Analyses

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Sondage exclusif pour Marianne : Panorama des personnalités politiques et focus sur Raphaël Glucksmann en vue de l’élection présidentielle

A 16 mois de l’élection présidentielle de 2027, Cluster17 a testé pour Marianne l’image et le potentiel de vote de quinze personnalités, candidats déclarés ou potentiels à la succession d’Emmanuel Macron.  

Comme le montrent les diverses enquêtes d’intentions de vote ainsi que nos baromètres mensuels des personnalités politiques, Jordan Bardella et Marine Le Pen se placent assez nettement au-dessus de leurs concurrents, à commencer par leur image. Ils sont respectivement appréciés par 36% et 33% des sondés, quand Bruno Retailleau, 3e, n’obtient que 22% d’opinions positives. Les deux figures du Rassemblement national sont au coude-à-coude en ce qui concerne le potentiel de vote, avec 33% chacun de potentiel élevé ou certain.

Derrière, Jean-Luc Mélenchon parvient à tirer son épingle du jeu avec un potentiel de vote élevé ou certain atteignant 14%, soit le troisième meilleur score. Malgré un taux de 72% de répondants qui déclarent ne pas l’apprécier (score le plus élevé des quinze personnalités testées), il est la cinquième personnalité du classement obtenant le plus d’appréciations positives (15%) à égalité avec Dominique de Villepin.  

Au centre, la bataille est indécise. Edouard Philippe est celui qui obtient le potentiel de vote le plus haut, avec 11% de répondants qui indiquent un potentiel de vote élevé ou certain. Il est suivi par Gabriel Attal (9% de potentiel élevé ou certain) et Gérald Darmanin (8%). Mais le ministre de la Justice obtient un meilleur score de potentiel moyen (22%) qu’Edouard Philippe (18%) et Gabriel Attal (16%). De plus, c’est l’ancien maire de Tourcoing qui est le plus apprécié des trois ; 14% des sondés l’apprécient beaucoup, contre 11% pour Edouard Philippe et 10% pour Gabriel Attal.

Le sondage propose également un focus sur Raphaël Glucksmann. Tant en termes d’image que de potentiel de vote, l’eurodéputé semble s’intercaler entre Jean-Luc Mélenchon d’une part et ses autres concurrents de gauche d’autre part. Il est ainsi fortement apprécié par 12% des sondés, contre 10% pour Marine Tondelier et François Ruffin et 6% pour Olivier Faure, mais reste derrière le leader de la France insoumise. En termes de potentiel de vote, Raphaël Glucksmann obtient un score de 9% de potentiel élevé ou certain, soit cinq points de moins que Jean-Luc Mélenchon mais un de plus que François Ruffin, deux de plus que Marine Tondelier et quatre de plus qu’Olivier Faure. Au niveau des clusters, le leader de Place publique obtient ses meilleurs scores chez les Sociaux-Démocrates (45% de potentiel élevé ou certain), les Modérés (30%) et les Sociaux-Républicains (27%).

Globalement, il ressort de ce sondage que Raphaël Glucksmann n’a pas encore l’image d’un candidat « présidentiable ». 27% des sondés estiment qu’il défend des idées proches des leurs sur les questions internationales, mais seuls 16% le jugent proche des préoccupations des Français et à peine 12% lui reconnaissent la stature d’un Président de la République. Autrement dit, il souffre d’un déficit de projection et d’incarnation nationale : même quand il est jugé plutôt cohérent sur l’international, cela ne se traduit pas en crédibilité présidentielle ni en proximité avec les enjeux du quotidien.

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Baromètre de l’opinion publique européenne pour Le Grand Continent (vague 4) – 9 pays : Entre attachement à l’Europe et craintes géopolitiques, technologiques et sociales

A l’occasion de la troisième édition du Sommet du Grand Continent, Cluster17 publie la 4e vague de son Baromètre de l’Opinion publique européenne, menée auprès de 9 553 Européens issus de 9 pays de l’Union européenne (Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Belgique, Portugal, Pays-Bas et Croatie). 

Dans les neuf pays sondés, un premier constat domine : les Européens ont pleinement conscience des bouleversements géopolitiques, technologiques et sociaux qui redessinent leur environnement. La guerre est revenue sur le continent, les rivalités de puissance se sont durcies, la révolution numérique inquiète, et les tensions politiques internes fragilisent la cohésion des sociétés. Ce baromètre offre une photographie précise de ces inquiétudes, mais aussi des contradictions qui structurent le climat européen.

