Sondages

Cluster17 cta

Sondage pour Le Point : le soutien timide des Français à l’Ukraine

Crédits image : Ukraine Presidency/Ukrainian / Zum aPress

Le sort de l’Ukraine continue de préoccuper les Français. Nous observons toutefois des signes de lassitude concernant le soutien à l’Ukraine. De même, son adhésion à l’Union Européenne ne fait pas consensus.

Les Français inquiets de l’issue de la guerre

L’inquiétude qui entoure l’issue de la guerre en Ukraine continue de préoccuper les Français. Ceux-ci mettent une note moyenne de 6,1 sur une échelle de 10 symbolisant leur niveau d’inquiétude concernant la fin de la guerre.

Les électeurs les plus « europhiles » se distinguent assez nettement avec une inquiétude dépassant 7/10 dans trois clusters très attachés à l’UE : les Sociaux-Démocrates, les Progressistes et les Centristes.

Des clusters qui se constituent le cœur du Macron et du vote Jadot, deux électorats dont on voit la préoccupation prégnante vis-à-vis du conflit, tandis que les électeurs Zemmour semblent être ceux qui s’en soucient le moins avec un note moyenne de 4,4/10.

Une ligne de clivage qu’on retrouve dans l’ensemble de l’étude.

1 Français sur 5 souhaite augmenter l’aide à l’Ukraine

Seuls 20% des sondés souhaitent que la France augmente son soutien militaire et stratégique à l’Ukraine. Au contraire, 39% souhaitent tendre vers une diminution ou un arrêt de ce soutien français. 26% pensent qu’il faut la maintenir au même niveau.

Les électeurs de droite radicale se distinguent par leur volonté de cesser le soutien à l’Ukraine. 47% des électeurs d’Eric Zemmour et 36% des électeurs de Marine Le Pen estiment qu’il faut « arrêter immédiatement » le soutien français à l’armée ukrainienne. A l’inverse, les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot souhaitent majoritairement le maintien ou l’augmentation des aides françaises au gouvernement de Volodymyr Zelensky.

Enfin, les positions sont aux antipodes selon la catégorie socio-professionnelle : les électeurs ouvriers et employés sont quasiment 50% à souhaiter l’arrêt ou la diminution des aides à l’Ukraine, contre seulement 29% pour les cadres.

Les Français incertains sur l’issue de la guerre

Cette réticence de l’opinion à poursuivre les aides en faveur de l’Ukraine trouve peut-être son explication dans l’incertitude qu’éprouvent les Français quant à l’issue de la guerre. 34% des sondés estiment que le plus « probable » est une victoire de la Russie, 32% considèrent qu’il n’y aura pas de vainqueur et 20% des sondés estiment que l’Ukraine finira par l’emporter.
Le temps ne semble donc pas jouer en faveur de Volodymyr Zelensky qui doit convaincre les gouvernements alliés de poursuivre leur soutien militaire si l’Ukraine souhaite l’emporter. Toutefois, ceux-ci doivent aussi composer avec leur opinion publique, qui, nous le voyons peut éprouver une certaine lassitude à aider un Etat dont les chances de victoire sont très incertaines.

Cependant, lorsqu’on interroge les Français sur l’issue la plus « souhaitable » et non pas la plus probable, alors, le soutien à l’Ukraine demeure majoritaire dans l’opinion. 53% des sondés souhaitent que l’Ukraine l’emporte contre 16% en faveur d’une victoire russe. Un pan non négligeable des Français – 26% – souhaitent qu’il n’y ait « aucun vainqueur », ce qui peut être interprété comme la volonté pour ces sondés que la guerre s’arrête le plus vite possible.

Une fois encore, ce sont les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot, suivis par ceux de Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon qui souhaitent le plus la victoire ukrainienne. 21% des électeurs de Marine Le Pen et 29% de ceux d’Eric Zemmour souhaitent une victoire russe. L’électorat populaire, ouvrier et employé se distingue très nettement des autres catégories socio-professionnelles. Seuls 33% des ouvriers souhaitent une victoire de l’Ukraine contre 63% des professions intermédiaires.

L’adhésion de l’Ukraine à l’UE clive et polarise l’électorat

Les Français sont partagés quant à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne. 49% y sont favorables contre 43% de défavorables. Surtout, cette adhésion suscite une assez forte polarisation avec des avis tranchés : 20% des sondés s’estiment « très favorables » et 24% « très défavorables ».

L’électorat macroniste est logiquement le plus favorable à ce processus. Avec 70% d’avis favorables, ces électeurs sont aux antipodes de ceux d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen qui sont environ 70% à s’y opposer.

Les autres électorats sont particulièrement clivés. Notons la difficulté pour la droite républicaine à se positionner sur ces sujets : les électeurs de Valérie Pécresse sont coupés en deux et le cluster phare de la droite traditionnelle, Les Libéraux, s’opposent à 66% à l’adhésion de l’Ukraine au sein de l’Union Européenne. Idem pour Jean-Luc Mélenchon qui dispose d’un électorat très hétérogène sur ce sujet, certains étant par humanisme et europhilie, tout à fait enclins à admettre l’adhésion ukrainienne quand une autre partie de son électorat, plus souverainiste, y semble tout à fait opposée.

