Analyses

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Sondage exclusif pour Marianne : le regard des Français sur « l’union des droites »

Questionnés sur une éventuelle alliance entre Les Républicains, l’Union des droites pour la République et le Rassemblement national en vue des prochaines élections législatives, 37% des Français s’y déclarent favorables. Près d’un répondant sur deux (48%) se dit défavorable à une telle union. Les électeurs de droite et d’extrême droite se prononcent cependant bien davantage en faveur de ce rapprochement : 83% de l’électorat RN aux dernières élections européennes y est favorable et 55% de l’électorat LR à ces mêmes élections. On remarque aussi que l’électorat zemmouriste voit d’un bon œil cette union des droites, avec 88% de personnes favorables.

Pourtant, les électorats de LR et du RN ne semblent pas aujourd’hui considérer que les opinions et idées défendues par ces deux partis soient particulièrement proches. Le « score de porosité » (0 signifiant que les opinions et idées défendues sont très éloignées et 10 très proches), qui atteint 5,7 dans l’ensemble du panel, est seulement de 5,8 en ce qui concerne l’électorat RN et baisse même à 5,5 parmi les électeurs LR. Avec une note de 6,5 chez les électeurs LFI et 6,2 chez les électeurs écologistes, ce sont les électeurs de gauche qui voient le plus de proximité entre Les Républicains et le Rassemblement national.

La majorité des sondés considère qu’une alliance profiterait davantage au Rassemblement national (58%), contre 10% seulement qui pensent que cela serait davantage bénéfique aux Républicains. Près d’un répondant sur cinq (18%) estime que les deux partis profiteraient autant d’une telle union.

Avec 17% de mentions, Jordan Bardella est selon les répondants la personnalité qui serait la plus à même d’incarner cette union des droites, devant Marine Le Pen et Bruno Retailleau, à égalité à 14%. Le président du Rassemblement national est logiquement particulièrement plébiscité dans son propre électorat aux élections européennes (35%), au sein duquel il devance même Marine Le Pen (26%). Parmi l’électorat LR, c’est Bruno Retailleau qui arrive en tête (31%), suivi de David Lisnard (20%), tandis que l’électorat Reconquête préfèrerait une union des droites conduite par Sarah Knafo (30%).

Les Français sont profondément divisés sur la question de l’appartenance ou non du Rassemblement national à « l’arc républicain ». 48% répondent oui à cette question, quand 46% jugent que le RN n’en fait pas partie. Dans le détail, seuls les répondants de gauche et du centre sont une majorité à penser que le RN n’appartient pas à l’arc républicain. Ainsi, les électeurs LR sont près des 3/4 (74%) à considérer que le RN en fait partie, ce qui pourrait à l’avenir faciliter un rapprochement entre les deux partis.

Lien vers l’article de Marianne sur notre sondage : https://www.marianne.net/politique/le-pen/union-des-droites-un-mariage-de-raison-pour-les-electeurs-du-rassemblement-national-et-des-republicains

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Sondage dans 5 pays européens avec Le Grand Continent : Ursula von der Leyen et l’accord commercial UE-Etats-Unis sous le feu des critiques

Après un été marqué par des négociations commerciales ardues entre l’Union européenne et les Etats-Unis, et dans le contexte du discours d’Ursula von der Leyen sur l’Etat de l’Union du mercredi 10 septembre, Cluster17 et le Grand Continent réalisent une grande enquête auprès de 5 302 Européens issus des 5 pays les plus peuplés du continent (Allemagne, France, Italie, Espagne et Pologne). 

Les Européens se montrent d’abord très critiques envers l’accord commercial UE-Etats-Unis : 77% estiment qu’il profite surtout à l’économie américaine et plus d’un sur deux (52%) a ressenti de « l’humiliation » en prenant connaissance de l’accord, chiffre qui atteint même 65% chez les répondants français. Plus des deux tiers des sondés (68%) jugent également que la forte augmentation d’achats d’équipements militaires et de défense aux Etats-Unis prévue par l’accord aura « des conséquences négatives pour l’Europe », tandis que plus de trois Européens sur quatre (76%) estiment qu’il faut s’opposer aux investissements et à l’achat d’énergie américaine demandés par l’administration Trump.

