8 mars 2022

Baromètre hebdomadaire S09 : Présidentielle 2022

Le candidat Macron en forte dynamique

Dans notre baromètre réalisé parallèlement à sa déclaration officielle de candidature, Emmanuel Macron gagne 2,5 points et se retrouve à 28% d’intentions de vote. La situation internationale lui profite pleinement. A l’inverse, ses deux principaux concurrents, Éric Zemmour et Marine Le Pen tombent à 14,5% (-1,5).

Une part importante de Français qui ont pris fait et cause pour le peuple ukrainien (voir ici) se tournent logiquement vers Emmanuel Macron qui s’est placé dès le début de l’invasion du côté du président ukrainien Zelensky en adoptant notamment un flot de mesures contre le régime russe. A l’inverse, Éric Zemmour et Marine Le Pen davantage identifiés comme des candidats « proches » de Vladimir Poutine perdent des points à mesure que cette guerre avance et alors que leurs électeurs, comme le révélait notre précédente étude, sont particulièrement clivés sur cet enjeu (voir ici).

La percée d’Emmanuel Macron se situe dans la continuité de sa dynamique de la semaine dernière. Les clusters les moins politisés et les plus modérés le plébiscitent. C’est au sein des clusters Progressistes, Apolitiques, Eclectiques et Conservateurs que sa percée est la plus forte. Ces électeurs pourtant hétérogènes politiquement et sociologiquement se rassemblent autour de la figure consensuelle et rassurante du Président de la République. Sa fonction lui confère l’avantage d’être sur le devant de la scène, ce qui déclenche un réflexe « légitimiste » pour les électeurs modérés. Sa volonté d’opérer une médiation dans le conflit tout en affichant un soutien sans faille aux Ukrainiens fédère ces clusters pro-UE et libéraux, inquiets par le déclenchement de cette guerre en Europe. Concomitamment, les clusters déjà acquis à la cause du Président continuent de lui apporter un soutien élevé. Ainsi le Président fait le plein chez les Centristes (79%), obtient des scores très élevés chez les Sociaux-Démocrates (49%) et les Sociaux Républicains (48%) et continue de faire jeu égal avec Valérie Pécresse dans le cluster décisif pour l’avenir de la droite des Libéraux.

La bataille pour le vote des Conservateurs tourne à l’avantage de Macron

Ce cluster âgé, rural et de classe moyenne, défiant envers les propositions radicales et en forte demande de stabilité était jusqu’alors un des plus volatiles.

Le surgissement du conflit en Ukraine a provoqué fort logiquement des variations sensibles au sein de ce segment de l’électorat. Alors qu’il y a deux semaines, E. Macron, V. Pécresse et E. Zemmour étaient quasiment à égalité parmi les Conservateurs, depuis l’invasion russe, Emmanuel Macron a progressé jusqu’à 42% des intentions de vote au sein de ce cluster (+14). Dans le même temps Valérie Pécresse a divisé son score par deux, passant à 14% (-14) et Eric Zemmour est tombé à 11% (-11).

On observe bien un réflexe légitimiste en faveur du Président dans ce cluster. Il faudra scruter au cours des prochaines semaines si cette tendance se confirme, auquel cas ce serait principalement la candidature de Valérie Pécresse qui en souffrirait. En effet ce cluster compose avec les Libéraux l’électorat « naturel » des Républicains. C’est en ce sens un cluster décisif et la prééminence du clivage autour de la guerre en Ukraine pourrait constituer un effet d’« aubaine électoral » pour Emmanuel Macron.

Au-delà de ce cluster, la radicalité affichée par Éric Zemmour depuis le début de la campagne pourrait fragiliser sa tentative d’unifier les clusters allant de la droite modérée aux Identitaires, la situation appelant davantage à la retenue, au calme, à l’ordre et à la stabilité y compris au sein de clusters parfois radicaux. La baisse sondagière des candidats RN et Reconquête! profite par voie de conséquence à Valérie Pécresse qui se maintient à 13% (+0,5) et continue à entrevoir une possible qualification au 2nd tour. La situation géopolitique pourrait également jouer en sa faveur si elle se crédibilisait et apparaissait comme une alternative plus sérieuse que Zemmour et Le Pen, incarnant une forme de « rupture dans la stabilité ».

Jean-Luc Mélenchon dans le match pour le 2nd tour

La baisse des deux candidats identitaires permet également à Jean-Luc Mélenchon de se rapprocher du 2nd tour. Il demeure stable à 13,5% et semble ne pas avoir trop pâti des accusations de complicité avec le régime de Moscou proférées par certains de ses adversaires, même si sa dynamique haussière s’en trouve peut-être ralentie. Il se situe donc dans la course au 2nd tour à un point désormais de la qualification. Il lui faudra pour réaliser le « sorpasso » faire aussi bien qu’en 2017 au sein de ses clusters phares : Multiculturalistes, Solidaires et Révoltés et déjouer une abstention potentiellement forte au sein du cluster des Révoltés, un des clusters à plus haut risque d’abstention. Cependant, le « vote utile » de gauche qui s’était porté sur lui en 2017 pourrait lui échapper notamment en raison de la crise ukrainienne. Les électeurs indécis des clusters Sociaux-Démocrates et Progressistes pourraient en effet se tourner sur Emmanuel Macron dès le 1er tour, alors qu’une part significative d’entre eux avait voté pour le candidat insoumis en 2017, dans une logique de vote utile à gauche.

L’abandon de Christiane Taubira semble avoir profité à Yannick Jadot qui gagne un point cette semaine à 5,5%. Il augmente son socle dans les clusters naturels de la gauche « écolo-socialiste » : Multiculturalistes, Sociaux-Démocrates et Progressistes. Mais pour l’heure, ce socle demeure trop faible. Il faudrait pour Yannick Jadot incarner une alternative crédible à Emmanuel Macron, tenir une position d’équilibre entre propositions de rupture écologiques et sérieux économique. Sa position sur le conflit ukrainien, bien en phase avec la majorité du pays et des électeurs de gauche, pourrait également lui permettre de tirer son épingle du jeu (voir ici).

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