Sondages

Sondage pour Le Point : L’Intelligence Artificielle menace-t-elle les emplois des Français ?

La moitié des actifs estime que leur travail pourrait être effectué par une Intelligence Artificielle

Les Français seront-ils demain « grand remplacés » par la technologie dans leur travail ? La moitié des actifs n’hésite pas à affirmer qu’une partie ou la totalité de leur travail pourrait être effectuée par une Intelligence Artificielle. Un peu moins nombreux, 38% des actifs estiment qu’un robot pourrait accomplir leur travail.  Toutefois, seuls 2 à 3% de sondés pensent que ces technologies sont en mesure d’accomplir la totalité de leur travail.

Alors que l’automatisation des lignes de production a surtout concerné les ouvriers et le secteur industriel dans les années 80 et 90, la robotisation et l’intelligence artificielle pourraient, demain, bouleverser la nature et l’existence de l’emploi de certains cadres et professions intermédiaires.

Ces derniers semblent conscients de ces changements possibles, en particulier en raison de l’irruption de l’IA. De même, les jeunes semblent se sentir plus concernés.

Ainsi, quasiment deux tiers des cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) estiment que l’IA pourrait accomplir leur travail en totalité ou partiellement contre « seulement » 24% des ouvriers. De même, 69% des 18-24 ans estiment cela possible contre 43% des 50-64 ans.

En outre, les « artisans, commerçants, chefs d’entreprise », ainsi que les ouvriers semblent se sentir moins substituables : moins d’un tiers d’entre eux estiment que leurs tâches peuvent être accomplies par un robot quand un cadre sur deux estime cela possible. Cependant, les ouvriers demeurent les plus vulnérables : ils sont, en effet, les plus nombreux (7%) à estimer que l’ensemble de leur métier pourrait être accompli par un robot.

S’ils se sentent plus concernés et plus « substituables », c’est aussi parce que les cadres sont plus optimistes et moins rétifs à ces évolutions que les catégories populaires. Ils sont ainsi 25% à vivre l’irruption de l’IA dans leur champ de compétence comme une « menace » contre 45% des employés. De même, 58% des employés et des ouvriers pensent que la robotisation menace leur avenir professionnel contre 29% des CPIS.

Cette profonde différence de confiance dans le progrès se retrouve dans un autre résultat de notre étude. 42% des Français se disent prêts à se faire opérer par un robot-chirurgien. Un résultat qui monte à plus de 65% dans les clusters Sociaux-Démocrates, Progressistes et Centristes, des clusters très citadins, diplômés, favorables à la mondialisation et au « progrès » de façon générale. 63% des électeurs d’Emmanuel Macron accepteraient de tenter l’expérience quand seulement 27% des électeurs de Marine Le Pen se disent quant à eux prêts à se faire opérer par un robot chirurgien.

En somme, dans le rapport qu’éprouvent les Français au progrès technique, on retrouve un profond clivage entre une France optimiste, citadine, diplômée, moins vulnérable et donc plus favorable au progrès technique et une France plus populaire, plus « périphérique », plus pessimiste face aux évolutions en cours, sans doute parce qu’elle a été davantage lésée ces dernières décennies par la désindustrialisation et les bouleversements du monde du travail.