L’attachement à l’Union européenne reste nettement majoritaire (74 % souhaitent y rester) mais il est inégal selon les pays. Là où l’Espagne et le Portugal affichent une adhésion massive, la France apparaît comme le maillon le plus fragile, avec 27 % favorables à une sortie. Le Brexit continue lui de jouer le rôle de repoussoir : près de deux Européens sur trois le jugent négatif pour le Royaume-Uni (63 %). Ces résultats dessinent une Europe encore solidement arrimée à l’UE, mais traversée par des poches de fragilité.

Face aux risques extérieurs, une double inquiétude domine. D’un côté, une courte majorité d’Européens estime désormais élevé le risque d’une guerre ouverte entre leur pays et la Russie (51 %), un renversement historique dans les perceptions. De l’autre, le terrorisme apparaît comme la menace la plus immédiate : 63 % jugent élevé le risque d’un conflit avec des organisations terroristes, un niveau qui atteint même 86 % en France. Pourtant, les Européens doutent de leur capacité militaire : seulement un quart pense que leur pays serait capable de se défendre seul face à la Russie (26 %).

Dans ce contexte, les Européens semblent refuser les logiques de blocs. Une très large majorité (71 %) souhaite que l’Europe garde ses distances vis-à-vis des États-Unis comme de la Chine, et affirme une aspiration nette à l’autonomie stratégique. Donald Trump est perçu par un Européen sur deux comme un ennemi de l’Europe (48 %), mais cela ne se traduit pas par une volonté d’affrontement : le compromis reste la ligne privilégiée vis-à-vis des États-Unis (48 %).

Les tensions internes occupent également une place centrale dans ce baromètre. Sur l’immigration, les opinions sont très polarisées : 46 % y voient une menace pour la cohésion nationale, mais 33 % la considèrent comme une nécessité démographique. L’antisémitisme est perçu en hausse par 61 % des Européens, un niveau particulièrement élevé en France (73 %) et en Allemagne (65 %). S’y ajoute une demande majoritaire de réduction forte des dépenses publiques (64 %) et un clivage profond sur le climat, 43 % jugeant que le changement climatique est exagéré ou instrumentalisé.

Le rapport à la modernité technologique est également marqué par l’ambivalence. Les Européens sont massivement inquiets des réseaux sociaux (73 %) et des effets sociétaux de l’IA, mais restent enthousiastes pour les robots (53 %) ou la conquête spatiale (64 %). Ce n’est pas tant la technologie en elle-même qui inquiète que ses conséquences sur la capacité des sociétés à produire du lien, du savoir et du jugement.

Enfin, lorsque l’on demande aux Européens ce qui fait la force de leur pays, la réponse est claire : ce ne sont ni l’économie ni la puissance militaire, mais la culture, les paysages, la qualité de vie et le système de santé. Le patrimoine historique est cité par 42 % des répondants, les paysages par 39 %, la qualité de vie par 27 %. À rebours des inquiétudes qui traversent l’enquête, les Européens continuent de se penser à travers des ressources culturelles, sociales et territoriales. Mais c’est précisément ce socle qu’ils sentent aujourd’hui fragilisé par les crises, externes comme internes.

Retrouvez l’analyse et les résultats complets dans l’article du Grand Continent : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/12/04/ce-que-les-europeens-veulent-vraiment-le-dernier-eurobazooka/

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Sondage exclusif pour La Gazette des Communes : le regard des Français sur leurs maires et sur les élections municipales

Les élections municipales occupent une place singulière dans la vie démocratique française : elles sont à la fois locales, incarnées, fortement territorialisées, mais aussi traversées par des clivages politiques qui s’expriment différemment selon les territoires. À quatre mois du scrutin, notre étude conduite pour la Gazette des Communes révèle un paysage nuancé : une mobilisation pour l’instant modérée, une campagne encore très peu installée, un rapport positif mais contrasté aux maires, et une forte différenciation entre petites communes et grandes villes, où les perceptions sont plus politisées et les enjeux bien plus polarisés.