L’image d’Ursula von der Leyen apparait aussi nettement atteinte au lendemain de la signature de cet accord. Les trois quarts des répondants (75%) considèrent qu’elle a mal défendu les intérêts européens dans le cadre des négociations et 72% déclarent ne pas lui faire confiance pour défendre les intérêts économiques européens. Une majorité (60%) se montre même favorable à sa démission en tant que Présidente de la Commission européenne. C’est d’ailleurs l’organe tout entier qui est visé par les critiques des citoyens, puisque 61% des sondés voient dans la Commission européenne le principal responsable de l’accord côté européen. 

Un troisième aspect central de ce sondage concerne la perception des Européens vis-à-vis de Donald Trump et des relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis en général. Seuls 10% des répondants considèrent Donald Trump comme un ami de l’Europe, quand plus de quatre fois plus le voient comme un ennemi (44%). Près d’un Européen sur deux (47%) estime que le Président américain a « une tendance autoritaire » et 36% jugent même qu’il se comporte en dictateur. Les Européens sont toutefois divisés sur la manière de se comporter vis-à-vis de l’allié historique : 50% souhaitent que l’Union européenne ait une attitude de compromis, quand 39% préfèrent une stratégie d’opposition. Cette attitude combative se retrouve sur la question de l’accord commercial, 70% des répondants déclarant qu’ils seraient prêts à boycotter les produits américains

Retrouvez l’analyse et les résultats complets dans l’article du Grand Continent : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/09/09/10-points-eurobazooka/

Sondage marianne cluster

Sondage Exclusif pour Marianne : la guerre des générations aura-t-elle lieu ?

Notre sondage exclusif pour Marianne sur les perceptions intergénérationnelles éclaire les débats actuel sur le budget :

Tout d’abord, ce qui frappe, c’est le sentiment de « conscience générationnelle » très répandu dans la société, et ce de façon linéaire : Plus on est âgés, plus on a le sentiment d’appartenir à une génération « plus favorisée » que celle qui précède : sentiment partagé par 73% des plus de 75 ans et par environ 20% des moins de 35 ans seulement.

S’il y a un consensus pour dire que les jeunes générations ont moins le sens de la valeur travail que leurs aînés – 83% des Français sondés le pensent, y compris les plus jeunes – il y a également un consensus pour dire qu’il est plus difficile pour les jeunes de trouver du travail dans le monde actuel : seuls 13% des sondés pensent qu’il est plus facile qu’avant de trouver un travail quand on entre sur le marché.

Si ce « duel » générationnel est donc à nuancer, une majorité assez nette de Français considèrent que les retraités actuels sont les grands gagnants du système et que les salariés en sont les grands perdants.

Un constat qui se manifeste par un chiffre intéressant : les plus jeunes veulent faire contribuer davantage les retraités et les entreprises pour financer le système de retraites. Environ 1/3 des moins de 25 ans souhaitent ainsi geler les pensions de retraite. A contrario, les aînés manifestent une sorte de lucidité et veulent faire contribuer davantage les actifs : Près de 50% des plus de 65 ans souhaitent ainsi allonger la durée du travail des actifs pour financer les retraites.

En somme, ce début de prise de conscience d’un sentiment d’inégalité entre les générations pourrait engendrer des clivages structurants à même d’influencer les décisions politiques : le poids de ces seniors dans l’électorat étant de plus en plus important, il semble très difficile de modifier les équilibres financiers en mettant cet électorat stratégique à contribution.

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Sondage pour L’Opinion : Les Français sont pro-business… à leur manière

Dans un contexte marqué par les tensions économiques, les mutations du travail et la montée des préoccupations environnementales, les entreprises occupent une place centrale dans le débat public. Mais comment sont-elles perçues par les Français ? À quelles attentes doivent-elles répondre ? Et quel rôle leur attribue-t-on aujourd’hui ? Ce sondage réalisé pour L’Opinion explore les multiples dimensions du regard porté par l’opinion sur les entreprises, en interrogeant la confiance qu’elles suscitent, la fiscalité qui les concerne, leur rôle social et environnemental, ou encore la figure du chef d’entreprise.

Parmi les sept institutions et organisations testées dans notre sondage, les entreprises occupent une position médiane en matière de confiance. Elles obtiennent une note de 5,6 sur 10, un score qui grimpe logiquement à 7 sur 10 chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise, mais chute à 4,5 sur 10 chez les étudiants. L’armée (7/10), l’hôpital public (6,6) et l’École (5,8) forment le trio de tête, nettement devant l’État (4,4), les syndicats (3,5) et les partis politiques (3,1).