Photo1705330142

Baromètre des personnalités Décembre 2023: Marine Le Pen en tête du classement 

Baromètre des personnalités Décembre 2023: Marine Le Pen en tête du classement 

Marine Le Pen est en tête de ce classement de décembre avec 37% d’opinions favorablesdont 17% soutiennent ses idées. Son noyau électoral n’a cessé de se consolider autour des clusters populaires qui ont porté sa candidature en 2022, tout en s’étendant à des clusters moins « rupturistes », démontrant les réussites de la stratégie de banalisation menée par le RN depuis la présidentielle.

Gabriel Attal est 2eme avec 36% d’opinions favorables. Il s’est imposé comme LA personnalité de la macronie. Il séduit largement l’électorat d’Emmanuel Macron de 2022, s’imposant en tête des clusters qui ont porté sa candidature. Le succès de Gabriel Attal s’explique en partie par sa capacité à fédérer « l’aile gauche » et « l’aile droite » de la macronie, un équilibre difficile que peinent à maintenir d’autres figures de l’exécutif comme Edouard Philippe ou Gérald Darmanin.

Enfin, François Ruffin est le 3eme homme de ce classement. Avec 36% d’opinions favorables, il attire principalement l’électorat de Jean-Luc Mélenchon 2022, un électorat en demande de rupture tant sur le plan économique que sur le plan institutionnel. Toutefois, à l’inverse du triple candidat à la présidentielle, l’élu de la Somme parvient à séduire une partie de l’électorat de gauche modérée s’imposant de fait comme la personnalité de gauche la plus populaire du classement.

Decentralisation

Les Français favorables à davantage de décentralisation

Les Français favorables à davantage de pouvoir pour les régions

Attachés à leur région, les Français semblent souhaiter davantage de décentralisation selon notre étude réalisée pour Le Point.

73% des sondés considèrent que leur région possède une identité qui lui est propre. C’est dans les clusters les plus sensibles à l’identité française que l’on est aussi le plus sensible à l’identité régionale. 84% des Sociaux-Patriotes ou des Identitaires sont d’accord avec cette affirmation, 100% des Eurosceptiques ou encore 91% des Conservateurs. A l’inverse, les clusters moins sensibles aux questions d’identité sont moins affirmatifs. 65% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon reconnaissent une identité à leur région contre 91% des électeurs d’Eric Zemmour.

C’est au sein de la Corse, de l’Occitanie, de la Bretagne et de la Normandie que l’on est le plus sensibles à l’identité régionale : 90% à 100% des sondés vivant dans ces régions estiment que leur région a une identité propre. Pour les habitants d’Ile de France c’est « seulement » 54%.

42% des Français sont autant attachés à leur région qu’à la France. 31% demeurent plus attachés à la France qu’à leur région et enfin 13% des sondés vibrent davantage pour leur région que pour leur pays. 7% des interrogés ne sont attachés ni à l’un ni à l’autre.

Les électeurs d’Eric Zemmour et d’Emmanuel Macron sont les moins « régionalistes » : respectivement 3% et 6% font passer leur région avant la France. 17% des électeurs de Marine Le Pen et 18% de ceux de Yannick Jadot s’estiment plus attachés à leur région qu’à la France. Aussi, c’est logiquement dans les régions où les revendications régionalistes sont les plus présentes que cette affirmation trouve le plus d’écho. C’est le cas de 57% des sondés Corses, de 35% des Normands, de 30% des Bretons ou encore de 30% des habitants du Grand-Est.

La majorité des Français semblent prêts à donner plus de pouvoir et plus de liberté d’action aux régions : 58% des sondés considèrent qu’il faut donner « plus de pouvoir aux régions afin qu’elles choisissent leurs propres règles au plus près des besoins des individus ». A l’inverse, 42% des Français interrogés estiment que cela remettrait en cause « l’unité de la République et créerait des inégalités entre les Français ». C’est au sein des électorats de Valérie Pécresse et d’Eric Zemmour qu’on trouve le plus de sondés opposés à des nouveaux transferts de pouvoirs aux régions : 57% de leurs électeurs s’y opposent. A l’inverse, les électeurs de Marine Le Pen sont 75% à souhaiter davantage de décentralisation. Dans la même logique, 62% des sondés sont favorables au développement de l’enseignement des langues régionales dans les écoles publiques. C’est le cas de 86% des 18-24 ans, une catégorie de sondés qui dans l’ensemble de l’étude se montre une des plus favorables au « régionalisme ».

Enfin, alors que le Président de la République a annoncé qu’il était prêt à aller vers une modification de la Constitution consacrant l’autonomie de la Corse, 47% des Français interrogés se montrent favorables à cette réforme majeure. 42% des Français y sont opposés et 11% des sondés ne se prononcent pas. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Yannick Jadot sont près de 60% à approuver cette autonomie de la Corse. Les électeurs de Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont quant à eux majoritairement opposés à ce changement de Constitution.

sondage cluster17 Le Point

Sondage pour Le Point : Les Français sont-ils déclinistes ?

Non seulement c’était mieux avant, mais c’est horrible aujourd’hui et ce sera pire demain. Un syndrome qui se rapproche de la nostalgie résumée par Barbara Cassin en ces termes : « Aujourd’hui, on est moins sûr que ce sera mieux demain. C’est hier que c’était mieux demain, et c’est de cet hier d’espoir que j’ai la nostalgie »[1]. Un état mélangeant déclin et nostalgie, un « pessimisme social » amplement analysé par Antoine Bristielle et Tristan Guerra[2]. A ce pessimisme social, se superpose selon notre étude un « ailleurisme », une représentation d’un idéal lointain ou proche (l’Amérique et la Suisse font figure d’eldorado) que la France serait en incapacité d’offrir.

