Sondage Cluster 17 pour Le Point: Effet d’âge et gender gap : les jeunes femmes sont plus progressistes que la moyenne
Sondage Cluster 17 pour Le Point: Effet d’âge et gender gap : les jeunes femmes sont plus progressistes que la moyenne
Notre étude montre les clivages profonds qui existent dans l’opinion sur les questions d’identité et d’autorité selon l’âge et le genre des sondés. Les femmes de 18 à 24 ans semblent aujourd’hui être « à l’avant-garde » sur les questions d’identité, de féminisme et de genre tandis que chez les jeunes hommes, les valeurs sont moins homogènes avec même une légère sur-représentation de conservateurs et d’identitaires.
- Léna Situations et Tibo InShape, stars des millénials
Les deux influenceurs sont très populaires chez les sondés nés après l’an 2000. Certes, ils ne récoltent chacun que 9% de bonnes opinions au global, mais chez les jeunes, leur côte de popularité est très élevée avec une vraie logique de genre. Léna Situations est appréciée par 61% des femmes de 18-24 ans contre 18% des hommes du même âge. L’influenceur sport et nutrition, Tibo InShape est lui très apprécié par la gent masculine : 34% des hommes de 18-24 ans et 33% des 25-34 ans. A ces logiques d’âge et de genre se superpose une logique de valeurs. Léna Situations plaît beaucoup plus aux jeunes de gauche : les deux clusters qui l’apprécient le plus sont les Progressistes, à 31% et les Multiculuralistes à 28%. Tibo InShape séduit lui un public populaire d’une part et plus conservateur d’autre part : il est ainsi apprécié par 20% des Révoltés et 17% des Identitaires.
- Jordan Bardella et Eric Zemmour séduisent davantage les hommes que les femmes
Eric Zemmour comme Jordan Bardella ont une popularité très masculine. Ainsi, le fondateur de Reconquête engrange ses plus fidèles soutiens chez les hommes de 50-64 ans : 31%. Globalement, 27% des hommes disent apprécier Eric Zemmour contre 18% des femmes. Chez les moins de 25 ans, le rapport est de 1 à 3 : 25% des jeunes hommes apprécient l’ancien journaliste contre 8% seulement des jeunes femmes. On observe peu ou prou la même logique dans la popularité grandissante de Jordan Bardella. Le dauphin de Marine Le Pen est apprécié par 34% des Français. Comme Eric Zemmour, le noyau dur de sa popularité se trouve chez les hommes de 50-64 ans, au sein desquels il récolte 48% de bonnes opinions. Chez les jeunes, il plaît deux fois plus aux hommes qu’aux femmes : 33% de popularité chez les hommes de moins de 25 ans contre 16% seulement chez les jeunes femmes. A l’inverse, Sandrine Rousseau fait « un carton » chez les jeunes femmes : 42% d’entre elles disent apprécier la leader éco-féministe quand sa popularité moyenne est à 11%.
Les logiques de genre semblent donc profondes : les femmes sont globalement beaucoup moins attirées que les hommes par les idées conservatrices. Ces clivages sont renforcés par l’âge. C’est bel et bien la combinaison des facteurs d’âge et de genre qui est explicative du rapport au progressisme sociétal.
- Les jeunes femmes sont beaucoup plus « progressistes » que la moyenne
Dans la plupart des mesures que nous avons testées et qui mettent en jeu des logiques d’ordre, d’autorité, d’identité, les jeunes femmes se démarquent largement des autres sondés par un rejet des idées conservatrices et autoritaires.
Ainsi, à titre d’exemple, quand 66% des Français sont favorables à l’expulsion de tous les étrangers en situation régulière, les jeunes femmes sont 65% à être contre. A l’inverse, les jeunes hommes sont quant à eux dans la moyenne avec 60% de répondants favorables à l’expulsion des étrangers en situation irrégulière.
Les jeunes femmes se distinguent par leur profonde demande de changement sociétal : elles sont ainsi 47% à être favorables à l’utilisation de l’écriture inclusive dans les entreprises et les administrations contre seulement 16% pour l’ensemble des sondés. Si elles sont plus favorables que leurs concitoyens masculins, les femmes plus âgées restent en moyenne très réticentes à l’adoption d’une telle mesure : à peine 10% des femmes âgées de 50 à 65 ans y sont par exemple favorables.
De même, les femmes de moins de 25 ans sont le seul groupe à être quasi-majoritairement favorable au droit de changer de genre à partir de 16 ans : 45% des répondantes sont d’accord avec cette proposition contre 21% pour l’ensemble des Français interrogés.
En outre, sur certaines questions, la logique d’âge prend le dessus sur la logique de genre. C’est le cas de l’interdiction du port du voile dans l’espace public : chez les plus de 50 ans, nous ne décelons aucune logique de genre, au moins 3/4 des répondants sont favorables à cette interdiction quel que soit leur genre. Chez les moins de 35 ans, les réponses sont plus partagées bien que les hommes se montrent beaucoup plus favorables que les femmes à cette interdiction. Ainsi, 26% des femmes de moins de 25 ans et 36% des femmes de 25 à 34 ans sont favorables à cette interdiction contre 50 à 54% des hommes de la même tranche d’âge.
Ceci révèle en outre des perceptions différentes du féminisme chez les femmes. Les répondantes plus âgées semblent peu disposer à considérer que le droit de porter le voile peut être une liberté quand les plus jeunes semblent penser l’inverse.