Sociologie

Les Antisystème sont souvent des actifs peu diplômés, souvent ouvriers ou employés, vivent beaucoup dans l’Est de l’Allemagne et dans le rural

Les Antisystème représentent une population légèrement plus masculine, composée à 62 % d’hommes et 38 % de femmes. Le groupe est principalement actif dans la tranche d’âge des 25 à 65 ans avec 73 %, et une présence marquée des 58 % de plus de 50 ans. Sociologiquement, les classes moyennes dominent, avec 44 % gagnant plus de 3000 euros par mois. Cependant, ils sont caractérisés par un niveau de diplôme relativement bas : 35 % sont diplômés du supérieur, dont seulement 10 % au niveau Master et 48 % n’ont pas dépassé le niveau Abitur.

Le profil professionnel des Antisystème inclut une large majorité d’ouvriers et d’employés (46 %), avec une représentation plus faible des cadres et professions intermédiaires (22 %). La majorité de ce groupe réside dans des zones rurales et petites villes, principalement dans les régions de Mecklenburg-Vorpommern et Sachsen.

Sur le plan des croyances, ils affichent un profil de croyance modérée : 43 % sont sans religion, 28 % protestants, 17 % catholiques et une minorité pratiquante.

Système d’opinions

Les Antisystème veulent en finir avec le « système » dans sa globalité

Les Antisystème adoptent des positions résolument contestataires et se distinguent par une opposition marquée aux structures politiques et sociales établies. Sur la question de l’immigration, ils sont particulièrement fermes, prônant des politiques très anti-immigrés qui visent à restreindre sévèrement l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants. Ils considèrent l’immigration comme une menace pour la cohésion sociale et appellent à des mesures drastiques pour limiter son impact.

En ce qui concerne le progressisme culturel, les Antisystème manifestent une posture réactionnaire. Ils rejettent les évolutions sociétales perçues comme trop progressistes, préférant un retour aux valeurs et aux normes sociales traditionnelles. Cet attachement aux valeurs conservatrices se reflète également dans leur rapport à la religion chrétienne. Ils se déclarent pro-chrétiens, affichant une préférence forte pour les valeurs chrétiennes, qu’ils considèrent comme fondatrices de la société. Par ailleurs, leur position envers l’Islam est explicitement hostile, témoignant d’une réticence marquée vis-à-vis de l’influence de cette religion dans la vie publique.

Les questions environnementales suscitent également une opposition virulente de la part des Antisystème. Ils se déclarent très anti-écologie, critiquant les politiques écologistes qu’ils jugent contraignantes, coûteuses et inadaptées à leurs préoccupations économiques. Dans leur vision, l’écologie est souvent perçue comme un outil de contrôle plutôt qu’une nécessité.

En matière d’autorité, les Antisystème valorisent une gouvernance autoritaire, estimant qu’un pouvoir fort est nécessaire pour restaurer l’ordre et préserver la stabilité sociale. Cette préférence pour l’autorité s’accompagne d’un engagement très marqué en faveur du « dégagisme ». Ils souhaitent un renouvellement radical des élites politiques, estimant que le système actuel est gangrené par les intérêts de l’establishment. Leur posture ultra dégagiste traduit un rejet sans concession des figures politiques traditionnelles et un appel au changement.

Concernant l’Union européenne, les Antisystème sont modérément anti-Europe. Bien qu’ils reconnaissent certains aspects positifs de la coopération européenne, ils critiquent fermement l’influence des institutions de l’UE qu’ils considèrent comme éloignées des réalités de leur pays. Ils se montrent ainsi sceptiques quant à l’intégration européenne, prônant une forme de coopération plus restreinte et respectueuse des souverainetés nationales.

En matière d’aides sociales, leur position est nuancée. Les Antisystème se montrent modérément pro-aides sociales, estimant que des dispositifs d’aide sont nécessaires pour ceux qui en ont vraiment besoin, mais s’opposent à tout excès. De même, ils adoptent une position favorable à la redistribution, soutenant des mesures visant à réduire les inégalités et à redistribuer les richesses de manière plus équitable.

Enfin, sur le plan des relations internationales, les Antisystème affichent un fort soutien à la Russie. Ils considèrent un rapprochement avec la Russie comme stratégique et bénéfique Cette position très pro-russe traduit leur défiance envers les alliances occidentales et leur aspiration à une diplomatie plus indépendante, en lien avec des partenaires qu’ils estiment plus fiables.

Orientations électorales

Les Antisystème votent très majoritairement pour la droite radicale

Les Antisystème présentent un taux de participation électorale dans la moyenne aux élections fédérales de 2021 avec 79 %, mais leur engagement aux européennes de 2024 est plus faible, à 64 %. Lors des fédérales de 2021, leur soutien s’est concentré sur des partis de droite , avec 44 % des voix pour l’AfD, 21 % pour la CDU/CSU, et un soutien modéré pour le SPD (15 %) et le FDP (8 %). Cette tendance démontre une préférence pour les partis de droite et notamment de la droite radicale.

Aux élections européennes de 2024, les Antisystème se sont massivement tournés vers l’AfD (68 %), avec des soutiens plus faibles pour la CDU/CSU (16 %) et le BSW (6 %), soulignant une montée en force de l’Afd, parti en phase avec leur profil antisystème.

Les projections pour les fédérales de 2025 montrent une fidélité envers l’AfD (63 %) et la CDU/CSU (16 %), avec une présence croissante du BSW (12 %). Ce comportement électoral indique une polarisation vers des partis opposés au système politique établi, avec une recherche de solutions radicales et alternatives.