Pour des raisons très différentes, jeunes et séniors, électeurs de gauche ou de droite, citadins et ruraux semblent très largement frappés par ce sentiment de pessimisme.

Même les points forts français énoncés spontanément par les sondés se réfèrent au passé du pays ou tout du moins à son patrimoine immatériel (culture, tourisme, gastronomie). Le système social est lui aussi un élément fondamental, très apprécié par les Français. Mais il est certainement perçu, comme le patrimoine, comme un élément menacé par l’époque et donc « à défendre ».

  • Le pessimisme à l’égard du pays, premier symptôme du déclinisme

Notre enquête vient confirmer de nombreuses études déjà réalisées sur le sujet. Il convient de distinguer le pessimisme individuel du pessimisme collectif. Le premier est plus relatif : 46% des sondés sont pessimistes sur leur avenir personnel. Un sentiment partagé en premier lieu par les classes populaires et par les électeurs identitaires, proches du Rassemblement National. A l’inverse les électeurs modérés et les classes supérieures sont relativement optimistes. Se dessine ainsi une des principales fractures entre les électorats de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron.

Le pessimisme collectif est lui beaucoup plus répandu : 83% des sondés sont pessimistes pour l’avenir de la France. Le sentiment est partagé dans toutes les classes d’âge, toutes les classes sociales et tous les électorats.

Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron et de Yannick Jadot se distinguent par un optimisme relativement plus élevé. Notons que 1% des sondés seulement se dit « très optimiste » pour le pays, quand 35% se disent « très pessimistes ».

Il est d’ailleurs à noter que les Français s’inquiètent davantage pour les générations futures que pour eux-mêmes. Ils sont 70% à penser que leur situation est meilleure ou similaire à celle de leur parent mais dans le même temps, ils sont 77% à penser que les générations futures vivront moins bien que les générations actuelles.

  • « C’est mieux ailleurs », second symptôme du déclinisme

Un des enseignements majeurs de notre étude est l’agrégation du pessimisme et de « l’ailleurisme ». La déprime française est vécue intra-muros, ce n’est pas du nihilisme qui serait une forme de rejet ou de négation absolue du bonheur, ni un pessimisme universel qui consisterait à considérer que « le monde va mal ». Non, il existe bien un idéal, mais il est impossible de se le représenter ici, il se trouve extra-muros.

62% des sondés pensent ainsi qu’il existe un autre pays que la France où il est plus agréable de vivre. Seuls 16% estiment l’inverse. 22% ne se prononcent pas. Un sentiment répandu de façon transversal, partagé par tous les clusters mais de façon plus prégnante encore chez les électeurs les plus à droite. Alors qu’on s’imagine des citoyens plus « enracinés », plus à même de penser que la France est le meilleur du pays, ceux-ci sont au contraire les plus critiques et les plus tournés vers l’étranger.

Les électeurs identitaires sont donc à la fois les plus « pessimistes » et les plus « ailleuristes ». Ils sont de loin les plus touchés par le déclinisme.

De même, quand 54% des sondés estiment qu’il existe un autre pays que la France où l’on peut mieux réussir sa vie, environ 70% des électeurs de droite partagent ce constat.  Comment ne pas voir dans les réponses des sondés, un déclin ou à tout le moins un « transfert civilisationnel », tel que le définit Régis Debray[3] au profit du monde anglo-saxon ?

L’Amérique du Nord (les Etats-Unis et le Canada) est en effet plébiscité comme la terre de tous les succès : ces deux pays sont de très loin les plus cités par les personnes interrogées comme étant les deux pays où l’on réussit mieux qu’en France. Le troisième pays est la Suisse qui fait figure également de véritable eldorado. Il est cité en premier comme pays plus agréable à vivre. Le pays de Rousseau ou celui de Roosevelt, les Français plébiscitent des pays qui se veulent des modèles de libéralisme, au sens global du terme, traduisant ainsi les tiraillements pluriséculaires des Français entre égalitarisme et libéralisme.

  • Le sentiment que « c’était mieux avant » est fortement corrélé à l’axe identitaire mais pas uniquement

Une large majorité de sondés, 71%, estime que globalement « c’était mieux avant ». Un sentiment partagé quasiment deux fois plus au sein de l’électorat de droite et « ni droite ni gauche », qu’au sein de l’électorat de gauche et du centre. Dans les clusters qui partagent un socle de valeurs hostiles à l’immigration, à l’islam et au « progressisme » culturel, les scores peuvent monter à presque 100%. C’est le cas chez les Identitaires et les Sociaux-Patriotes par exemple.

A l’inverse, au sein des clusters à fort capital culturel et au socle de valeurs progressiste, on est majoritairement en désaccord avec l’idée du « c’était mieux avant » : Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates, Progressistes et Centristes sont environ un tiers uniquement à considérer que la France était mieux avant. Notons que ces clusters ont des valeurs communes mais diffèrent largement sur d’autres aspects de leur valeur et sur leur vote. Les Multiculturalistes sont favorables à un changement profond du système politique et économique et votent largement pour M. Mélenchon quand les Sociaux-Démocrates et les Centristes sont des réformistes qui votent majoritairement pour M. Macron. Résumons les choses ainsi : à gauche, la radicalité ne puise pas (complètement) sa source dans un sentiment décliniste. Chez les électeurs de droite, au contraire, c’est un puissant vecteur d’identification politique qui fédère électorats populaires « marinistes » et électeurs de droite « fillonnistes » et qui s’accroit avec la radicalité. Plus un électeur est conservateur, plus il est décliniste.

