Baromètre des personnalités politiques N°1

Baromètre des personnalités politiques

Marine Le Pen en tête de notre 1er baromètre de personnalités

Nous publions notre premier baromètre hebdomadaire de popularité des personnalités politiques. Pour organiser notre classement, nous avons décidé de classer en tête la personnalité qui obtient le plus de « soutien ». Cela nous semble refléter davantage le potentiel politique et plus encore électoral d’une personnalité, la « sympathie » étant un élément subjectif moins explicatif des comportements électoraux. A titre d’exemple, au baromètre de la « sympathie », Jean Lassalle serait en passe de se retrouver au 2nd tour d’un scrutin présidentiel.

Marine Le Pen fédère le socle de soutien le plus massif

Ce n’est pas la plus populaire ou la plus sympathique de notre classement mais Marine Le Pen arrive en tête au nombre de soutiens. La candidate, bien que défaite au second tour, possède un socle très fort d’électeurs qui se retrouvent à la fois dans ses idées et dans sa personne. C’est principalement ce socle de soutiens très puissant qui lui a permis de tenir bon face à Éric Zemmour durant la campagne au cours de l’automne et de l’hiver dernier. On perçoit son assise au sein des clusters populaires « sociaux-identitaires » : les Réfractaires, les Eurosceptiques et les Sociaux-Patriotes. Autour de ce « noyau dur », elle agrège une base de soutiens assez large : elle séduit en effet le cluster des Conservateurs, dans lequel elle arrive en tête devant Emmanuel Macron. Rappelons que ce groupe de petits retraités de droite, assez modérés mais très conservateurs sur les valeurs l’avait placée à égalité avec Emmanuel Macron au 2nd tour. Enfin, elle arrive en tête dans des clusters plus radicaux sur l’immigration et la sécurité : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Dans ce dernier cluster, elle devance d’une courte tête Éric Zemmour, dont on perçoit bien où se situe le socle très radical qui l’a porté durant la campagne. Le fait que sa popularité se cantonne quasi exclusivement à ce cluster des Identitaires montre le rétrécissement de son audience électorale au fil de la campagne, apparaissant certainement trop clivant et trop radical pour le reste des clusters mais aussi trop à « droite » sur le plan économique.
A l’inverse, Marine Le Pen arrive en tête dans six clusters sur seize, ce qui démontre la transversalité de ses soutiens et nous permet de comprendre les ressorts de sa réussite au 1er tour et de sa progression au 2nd tour. Cependant, la « marque Le Pen » tout comme son programme hostile à l’immigration et à l’islam, restent rejetés dans une large partie de l’électorat malgré sa stratégie de dédiabolisation.

Emmanuel Macron et Edouard Philippe, leaders incontestés de la France modérée

Emmanuel Macron est la deuxième personnalité à obtenir le plus de soutiens. Il arrive lui aussi en tête de six de nos clusters. Principalement dans les groupes modérés, diplômés ou dépolitisés. Le cluster phare de sa coalition reste les Centristes, dans lequel il obtient un plébiscite avec 65% de soutiens. On retrouve le cœur de son électorat constitué des clusters diplômés, modérés et dépolitisés : Apolitiques, Sociaux-Républicains, Eclectiques autour desquels il arrive à agréger le soutien des anciens électeurs PS.

Il arrive en effet en tête dans deux clusters de gauche modérée, citadins, diplômés : les Sociaux-Démocrates et les Progressistes. Mais il arrive également en tête au sein des Libéraux, l’ancien cluster de base de l’électorat UMP, presqu’à égalité avec son ancien Premier Ministre. Edouard Philippe est ainsi le premier « concurrent » d’Emmanuel Macron dans les clusters de la droite et du centre. Il atteint des scores assez hauts dans les mêmes clusters que le Président de la République.

En revanche, le Maire du Havre ne séduit pas les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, ce qui laisse à penser que la succession du Président ne sera pas aisée pour celui qui s’inscrira dans ses pas, car sa réussite électorale repose avant tout sur cet alliage original qui coalise schématiquement des anciens électeurs de François Hollande et de Nicolas Sarkozy autour de l’ancien électorat de François Bayrou (voir https://cluster17.com/sur-quels-elements-repose-la-victoire-demmanuel-macron/).

Enfin, notre baromètre montre un rejet assez puissant de la personnalité d’Emmanuel Macron y compris dans des clusters où il dispose pourtant également de soutiens. Il y a une grande ambivalence de l’électorat à son endroit : il séduit autant qu’il divise. Chez les Apolitiques il est rejeté à 42%, chez les Sociaux-Républicains à 41%, chez les Eclectiques à 31%, et chez les Conservateurs, cluster très clivé, il arrive second du classement en termes de soutiens mais il génère 45% de « rejet ».

Moins surprenant, il suscite une forte défiance dans les clusters de « l’arc contestataire », ces groupes appartenant à la gauche radicale comme les Multiculturalistes, Solidaires et les Révoltés mais également dans les clusters favorables à Marine Le Pen : Réfractaires, Eurosceptiques, Sociaux-Patriotes et Identitaires. Dans l’ensemble de ces clusters, plus de deux tiers des électeurs « rejettent » la personnalité du Président. On voit ici l’esquisse d’un « bloc anti-Macron » qui peut se coaliser dans des mobilisations de type Gilets jaunes mais qui n’ont pas voté ensemble en 2022 car trop clivés notamment sur l’axe identitaire.

Jean-Luc Mélenchon en tête d’un pôle de gauche radicale

Jean-Luc Mélenchon arrive 4e de notre baromètre, derrière Edouard Philippe. Le troisième homme de la présidentielle est le leader incontesté du troisième « pôle », celui de la gauche radicale et écologiste, qu’on retrouve principalement dans trois clusters qui le placent largement en tête : les Multiculturalistes, les Révoltés et les Solidaires.

Il est également apprécié dans le cluster des Progressistes, un groupe plutôt jeune, citadin et diplômé qui l’a placé au coude-à-coude lors du 1er tour avec Emmanuel Macron. Il est la quatrième personnalité la plus soutenue dans ce cluster et fait notable, il y est peu « rejeté » contrairement à l’autre groupe de la gauche modérée, les Sociaux-Démocrates qui sont 14% à le soutenir mais 40% à le « rejeter ».

Comme Emmanuel Macron et Marine Le Pen, sa notoriété est très élevée et à l’instar de ses deux concurrents il clive une partie importante de l’électorat qui dit « rejeter » sa personnalité.
Le fait de cliver n’est pas un problème pour ces trois candidats dans la mesure où cela leur permet dans le même mouvement de coaliser une base solide de soutiens fidèles. Ce n’est pas le cas des autres candidats à la présidentielle. En particulier pour les deux candidates des anciens partis de gouvernement qui clôturent notre classement.

Valérie Pécresse est « rejetée » par 55% des électeurs (et 27% se disent « indifférents ») et Anne Hidalgo occupe la dernière position rejetée par 61% des électeurs (24% se disent « indifférents »). C’est tout autant leurs campagnes difficiles que leurs partis qui semblent mis en cause dans l’électorat. Leurs très faibles résultats lors de la dernière présidentielle ont sans doute contribué à dégrader encore un peu plus leur image dans l’opinion.

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