Un point intéressant émerge à propos des impôts et des charges payés par les entreprises, ainsi que des aides publiques qu’elles perçoivent. Une majorité des répondants (56 %) estime que les entreprises françaises sont trop imposées, contre 37 % qui ne partagent pas cet avis. Mais ils sont également 57 % à considérer que ces mêmes entreprises reçoivent trop d’aides publiques. Si ces deux jugements peuvent sembler contradictoires, ils traduisent peut-être une défiance plus générale à l’égard de l’intervention de l’État dans l’économie, qu’il s’agisse de fiscalité ou de subventions. Dans cette perspective, les entreprises devraient être libres d’agir sans contrainte, afin de maximiser leur performance économique.

Dans le détail, les prises de position sont fortement marquées politiquement. Les électorats d’extrême droite, de droite, et dans une moindre mesure du centre, sont très majoritairement convaincus que les entreprises paient trop d’impôts et de charges. Aux dernières élections européennes, c’était le cas de 92 % des électeurs de Reconquête, 86 % de ceux de LR, et 81 % de ceux du RN. À l’inverse, les électorats de gauche sont bien moins nombreux à partager ce point de vue : seuls 7 % des électeurs LFI, 10 % des écologistes et 27 % des électeurs PS/PP le pensent.

Concernant les aides publiques, les clivages entre électorats sont moins marqués, mais les résultats par cluster sont plus révélateurs. Trois des quatre groupes où les membres considèrent le plus massivement que les entreprises reçoivent trop d’aides sont parmi les plus progressistes : les Révoltés (90 %), les Multiculturalistes (86 %) et les Solidaires (86 %). Le quatrième, les Sociaux-Patriotes (80 %), est un cluster conservateur sur le plan culturel, mais socialement et économiquement protectionniste, composé d’individus aux revenus modestes, souvent issus des classes populaires. À l’opposé, les clusters Conservateurs (35 %), Anti-Assistanat (37 %) et Libéraux (40 %), plus favorables au privé et au monde de l’entreprise, sont ceux qui rejettent le plus l’idée d’un excès d’aides publiques.

Sur la question des normes encadrant l’activité des entreprises, un consensus assez fort se dégage : deux tiers des Français (66 %) estiment qu’il y en a trop, contre 13 % qui jugent leur volume adéquat et 8 % qui pensent qu’il n’y en a pas assez. Là encore, une nette fracture oppose les électorats de droite, largement convaincus de l’excès de normes, et ceux de gauche, plus nuancés. Seuls deux clusters, les plus progressistes — les Multiculturalistes (40 %) et les Solidaires (37 %) — comptent une majorité relative de membres jugeant la quantité de normes actuelles insuffisante. Tous les autres estiment qu’il y en a trop, en particulier les Anti-Assistanat (99 %), les Identitaires (99 %) et les Sociaux-Patriotes (92 %).

Lorsque l’on demande aux Français de choisir entre la performance économique des entreprises et le respect des normes sociales et environnementales, les avis sont partagés. 51 % privilégient la compétitivité économique, tandis que 44 % accordent la priorité aux engagements sociaux et écologiques. Ce clivage se retrouve sous une autre forme lorsqu’il s’agit de définir le rôle principal d’une entreprise : « créer de l’emploi » arrive en tête (37 %), suivi de « contribuer au progrès social » (23 %).

Dans la même logique, 12 % des répondants citent le renforcement de la compétitivité comme rôle principal, et 9 % la réduction de l’impact environnemental. De manière assez logique, les générations les plus jeunes accordent davantage d’importance au rôle social et environnemental des entreprises, tandis que les plus âgées privilégient les objectifs économiques. Ainsi, 35 % des 25-34 ans et 32 % des 18-24 ans estiment que l’entreprise doit avant tout contribuer au progrès social, contre seulement 13 % des 65-74 ans et 21 % des 75 ans et plus.

Interrogés sur la question du pouvoir, 49 % des Français estiment que les dirigeants de grandes entreprises en détiennent davantage que le Président de la République, contre 36 % qui pensent l’inverse. Ce sentiment est particulièrement marqué chez les professions intermédiaires (60 %), les employés (55 %) et les ouvriers (53 %). En revanche, les artisans, commerçants, chefs d’entreprise (48 %) et les étudiants (47 %) penchent plutôt en faveur du Président.