Une mobilisation encore hésitante à quatre mois du scrutin

L’intérêt pour les municipales reste modéré : seule une courte majorité de Français s’y intéressent réellement, et près d’un sur deux ne connaît pas encore les candidats de sa commune.
L’indicateur de participation — 51 % de répondants certains d’aller voter — suggère une mobilisation plutôt faible, dans la continuité du désengagement politique observé au niveau national

Des priorités très locales… mais fortement politisées

Le vote municipal demeure ancré dans le quotidien : qualité des services publics, bilan du maire, évolution du territoire restent centraux. Mais la hiérarchie des priorités révèle de fortes lignes idéologiques.

La sécurité s’impose comme la première préoccupation nationale (41 %), dominant dans toutes les strates de communes, sauf dans les grandes villes où son poids baisse (29 %). Dans les centres urbains, logement, mobilités et environnement prennent de l’importance. Les clivages politiques sont nets : la sécurité est prioritaire à droite et au RN ; l’environnement et le logement dominent à gauche (EELV, LFI). Les municipales ne sont donc pas un scrutin « apolitique » — les enjeux eux-mêmes sont façonnés par les orientations politiques et les réalités territoriales

Un rapport globalement positif aux maires, mais contrasté selon les territoires

54 % des Français sont satisfaits de leur maire, mais avec un gradient très fort : forte satisfaction dans les petites communes et jugements plus sévères dans les grandes villes, où la gestion municipale est plus visible et plus politisée. Dans les petites communes, la reconduction du maire sortant est majoritaire. Dans les grandes villes, le désir d’alternance domine (jusqu’à 63 % dans les métropoles).

Le maire : la figure politique la plus respectée

Les Français considèrent massivement que le rôle est difficile (plus de 80 %) et perçoivent les maires comme proches, engagés, et surtout dignes de confiance. 46 % accordent leur confiance en priorité au maire, très loin devant tous les autres responsables (intercommunalité, département, région). Le manque de moyens, les contraintes administratives et la pression citoyenne apparaissent comme les principales difficultés.

Finances locales : méconnaissance, mais réalisme fiscal

Bien que seuls 17 % déclarent connaître le budget de leur commune : 52 % souhaitent maintenir les impôts locaux pour préserver les services publics, 14 % accepteraient une légère hausse, et seulement 20 % demandent une baisse. La perception fiscale locale est donc pragmatique, loin des réflexes de rejet systématique.

Les autres échelons territoriaux largement méconnus

La différence est nette : Le maire est bien identifié par 77 % des habitants. À l’inverse, l’intercommunalité, le département et la région restent massivement méconnus et faiblement incarnés. La commune demeure de loin l’échelon le plus investi affectivement.

Une envie de simplification institutionnelle… sans solution évidente

Un Français sur trois supprimerait en priorité les agences de l’État. L’intercommunalité et les départements sont aussi cités, mais aucun consensus ne se dégage. La commune, elle, reste largement intouchable.

Retrouvez ici l’article de la Gazette des Communes sur ce sondage : https://www.lagazettedescommunes.com/1010886/sondage-exclusif-cluster-17-le-maire-une-valeur-refuge/

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    Sondage exclusif pour Marianne : le regard des Français sur « l’union des droites »

    Questionnés sur une éventuelle alliance entre Les Républicains, l’Union des droites pour la République et le Rassemblement national en vue des prochaines élections législatives, 37% des Français s’y déclarent favorables. Près d’un répondant sur deux (48%) se dit défavorable à une telle union. Les électeurs de droite et d’extrême droite se prononcent cependant bien davantage en faveur de ce rapprochement : 83% de l’électorat RN aux dernières élections européennes y est favorable et 55% de l’électorat LR à ces mêmes élections. On remarque aussi que l’électorat zemmouriste voit d’un bon œil cette union des droites, avec 88% de personnes favorables.

    Pourtant, les électorats de LR et du RN ne semblent pas aujourd’hui considérer que les opinions et idées défendues par ces deux partis soient particulièrement proches. Le « score de porosité » (0 signifiant que les opinions et idées défendues sont très éloignées et 10 très proches), qui atteint 5,7 dans l’ensemble du panel, est seulement de 5,8 en ce qui concerne l’électorat RN et baisse même à 5,5 parmi les électeurs LR. Avec une note de 6,5 chez les électeurs LFI et 6,2 chez les électeurs écologistes, ce sont les électeurs de gauche qui voient le plus de proximité entre Les Républicains et le Rassemblement national.

    La majorité des sondés considère qu’une alliance profiterait davantage au Rassemblement national (58%), contre 10% seulement qui pensent que cela serait davantage bénéfique aux Républicains. Près d’un répondant sur cinq (18%) estime que les deux partis profiteraient autant d’une telle union.

