Sondage pour Le Point : La route est encore longue pour Laurent Wauquiez
La route est encore longue pour Laurent Wauquiez
- Le premier enseignement de notre enquête est l’attente éprouvée par les électeurs de droite de la refondation d’une grande organisation incarnant cet espace politique et prête à gagner et à gouverner. Ainsi, 49% des Français espèrent le retour d’un grand parti de droite, type RPR ou UMP. Une attente partagée par 95% des électeurs de Valérie Pécresse et 83% des électeurs d’Éric Zemmour.
Les résultats par clusters permettent de bien comprendre de quoi se composait la coalition sociologique et électorale qui avait permis à Nicolas Sarkozy d’accéder au pouvoir en 2007 et qu’il faut aujourd’hui réunir à nouveau si la droite veut espérer gagner les élections. Cette coalition va d’un cluster modéré pro-Macron comme les Centristes, qui sont 70% à espérer le retour d’un grand parti de droite aux clusters les plus à droite sur le plan des valeurs : les Anti-Assistanat et les Identitaires qui sont 63% et 70% à également souhaiter le retour d’un grand parti de gouvernement. Le cluster phare de la droite traditionnelle, Les Libéraux, sont 84% à se dire favorable à ce projet, de même que 60% des Conservateurs, un cluster plus âgé, plutôt modéré et demandeur de stabilité.
Ce sont ces quatre familles d’électeurs qu’il s’agit de convaincre en premier lieu pour la droite si elle veut espérer retrouver le niveau qui fut le sien jusqu’à l’avènement du macronisme et la montée en puissance du RN.
- Cependant, la route est encore longue pour Laurent Wauquiez au sein de ces cinq clusters. 35% des Français disent bien le connaître, seuls 4% « très bien » le connaître. Plus décisif, sa notoriété est relativement faible dans l’ensemble des clusters cibles de la droite. Même les plus politisés et diplômés, Les Libéraux ne sont que 39% à bien connaître Laurent Wauquiez. Seul un électeur sur deux de Valérie Pécresse et d’Éric Zemmour disent bien le connaître. Il faut cependant souligner qu’un tel déficit de notoriété n’est qu’un handicap relatif. Car il offre la possibilité de se construire une image et une identité politique susceptible de rencontrer les attentes d’une partie des Français et de satisfaire la demande des segments de l’électorat (clusters) que l’on s’est fixé pour objectif de rassembler.
- Les Français identifient plutôt bien le positionnement politique de Laurent Wauquiez. Vu comme un homme de droite par 78% des Français, il est perçu comme étant « très à droite » par les électeurs de gauche et comme « à droite » ou « plutôt à droite » dans l’électorat de droite, signe d’un positionnement plutôt en phase avec son électorat potentiel.
- Le potentiel de Laurent Wauquiez semble pour l’instant limité. Seuls 23% des sondés « souhaitent que Laurent Wauquiez un joue un rôle plus important dans les années à venir ». C’est au sein des clusters historiques de la droite qu’il est tout de même le plus attendu, avec 45% de moyenne chez les Conservateurs, les Libéraux, les Anti-Assistanat et les Identitaires. Plus d’un électeur sur deux d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse semble également espérer que Laurent Wauquiez s’impose comme l’un des leaders de la droite.
- Pas encore déclaré, et volontairement en retrait de la vie politique nationale, les chances de victoire de Laurent Wauquiez sont encore faibles dans l’esprit des Français : seuls 16% des sondés estiment qu’il a « une chance de gagner l’élection présidentielle en 2027 ». Rappelons à titre de comparaison que deux tiers des Français estimaient que Marine Le Pen avait une chance de gagner la prochaine présidentielle dans un précédent sondage Cluster17 réalisé pour Le Point.
- Discret médiatiquement, Laurent Wauquiez doit non seulement monter en notoriété mais aussi améliorer son image et son positionnement pour convaincre plus largement. Un Français sur quatre et un électeur de droite sur deux estiment qu’il a « la stature d’un Président de la République ». Seuls 28% des sondés le trouvent « proche des préoccupations des Français » et 26% l’estiment capable de « mener les réformes nécessaires » pour le pays. Enfin, 38% des Français interrogés le jugent « compétent ». Une qualité qui lui est reconnue par 70% des électeurs de droite, ce qui est loin d’être négligeable.
En outre, le challenge à relever pour Laurent Wauquiez est de trouver les positionnements politiques qui permettront de sortir la Droite de la tenaille Macron-Le Pen et ainsi réunifier un électorat actuellement dispersé entre Renaissance, le RN et les Républicains.
Comme le montre notre question sur le potentiel électoral des principales personnalités politiques, Laurent Wauquiez dispose d’une bonne côte d’estime dans les clusters cibles de la droite traditionnelle mais il apparaît aujourd’hui comme un deuxième voire un troisième choix, distancé par Marine Le Pen, en ce qui concerne la fraction la plus à droite de son électorat potentiel et par Edouard Philippe, sur la frange plus modérée. Pour tenter de réunifier l’électorat de la droite française, la clusterisation indique la marche à suivre : adopter un positionnement fort sur les enjeux identitaires, répondre à la demande d’ordre, s’adresser à la France qui « se lève tôt » et rejette l’assistanat, et enfin, afficher sa compétence et sa capacité à gouverner le pays.