Malgré cette perception, une majorité (52 %) considère que les dirigeants de grandes entreprises doivent avoir voix au chapitre dans le débat public. C’est notamment le cas des électeurs de Reconquête (78 %), du RN (73 %) et de LR (72 %). Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant que les Français souhaitent voir ces dirigeants aux plus hautes fonctions : 63 % rejettent l’idée selon laquelle ils gouverneraient mieux le pays. Les plus sceptiques sont les jeunes de 18 à 24 ans (88 %).

Enfin, une tripartition intéressante apparaît sur la question du temps de travail. Trois visions du rapport au travail et au temps libre se dessinent : 32 % des Français aimeraient travailler moins, quitte à gagner moins ; 32 % préfèrent travailler davantage pour gagner plus ; et 30 % ne se prononcent pas sur ce choix. L’opinion des individus sur cette question semble orientée très fortement par le système de valeurs des individus. Les électeurs appartenant aux clusters progressistes et de gauche sont les moins favorables à cette idée de travailler plus pour gagner plus, quand au contraire les individus aux opinions plus marquées à droite sont davantage favorables à cette idée qui fut centrale dans le programme de Nicolas Sarkozy.

L’étude complète :

Note Fondation Jean Jaurès Cluster 17

Note pour la Fondation Jean-Jaurès : À un an des municipales, les grandes villes face à la triple polarisation identitaire, sécuritaire et écologique

À un an des élections municipales, Jean-Yves Dormagen, Président de Cluster 17 et Stéphane Fournier, directeur d’études de Cluster 17 publient une note pour la Fondation Jean-Jaurès sur les dynamiques de l’opinion à l’approche des municipales. Les grandes villes françaises deviennent le théâtre d’un affrontement structuré par trois grandes lignes de fracture : l’identité, la sécurité et l’écologie.

En 2020, la « vague verte » avait marqué les esprits. Le contexte politique et médiatique était alors favorable à l’écologie. Cinq ans plus tard, le contexte a radicalement changé : l’écologie est devenue un sujet clivant, au croisement de tensions sociales, culturelles et politiques. Notre test de 30 questions soumis à des dizaines de milliers d’individus montre que l’adhésion ou le rejet des politiques environnementales est aujourd’hui fortement corrélé aux valeurs identitaires et sécuritaires.

Cette triple polarisation structure désormais également le paysage électoral local :


• À droite, le « backlash » anti-écolo et sécuritaire est le principal moteur de mobilisation. Dans les villes gouvernées par la gauche, les électeurs modérés et du centre partagent de plus en plus les opinions de la droite conservatrice sur ces sujets.


• À gauche, les fractures internes s’accentuent : Les deux clusters les plus progressistes de notre segmentation les Multiculturalistes et les Solidaires sont sur-représentés dans les grandes métropoles et les villes de banlieue. C’est ce qui explique en premier lieu la montée en puissance de LFI. Une progression qui modifie les équilibres au sein des coalitions municipales, LFI étant aujourd’hui une force disposant d’un socle électoral solide souvent supérieur à 10% dans ces communes.


• Le centre (Renaissance) apparaît affaibli, sans ancrage local solide, souvent réduit à un rôle de force d’appoint. Dans les grandes villes, son électorat est très proche de celui des Républicains. A un an de la présidentielle, le « récit » au soir du 2nd tour des municipales sera décisif. Si Les Républicains, avec l’appui du bloc central, se trouvaient dans une situation favorable, en ayant gagné quelques villes emblématiques, Bruno Retailleau en sortirait alors probablement encore renforcé.

Enfin, La prime au sortant semble s’effriter sous l’effet de cette polarisation : . Dans les grandes villes, le niveau de contestation à l’égard des maires en place est souvent très élevé et comparable à celui des élus nationaux.
La figure du maire « consensuel », « au-dessus de la mêlée » que nous observons dans la plupart des communes est plus rare dans les villes supérieures à 100 000 habitants.

