Macron en dynamique, loin devant ses concurrents
Bien qu’il n’ait pas encore déclaré sa candidature, le Président de la République est en hausse dans notre baromètre de la semaine à 25,5% (+1,5). Le conflit en Ukraine entraîne un réflexe d’unité autour de la personnalité du Président qui explique en partie sa progression dans nos intentions de vote. Logiquement, ce sont les clusters les plus diplômés et les plus pro-UE qui lui accordent le plus leur confiance. Il enregistre ainsi une percée dans le cluster des Sociaux Démocrates qui sont cette semaine 57% à avoir l’intention de voter pour lui (+17). Il demeure très haut chez les Progressistes qui composent avec les Sociaux-Démocrates un électorat de gauche diplômée, urbaine, redistributive, européenne et libérale.
Pécresse décroche par rapport à Zemmour et Le Pen
Valérie Pécresse est une nouvelle fois en baisse, à 12,5% cette semaine (-0,5) et se retrouve désormais assez loin du 2nd tour derrière Eric Zemmour et Marine Le Pen, chacun à 16%.
La candidate des Républicains ne parvient pas à résoudre la difficile équation électorale qui lui fait face : mobiliser des clusters clivés : Libéraux, Conservateurs, Anti-Assistanat et Identitaires. Ces clusters qui avaient constitué la quasi intégralité du vote Fillon en 2017 hésitent aujourd’hui entre trois candidatures : Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Valérie Pécresse. Ainsi seul un électeur sur deux de François Fillon en 2017 indique vouloir voter pour Valérie Pécresse. A titre d’exemple, les Libéraux qui avaient voté à 60% pour François Fillon ne sont plus que 38% à vouloir voter pour Pécresse. 32% indiquent vouloir voter pour Emmanuel Macron et 23% pour Eric Zemmour. Chez les Identitaires, cluster qui plébiscite Zemmour et Le Pen, le score de Valérie Pécresse est divisé par deux par rapport à celui de François Fillon (il passe de 33% à 15%).
La réussite de Valérie Pécresse dépendra donc de sa capacité à fédérer ces clusters qui votaient naguère pour le même candidat.
L’effondrement de la social-démocratie
Si le vote Fillon 2017 est clivé, le vote Hamon 2017 est lui totalement disloqué. Aucun candidat ne parvient à capter une part significative des 6% d’électeurs qui avaient voté pour le candidat PS. Ainsi 12% disent vouloir voter Roussel, 12% Mélenchon, 12% Hidalgo, 14% Taubira*, 21% Jadot et 17% Macron.
Logiquement, cet éclatement rend très difficile la campagne des candidats issus du PS et d’EELV. Le bloc « social-démocrate » semble en voie d’extinction, pris en tenaille entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Ainsi, Christiane Taubira qui vient d’annoncer son retrait était encore en baisse dans notre baromètre, à 1,5% (-0,5). De même qu’Anne Hidalgo qui se retrouve elle aussi à 1,5% (-0,5). Yannick Jadot résiste davantage mais n’a pas enclenché de dynamique depuis son entrée en campagne et ne dépasse pas la barre des 5%.
Les clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes qui constituaient le cœur de cet électorat sont ainsi particulièrement clivés. Si une part non négligeable de ces électeurs demeurent fidèles à Emmanuel Macron, le reste se divise à parts quasiment égales entre Mélenchon, Jadot et Taubira.
Cette concurrence et cet affaiblissement des candidats « écolo-socialistes » profite à gauche à Jean-Luc Mélenchon qui dispose d’un socle particulièrement solide et fidèle. C’est au sein des clusters de gauche radicale : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés que l’insoumis puise principalement ses 13,5% d’intentions de vote. Fabien Roussel qui s’adresse lui aussi aux clusters populaires et à la gauche radicale demeure à 4% d’intention de vote.
L’abstention, élément clé du 1er tour
L’abstention sera probablement le facteur clé du 1er tour de l’élection. Selon son niveau, plusieurs candidats pourraient être affaiblis. C’est le cas principalement de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dont les électeurs appartiennent davantage aux classes populaires et sont donc plus susceptibles de s’abstenir pour de multiples raisons (mal-inscrits sur les listes électorales, dépolitisés, résignés, etc.).
C’est pourquoi nous essayons de repérer le taux d’engagement et d’intérêt que portent les français sur l’élection présidentielle.
Cette semaine, pour 67% (+5) des français « Il importe vraiment de savoir qui gagnera l’élection présidentielle » contre 33% qui pensent que « Les choses resteront à peu près les mêmes quel que soit le président élu ». C’est en hausse de 5 points par rapport à la semaine précédente. De même, 68% (+4) des français pensent que cette élection est plus importante que la précédente, en hausse de 4 points par rapport à la semaine dernière. Enfin, le nombre de français certains d’aller voter est en hausse d’un point à 71%.
Si ces trois indicateurs continuaient à monter, ce serait le signe que les français sont mobilisés et intéressés par la campagne, a fortiori l’abstention pourrait être relativement faible. A contrario, si cela stagnait, cela démontrerait un désintérêt des français et l’abstention pourrait s’avérer plus élevée.
Nous notons d’ailleurs que la première cause de l’abstention : la mal inscription sur les listes électorale risque de rester très élevée. Rappelons que plus de 7 millions d’électeurs étaient mal-inscrits en 2017, principalement des jeunes. Il est à craindre que la situation ne se soit guère améliorée. Dans cette perspective, les taux d’inscription sur les listes, dont la clôture est prévue vendredi 4 mars, donneront une première indication de la mobilisation des Français pour la présidentielle à venir.
* Enquête réalisée avant le retrait de Christiane Taubira