Baromètre de l’opinion publique européenne pour Le Grand Continent (vague 4) – 9 pays : Entre attachement à l’Europe et craintes géopolitiques, technologiques et sociales

Brussels,,Belgium, ,08,04,2023:,The,European,Parliament,Headquarters.

A l’occasion de la troisième édition du Sommet du Grand Continent, Cluster17 publie la 4e vague de son Baromètre de l’Opinion publique européenne, menée auprès de 9 553 Européens issus de 9 pays de l’Union européenne (Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Belgique, Portugal, Pays-Bas et Croatie). 

Dans les neuf pays sondés, un premier constat domine : les Européens ont pleinement conscience des bouleversements géopolitiques, technologiques et sociaux qui redessinent leur environnement. La guerre est revenue sur le continent, les rivalités de puissance se sont durcies, la révolution numérique inquiète, et les tensions politiques internes fragilisent la cohésion des sociétés. Ce baromètre offre une photographie précise de ces inquiétudes, mais aussi des contradictions qui structurent le climat européen.

L’attachement à l’Union européenne reste nettement majoritaire (74 % souhaitent y rester) mais il est inégal selon les pays. Là où l’Espagne et le Portugal affichent une adhésion massive, la France apparaît comme le maillon le plus fragile, avec 27 % favorables à une sortie. Le Brexit continue lui de jouer le rôle de repoussoir : près de deux Européens sur trois le jugent négatif pour le Royaume-Uni (63 %). Ces résultats dessinent une Europe encore solidement arrimée à l’UE, mais traversée par des poches de fragilité.

Face aux risques extérieurs, une double inquiétude domine. D’un côté, une courte majorité d’Européens estime désormais élevé le risque d’une guerre ouverte entre leur pays et la Russie (51 %), un renversement historique dans les perceptions. De l’autre, le terrorisme apparaît comme la menace la plus immédiate : 63 % jugent élevé le risque d’un conflit avec des organisations terroristes, un niveau qui atteint même 86 % en France. Pourtant, les Européens doutent de leur capacité militaire : seulement un quart pense que leur pays serait capable de se défendre seul face à la Russie (26 %).

Dans ce contexte, les Européens semblent refuser les logiques de blocs. Une très large majorité (71 %) souhaite que l’Europe garde ses distances vis-à-vis des États-Unis comme de la Chine, et affirme une aspiration nette à l’autonomie stratégique. Donald Trump est perçu par un Européen sur deux comme un ennemi de l’Europe (48 %), mais cela ne se traduit pas par une volonté d’affrontement : le compromis reste la ligne privilégiée vis-à-vis des États-Unis (48 %).

Les tensions internes occupent également une place centrale dans ce baromètre. Sur l’immigration, les opinions sont très polarisées : 46 % y voient une menace pour la cohésion nationale, mais 33 % la considèrent comme une nécessité démographique. L’antisémitisme est perçu en hausse par 61 % des Européens, un niveau particulièrement élevé en France (73 %) et en Allemagne (65 %). S’y ajoute une demande majoritaire de réduction forte des dépenses publiques (64 %) et un clivage profond sur le climat, 43 % jugeant que le changement climatique est exagéré ou instrumentalisé.

Le rapport à la modernité technologique est également marqué par l’ambivalence. Les Européens sont massivement inquiets des réseaux sociaux (73 %) et des effets sociétaux de l’IA, mais restent enthousiastes pour les robots (53 %) ou la conquête spatiale (64 %). Ce n’est pas tant la technologie en elle-même qui inquiète que ses conséquences sur la capacité des sociétés à produire du lien, du savoir et du jugement.

Enfin, lorsque l’on demande aux Européens ce qui fait la force de leur pays, la réponse est claire : ce ne sont ni l’économie ni la puissance militaire, mais la culture, les paysages, la qualité de vie et le système de santé. Le patrimoine historique est cité par 42 % des répondants, les paysages par 39 %, la qualité de vie par 27 %. À rebours des inquiétudes qui traversent l’enquête, les Européens continuent de se penser à travers des ressources culturelles, sociales et territoriales. Mais c’est précisément ce socle qu’ils sentent aujourd’hui fragilisé par les crises, externes comme internes.

Retrouvez l’analyse et les résultats complets dans l’article du Grand Continent : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/12/04/ce-que-les-europeens-veulent-vraiment-le-dernier-eurobazooka/

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