Retrouvez la note complète sur le site de La Fondation Jean-Jaurès :

https://www.jean-jaures.org/publication/a-un-an-des-municipales-les-grandes-villes-face-a-la-triple-polarisation-identitaire-securitaire-et-ecologique/

Vote seniors RN Cluster 17

Comment le RN est devenu le premier parti chez les seniors ? Note d’analyse pour la Fondation Jean-Jaurès

👉 Lire la note complète ici : Du vote légitimiste au vote identitaire : comment le RN est devenu le premier parti chez les seniors

Résumé :

Le RN est aujourd’hui le premier parti chez les retraités. Un phénomène analysé dans une note publiée pour la Fondation Jean-Jaurès par Stéphane Fournier, doctorant en science politique et analyste chez Cluster17. À partir des données Cluster17 et d’entretiens qualitatifs, il montre comment ce basculement s’est opéré.

Longtemps acquis à la droite républicaine, l’électorat des plus de 65 ans a peu à peu délaissé les partis traditionnels. Ce « vote légitimiste » — c’est-à-dire la fidélité aux sortants notamment à la droite et au centre-droit de gouvernement— s’effondre. À sa place, un vote plus marqué, plus clivé, qui penche de plus en plus du côté du Rassemblement National.

La progression du RN s’explique notamment par un fort conservatisme des seniors sur les sujets identitaires : immigration, islam, sécurité. Le « grey gap » est très net dans les chiffres : 84 % des seniors se disent ainsi par exemple favorables à l’interdiction du voile à l’université, contre 30 % chez les jeunes.

Le RN a su capter cette demande en adaptant son image et « nettoyant » son programme. Marine Le Pen a ainsi abandonné certains marqueurs perçus comme trop radicaux et qui pouvaient cliver les différentes sensibilités électorales de la droite, notamment les plus âgés et les plus libéraux économiquement (sortie de l’euro, retraite à 60 ans, alignement sur Moscou). En recentrant son discours et ses prises de position clivantes sur deux thématiques, celles de l’immigration et de la sécurité, le RN a su agréger des électeurs pour qui ces sujets sont absolument centraux dans le choix de vote.

Toutefois, la note se conclue sur les quelques limites qui subsistent. Le RN reste faible chez les « grands aînés » (75 ans et plus), et chez les retraités aisés, diplômés et plus modérés culturellement. Par ailleurs, une partie de cet électorat reste fidèle aux Républicains ou au bloc « macroniste ». Pour l’instant.

Le paysage politique pourrait encore évoluer si une alternative crédible à droite émergeait à l’issue du congrès des Républicains ou si le RN se voyait « rediaboliser » par la condamnation de Marine Le Pen. Mais en attendant, c’est bien le RN qui capitalise sur la déception à l’égard du bilan d’Emmanuel Macron et sur la polarisation à l’œuvre sur les questions identitaires.

Sondage entreprise cluster 17 The Arcane Fondation Jean Jaurès

Etude pour The Arcane et la Fondation Jean-Jaurès : L’entreprise, une institution « refuge » dans un climat de défiance et d’instabilité ?

Dans un contexte de défiance vis-à-vis des institutions politiques, l’entreprise s’impose comme une institution « refuge », perçue à la fois comme un lieu de protection, d’utilité sociale et de pouvoir concret. Longtemps ambivalent, le rapport des Français au secteur privé semble évoluer : l’entreprise est désormais investie d’attentes collectives – créer de la richesse, préserver l’environnement, défendre le patriotisme économique – tout en restant le cadre d’un accomplissement personnel. Ce recentrage sur l’entreprise comme acteur central de la société reflète l’érosion de la légitimité des élus et de l’État, désormais concurrencés sur le terrain symbolique par les grandes figures du capitalisme. Si les Français plébiscitent les TPE-PME, ils attendent aussi des grandes entreprises qu’elles assument une part de leadership public sans pour autant empiéter sur le débat politique. Ce nouvel imaginaire du travail valorise l’autonomie, les relations humaines et le sens, tout en réclamant à la fois moins d’impôts sur les entreprises et moins d’aides publiques. L’entreprise apparaît ainsi comme l’un des rares espaces où se conjuguent efficacité, sécurité et horizon collectif, au moment où les autres piliers du contrat social vacillent.

Les chiffres clés de l’étude :

  • Confiance dans les entreprises :

Moyenne de confiance : 6,1/10 — Les entreprises arrivent en 4e position derrière l’armée (7,4), la police (7,1) et l’hôpital public (6,9).