  • La crise identitaire, principale cause de la francetalgie

Si ces électeurs conservateurs et identitaires partagent quasi-unanimement le sentiment que le pays décline, se délite, se « défigure », c’est avant tout pour des raisons touchant à l’identité culturelle du pays.

Lorsqu’on interroge les Français en question ouverte sur ce qu’ils considèrent être le problème principal de la France, les occurrences relatives à l’immigration sont les plus nombreuses. La question sécuritaire est la troisième à être la plus citée. Le rejet des politiques et des élus en place s’exprime également de façon prégnante.

Le sentiment d’être menacé culturellement est encore plus probant lorsqu’on regarde les occurrences qui arrivent en tête sur ce que les sondés considèrent être le principal atout du pays. Les expressions relatives à la culture arrivent en tête, devant le tourisme, l’histoire et la gastronomie. Un patrimoine immatériel, chéri par une partie des Français et perçu comme « en danger », menacé entre autres par l’immigration.

  • Le système éducatif, incarnation du sentiment de déclin


Lorsqu’on interroge les Français dans le détail sur ce qui fonctionne mieux avant ou ailleurs qu’en France, des consensus se dégagent plus nettement. Si logiquement, la condition des femmes, celle des homosexuels ou l’accès à la culture sont des éléments plébiscités par les sondés comme étant mieux aujourd’hui qu’hier, d’autres aspects coalisent le pessimisme.

Ainsi, pour 85% des sondés, l’Ecole était mieux avant qu’aujourd’hui et pour 69%, le système éducatif est « mieux dans la plupart des autres pays » que la France. Si le constat est si dur, c’est parce que l’Ecole joue en France un rôle quasiment mythologique. L’état de l’opinion sur le sujet résonne si durement qu’on peut le rapprocher de celui qui suivit la défaite française en 1871 quand des intellectuels comme Emile Boutmy assimilait la défaite militaire « à la défaite de l’intelligence et de l’Université française ». Le clivage entre les tenants des « savoirs fondamentaux », notamment l’enseignement du grec et du latin et les défenseurs d’une pédagogie plus adaptée à la modernité était déjà tenace et fait écho aux débats actuels (uniforme, réforme du bac, etc.).

Si le sentiment que le système scolaire était mieux avant est légèrement plus répandu chez les électeurs de droite que ceux se positionnant à gauche, le constat est largement partagé. Certainement pour des raisons différentes : absence d’autorité et laxisme pour les premiers, reproduction des inégalités pour les seconds. 

  • Quel récit politique dans une France nostalgique ?


Les résultats de cette étude peuvent sembler vertigineux tant le malaise français semble profond. On mesure les difficultés des politiques à gouverner et à offrir un récit audible pour les Français, eux-mêmes étant largement désignés comme responsable du malaise. Comme nous l’avons présenté, à partir du moment où le déclinisme est une rupture avec l’espace-temps, nous pouvons même nous interroger sur le fait de savoir si une partie des Français n’a pas fait sécession avec le réel. Dans ce contexte, toutes sortes de croyances, de récits mytho-politiques peuvent se développer. C’est sur ces frictions entre le réel souhaité et le réel vécu, entre le vrai et le faux, en particulier sur les questions écologiques, que prospèrent ces récits mis en exergue par une partie des nouveaux leaders mondiaux, comme nous l’avons déjà évoqué dans des études précédentes[4].

L’incapacité à se projeter « ici et maintenant » laisse probablement le champ libre à ceux qui proposent de regarder ailleurs et hier.

Résultats complets du sondage :


[1] https://www.lemonde.fr/livres/article/2023/11/15/barbara-cassin-philosophe-j-ai-la-nostalgie-de-cet-hier-ou-je-pouvais-croire-que-ce-serait-mieux-demain_6200308_3260.html

[2] Antoine Bristielle, Tristan Guerra, déclinisme et nostalgie : un cocktail français, Fondation Jean Jaurès, 2021 https://www.jean-jaures.org/publication/declinisme-et-nostalgie-un-cocktail-francais/

[3] Régis Debray, Civilisation – Comment nous sommes devenus américains, Gallimard, 2017

[4] Voir Jean-Yves Dormagen, Comprendre le nouveau clivage écologique, Le Grand Continent

https://legrandcontinent.eu/fr/2023/11/07/comprendre-le-nouveau-clivage-ecologique-donnees-inedites/?utm_source=brevo&utm_campaign=Grand%20Continent_Ecologie_novembre%2023&utm_medium=email
Cluster17 cta

Étude pour Le Point : La France d’Uber Eats vs la France d’Amazon

La France d’Uber Eats VS La France d’Amazon : citadins mondialistes contre ruraux patriotes