CLUSTER17

Sondage pour Le Point sur la sexualité des Français

La sexualité des Français

  • Avoir des relations sexuelles régulières est important pour 61% des Français. Il est bien plus important pour les hommes que pour les femmes : Pour 75% des hommes, avoir des relations régulièrement est « important », contre 48% des femmes.
  • Autre donnée intéressante : les Français les plus aisés semblent avoir davantage besoin de relations sexuelles régulières. Plus de 70% des Français gagnant plus de 3 000€ par mois trouvent important d’avoir des relations régulières contre 50% environ pour les personnes en dessous de 1500€ par mois.
  • 41% des Français envisagent la possibilité d’avoir des relations sexuelles sans éprouver de sentiments. Ils sont plus nombreux à gauche : 51% des électeurs de Mélenchon et 50% des électeurs Jadot estiment qu’il est envisageable d’avoir ce type de relation dénué d’amour, contre 39% des électeurs Macron et 40% des électeurs Le Pen. Ce sont ainsi les trois clusters les plus à gauche culturellement de notre segmentation qui ont le moins besoin de sentiments amoureux : Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates et Progressistes, à plus de 50%. Est-ce la matérialisation d’une gauche plus épicurienne, plus sécularisée et donc plus « libérale » sur le plan des mœurs ?
  • Toujours est-il que les femmes ont davantage besoin de ressentir de l’amour pour leur partenaire : seule une femme sur trois envisage une relation sans sentiment contre plus d’un homme sur deux.
  • Les Français ont des relations sexuelles plutôt régulières : 44% des sondés disent en avoir eu au cours de la dernière semaine. Deux tiers des Français ont eu au moins une relation sexuelle dans le dernier mois.
  • Une cadence qui diminue avec l’âge : 34% des + de 65 ans ont eu une relation remontant à moins d’une semaine, et 22% des + de 75 ans. Dans cette dernière tranche d’âge, 39% des sondés disent que leur dernière relation sexuelle remonte à plus de 5 ans.
  • Les Français ont eu leur première relation sexuelle en moyenne à 17,7 ans. Les jeunes générations semblent plus précoces que leurs aînés : la moyenne chez les 18-24 ans est de 16,4 ans contre 19,5 ans chez les plus de 75 ans. Alors qu’ils sont plus jeunes que la moyenne des autres électorats, ce sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui prennent le plus leur temps : ceux-ci ont fait leur « première fois » en moyenne à 18,2 ans.
  • 36% des Français ont déjà utilisé un site ou une application de rencontre. Un chiffre qui monte à 56% chez les moins de 24 ans, démontrant la banalisation du recours à ces applis chez les jeunes générations. Cela devient un réseau social comme un autre. Meetic est le plus fréquenté avec 9% d’utilisateurs mais Tinder est bien l’appli star des jeunes : 39% des 18-24 ans l’ont déjà utilisé. Une appli toutefois très inégalitaire: 12% d’utilisateurs masculins contre 4% de femmes. Et un fort déterminisme social : 3% de non diplômés utilisent Tinder contre 13% de Bac +5. A l’inverse, une appli comme Badoo semble beaucoup plus « populaire » avec 11% d’utilisateurs chez les non diplômés.
  • 19% des Français disent avoir subi un ou des actes sexuels non consentis au cours de leur vie. Les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à en avoir été victimes : 30% d’entre elles ont déjà subi un acte non consenti contre 8% des hommes.
  • Un fait social qui contrairement à certaines idées reçues touche toutes les catégories de la population, en particulier les catégories populaires. Les Français gagnant plus de 5000€ par mois semblent en effet plus « à l’abri » avec seulement 8% de sondés qui déclarent avoir subi une violation de leur consentement.
  • En outre, notre étude révèle un certain éclectisme sexuel de la part des Français : 18% ont déjà eu une relation sexuelle avec une personne du même sexe, 17% avec plusieurs personnes en même temps. Un tiers des Français ont déjà expérimenté avec un partenaire qu’ils ne connaissaient pas : 42% d’hommes contre 27% de femmes.
  • Enfin 10% des sondés ont déjà eu une relation de type sexuelle via la webcam de leur ordinateur ou de leur téléphone. Une pratique nouvelle, utilisée logiquement par les plus jeunes : 23% des 18-24 ans ont déjà expérimenté cela contre 5% seulement des plus de 50 ans.
  • 87% des Français se disent hétérosexuels, 5% homosexuels, 5% bisexuels et 4% une autre identité. On repère des logiques d’âge très fortes témoignant d’une société qui évolue : 20% des 18-35 ans se disent homosexuel ou bisexuel contre seulement 8% en moyenne chez les plus de 35 ans et 4% chez les plus de 75 ans. Des identités indépendantes de toute logique idéologique et politique puisque au sein de l’électorat Pécresse que la part des personnes homosexuelles est la plus élevée (8% de son électorat).
  • Les logiques politiques sont plus prégnantes à propos de la vision de la famille au sein de la société. Pour 59% des Français, la famille hétérosexuelle avec des enfants n’est qu’un modèle parmi d’autres, 33% estiment qu’elle est le modèle qu’il faut encourager. Deux visions opposées qui ressortent bien au sein de notre segmentation idéologique : les cinq clusters les plus à gauche culturellement sont les moins « traditionnalistes » tandis que les clusters les plus à droite culturellement – à l’exception des Réfractaires  – sont les plus « conservateurs ». Ainsi environ 80% des électeurs Jadot et Mélenchon estiment que la famille ce n’est plus seulement « un papa, une maman » et des enfants comme le scandait les partisans de la « Manif pour tous ». Ces derniers se retrouvent d’ailleurs probablement en partie dans l’électorat Zemmour : 74% d’entre eux estiment ainsi qu’il faut encourager le modèle familial traditionnel.
  • Enfin, les Français de gauche sont plus sélectifs politiquement sur le plan amoureux : seuls 25% des Progressistes et des Multiculturalistes estiment pouvoir avoir une relation avec une personne aux convictions éloignées des leurs contre 55% en moyenne dans la population. Les électeurs de droite sont à l’inverse plus « ouverts » : 71% des électeurs de Pécresse et 65% des électeurs de Marine Le Pen sont prêts à nouer ce compromis idéologique au sein de leur couple.
CLUSTER17