  • Fiscalité :

52 % des Français estiment que les entreprises paient trop d’impôts et de charges, contre seulement 17 % qui pensent qu’elles n’en paient pas assez. Mais « en même temps », 48 % considèrent que les entreprises reçoivent trop d’aides publiques, contre 7 % qui pensent qu’elles n’en reçoivent pas assez.

  • Pouvoir des grandes entreprises :

49 % des Français pensent que les dirigeants des grandes entreprises ont plus de pouvoir que les responsables politiques. 55 % estiment que Bernard Arnault a plus de pouvoir qu’Emmanuel Macron.

  • Engagement des entreprises sur les sujets de société :
    Les Français soutiennent majoritairement l’implication des entreprises sur certains sujets :

👉 80 % pour l’égalité femmes-hommes

     👉 75 % pour le patriotisme économique

     👉 74 % pour la lutte contre le réchauffement climatique

     👉 Seuls 14 % estiment qu’elles doivent s’impliquer dans la participation citoyenne (vote, engagement associatif ou politique).

  • « Travailler plus pour gagner plus » :

53 % des Français y sont favorables, contre 44 % qui y sont opposés.

  • Relations de travail

83 % des Français déclarent avoir des relations humaines de qualité dans leur travail.

57% disent avoir des collègues de travail parmi leurs amis.

65% des sondés disent parler politique au travail.

  • Trump et la guerre commerciale :

77 % des Français pensent que son retour au pouvoir est une menace pour les entreprises françaises exportant aux États-Unis.

66 %  des sondés sont favorables à un allègement des normes pour améliorer la compétitivité.

78 % veulent instaurer des barrières douanières pour taxer les produits importés.

L’étude complète :

europe sondage défense cluster 17

Mesurer le sursaut européen des Français face à Trump, 10 points à partir de notre sondage exclusif Eurobazooka

Alors que l’Europe et le monde se transforment à une vitesse vertigineuse, l’opinion française se structure autour de lignes de plus en plus figées.

L’étude granulaire des données socio-politiques et électorales de notre grand sondage Eurobazooka le montre : la gauche et le centre sont alignés sur une large gamme de questions de politiques étrangères — plus d’Europe et moins d’États-Unis contre la Russie de Poutine.

Aux marges de ce vaste consensus, les électeurs RN et Reconquête sont ceux qui ont le plus de mal à considérer Trump comme un ennemi.

Jean-Yves Dormagen et Stéphane Fournier analysent ces phénomènes pour la revue en ligne Le Grand Continent.

Analyse et résultats complets à retrouver sur leur site :

https://legrandcontinent.eu/fr/2025/04/08/mesurer-le-sursaut-europeen-des-francais-face-a-trump-10-points-a-partir-de-notre-sondage-exclusif-eurobazooka/

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Sondage dans 9 pays européens avec Le Grand Continent : L’effet Trump sur l’opinion publique européenne

Pour comprendre et mesurer les nouveaux clivages et une nouvelle convergence, le Grand Continent et Cluster 17 lancent une première enquête d’opinion à l’échelle du continent sur les grandes questions de notre temps.

Points clefs

Le parapluie nucléaire français est largement plébiscité  : plus de 6 Européens sur 10 y sont favorables.

La guerre sur le sol de l’Union s’approche  : une majorité d’Européens (55 %) pense que le risque d’un conflit armé sur le territoire de l’Union dans les prochaines années est élevé.

Trump est un « ennemi »  : une majorité d’Européens considère Donald Trump comme un « ennemi de l’Europe » (51 %) et 63 % que l’élection de Donald Trump rend le monde moins sûr, 43 % considèrent que le président américain a une tendance autoritaire et 39 % qu’il se comporte en dictateur. 

Les Européens veulent boycotter Musk et Tesla : près de 8 Européens sur 10 considèrent qu’on ne peut pas lui faire confiance (79 %) et 58 % des sondés se déclarent favorables au boycott de Tesla.

Le soutien pour un bond en avant dans la défense est largement majoritaire : 70 % estiment que l’Union européenne ne doit compter que sur ses propres forces pour assurer sa sécurité et sa défense

Vers l’armée européenne : les Européens ont plus confiance en une armée commune européenne (60 %) qu’en leur armée nationale (19 %) pour assurer la sécurité de leurs pays.