Notre nouvelle étude pour Le Point vient démontrer une nouvelle fois combien les valeurs, la géographie, les modes de vie et les choix de consommation sont imbriqués.
Concernant les plateformes de livraison de repas à domicile, le profil-type du consommateur s’apparente à un étudiant de gauche vivant dans une métropole.
19% des Français disent utiliser des plateformes de livraison de repas. Un chiffre qui s’élève à 46% au sein du cluster des Progressistes. Les électeurs se positionnant « très à gauche » sont les plus nombreux à utiliser ces plateformes : 29% contre 18% des électeurs de droite ou 15% des électeurs du centre. Logiquement, les 18-24 ans représentent la clientèle première : 44% disent utiliser la livraison de repas contre 6% des retraités. Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont également deux fois plus nombreux que les ouvriers à se faire livrer leurs repas (37% vs 18%). Quasiment absentes dans les petites villes, les plateformes de livraison trouvent leur clientèle principalement dans les villes moyennes et les métropoles : un tiers des sondés habitants dans les villes de plus de de 30 000 habitants ont déjà eu recours à des services de livraison de repas contre moins de 10% pour les habitants de villes de moins de 10 000 habitants.
UberEats est la plateforme phare du marché avec 72% des consommateurs qui disent l’avoir déjà utilisé, devant Deliveroo (21% des consommateurs) et JustEat (3%).
La livraison de biens par internet est quant à elle plus démocratisée : 76% des Français disent y avoir recours. Et parmi ces utilisateurs, plus de 30% y ont même recours plus de 2 fois par mois. Si la consommation par internet est aujourd’hui largement répandue, elle est toutefois plus fréquente chez certains groupes : ainsi les deux clusters qui utilisent le plus la livraison sont les Sociaux-Patriotes et les Identitaires, deux groupes aux positionnements très à droite sur les questions sécuritaires et culturelles. Globalement, les électeurs se positionnant à droite utilisent plus fréquemment la livraison de biens. Ils sont environ 40% à l’utiliser plus de deux fois par mois, quand les électeurs de gauche sont entre 20 et 30% à y recourir plus de deux fois par mois. La distinction ne se fait pas sur la pratique – répandue dans tous les groupes – mais sur la fréquence d’utilisation de ces plateformes.
Nous décelons également une distinction dans le choix des plateformes. Amazon truste largement le marché : 67% des sondés disent avoir déjà commandé sur Amazon (7% sur la FNAC, 6% sur Cdiscount).
Mais les systèmes de valeur sont très prédictifs du rapport à ces plateformes. Les Identitaires sont deux fois plus nombreux à utiliser Amazon (81%) que les Multiculturalistes (44%). Les deux clusters aux antipodes sont également les plus polarisés sur leur rapport avec la multinationale de Jeff Bezos. Ainsi, pour des considérations idéologiques mais également de type de biens consommés, les électeurs de gauche sont deux à trois plus nombreux à recourir à la Fnac qu’à Amazon.
Si nous devions résumer grossièrement les résultats de notre étude, nous pourrions dire que la France d’Amazon est le miroir inversé de la France Uber Eats : la première est nationale-identitaire quand la seconde est mondialiste-libérale. Amazon est utilisée davantage au sein de la France rurale et périphérique quand la seconde est utilisée principalement par des citadins.
Nuançons en disant que personne ne semble résister à l’utilisation de ces plateformes qui se sont imposées comme des lieux de consommation mainstream.
Cela étant dit, leur modèle économique et social est largement mis en cause dans l’opinion, notamment par les citoyens de gauche. 75% des Français trouvent leur modèle insatisfaisant. Une critique qui s’élève à presque 90% chez les Français se positionnant à gauche.
De quoi envisager des changements de paradigme ? 69% des sondés disent qu’ils utiliseront les plateformes de livraison de repas ou de biens à la même fréquence dans les mois à venir. Un Français sur cinq envisage quand même de réduire sa consommation, dont 44% pour les Français les plus à gauche.
Signe d’une forte demande de transformation sociale de ces plateformes, une majorité de Français – 54% – se dit prête à payer 20% plus cher leur livraison si les livreurs étaient mieux rémunérés.

Sondage pour Le Point sur la crise de la NUPES et l’avenir de la gauche

La gauche recule, le RN avance

  • Si l’on revotait, Marine Le Pen serait en tête

Nous avons demandé aux Français leur intention de vote si avait lieu le 1er tour de l’élection présidentielle, avec la même offre politique qu’en 2022. Marine Le Pen en sortirait grande gagnante avec 29,5% d’intentions de vote, une progression de 6 points. Jean-Luc Mélenchon voit lui son socle s’éroder et perd 5 points, à 17,5%. Emmanuel Macron perdrait lui 3 points, mais serait aisément qualifié au second tour avec 24,5%.

La progression de Marine Le Pen s’effectue principalement sur son socle d’électeurs populaires, sociaux et conservateurs. Mais également dans la droite identitaire, au détriment d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse. La candidate LR serait en recul à 3,5%. Symbole de la pénétration du RN au sein de l’électorat traditionnel de la droite et de la crise des LR, Marine Le Pen arriverait 2e derrière Emmanuel Macron chez les Libéraux avec 20% d’électeurs dans ce cluster phare de la droite, qui avait voté à 60% pour François Fillon en 2017.

Le recul de Jean-Luc Mélenchon s’observe au sein des groupes de gauche modérée qui s’était portée sur sa candidature dans les dernières heures de la campagne, dans un réflexe de vote utile et de barrage à Marine Le Pen. Dès lors, l’insoumis retrouve un socle plus restreint mais tout de même relativement élevé, à 17,5%. L’offre politique à gauche telle qu’elle était proposée en avril 2022 demeure trop faible pour concurrencer Jean-Luc Mélenchon, en particulier dans le cœur de l’électorat de gauche traditionnel.

