Sondage Cluster17-Le Point: intentions de vote pour les élections européennes 2024 – vague du 15 janvier


Élections européennes : l’hypothèse Véran ne suscite pas d’enthousiasme

Pas d’effet remaniement ministériel, ni d’effet Olivier Véran (s’il devait conduire la liste Renaissance), sur les intentions de vote aux élections Européennes de 2024, c’est le principal enseignement que l’on peut retirer du sondage réalisé pour Le Point par l’Institut Cluster 17.

En effet, réalisé 2 jours après la nomination de Gabriel Attal à Matignon et le remaniement gouvernemental marqué, en particulier, par l’arrivée de Rachida Dati au ministère de la Culture, ce sondage nous apprend qu’une liste Renaissance conduite par Olivier Véran n’obtiendrait que 18% des suffrages. Ce score est largement inférieur à celui obtenu par La République en Marche lors du scrutin de 2019 (22,4%) et, plus encore, par rapport à celui d’Emmanuel Macron au premier tour de la dernière présidentielle (27,8%). La liste Renaissance ne parvient, en effet, à conserver que 6 électeurs sur 10 au sein de l’électorat présidentiel. Et ces pertes ne sont presque pas compensées, car la liste Renaissance n’attire dans pratiquement aucun autre électorat, si ce n’est une fraction des électeurs de Valérie Pécresse (25%). Quoi qu’il en soit, le camp présidentiel va devoir s’employer à reconquérir les électeurs, à commencer par ses propres électeurs. Sinon, Renaissance risque d’être largement distancée par le Rassemblement National : la liste conduite par Jordan Bardella, mesurée à 28,5 %, maintient, en effet, une avance considérable, de plus de 10 points à environ cinq mois de l’élection.

Du côté des droites, outre la position de leadership incontestée du RN, plusieurs tendances méritent d’être soulignées. La liste Reconquête conduite par Marion Maréchal, avec 7% des voix, parait en situation de rééditer le score obtenu par Éric Zemmour lors de la dernière présidentielle et ainsi de faire élire des députés au Parlement Européen.

Une liste Les Républicains obtiendrait, également 7% des suffrages, soit un score encore inférieur à celui qui était le sien lors des dernières Européennes (8,5%) et, plus encore, des dernières législatives (10,4%). L’entrée de personnalités politiques issues de ses rangs dans le gouvernement de Gabriel Attal et le remaniement présenté par de nombreux observateurs comme un tournant à droite du camp présidentiel compliquent encore l’équation que devront résoudre les Républicains pour conserver, voire renforcer leur base électorale.

Enfin, la gauche dans son ensemble reste stable par rapport aux récents scrutins. Alors que les scrutins intermédiaires, comme les Européennes, sont normalement favorables aux oppositions, elle ne connait aucune progression significative. Toutes listes confondues, elle obtiendrait 31% des suffrages, soit un score légèrement inférieur à celui qu’elle avait obtenu lors des dernières élections législatives (32%). Dans le cadre de la tripartition politique actuelle, elle ne parvient pas, pour l’instant, à dépasser ce plafond de verre et reste très largement distancée par les offres de droites identitaires, qui, au total (RN, Reconquête, Debout la France) réunissent 38,5 % des intentions de votes. A l’intérieur de la gauche, des évolutions sont néanmoins observables. La liste du Parti socialiste conduite par Raphaël Glucksmann connaît une certaine progression (11%) et, pour l’instant, devance de 3 points les Ecologistes (8%) qui eux-mêmes sont au coude-à-coude avec la liste de la France Insoumise (7,5%). Un tel résultat marquerait une forte progression des socialistes par rapport aux dernières Européennes (6,2%), sans même évoquer le score d’Anne Hidalgo lors de la dernière présidentielle (1,8%). Le score du PS s’explique en partie par la désaffection d’une partie de l’électorat social-démocrate vis-à-vis de la politique de l’exécutif. Dans ce contexte, près d’un électeur d’Emmanuel Macron sur six pourrait voter pour la liste conduite par Raphaël Glucksmann.

En résumé, la mission de Gabriel Attal semble double : à la fois réduire l’écart avec Jordan Bardella tout en évitant l’émergence d’une offre sociale-démocrate forte sur sa gauche.

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