Les Français divisés sur un titre de séjour pour « métiers en tension »
Les Français très légèrement favorables à la création d’un titre de séjour « métier en tension »
- L’électorat d’Emmanuel Macron plébiscite cette mesure
Si la réforme des retraites, nous l’avons vu, ne fait pas l’unanimité au sein de l’électorat macroniste, cette autre promesse forte du début d’année est plébiscitée par l’ensemble de l’électorat présidentiel. 82% de ses électeurs disent en effet soutenir la mesure. Les clusters qui composent sa coalition, en particulier ceux de gauche ainsi que les centristes, soutiennent particulièrement cette mesure. L’électorat de Valérie Pécresse est quant à lui clivé. 54% de ses électeurs disent approuver la création de ce titre de séjour. Cette mesure met en difficulté l’électorat de droite traditionnelle : d’une part, c’est une mesure de soutien aux entreprises et à l’économie mais d’autre part cette mesure peut être perçue par cet électorat comme une ouverture des frontières et une source de flux migratoires. Un phénomène que ces électeurs rejettent habituellement massivement.
- L’électorat identitaire largement opposé à la mesure
Le positionnement est plus clair du côté des électeurs de Marine Le Pen et Eric Zemmour. Respectivement 83% et 85% de leurs électeurs rejettent cette mesure. C’est la dimension migratoire qui l’emporte pour eux dans cette mesure et les régularisations qu’un tel octroi de titres de séjour pourraient engendrer.
- La gauche tiraillée entre droits des travailleurs et mesure de soutien aux entreprises
Il convient de souligner qu’il est assez rare qu’une mesure gouvernementale fasse l’objet d’un soutien si clair d’une grande partie de la gauche. 76% des électeurs de Yannick Jadot s’y disent favorables, de même que 64% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. En revanche, la moitié des électeurs de Fabien Roussel rejetterait une telle mesure.
Pour autant, il semble que le fait que ce titre de séjour soit octroyé en partie pour des raisons économiques soit un vecteur d’opposition à cette mesure pour une partie minoritaire de ces électorats.
- Une opposition plus forte dans l’électorat populaire
Comme souvent lorsqu’il s’agit des questions migratoires, cette mesure révèle un certain écart entre les catégories plus aisés et les catégories plus populaires : les ouvriers sont 58% à rejeter la création ce titre de séjour, quand les cadres et professions intellectuelles sont 67% à la soutenir.
On retrouve d’ailleurs ce clivage au sein de nos clusters. Ainsi, au sein de la coalition de gauche, les Solidaires, soit le cluster le plus populaire, composé en grande partie d’employés et d’ouvriers, est aussi le moins favorable à cette mesure : seuls 56% d’entre eux y sont favorables.
Au sein de la coalition « lepéniste », le cluster des Sociaux-Patriotes, qui est certainement le cluster comprenant le plus d’ouvriers au sein de notre segmentation affiche quant à lui un niveau de rejet particulièrement élevé : 86% d’entre eux se disent en effet opposés à la création de ce titre de séjour « métier en tension ».