Le Rassemblement National grand gagnant de la séquence ?
- Les Français clivés sur la tension à l’Assemblée Nationale
A l’issue d’une séquence tumultueuse au sein de l’Assemblée Nationale, les Français sont partagés à propos de la nature des débats qui s’y sont tenus. La moitié d’entre eux estime que ces débats sont justifiés « compte tenu de l’importance du sujet » tandis qu’une autre moitié estime que ces débats sont « indignes de l’institution parlementaire ». Logiquement, les Français les plus « antisystème » mais aussi les plus anti-réformes qui forment ce qu’on peut appeler « l’arc gilet-jaune », proches de LFI et du RN sont les moins « choqués » par ces images.
A l’inverse, les électeurs modérés du centre, et de la droite sont davantage indignés par les invectives et les polémiques des dernières semaines. 74% des électeurs d’Emmanuel Macron et 81% des électeurs de Valérie Pécresse estiment ainsi que les débats étaient « indignes ».
- Le Rassemblement National sort renforcé de la séquence parlementaire
38% des Français ont une opinion positive à propos de l’attitude du RN dans le cadre des débats sur la réforme des retraites. Le RN devance La France Insoumise qui réunit quant à elle 33% d’opinions positives. Les deux groupes parlementaires les mieux perçus sont logiquement ceux dont les deux leaders, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, sont cités régulièrement comme les premiers opposants à Emmanuel Macron. Dans ce contexte de mobilisation, on retrouve donc la « tripartition » dans laquelle la France est entrée à l’issue des élections présidentielle et législative de 2022. Notons toutefois que La France Insoumise est le groupe le plus clivant, qui suscite le plus de rejet avec 45% d’opinions très négatives.
Affaibli par une réforme impopulaire, Renaissance réunit « seulement » 29% d’opinions positives, un score qui se révèle particulièrement faible au sein de la fraction de gauche de l’électorat d’Emmanuel Macron : moins d’un tiers des Sociaux-Démocrates et des Progressistes ont une opinion positive de Renaissance alors qu’ils étaient près de 50% à choisir Emmanuel Macron lors du 1er tour en avril dernier. Un décrochage qui semble s’ancrer depuis plusieurs mois au sein de cet électorat, et pourrait s’avérer particulièrement problématique pour le Président de la République et Renaissance.
Les Républicains ne sortent pas renforcés de la séquence. Leur quête du « compromis » et d’une « amélioration » de la réforme n’est pas plébiscitée. Avec 27% d’opinions positives et seulement 3% d’opinions très positives, les débats à l’Assemblée n’ont pas convaincu leurs anciens électeurs. Ainsi au sein de deux clusters qui composaient jadis l’électorat de Nicolas Sarkozy, la perception de leur action est majoritairement négative : LR enregistre plus de 60% d’opinions négatives chez les « Conservateurs » et les « Anti-Assistanat ».
A l’inverse au sein de ces deux groupes, le RN récolte près de 50% d’opinions positives. Plus significatif, le RN obtient également 50% d’opinions positives au sein du cluster des Libéraux, un groupe aisé et élitaire, véritable barycentre de la coalition historique de la droite française.
La recherche de sérieux et la stratégie d’institutionnalisation du RN semblent donc porter ses fruits et ce de façon tout à fait tangible. Ces dernières semaines, de nombreux signaux semblent montrer un ancrage stable et durable du RN dans le cœur de l’ancien électorat de droite, au détriment de LR mais également de Renaissance.