    Avec 17% de mentions, Jordan Bardella est selon les répondants la personnalité qui serait la plus à même d’incarner cette union des droites, devant Marine Le Pen et Bruno Retailleau, à égalité à 14%. Le président du Rassemblement national est logiquement particulièrement plébiscité dans son propre électorat aux élections européennes (35%), au sein duquel il devance même Marine Le Pen (26%). Parmi l’électorat LR, c’est Bruno Retailleau qui arrive en tête (31%), suivi de David Lisnard (20%), tandis que l’électorat Reconquête préfèrerait une union des droites conduite par Sarah Knafo (30%).

    Les Français sont profondément divisés sur la question de l’appartenance ou non du Rassemblement national à « l’arc républicain ». 48% répondent oui à cette question, quand 46% jugent que le RN n’en fait pas partie. Dans le détail, seuls les répondants de gauche et du centre sont une majorité à penser que le RN n’appartient pas à l’arc républicain. Ainsi, les électeurs LR sont près des 3/4 (74%) à considérer que le RN en fait partie, ce qui pourrait à l’avenir faciliter un rapprochement entre les deux partis.

    Lien vers l’article de Marianne sur notre sondage : https://www.marianne.net/politique/le-pen/union-des-droites-un-mariage-de-raison-pour-les-electeurs-du-rassemblement-national-et-des-republicains

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    Sondage dans 5 pays européens avec Le Grand Continent : Ursula von der Leyen et l’accord commercial UE-Etats-Unis sous le feu des critiques

    Après un été marqué par des négociations commerciales ardues entre l’Union européenne et les Etats-Unis, et dans le contexte du discours d’Ursula von der Leyen sur l’Etat de l’Union du mercredi 10 septembre, Cluster17 et le Grand Continent réalisent une grande enquête auprès de 5 302 Européens issus des 5 pays les plus peuplés du continent (Allemagne, France, Italie, Espagne et Pologne). 

    Les Européens se montrent d’abord très critiques envers l’accord commercial UE-Etats-Unis : 77% estiment qu’il profite surtout à l’économie américaine et plus d’un sur deux (52%) a ressenti de « l’humiliation » en prenant connaissance de l’accord, chiffre qui atteint même 65% chez les répondants français. Plus des deux tiers des sondés (68%) jugent également que la forte augmentation d’achats d’équipements militaires et de défense aux Etats-Unis prévue par l’accord aura « des conséquences négatives pour l’Europe », tandis que plus de trois Européens sur quatre (76%) estiment qu’il faut s’opposer aux investissements et à l’achat d’énergie américaine demandés par l’administration Trump.

    L’image d’Ursula von der Leyen apparait aussi nettement atteinte au lendemain de la signature de cet accord. Les trois quarts des répondants (75%) considèrent qu’elle a mal défendu les intérêts européens dans le cadre des négociations et 72% déclarent ne pas lui faire confiance pour défendre les intérêts économiques européens. Une majorité (60%) se montre même favorable à sa démission en tant que Présidente de la Commission européenne. C’est d’ailleurs l’organe tout entier qui est visé par les critiques des citoyens, puisque 61% des sondés voient dans la Commission européenne le principal responsable de l’accord côté européen. 

    Un troisième aspect central de ce sondage concerne la perception des Européens vis-à-vis de Donald Trump et des relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis en général. Seuls 10% des répondants considèrent Donald Trump comme un ami de l’Europe, quand plus de quatre fois plus le voient comme un ennemi (44%). Près d’un Européen sur deux (47%) estime que le Président américain a « une tendance autoritaire » et 36% jugent même qu’il se comporte en dictateur. Les Européens sont toutefois divisés sur la manière de se comporter vis-à-vis de l’allié historique : 50% souhaitent que l’Union européenne ait une attitude de compromis, quand 39% préfèrent une stratégie d’opposition. Cette attitude combative se retrouve sur la question de l’accord commercial, 70% des répondants déclarant qu’ils seraient prêts à boycotter les produits américains

    Retrouvez l’analyse et les résultats complets dans l’article du Grand Continent : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/09/09/10-points-eurobazooka/

    Sondage marianne cluster

    Sondage Exclusif pour Marianne : la guerre des générations aura-t-elle lieu ?

