Crédits image : Ukraine Presidency/Ukrainian / Zum aPress
Le sort de l’Ukraine continue de préoccuper les Français. Nous observons toutefois des signes de lassitude concernant le soutien à l’Ukraine. De même, son adhésion à l’Union Européenne ne fait pas consensus.
Les Français inquiets de l’issue de la guerre
L’inquiétude qui entoure l’issue de la guerre en Ukraine continue de préoccuper les Français. Ceux-ci mettent une note moyenne de 6,1 sur une échelle de 10 symbolisant leur niveau d’inquiétude concernant la fin de la guerre.
Les électeurs les plus « europhiles » se distinguent assez nettement avec une inquiétude dépassant 7/10 dans trois clusters très attachés à l’UE : les Sociaux-Démocrates, les Progressistes et les Centristes.
Des clusters qui se constituent le cœur du Macron et du vote Jadot, deux électorats dont on voit la préoccupation prégnante vis-à-vis du conflit, tandis que les électeurs Zemmour semblent être ceux qui s’en soucient le moins avec un note moyenne de 4,4/10.
Une ligne de clivage qu’on retrouve dans l’ensemble de l’étude.
1 Français sur 5 souhaite augmenter l’aide à l’Ukraine
Seuls 20% des sondés souhaitent que la France augmente son soutien militaire et stratégique à l’Ukraine. Au contraire, 39% souhaitent tendre vers une diminution ou un arrêt de ce soutien français. 26% pensent qu’il faut la maintenir au même niveau.
Les électeurs de droite radicale se distinguent par leur volonté de cesser le soutien à l’Ukraine. 47% des électeurs d’Eric Zemmour et 36% des électeurs de Marine Le Pen estiment qu’il faut « arrêter immédiatement » le soutien français à l’armée ukrainienne. A l’inverse, les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot souhaitent majoritairement le maintien ou l’augmentation des aides françaises au gouvernement de Volodymyr Zelensky.
Enfin, les positions sont aux antipodes selon la catégorie socio-professionnelle : les électeurs ouvriers et employés sont quasiment 50% à souhaiter l’arrêt ou la diminution des aides à l’Ukraine, contre seulement 29% pour les cadres.
Les Français incertains sur l’issue de la guerre
Cette réticence de l’opinion à poursuivre les aides en faveur de l’Ukraine trouve peut-être son explication dans l’incertitude qu’éprouvent les Français quant à l’issue de la guerre. 34% des sondés estiment que le plus « probable » est une victoire de la Russie, 32% considèrent qu’il n’y aura pas de vainqueur et 20% des sondés estiment que l’Ukraine finira par l’emporter.
Le temps ne semble donc pas jouer en faveur de Volodymyr Zelensky qui doit convaincre les gouvernements alliés de poursuivre leur soutien militaire si l’Ukraine souhaite l’emporter. Toutefois, ceux-ci doivent aussi composer avec leur opinion publique, qui, nous le voyons peut éprouver une certaine lassitude à aider un Etat dont les chances de victoire sont très incertaines.
Cependant, lorsqu’on interroge les Français sur l’issue la plus « souhaitable » et non pas la plus probable, alors, le soutien à l’Ukraine demeure majoritaire dans l’opinion. 53% des sondés souhaitent que l’Ukraine l’emporte contre 16% en faveur d’une victoire russe. Un pan non négligeable des Français – 26% – souhaitent qu’il n’y ait « aucun vainqueur », ce qui peut être interprété comme la volonté pour ces sondés que la guerre s’arrête le plus vite possible.
Une fois encore, ce sont les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot, suivis par ceux de Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon qui souhaitent le plus la victoire ukrainienne. 21% des électeurs de Marine Le Pen et 29% de ceux d’Eric Zemmour souhaitent une victoire russe. L’électorat populaire, ouvrier et employé se distingue très nettement des autres catégories socio-professionnelles. Seuls 33% des ouvriers souhaitent une victoire de l’Ukraine contre 63% des professions intermédiaires.
L’adhésion de l’Ukraine à l’UE clive et polarise l’électorat
Les Français sont partagés quant à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne. 49% y sont favorables contre 43% de défavorables. Surtout, cette adhésion suscite une assez forte polarisation avec des avis tranchés : 20% des sondés s’estiment « très favorables » et 24% « très défavorables ».
L’électorat macroniste est logiquement le plus favorable à ce processus. Avec 70% d’avis favorables, ces électeurs sont aux antipodes de ceux d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen qui sont environ 70% à s’y opposer.
Les autres électorats sont particulièrement clivés. Notons la difficulté pour la droite républicaine à se positionner sur ces sujets : les électeurs de Valérie Pécresse sont coupés en deux et le cluster phare de la droite traditionnelle, Les Libéraux, s’opposent à 66% à l’adhésion de l’Ukraine au sein de l’Union Européenne. Idem pour Jean-Luc Mélenchon qui dispose d’un électorat très hétérogène sur ce sujet, certains étant par humanisme et europhilie, tout à fait enclins à admettre l’adhésion ukrainienne quand une autre partie de son électorat, plus souverainiste, y semble tout à fait opposée.