Baromètre hebdomadaire S14 – 1 : Présidentielle 2022
A cinq jours du vote, Macron en baisse, Le Pen et Mélenchon en dynamique
Emmanuel Macron perd un point dans notre baromètre cette semaine à 26%. Il demeure stable au sein des clusters modérés et centraux mais c’est au sein de clusters constituant sa « jambe gauche » et sa « jambe droite » que le Président recule le plus fortement. D’abord chez les Sociaux-Démocrates et les Progressistes, où il était monté très haut lors de la crise en Ukraine. Ces deux clusters affichaient un soutien fort au Président depuis le début de nos baromètres. Mais les annonces qui ont marqué l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron sur le RSA, les retraites ou l’éducation semblent rebuter certains électeurs de ces clusters de gauche économique, favorables à la redistribution et pro-service public. De même sur sa droite, le Président baisse chez les Conservateurs et les Anti-Assistanat après être monté très haut dans ces deux segments de l’électorat particulièrement volatils. Comme si l’effet de légitimité suscité par le début de la guerre avait subitement pris fin, le Président retombe à des scores proches de ceux qu’il connaissait avant la fin février.
En revanche, sa principale concurrente Marine Le Pen connait elle une dynamique ininterrompue depuis l’invasion russe. Elle se rapproche d’Emmanuel Macron en atteignant la barre des 20% (+2). Elle bénéficie de la solidité de sa base électorale (Eurosceptiques, Réfractaires, Sociaux-Patriotes) et capte un « vote utile » au détriment d’Éric Zemmour dans des clusters très radicaux sur les questions ethno-culturelles : les Anti-Assistanat et les Identitaires. Ce dernier cluster qui avait massivement voté Le Pen en 2017 était devenu le cœur de l’électorat Zemmour depuis son entrée dans le jeu politique. Il captait jusqu’alors 45 à 50% des Identitaires. Mais les courbes sont en train de s’inverser et les deux candidats font désormais quasiment jeu égal au sein de ce cluster décisif. Marine Le Pen parvient également à s’imposer dans un cluster rural, plutôt âgé et de classe moyenne, celui des Conservateurs. Un des principaux points communs entre ces clusters « lepénistes » est la sur-représentation d’électeurs habitant au cœur de la ruralité et de la « France périphérique ».
Enfin, nous nous orientons vers un match à trois dans lequel Jean-Luc Mélenchon fait figure de troisième homme. Avec Marine Le Pen, il est le seul candidat en dynamique dans cette dernière ligne droite, à 17% (+1). Il est désormais assez proche de son score de 2017 grâce à un effet de « vote utile » au sein des clusters traditionnels de la gauche radicale : les Multiculturalistes, les Révoltés et les Solidaires. Au sein de ces derniers, c’est Fabien Roussel qui pâtit de ce « vote utile » en faveur de Mélenchon. Le candidat communiste perd un demi-point à 2,5%, et il le perd principalement au sein de ce cluster, dont le profil est celui d’une « gauche de classe » dans laquelle il était monté assez haut.
Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon parvient dans ces derniers jours de campagne à retrouver une part significative d’électeurs Progressistes qui étaient partagés entre sa candidature, celle d’Emmanuel Macron et celle de Yannick Jadot. Le candidat insoumis atteint 32% dans ce cluster, juste derrière Emmanuel Macron qui tombe à 42%. Il retrouve ainsi son score de 2017 comme dans la quasi-totalité des autres clusters. Seuls les Sociaux-Républicains restent pour le moment plus éloignés du vote Mélenchon qu’en 2017. Alors qu’il avait réussi à capter 20% des électeurs de ce cluster il y a cinq ans, il plafonne aujourd’hui autour de 10%.
La principale inconnue qui pourrait tout changer demeure l’abstention. Si celle-ci était élevée, elle pourrait créer de lourds dégâts, en particulier pour les candidats ayant les électeurs les plus jeunes et les plus populaires : J-L. Mélenchon et M. Le Pen. Emmanuel Macron dont la dynamique baissière est ininterrompue depuis deux semaines doit également mobiliser l’ensemble de ses électeurs s’il veut maintenir son leadership sur le 1er tour et entrer dans le 2nd tour en position de force.