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Les Sociaux-Républicains

Les 6 positions clivantes les plus caractéristiques des Sociaux-Républicains

  • 91% sont hostiles à la sortie de l’Union Européenne.
  • 91% sont favorables à l’interdiction du voile dans les universités.
  • 86% sont favorables à l’interdiction des délocalisations des entreprises françaises.
  • 82% sont hostiles à l’introduction d’un menu Hallal dans les cantines scolaires.
  • 82% sont favorables à la possibilité d’adoption pour les couples homosexuels.
  • 73% sont hostiles à la privatisation de la Poste.

SOCIOLOGIE

Les Sociaux-Républicains appartiennent majoritairement aux classes moyennes âgées qui vivent en milieu rural

Les Sociaux-Républicains représentent 5% de la population française. Ils composent un groupe au sein duquel sont largement surreprésentées les personnes âgées. Plus de la moitié des personnes de ce cluster ont plus de 60 ans. Il est également le groupe le plus rural à égalité avec les Solidaires et les Anti-Assistanats. Les Sociaux-Républicains sont également un cluster qui se situe dans la moyenne nationale par rapport au niveau de diplôme. Les deux tiers des Sociaux-Républicains sont retraités ou indépendants, avec très peu de travailleurs précaires. Ils sont ainsi un cluster qui arrive globalement à finir ses fins de mois (67%) mais qui reste moyennement optimiste sur l’avenir. Ils sont par ailleurs un groupe qui s’identifie aux classes moyennes. Les Sociaux-Républicains se considèrent très majoritairement chrétiens, mais il s’agit davantage d’un christianisme culturel et peu pratiquant.

Par ailleurs, il s’agit d’un des clusters comprenant le moins de personnes d’origine étrangère.

Les Sociaux-Républicains sont surreprésentés dans les communes rurales. Près de la moitié d’entre eux vivent dans des communes de moins de 3000 habitants. Ils lisent quasi exclusivement la presse quotidienne régionale.

Les professions les plus typiques des Sociaux-Républicains sont : agriculteur, artisan, assistant médical, commerçant, …

SYSTÈME D’OPINION

Les Sociaux-Républicains sont pro-européens, assez conservateurs sur les questions culturelles et attachés à une politique économique modérément sociale

Les Sociaux-Républicains se caractérisent par un positionnement médian au niveau du système d’idées. Ils sont toutefois modérément conservateurs sur les questions culturelles et prônent une politique économique sociale et réaliste. Attaché à l’Union Européenne, ils ont une attitude qui tend vers la modération et un rejet des extrêmes.

Sur le plan culturel et identitaire, les Sociaux-Républicains sont favorables à l’interdiction du voile islamique dans les universités mais sont très éloignés des thèses radicales entourant l’identité.

Économiquement, les Sociaux-Républicains sont plutôt de gauche. Ils sont favorables à l’interdiction des délocalisations, aux 35h, à la redistribution et opposés à la privatisation de la Poste, un positionnement qui s’explique possiblement par l’attachement aux services publics de proximité du monde rural.

Les Sociaux-Républicains sont un groupe globalement défavorable aux transformations radicales, ce qui le rapproche des clusters diplômés et aisés comme les Libéraux et les Centristes, même s’ils sont plus à gauche sur les questions économiques et sociales.

CLIVAGE GAUCHE-DROITE

Les Sociaux-Républicains s’identifient toujours au clivage gauche/droite

Les Sociaux-Républicains sont un des clusters pour lesquels ce clivage continue à faire sens, ils sont ainsi 80% à s’y retrouver.  Toutefois, Ils sont très divisés sur leur positionnement politique : 33% se considérant de droite, 27% de gauche et 20% du centre. Ils ne choisissent presque jamais les positions extrêmes, ni très à droite (0%) ni très à gauche (1%). Ce cluster est ainsi tiraillé entre des positions économiques plutôt de gauche et des positions sociétales plutôt conservatrices.