    Notre sondage exclusif pour Marianne sur les perceptions intergénérationnelles éclaire les débats actuel sur le budget :

    Tout d’abord, ce qui frappe, c’est le sentiment de « conscience générationnelle » très répandu dans la société, et ce de façon linéaire : Plus on est âgés, plus on a le sentiment d’appartenir à une génération « plus favorisée » que celle qui précède : sentiment partagé par 73% des plus de 75 ans et par environ 20% des moins de 35 ans seulement.

    S’il y a un consensus pour dire que les jeunes générations ont moins le sens de la valeur travail que leurs aînés – 83% des Français sondés le pensent, y compris les plus jeunes – il y a également un consensus pour dire qu’il est plus difficile pour les jeunes de trouver du travail dans le monde actuel : seuls 13% des sondés pensent qu’il est plus facile qu’avant de trouver un travail quand on entre sur le marché.

    Si ce « duel » générationnel est donc à nuancer, une majorité assez nette de Français considèrent que les retraités actuels sont les grands gagnants du système et que les salariés en sont les grands perdants.

    Un constat qui se manifeste par un chiffre intéressant : les plus jeunes veulent faire contribuer davantage les retraités et les entreprises pour financer le système de retraites. Environ 1/3 des moins de 25 ans souhaitent ainsi geler les pensions de retraite. A contrario, les aînés manifestent une sorte de lucidité et veulent faire contribuer davantage les actifs : Près de 50% des plus de 65 ans souhaitent ainsi allonger la durée du travail des actifs pour financer les retraites.

    En somme, ce début de prise de conscience d’un sentiment d’inégalité entre les générations pourrait engendrer des clivages structurants à même d’influencer les décisions politiques : le poids de ces seniors dans l’électorat étant de plus en plus important, il semble très difficile de modifier les équilibres financiers en mettant cet électorat stratégique à contribution.

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    Sondage pour L’Opinion : Les Français sont pro-business… à leur manière

    Dans un contexte marqué par les tensions économiques, les mutations du travail et la montée des préoccupations environnementales, les entreprises occupent une place centrale dans le débat public. Mais comment sont-elles perçues par les Français ? À quelles attentes doivent-elles répondre ? Et quel rôle leur attribue-t-on aujourd’hui ? Ce sondage réalisé pour L’Opinion explore les multiples dimensions du regard porté par l’opinion sur les entreprises, en interrogeant la confiance qu’elles suscitent, la fiscalité qui les concerne, leur rôle social et environnemental, ou encore la figure du chef d’entreprise.

    Parmi les sept institutions et organisations testées dans notre sondage, les entreprises occupent une position médiane en matière de confiance. Elles obtiennent une note de 5,6 sur 10, un score qui grimpe logiquement à 7 sur 10 chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise, mais chute à 4,5 sur 10 chez les étudiants. L’armée (7/10), l’hôpital public (6,6) et l’École (5,8) forment le trio de tête, nettement devant l’État (4,4), les syndicats (3,5) et les partis politiques (3,1).

    Un point intéressant émerge à propos des impôts et des charges payés par les entreprises, ainsi que des aides publiques qu’elles perçoivent. Une majorité des répondants (56 %) estime que les entreprises françaises sont trop imposées, contre 37 % qui ne partagent pas cet avis. Mais ils sont également 57 % à considérer que ces mêmes entreprises reçoivent trop d’aides publiques. Si ces deux jugements peuvent sembler contradictoires, ils traduisent peut-être une défiance plus générale à l’égard de l’intervention de l’État dans l’économie, qu’il s’agisse de fiscalité ou de subventions. Dans cette perspective, les entreprises devraient être libres d’agir sans contrainte, afin de maximiser leur performance économique.

    Dans le détail, les prises de position sont fortement marquées politiquement. Les électorats d’extrême droite, de droite, et dans une moindre mesure du centre, sont très majoritairement convaincus que les entreprises paient trop d’impôts et de charges. Aux dernières élections européennes, c’était le cas de 92 % des électeurs de Reconquête, 86 % de ceux de LR, et 81 % de ceux du RN. À l’inverse, les électorats de gauche sont bien moins nombreux à partager ce point de vue : seuls 7 % des électeurs LFI, 10 % des écologistes et 27 % des électeurs PS/PP le pensent.