La tripartition de la vie politique produit donc, pour l’instant, une relative stabilité. Le Président de la République, malgré les remous du début de son second quinquennat, conserve un niveau électoral assez proche de celui de 2017 et de 2022. Le sentiment que sa politique se « droitise » a tout de même des effets sur son électorat de centre gauche. Il accuse une perte de 10 points chez les Sociaux-Démocrates. Parallèlement, dans cette configuration politique, le Président bénéficierait des suffrages d’un électeur sur cinq de Valérie Pécresse.

  • Marine Le Pen et Gabriel Attal, personnalités les plus attendues par les Français

Marine Le Pen ne dispose pas seulement d’une assise électorale solide, elle recueille une véritable popularité dans l’opinion. 40% des sondés souhaitent ainsi qu’elle joue « un rôle important dans les mois et les années à venir ». Pas de lassitude donc au sein de son électorat même si son « dauphin », Jordan Bardella jouit également d’une belle côte d’avenir : 34% des sondés souhaitent qu’il prenne plus de responsabilités dans les prochaines années.

Marine Le Pen est en tête de classement, devant un nouveau prétendant, Gabriel Attal. Le ministre de l’Education nationale assoit sa popularité dans l’électorat. 39% des sondés souhaitent le voir jouer « un rôle important » dans la période à venir. Au sein de la majorité présidentielle, il devance Edouard Philippe, cité par 36% des Français interrogés.

A gauche, François Ruffin, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon forment le trio de tête. 32% des sondés souhaitent que le député de la Somme prenne plus de poids à l’avenir (dont 12% tout à fait). Premier à gauche, François Ruffin s’impose un peu plus dans l’opinion comme un successeur potentiel de Jean-Luc Mélenchon. C’est au sein du même segment électoral, celui de la gauche rupturiste, que l’ancien journaliste séduit le plus, tout en disposant d’une meilleure image dans la gauche modérée.

  • Jean-Luc Mélenchon maintient son leadership à gauche

Toutefois lorsqu’on interroge les Français sur la personnalité qui représente le mieux la gauche aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon devance d’une courte tête son potentiel « dauphin ». Le triple candidat à la présidentielle est cité par 20% des Français. C’est au sein des trois clusters qui forment le noyau dur de sa coalition électorale que Jean-Luc Mélenchon fait le plein de popularité. La « fidélité » de cet électoral radical permet à Jean-Luc Mélenchon de maintenir son leadership sur la gauche.

François Ruffin, 3e du classement avec 18% dispose également d’une bonne côte dans l’électorat de gauche et dans des clusters modérés comme les Sociaux-Républicains et les Apolitiques.

Fabien Roussel est 2e de ce classement, intercalé entre les deux insoumis. Le leader du Parti Communiste recueille le soutien de 19% de Français. Sa popularité est plus problématique en termes de perspectives électorales car elle se trouve surtout à droite de l’électorat. Il est ainsi plébiscité par 26% des électeurs se positionnant à droite, 23% des électeurs du centre et 13% des électeurs de gauche.

En somme, c’est la dispersion des « voix » au sein des électeurs de gauche modérée qui assure la prospérité de Jean-Luc Mélenchon qui fait le plein au sein de la gauche radicale.

  • La NUPES rejetée par les Français

Les conséquences des conflits qui traversent les partis composant la NUPES ces derniers jours sont profondes dans l’opinion. L’alliance est fortement rejetée par une majorité de sondés. 63% des Français interrogés sont défavorables à cette union, dont 50% « très défavorables ». A gauche, le rejet est plus nuancé : 36% des électeurs de gauche se disent défavorables, et même 25% « très défavorables », symbolisant la crispation provoquée aujourd’hui par cette coalition au sein même de son électorat potentiel.

Le bilan de la NUPES est lui aussi jugé très durement : 73% des sondés estiment qu’il est négatif, dont 55% estiment même qu’il est « tout à fait » négatif. Le constat n’est guère plus réjouissant à gauche : 44% des électeurs de gauche jugent le bilan de la NUPES globalement négatif.

Dans ce contexte, la décision du Parti Communiste Français de se mettre en retrait de la NUPES est largement approuvée par l’opinion : 69% sont d’accord avec le parti dirigé par Fabien Roussel. La décision divise davantage la gauche, avec une moitié qui approuve la mise en retrait du PCF et l’autre moitié qui la désapprouve.

Les problèmes de la NUPES sont ainsi résumés : elle fédère contre elle une très large majorité de l’opinion et divise son propre électorat potentiel en deux moitiés quasiment équivalentes.

1er-tour-de-la-presidentielle

Sondage pour Le Point : 18 mois après le 1er tour de la présidentielle, Marine Le Pen en forte progression

Si l’on revotait, Marine Le Pen serait en tête

Nous avons demandé aux Français leur intention de vote si avait lieu le 1er tour de l’élection présidentielle, avec la même offre politique qu’en 2022. Marine Le Pen en sortirait grande gagnante avec 29,5% d’intentions de vote, une progression de 6 points. Jean-Luc Mélenchon voit lui son socle s’éroder et perd 5 points, à 17,5%. Emmanuel Macron perdrait lui 3 points, mais serait aisément qualifié au second tour avec 24,5%.