Sondage pour Le Point : Quels sont les goûts culinaires des Français ?

Les Français toujours attachés à leur gastronomie

Les Français sont-ils chauvins lorsqu’on parle de cuisine et de gastronomie ? Sans aucun doute. Notre enquête pour Le Point révèle toutefois une disparité des opinions selon l’âge et l’appartenance idéologique des sondés.

Une large majorité – 69% des sondés – estiment que la cuisine française est « la meilleure du monde ». La cuisine italienne est quant à elle plébiscitée par 13% des Français, notamment les plus jeunes.

80% des électeurs d’Emmanuel Macron, de Marine Le Pen, de Valérie Pécresse et Eric Zemmour estiment que la cuisine française est meilleure que les autres. A l’inverse, « seulement » la moitié des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot placent la gastronomie française au sommet du classement. Les clusters Multiculturalistes et Progressistes, plus jeunes que la moyenne, sont sans surprise, les moins « chauvins » sur la question culinaire. Leur attrait pour une citoyenneté ouverte et métissée s’exprime ainsi ici : ils plébiscitent autant, voire plus en ce qui concerne les Progressistes, la cuisine du monde que la cuisine française.

Un clivage qui semble se renforcer selon l’âge : les jeunes semblent plus enclins à diversifier leurs goûts et leurs approches : 48% des 18-24 ans estiment que la gastronomie française est la meilleure du monde, soit 20 points de moins que la moyenne des sondés.

Aussi, nous retrouvons ces différence d’approche à propos du « repas idéal » des Français. Pour 60% des Français, le dîner de rêve est « un plat issu de la cuisine traditionnelle française », quand 15% salivent davantage sur un restaurant gastronomique et 10% sur un restaurant proposant des spécialités étrangères. 73% des électeurs de Marine Le Pen plébiscitent la cuisine traditionnelle française contre un électeur sur deux de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.

Conséquence peut-être d’un effet saisonnier, les Français optent à 16% pour un plateau de fruits de mer dans notre liste de plats proposés, 15% pour un bœuf bourguignon, 11% pour le magret de canard et 10% pour le traditionnel poulet / frites. Notons que le plateau de fruits de mer est bien plus apprécié par les Français les plus âgés que par les plus jeunes : 30% des plus de 75 ans l’ont cité en premier contre 1% des 18-24 ans. Ces derniers se démarquent à nouveau par un attrait prononcé en faveur d’une gastronomie plus internationale : ils sont ainsi, les plus nombreux – 14% – à citer les sushis comme étant leur plat préféré.

Par ailleurs, nous avons demandé aux Français leur fromage préféré. Le comté arrivé en tête avec 24% des sondés qui le placent en tête, devant l’emblématique camembert, 18%. Les moins de 25 ans se distinguent à nouveau par des goûts plus éclectiques : 25% d’entre eux préfèrent ainsi le parmesan ou la burrata, deux fromages venus d’Italie.