    Concernant les aides publiques, les clivages entre électorats sont moins marqués, mais les résultats par cluster sont plus révélateurs. Trois des quatre groupes où les membres considèrent le plus massivement que les entreprises reçoivent trop d’aides sont parmi les plus progressistes : les Révoltés (90 %), les Multiculturalistes (86 %) et les Solidaires (86 %). Le quatrième, les Sociaux-Patriotes (80 %), est un cluster conservateur sur le plan culturel, mais socialement et économiquement protectionniste, composé d’individus aux revenus modestes, souvent issus des classes populaires. À l’opposé, les clusters Conservateurs (35 %), Anti-Assistanat (37 %) et Libéraux (40 %), plus favorables au privé et au monde de l’entreprise, sont ceux qui rejettent le plus l’idée d’un excès d’aides publiques.

    Sur la question des normes encadrant l’activité des entreprises, un consensus assez fort se dégage : deux tiers des Français (66 %) estiment qu’il y en a trop, contre 13 % qui jugent leur volume adéquat et 8 % qui pensent qu’il n’y en a pas assez. Là encore, une nette fracture oppose les électorats de droite, largement convaincus de l’excès de normes, et ceux de gauche, plus nuancés. Seuls deux clusters, les plus progressistes — les Multiculturalistes (40 %) et les Solidaires (37 %) — comptent une majorité relative de membres jugeant la quantité de normes actuelles insuffisante. Tous les autres estiment qu’il y en a trop, en particulier les Anti-Assistanat (99 %), les Identitaires (99 %) et les Sociaux-Patriotes (92 %).

    Lorsque l’on demande aux Français de choisir entre la performance économique des entreprises et le respect des normes sociales et environnementales, les avis sont partagés. 51 % privilégient la compétitivité économique, tandis que 44 % accordent la priorité aux engagements sociaux et écologiques. Ce clivage se retrouve sous une autre forme lorsqu’il s’agit de définir le rôle principal d’une entreprise : « créer de l’emploi » arrive en tête (37 %), suivi de « contribuer au progrès social » (23 %).

    Dans la même logique, 12 % des répondants citent le renforcement de la compétitivité comme rôle principal, et 9 % la réduction de l’impact environnemental. De manière assez logique, les générations les plus jeunes accordent davantage d’importance au rôle social et environnemental des entreprises, tandis que les plus âgées privilégient les objectifs économiques. Ainsi, 35 % des 25-34 ans et 32 % des 18-24 ans estiment que l’entreprise doit avant tout contribuer au progrès social, contre seulement 13 % des 65-74 ans et 21 % des 75 ans et plus.

    Interrogés sur la question du pouvoir, 49 % des Français estiment que les dirigeants de grandes entreprises en détiennent davantage que le Président de la République, contre 36 % qui pensent l’inverse. Ce sentiment est particulièrement marqué chez les professions intermédiaires (60 %), les employés (55 %) et les ouvriers (53 %). En revanche, les artisans, commerçants, chefs d’entreprise (48 %) et les étudiants (47 %) penchent plutôt en faveur du Président.

    Malgré cette perception, une majorité (52 %) considère que les dirigeants de grandes entreprises doivent avoir voix au chapitre dans le débat public. C’est notamment le cas des électeurs de Reconquête (78 %), du RN (73 %) et de LR (72 %). Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant que les Français souhaitent voir ces dirigeants aux plus hautes fonctions : 63 % rejettent l’idée selon laquelle ils gouverneraient mieux le pays. Les plus sceptiques sont les jeunes de 18 à 24 ans (88 %).

    Enfin, une tripartition intéressante apparaît sur la question du temps de travail. Trois visions du rapport au travail et au temps libre se dessinent : 32 % des Français aimeraient travailler moins, quitte à gagner moins ; 32 % préfèrent travailler davantage pour gagner plus ; et 30 % ne se prononcent pas sur ce choix. L’opinion des individus sur cette question semble orientée très fortement par le système de valeurs des individus. Les électeurs appartenant aux clusters progressistes et de gauche sont les moins favorables à cette idée de travailler plus pour gagner plus, quand au contraire les individus aux opinions plus marquées à droite sont davantage favorables à cette idée qui fut centrale dans le programme de Nicolas Sarkozy.