La progression de Marine Le Pen s’effectue principalement sur son socle d’électeurs populaires, sociaux et conservateurs. Mais également dans la droite identitaire, au détriment d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse. La candidate LR serait en recul à 3,5%. Symbole de la pénétration du RN au sein de l’électorat traditionnel de la droite et de la crise des LR, Marine Le Pen arriverait 2e derrière Emmanuel Macron chez les Libéraux avec 20% d’électeurs dans ce cluster phare de la droite, qui avait voté à 60% pour François Fillon en 2017.

Le recul de Jean-Luc Mélenchon s’observe au sein des groupes de gauche modérée qui s’était portée sur sa candidature dans les dernières heures de la campagne, dans un réflexe de vote utile et de barrage à Marine Le Pen. Dès lors, l’insoumis retrouve un socle plus restreint mais tout de même relativement élevé, à 17,5%. L’offre politique à gauche telle qu’elle était proposée en avril 2022 demeure trop faible pour concurrencer Jean-Luc Mélenchon, en particulier dans le cœur de l’électorat de gauche traditionnel.

La tripartition de la vie politique produit donc, pour l’instant, une relative stabilité. Le Président de la République, malgré les remous du début de son second quinquennat, conserve un niveau électoral assez proche de celui de 2017 et de 2022. Le sentiment que sa politique se « droitise » a tout de même des effets sur son électorat de centre gauche. Il accuse une perte de 10 points chez les Sociaux-Démocrates. Parallèlement, dans cette configuration politique, le Président bénéficierait des suffrages d’un électeur sur cinq de Valérie Pécresse.

Sondage le point fin de vie

Sondage pour Le Point : Les Français majoritairement pour l’aide active à mourir

Les Français majoritairement favorables à l’euthanasie et au suicide assisté

Alors que le Président de la République cherche le bon moyen de légiférer sur ce sujet prétendu « inflammable », les Français ne sont pas si polarisés sur la question de la fin de vie. Le clivage semble toutefois se structurer selon le sentiment d’appartenance religieuse des répondants.

On observe un consensus très large dans la population, en faveur de l’euthanasie. 83% des sondés s’y disent favorables, dont 47% s’y disent même très favorables. Les électeurs de la droite radicale et identitaire y sont les moins favorables avec un peu plus de 25% des électeurs d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen qui se disent hostiles à l’euthanasie. C’est surtout selon le niveau de « religiosité » des répondants que l’on décèle d’importants clivages : ainsi, 47% de ceux qui croient et pratiquent une religion sont favorables à l’euthanasie ; c’est 82% chez les simples croyants et 92% des non croyants.

Une majorité – moins importante – de sondés se disent également favorables au suicide assisté (le fait de fournir un accompagnement et les moyens nécessaires à une personne qui a fait le choix de se suicider). Deux tiers des Français soutiennent son autorisation par loi. C’est au sein des groupes d’électeurs de gauche que l’on est le plus favorables à l’autorisation du suicide assisté avec près de 80% de soutien au sein des Multiculturalistes, des Progressistes, des Sociaux-Démocrates, des Solidaires… Les clusters de droite, à forte composante catholique, comme les Libéraux ou les Conservateurs sont beaucoup plus clivés. Au sein de l’électorat d’Eric Zemmour, l’opposition au suicide assisté s’élève à 67%, quand à l’inverse, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont près de 75% à se dire favorables à son autorisation.

Malgré ce relatif consensus en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, les Français sont pour la mise en place de critères dans le cadre de l’autorisation de ces deux procédures.

13% des sondés estiment qu’il ne faut aucun critère dans le cadre de la pratique de l’euthanasie. 67% souhaitent l’imposition d’une « condition médicale » et 10% voudraient qu’il existe un critère d’âge.

88% des sondés se montrent par ailleurs favorables à ce qu’il y ait un accompagnement pour évaluer le discernement des patients qui souhaitent être euthanasiés.  La mise en place d’une clause de conscience est plus clivante : 58% des Français interrogés y seraient favorables. 20% sont contre et 17% n’ont pas d’avis sur la question.

L’autorisation de l’euthanasie et du suicide assisté est-elle inflammable ? A priori, non. 3 à 4% des sondés se disent prêts à manifester en cas de vote d’une telle loi. C’est au sein des clusters qui avaient été à l’avant-garde du mouvement contre le mariage pour tous que l’on détecte la plus grande hostilité. Chez les Identitaires et les Libéraux, deux clusters de droite, conservateurs, aisés, diplômés, très majoritairement catholiques, 11% des sondés se disent ainsi prêts à manifester.

Le soutien à la loi l’emporte largement dans l’opinion : 74% soutiendraient une loi autorisant l’euthanasie et 61% pour une loi autorisant le suicide assisté.

