Sondage pour Le Point sur le sommet de l’IA : 67% des Français doutent de la capacité de leur pays à devenir un leader

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Une ambition présidentielle accueillie avec scepticisme

L’objectif d’Emmanuel Macron de positionner la France comme un leader mondial en intelligence artificielle et dans les nouvelles technologies suscite des doutes parmi la population. D’après l’étude Cluster17 pour Le Point, une majorité de Français (67 %) se montrent sceptiques quant à la capacité du pays à rivaliser avec des puissances comme les États-Unis ou la Chine dans ce domaine.

Ce pessimisme s’inscrit dans un climat général de défiance vis-à-vis du rôle de la France sur la scène internationale, un sentiment qui se retrouve dans d’autres enquêtes d’opinion. La segmentation des résultats révèle que les clusters les plus critiques sont les Révoltés (88 % de défiance), les Identitaires et les Traditionalistes, qui expriment un regard décliniste sur les capacités nationales en matière d’innovation et de leadership technologique.

À l’inverse, une minorité plus optimiste (26 %) juge que cet objectif reste atteignable. Parmi eux, les Libéraux, les Sociaux-Démocrates et les Modérés apparaissent comme les plus convaincus du potentiel français dans ce secteur.

Intelligence artificielle : une priorité secondaire pour les Français

Si l’intelligence artificielle est perçue comme un enjeu stratégique, elle ne constitue pas pour autant une priorité budgétaire pour une large majorité des sondés. Près de trois Français sur quatre considèrent que d’autres domaines méritent davantage d’investissement public. Ce rejet est particulièrement marqué chez les Multiculturalistes (90 %), les Solidaires (91 %) et les Sociaux-Patriotes, qui d’ordinaire défendent les enjeux de souveraineté, mais ne placent pas l’IA au cœur de leurs préoccupations.

Toutefois, 27 % des sondés estiment que la France doit investir prioritairement dans l’IA. Ce soutien se retrouve principalement chez les Libéraux (56 % favorables) et les Centristes (52 % favorables), qui valorisent l’innovation et l’économie numérique.

Une fracture idéologique sur le rapport à la technologie

L’enquête met en évidence un clivage politique dans la perception des nouvelles technologies. À gauche, une méfiance marquée se dégage : les électeurs de La France Insoumise sont parmi les plus sceptiques quant aux bénéfices de l’IA, tandis que les groupes plus progressistes et écologistes expriment une réticence à voir la technologie s’imposer comme une priorité nationale. Cette prudence semble alimentée par des préoccupations liées à la transition écologique et aux inégalités sociales.

À l’inverse, les électeurs situés à droite de l’échiquier politique manifestent une adhésion plus forte au développement technologique, perçu comme une opportunité économique et industrielle. Un paradoxe apparaît chez les Traditionalistes : bien qu’ancrés dans des valeurs conservatrices, ils sont 53 % à soutenir un investissement accru dans l’IA et comptent parmi les utilisateurs les plus assidus de ces outils (34 % déclarent les employer régulièrement).

Un usage encore limité mais en progression

Malgré ces divergences, l’intelligence artificielle s’installe progressivement dans le quotidien des Français. Aujourd’hui, 21 % des sondés déclarent utiliser régulièrement ces technologies, principalement pour des tâches pratiques telles que la recherche d’informations, la traduction ou encore le traitement de données.

L’enquête souligne un net écart générationnel : 49 % des 18-24 ans affirment recourir fréquemment à l’IA, contre seulement 6 % des plus de 75 ans. De même, les cadres et professions intellectuelles sont les plus enclins à intégrer ces outils dans leur vie professionnelle et personnelle.

Si l’IA ne révolutionne pas encore massivement les habitudes, elle s’ancre progressivement dans certains usages spécifiques, notamment chez les jeunes générations et les catégories socio-professionnelles favorisées.

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