    L’étude complète :

    Note Fondation Jean Jaurès Cluster 17

    Note pour la Fondation Jean-Jaurès : À un an des municipales, les grandes villes face à la triple polarisation identitaire, sécuritaire et écologique

    À un an des élections municipales, Jean-Yves Dormagen, Président de Cluster 17 et Stéphane Fournier, directeur d’études de Cluster 17 publient une note pour la Fondation Jean-Jaurès sur les dynamiques de l’opinion à l’approche des municipales. Les grandes villes françaises deviennent le théâtre d’un affrontement structuré par trois grandes lignes de fracture : l’identité, la sécurité et l’écologie.

    En 2020, la « vague verte » avait marqué les esprits. Le contexte politique et médiatique était alors favorable à l’écologie. Cinq ans plus tard, le contexte a radicalement changé : l’écologie est devenue un sujet clivant, au croisement de tensions sociales, culturelles et politiques. Notre test de 30 questions soumis à des dizaines de milliers d’individus montre que l’adhésion ou le rejet des politiques environnementales est aujourd’hui fortement corrélé aux valeurs identitaires et sécuritaires.

    Cette triple polarisation structure désormais également le paysage électoral local :


    • À droite, le « backlash » anti-écolo et sécuritaire est le principal moteur de mobilisation. Dans les villes gouvernées par la gauche, les électeurs modérés et du centre partagent de plus en plus les opinions de la droite conservatrice sur ces sujets.


    • À gauche, les fractures internes s’accentuent : Les deux clusters les plus progressistes de notre segmentation les Multiculturalistes et les Solidaires sont sur-représentés dans les grandes métropoles et les villes de banlieue. C’est ce qui explique en premier lieu la montée en puissance de LFI. Une progression qui modifie les équilibres au sein des coalitions municipales, LFI étant aujourd’hui une force disposant d’un socle électoral solide souvent supérieur à 10% dans ces communes.


    • Le centre (Renaissance) apparaît affaibli, sans ancrage local solide, souvent réduit à un rôle de force d’appoint. Dans les grandes villes, son électorat est très proche de celui des Républicains. A un an de la présidentielle, le « récit » au soir du 2nd tour des municipales sera décisif. Si Les Républicains, avec l’appui du bloc central, se trouvaient dans une situation favorable, en ayant gagné quelques villes emblématiques, Bruno Retailleau en sortirait alors probablement encore renforcé.

    Enfin, La prime au sortant semble s’effriter sous l’effet de cette polarisation : . Dans les grandes villes, le niveau de contestation à l’égard des maires en place est souvent très élevé et comparable à celui des élus nationaux.
    La figure du maire « consensuel », « au-dessus de la mêlée » que nous observons dans la plupart des communes est plus rare dans les villes supérieures à 100 000 habitants.

    Retrouvez la note complète sur le site de La Fondation Jean-Jaurès :

    https://www.jean-jaures.org/publication/a-un-an-des-municipales-les-grandes-villes-face-a-la-triple-polarisation-identitaire-securitaire-et-ecologique/

    Vote seniors RN Cluster 17

    Comment le RN est devenu le premier parti chez les seniors ? Note d’analyse pour la Fondation Jean-Jaurès

    👉 Lire la note complète ici : Du vote légitimiste au vote identitaire : comment le RN est devenu le premier parti chez les seniors

    Résumé :

    Le RN est aujourd’hui le premier parti chez les retraités. Un phénomène analysé dans une note publiée pour la Fondation Jean-Jaurès par Stéphane Fournier, doctorant en science politique et analyste chez Cluster17. À partir des données Cluster17 et d’entretiens qualitatifs, il montre comment ce basculement s’est opéré.

    Longtemps acquis à la droite républicaine, l’électorat des plus de 65 ans a peu à peu délaissé les partis traditionnels. Ce « vote légitimiste » — c’est-à-dire la fidélité aux sortants notamment à la droite et au centre-droit de gouvernement— s’effondre. À sa place, un vote plus marqué, plus clivé, qui penche de plus en plus du côté du Rassemblement National.

    La progression du RN s’explique notamment par un fort conservatisme des seniors sur les sujets identitaires : immigration, islam, sécurité. Le « grey gap » est très net dans les chiffres : 84 % des seniors se disent ainsi par exemple favorables à l’interdiction du voile à l’université, contre 30 % chez les jeunes.

    Le RN a su capter cette demande en adaptant son image et « nettoyant » son programme. Marine Le Pen a ainsi abandonné certains marqueurs perçus comme trop radicaux et qui pouvaient cliver les différentes sensibilités électorales de la droite, notamment les plus âgés et les plus libéraux économiquement (sortie de l’euro, retraite à 60 ans, alignement sur Moscou). En recentrant son discours et ses prises de position clivantes sur deux thématiques, celles de l’immigration et de la sécurité, le RN a su agréger des électeurs pour qui ces sujets sont absolument centraux dans le choix de vote.