Enfin, symbolique du désintérêt et du rejet politique croissant, les Français ne semblent pas enclins à partager leur tablée avec le personnel politique. Malgré une liste exhaustive proposée, 34% des sondés disent ne vouloir manger avec aucune de ces personnalités. Un désintérêt qui s’exprime deux fois plus chez les femmes que chez les hommes. 23% des hommes n’expriment aucune préférence politique contre 44% des femmes. Toutefois un podium se détache : Jean Lassalle arrive en tête avec 9% de Français qui souhaiteraient partager un repas avec lui, dont 15% des hommes. Son image de « bon vivant » semble bien ancrée dans l’opinion et appréciée par celle-ci. Le Président de la République est deuxième avec 8% des sondés, principalement au sein de son électorat, qui voudraient partager un moment avec lui. Enfin, François Ruffin est troisième, avec 8% également.

Baromètre des personnalités n°14 : Marine Le Pen distance la concurrence

Chaque mois, Cluster17 publie son baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

Ce mois-ci Marine Le Pen progresse nettement de 4 points, retrouvant le niveau de soutien dont elle disposait à l’issue de la Présidentielle. Son dauphin potentiel, Jordan Bardella, se hisse à la 3eme place du classement avec une progression importante de 3 points.

Jean-Luc Mélenchon, stable, conserve la 2eme place du classement. Comme pour Marine Le Pen, il dispose d’un dauphin solide en la personne de François Ruffin, bien placé avec 13% de soutien à la 4eme place.

Le Président de la République semble quant à lui avoir enrayé sa chute, mais avec 11% de soutien politique, il dispose d’un maigre capital qui le place 5eme de notre classement. Par ailleurs, le niveau de rejet éprouvé par les Français envers sa personne demeure extrêmement élevé, à 66%.

Sondage pour Le Point : Intentions de vote aux élections Européennes

Elections européennes : trois « blocs » politiques au coude-à-coude

En cas de candidature NUPES, la gauche arriverait en tête avec 27% des intentions de vote devant le RN à 25% et la majorité présidentielle, 23%.

La NUPES fédérerait un électorat assez similaire à celui des législatives de juin 2022, s’appuyant d’abord très largement sur les segments de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon mais également sur une partie de l’électorat plus modéré appartenant aux clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes.

En cas de division, le total des voix de la gauche serait supérieur et passerait à 35%. Dans cette hypothèse, le RN reste stable à 24% tandis que la majorité présidentielle perdrait quant à elle des voix et chuterait à 19,5%.

Cela s’explique par la dispersion d’une partie de l’électorat de gauche modérée qui en cas de candidature NUPES unie, se tournerait vers la liste soutenue par la majorité présidentielle. Dans un scénario de gauche divisée, cet électorat se disperserait entre toutes les nuances de gauche. C’est ainsi que les rapports de force à gauche sont resserrés, avec LFI et EELV qui sont estimés à 11%, le PS à 9% et le PCF à 4%.

Le Rassemblement National n’est quant à lui soumis à aucune variation en fonction des scénarios de campagne. Son électorat est stable et s’est renforcé ces derniers mois. Notons que le rapport de force à l’extrême droite est également très stable : une candidature Reconquête portée par Éric Zemmour et Marion Maréchal réaliserait un score assez semblable à celui de la présidentielle, autour de 7% des suffrages, emportant l’adhésion principalement du cluster Identitaire, le plus radical sur les questions migratoires et sécuritaires.

Enfin, Les Républicains résistent, entre 7,5% et 8,5% des voix selon les scénarios. Une partie importante du cluster des Libéraux, qui constitue le cœur historique de son électorat, se tournerait vers la liste LR, au détriment de la majorité présidentielle qui avait su activer le « vote utile » lors de la présidentielle pour arrimer une majorité de ce cluster à la candidature d’Emmanuel Macron.

La majorité présidentielle semble relativement fragilisée par la séquence « retraites ». Son socle s’effrite sans s’effondrer et semble se recentrer sur les clusters les plus modérés et les plus dépolitisés. Son aile gauche comme son aile droite pourraient profiter de cette élection pour revenir à des votes « de cœur » plus que « de raison » et marquer ainsi son désaccord avec la politique du Président de la République.

