Baromètre hebdomadaire S16-1 : Présidentielle 2022


Emmanuel Macron creuse l’écart sur Marine Le Pen, la « coalition Mélenchon » divisée sur le second tour

Emmanuel Macron augmente l’écart avec Marine Le Pen à cinq jours du 2nd tour. Le principal enjeu pour les deux candidats est de s’assurer de la mobilisation de son électorat de 1er tour évidemment mais également de réunir une part significative du vote Mélenchon, ainsi que des électorats de Yannick Jadot, Éric Zemmour et Valérie Pécresse.

L’écart d’Emmanuel Macron repose sur un meilleur report de voix de ces candidats de 1er tour. A l’exception des électeurs d’Éric Zemmour, les autres choisissent tous majoritairement Emmanuel Macron. La principale inconnue repose sur l’abstention, notamment pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui sont encore plus de 50% à ne pas vouloir choisir et à se réfugier dans le vote blanc/nul ou l’abstention. Seuls 29% des électeurs du 1er tour de J-L Mélenchon basculeraient sur Emmanuel Macron et 16% voteraient pour Marine Le Pen.

La tripartition de l’espace politique qui s’est imposée la semaine dernière rend l’équation très difficile pour les deux protagonistes. En effet, les trois clusters principaux du vote Mélenchon sont tout à fait opposés à Macron sur l’axe économique et institutionnel et tout aussi radicalement opposés à Le Pen sur l’axe culturel-identitaire. Le « front républicain » est donc en voie de délitement et seul le cluster des Multiculturalistes continue de maintenir un semblant de « barrage », donnant seulement 2% d’intentions de vote à Marine Le Pen. Mais ce barrage est devenu bien fragile puisque 59% d’entre eux disent s’abstenir ou voter blanc dans notre enquête. Les autres clusters de la « coalition Mélenchon » renvoient Macron et Le Pen dos à dos : les Solidaires qui sont un cluster très à gauche économiquement mais très anti-élites et moins progressistes que les Multiculturalistes sur le plan sociétal placent Macron et Le Pen au coude-à-coude. Chez les Révoltés, Emmanuel Macron progresse par rapport à notre dernière enquête malgré un score relativement serré dans ce cluster « dégagiste », extrêmement populaire et fortement représenté dans les cités.

Emmanuel Macron peut continuer de compter sur les deux autres clusters de gauche, plus modérés pour maintenir la « digue » face au RN : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, deux clusters diplômés, pro-UE, choisissent massivement Emmanuel Macron et comptent bien moins s’abstenir que les clusters de la gauche radicale, ce qui est logique au vu des scores déjà très hauts obtenus par Emmanuel Macron au 1er tour dans cet électorat.

L’électorat Pécresse du premier tour se révèle lui aussi profondément divisée, tiraillée entre l’offre de stabilité pro-système incarnée par Emmanuel Macron, l’offre identitaire de Marine Le Pen et la tentation du non-vote. Le fait qu’aucune logique majoritaire ne s’impose pour l’instant dans cet électorat laisse présager des grandes difficultés que vont rencontrer les Républicains dans la période à venir, pris en tenaille entre l’offre macronienne d’un côté qui capte leur frange la plus élitaire et modérée et l’offre incarnée par le RN et Reconquête qui attire leur frange la plus radicale, antisystème et identitaire. Ainsi, par exemple, les Conservateurs, cluster volatil qui rassemble des électeurs de la petite droite, rurale, souvent retraitée continue de pencher vers Marine Le Pen, ce qui démontre la puissance de la demande d’une partie de l’ancienne droite de gouvernement sur les sujets sécuritaires et identitaires. Curieusement, la campagne de second tour de Marine Le Pen ne semble pas réellement destinée à répondre à cette demande. La candidate du RN semble avant tout soucieuse de ne pas cliver, peut-être pour entretenir la faible mobilisation de la gauche radicale, voire tenter d’en séduire une partie. Le problème de cette stratégie est d’être, en retour, faiblement mobilisatrice pour sa propre base électorale et de ne pas réellement enclenchée de dynamique, avec pour conséquence de voir l’écart se creuser inexorablement en sa défaveur avec Emmanuel Macron.

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