- 47% des Français favorables à une censure du gouvernement Barnier contre 41% de défavorables : opinion très clivée avec 30% de « très favorables » et 22% de « très défavorables ». Dans le détail, c’est l’électorat PS des européennes qui est le plus clivé (50% vs 50%). L’électorat RN est également clivé avec 56% d’électeurs favorables vs 39% défavorables (dont 17% tout de même de très défavorables).
- Marine Le Pen prend donc à rebrousse-poil une partie de son électorat : 31% de ses électeurs se disent inquiets, 12% se disent énervés. A l’opposé, 26% se disent satisfaits et 15% satisfaits. On perçoit donc un électorat quasiment coupé en deux sur le ressenti éprouvé face à la chute, encore hypothétique au moment du sondage, du gouvernement Barnier.
- Au niveau national, 31% des Français sondés se disent inquiets et 15% énervés, illustrant le souci de stabilité et d’ordre éprouvé par la quasi-moitié de la population. L’électorat PS est en porte-à-faux vis-à-vis de cette décision : seuls 24% d’entre eux se disent réjouis ou satisfaits contre 40% qui se disent inquiets. Dans un cluster-phare de la coalition historique du PS, les Sociaux-Démocrates, l’inquiétude grimpe à 55% et la colère à 29%.
- Emmanuel Macron est stigmatisé comme le principal responsable de la crise : 36% estiment que la censure est la conséquence du mauvais choix de départ du Président de nommer Michel Barnier. 19% blâment « l’alliance » de circonstance entre le RN et le NFP. 13% seulement pointent la responsabilité directe de Michel Barnier « de ne pas avoir assez écouté les oppositions », symbolisant la faible résonnance de cet argument dans l’opinion.
- Signal faible important du sondage : au-delà de l’inquiétude ressentie, une certaine fatalité semble frapper les Français. Lorsqu’on leur demande la meilleure solution pour trouver une majorité et faire adopter le budget, 40% estiment qu’il n’y a aucune solution possible dans les conditions actuelles. Manifestant un rejet profond contre le personnel politique, la deuxième solution plébiscitée par 25% des sondés est un gouvernement technique « non politique ». 17% souhaitent une coalition Ensemble, LR et RN. Les autres coalitions sont très impopulaires : une coalition NFP-Ensemble n’est privilégiée que par 6% de sondés.
- Le pays est également particulièrement divisé à l’égard de la démission du Président de la République : 54% des Français estiment qu’il « doit démissionner et qu’une élection présidentielle doit se tenir dès 2025 » quand 46% estiment que « l’élection présidentielle doit avoir lieu en 2027 dans le respect des institutions ». Le premier scénario est défendu par les électeurs les plus « antisystème », une sorte « d’arc contestataire » qui traverse une grande partie de l’électorat de gauche et du RN. A l’inverse les modérés sont tout à fait réfractaires à cette issue radicale : 78% des électeurs PS, 69% des électeurs LR et 96% des électeurs Renaissance souhaitent qu’Emmanuel Macron aille au bout de son mandat.