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Sondage pour Le Point : Les Français en attente d’un « en même temps » en matière fiscale

Les Français dans l’attente d’un « en même temps » fiscal

Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé vouloir baisser les impôts des « classes moyennes » qui gagnent « entre 1500 et 2500 euros par mois », nous avons voulu sonder le rapport des Français au système fiscal. Trois quarts des sondés le trouvent « injuste », dont un quart estime même qu’il est « tout à fait injuste ». Ce sentiment est majoritaire dans l’ensemble des clusters. Pour des raisons différentes, le système d’imposition français semble entraîner défiance, insatisfaction, incompréhension. C’est au sein des électorats les plus « rupturistes » et antisystèmes que ce sentiment d’injustice est le plus diffus. On retrouve ici « l’arc contestataire » des clusters proches des gilets jaunes qui va des Solidaires et Multiculturalistes jusqu’aux groupes plus proches du RN : Réfractaires et Sociaux-Patriotes. Plus de 80% des électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon trouvent ainsi le système fiscal « injuste ».
Toutefois, les raisons de cette défiance fiscale sont diverses et s’inscrivent dans des sensibilités idéologiques. Ainsi, les Français sont partagés sur un point : 53% d’entre eux estiment qu’ils payent « trop » d’impôts quand 43% estiment payer « juste ce qu’il faut ». La dimension idéologique de la question se révèle dans le fait que les électeurs de gauche partagent majoritairement le sentiment de payer leur juste part quand les électeurs de droite et du Rassemblement National sont plus enclins à se dire « trop taxés ».
Notons que le sentiment de payer « trop » progresse logiquement en fonction du niveau de revenus des répondants. Et notamment à partir des Français déclarant gagner plus de 1750 euros. Les Français ayant des revenus situés entre 1100€ et 1750€ sont en moyenne 45% à estimer payer trop d’impôts quand ceux gagnant entre 1750€ et 2500€ sont 58% à penser qu’ils payent trop.
Le ciblage opéré par Emmanuel Macron semble donc pertinent et s’adresse aux Français qui s’estiment particulièrement lésés.
Ce choix de « baisser les impôts des classes moyennes » est par ailleurs plébiscité par un tiers des sondés dans notre enquête. Cependant, une majorité de Français semblent souhaiter « en même temps » une hausse de l’imposition des plus riches. Ainsi 40% des sondés estiment qu’il faut augmenter les impôts des plus fortunés. Ce sont les deux mesures fiscales plébiscitées dans notre enquête. Si les électeurs de gauche sont naturellement les plus favorables à cette hausse d’impôts des plus aisés, ce souhait est partagé par un tiers de l’électorat de Marine Le Pen et 22% des électeurs d’Emmanuel Macron.
En somme, ce que semble réclamer une majorité de Français, c’est une progressivité de l’impôt plus importante qui prélèverait moins « les classes moyennes », c’est-à-dire la part importante des Français qui gagnent entre 1500 et 2500 euros par mois, mais qui prélèverait davantage les plus aisés.
Un relatif consensus se dégage dans l’opinion pour définir le « seuil de la richesse ». Les Français interrogés le placent en moyenne à 6180€ de revenus mensuels. Les clusters les plus populaires le placent à un niveau plus proche de 5500€ mais les écarts sont faibles entre clusters, démontrant qu’il existe un large consensus sur qui peut être considéré comme « riche » dans notre pays.

mixite-sociale

Sondage pour Le Point : La mixité sociale à l’école n’emballe pas les Français

Un tiers des Français favorables à ce que l’Etat intervienne en faveur de la mixité dans les écoles

A propos de la qualité de l’enseignement, l’école publique fait face à une forme de doute dans l’opinion. 19% des sondés disent lui faire plus confiance qu’au privé, tandis que 36% estiment à l’inverse faire davantage confiance au privé pour la qualité de l’enseignement qui y est diffusée. 27% font confiance aux deux, et un Français sur dix n’a pas confiance dans l’école qu’elle soit privée ou publique.

Logiquement, ce sont les publics de gauche qui disent avoir le plus confiance dans l’école publique. Ainsi le cluster Multiculturaliste qui est un groupe de gauche culturelle radicale, composée de nombreux enseignants, est celui qui accorde le plus sa confiance à l’école publique, à 61%.

Toutefois, y compris à gauche, les positionnements sont nuancés, et on ne décèle pas de ressentiment « anti-privé », bien au contraire. Les groupes de gauche modérée, plus aisés et diplômés que la moyenne, sont parmi ceux qui disent le plus faire confiance à la fois au privé et au public.

