Une polarisation de l’opinion sur la question du réchauffement
Notre enquête pour Le Point révèle des clivages structurants dans l’opinion à propos de l’écologie et du réchauffement climatique. A propos de celui-ci, 38% des Français, particulièrement à gauche idéologiquement, estiment qu’il est « généralement sous-estimée ». Un autre « bloc » de 39% estiment qu’il est correctement évalué, tandis que 21% des Français, notamment au sein des groupes de la droite identitaire, estiment qu’il est généralement exagéré. Seuls 2% de sondés estiment que le réchauffement climatique est « inventé de toute pièce ».
Nous discernons ici les prémices du clivage écologique entre une gauche qui considère le réchauffement climatique comme un sujet alarmant et une droite identitaire qui oscille entre scepticisme, complotisme et indifférence vis-à-vis de la question.
Notons que sur ce thème, moins les Français sont diplômés et plus ils sont âgés, plus le scepticisme est grand.
Une large majorité, 68% des sondés, estime que l’écologie doit être une priorité du gouvernement parmi d’autres. Toutefois, 18% des Français estiment qu’elle doit être la première priorité, quand 14% pensent au contraire que cela ne devrait pas être une priorité pour le gouvernement. Une question qui révèle une fois de plus une polarisation : pour 30 à 40% des clusters de gauche, l’écologie est une priorité absolue, quand au sein de la droite, qu’elle soit populaire, modérée ou identitaire, 20 à 30% des sondés estiment que l’écologie n’est pas une priorité.
Ici aussi, le niveau de diplôme et l’âge semblent structurant : Seuls 6 à 8% des 18-35 ans estiment que l’écologie n’est pas une priorité, quand les seniors sont environs 20% à l’affirmer.
La gauche jacobine et la droite décentralisatrice
Pour lutter contre le réchauffement climatique, les Français sont partagés quant à la politique publique prioritaire à adopter. Cependant, notre enquête révèle une défiance importante envers les entreprises : 27% des sondés estiment qu’il faut renforcer le principe pollueur-payeur et faire payer plus les entreprises qui polluent, quand seulement 4% des Français interrogés affirment qu’il « faut faire confiance aux entreprises privées pour qu’elles trouvent les solutions permettant de réduire notre impact carbone ».
La deuxième piste privilégiée par 23% des Français est la mise en place « d’une planification écologique » par le gouvernement. Une politique privilégiée à la fois par les électeurs de gauche « mélenchoniste » mais aussi ceux du centre « macroniste ».
Enfin, 34% des électeurs de gauche radicale estiment qu’il faut renoncer à la croissance et à l’hyper consommation pour enrayer le réchauffement. L’électorat de droite se distingue par un tropisme plus décentralisateur : 20% des électeurs de droite modérée et de droite radicale conviennent qu’il faut « laisser la priorité aux acteurs locaux dans la mise en place de projets environnementaux ».
Le nucléaire fait quasiment l’unanimité
Le contexte de hausse des prix de l’énergie des derniers mois continue de jouer en faveur de l’énergie nucléaire française. Ainsi, 79% des Français, toutes tendances politiques confondues, se disent « favorables à la production d’énergie nucléaire en France ». Seuls les Multiculturalistes, qui composent une grande partie de l’électorat LFI mais aussi d’EELV, sont majoritairement hostiles à l’atome : Deux tiers d’entre eux ne souhaitent pas que la France produise de l’électricité à partir du nucléaire.
Les Français ne semblent pas encore prêts à changer radicalement leur mode de vie
Les Français semblent très partiellement envisager de modifier leurs pratiques pour limiter leur impact carbone. Ainsi, 68% des Français ne s’estiment pas prêts à arrêter de manger de la viande, dont 45% « pas du tout prêts ». Une attitude culinaire fortement empreinte d’idéologie puisque quand les Multiculturalistes sont 67% à envisager d’arrêter l’alimentation carnée ; à l’autre bout de l’échiquier, 83% des Identitaires s’y refusent complètement.
De même, 77% des Français ne souhaitent pas renoncer à un logement individuel. Enfin, 59% des sondés refuseraient de se passer de leur voiture thermique.
Des opinions qui sont largement structurées par les attitudes et les valeurs des sondés : plus ils sont en faveur des migrants et de la redistribution des richesses, plus ils sont prêts à changer leurs comportements. A l’inverse, plus ils sont hostiles à l’islam, favorables aux frontières et à plus de sécurité, moins ils sont prêts à se séparer de leur voiture, de la viande et d’un logement individuel.
Toutefois, des mesures semblent plus transversales et ne sont pas structurés par les mêmes clivages. Il en est ainsi de la limitation à 4 vols en avion tout au long de la vie ou du fait de payer plus cher son alimentation pour favoriser les circuits courts. Sur ces sujets, la sociologie joue une grande importance. Ainsi, par exemple, la gauche modérée, plus aisée et insérée économiquement, est majoritairement opposée à la limitation à 4 vols quand la gauche radicale, s’y montre tout à fait favorable.