Cluster17 cta

Sondage pour Marianne sur la perception de la France insoumise dans les banlieues

  • La notoriété des principales personnalités politiques de La France Insoumise est assez faible. Deux personnalités se distinguent toutefois : Jean-Luc Mélenchon qui dispose d’une moyenne de notoriété de 6,6 dans le pays (6,4 en QPV) et François Ruffin qui récolte une note moyenne de 6,1 (5,6 en QPV). Globalement, nous ne notons pas de différence de notoriété entre population globale et population des quartiers prioritaires. Idem pour le parti : LFI dispose quasiment exactement de la même note de notoriété en population générale et en QPV (5,8 vs 5,9).
  • Cependant, LFI dispose d’une bien meilleure image en QPV. Alors qu’en dehors des QPV le mouvement est jugé inquiétant par 50% des sondés, ce n’est le cas que de 36% des répondants en QPV. Idem, 42% des Français hors QPV jugent le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, un score qui tombe à 29% en QPV.
  • A l’affirmation « LFI comprend mes problèmes quotidiens », les sondés hors-QPV mettent une note moyenne de 2,5/10. C’est presque le double au sein des QPV, avec 4/10 de moyenne.
  • Ce différentiel d’image est confirmé par la perception du mouvement durant les émeutes du mois de juin. 8% des Français hors-QPV se sont sentis bien représentés par LFI contre 16% des Français vivant dans les quartiers prioritaires. Notons tout de même que ces derniers sont 48% à dire qu’aucun parti ne les a bien représentés durant ces émeutes (43% des sondés hors QPV). Notons que le parti qui a le « mieux » représenté les Français est le RN, cité par 17% des sondés, qu’ils soient habitants QPV ou non.
  • Sur les thématiques sociales et sur la question du pouvoir d’achat notamment, LFI l’emporte sur le RN au sein des QPV : 28% de ces habitants font confiance au parti de Jean-Luc Mélenchon (contre 16% en dehors des QPV). 17% font confiance au parti de Marine Le Pen. 41% ne font confiance à aucun des partis proposés.
  • Dans les positionnements sur certains clivages économiques, les habitants des QPV se montrent légèrement plus redistributifs et moins libéraux que leurs concitoyens. Ils sont ainsi 56% à estimer que « les riches ne paient pas assez d’impôts » contre 43% des habitants hors-QPV. De même, s’ils sont 53% à estimer qu’il y a trop de règles et de contraintes administratives en France, c’est 11 points de plus, 64%, en dehors des quartiers prioritaires. Notons que l’affirmation selon laquelle « La France consacre trop d’argent aux étrangers » est la troisième affirmation à récolter le plus de soutien, que cela soit au sein de la population QPV et hors-QPV: respectivement 46% et 45% des sondés sont d’accord avec cette phrase.
  • Les préoccupations principales des Français en dehors des QPV sont la santé (92%), l’éducation (91%) et la vie chère (76%). C’est le même podium au sein des QPV. La vie chère est un sujet encore plus prégnant pour ces derniers (85% en font une priorité). Des différences notoires existent tout de même : « Les discriminations visant les musulmans » sont une préoccupation pour 34% des habitants des QPV contre « seulement » 18% en dehors des QPV. De même, les violences policières sont citées par 34% des sondés en dehors des QPV. C’est 45%, 11 points de plus au sein des QPV.
  • L’interdiction de l’abaya est également davantage perçue comme une diversion et une prise de position raciste et islamophobe au sein des QPV qu’en dehors. Ainsi ces derniers sont 49% à partager ce sentiment contre 34% hors-QPV.
Cluster17 cta

Sondage pour Le Point : Les Français touchés par la crise du logement

Les Français sont touchés de plein fouet par la flambée des taux d’intérêt qui met en tension le marché de l’immobilier. Le marché locatif n’est pas non épargné par les difficultés.

89% des sondés estiment ainsi qu’il est aujourd’hui difficile de louer un logement, dont 37% affirment que c’est « très difficile ». Idem pour l’achat : 92% des Français considèrent qu’il est difficile d’accéder à la propriété aujourd’hui.

Toutefois, 1 Français sur 5 envisage d’acheter un logement dans les deux prochaines années. C’est le cas, en particulier, des plus jeunes et des plus diplômés qui vont chercher à accéder à leur premier logement.

Parmi les difficultés rencontrées par les sondés souhaitant acheter un logement, les plus citées sont le prix des biens immobiliers et les taux d’emprunt trop élevés.

Qui est responsable de cette crise du logement ?

Nous retrouvons ici l’inconscient jacobin français : L’Etat est jugé responsable en premier lieu de la crise, cité par 30% des sondés, principalement au sein des électeurs de droite populaire et identitaire. Les banques sont également pointées du doigt, par 23% des sondés. Un sentiment partagé par 40% des électeurs de Valérie Pécresse. 15% des Français ciblent également les plateformes de location courte durée comme Airbnb, régulièrement accusées d’entretenir des comportements spéculatifs sur le marché. Enfin, 11% des sondés estiment que les Français qui font l’acquisition de résidence secondaire sont en cause dans la crise du logement. Un sentiment davantage partagé au sein de la gauche radicale.

Dans les solutions proposées pour faciliter l’accès à l’immobilier, un quart des sondés estime qu’il faut d’abord simplifier l’accès au crédit immobilier et réduire les garanties excessives demandées par les banques. C’est le cas principalement des électeurs de la droite populaire et identitaire. Cette piste est plébiscitée par 40% des électeurs d’Eric Zemmour.

16% des sondés, notamment les plus à gauche économiquement, considèrent qu’il faut encadrer les prix des loyers.  L’interdiction des plateformes comme AirBnb est également prônée par 15% des Français interrogés.

Deux pistes mises partiellement en place dans certaines métropoles du pays, qui visiblement entrent en résonnance avec une partie de l’opinion.

Trouver mon Cluster