RAPPORT AUX GILETS JAUNES

Les Sociaux-Républicains sont l’un des clusters qui s’est le plus éloigné des Gilets Jaunes

Au départ, la majorité des Sociaux-Républicains était favorable aux Gilets Jaunes (78% de soutien en novembre 2018). Un certain nombre de Sociaux-Républicains se sont même rendus sur les ronds-points ou dans les manifestations. Mais cette sympathie initiale s’est rapidement transformée en opinion défavorable lorsque le mouvement s’est radicalisé et que sa dimension antisystème est devenue de plus en plus perceptible.

Les Sociaux-Républicains sont d’ailleurs l’un des clusters à avoir le moins arboré de Gilets Jaunes sur les parebrises de ses véhicules.

ORIENTATIONS ÉLECTORALES

Les Sociaux-Républicains ont contribué à placer Emmanuel Macron en tête du 1er tour

Les Sociaux-Républicains sont un segment qui s’abstient un peu moins que la moyenne. Plus informé politiquement que la plupart des autres clusters, ils discutent assez fréquemment de politique. Les Sociaux-Républicains ont voté ainsi à 79% au premier tour de la présidentielle de 2017 et à 52% lors des élections européennes de 2019.

Les Sociaux-Républicains occupent une position médiane dans l’espace des clivages et sont donc souvent divisés lorsqu’il faut choisir entre gauche et droite. Ils ont cependant majoritairement voté à gauche jusqu’en 1995 : ils avaient accordé majoritairement leurs suffrages à François Mitterrand en 1981 comme 1988.  À partir de 1995, sans doute en raison de leur conservatisme culturel, ils ont opté majoritairement pour les candidatures de droite : Jacques Chirac en 1995 puis en 2002 et Nicolas Sarkozy en 2007 comme en 2012. S’ils n’ont guère de sympathie pour le multiculturalisme, ils votent peu pour le Rassemblement National, trop radical à leurs yeux.

Lors de la dernière élection présidentielle de 2017ils se sont largement retrouvés dans la candidature d’Emmanuel Macron : 41% d’entre eux ont voté pour le candidat qui revendiquait un positionnement « central » contre seulement 15% pour François Fillon dont le positionnement était à la fois radical sur le plan sociétal et trop libéral sur le plan économique. Jean-Luc Mélenchon, avec 20% du vote des Sociaux-Républicains, a profité d’avoir été le seul candidat de gauche économique ayant une chance de se qualifier pour le second tour en 2017. Lors de ce second tour, les Sociaux-Républicains ont voté à 86% pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen.

A l’occasion des élections européennes de 2019, le vote des Sociaux-Républicains était plus dispersé : 31% d’entre eux ont opté pour LREM, soit 10% de moins que lors de la présidentielle précédente.  Le reste des votes de ce groupe s’est réparti principalement entre les partis de gauche : 16% pour Europe Ecologie les Verts , 9% pour le Parti Socialiste, et 5% pour Générations de Benoit Hamon. La France Insoumise n’a recueilli que 4% des suffrages des Sociaux-Républicains, preuve que le score important de Jean-Luc Mélenchon en 2017 au sein de ce cluster était davantage conjoncturel que structurel. De leur côté, les Républicains se sont effondrés avec seulement 6% des suffrages auprès des Sociaux-Républicains lors de cette élection.

ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022

Les Sociaux-Républicains sont un cluster important pour Emmanuel Macron, la gauche modérée et le candidat des Républicains

Du fait de son positionnement « central », Emmanuel Macron est aujourd’hui le candidat le mieux-disant pour nombre de Sociaux-Républicains. Pour l’instant, la concurrence qu’il subit au sein de ce cluster semble assez faible et dispersée. Ainsi, des candidatures comme celle d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Xavier Bertrand peinent à s’y imposer. Si cette situation devait perdurer, il est probable qu’Emmanuel Macron apparaitrait comme le choix rationnel pour les Sociaux-Républicains en 2022 et qu’un vote utile se cristalliserait en sa faveur.

