait être élevée, voire atteindre des niveaux records pour une élection présidentielle. On n’observe d’ailleurs aucune progression de la mobilisation alors que le scrutin approche. Nos graphiques ci-dessous montrent que les électeurs sont même moins nombreux que la semaine dernière à considérer que « l’élection présidentielle est plus importante que la précédente » ou qu’il « importe vraiment de savoir qui gagnera l’élection présidentielle ». Si l’abstention devait être très élevée, les scores des principaux candidats pourraient être bouleversés, en particulier celui de Marine Le Pen et dans une moindre mesure celui de Jean-Luc Mélenchon. La candidate du RN compte, en effet, dans sa coalition deux des clusters les plus abstentionnistes : les Réfractaires et les Eurosceptiques. Quant au candidat insoumis, il est particulièrement fort parmi les Révoltés, un cluster où l’abstention pourrait être record si l’élection se confirme comme étant un mauvais cru en termes de participation électorale.