Les groupes populaires Réfractaires et Sociaux-Patriotes proches du RN font quant à eux bien plus confiance au privé, quasiment dans les mêmes proportions que les groupes élitaires de droite traditionnelle.

La question du financement public des écoles privées reste particulièrement clivante : 42% des Français sont favorables à la suppression de ces financements de l’Etat alloués aux écoles privées pour assurer leur fonctionnement, alors que 49% sont contre leur suppression. L’électorat le plus favorable à la suppression des subventions publiques est celui de Jean-Luc Mélenchon, et des trois clusters qui lui sont le plus favorables : les Multiculturalistes, les Solidaires et les Révoltés. On décèle ici la tradition politique de la gauche jacobine et socialiste en faveur d’une grande école publique, égalitaire et hostile au privé, qui perdure ainsi au sein d’une fraction de l’électorat de gauche.

En dehors de cet électorat, les positionnements des Français sont bien plus partagés, de telle sorte qu’il n’y a que très peu de segments de l’opinion au sein desquels la suppression des subventions publiques est majoritaire.

Enfin, seul un tiers des Français interrogés se positionnent en faveur d’une loi qui viserait à imposer une plus grande mixité sociale dans les établissements scolaires. Il n’y a qu’au sein des clusters Solidaires, Progressistes et Multiculturalistes, donc dans des groupes bien ancrés à gauche, que cette mesure est majoritaire. Plus de la moitié des Français estime à l’inverse qu’il faut laisser aux écoles privées le libre choix de leurs élèves comme c’est le cas actuellement. Un Français sur six n’a pas d’opinion sur le sujet.

En faisant preuve de volontarisme sur la question de la mixité sociale, le Ministre de l’Education prend donc le risque de cliver l’électorat du Président de la République. Seule la fraction de gauche de cet électorat présidentiel, et encore pas de façon unanime loin de là, pourrait être séduit par des actions contraignantes en faveur de plus de mixité.

Plus globalement, ce qui ressort de cette étude, c’est combien l’image de l’école publique est en train de se détériorer aux yeux d’une partie de la population. Rendre l’école publique de nouveau attractive, en particulier par rapport au privé, est un chantier prioritaire si les pouvoirs publics veulent éviter le développement toujours plus évident d’un système scolaire à deux vitesses.

Sondage pour Le Point : La route est encore longue pour Laurent Wauquiez

La route est encore longue pour Laurent Wauquiez

  • Le premier enseignement de notre enquête est l’attente éprouvée par les électeurs de droite de la refondation d’une grande organisation incarnant cet espace politique et prête à gagner et à gouverner. Ainsi, 49% des Français espèrent le retour d’un grand parti de droite, type RPR ou UMP. Une attente partagée par 95% des électeurs de Valérie Pécresse et 83% des électeurs d’Éric Zemmour.

Les résultats par clusters permettent de bien comprendre de quoi se composait la coalition sociologique et électorale qui avait permis à Nicolas Sarkozy d’accéder au pouvoir en 2007 et qu’il faut aujourd’hui réunir à nouveau si la droite veut espérer gagner les élections. Cette coalition va d’un cluster modéré pro-Macron comme les Centristes, qui sont 70% à espérer le retour d’un grand parti de droite aux clusters les plus à droite sur le plan des valeurs : les Anti-Assistanat et les Identitaires qui sont 63% et 70% à également souhaiter le retour d’un grand parti de gouvernement. Le cluster phare de la droite traditionnelle, Les Libéraux, sont 84% à se dire favorable à ce projet, de même que 60% des Conservateurs, un cluster plus âgé, plutôt modéré et demandeur de stabilité.

Ce sont ces quatre familles d’électeurs qu’il s’agit de convaincre en premier lieu pour la droite si elle veut espérer retrouver le niveau qui fut le sien jusqu’à l’avènement du macronisme et la montée en puissance du RN.