 STATISTIQUES 

49%

Ont plus de 60 ans

8%

Ont moins de 30 ans

80%

Se reconnaissent dans les catégories gauche/droite

56%

Ont un niveau d’études supérieur au BAC

68%

Se positionnent dans les catégories classes moyennes

68%

Arrivent à ``boucler leurs fins de mois`` sans difficulté

61%

Chrétiens

1%

Autres croyants non chrétiens

88%

Aucun des deux parents avec des origines étrangères

41%

Ont voté pour Emmanuel Macron lors du 1er tour de la présidentielle 2017

Personnalités appréciées Sociaux-Républicains

Karim a 57 ans

Karim a 57 ans. Père de trois enfants, il vit avec sa femme dans une maison individuelle d’une commune de l’agglomération de Marseille.

Karim est né en Libye d’un père libyen et d’une mère française expatriée. Il a grandi dans une famille de la classe moyenne à Tripoli, sous le régime de Khadafi. A 18 ans, il a fui la guerre civile pour débarquer en France, sans ses parents. Confié à une famille d’amis de sa mère, il n’a fréquenté le lycée qu’une seule année, avant de débuter dans la vie active.

 

Karim a effectué « tous les petits boulots imaginables » en quelques années : vendeur sur les marchés, colporteur, serveur dans la restauration rapide avant d’intégrer un groupe de la grande distribution. Il a ensuite grimpé les échelons du magasin pour se retrouver chef de secteur avec un statut de cadre. Karim se lève presque tous les matins à 5h pour débuter sa journée de travail à 6h30. Il travaille entre 40 et 45 heures par semaine. Pour lui, « rien ne peut arriver sans travailler », même s’il reconnait que son rythme est épuisant. Après 25 ans dans la même société, Karim « voit que tout a changé en moins bien ». Il reproche aux dirigeants « leurs méthodes de management inhumaines » et aux syndicats « de ne plus penser pour les salariés mais pour leurs privilèges ». Enfin, il est « nostalgique d’une époque où l’ambiance entre tous les salariés étaient bien plus humaine. »

 

Avec sa femme, vendeuse dans une boutique de vêtements, il considère qu’ils ont donné « une éducation stricte » à leurs enfants et qu’ils les ont poussés à faire des études longues pour qu’ils « puissent mieux réussir leur vies et être plus heureux. »

 

De culture musulmane par son père, Karim s’est détaché de la religion au fur et à mesure de sa vie. Il accompagne sa femme à la messe de Noël mais ne se reconnait pas dans les religions. Karim « regrette de voir autant de femmes voilées » quand il retourne dans le quartier où il a habité en arrivant en France. Pour lui, « on doit s’intégrer à la culture du pays dans lequel on vit ». Il garde un attachement à son pays d’origine et à sa culture qu’il aime partager en famille. Lorsqu’il lui arrive d’entendre des propos racistes parmi ses amis ou ses collègues de travail, Karim « se sent mal à l’aise mais préfère ne rien dire. »

 

A propos du mouvement des gilets jaunes, Karim a « compris que beaucoup de gens aient envie de se révolter » mais pour lui, « on ne peut pas changer le système en manifestant » Il ne « se sentait pas légitime » d’aller rejoindre le mouvement dont il « retient aussi les images de violence. »

Karim suit beaucoup l’actualité qu’il aime commenter en famille ou avec ses amis. Il regarde chaque soir le journal télévisé et écoute la radio en voiture. Il voit la politique comme « un jeu où tous les coups sont permis et où il faut avoir la tête solide pour résister ». Karim se sent attaché à son pays, aux services publics et à la redistribution. Il « aimerait voir moins d’injustice et plus de solidarité mais ne pense pas que cela puisse être réglé par les politiques ». Malgré cela, Karim ne manque presque jamais une élection. Il aime discuter avec le maire de sa commune et avec sa fille et son gendre qui sont très investis en politique.

 

Karim avait apprécié le discours de Nicolas Sarkozy en 2007 « sur la France qui se lève tôt » et a très vite été « déçu par les symboles » comme la fête au Fouquet’s. Karim a également très mal pris l’intervention militaire en Libye. En 2012, son choix s’est porté sur François Hollande et pour la présidentielle de 2017, Karim a voté pour Emmanuel Macron, appréciant son « coté renouveau ». Bien qu’il soit globalement déçu par la politique du gouvernement, il pourrait revoter pour Macron, considérant « qu’il a fait ce qu’il a pu pendant la crise du COVID. »

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