    Toutefois, la note se conclue sur les quelques limites qui subsistent. Le RN reste faible chez les « grands aînés » (75 ans et plus), et chez les retraités aisés, diplômés et plus modérés culturellement. Par ailleurs, une partie de cet électorat reste fidèle aux Républicains ou au bloc « macroniste ». Pour l’instant.

    Le paysage politique pourrait encore évoluer si une alternative crédible à droite émergeait à l’issue du congrès des Républicains ou si le RN se voyait « rediaboliser » par la condamnation de Marine Le Pen. Mais en attendant, c’est bien le RN qui capitalise sur la déception à l’égard du bilan d’Emmanuel Macron et sur la polarisation à l’œuvre sur les questions identitaires.

    Sondage entreprise cluster 17 The Arcane Fondation Jean Jaurès

    Etude pour The Arcane et la Fondation Jean-Jaurès : L’entreprise, une institution « refuge » dans un climat de défiance et d’instabilité ?

    Dans un contexte de défiance vis-à-vis des institutions politiques, l’entreprise s’impose comme une institution « refuge », perçue à la fois comme un lieu de protection, d’utilité sociale et de pouvoir concret. Longtemps ambivalent, le rapport des Français au secteur privé semble évoluer : l’entreprise est désormais investie d’attentes collectives – créer de la richesse, préserver l’environnement, défendre le patriotisme économique – tout en restant le cadre d’un accomplissement personnel. Ce recentrage sur l’entreprise comme acteur central de la société reflète l’érosion de la légitimité des élus et de l’État, désormais concurrencés sur le terrain symbolique par les grandes figures du capitalisme. Si les Français plébiscitent les TPE-PME, ils attendent aussi des grandes entreprises qu’elles assument une part de leadership public sans pour autant empiéter sur le débat politique. Ce nouvel imaginaire du travail valorise l’autonomie, les relations humaines et le sens, tout en réclamant à la fois moins d’impôts sur les entreprises et moins d’aides publiques. L’entreprise apparaît ainsi comme l’un des rares espaces où se conjuguent efficacité, sécurité et horizon collectif, au moment où les autres piliers du contrat social vacillent.

    Les chiffres clés de l’étude :

    • Confiance dans les entreprises :

    Moyenne de confiance : 6,1/10 — Les entreprises arrivent en 4e position derrière l’armée (7,4), la police (7,1) et l’hôpital public (6,9).

    • Fiscalité :

    52 % des Français estiment que les entreprises paient trop d’impôts et de charges, contre seulement 17 % qui pensent qu’elles n’en paient pas assez. Mais « en même temps », 48 % considèrent que les entreprises reçoivent trop d’aides publiques, contre 7 % qui pensent qu’elles n’en reçoivent pas assez.

    • Pouvoir des grandes entreprises :

    49 % des Français pensent que les dirigeants des grandes entreprises ont plus de pouvoir que les responsables politiques. 55 % estiment que Bernard Arnault a plus de pouvoir qu’Emmanuel Macron.

    • Engagement des entreprises sur les sujets de société :
      Les Français soutiennent majoritairement l’implication des entreprises sur certains sujets :

    👉 80 % pour l’égalité femmes-hommes

         👉 75 % pour le patriotisme économique

         👉 74 % pour la lutte contre le réchauffement climatique

         👉 Seuls 14 % estiment qu’elles doivent s’impliquer dans la participation citoyenne (vote, engagement associatif ou politique).

    • « Travailler plus pour gagner plus » :

    53 % des Français y sont favorables, contre 44 % qui y sont opposés.

    • Relations de travail

    83 % des Français déclarent avoir des relations humaines de qualité dans leur travail.

    57% disent avoir des collègues de travail parmi leurs amis.

    65% des sondés disent parler politique au travail.

    • Trump et la guerre commerciale :

    77 % des Français pensent que son retour au pouvoir est une menace pour les entreprises françaises exportant aux États-Unis.

    66 %  des sondés sont favorables à un allègement des normes pour améliorer la compétitivité.

    78 % veulent instaurer des barrières douanières pour taxer les produits importés.

    L’étude complète :

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