  • Cependant, la route est encore longue pour Laurent Wauquiez au sein de ces cinq clusters. 35% des Français disent bien le connaître, seuls 4% « très bien » le connaître. Plus décisif, sa notoriété est relativement faible dans l’ensemble des clusters cibles de la droite. Même les plus politisés et diplômés, Les Libéraux ne sont que 39% à bien connaître Laurent Wauquiez. Seul un électeur sur deux de Valérie Pécresse et d’Éric Zemmour disent bien le connaître. Il faut cependant souligner qu’un tel déficit de notoriété n’est qu’un handicap relatif. Car il offre la possibilité de se construire une image et une identité politique susceptible de rencontrer les attentes d’une partie des Français et de satisfaire la demande des segments de l’électorat (clusters) que l’on s’est fixé pour objectif de rassembler. 
  • Les Français identifient plutôt bien le positionnement politique de Laurent Wauquiez. Vu comme un homme de droite par 78% des Français, il est perçu comme étant « très à droite » par les électeurs de gauche et comme « à droite » ou « plutôt à droite » dans l’électorat de droite, signe d’un positionnement plutôt en phase avec son électorat potentiel.
  • Le potentiel de Laurent Wauquiez semble pour l’instant limité. Seuls 23% des sondés « souhaitent que Laurent Wauquiez un joue un rôle plus important dans les années à venir ». C’est au sein des clusters historiques de la droite qu’il est tout de même le plus attendu, avec 45% de moyenne chez les Conservateurs, les Libéraux, les Anti-Assistanat et les Identitaires. Plus d’un électeur sur deux d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse semble également espérer que Laurent Wauquiez s’impose comme l’un des leaders de la droite.
  • Pas encore déclaré, et volontairement en retrait de la vie politique nationale, les chances de victoire de Laurent Wauquiez sont encore faibles dans l’esprit des Français : seuls 16% des sondés estiment qu’il a « une chance de gagner l’élection présidentielle en 2027 ». Rappelons à titre de comparaison que deux tiers des Français estimaient que Marine Le Pen avait une chance de gagner la prochaine présidentielle dans un précédent sondage Cluster17 réalisé pour Le Point.
  • Discret médiatiquement, Laurent Wauquiez doit non seulement monter en notoriété mais aussi améliorer son image et son positionnement pour convaincre plus largement. Un Français sur quatre et un électeur de droite sur deux estiment qu’il a « la stature d’un Président de la République ». Seuls 28% des sondés le trouvent « proche des préoccupations des Français » et 26% l’estiment capable de « mener les réformes nécessaires » pour le pays. Enfin, 38% des Français interrogés le jugent « compétent ». Une qualité qui lui est reconnue par 70% des électeurs de droite, ce qui est loin d’être négligeable.

En outre, le challenge à relever pour Laurent Wauquiez est de trouver les positionnements politiques qui permettront de sortir la Droite de la tenaille Macron-Le Pen et ainsi réunifier un électorat actuellement dispersé entre Renaissance, le RN et les Républicains.

Comme le montre notre question sur le potentiel électoral des principales personnalités politiques, Laurent Wauquiez dispose d’une bonne côte d’estime dans les clusters cibles de la droite traditionnelle mais il apparaît aujourd’hui comme un deuxième voire un troisième choix, distancé par Marine Le Pen, en ce qui concerne la fraction la plus à droite de son électorat potentiel et par Edouard Philippe, sur la frange plus modérée. Pour tenter de réunifier l’électorat de la droite française, la clusterisation indique la marche à suivre : adopter un positionnement fort sur les enjeux identitaires, répondre à la demande d’ordre, s’adresser à la France qui « se lève tôt » et rejette l’assistanat, et enfin, afficher sa compétence et sa capacité à gouverner le pays.

Baromètre de personnalités n°13 : un paysage politique en voie de recomposition ?

Chaque mois, Cluster17 publie son baromètre de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous plaçons en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien » politique. Cela nous semble plus prédictif du potentiel électoral d’une personnalité ; la « sympathie » étant un élément subjectif moins discriminant, favorisant des figures plus « consensuelles » et, pour cette raison, moins explicatif des comportements électoraux.

A l’issue de notre baromètre de personnalité du mois d’avril, nous posions la question de savoir si nous assistions à la fin du « macronisme ». La crise politique et sociale engendrée par la réforme des retraites entraîne en effet une érosion importante du socle électoral de la majorité présidentielle. La côte de soutien au Président de la République a chuté quasiment dans l’ensemble des clusters qui formaient sa coalition en avril 2022, des Sociaux-Démocrates aux Conservateurs, en passant par les Centristes. Il reste stable ce mois-ci mais perd tout de même une place et se trouve 5eme de notre classement après en avoir occupé 6 fois la tête depuis avril 2022.