Les Européens soutiennent très largement la saisie des avoirs russes : 61 % d’Européens se déclarent favorables à la saisie des avoirs russes gelés et à leur utilisation pour financer le soutien à l’Ukraine

Accord de paix en Ukraine : 47 % des personnes interrogées estiment que l’Ukraine doit accepter de signer un traité de paix même si cela doit la conduire à céder la partie de son territoire occupé par la Russie.

Les résultats et notre analyse sont à retrouver sur le site du Grand Continent

https://legrandcontinent.eu/fr/2025/03/20/les-europeens-face-a-la-guerre-et-trump-10-points-sur-un-sondage-exclusif
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Les Français et la science : un rapport marqué par des fractures et des paradoxes

L’enquête menée par Cluster17 dans le cadre du Paris-Saclay Summit Choose Science met en évidence une relation ambivalente des Français à la science. D’un côté, une large majorité la considère comme une source fiable de connaissances et un outil essentiel pour relever les défis contemporains. De l’autre, des clivages marqués apparaissent sur certaines thématiques, notamment en fonction du niveau d’éducation et des orientations politiques.

Le niveau de connaissance scientifique des Français s’avère globalement moyen, avec une note moyenne de 11,3/20 sur l’ensemble des questions soumises aux sondés. Les écarts sont significatifs selon le niveau de diplôme : les détenteurs d’un bac +5 obtiennent une moyenne de 13,5/20, tandis que les non-diplômés plafonnent à 7,8/20. Une fracture générationnelle se dessine également : les 18-24 ans affichent la meilleure note, avec 12,4/20, mais ce sont aussi eux qui expriment le plus de critiques sur les applications technologiques. Par ailleurs, certaines idées fausses persistent, notamment sur des sujets de santé publique. Près d’un quart des sondés ignorent encore que les antibiotiques ne sont efficaces que contre les bactéries. Concernant le changement climatique, 83 % des Français reconnaissent l’impact majeur des activités humaines, mais 17 % continuent d’attribuer ce phénomène à des cycles naturels ou à des variations du rayonnement solaire.

Malgré ces lacunes, la confiance envers la science demeure forte. 88 % des Français estiment qu’elle constitue une source fiable d’information, et 95 % considèrent qu’elle doit rester une priorité budgétaire nationale. Cette adhésion est cependant nuancée par des doutes sur l’intégrité des chercheurs, en particulier chez les groupes se positionnant comme « antisystème ». Si 85 % des sondés estiment que la science est un levier essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique, 65 % considèrent néanmoins qu’elle ne suffira pas à elle seule à résoudre ce problème.

Le clivage politique joue un rôle important dans la perception des enjeux scientifiques. La reconnaissance du rôle humain dans le réchauffement climatique varie fortement selon les sensibilités partisanes. Elle atteint 99 % chez les sympathisants EELV, mais tombe à 57 % chez les électeurs du Rassemblement National. De manière plus générale, 97 % des Français estiment que la science améliore la qualité de vie, mais près de la moitié jugent que ses effets dépendent avant tout de la façon dont elle est utilisée et réglementée.

Une méfiance spécifique émerge autour des nouvelles technologies, et la volonté de les encadrer plus strictement varie en fonction des appartenances politiques. 30 % des électeurs de LFI ou EELV souhaitent une régulation forte du développement technologique, notamment dans des domaines comme l’intelligence artificielle ou le génie génétique. Cette proportion tombe à 21 % chez les électeurs du RN, et à 5 % chez les sympathisants LR et 6 % chez ceux de Renaissance. Dans l’ensemble, 19 % des Français estiment qu’il faudrait limiter significativement les innovations technologiques.

L’étude met également en lumière une évolution majeure : la défiance envers la science ne se limite plus aux milieux conservateurs ou religieux. Une forme de scepticisme « éclairé » se développe au sein des classes moyennes et des diplômés intermédiaires, qui se montrent particulièrement prudents à l’égard des innovations scientifiques. Ce phénomène se manifeste notamment sur les sujets environnementaux et sanitaires. La question des vaccins illustre bien ces divergences : 62 % des Français déclarent leur faire totalement confiance, mais ce chiffre masque d’importantes variations en fonction des sensibilités politiques.

En définitive, si la science bénéficie encore d’un fort capital de confiance en France, les perceptions divergent de plus en plus selon les appartenances sociales et idéologiques. Elle n’est plus perçue comme un élément neutre et universel, mais comme un enjeu politique structurant, cristallisant des visions parfois antagonistes de la société et du progrès.

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