Sondage pour Le Point : L’Intelligence Artificielle menace-t-elle les emplois des Français ?
La moitié des actifs estime que leur travail pourrait être effectué par une Intelligence Artificielle
Les Français seront-ils demain « grand remplacés » par la technologie dans leur travail ? La moitié des actifs n’hésite pas à affirmer qu’une partie ou la totalité de leur travail pourrait être effectuée par une Intelligence Artificielle. Un peu moins nombreux, 38% des actifs estiment qu’un robot pourrait accomplir leur travail. Toutefois, seuls 2 à 3% de sondés pensent que ces technologies sont en mesure d’accomplir la totalité de leur travail.
Alors que l’automatisation des lignes de production a surtout concerné les ouvriers et le secteur industriel dans les années 80 et 90, la robotisation et l’intelligence artificielle pourraient, demain, bouleverser la nature et l’existence de l’emploi de certains cadres et professions intermédiaires.
Ces derniers semblent conscients de ces changements possibles, en particulier en raison de l’irruption de l’IA. De même, les jeunes semblent se sentir plus concernés.
Ainsi, quasiment deux tiers des cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) estiment que l’IA pourrait accomplir leur travail en totalité ou partiellement contre « seulement » 24% des ouvriers. De même, 69% des 18-24 ans estiment cela possible contre 43% des 50-64 ans.
En outre, les « artisans, commerçants, chefs d’entreprise », ainsi que les ouvriers semblent se sentir moins substituables : moins d’un tiers d’entre eux estiment que leurs tâches peuvent être accomplies par un robot quand un cadre sur deux estime cela possible. Cependant, les ouvriers demeurent les plus vulnérables : ils sont, en effet, les plus nombreux (7%) à estimer que l’ensemble de leur métier pourrait être accompli par un robot.
S’ils se sentent plus concernés et plus « substituables », c’est aussi parce que les cadres sont plus optimistes et moins rétifs à ces évolutions que les catégories populaires. Ils sont ainsi 25% à vivre l’irruption de l’IA dans leur champ de compétence comme une « menace » contre 45% des employés. De même, 58% des employés et des ouvriers pensent que la robotisation menace leur avenir professionnel contre 29% des CPIS.
Cette profonde différence de confiance dans le progrès se retrouve dans un autre résultat de notre étude. 42% des Français se disent prêts à se faire opérer par un robot-chirurgien. Un résultat qui monte à plus de 65% dans les clusters Sociaux-Démocrates, Progressistes et Centristes, des clusters très citadins, diplômés, favorables à la mondialisation et au « progrès » de façon générale. 63% des électeurs d’Emmanuel Macron accepteraient de tenter l’expérience quand seulement 27% des électeurs de Marine Le Pen se disent quant à eux prêts à se faire opérer par un robot chirurgien.
En somme, dans le rapport qu’éprouvent les Français au progrès technique, on retrouve un profond clivage entre une France optimiste, citadine, diplômée, moins vulnérable et donc plus favorable au progrès technique et une France plus populaire, plus « périphérique », plus pessimiste face aux évolutions en cours, sans doute parce qu’elle a été davantage lésée ces dernières décennies par la désindustrialisation et les bouleversements du monde du travail.