Si le camp présidentiel est affaibli, la base politique des deux autres fractions qui composent la tripartition politique demeurent stables, voire en légère progression.

Ainsi, le niveau de soutien à Marine Le Pen augmente à un niveau qu’elle n’avait pas atteint depuis les lendemains de l’élection présidentielle, à 17%. Celui de Jean-Luc Mélenchon reste également relativement élevé, à 14%.

Enfin, leurs « dauphins » respectifs, François Ruffin et Jordan Bardella, occupent la 3e et 4e place du classement.

Le problème de la majorité présidentielle réside en partie dans l’absence de successeurs potentiels à Emmanuel Macron. Edouard Philippe conserve un bon niveau de sympathie dans notre classement (25%) mais ne dispose plus que de 8% de soutien, affecté lui aussi par l’impopularité de la réforme des retraites dans l’opinion.

Sondage pour Le Point : Un Français sur deux ne croit plus en l’efficacité du vote

De la réforme des retraites au divorce démocratique ?

52% des Français seulement estiment que le vote est le moyen le plus efficace « de peser sur les décisions politiques » dans notre enquête. L’autre moitié des Français sondés se partagent entre les actions violentes (15%), les manifestations (14%), et aucun de ces moyens pour 13%.

La démocratie représentative telle qu’elle est exercée semble fatiguée et fortement contestée par une part substantielle de la population. Les Français les plus aisés et disposant du plus fort capital économique et culturels sont les plus « croyants » dans le vote. Ainsi, 79% des électeurs d’Emmanuel Macron et 72% des électeurs de Valérie Pécresse pensent qu’il est le meilleur moyen de se faire entendre quand 20 à 25% des électeurs de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prônent l’action violente. Plus largement, ce sont les groupes qui ont le plus participé au mouvement des gilets jaunes qui sont les plus en rupture avec le vote : les groupes de gauche « rupturistes » proches de Jean-Luc Mélenchon : Multiculturalistes, Révoltés et Solidaires, ainsi que les clusters populaires proches de Marine Le Pen : les Sociaux-Patriotes, les Eurosceptiques et les Réfractaires. Enfin, il y a un clivage générationnel important : seuls 35% des 18-24 sans croient dans la force du bulletin de vote contre 65% des plus de 75 ans.

Ces chiffres sont naturellement à contextualiser : la crise ouverte par la réforme des retraites, succédant à celle des gilets jaunes en 2018 sont des éléments de nature à alimenter la déception et le ressentiment des électeurs qui étaient déjà les plus hostiles au gouvernement et au Président de la République. Toutefois, le « désenchantement démocratique » ne touche pas uniquement les franges les plus « radicales » de l’électorat : ainsi seule la moitié des clusters de la gauche modérée (Sociaux-Démocrates et Progressistes) estime que le bulletin de vote demeure le meilleur outil pour peser.

Nous avons mesuré plus précisément cette insatisfaction en demandant aux Français de noter le degré de démocratie de leur pays. Ceux-ci placent une note inférieure à la moyenne : 4,5 / 10. Des résultats qui recouvrent ici aussi un clivage puissant entre la France « qui va bien », aisée et diplômée et une France plus « populaire », pessimiste et révoltée.

Ainsi, les Centristes et les Libéraux qui sont les deux clusters les plus aisés de notre segmentation sont les plus « satisfaits » par le degré de démocratie avec une note moyenne de 7,6 et 6,3, quand les Révoltés et les Eurosceptiques, les deux clusters les plus populaires et les plus radicaux de notre segmentation sont les plus critiques avec une note moyenne de 2,4 sur 10.

Cela dénote d’une importante convergence entre déclassement économique, radicalité politique et défiance démocratique.

Enfin, 61% des Français indiquent vouloir passer à « un régime parlementaire » : ici aussi les résultats sont à interpréter dans le contexte politique du « macronisme ». La figure d’Emmanuel Macron cristallise les oppositions et est de nature à faire croître le désir d’amenuir le pouvoir présidentiel. Environ 80% électeurs de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont ainsi favorables à un tel changement de régime, contre un tiers seulement des électeurs du Président de la République.

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