Les Français jugent sévèrement l’action de la justice
Le regard des Français sur l’action des forces de l’ordre et de la Justice
Alors qu’on observe une multiplication des faits d’homicide dans les media, nous avons interrogé les Français sur le regard qu’il porte à propos de l’action de la Police et de la Justice. Nous avons également souhaité sonder leur sentiment d’insécurité.
- 49% des Français interrogés affirment que l’action de la police et de la gendarmerie est satisfaisante
Une courte majorité relative de Français trouve que l’action de la police et de la gendarmerie dans la société est satisfaisante. 47% la trouvent à l’inverse insatisfaisante et 4% n’ont pas d’opinion. Les positionnements sont peu clivés finalement lorsque l’on regarde les réponses dans le détail. Peu de Français ont répondu « Très satisfaisant » ou « Très insatisfaisant ». Il y a à l’inverse plutôt une sorte de consensus « mou » sur l’action des forces de l’ordre : 43% trouvent l’action de ces institutions « Plutôt satisfaisante » et 30% « Plutôt insatisfaisante ».
Les satisfaits se situent plutôt dans les segments modérés de l’électorat, chez les plus âgés et les plus aisés. Les catégories populaires et les plus jeunes se déclarent davantage insatisfaits.
Politiquement, les deux électorats les plus négatifs vis-à-vis de l’action des forces de l’ordre sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (70%) et ceux de Marine Le Pen (51%) devant les électeurs d’Éric Zemmour (47%). Pour des raisons probablement antagonistes, ces électeurs se trouvent être d’accord pour pointer des dysfonctionnements dans l’action des forces de l’ordre. Concernant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon on peut penser que dans la lignée du leader insoumis, leur insatisfaction provient d’abord des cas de « violences policières » régulièrement dénoncées par LFI depuis plusieurs années. Sans étonnement, le cluster le plus à gauche sur les questions culturelles et identitaires, les Multiculturalistes, sont 77% à se dire insatisfaits.
A l’inverse pour les électeurs populaires et identitaires qui votent Marine Le Pen ou Éric Zemmour, on peut émettre l’hypothèse que leur jugement négatif – plus relatif que celle des électeurs de gauche – provient d’une demande d’efficacité supérieure dans la lutte contre l’insécurité et la délinquance. Contrairement aux électeurs de gauche, c’est avant tout parce qu’ils pensent que l’insécurité augmente qu’ils jugent insatisfaisante l’action de la police. Ce sont d’ailleurs au sein des clusters qui ont fortement voté pour Marine Le Pen que le sentiment d’insécurité est le plus élevé, donc le niveau d’exigence envers l’Etat et la demande de protection sont plus élevés.
- L’action de la Justice dans le traitement de la délinquance largement insuffisant pour les Français
L’action de la Justice est quant à elle bien plus décriée et critiquée par les Français interrogés : 79% des Français la jugent insatisfaisante dans le traitement de la délinquance. Tous les segments sont concernés. Même les clusters les plus à gauche déclarent que cette institution est défaillante dans le traitement de la délinquance. Ainsi, 66% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 83% des électeurs de Yannick Jadot jugent son action insatisfaisante. Chez les électeurs de la droite et du RN, on est à plus de 90%.
Si le jugement sur la Police faisait apparaître un consensus « mou », il y a vis-à-vis de la Justice, un consensus puissant dans la population, comme si les Français avaient acté que le problème de la délinquance repose sur le « bout de la chaîne » pénale, sur l’institution qui doit sanctionner plus que sur celle qui doit arrêter les délinquants.
- Le sentiment d’insécurité est prédictif du vote
Nous avons enfin demandé aux Français de placer leur sentiment d’insécurité sur une échelle de 0 à 10.
Nous constatons une corrélation forte entre positionnement politique et sentiment d’insécurité. La courbe des notes est quasiment proportionnelle à la clusterisation. Les Multiculturalistes et plus globalement les clusters de gauche sont ceux qui se sentent le moins en insécurité (note inférieure à 3). A l’inverse, les clusters plus à droite et plus populaires donnent des notes supérieures à 3. On peut considérer cependant que le sentiment d’insécurité dans la population est relativement faible : aucun cluster ne donne une note supérieure à la moyenne (+ de 5 sur 10). Si bien que la moyenne générale est de 3,28.
Pour autant, les différences de ressenti sont profondes. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon placent à 2,2 sur 10 en moyenne leur sentient d’insécurité, tandis que les électeurs de Marine Le Pen le placent à 4,49. On voit combien ce sentiment peut être prédictif ou explicatif du vote des électeurs. Plus vous vous sentez en insécurité, plus vous orientez vos choix politiques vers des offres qui prônent la fermeté en matière de délinquance et d’action pénale.