Baromètre des perceptions européennes pour le Grand Continent

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Nous publions en exclusivité pour le Grand Continent notre premier « baromètre des représentations européennes ». Co-construite avec Emmanuel Rivière, ex DG de Kantar et vice-président de la Maison de l’Europe, cette étude réalisée simultanément en France, en Belgique, en Espagne, en Allemagne et en Italie éclaire sur le rapport des citoyens à des sujets fondamentaux tels que l’appartenance à l’UE, sa compétitivité, son bilan, ses compétences, sa défense militaire ou encore son rapport aux Etats-Unis version Trump.

  1. Rester ou sortir, là n’est plus la question. Le souhait de rester dans l’UE est largement majoritaire dans les 5 pays sondés. De même, le sentiment que l’appartenance à l’UE  renforce son propre pays fait consensus hormis en France où la société est divisée en deux sur cette idée. Dans l’ensemble de cette enquête, c’est en France que le niveau de critique et de scepticisme est le plus élevé.
  2. Des attentes de politiques concertées. Dans 7 des 12 domaines d’action testés, on trouve dans tous les pays une majorité, souvent large, pour estimer préférable une politique commune avec les autres pays de l’Union Européenne. C’est particulièrement le cas s’agissant de la lutte contre le terrorisme, de la recherche et de l’innovation, de la gestion des catastrophes et de la transition écologique. Cela reste vrai de l’immigration et des relations internationales, même si les Français sont plus hésitants sur ces deux aspects.
  3. Un bilan jugé décevant. Il existe peu de domaines d’action que les Européens considèrent comme des réussites. Il n’y a guère que la recherche qui suscite un satisfecit d’une majorité des sondés, et ce n’est même pas le cas en France, pays dont les habitants se montrent d’une manière générale particulièrement sévères, quand les Espagnols se montrent nettement plus positifs. A l’opposé de la recherche, l’immigration est unanimement associée à un constat d’échec. Dans les autres domaines, les constats sont un peu moins négatifs et varient significativement d’un pays à l’autre.
  4. Inefficace et bureaucratique, des reproches qui ont la vie dure Les critiques des citoyens se concentrent principalement sur l’absence d’efficacité de l’UE : seuls 15 à 28% des sondés estiment qu’elle est efficace. L’UE est à l’inverse perçue comme « bureaucratique » par une part importante de sondés, de 38 à 57% selon les pays. Cette insatisfaction n’est pas antinomique avec l’attachement au projet européen, mais débouche naturellement sur l’envie d’une autre Europe.
  5. Une autre Europe Environ 2/3 des sondés de chaque pays se disent ainsi favorables à l’UE tout en souhaitant « de grands changements » dans sa manière de fonctionner. Mais ce mécontentement ne se manifeste pas automatiquement par une envie de revenir en arrière dans l’intégration européenne : ainsi dans 4 pays sur 5 (sauf la France), le souhait d’aller vers une « Europe fédérale » est majoritaire.
  6. La difficile solidarité européenne Quand il s‘agit de qualifier l’Europe de « solidaire », les avis varient fortement d’un pays à l’autre (de 32% en Italie à 58% en Allemagne) et la question consistant à estimer si les Etats membres doivent accepter de contribuer plus qu’ils ne reçoivent de l’UE montre la complexité de la question. Le sujet fait débat, et partage les opinions publiques comme les pays : 57% des Allemands acceptent que leur pays soit contributeur net, quand 52% des Français le refusent. Pour une part, la solidarité européenne peut se heurter aux interrogations du grand public sur la fiabilité des autres partenaires.
  7. Le rapport Draghi, réponse nécessaire au défaut de compétitivité ? Environ deux tiers des Européens estiment que l’UE n’est pas compétitive, que ce soit par rapport aux Etats-Unis ou par rapport à la Chine. Ils souhaitent dès lors majoritairement que les pays se coordonnent davantage et ils sont plus de 50% à se dire en faveur du plan porté par Mario Draghi réclamant 800 milliards d’euros d’investissements dans des secteurs clés.
  8. Trump, la menace L’élection de Donald Trump est perçue comme une menace pour l’UE et pour l’Ukraine : 40 à 49% des sondés le considèrent comme un « ennemi de l’Europe » (contre 7 à 12% qui le considèrent comme un ami) et 41% (Italie) à 58% (Belgique) des sondés estiment que son élection rend le monde « moins sûr ».
  9. Ukraine : des lignes de faille les Européens sont partagés sur l’aide à apporter à l’Ukraine : 58% des Allemands souhaitent ainsi s’engager davantage pour défendre l’Ukraine contre seulement 31% des Italiens. En miroir, des divergences apparaissent concernant l’attitude à adopter vis-à-vis de la Russie. Si dans 4 pays sondés, la majorité s’exprime pour un renforcement ou à tout le moins un maintien des sanctions contre la Russie, une part significative de l’opinion italienne prône une normalisation de la relation.
  10. Des noyaux durs europhobes En France et en Italie, l’analyse par cluster fait apparaître des groupes d’électeurs particulièrement europhobes. Cette hostilité à l’égard de l’UE se conjugue à une défiance plus globale vis-à-vis de l’establishment dans des clusters qui peuvent être très différents sur d’autres clivages, les uns pouvant se situer à gauche et les autres à droite. Le phénomène est moindre en Allemagne et en Wallonie où l’europhobie est surtout l’apanage des électeurs de droite identitaire. En Espagne et en Flandre, le rapport à l’UE est moins structurant dans la construction des systèmes de valeurs et fait davantage consensus.

Retrouvez l’ensemble des résultats ci dessous :

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